Un poisson change de bocal
Hier 26 janvier 2023, le lac de retenue de Dardennes a été réempoissoné.
Les travaux de consolidation du barrage d'octobre 2020 à octobre 2022 avaient impliqué la vidange du lac. À l'époque, toute la population de poissons du lac avait été pêchée et transportée au lac de Carcès. Le niveau d'eau du lac de Dardennes est bien remonté depuis octobre dernier et a permis le retour des poissons.
Donc jeudi, un gros camion est arrivé près des rives du lac, avec à son bord, dans des cuves d'eau, une tonne de poissons.
Mais ce ne sont pas "nos" poissons en villégiature à Carcès qui sont venus repeupler le lac en ce mois de janvier. Ce sont des poissons d'élevage, achetés par TPM, et dans une moindre mesure, par une association de pêche.
La pêche sera ouverte dès le 29 avril, mais ce sera une pêche no-kill pendant 3 ans. Trouvez-moi un équivalent en français de France, ça veut dire qu'on remet à l'eau de suite le poisson pêché, sans le tuer. Juste en le blessant un petit peu.
Mais bientôt, le lac de Carcès va être vidé à son tour, pour de grands travaux. Ses poissons seront pêchés et partiront en vacances dans d'autres eaux de la région. Parmi ceux qui viendront au Revest, qui sait, certains retrouveront peut-être les eaux revestoises qui les ont vu naître. Enfin, eux ou leurs ancêtres.
Du haut de ces 35 mètres, 110 ans nous contemplent. Érigé en 1912, le barrage du Revest ne fait pourtant pas son âge. Et pour cause: depuis 18 mois, un gigantesque chantier a été lancé par la Métropole TPM, son propriétaire, pour redonner à l’ouvrage une seconde jeunesse. Non que la retenue menaçait ruine – la maçonnerie d’origine est en bon état – mais l’Etat avait jugé prudent des travaux d’agrandissement de l’évacuateur de crues, de remise en service de la centrale hydroélectrique ou de confortement de la structure.
C’est l’entreprise NGE qui s’est chargée du génie civil, coulant pour l’occasion près de 7.000m3 de béton. Coût total de cette opération lifting: neuf millions d’euros. En octobre, la dernière pierre sera apportée à l’édifice; lequel sera prêt à affronter sans trembler les 110 prochaines années. Il fallait ça, sans doute: rappelons que plus d’un tiers de l’eau potable consommée par les Toulonnais est produite grâce au barrage.
1 Pour le chantier, la retenue de Dardennes et son million de m3 d’eau (à plein) ont été vidangés entièrement il y a un an. Une opération de pêche de sauvetage avait même été conduite pour transférer les poissons attrapés vers le lac de Carcès. Cela permet de découvrir un paysage fait de restanques, reliques d’un passé agricole florissant avant la construction du barrage. Début mai, les vannes ont toutefois été fermées et le réservoir, alimenté par un réseau karstique dépendant des pluies, est progressivement remis en eau.
2 "La première phase du chantier a consisté à élargir l’évacuateur de crues", note Vincent Skarbek, directeur des travaux pour NGE. Prévu pour un débit de 110m3 d’eau par seconde, ce grand caniveau de béton, qui accueille le trop-plein quand le lac déborde, est désormais capable d’encaisser une crue milénale et un débit deux fois supérieur. Objectif: mieux évacuer l’eau dans le Las et faire baisser la pression sur le barrage.
3 Elle ne fonctionnait plus depuis des années. Au pied du barrage, la micro centrale hydro-électrique a été modernisée et relancée, nouvelle turbine à l’appui. "L’idée est de produire de l’électricité pour alimenter l’usine de potabilisation de l’eau et de redistribuer le surplus d’énergie dans le réseau", résume Vincent Skarbek.
4 Dernière étape: "On va conforter le barrage avec un remblai fait de terre et de blocs de pierre, qui n’existait pas jusqu’alors", poursuit Vincent Skarbek.70% de ces matériaux proviennent du chantier. Haut de 17mètres, cette carapace va permettre d’accroître sensiblement la résistance de l’ouvrage de 154mètres de long.
5 Route fermée depuis deux ans au pied du barrage, jusqu’à 50 techniciens sur place, apport d’une raboteuse minière de 50 tonnes venue d’Italie pour grignoter la roche, contraintes techniques rares…: "Ce chantier a été en tous points exceptionnels", conclut Vincent Skarbek.
13 mai 2021
C'est une équipe spécialisée de VEOLIA, gestionnaire du barrage de la retenue de Dardennes, qui effectue ce type de pêche. À ce jour, une quinzaine ont déjà été réalisées, au rythme de deux le matin et deux le soir.
La pêche à la senne est une technique de pêche très ancienne qui consiste à capturer les poissons à la surface en pleine eau en les encerclant à l'aide d'un filet appelé senne.
Mise en place de la senne
Les poissons sont ensuite transportés dans des viviers jusqu'au lac de Carcès. Ce sont essentiellement des brochets, perches et gardons ; les carpes présentes dans le lac seront les dernières à être sorties, réfugiées pour l'instant dans la vase.
Les perches arc-en-ciel, considérées comme nuisibles, ne sont pas conservées, pas plus que les écrevisses américaines, espèce envahissante, qui finiront peut-être en cassolette ou à la nage en fin de journée...
Depuis le début de la campagne, 350kg de poissons ont été tirés du lac et 200kg sont également prisonniers de la grande nasse qui se trouve au pied du barrage.
Les brochets sont bien représentés dans les eaux fraîches du lac et atteignent courament 1m, voire 1,20m pour certains. Découverte étonnante, deux anguilles ont été repêchées : il n'y a pas de passage à poissons sur ce barrage, seraient-elles arrivées à remonter sous les turbines ?
Ces pêches de sauvegarde doivent se poursuivre jusquau 21 mai ; le lac sera ensuite mis à sec.
Merci à la disponibilité des membres de cette équipe qui tout en travaillant, m'ont permis de recueillir les éléments de ce petit reportage.
MHT
Voir notre reportage complet là : Reportage photo de Marie-Hélène Taillard sur la pêche de sauvegarde du barrage de Dardennes le 13 mai 2021
Mathieu Dalaine pour Var-Matin
À la suite d’une directive européenne sur la restauration des cours d’eau, des centaines de barrages sont démolis en France, au désespoir des pêcheurs et propriétaires de moulins. Ce quotidien britannique s’est rendu en Mayenne, où le Vicoin a perdu tous ses ouvrages.
Le moulin à eau de Montigné-le-Brillant, en Mayenne, un département rural du nord-ouest de la France, alimentait jadis en électricité douze foyers et une usine qui fabriquait de la colle à partir de peau de lapin. Il s’était arrêté il y a quelques dizaines d’années, mais Michel et Marie-Chantal Richard ont décidé de le faire fonctionner à nouveau, après l’avoir acheté en 2007.
Ils n’avaient cependant pas compté avec les fonctionnaires européens et français qui ont décidé de détruire les barrages du Vicoin, la rivière qui traverse la commune. Celle-ci se réduit désormais à un filet à certains endroits, et les moulins ne peuvent plus fonctionner, faute d’eau.
La destruction des barrages est une catastrophe pour les pêcheurs, les propriétaires de moulins et pratiquement tous les usagers de la rivière. Leurs protestations ont été balayées par les autorités, qui sont déterminées à l’étendre à toute la France, au motif que les barrages vont à l’encontre d’une directive européenne sur la “continuité écologique” ...