Le mont Faron est cette colline calcaire, de la forme d’une crête, qui surplombe Toulon (Var) et que l’on ne peut manquer d’apercevoir lorsqu’on aborde la ville par la mer. Culminant à 584 mètres d’altitude sur une longueur d’environ 3 kilomètres d’ouest en est, la colline présente une histoire singulière, notamment la période qui débute au XVIIe siècle, avec la construction d’un réseau de fortifications dont le but est d’assurer la protection d’une ville consacrée à la Marine royale.
Mais la protection qu’offre le mont Faron ne concerne pas seulement les affaires militaires de Toulon. Cette imposante colline a aussi l’avantage de protéger l’agglomération du vent du nord qui, comme on le sait bien, est redoutable en Provence.
Si l’on ne trouve sur les pentes du mont Faron que des petites espèces de plantes, telles que celles qui peuplent ordinairement la garrigue provençale, il faut bien penser qu’il n’en a pas toujours été de même.
Jusqu’au XVIe siècle, on trouvait en effet sur son sommet une abondante végétation, faite de pins d’Alep et de chênes verts. On croit notamment savoir que les poutres de la mairie de Toulon, construite en 1656, auraient été faites avec les mélèzes coupés sur les crêtes du Faron.
C’est en tout cas à cette époque, voire un siècle avant, que s’est enclenché un processus irréversible de désertification des pentes de la colline. Le principal responsable en est la chèvre, accompagné de son compère le mouton, dont le Faron a, durant des siècles, constitué un mets de choix. Les bergers menaient paître leurs troupeaux dans cette végétation abondante sans se douter qu’ils finissaient ainsi par condamner la colline. En quelques siècles, la chèvre avait dévoré jusqu’à la racine les dernières graminées.
Cette situation a également provoqué des troubles géologiques puisque, les terres n’étant plus solidement fixées, elles ont commencé à être ravinées par le torrent du Las vers la rade, allant parfois jusqu’à obstruer celle-ci.
Des documents d’archives montrent bien d’ailleurs qu’il y a 450 ans, le sommet du Faron (que l’on appelait alors « montagne »), n’était plus boisé. Si l’on observe attentivement le tableau intitulé Route de Toulon, on remarquera que son auteur, le peintre Joseph Vernet, représente un mont Faron complètement nu, avec, dans sa partie haute, de longues files de murailles en partie effondrées et des sillons abandonnés où le genêt, le genévrier et le kermès végètent péniblement autour de quelques maigres chênes verts et de quelques pins d’Alep rabougris, très semblable au final à ce que l’on observe aujourd’hui encore. (NDLR : le tableau représenté ci-dessus n'est pas celui mentionné dans l'article)
Les Toulonnais ont bien tenté de reverdir les pentes du mont Faron et notamment son sommet, notamment vers le milieu du XIXe siècle, mais les vignes et les oliviers médiévaux ne sont malheureusement plus parvenus à s’implanter de façon pérenne.
De nombreux appels téléphoniques ont atterri à la police municipale ce vendredi après-midi.
"Il y a trois lumières qui clignotent, ce doit être des randonneurs en difficulté!", "on dirait des câbles électriques qui ont cédé et font des étincelles à chaque fois qu’ils touchent les parois!", "il faut intervenir, il y a du monde en danger", "ce sont des appels lumineux de détresse"… L’alerte est donnée.
Le policier municipal prend alors son véhicule et trouve une bonne vue depuis le belvédère du quartier de Fontanieu pour être en droite ligne: "C’est déjà arrivé que des riverains nous interpellent à ce sujet. Ce sont des plaques de métal qui se reflètent avec le soleil. Regarder en contrebas du mémorial du mont Faron au milieu des barres rocheuses qui se situent au-dessus du chemin de l’Uba", rassure l’agent.
En effet, TPM effectuent des travaux avec des "marqueurs testeurs de sécurité" pour s’assurer de la solidité des rochers.
Claude Serra
Fatiguée de "se faire balader" par les autorités, qui ne réagissent pas face aux constructions illégales sur le mont classé, l’association Défense et protection du Faron veut faire réagir l'Etat.
"On ne peut plus se contenter d’écrire des lettres qui finissent au panier." "Ils nous roulent dans la farine." "On s’est fichu de nous." Très en colère, les membres de l’association Défense et protection du Faron (ADPF) ont atteint un niveau de saturation inédit mercredi soir lors de leur assemblée générale.
Militant depuis plus d’un quart de siècle pour que le mont classé qui domine Toulon soit protégé comme il se doit de l’appétit des bétonneurs, ils s’avouent "extrêmement amers" de constater que le site est "devenu une zone de non droit". Respectant une tradition de courtoisie dans le dialogue avec les autorités, ils haussent le ton et lancent un ultimatum.
Pour Michel Bonjardini, le président, il est temps en effet de dénoncer "la mauvaise foi des élus" et "le laxisme des administrations".
Pour expliquer sa fureur, il brandit l’historique nourri de ses échanges avec la municipalité, la préfecture ou la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal).
Il présente aussi les images vues du ciel de constructions qui rongent les pentes sauvages du Faron en toute illégalité. "Avec Internet, il suffit d’aller regarder deux fois par an pour voir comment évoluent les bâtiments."
Dans le viseur, à titre d’exemple le plus symbolique, une bâtisse du secteur de la Bosquette, sur les pentes de l’est. En toute discrétion, son propriétaire a transformé les lieux. Une vielle remise a laissé place à une villa de 85 m2 avec une grande terrasse et une piscine.
Une double infraction au code de l’urbanisme et au code de l’environnement que n’a de cesse de signaler l’ADPF... en vain.
Malgré les innombrables courriers, coups de fil et audience avec le préfet, la mairie du Toulon ou le parquet, Michel Bonjardini enrage de constater que rien ne se passe. Des dossiers de ce type, il annonce en avoir signalé une demi-douzaine du côté de la Bosquette ou du chemin de l’Uba.
Malgré les délais de prescriptions courts, il est pourtant encore temps d’agir selon lui... "s’il y avait la volonté".
Plusieurs pistes d’après son analyse. "Le maire peut s’emparer du code de l’urbanisme. Son article L480-14 lui donne la possibilité de poursuivre devant la justice civile jusqu’à 10 ans après l’achèvement des travaux. On a présenté cette possibilité récemment à l’adjoint à l’urbanisme, qui nous a soutenu que c’était impossible : c’est faux!", tonne, furieux, Michel Bonjardini.
Autre possibilité : obliger le propriétaire à solliciter un permis de construire. Il sera alors évidemment refusé et le préfet pourra demander la démolition. "Le préfet Videlaine pourrait ainsi respecter les engagements qu’il avait pris en 2017 lorsqu’il nous a reçus", appuie sévère Michel Bonjardini, persuadé qu’une "attaque double" peut laisser espérer une remise en état du terrain.
Problème: l’association avoue ne plus savoir quoi inventer pour se faire entendre des pouvoirs publics. Dans l’assemblée, on souffle d’alerter Julien Courbet, de lancer une pétition en ligne ou d’organiser une manif’.
Michel Bonjardini part sur une autre idée: l’ADPF va une nouvelle fois prendre sa plume... mais avec une encre moins sympathique. "Nous allons écrire à la Dreal mais cette fois pour les prévenir. Si d’ici à cet hiver, nous ne voyons rien bouger, nous attaquerons alors l’État devant le tribunal administratif pour ne pas avoir fait son travail. C’est très franc et très net."
Évidemment, après le feu qui a surpris le mont toulonnais début mai, le sujet du risque incendie a été largement évoqué par l’association de Défense et de protection du Faron. Et ici encore, Michel Bonjardini se retrouve à pester contre les autorités. "S’il n’y a pas de volonté politique forte, on va à la catastrophe", s’alarme le président de l’ADPF.
Selon lui, appliquer les obligations de débroussaillement 50 mètres autour des maisons serait déjà un progrès... mais resterait très insuffisant.
"Hormis deux oliveraies et la partie communale - parce qu’il y a un peu d’entretien et surtout par ce qu’elle est sur le rocher - la forêt classée est devenue impénétrable. Le jour où il y aura un incendie, personne ne pourra rien faire. Il faut absolument réaliser un dépressage sérieux de cette forêt."
Une action qui aurait par ailleurs le mérite, selon lui, de remettre en valeur des restanques historiques envahies par la végétation.
Autre motif d’agacement pour l’ADPF, l’ouverture du massif les jours de grand risque incendie conjuguant sécheresse et mistral.
"La route du Faron reste ouverte, uniquement pour satisfaire les quatre magasins au sommet", s’indigne l’ADPF (1). Elle estime que la présence de promeneurs sur les pentes du mont toulonnais - alors que la totalité des autres massifs varois est fermée au public à cause du risque incendie (journées rouges) - multiplie la possibilité de voir un feu se déclarer et pourrait causer des drames en cas de sinistre.
Ce document a été rédigé en janvier 2018 par l’Association Défense et Protection du Faron.
Certes, c'est un site classé, mais sur 1.100 ha classés, environ 700 ha sont des propriétés privées qui sont toutes situées dans la moitié basse du massif au contact direct de la ville au Sud à l’Est et l’Ouest. Au Nord le long de la route reliant La Valette à Dardennes les propriétés privées sont enclavées dans la forêt du site classé.
L’imbrication entre forêt classée et habitations est constante tout au long du piémont. Nul n’en doute, le rôle de la ceinture végétale au contact de l’habitat est essentiel pour la qualité de vie dans l’agglomération.
Dans le site classé, la forêt privée est quasiment partout à l’abandon elle est devenue inextricable au Sud comme au Nord : directement au contact des habitations c’est un combustible qui n’attend que la première étincelle !
Pour quiconque aime le Faron, veut qu’il vive et s’inquiète des suites dramatiques pour la forêt , les biens et les personnes qu’aura un incendie par temps de gros mistral sur la bande forestière classée et mitoyenne des habitations, la nécessité de prévenir par tous les moyens ce risque majeur s’impose à la raison.
Mais pas dans le cadre juridique actuel
Un PPRIF pour Toulon est nécessaire et c'est en ce sens que l’Association Défense et Protection du Faron a écrit au Préfet du Var le 6 novembre 2018.
(PRIF : Plan de Prévention des Risques d’Incendies de Forêt)