L’observatoire des vers luisants et des lucioles réalise une enquête participative pour connaître les populations de ces insectes lumineux. S’appuyant sur un réseau de 15 000 citoyens, il constate un déclin largement causé par l’humanité.
Tallenay (Doubs), reportage
Trois points brillants dans l’obscurité. La dernière fois qu’Éric Descourvières a aperçu des vers luisants, c’était à la fin du mois de juin, devant sa maison de Tallenay, un village du Doubs. « Je les ai découverts par une belle nuit noire en bordure d’une route communale, en lisière de prairie. Enfant, j’avais l’habitude de les observer. Cela m’a fait plaisir d’en revoir », raconte l’enseignant. Quelques jours plus tard, photo à l’appui, il consignait son observation dans un formulaire en ligne.
En effet, depuis 2015, une enquête participative vise à mieux connaître les populations de vers luisants et de lucioles en France. Souvent confondus, ces coléoptères de la famille des lampyridés diffusent tous une lumière verte pendant l’été. La bioluminescence résulte de la réaction chimique entre deux molécules nommées luciférase et luciférine avec l’oxygène. Rien de diabolique là-dedans : en latin, lucifer signifie « ce qui apporte la lumière ». Chez les vers luisants, cette propriété revient uniquement à la femelle qui, dépourvue d’ailes, reste immobile et s’éclaire en continu pour attirer un mâle. Du côté des lucioles, les deux genres sont ailés et bioluminescents ; ils clignotent en émettant des flashs de lumière très brefs.
Autrefois communs, ces insectes — une douzaine d’espèces en France — ont été peu étudiés. « En fait, on ne sait pas grand-chose sur eux. Ce ne sont pas de jolies bêtes comme les papillons ou les scarabées avec de belles couleurs ; ils n’intéressent pas les entomologistes », regrette Marcel Koken, chercheur en biologie moléculaire au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Ce spécialiste de la bioluminescence pilote l’observatoire des vers luisants et des lucioles avec Estuaire, un groupe associatif vendéen qui a initié d’autres programmes participatifs sur les bourdons, les hérissons, les mares et les libellules.
Compagnons à la fois magiques et mystérieux des soirées estivales, les vers luisants convenaient bien à une enquête destinée à réunir le maximum de contributeurs volontaires. Pour ce type de projet de science citoyenne, mieux vaut, effectivement, miser sur des espèces dotées d’un capital de sympathie. Et cela fonctionne. Grâce au relais local de 169 associations naturalistes, 15 000 observateurs répondent chaque année à la question suivante : avez-vous déjà vu un ver luisant ou une luciole ?
« C’est une enquête grand public à laquelle participent des gens qui ne sont pas dans notre réseau habituel », témoigne Bertrand Cotte. L’entomologiste amateur, coléoptèriste et membre de l’Office pour les insectes et leur environnement Franche-Comté, supervise la collecte de données dans sa région. En Bourgogne-Franche-Comté, 421 observations ont été recensées en 2021, grâce au travail de mobilisation de l’Observatoire régional des invertébrés.
Premier objectif de l’observatoire national : tenter d’évaluer et de localiser les populations. « Tout le monde dit "les vers luisants, on n’en voit plus". Alors on a voulu savoir s’il y en avait vraiment moins ou si c’est le changement de nos comportements qui nous rend moins attentifs », explique Marcel Koken. Résultat : les lampyres n’ont pas échappé au déclin général de l’entomofaune. « Si on se réfère aux anciens récits dans la littérature, il y a une vraie baisse. On ne retrouve plus les quantités décrites dans les articles », constate le chercheur du CNRS. On sait également que la principale espèce en France, Lampyris noctulica, est présente partout, même si la situation est plus dégradée dans le nord du pays. Les lucioles, elles, n’ont été signalées qu’autour de Nice et en Corse.
Des herbes hautes, de l’ombre et un peu d’humidité : c’est tout ce dont a besoin le ver luisant. « Il n’est pas très exigeant. On le trouve dans les jardins, les prairies, les bords de haie, les chemins forestiers, recense Bertrand Cotte. Et il lui faut aussi des limaces et des escargots. » Les larves (que l’on peut observer toute l’année) se nourrissent exclusivement de gastéropodes. Des animaux pourtant plus gros qu’elles, à qui elles réservent un sort funeste. « Ce sont des bêtes féroces, souligne Marcel Koken. Elles se jettent sur leur proie pour la mordre à plusieurs reprises. Le poison injecté la paralyse puis finit par la liquéfier. »
L’appétit de ces coléoptères en fait donc de précieux auxiliaires pour les jardiniers qui se désolent de voir leurs salades englouties par les limaces. L’utilisation de pesticides — et notamment de granulés antilimaces et escargots — apparaît comme l’une des principales causes de raréfaction des vers luisants. « Ils sont aussi perturbés par les lumières nocturnes qui désorientent les mâles. Il faudrait éteindre les lampadaires, les équiper de détecteurs d’approche ou orienter la lumière vers le bas, poursuit le gestionnaire de l’observatoire. L’abus de fauchage a également un impact. L’idéal serait de faucher l’herbe avant la mi-mai, puis après la mi-septembre et essayer de ne pas couper partout si ce n’est pas nécessaire. »
L’enjeu du programme scientifique de l’observatoire des vers luisants et lucioles est double : produire de la connaissance grâce à des contributions citoyennes mais aussi sensibiliser à l’effondrement de la biodiversité et au déclin alarmant des populations d’insectes. « L’enquête aide à communiquer sur une espèce phare pour pointer la régression de l’ensemble des insectes, y compris les plus communs », estime l’entomologiste franc-comtois.
Sauf que les moyens de l’observatoire sont trop limités pour atteindre pleinement cet objectif. Le programme est soutenu uniquement par le Département de la Vendée, ce qui ne permet pas de financer un poste de salarié afin de développer le réseau des observateurs et exploiter la base de données constituée depuis 2015. « Il n’y a pas de modèle économique viable pour ce genre de dispositif, déplore Fabien Verfaillie, le président d’Estuaire. On est frustrés de ne pas accomplir notre mission dans de bonnes conditions. On arrive juste à faire des constats alors qu’on aimerait pouvoir organiser les données de façon à réfléchir à des actions de conservation. »
Un élément pourrait inciter les pouvoirs publics à s’intéresser davantage aux lampyres : la découverte, en 2020, dans les Pyrénées-Orientales, d’une nouvelle espèce de luciole. Originaire d’Amérique du Sud, elle a été introduite en Espagne en 2016. Repéré par des programmes participatifs ibériques, le lampyre à corselet marqué a été déclaré comme potentiellement invasif et à surveiller par l’Office français de la biodiversité et l’Union internationale pour la conservation de la nature.
À raison de 10 kilomètres par an, l’espèce connaît une expansion rapide pour ce type d’insecte. Autre problème : les larves ne se nourrissent pas de limaces et d’escargots mais de vers oligochètes, les vers de terre indispensables à la vie des sols. « Les vers de terre souffrent déjà d’énormes pressions, notamment à cause d’une autre espèce envahissante, le ver plat. Cela peut être catastrophique, y compris pour l’humain avec des pertes de rendements agricoles et des sols compactés qui augmentent les risques d’inondation », s’inquiète Fabien Verfaillie. L’écologue veut croire « que, localement, le Département ou la Région accepteront de nous accompagner pour comprendre ce qui se passe et évaluer le risque associé au développement de cette espèce ». Une lueur d’espoir.
Pour votre jardin, vous pouvez planter des fleurs grâce aux sachets de tisane qui traînent dans vos placards.
Marjolaine
Vous n’avez pas la main verte et ne savez pas comment égayer simplement votre jardin ? Plantez le contenu de sachets de tisane. Un minimum d’effort pour un maximum d’effet garanti.
JARDIN - Si la période des semis est passée, il est tout de même possible d’embellir votre jardin à l’aide d’une méthode simplissime : planter le contenu des sachets de tisane qui traînent dans vos placards, parfois depuis plusieurs années. Pour cela, il suffit de se saisir d’un sachet de camomille, de nigelle, pavot ou autre plante fleurie. Périmé ou non, peu importe.
Frottez le sachet de tisane entre vos mains pour libérer les graines, dispersez-les sur une parcelle de terre nue en plein soleil, arrosez les bien et le tour est joué. La camomille, connue pour ses propriétés apaisantes et favorisant le sommeil, donne ainsi également de très jolies fleurs blanches, parfumées, semblables à des marguerites, qui égayeront votre pelouse, comme l’explique le HuffPost UK.
Les graines de nigelle donnent elles des fleurs plus fines et délicates, généralement de couleur pastel, parfaites pour combler les espaces vides dans votre jardin. Elles peuvent également être cultivées à côté d’autres fleurs, ce qui permet d’obtenir une végétation diversifiée sans effort.
Une belle pelouse sans effort
Pendant le premier mois ou jusqu’à la floraison, veillez à arroser régulièrement le sol. Une fois qu’elles ont fleuri, ces herbes sont très autonomes et continueront à prospérer d’elles-mêmes. Autre avantage : leur prix, qui est sans comparaison avec celui des graines vendues dans les magasins d’horticulture. Ne serait-ce qu’une demi-cuillère à café peut suffire à donner des tas de plantes.
Les petits sachets remplis de fleurs séchées sont récoltés mécaniquement et contiennent invariablement des têtes de graines mûres. Ces herbes ont presque toutes évolué afin de coloniser des sites ensoleillés, exposés, avec un sol pauvre et des niveaux d’eau bas, ce qui les rend très résistantes et faciles à cultiver. C’est le propre des « mauvaises herbes ».
Un bon exemple est le fenouil, que l’on trouve couramment sur les voies ferrées et dans les tas de décombres. L’aneth, qui est étroitement apparenté, peut être cultivé de la même manière. En tout cas, c’est une méthode facile et écolo de fleurir votre jardin ou jardinière. Et d’une année sur l’autre, les plantes repoussent.
Publié par Alexandre Lafon le 24 avril 2023
La Une du Figaro Magazine du 24 mars attirait l’attention des lecteurs sur quatre animateurs populaires d’émission d’histoire avec ce titre accrocheur : « Ils nous font aimer l’histoire. Pourquoi leurs émissions passionnent les Français ». Stéphane Bern, Lorànt Deutsch, Franck Ferrand et Virginie Girod officient chacune et chacun à la télévision ou à la radio, dans le cadre d’émissions dédiées ou comme chroniqueur : Franck Ferrand intervient sur le plateau des Grosses Têtes sur RTL, par exemple. Stéphane Bern, dans Secrets d’Histoire sur France 3, ou Franck Ferrand raconte sur Radio classique, semblent connaître une belle réussite en termes d’audience, la première fêtant ses quinze ans d’existence.
L’adaptation cinématographique des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas, en salles depuis le 5 avril, est également l’occasion d’affirmer le triomphe d’une « histoire populaire » dont se régaleraient les Français, en parallèle d’une « histoire universitaire » bien trop éloignée des vraies problématiques historiennes. Stéphane Bern, figure de proue de l’histoire grand public dans les médias audiovisuels, déclare à ce propos : « Depuis les années 1970, à l’école, il est interdit d’enseigner le passé de façon charnelle. L’institution scolaire n’aime plus parler des grands personnages qui ont écrit l’histoire. Or, on ne peut intéresser le public à l’histoire sans l’incarner dans des hommes et des femmes. Les passions qui les animent – le désir de gloire ou de puissance, l’amour – et les épreuves qu’ils affrontent sont intemporelles. » Selon lui, le passé n’est intéressant que s’il raconte, que s’il s’appuie sur le destin de grandes figures, que s’il est présenté à travers le prisme des passions (amour, gloire et… beauté ?). Ainsi, il serait bon, pour le dit « grand public », catégorie aussi imprécise que commode, de ramener l’histoire à un récit passionné du passé des dominants. Bref, de revenir clairement à une histoire biographique des grands hommes (et femmes, tout de même), fondant une chronologie claire d’une histoire glorieuse de la France.
Resservant le discours conservateur d’un « roman national » aux couleurs des rois très chrétiens d’une France éternelle, cette représentation médiatisée semble devoir prendre de plus en plus d’importance dans l’espace public en fustigeant le travail des enseignants des premier et second degrés, et des universitaires. Ces derniers œuvrent pourtant justement à déconstruire ces représentations attachées à une historiographie datée, tout en travaillant à construire une culture commune critique de notre passé national, européen et mondial. Quitte à faire grincer des dents les tenants d’une histoire politisée. L’histoire, passion française, apparaît en effet comme un outil politique de premier choix. Ses usages, notamment médiatiques, disent une époque et une ambiance. La nôtre semblant devoir se plier aux manipulations les plus conservatrices alors même que d’autres voies proposées par des professionnels ou amateurs historiens sont possibles.
Nos « quatre mousquetaires » de l’histoire médiatique contemporaine surfent sur une profonde lame de fond propre à notre nation : la passion de l’histoire. Depuis la Révolution française et le père de l’histoire romantique Jules Michelet, cet intérêt ne se dément pas. La France est une nation qui s’est construite sur son histoire. Au Moyen Âge, les « chroniques de France » offraient un premier écrin au passé d’une même entité : nation, roi et État se confondant. Depuis 1792, les régimes libéraux puis les Républiques ont résolument réinvesti le passé pour dire le pays, le peuple et sa singularité : démocratie, souveraineté populaire, universalisme des droits. La construction de l’État-nation passe par une histoire (et une géographie) commune qui se dessine parfaitement à la fin du XIXe siècle, d’autant qu’après 1870 et la défaite contre la Prusse, il fallait répondre à cette question, développée par le philosophe Ernest Renan : Qu’est-ce qu’une nation ? (1882). Être français devient un « plébiscite de tous les jours » qui s’appuie sur une histoire commune, glorieuse et téléologique : la République représente le point final d’une épopée des grandes heures d’une nation.
L’école sera le berceau de cette histoire-fiction, les manuels scolaires de l’« instituteur national » Ernest Lavisse constituant des médiateurs particulièrement efficaces. Le roman national des grandes figures et de la chronologie fondée sur « nos ancêtres les Gaulois », la monarchie et la Révolution française se développe alors. À travers l’école, l’histoire – qui apparaît dans les lois scolaires de 1881-1882 – devient un pilier républicain. Aujourd’hui encore, elle reste inscrite dans tous les programmes de tous les niveaux, de l’école primaire au lycée général, technologique ou professionnel. Souvenons-nous du tollé qu’avait rencontré, il y a quelques années, le projet de supprimer l’histoire en terminale scientifique : l’histoire est solidement ancrée comme un bien commun, cultivé largement dans l’espace public.
Parallèlement à son usage politique et scolaire, l’histoire a conquis l’université au XIXe siècle, devenant, au XXe, la reine des sciences humaines à travers les œuvres d’un Marc Bloch, d’un Lucien Febvre ou d’un Fernand Braudel. L’histoire profite aussi dans les années 1970 du large mouvement d’ouverture culturelle aux masses démocratisées. Les ouvrages de la Nouvelle Histoire de Georges Duby ou de Jacques Le Goff gagnent le grand public. Montaillou, village occitan, d’Emmanuel Le Roy Ladurie, publié en 1975, connaît un succès retentissant. Les universitaires Alain Decaux, Marc Ferro, Max Gallo ou Pierre Miquel s’invitent à la télévision pour des programmes populaires de grande qualité, parfois en première partie de soirée. Ils sont autant conteurs qu’écrivains, conseillers aussi des politiques pour certains. Le magazine L’Histoire naît en 1979 et devient rapidement la référence en matière d’histoire universitaire transmise au plus grand nombre. Il est aujourd’hui encore plébiscité dans le monde enseignant et dans les foyers éclairés.
Dans les années 1980, la peur de « perdre la mémoire » impose aux historiens une réflexion collective sur les Lieux de mémoire autour de Pierre Nora. La volonté de sauvegarde du patrimoine matériel et immatériel devant l’accélération de l’histoire et de la modernité aboutit à un regain de musées, de journées dédiées aux commémorations et aux patrimoines. Des chantiers sont ouverts autour d’événements moins glorieux du passé national ou problématiques : la grande Révolution n’est-elle pas aussi celle de la Terreur ? La polémique entre le libéral François Furet et le communiste Albert Soboul traverse alors les médiatiques commémorations du bicentenaire de 1989. Dans les années 1990, l’émission Histoire parallèle d’Alexandre Adler, sur la Cinquième, connaît un succès certain : la fin de l’histoire annoncée n’en est pas une. Les émissions documentaires d’Arte par exemple prolongent aussi la qualité des programmes consacrés à l’histoire.
L’arrivée d’Internet démultiplie les supports de diffusion alors que les émissions télévisuelles de plus en plus interactives se modernisent. À la suite de plusieurs autres, la chaîne Youtube Nota Bene, lancée en 2014 par Benjamin Brillaud, devient un marqueur solide de la vulgarisation numérique de l’histoire, prolongeant son succès par des ouvrages grand public. Les podcasts d’histoire actuels, comme Paroles d’Histoire de l’historien André Loez, connaissent aussi une réelle notoriété. La géographie profite de l’excellente émission éducative de vulgarisation Le Dessous des cartes, créée en 1990 par Jean-Christophe Victor. Aujourd’hui largement utilisé dans les classes, ce programme court très pédagogique permet de proposer au public comme aux élèves des mises au point sur les pays, territoires, régions du monde et une ouverture solide de géopolitique.
Ces quelques rappels témoignent de l’épaisseur prégnante de l’histoire dans l’espace public, fondée sur la demande d’une population éduquée à la recevoir, par le biais d’une littérature historique très développée. L’édition, livres ou magazines, et la télévision portent ainsi une histoire médiatique de grande qualité, ouverte sur les problématiques universitaires. Nombre d’auteurs de fiction construisent aussi leur intrigue sur le passé. Sur la Grande Guerre, le centenaire a été l’occasion pour le romancier Pierre Lemaître de recevoir le prix Goncourt avec Au revoir là-haut en 2013. Avant lui, Jean Rouault obtenait le même prix en 1990 sur le même cadre historique pour Les Champs d’honneur. On ne compte plus les auteurs étrangers, nationaux ou locaux qui construisent leur succès sur des intrigues historiques (Cathares, Templiers, Résistance). Ils poursuivent la veine des romans du XIXe siècle dans le sillon des Trois Mousquetaires.
L’histoire reste ainsi le puissant moteur d’une culture partagée et un support de fiction efficace et largement médiatisé. Encore faut-il savoir regarder ce passé avec lucidité et vérité. Longtemps, l’histoire a bénéficié de plumes et de voix pour se porter au-devant d’un large public, sans perdre en route ses attraits : l’examen des sources, la critique et le débat, la puissance du récit fondé sur l’ouverture de problématiques neuves et plurielles, la force des enquêtes utiles à la compréhension et au partage d’un passé souvent problématique (la Shoah, la Résistance ou la collaboration, etc.). À y regarder de plus près, la diversité de l’offre culturelle et médiatique contemporaine d’histoire grand public n’est pas à remettre en cause.
Pourtant, depuis le tournant des années 2000-2010, l’histoire médiatique dite « populaire » a perdu de sa superbe, en particulier à la radio et à la télévision, sur les chaînes et stations les plus regardées et écoutées. Cette période est celle d’un temps de repli identitaire très fort, qui met la nation à mal. Communautarisme d’un côté, nationalisme et xénophobie de l’autre, le passé est pris en tenaille. Il est sommé de prendre position entre le « rôle positif de la France dans la colonisation » ou sur les « mémoires oubliées de l’esclavage ». L’histoire devient polémique et elle est utilisée à cette fin. Les lois mémorielles et le projet avorté d’une Maison de l’histoire de France brouillent le passé et son étude critique. L’histoire devrait-elle s’aseptiser ?
Les programmes « grand public » proposés par Stéphane Bern enclenchent alors un puissant retour en arrière. Les règnes des grands rois, les grandes batailles « fondatrices », les intrigues de cours dessinent une histoire conservatrice, sans peuple agissant, sans tensions sociales, un univers romanesque d’une France des « grands ». Une histoire vulgaire plus que vulgarisée qui n’est en rien de l’histoire. Un certain cinéma politiquement orienté cautionne et prolonge ce rapport délictueux au passé. Vaincre ou mourir, réalisé par Vincent Mottez et Paul Mignot en 2022, en est l’exemple criant.
Pourtant, depuis de nombreuses années, les historiens ont su porter un regard critique sur leur discipline. L’historiographie est devenue une étape obligée dans les études historiennes à l’université. Elle apparaît désormais jusque dans les manuels scolaires du collège et du lycée. Les études universitaires restent d’une grande vivacité et s’arment : un master « histoire publique » consacré à la médiation historique en direction du grand public s’enseigne à Nantes, Créteil ou Albi. L’histoire est désormais l’étude critique du passé et conserve en cela une forte finalité civique. Quelles sont les grandes problématiques historiographiques ? – Montrer que l’histoire est une connaissance toujours actualisée du passé car en lien avec des problématiques actuelles ; – que le « roman national » est une construction politique du passé associée à une période de notre histoire (les travaux de Suzanne Citron ont largement mis en lumière ces errements : angles morts des mémoires populaires, ouvrières, des minorités, construction d’une histoire des dominants sur les dominés, mémoires oubliées des femmes, de l’esclavage) ; – montrer, enfin, que les événements et la chronologie sont des constructions mobilisées par des usages politiques du passé.
Enseigner la chronologie suffit-il à faire de l’histoire ? Certes non, si cette histoire n’est pas problématisée, si elle ne porte pas un sens sur nos propres questionnements. Que Jeanne d’Arc ait été brûlée en 1431 est un fait, mais pourquoi est-ce un événement, que dit-il du rapport entre la religion et le politique au XVe siècle, et de la géopolitique d’alors ? Pourquoi Jeanne d’Arc devient-elle une figure si plurielle dans nos mémoires collectives ? Autant de questions qui permettent de mieux saisir les faits historiques, et non de les porter comme des étendards idéologiques imperméables à la critique.
L’histoire, notamment l’histoire enseignée, n’est plus un catalogue de faits et de personnages « à apprendre par cœur », mais une discipline intellectuelle fondée sur l’étude critique de documents. Elle s’est ouverte à l’histoire sociale et culturelle, à l’histoire des mentalités (dans les années 1980) et à l’histoire des représentations (dans les années 1990 et 2000). Mais sans perdre aussi ce qui fait un de ses charmes : l’art de l’écriture, du récit, de la vie. « Le bon historien, lui, ressemble à l’ogre de la légende. Là où il flaire la chair humaine, il sait que là est son gibier », affirmait Marc Bloch dans Métier d’historien (rédigé entre 1940 et 1943 et publié à titre posthume en 1949 – l’historien résistant ayant été torturé et exécuté par la Gestapo allemande en juin 1944).
L’histoire enseignée est incarnée : le professeur dit à travers des sources les conditions de vie paysanne dans l’Europe du Moyen Âge comme de celles du temps de l’absolutisme sous Louis XIV. Il convoque les témoins de la conquête des Amériques, le journal de bord des explorateurs, la lettre du combattant de 1914. Les élèves abordent au collège le Moyen Âge et l’implantation d’un christianisme qui tout à la fois cimente la société et impose une vision singulière du monde que les humanistes sauront interroger à partir du milieu du XVe siècle. L’Europe chrétienne ? Certes, mais riche d’autres héritages et de brassages culturels, attentive aux apports méditerranéens comme asiatiques. Une mondialisation européenne au XVIe siècle ? Sans doute, mais au prix d’une conquête violente des Amériques et du commerce triangulaire. Une France puissance mondiale au XIXe siècle ? Mais sous couvert d’apporter paix et civilisation en Asie et en Afrique, elle a instauré le travail forcé, la prédation économique et culturelle, un statut inégalitaire entre colons et colonisés. Une France victorieuse en 1918 ? Mais à quel prix et pour quoi ? En étudiant le concept de « sortie de guerre », les élèves comprennent mieux l’idée d’une « victoire endeuillée » et le coût social, politique et culturel d’un conflit mondial qui a durablement affaibli le continent européen.
Au final, ces quelques exemples rapidement exposés montrent combien l’histoire enseignée aujourd’hui, proche des recherches universitaires, dessine une discipline de la réflexion et de la raison. Les cours s’appuient sur des documents : textes, images, statistiques, cartes, objets parfois manipulés en classe. Loin des clichés les plus rances, elle permet aux élèves de se construire comme citoyens éclairés d’un passé complexifié, mais toujours ponctué d’événements rapportés à une culture commune, ouverte. François Ier, Richelieu, Louis XIV ou Napoléon restent des personnages marquants. Mais ils voisinent désormais avec Léonard de Vinci, Calvin, le testament d’un bourgeois du XVIIIe siècle, le témoignage d’un grognard sur les massacres en Espagne de 1808 ou celui d’un simple tonnelier audois, poilu des tranchées. Tous ont voix au chapitre, parce que tous ont fait l’histoire, qui ne mérite pas d’être privatisée par Mme de Pompadour.
Voici quelques pistes de lecture pour nos « quatre mousquetaires médiatiques ». Ces pistes peuvent intéresser d’autres lecteurs. Les historiens, spécialistes de tous horizons (histoire antique ou contemporaine, histoire sociale ou culturelle) ne cessent en effet de travailler, de renouveler leurs problématiques, et de porter leurs recherches hors du champ clos du monde savant. Les ouvrages présentés sont des publications plutôt récentes, portant sur des sujets neufs, généraux ou très spécifiques, mais susceptibles de nous éclairer mieux encore sur notre passé partagé. Elles concernent à la fois les dominants et les dominés, les hommes comme les femmes, les minorités comme les majorités, sans évacuer rigueur du récit et véracité associés à la recherche et à la critique raisonnée. Une histoire inclusive au profit du vivre-ensemble.
– Un manuel incontournable : Douze leçons sur l’histoire, d’Antoine Prost (Seuil, 1996), ou les attendus fondamentaux de la discipline historique posés par l’un de ses meilleurs représentants (histoire sociale, histoire de l’éducation). Antoine Prost évoque en conclusion un « devoir d’histoire » qui mérite encore d’être défendu. Son ouvrage plus récent Si nous vivions en 1913 (Grasset, 2014), fruit d’une chronique sur France Inter, apparaît comme une synthèse vulgarisée de haute voltige de la société française d’avant la Grande Guerre.
– Gérard Noiriel, issu du monde ouvrier, aujourd’hui directeur d’étude à l’Éhéss, a beaucoup travaillé sur l’histoire sociale et populaire : son Histoire populaire de la France, publiée en 2019 aux éditions Agone (Marseille), est désormais devenue un classique, aujourd’hui adaptée en bande dessinée. De la fin du Moyen Âge à aujourd’hui, l’auteur parcourt le territoire de la France actuelle du point de vue des classes populaires et des processus de domination. Le récit est dense, empli de témoignages, de révoltes, de conquêtes et de renoncements. Chaque épisode fait explicitement référence à notre actualité (migration, travail, montée des revendications identitaires).
– Patrick Boucheron avait, voici quelques années, dirigé une Histoire mondiale de la France (Seuil, 2017). Dans Quand l’histoire fait date (Seuil, 2023), fruit d’émissions proposées par Arte, ce professeur d’histoire au Collège de France souhaite « défriser le cours du temps ». L’historien interroge avec bonne humeur : « Je ne sais pas ce qu’est une date importante. Ce que je sais, c’est ce que la mémoire peut en faire ». Voilà un point de départ rafraîchissant qui bouscule nos certitudes. Que révèle l’étude de l’An Mille, pourquoi cette fascination pour Lascaux ou 1347 (la grande peste) ? En 751, Charles Martel, Poitiers ?
– L’historien Michel Pastoureau, spécialiste du Moyen Âge, des couleurs et de leur signification, vient de publier un ouvrage dense intitulé Dernière visite chez le roi Arthur (Seuil, 2023). Ce livre revient sur l’écriture de La vie quotidienne au temps des chevaliers de la Table ronde, son premier livre de jeunesse paru en 1976. De quoi éclairer l’histoire du quotidien au Moyen Âge, l’histoire d’une légende et de ses postérités, mais également l’histoire de l’histoire de l’écriture historienne. Il est donc bien possible de faire rêver un large public à la légende arthurienne (ses dames, ses chevaliers, son épopée) avec rigueur et enchantement.
– La Commune de Paris ? Peut-être un épisode de Secrets d’Histoire… ? D’autant que l’épopée des Communards jouit aujourd’hui de recherches neuves, d’une somme critique refroidie, éloignée des enjeux politiques du XXe siècle (Michel Cordillot (dir.), La Commune de Paris. 1871. Les acteurs, les événements, les lieux, Les Éditions de l’Atelier, 2021). Arte a su présenter un documentaire animé d’une rare beauté intitulé Les damnés de la Commune (2021) en s’appuyant sur la bande dessinée du même nom (Delcourt, 2017-2019). La bande dessinée, art historien dynamique souvent adaptée à la télévision, que portent avec courage et dévouement à la raison les éditions de l’école des loisirs ou Rue de Sèvres.
– Claire Andrieu, professeure d’histoire contemporaine à Sciences Po Paris, publie en 2021 chez Tallandier sa recherche : Tombés du ciel : le sort des pilotes abattus en Europe, 1939-1945. Elle éclaire les actes de résistance populaire durant la Seconde Guerre mondiale. De quoi replacer les populations au cœur des problématiques du phénomène guerrier. Les actes de résistance sont aussi ces actions de l’ombre, loin de la geste gaullienne dont elle fut pourtant un élément trop mis en lumière.
– Finissons ce tour d’horizon par une jeune collection audacieuse, portée par un éditeur toulousain (Éditions midi-pyrénéennes). Il propose des ouvrages de 44 pages, de petit format, synthèses rédigées par des universitaires, sans notes de bas de page. Les thèmes ? Du libertinage à l’arrivée des pieds-noirs en France après la guerre d’Algérie, des Wisigoths à Toulouse à l’essor de l’aéronautique dans la Ville rose. Histoire des femmes, des hommes, des nobles comme des ouvriers. Chaque livre raconte un événement, mais surtout dresse le portrait d’une époque, d’une ambiance. De quoi nourrir et susciter la curiosité, à peu de frais et en tout lieu. Plaisir de la lecture nomade pour concurrencer les réseaux sociaux. https://www.edimip.com/catalogue/ouvrages/essais/catalogue-de-la-collection-cette-annee-la/
Pour conclure, il est navrant que des figures médiatiques de l’audiovisuel public ou privé, sous couvert de répondre à la (fausse) demande de leurs téléspectateurs, de leurs auditeurs, défigurent à ce point le patient travail des historiens et des professeurs qui enseignent tous les jours l’histoire, des éditeurs et réalisateurs de documentaires exigeants. Leur conservatisme et leur représentation de l’histoire nuit finalement au vivre-ensemble. Leur rôle devrait être justement d’amener plus loin et plus haut ceux qui les suivent. Non de flatter leurs représentations faussées ou les amener à penser une France passée caricaturée. En ces temps de transition, souvent douloureux, il serait judicieux qu’ils utilisent leur notoriété pour soutenir la connaissance historique et une histoire inclusive, au lieu de faire de Versailles ou de Poitiers les origines de notre France plurielle.
Alors que les pénuries d’eau s’installent sur l’ensemble de la France, promenons-nous dans la garrigue. Ce milieu typique du pourtour méditerranéen foisonne de plantes adaptées à la sécheresse. Pour autant, il reste menacé.
Nombre de végétaux méditerranéens germent et fleurissent à l’automne. - © David Richard / Reporterre
Ça pique, ça griffe, ça gratte. Sous un soleil déjà vif, notre balade printanière prend vite des airs de parcours du combattant. Slalomer entre les chênes kermès aux feuilles dentelées et les genêts scorpions, veiller à ne pas trébucher sur les rocailles, guetter l’ombre bienfaisante d’un pin. « Bienvenue dans la garrigue ! » dit dans un sourire Thibault Suisse. Notre guide du jour est botaniste au sein des Écologistes de l’Euzière, une association héraultaise qui fait, entre autres, de l’éducation à l’environnement.
« La particularité de ce milieu, c’est qu’il est semi-aride », explique le naturaliste. Et c’est justement ce qui nous amène ici, dans ce massif buissonnant à quelques kilomètres de Montpellier : en ces temps de sécheresse chronique, la région méditerranéenne, qui vit depuis des millénaires sans beaucoup d’eau, fait figure de modèle. Demain peut-être, d’autres zones de France ressembleront à ces collines pelées et étonnantes.
En ces temps de sécheresse chronique, la garrigue, qui vit depuis des millénaires sans beaucoup d’eau, fait figure de modèle en France. © David Richard / Reporterre
L’habit ne fait pas le moine, dit l’adage. Et la garrigue, sous ses allures revêches, cache une multitude d’espèces aux super-pouvoirs. Pour survivre ici, la végétation a en effet dû s’adapter au manque d’eau, aux étés caniculaires, aux feux…
Première singularité, « les plantes d’ici ne perdent pas leurs feuilles, explique Thibault Suisse. Elles les gardent toute l’année pour pouvoir faire de la photosynthèse et se développer dès que les conditions sont optimales ». Nombre de végétaux méditerranéens germent et fleurissent ainsi à l’automne, quand la plupart de leurs congénères continentaux préfèrent le printemps ou l’été. Autre originalité, leur taille : « Plus on est petits, moins a besoin d’eau », précise le naturaliste.
Face aux sécheresses, il s’agit aussi — et surtout — de garder son eau, autrement dit, de ne pas trop transpirer. « Beaucoup d’espèces ont développé la “technique du K-Way”, souligne notre guide. Leurs feuilles sont enduites d’une mince pellicule de cire, qu’on appelle une cuticule. » Avec leur feuillage luisant, le chêne kermès ou le chêne vert suent moins l’été.
Autre astuce imparable : « Le thym ou le romarin ont des feuilles toutes fines, le genévrier cade s’est plutôt doté d’aiguille, décrit le naturaliste. Le genévrier de Phénicie a opté pour des sortes d’écailles. » Différentes options pour un même résultat : réduire la surface d’évapotranspiration.
Le genèvrier cade s’est doté d’épines pour réduire la surface d’évapotranspiration des feuilles. © David Richard / Reporterre
Le botaniste sort de sa poche une petite loupe pour inspecter le dessous pelucheux d’une feuille de romarin. « Ces petits poils ont une double fonction, explique-t-il. Ils font office de double-vitrage pour mieux isoler la plante, et reflètent la lumière du soleil, grâce à leur blancheur. »
La plante aromatique dispose d’un ultime super-pouvoir : ses huiles essentielles. « L’évaporation, ça rafraîchit », rappelle Thibault Suisse, d’où l’agréable sensation de fraîcheur quand on sèche au sortir d’un bain de mer ou de rivière. Mais comment transpirer sans perdre d’eau ? En laissant se volatiliser des corps gras, moins denses que l’or bleu. La garrigue est ainsi parsemée de ces espèces odorantes qui font saliver les promeneurs.
Qui dit milieu sec, dit également risque de feu. Beaucoup de végétaux font donc avec les flammes. Le botaniste évite soigneusement un tapis de fleurs jaunes — des narcisses de garrigue. « C’est une espèce à bulbe, ce qui lui permet d’avoir ses réserves d’eau et de nutriments sous terre », indique-t-il. Pratique en cas d’incendie qui ravagerait la surface.
D’autres plantes, comme les cistes ou l’olivier, se sont particulièrement accommodées des brasiers. « Les graines de ciste germent bien mieux après avoir été soumises à de fortes températures. On peut reproduire ça en les passant au four, développe Thibault Suisse. Quant à l’olivier, ses noyaux se développent très bien dans les cendres. » Il n’est ainsi pas rare de découvrir des jeunes pousses dans les restes grisâtres d’un barbecue où l’on aurait jeté les résidus de l’apéro.
Le naturaliste est insatiable. Il ne cesse de se pencher vers le sol, pointant du doigt ici une salade sauvage, là une jonquille, là-bas une jeune touffe de thym. Contrairement aux apparences, « la garrigue abrite une richesse et une variété végétales remarquables, insiste-t-il. 80 % des quelque 6 000 espèces de plantes connues en France sont présentes ici ». La région méditerranéenne est ainsi ce qu’on nomme « un “hot-spot” de biodiversité ».
Un milieu exceptionnel, mais menacé. Par l’urbanisation galopante et le recul du pastoralisme — les moutons ont longtemps permis de garder ces milieux ouverts, laissant s’épanouir une flore singulière. Mais aussi par le changement climatique. « La végétation est adaptée aux sécheresses estivales, mais pas au manque d’eau chronique et aux sécheresses précoces, en début d’année », souligne John Thompson, écologue au Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
D’autant plus que le pourtour méditerranéen se situe aux avant-postes de la crise climatique. « Les espèces peuvent s’adapter, elles ont moins de feuilles par exemple, mais il y a des limites en matière de température et de disponibilité en eau », abonde Isabelle Chuine, directrice de recherche au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive du CNRS.
Reste le déplacement. « Des études menées sur l’ensemble de la flore montre qu’elle remonte vers le nord et les sommets, indique Isabelle Chuine. Le chêne vert, par exemple, se retrouve le long de la façade Atlantique. » Les espèces xérophytes du sud, qui aiment la sécheresses, pourraient ainsi se disséminer dans certaines zones de l’ouest et du centre de la France.
Alors, garrigue partout ? « Ce n’est pas si simple, nuance John Thompson. Il y a d’autres facteurs qui jouent : les sols appropriés par exemple. » Il faut aussi que les végétaux puissent essaimer, grâce aux pollinisateurs ou aux oiseaux. « Le déclin des insectes, les barrières que constituent les routes, les villes freinent ce processus… On empêche la nature de se déplacer », prévient le chercheur.
La région méditerranéenne semble bien condamnée à la mutation. « La végétation pourrait se modifier et ressembler à celle de l’Andalousie ou de l’Afrique du Nord, esquisse Isabelle Chuine. Moins dense, plus pauvre d’un point de vue biodiversité. » D’ici la fin du siècle, la garrigue pourrait peu à peu laisser place à un milieu semi-désertique.
L'historien local AndréTardy estime que les vestiges de Telo Martius découverts à Besagne en 1987 sont une fausse piste. Il défend une hypothèse puisée dans un ouvrage du XIXe siècle
Publié par Mathieu Dalaine le 11 avril 2023
Fermons les yeux et imaginons. Imaginons cette bourgade antique de 3.000 habitants nichée au cœur d’une rade magnifique. Imaginons cette petite ville qui vit au rythme de ses échoppes. Les enfilades de maisons sont ici ponctuées de villas luxueuses, de fontaines reliées à la source Telo, au pied du Faron. Imaginons ce port où se vendent vin, huile, cuir et autres étoffes teintes aux navires venus de tout l’empire romain. Imaginons-le… mais où?
Longue de 6 à 8mètres, les barques romaines découvertes à l’occasion de la construction du centre Mayol en 1987 seraient la preuve de l’existence du port antique de Toulon, selon les archéologues. Mais pas d’après l’historien local André-Jean Tardy. Photo DR
"Le port romain de Telo Martius était à Castigneau, dans l’actuelle enceinte militaire", assure aujourd’hui André Tardy. D’après l’ancien directeur de la régie municipale des eaux, historien à ses heures (1), la théorie communément admise, qui voudrait qu’un port antique ait été implanté entre l’actuel centre commercial Mayol et la place de l’Équerre, est erronée.
En rouge, l'emplacement supposé du port antique par l'historien local André-Jean Tardy. En bleu, l'emplacement du port découvert par les archéologues. En vert, la cité antique.
Sauf que pour les archéologues, le fait est entendu depuis plus de trente ans. Depuis la découverte en 1987 de barques romaines à Besagne, entre autres vestiges dénichés lors de larges fouilles dans le centre ancien, preuve serait faite de l’implantation d’un port antique à cet endroit. L’an dernier, un ouvrage sur le sujet, intitulé Toulon (Telo Martius), une agglomération portuaire romaine de la cité d’Arles, a même été édité aux Presses universitaires de Provence.
"Je ne conteste pas ce qui a été exhumé dans les années quatre-vingt, pose André Tardy. Mais on parle là d’un débarcadère composé de deux barques chargées de pierres, puis coulées, ainsi que d’un alignement de troncs de chênes! Dire que cette fruste réalisation serait un port fait offense à l’ingénierie maritime romaine." Le Toulonnais brandit le tome I d’Histoire de Toulon, un livre écrit en 1886 par un certain Gustave Lambert. "Il y rapporte les communications, à leur ministre respectif, de deux hommes de l’art, directeurs des fortifications de Vauban, qui évoquent à 65 ans d’écart la mise au jour de débris de quais romains. Cela à du sens."
Et d’argumenter: "L’existence d’un aqueduc entre Telo et Castigneau a été attestée. On peut imaginer que cette eau approvisionnait une teinturerie éloignée du centre urbain pour limiter les nuisances. Rappelons que c’est cette activité économique – la teinture d’étoffe – ainsi que le négoce de vin et d’olives, qui a permis au port de Telo Martius de se développer."
Problème: aucune trace de ces quais n’a été retrouvée à l’époque contemporaine. Tout cela aurait été détruit par les agrandissements successifs du complexe militaire, croit savoir André Tardy
"On ne fait pas l’histoire avec des théories ou une approche émotionnelle, balaye Marina Valente, directrice du Centre archéologique du Var. Que Monsieur Tardy apporte des preuves! Nous – des archéologues, un professeur au Collège de France, une directrice de recherche au CNRS… – on a des preuves matérielles, documentées et datées. Telo Martius n’était sans doute pas un port aussi important que Fréjus, mais si cela avait été le cas, il aurait été cartographié…"
Du haut de ses 87 ans, fort d’un caractère trempé, André Tardy ne craint pas plus l’adversité qu’un procès en érudition. Défendant son "étude de cinquante pages" qu’il vient d’achever, il n’en démord pas: "C’est à Castigneau, où a été mis à profit un grau sur la rive gauche de l’estuaire du Las, qu’a été construit le port romain."
Quid, alors, des installations découvertes dans le centre-ville? "Vers -50, le port gréco-romain d’Olbia, à Hyères, est devenu inabordable. C’est à Toulon que les Obliens ont probablement trouvé l’emplacement le mieux adapté pour continuer leur négoce. À Telo Martius, co-existèrent deux ports: l’un de commerce, à Besagne, réalisé à la hâte; l’autre à Castigneau, d’État, militaire, réalisé par l’ingénierie romaine, à la charge de l’empire."
Horeiae vs Horiae
C'est un autre combat, toponymique celui-ci, que mène André Tardy depuis des années. "Le nom des barques romaines retrouvées à Besagne n'est pas Horeia, mais Horia", assure-t-il, contre vents et marées.
L'historien local en veut pour preuve le fait qu'Horia soit un mot attesté en langue latine signifiant barque de pêcheur d'après le dictionnaire Gaffiot. Le terme Horeia, lui, a été découvert sur une mosaïque réalisée en Tunisie, représentant un petit bateau similaire aux embarcations toulonnaises. D'où le nom de baptême choisi par les archéologues. Mais pour André Tardy, il s'agit possiblement là d'"une erreur orthographique du scribe".
C'est ainsi qu'il y a 30 ans, le Toulonnais s'est rendu en mairie pour interpeller le service municipal dédié aux noms de ruess. "Il y a cet escalier le long de Mayol, entre la place des Mûriers et la place Besagne, qui était baptisé Montée des Horeiae. J'ai tout expliqué au fonctionnaire qui a accepté de corriger la plaque en mettant Horiae !" (Horia au plueirl, ndlr).
Au fil de ses recherches, André Jean Tardy s'est également interrogé sur l'origine du nom romain de Toulon, "Telo Martius". Si Telo évoque un dieu celte qu désigne l'actuelle source Saint-Antoine, autour de laquelle le premier foyer de population s'est créé, Martius, lui, ne serait pas une référence au dieu latin de la guerre d'après l'historien toulonnais, qui entend -là encore !- tordre le cou à la version officielle.
Seuls deux ports portent le nom de Martius en Méditerranée ! Narbo Martius, soit Narbonne, et Telo Martius, soit Toulon, pose André Tardy. Or Narbonne fut le premier port de Rome fondé en terre étrangère. Pour marquer le coup, l'empire a sans doute voulu accoler au nom indigène Narbo, le second terme d'Ancus Martius, qui fut, selon la légende, le roi fondateur d'ostie, premier port de Rome.
Poursuivant son raisonnement, l'ancien directeur du service des eaux pense que Toulon a eu droit aux mêmes honneurs, lorsque le port de Narbonne est parti en fumée. "En 145, un gigantesque incendie a détruit la quasi totalité de la ville. Afin de continuer les vocations narbonnaises -port et teinturerie-, l'empereur Antonin a ordonné la création d'un port et d'un ensemble industriel à Toulon. C'est là qu'il a probablement choisi de lui accoler le terme Martius..."
Une hypothèse qui accréditerait, du coup, celle de l'existence d'un port d'envergure au pied du Faron... et contredirait de fait la théorie de sa localisation à Besagne, où les installations retrouvées paraissaient plus sommaires.
1. André Tardy est notamment l’auteur d’Histoire de Toulon, de Telo à Amphitria (5 tomes).
Que ce soit pour chercher des informations, se connecter à son compte bancaire, consulter ses remboursements de dépenses de santé, déclarer ses impôts ou réserver un billet de transport, les outils numériques sont indispensables à la vie quotidienne. Si la numérisation facilite la vie de la plupart des citoyens au quotidien, elle complique celle des personnes en difficulté avec les outils numériques.
En 2019, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, environ 660.000 personnes âgées de 15 ans ou plus sont en situation d’illectronisme, soit une personne sur six, selon une étude publiée ce mardi par l’Insee Paca. C’est-à-dire qu’elle ne possède aucune capacité numérique ou n’a pas utilisé internet dans l’année.
Cela représente environ 16% des habitants de cette classe d’âge, comme en France métropolitaine.
Aux personnes en situation d’illectronisme s’ajoutent environ 1,4 million d’habitants de la région (33% des 15 ans ou plus) ayant une faible maîtrise des outils numériques. Leurs usages d’internet et des outils numériques sont peu diversifiés et ils sont plus vulnérables aux virus ou aux arnaques.
Au total, presque la moitié des habitants de Paca (49%) sont en situation d’illectronisme ou de faible maîtrise des outils numériques, soit un taux proche de la moyenne de France métropolitaine (47%).
L’usage quotidien d’internet, tout comme la forte maîtrise des outils numériques, diminuent progressivement avec l’âge. Parmi les 15 à 29 ans, 82% se connectent tous les jours et 47% possèdent une forte maîtrise alors que c’est le cas de respectivement 10% et moins de 1% des personnes âgées de 80 ans ou plus.
L’illectronisme concerne également en priorité les moins diplômés.
Le taux d’illectronisme est plus fort dans l’arrière-pays que dans les métropoles.
NDLR (assistée de Wikipédia et de ChatGPT) : que sont devenues les cyberbases, comme celle que nous avions au Revest jusqu'en 2014 ?
Les Cyberbases sont des centres d'accès public à l'informatique et à l'Internet, créés en France dans les années 2000 dans le cadre d'un programme national d'inclusion numérique. Ces centres offraient des formations et des ateliers pour initier les personnes à l'utilisation de l'informatique et d'Internet. Cyber-base est un label français d'espace public numérique, géré par la Caisse des dépôts et consignations. Ce dispositif national a pris fin le 31 décembre 2014.
Depuis leur création, les Cyberbases ont connu une évolution et une adaptation aux changements technologiques. Aujourd'hui, les Cyberbases ont été remplacées par des espaces numériques de travail, des FabLabs et des tiers-lieux numériques.
Les espaces numériques de travail offrent des services similaires à ceux des Cyberbases, avec des formations et des ateliers pour apprendre à utiliser les outils numériques. Les FabLabs sont des espaces de fabrication numérique, où les utilisateurs peuvent utiliser des machines et des outils pour concevoir et produire des objets. Les tiers-lieux numériques sont des espaces de travail partagés pour les professionnels et les entrepreneurs, équipés de technologies de pointe pour faciliter la collaboration et la communication.
En résumé, les Cyberbases ont été remplacées par des espaces numériques plus modernes et adaptés aux besoins actuels des utilisateurs.
D’où vient l’eau? Quelle part est captée pour nos usages? Qui sont les plus gros consommateurs? On fait le point.
Publié par P.-H. C. le 30/03/2023
Le lac de Sainte-Croix. Photo archives Var-matin
La surface du département du Var accuse 5 973 km2 et en moyenne son sol a reçu 456 millimètres de pluie en 2022 selon les relevés.
À la louche, on peut donc estimer qu’il est donc tombé plus de 2,7 milliards de mètres cubes d’eau dans le Var.
Attention cependant à ne pas croire que toute cette flotte est disponible.
Selon les experts, 60 % de cette pluie, soit 1,6 milliard de mètres cubes, est repartie illico dans l’atmosphère, simplement évaporée. Il n’en reste plus que 1,2 milliard disponible pour s’infiltrer dans les nappes phréatiques (23 % du volume) ou ruisseler (16 %).
1,2 milliard, c’est aussi précisément ce que le département a prélevé selon les chiffres publiés pour l’année 2020 par la banque nationale des prélèvements quantitatifs en eau (BNPE).
Au fil des ans, ce volume évolue fortement. En 2017, par exemple, nous nous sommes contentés de 739 millions de mètres cubes... mais nous en avons englouti 1,5 milliard l’année suivante.
Évidemment, tout n’est pas passé par votre tuyauterie.
75 % est constitué de ce que la BNPE qualifie d’eau turbinée, c’est-à-dire celle qui fait tourner les turbines des barrages hydroélectrique. Dans le Var, il s’agit de Quinson et Saint-Cassien.
Face à ce poids lourd, l’eau potable ne constitue que 15 % du volume, l’irrigation 3,7 %, les canaux et l’usage industriel 2,9 % chacun.
Infographie Rina Uzan -Var-Matin
Le Var compte 250 points de prélèvement d’eau potable répartis sur tout le territoire. On a en tiré 193 millions de mètres cubes en 2020.
Plus gros robinet du Var, la prise de Boutre, dans le canal EDF, à Vinon-sur-Verdon, a fourni plus de la moitié de l’eau potable consommée dans le Var (voir tableau des 15 plus importants prélèvements).
Si le volume global des prélèvements connaît de fortes variations, celui de la consommation d’eau potable est en revanche assez régulier.
Sur les cinq dernières années publiées, il oscille de 181 millions (en 2016) à 199 (en 2017). En 2020, les compteurs indiquaient 193 millions.
Évidemment - et on peut s’en irriter - ce n’est pas parce que l’eau est potable qu’on la boit. Les études estiment que 7 % seulement de ce qui coule au robinet d’un ménage est utilisé pour l’alimentation, dont 1 % pour la boisson. Les bains et douches engloutissent 39 % du volume, devant les sanitaires (20 %), le linge (12 %) et la vaisselle (10 %)
Au moment où la sécheresse inquiète, les regards accusateurs se tournent vers les piscines.
La direction des finances publiques en a comptabilisé en 2021 très exactement 106 764 dans le département. Près de 15 % des logements ont leur bassin. Dans certaines communes varoises, c’est nettement plus. Les Adrets-de-l’Estérel, Cotignac et Saint-Paul-en-Forêt affichent une concentration trois fois supérieure avec 45 % des logements équipés. Un luxe qui pèse forcément sur la soif.
Le volume moyen des bassins en France est de 48 mètres cubes pour la remplir à ras bord. Le premier remplissage fait donc sérieusement couler le robinet. D’autant que, dans le meilleur des cas, il faut y ajouter près de 16 m3 par an pour compenser l’évaporation (estimée à un tiers du volume total).
Garder tous les bassins à niveau doit donc tutoyer 1,7 million de mètres cubes par an. Un chiffre à rapporter aux près de 200 millions de mètres cubes d’eau potable consommés dans le Var.
Nettement plus énervant en fait que les piscines, on peut s’intéresser aux innombrables fuites que connaissent nos réseaux.
L’Observatoire national des services de l’eau évalue à 87 % le rendement des réseaux varois. En clair, 13 % de l’eau potable introduite dans les tuyaux se perd avant d’arriver au robinet, grosso modo 25 millions de mètres cubes par an!
Le Varois, gros consommateur
69,3 mètres cubes par an et par habitant. C’est la consommation moyenne d’un Varois. C’est plus que la moyenne nationale puisque l’Observatoire des services publics d’eau et d’assainissement estime que chaque Français utilise en moyenne 149 litres d’eau potable par jour, soit une consommation domestique de 54,3 m3 par habitant et par an.
Notons cependant que ces chiffres sont forcément un peu faussés par l’afflux de touristes estivaux. Non seulement, ils ne figurent pas - par nature - dans le nombre d’habitants, mais en plus, l’Ademe estime qu’un vacancier consomme 65 % de plus qu’un local.
Le 20 mars, c’est la journée de la francophonie ! L’occasion de rappeler que la diffusion internationale de la langue française a commencé dès le Moyen Âge. En réalité, cette diffusion est alors tellement importante qu’y réfléchir, comme le fait l’historien Thierry Dutour dans son dernier ouvrage, revient à repenser le concept même de «France».
Le « français » médiéval, qui bien sûr n’est pas celui que nous parlons maintenant, est extrêmement diffusé. Il faut dire que dès le XIe siècle, des nobles francophones ont entrepris des conquêtes territoriales importantes, emportant avec eux leur langue : les Normands s’emparent ainsi des Pouilles puis de la Sicile, de l’Angleterre puis de l’Irlande. Avec les croisades, des États latins d’Orient sont fondés, dans lesquels on parle, entre autres, le français : en Syrie d’abord, puis en Palestine, à Chypre et enfin, après 1204, en Grèce et en particulier au sud, dans la région de Morée. Dans le même temps, le français picard est parlé par une large partie de la population dans les anciens Pays-Bas.
Cette diffusion est soutenue par une circulation intense d’hommes et de femmes : étudiants, soldats, clercs, musiciens, marchands, etc. Les manuscrits, les idées, les techniques voyagent dans une Europe médiévale bien plus ouverte, dynamique et connectée qu’on ne le pense souvent. Largement parlé, le français reste une langue de l’élite : en 1307, à Hereford, une petite ville à l’ouest de l’Angleterre, les ruraux témoignent en anglais, les citadins en anglais et en français, les clercs en français et en latin.
Il faut dire que les médiévaux maîtrisent souvent plusieurs langues. Il n’est pas rare que les nobles en parlent couramment trois ou quatre et, parmi ces langues, le français fait souvent bonne figure. Il apparaît dans les documents de la pratique (les chartes, les testaments, etc.) au début du XIIe siècle, et il commence à concurrencer le latin dans les relations diplomatiques à la fin du XIIIe siècle. Quand le doge de Venise écrit au sultan d’Alep en 1254, il le fait en français, et c’est dans cette langue que le sultan lui répond.
D’une manière surprenante, le français s’invente… hors de France. L’adjectif « français », utilisé pour décrire la langue, est ainsi utilisé pour la première fois par… un Anglais ! C’est en effet Philippe de Thaon qui écrit en 1113 un Comput (ouvrage servant à fixer les dates des fêtes religieuses), texte destiné au roi d’Angleterre mais rédigé dans ce qu’on appelle le français insulaire, que Philippe dit être « la langue parlée de notre pays ». Dans ce texte, il utilise 14 fois le terme « français » pour désigner la langue (sans ambiguïté, comme quand il écrit « en français, on appelle ça… »). C’est également en Angleterre que le français devient une langue littéraire, lorsque la Chanson de Roland est mise par écrit (début du XIIe siècle).
La première poétesse en langue française est elle aussi une Anglaise : Clémence de Barking, moniale dans une abbaye à l’est de Londres, qui rédige une Vie de sainte Catherine d’Alexandrie. Qui connaît son nom aujourd’hui ?
Dans son dernier ouvrage, intitulé La France hors la France. L’identité avant la nation (Vendémiaire, 2022), Thierry Dutour ne se contente pas de retracer l’histoire de cette diffusion internationale du français, de l’Irlande à la Syrie. Il explique que cette diffusion doit nous inviter à penser autrement l’histoire de France et, notamment, à nous méfier de la tentation consistant à projeter dans le passé les concepts contemporains d’identité nationale et politique.
Pour nous, en effet, « être français » signifie « être né et vivre en France », donc à l’intérieur des limites du territoire politique. Cette définition, souligne Thierry Dutour, est étroitement liée à l’importance de l’État : le territoire politique, c’est celui que contrôle et donc définit l’État. Appliquée au Moyen Âge, cette définition nous invite à réserver le terme de « Français » à ceux qui sont sujets du roi de France.
Or, quand on s’intéresse à la langue, on voit que cela ne fonctionne pas. En 1224, le pape Honorius III dit que la Grèce est une « nova Francia », une nouvelle France. En 1507, un chanoine de Lisieux explique que les nobles de Chypre sont « aussi bons français que ceux de France ». Pourtant, ces nobles vivent à Chypre depuis plus de trois siècles. C’est comme si on disait, aujourd’hui, que les habitants du Québec sont Français : cela étonnerait, voire choquerait, alors que c’est totalement normal pour un habitant du Moyen Âge. On peut donc, à l’époque, être français, et même « bon français », sans jamais avoir mis un pied en France et sans du tout relever de l’autorité du roi de France.
La pluralité linguistique est alors la règle. Dans l’autre sens, le royaume de France se compose lui-même d’une multitude de langues, ce que le latin médiéval appelle des « nations ». Il n’y a donc pas de lien et, en tout cas, pas de superposition entre le territoire politique et les territoires linguistiques. Si cette idée nous semble étrange, c’est que les nationalismes du XIXe siècle nous ont au contraire habitués à penser les deux ensemble. La France est devenue à la fois une nation et un État-nation, et l’emprise de ces termes sur nos pensées est tellement forte que nous avons du mal à penser d’autres manières d’être Français.
L’analyse attentive du cadre médiéval permet donc, comme y invite avec force Thierry Dutour, de comprendre qu’une identité culturelle française a existé avant et indépendamment de l’identité politique française : « Alors se découvre un monde français à la fois proche et profondément autre. Effacé de la mémoire civique et assez largement de la mémoire historique, il nous paraît différent au point d’en sembler opaque et presque étranger. »
Pour en savoir plus
– Benoît Grévin, Le Parchemin des cieux. Essai sur le Moyen Âge du langage, Paris, Seuil, 2012.
– Thierry Dutour, La France hors la France. L’identité avant la nation, Vendémiaire, 2022.
Le Loup de Saint-Jean-du-Var- DR
"Nous étions allés voir un film à La Garde et, en rentrant à Toulon au niveau du quartier de Saint-Jean-du-Var, j’ai vu comme un animal gris et blanc qui n’était pas du tout apeuré par notre voiture qui avançait vers lui. J’ai cru à un chien mais non: c’était bien un loup!"
Robert circulait avec sa petite-fille, vers minuit, lorsqu’il a surpris la course de ce loup, visiblement perdu. "On n’a pas eu peur mais on a été très surpris. Jamais vu ça avant! Surtout si près des habitations. Avec notre téléphone, on a tout filmé avant qu’il ne disparaisse", explique-t-il.
"Quand on voit le comportement de l’animal sur la vidéo, tout indique qu’il s’agit d’un loup", analyse Eric Hansen, directeur de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) pour la région Paca-Corse.
"On le constate: le loup est un peu désorienté et cherche un moyen de s’enfuir. Sa présence dans une zone périurbaine est étonnante mais pas exceptionnelle. Une vingtaine de meutes de loups existe dans le Var. Bien sûr, leur habitat naturel est en zone rurale, dans les collines, mais le loup a des capacités d’adaptation géographique importantes."
Pourquoi le trouve-t-on si près du centre-ville? "Il a peut-être été attiré par des proies possibles comme les sangliers qui sont de plus en plus nombreux aux abords des villes. En Italie, par exemple, on a localisé récemment une meute de loups qui s’était carrément installée en plein milieu urbain. Les animaux ont finalement été réintroduits à la campagne. Dans notre région, on a dénombré 50 loups qui ont provoqué des accidents de la route à force d’être trop près des axes."
Pour l’association Ferus, qui milite pour la protection et la conservation des loups, l’hypothèse d’un "animal uniquement de passage" n’est pas à exclure. "Mais l’homme n’a rien à craindre d’un loup qui pénètre dans une zone urbaine. Aucun incident n’a jamais été répertorié."
Nicolas Jean, ingénieur et coordinateur de la brigade loup, est lui aussi formel: "il s’agit bien d’un loup. On ne le sait pas toujours mais ce genre d’animal se déplace beaucoup et vite. Il peut parcourir entre 30 et 40km par jour. Cette présence du canidé à Toulon ne représente pas de danger mais va nous servir pour nos études."
Et les spécialistes de mettre en garde contre toute confusion: "Il arrive souvent qu’on prenne pour des loups des animaux qui leur ressemblent comme le chien-loup tchèque ou le chien Saarloos. C’est tout à fait différent."
Le loup aperçu à Toulon ce week-end est-il une exception? "Non", selon une association F. D. Var-Matin 27 mars 2023
Depuis deux jours, les réactions se multiplient après la découverte d’un loup qui errait à l’entrée du quartier de Saint-Jean du Var à Toulon, dans la nuit de vendredi à samedi.
Un Toulonnais a filmé sa petite balade en zone urbaine, avant qu’il ne disparaisse.
Tous les spécialistes sont d’accord pour dire qu’il s’agit bien d’un loup qui s’est aventuré tout près du centre-ville de Toulon.
"C’est d’autant plus plausible qu’actuellement, c’est la saison où les jeunes loups quittent leur meute et s’en vont pour chercher une compagne et un territoire. Pour cela, ils doivent traverser des routes, ce qui occasionne souvent des collisions avec les véhicules", explique Sandrine Andrieux, l'une des responsables de Ferus, l’association de protection et de conservation des loups.
Pour elle, il n’y a rien d’extraordinaire à la présence de loups aux abords de la ville: "On sait qu’il y a des loups dans la campagne du Revest ou de Solliès-Ville. Nous avons aussi eu des signalements au niveau du plateau de Signes. Et le printemps correspond à la saison où les jeunes loups se déplacent beaucoup. Comme les renards ou les sangliers, ils peuvent s’égarer en ville. Celui de vendredi soir s’est probablement égaré et a dû retrouver les monts toulonnais à l’heure qu’il est."
Publié par Mathieu Dalaine le 28 mars 2023
Brachychitons acerifolius, chitalpas de Tashkent, hibiscus de l’île de Norfolk… Début mars, de nouvelles espèces de feuillus aux noms particulièrement poétiques ont fait leur apparition le long des plages du Mourillon.
Au total, ce sont ainsi plus d’une centaine d’arbres que la Ville a plantés sur les pelouses du littoral.
"Il s’agit non seulement de remplacer ceux qui sont morts mais aussi de développer le patrimoine végétal", précise Luc de Saint-Sernin, l’élu en charge de cette opération.
Système d’arrosage "intelligent" à l’appui, plus d’un millier de troncs habille désormais l’espace vert le plus fréquenté de Toulon. Mais pas n’importe lesquels.
"Même s’il arrive encore qu’on les remplace, on a de moins en moins recours aux palmiers, par exemple", poursuit l’élu, qui évoque "le fléau" du charançon. On privilégie des essences, méditerranéennes ou exotiques – beaucoup viennent d’Océanie – qui produisent plus d’ombre et qui semblent mieux adaptées au changement climatique.
Économes en eau, plus résistants à la chaleur et pourvoyeurs de fraîcheur sont les vertus cardinales célébrées par le service espaces verts de la Ville, qui les sélectionne du côté des serres municipales à La Garde. Le fait de s’accommoder d’une forte exposition au vent et aux embruns est aussi une qualité non négligeable.
Le secteur des plages du Mourillon n’est pas le seul concerné par cette opération verte.
Purau de Thahiti. Photo DR.
"Pour cette campagne de printemps, ce sont quelque 400 arbres qui ont été plantés en ville", poursuit l’adjoint. Et de citer le parvis du Zénith ou l’avenue le Chatelier comme zones bénéficiaires de ce "renouvellement du patrimoine".
Micocouliers, cyprès, camphriers, peupliers, oliviers, tilleuls ou mûriers-platanes sont les espèces "stars". Exit les pins, dont les racines maltraitent la chaussée, ou le platane, victime du chancre coloré.
"D’une manière générale, à cause des épidémies, on évite désormais les grands alignements d’arbres identiques", note Luc de Saint-Sernin.
Coût de l’opération: 850.000 euros, systèmes d’entretien et aménagements périphériques compris.
À noter qu’une nouvelle campagne de plantation aura lieu en octobre, où le parvis de la fac de droit, pour ne citer que lui, devrait enrichir la canopée de la capitale du Var.
Brachychitons acerifolius. Photo DR.
Parmi les espèces qui ont fait l’apparition sur les plages du Mourillon, voici cinq arbres qui devraient attirer l’attention:
le brachychitons acerifolius, arbre subtropical originaire de la côte orientale de l’Australie;
le purau de Tahiti, dont les fleurs ont la particularité de changer de couleur durant la journée, de jaune pâle à rouge à la tombée de la nuit;
Chitalpa de Tashkent. Photo DR.
Tulipier du Gabon. Photo DR.
Arbre de Noël de Nouvelle-Zélande. Photo DR.
Zéro déchet - Dessin de Coté, paru dans Le Soleil, Québec
Hé oui, l'histoire continue à être écrite par les hommes. C'était pas bien difficile de trouver des historiennes pourtant! Ya encore du boulot.
21e Édition du Prix du Sénat du Livre d’Histoire - Vendredi 17 mars 2023
Le jury du Prix du Sénat du livre d’Histoire, présidé par M. Jean-Noël JEANNENEY, a présélectionné les 8 ouvrages suivants (par ordre alphabétique des auteurs) :
Un monde sans ressources - Besoin et société en Europe (XIe-XIVe siècles), Mathieu ARNOUX (Albin Michel)
Les illuminati – De la société secrète aux théories du complot, Pierre-Yves BEAUREPAIRE (Tallandier)
La fabrique des huguenots – Une minorité entre histoire et mémoire (XVIIIe-XXIe siècle), Patrick CABANEL (Labor et Fides)
Images de France, Léonard DAUPHANT (Passés composés)
Stupéfiant Moyen-Orient – Une histoire de drogue, de pouvoir et de société, Jean-Pierre FILIU (Seuil)
La Rafle du Vél d’Hiv – Paris, juillet 1942, Laurent JOLY (Grasset)
À poings fermés – Une histoire de la boxe antique, Jean-Manuel ROUBINEAU (PUF)
La remise du Prix au lauréat, ouverte à la presse, se déroulera le mardi 20 juin 2023 dans les Salons de Boffrand de la Présidence, sous le haut patronage de M. Gérard LARCHER, Président du Sénat.
Il est le seul et unique site retenu par la Mission Patrimoine dans toute la région Paca. L'Institut de biologie marine Michel Pacha de La Seyne-sur-Mer, édifice emblématique de la corniche de Tamaris construit de 1891 à 1899 et appartenant à l'Université Claude Bernard Lyon 1, a bien besoin d'une cure de jouvence.
Publié le 16/03/2023 par Elodie Madoré (avec M.G.)
L'Institut de biologie marine Michel Pacha de La Seyne-sur-Mer est né de la rencontre entre le mécène et bâtisseur Michel Pacha, et le professeur Raphaël Dubois. Photo archives Var-matin
En 2022, David Tine, directeur du patrimoine de l’université lyonnaise, détaillait le projet de restauration dans nos colonnes. Le bâtiment principal de style ottoman, dessiné par l'architecte suisse Paul Page, accueillera "des salles de réunion, des bureaux et des espaces de convivialité. Le bâtiment Pérès, situé sur la droite (et qui ne présente pas de caractère patrimonial, Ndlr), sera reconstruit pour y aménager un lieu de restauration et d’hébergement, ainsi que l’amphithéâtre. En lien avec le projet de réhabilitation de la corniche de Tamaris, le programme prévoit aussi de valoriser les espaces paysagers situés à l’arrière du bâtiment", avait-il indiqué.
Depuis 2008, l'Université de Lyon y a cessé ses activités de recherche en présentiel. Le CNRS y avait installé par la suite le projet Antarès (un télescope à neutrinos immergé en Méditerranée).
"C'est une grande fierté que l’Institut de biologie marine soit le seul site emblématique de toute la région à être retenu pour l’édition 2023 de la mission patrimoine. C’est aussi une immense satisfaction car, depuis des années, je me bats pour que ce lieu exceptionnel soit requalifié et obtienne la reconnaissance qu’il mérite", a réagi Nathalie Bicais, maire de La Seyne-sur-Mer.
Le montant de la dotation de chaque site sera annoncé lors des prochaines Journées européennes du patrimoine qui auront lieu en septembre. L'édile pense que ce se seront "a priori plusieurs centaines de milliers d’euros". "Ils aideront à financer le projet évalué à 6 millions par l’Université de Lyon, qui doit, précise-t-elle, en apporter la moitié, l’autre étant apportée par la Région, le Département et la Ville."
Les travaux de restauration patrimoniale et de reconstruction de l'Institut débuteront en septembre 2024 et devraient s'achever en janvier 2026. "Après des années d’aléas juridiques et de contexte économique défavorable, son projet de réhabilitation est désormais lancé", souffle la maire.
La Mission Patrimoine détaille dans un communiqué la nature des travaux à effectuer: "Le bâtiment historique dit "Dubois" sera entièrement restauré". Cela passera par "la consolidation de la structure métallique en fondation, la révision complète des toitures, charpente et zinguerie, le traitement des fissures, la réfection des enduits en façade, la réouverture des baies bouchées, la repose de menuiseries et restitution des volets".
Elle souligne que "les éléments de décor, gypseries, menuiseries néo-ottomanes, frises en céramique, etc. seront restaurés à l’identique".
En ce qui concerne le bâtiment plus récent de 1968, dit "Pérès" et celui des ateliers en bordure de parcelle, ils seront également réhabilités tout comme les jardins aménagés, mais ces travaux-là ne seront pas opérés par la Mission Patrimoine.
Cette recommandation intervient alors que la situation continue de se dégrader pour les oiseaux : près de la moitié des espèces sont en déclin dans le monde.
Publié le 17/03/2023
Roitelet triple bandeau - Photo © Cécile Di Costanzo
Pour laisser les oiseaux nidifier tranquillement, l'Office français pour la biodiversité (OFB) recommande, vendredi 17 mars, de ne pas tailler les haies au moins jusqu'à la fin du mois d'août. "L'OFB encourage les collectivités, les professionnels et les particuliers à éviter la taille des haies et l'élagage des arbres de début mars à fin août pour ne pas déranger ou déloger les oiseaux pendant cette période cruciale de leur cycle de vie", écrit l'office public dans un communiqué.
Cette recommandation intervient alors que la situation continue de se dégrader pour les oiseaux : près de la moitié des espèces sont en déclin dans le monde et une sur huit est menacée d'extinction, déplorait en septembre l'ONG internationale BirdLife dans son rapport de référence (en anglais). L'OFB prône également d'éviter tout arrachage de haie et souligne qu'il n'est pas nécessaire de les tailler chaque année. Les haies sont "championnes de la biodiversité" et "peuvent accueillir jusqu'à 35 espèces de mammifères, 80 espèces d'oiseaux, huit espèces de chauves-souris, 15 espèces de reptiles-amphibiens ou 100 espèces d'insectes", souligne-t-il. Pour les agriculteurs, la taille des haies est interdite pendant plusieurs mois, également pour protéger la reproduction et la nidification des oiseaux.
Photo © Cécile Di Costanzo
Sous le pseudo Rebecca Lighieri ou sous son vrai nom Emmanuelle Bayamack-Tam, la Revestoise à mi-temps s’inspire de la vie du village pour offrir aux lecteurs, au théâtre et bientôt à l’écran son talent d’écriture. Rencontre.
Emmanuelle Bayamack-Tam, plus connue sous son pseudonyme Rebecca Lighieri
Depuis ses deux ans, Emmanuelle Bayamack-Tam, qui écrit également sous le pseudo Rebecca Lighieri, passe ses vacances et des week-ends à la maison familiale. La table des cafés est son bureau et les villageois sont des sources d’inspiration. Avec la signature de dix-sept ouvrages à son actif et de nombreux prix, l’année 2022 a été riche d’émotion et de reconnaissance.
Et les projets vont bon train. Attablée avec son ordinateur et son café dans un coin du bar du Vieux Château du village chez Rémi, la Revestoise d’adoption femme de lettres revient sur cette année 2022.
Quelle année 2022 !
Oui. Cela a débuté avec le prix Landerneau, qui est une récompense des lecteurs de l’enseigne Leclerc. J’en suis très contente, car ce sont les lecteurs des espaces culturels de tous les magasins Leclerc implantés dans toute la France qui ont voté pour mon roman La Treizième heure. C’est une belle reconnaissance que j’ai vécue en octobre dernier. Ensuite, je savais que j’étais nominé pour le prix Médicis décerné en novembre.
Racontez-nous cette journée particulière...
Nous n’étions plus que quatre auteurs en lice. Le jour du 8 novembre, date de l’annonce des résultats, je me suis rendu chez mon éditeur. Quand il a reçu le coup de fil qui m’annonçait qu’il m’était attribué, ce fut super. On a trinqué au champagne. J’ai appelé mes parents qui vivent au Revest. Ils étaient très fiers et très contents. Mon papa Francis était directeur de l’école d’ostéopathie et ma maman Christiane était professeur de latin-grec, tous les deux à Marseille. Ma grand-mère maternelle était la cousine germaine de Marius Hermitte, le père de Jacqueline Aude. J’étais une enfant de la ville, qui allait à la campagne pour un voyage exotique, où Marius élevait ses lapins dans ce village au pied des falaises du mont Caume. Ce climat, cette lumière. Les gens d’ici ne sont pas à plaindre.
Est-ce qu’un tel prix ça change une vie?
Il y a beaucoup de sollicitations, d’invitations en France et même au Canada. Je suis professeure de français au lycée du Kremlin-Bicêtre en région parisienne. Je vais mettre cette activité professionnelle en veille pour me consacrer pleinement à l’écriture. Je suis enseignante depuis trente-cinq ans. Déjà, j’ai adapté certains romans au théâtre. De nouveaux projets s’ouvrent pour moi.
Pouvez-vous parler de certains projets?
Je pense terminer un nouveau roman sous mon pseudo Rebecca Lighieri à paraître pour 2024. De plus, sous le titre Windigo, je fais paraître un roman jeunesse qui se déroule à Marseille pour septembre 2023. Je finis d’écrire une pièce de théâtre sur Michael Jackson et Britney Spears. C’est un projet que j’avais depuis longtemps. J’ai "mon" Michael Jackson, en la personne du comédien Pierre-Adrien Lefèvre. Il fallait quelqu’un qui l’incarne parfaitement. La pièce se produira bientôt dans un théâtre parisien. On m’a proposé d’être la voix off d’un film. Ce projet me plaît bien.
2013: prix Alexandre-Vialatte, Ouest-France pour Si tout n’a pas péri avec mon innocence.
2017: prix roman de l’été pour Les Garçons de l’été édition P.O.L.
2019: prix Inter pour Arcadie édition P.O.L.
2022: prix des lycéens du Pays de la Loire pour Il est des Hommes qui se perdront toujours édition P.O.L.; prix Landerneau et prix Médicis pour La Treizième heure édition P.O.L.
La défense de l'environnement passe aussi par les petits gestes du quotidien. Une canette de soda négligemment jetée dans la nature raconte ses déboires.
Publié le 11/03/2023 par Éric Neri
Canette - photo DR
Je suis mignonne, tout en aluminium. J’ai une taille de guêpe et un poids constant. Je suis une canette de soda. Mon volume est de 33 cl.
Nous ne sommes pas toutes pareilles dans la famille. Certaines de mes congénères se glissent dans une poche ou tout au contraire ont de l’embonpoint pour étancher de grandes soifs.
J’ai envahi, il y a quelques décennies, les rayons des supermarchés et les comptoirs des bars, détrônant les petites bouteilles en verre ou en plastique.
Mes collègues qui contiennent des aliments solides n’ont pas la chance d’avoir un gracieux petit nom comme moi. On les appelle des boîtes de conserve. Pas très glamour.
Avec mon joli minois, je pourrais, j’en suis sûre, être sélectionnée au festival de cane(tte), à l’affiche du prochain film de Guillaume Canet. Bon, j’entends déjà certains qui ricanent, j’arrête de me faire mon cinéma.
Aujourd’hui, me voilà gisant dans l’herbe, au ras des pâquerettes. Je suis vidée, épuisée depuis que mon opercule a été ouvert par une traction sur l’anneau avec lequel je suis indéfectiblement liée depuis ma naissance.
J’ai beaucoup à me faire pardonner: je contenais une boisson gorgée de sucres
L’ado qui m’a laissé choir en pleine nature, après m’avoir consommée par petites gorgées, n’a pourtant que le nom de Greta Thunberg à la bouche. Il ne manque aucun de ses faits et gestes sur les réseaux sociaux.
A la première occasion de mettre en pratique son discours, le voilà aux abonnés absents ! J’entends déjà ses objections, c’est toujours la même rengaine: “Qu’on s’occupe d’abord des gros pollueurs qui bousillent la planète et s’en mettent plein les poches.” Je crois également aux petits ruisseaux qui font de grandes rivières, si chacun fait sa part, à son échelle.
Je suis très engagée dans la défense de l’environnement, d’autant que j’ai beaucoup à me faire pardonner. Je contenais une boisson gorgée de sucres.
Mes collègues, outre-Atlantique, portent une bonne part de responsabilité dans l’obésité de millions d’Américains. Je crains que, chez nous aussi, de moins en moins de consommateurs ne résistent à l’appétit vorace des multinationales de l’agroalimentaire.
Si rien ne se passe, je vais dépérir pendant au moins cent ans dans la nature. Pourtant, comme les hindous, je crois en la réincarnation, pour peu que mes propriétaires successifs prennent soin de moi en me recyclant.
Je peux avoir sept vies au moins en intégrant tour à tour une voiture, une véranda, un TGV, une barquette alimentaire... Pourquoi me priver de toutes ces expériences exaltantes?
J’attends que quelqu’un me tende une main secourable et me jette dans une poubelle jaune (NDLR : grise au Revest). La planète sera préservée et mon avenir assuré.
Orchidées, papillons, arbres remarquables...
En petit groupe, dans un magnifique parc, je vous propose de venir découvrir les notions essentielles de la photographie de nature.À l’issue de cette journée, vous serez en mesure de créer une image harmonieuse, originale et parfois insolite !
Au plaisir de vous rencontrer
Cécile Di Costanzo
Photographe faune et flore
Renseignements et inscriptions
cecile.imagenature@laposte.net
06 89 01 61 95
Le rond de point est sorti de terre et il est ouvert à la circulation depuis la semaine passée.
Mais certains étourdis, pétris de certitudes et d'habitudes, passent le col comme avant, et prennent le rond-point à contresens.
C'est surprenant quand on se retrouve nez-à-nez avec un autre véhicule.SOYEZ PRUDENTS
Chers adhérents, chers amis,
Nous avons le plaisir de vous convier à l’assemblée générale de nos deux associations
Le samedi 4 mars 2023 à 15h00
Salle des mariages – Mairie du Revest-les-Eaux
Ordre du jour :
Amis du Vieux Revest et du Val d’Ardène | Loisir et Culture
• Approbation du compte-rendu de l’AG 2022
• Rapport moral de la Présidente et de la vice-Présidente
• Rapport financier
• Rapports d’activités
• Projets et perspectives
• Modifications des statuts « Amis du Vieux Revest et du Val d’Ardène » et « Loisir et Culture »
• Renouvellement des membres du Conseil d’Administration*
• Élections du bureau
*Les statuts stipulent que « le renouvellement des membres s’effectue en fonction des désistements ».
La Présidente,
Patricia Aude-Fromage
Vous êtes tous bienvenus, même sans être adhérent. Bien sûr, seuls les adhérents pourront voter !
La situation ne risque pas de s'améliorer prochainement dans le 83, puisque les prévisions météorologiques locales font état d'un temps sec ou de pluies non significatives pour les quinze prochains jours.
Râteau à la main, Françoise Ambert retourne la terre aride autour d'un artichaut desséché. "Le jardin, sans culture, ça fait un peu plage", se désole cette habitante de Saint-Zacharie, dont le département est frappé par une sécheresse inédite si tôt dans l'année.
L'époque où Marcel Pagnol tourna des scènes de son film Manon des sources (1952) paraît bien loin: aucun filet d'eau ne sort des fontaines et seuls de la mousse séchée et quelques détritus tapissent le lit de ce qui fut naguère le fleuve Huveaune. Quant aux truites, qui faisaient le bonheur des pêcheurs locaux, elles ont disparu.
"Le cours d'eau est à sec depuis bientôt deux ans. Il a parfois des réminiscences qui durent dix jours, puis ça disparaît (...) Je n'ai jamais connu ça, et les anciens non plus", se lamente auprès de l'AFP Lucien Durand, 75 ans, responsable des jardins partagés de la ville, désormais délaissés.
Les tomates et courgettes qui y poussaient ont laissé place aux mauvaises herbes, en raison de la quasi-impossibilité de faire pousser des légumes, faute d'eau.
"Je pense qu'on n'a pas grand chose à faire, sinon espérer. J'allais dire prier, mais bon... Il faut attendre que le temps s'améliore, ou qu'il se transforme, mais on est très pessimiste", ajoute M. Durand.
Or, la situation ne risque pas de s'améliorer prochainement, puisque les prévisions météorologiques locales font état d'un temps sec ou de pluies non significatives pour les 15 prochains jours.
Afin de mieux gérer les ressources en eau, la commune a été placée au niveau "sécheresse alerte renforcée" par la préfecture du Var. L'arrosage des pelouses, terrains de sport et jardins potagers est devenu interdit en journée.
S'y ajoutent l'interdiction de laver son véhicule ou remplir les piscines et la fermeture des fontaines sans système de recyclage de l'eau.
Outre ces deux communes varoises, 85 autres de ce département du Sud-Est de la France ont été placées en situation d'alerte sécheresse (le deuxième niveau sur quatre) et les 66 restantes en vigilance (1er niveau).
"L'eau devient un bien précieux et rare, il faut faire attention à ses usages. D'une certaine façon, c'est un cri d'alarme, pour sensibiliser les uns et les autres", avait déclaré vendredi le préfet du Var, Evence Richard.
Mi-février, le déficit pluviométrique sur le Var atteignait 37%, selon Météo France. Sur les 621 mm de cumul de pluie attendus de septembre à mars, correspondant à la période de recharge des nappes phréatiques, seuls 327 mm sont tombés à ce jour, dont 4 mm à peine en février.
"Le Var apparaît comme un laboratoire de ce qui attend le reste de la France", analyse Stéphanie Beucher, géographe et membre de l'équipe de recherche Habiter (Université de Reims-Champagne-Ardenne).
La France métropolitaine n'a pas connu de véritables pluies depuis 31 jours, a confirmé, mardi 21 février, Météo-France. Une absence de précipitations qui égale le record tout récent de 2020 et compromet le rétablissement des nappes phréatiques, épuisées par la sécheresse historique de l'an dernier.
"La sécheresse de l'été dernier est due au réchauffement climatique, lui-même lié aux activités anthropiques, et ces épisodes extraordinaires vont devenir de plus en plus fréquents", avertit Mme Beucher: "Prier ne servira à rien, mais nous avons encore le choix de maîtriser le phénomène en atteignant une neutralité carbone, en changeant nos habitudes, voire en renonçant à certains acquis".
A son échelle, Saint-Zacharie a ainsi décidé pour la deuxième année consécutive de remplacer ses jardinières par des essences méditerranéennes peu gourmandes en eau, comme des chênes ou des arbousiers.
"Nous projetons d'équiper les bâtiments communaux de citernes et d'inciter les gens à faire de-même, pour récupérer l'eau de pluie... si un jour elle arrive!", positive Raymond Merlo, élu en charge de l'Environnement.
Du 21 janvier au 21 février 2023, le cumul des précipitations agrégé sur la métropole a été tous les jours inférieur à 1 mm, soit "la plus longue série depuis le début des mesures en 1959", a indiqué l'organisme public.
La France métropolitaine n'a pas connu de véritable pluie pendant 32 jours, la plus longue sécheresse météorologique jamais enregistrée, qui devrait toutefois s'interrompre mercredi 22 février avec le retour de quelques précipitations, a-t-on appris auprès de Météo-France.
Du 21 janvier au 21 février, le cumul des précipitations agrégé sur la métropole a été tous les jours inférieur à 1 mm, soit "la plus longue série depuis le début des mesures en 1959", a indiqué l'organisme public.
Un épisode d'autant plus préoccupant qu'il survient en hiver, période de recharge cruciale des nappes phréatiques, et dans un contexte de déficit chronique de précipitations depuis août 2021, et après une sécheresse et des canicules exceptionnelles en 2022, illustrant les conséquences du réchauffement climatique.
Cette série consécutive dépasse désormais celle de l'année 2020, survenue pendant 31 jours entre le 17 mars et le 16 avril, en plein premier confinement du Covid-19.
85 communes sont placées en alerte sécheresse, deux en alerte renforcée, le reste du département est en vigilance… L'absence exceptionnelle de pluie annonce un été très tendu et des menaces sur l’approvisionnement en eau potable.
Par Régine Meunier - Publié le 17/02/2023
"Chaque citoyen doit regarder l’eau comme un bien rare."
C’est le cri d’alarme lancé par le préfet du Var Evence Richard, ce jeudi 17 février face à la sécheresse exceptionnelle qui sévit depuis le mois de septembre dans le département. Selon Météo France, "à la mi-février, dans le Var, le déficit pluviométrique atteint 46% sur la période attendue de septembre 2022 à mars 2023. Sur cette période de recharge, il est attendu 621 mm de cumul de pluie, or il est actuellement de 337 mm. L’an passé sur cette même période de recherche, il était de 38%."
Dans la zone Huveaune-Amont, deux communes, Riboux et Saint-Zacharie, sont placées en alerte renforcée. C’est l’avant-dernier stade sur l’échelle de gravité qui en compte quatre: la vigilance est le plus faible. Puis, par ordre croissant, il y a l’alerte sécheresse, l’alerte renforcée et la crise.
70 communes de la zone Argens et 15 de la zone Gapeau sont en alerte sécheresse. Le reste du département, soit 66 communes, est en vigilance et sans mesures de restrictions.
Plus la situation est grave, plus les restrictions sont adaptées. Ainsi, à Riboux et Saint-Zacharie, il est à présent interdit d’arroser les pelouses, massifs fleuris et espaces verts. Seuls les arbres et arbustes plantés en pleine terre depuis moins d'un an peuvent l’être mais avant 9h ou après 19h. Les jardins potagers ne peuvent pas non plus être arrosés et ce entre 8h et 20h mais avec une réduction des prélèvements de 40%.
De même les particuliers devront attendre pour nettoyer leurs terrasses et ne pourront laver leurs voitures qu’avec du matériel haute pression et avec un système de recyclage de l’eau. Pas de remplissage de piscine non plus sauf remise à niveau et premier remplissage si le chantier a débuté avant les premières restrictions. Cela concerne aussi les spas privés de plus de 1mètre cube. Quant aux fontaines, elles doivent se taire immédiatement. La liste des restrictions est longue. La préfecture les détaille sur son site.
Dans les 85 communes en alerte sécheresse, l’arrosage des pelouses, massifs fleuris et espaces verts, ainsi que des potagers est interdit entre 9h et 19h et les prélèvements doivent être réduits de 20%. Les mesures sont identiques à celles de l’alerte renforcée pour les piscines et spas privés, le nettoyage des terrasses et des véhicules.
Pour l’instant Météo France n’annonce pas de pluie, malgré "un petit signal pour la semaine prochaine", a indiqué Hélène Correa, présente à la conférence de presse. Conséquence a prévenu le préfet: "Je crains de devoir annoncer rapidement des alertes renforcées sur d’autres secteurs, voire le niveau crise." Il n’a pas caché non plus que l’été s’annonçait très tendu. Des risques pèsent sur l’alimentation en eau potable dans certaines communes comme le pays de Fayence ou Dracénie Provence Verdon.
Il faudrait beaucoup de pluie pour que les nappes phréatiques et les cours d’eau retrouvent leur cote habituelle. Mais trop de pluie d’un coup pourrait aussi provoquer des inondations. En attendant, selon Yves Bray, responsable départemental de l’Office français de la biodiversité (OFB), certains cours d’eau comme l’Issole ne sont pas revenus à un niveau normal depuis le printemps dernier et la nature souffre.
Ce sont tous les Varois qui sont appelés à économiser l’eau, alors que les premiers conflits d’usage apparaissent déjà, selon l’OFB.
Riboux et Saint-Zacharie
Pour la zone Argens: Ampus, Flassans, La Roquebrussanne, Les Arcs, Flayosc, Rougiers, Aups, Forcalqueiret, Saint-Antonin, Bargemon, Fox-Amphoux, Saint-Martin-de-Pallières, Barjols, Fréjus, Saint-Maximin, Besse-sur-Issole, La Garde-Freinet, Saint-Raphaël, Bras, Garéoult, Sainte-Anastasie, Brignoles, Gonfaron, Salernes, Brue-Auriac, Lorgues, Seillons, Cabasse, Le Luc, Sillans-la-Cascade, Callas, les Mayons, Taradeau, Camps-la-Source, Mazaugues, Tavernes, Le Cannet-des-Maures, Montferrat, Le Thoronet, Carcès, Montfort-sur-Argens, Tourtour, La Celle, La Motte, Tourves, Châteaudouble, Le Muy, Trans, Châteauvert, Nans-les-Pins, Claviers, Néoules, Varages, Correns, Ollières, La Verdière, Cotignac, Plan-d’Aups-Sainte-Baume, Vidauban, Draguignan, Pontevès, Villecroze, Entrecasteaux, Puget-sur-Argens, Vins-sur-Caramy, Esparron, Rocbaron, Figanières, Roquebrune-sur-Argens.
Zone Gapeau: Belgentier, La Farlède, Puget-Ville, Carnoules, Hyères, Signes, Collobrières, Méounes-les-Montrieux, Solliès-Pont, La Crau, Pierrefeu, Solliès-Toucas, Cuers, Pignans, Solliès-Ville.
La Régie autonome des transports parisiens s’est vu confier, ce jeudi par les élus, l’exploitation du service de transport en commun de TPM. Pour les usagers, les changements restent à préciser.
Par Mathieu Dalaine - Publié le 24/02/2023
On a beaucoup causé transport, hier, lors du conseil métropolitain. ZFE, pistes cyclables, tramway (ou plutôt, pas tramway), élargissement de l’A57… : la thématique a été déroulée par le menu. Avec un plat copieux à l’ordre du jour. À savoir, "le choix du délégataire pour l’exploitation du service de transport terrestre et maritime de voyageurs de la Métropole Toulon Provence Méditerranée".
Sans surprise - l’info avait fuité en début d’année - c’est bien l’offre de la RATP (Plus précisément le Groupement RATP Développement et SNT SUMA. , ndlr) que les élus toulonnais, d’abord en commission puis par un vote en assemblée, ont préférée à celle de la société Transdev, le précédent exploitant également candidat à sa succession. Jusqu’alors plus connue pour "piloter" les métros et RER de la capitale (La RATP est néanmoins déjà aussi présente en province via sa filiale RATP Dev (Boulogne, Lorient, Bourges, Sedan, etc.)., ndlr), la Régie autonome des transports parisiens débarque donc en bord de rade pour une durée de six ans, à compter du 1er mai prochain.
"C’est une décision importante. On parle là du plus gros budget de la Métropole", a pointé Hubert Falco. Le président de la collectivité a aussi évoqué la transition énergétique en cours dans le domaine des transports publics de TPM, ainsi que le projet de "superbus", le fameux BHNS qui devra être "conforme à nos ambitions". Pour l’opposant Amaury Navarranne, néanmoins, le choix étonne puisque privilégiant "l’offre qui n’était pas la plus avantageuse économiquement".
Une assertion à laquelle ne souscrit pas l’élu en charge du dossier, Robert Cavanna: "L’avantage économique global va bien au-delà du simple prix du contrat (511 millions, ndlr). Par exemple, Transdev proposait de faire 74 millions de kilomètres commerciaux en six ans, tandis que la RATP envisage d’en faire 81 millions. On a une offre qui augmente le service rendu de 16%."
Quant à savoir ce que tout cela va changer précisément pour l’usager, il est a priori un peu tôt pour le dire. "Il y aura sans doute plus d’arrêts et les lignes vont être retravaillées", concède du bout des lèvres Robert Cavanna… qui renvoie à la signature officielle du contrat avec la RATP pour dévoiler les détails de ce changement.
Les Amis du Vieux Toulon invitent à se replonger dans ce chapitre de l’histoire toulonnaise. Entre 1748 et 1873, la ville a accueilli 100.000 bagnards. Qui ont laissé leur empreinte.
par Amandine Roussel - Publié le 17/02/2023
Toulon fut le dernier bagne (mais aussi le plus grand) en Métropole. Alors que ceux de Rochefort et de Brest ont fermé plusieurs années auparavant, le varois, lui, a dû attendre 1873 pour voir ses derniers prisonniers transférés vers Cayenne et Nouméa.
150 ans après sa fermeture, il n’en reste finalement que peu de traces. Les bâtiments ont, en effet, été bombardés pendant la Seconde Guerre mondiale. Seul rescapé: un vestige de l’enceinte de la darse, sur lequel s’appuyait le bagne. On peut également noter deux bassins de raboud dans l’arsenal qui sont toujours en service (le n°2 et 3). Ceux-ci ont été construits entre 1827 et 1847. Autres ouvrages ayant survécu: l’ancien hôpital de Saint-Mandrier (aujourd’hui, la partie nord de l’école militaire) et la chapelle en son sein.
Les bagnards sont facilement reconnaissables de par leur tenue. Leurs bonnets, par exemple, sont significatifs. Les verts étaient destinés à ceux condamnés à perpétuité, les rouges pour les plus petites peines. (Photo DR).
Le Musée du Vieux Toulon propose une exposition autour des dessins de Pierre Letuaire. Ce dernier était correspondant pour le journal L’Illustration, entre 1844 et 1869. À ce titre, il a pu pénétrer dans l’enceinte du bagne pour rendre compte de la vie quotidienne des forçats.
Plusieurs de ses croquis sont visibles accompagnés de documents, objets et autres panneaux pour retracer l’histoire du bagne.
Un petit focus est également réalisé sur le bagne des enfants qui se situait sur l’île du Levant à quelques kilomètres de son grand frère toulonnais.
Jusqu’au 30 avril, du lundi au samedi de 14h à 18h. 91, cours Lafayette. 04.94.62.11.07.
En 2002, on a déjà commémoré à Toulon les 150 ans de la fermeture des bagnes. L'association Var Découverte avait organisé une exposition sur le sujet au carré du port. Alors 150 ans en 2002 ou en 2023 ?
Pourquoi 1852 ? Tout ce que je trouve cette année-là, c'est un décret du 27 mars établissant des bagnes à Cayenne.
A partir de 1852, le bagne de Toulon se vida progressivement, jusqu'à fermer définitivement en 1873.
par Sonia Bonnin
Une fois de plus, l’année 2022 a marqué un tournant. Après les épisodes de chaleur à terre, c’est désormais aux eaux de la Méditerranée de connaître des pics d’une rare intensité.
"Nous savons que l’océan se réchauffe, de façon plus rapide et plus significative que prévu, c’est un marqueur clair. Mais cet été, on a connu en Méditerranée, des vagues de chaleur. On a utilisé l’image “d’incendies sous la mer”." Ces mots sont ceux de François Houllier, biologiste et directeur général de l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer).
"Une mer plus chaude menace tout ce qui fait l'originalité de la biodiversité méditerranéenne"
François Houllier, biologiste et directeur général de l’Ifremer
Les températures ont grimpé de +4 à +6°C au-dessus des températures habituelles. Le seuil d’une eau à plus de 30°C a été dépassé, des valeurs records. Une mer caribéenne, ce n’est pas sans conséquences. Sur nos rivages, "cela menace tout ce qui fait l’originalité de la biodiversité méditerranéenne, certains coraux profonds, les gorgones…", poursuit François Houllier.
En août 2022, l’alerte a été lancée par les parcs nationaux de Méditerranée qui ont constaté un épisode de forte mortalité de ces "forêts sous-marines". Facilement visibles par leurs branches mortes, devenues blanches.
L’Ifremer, le CNRS, le Conseil scientifique de Barcelone (CSIC), le parc naturel de Port-Cros ont initié un vaste inventaire de la mortalité, complété "de prélèvements, pour comprendre les facteurs impliqués", détaille Stéphane Sartoretto, biologiste au laboratoire Environnement ressources Provence Azur Corse de l’Ifremer.
"Le facteur originel est l'anomalie thermique, pendant plusieurs semaines"
Stéphane Sartoretto, biologiste à l’Ifremer
Au cœur de cette étude, gorgone pourpre, blanche, jaune, corail rouge… "entre la surface et 30 m de profondeur, qui est la limite des épisodes de mortalité cette année". D’ores et déjà, "le facteur originel est l’anomalie thermique, avec une température élevée, jusqu’à 28 °C, pendant plusieurs semaines."
Un graphique de l'Ifremer montre la température de l'eau, au large du cap Sicié, de mai à décembre 2022. Depuis la surface (o mètre), jusqu'à 50 mètres de profondeur. Les températures de l'eau de mer vont de 13°C (en bleu foncé) à plus de 27°C (rouge).
Le premier épisode de ce type, qui fut documenté, remonte à 1999. Mais depuis, il y en a eu plusieurs. "En 2014, une anomalie thermique observée en automne avait été suivie d’un épisode de mortalité de gorgones", analyse le chercheur. À 50m de profondeur, l’eau était restée à une température de 22 °C, en plein mois d’octobre.
Ce sont bien des piliers de la vie marine qui sont menacés. Avec les herbiers de posidonie, eux aussi en régression, les gorgones font partie des "espèces ingénieur", c'est à dire, qui ont un fort impact sur leur environnement et permettent à d’autres espèces de se développer. Les lumineuses gorgones grandissent de 1 à 3 cm par an. Mais une eau trop chaude les fait mourir subitement.
Les masses d'eau se réchauffent aussi dans les abysses, jusqu'à 4.000 ou 6.000 mètres
Aujourd’hui, les scientifiques se rendent compte que "les masses d’eau se réchauffent aussi dans les abysses, jusqu’à 4.000 ou 6.000 mètres", poursuit François Houllier. Là où les écosystèmes sont encore méconnus.
"Le problème est la récurrence et l’importance de ces vagues de chaleur marine, analysent les chercheurs. Cette fréquence élevée affecte de nombreuses espèces méditerranéennes dont beaucoup ont de faibles capacités de résilience. On peut s’attendre à un chamboulement des écosystèmes côtiers entre 0 et 40 m."
Le terme "tropicalisation" est utilisé pour décrire ce mécanisme.
"La mer Méditerranée va se tropicaliser. Est-ce dramatique?" questionne Vincent Rigaud, directeur de l’Ifremer Méditerranée. "Ce qui est nouveau, c’est la rapidité des évolutions, dans une mer fermée, cela amplifie les phénomènes."
Les espèces exotiques, dites invasives quand elles en supplantent d’autres, continuent d’être répertoriées: on connaît déjà poisson lapin, poisson lion ou le vorace crabe bleu qui colonise les étangs occitans. "On commence à imaginer exploiter ce crabe pour l’alimentation. Quant au poisson lapin, il est mangé dans l’océan indien, il finira par être exploité en Méditerranée, il faut trouver des débouchés."
Mer fermée, la Méditerranée est "sous pression mais, vu les pressions très fortes qu’elle subit elle reste relativement résiliente".
"Les stations d'épuration ont permis de réduire les rejets" - Vincent Rigaud, directeur de l’Ifremer Méditerranée
L’évolution drastique de la réglementation a fait baisser la contamination des eaux. “Les aménagements à terre, comme les stations d’épuration, ont permis de réduire les rejets. Si vous vous baignez sur les plages aujourd’hui, vous avez moins de risque de chopper des staphylocoques qu’il y a 25 ans”, estime Vincent Rigaud.
Mais la pollution par “les débris plastiques” reste un fort sujet d’inquiétude. Pas de continent de plastique caché en Méditerranée, mais les profonds canyons sont jonchés de plastique “jusqu’en Corse”.
“Cette pollution est visible et documentée, mais nous travaillons aussi sur ce qui ne se voit pas. Les traces de pesticides dans les écosystèmes marins, avec l’Inrae. Il y en a moins que dans les rivières, moins que dans les sols, moins si on s’éloigne des estuaires. Mais on ignore les effets en cascade, les cascades d’impacts de toutes ces contaminations chimiques sur la biodiversité.”
Parmi les transformations complexes qui se produisent, une illustration concrète: "Depuis une dizaine d’années, une réduction de la taille des sardines est observée dans le golfe du Lion." En moyenne, elles sont passées de 15 à 11cm de long, pour un poids de 30 à 10grammes. En aurait-on trop pêché ? Un raisonnement hâtif aurait pu incriminer la pêche professionnelle.
Le plancton de plus petite taille s'est révélé moins nourrissant pour les sardines
Les chercheurs ont voulu vérifier et le résultat fut étonnant. Le "rétrécissement" des sardines est lié au plancton dont elles se nourrissent, celui-ci étant devenu de plus petite taille. "Une sardine recevant des aliments de petite taille doit avoir une double portion de plancton pour grandir comme une sardine avec des aliments de grande taille", a établi l’Ifremer.
Question subsidiaire, pourquoi le plancton a-t-il lui-même subi cette évolution ? "Il y a deux types de cause, la température du bassin et la modification des régimes hydriques des grands fleuves qui se jettent dans la Méditerranée." Ces observations rappellent deux grands principes : la complexité, ou la subtilité, des interactions dans le système vivant. Et l’interdépendance de ces phénomènes.
Depuis le port de La Ciotat, le premier prud'homme de pêche n’avait jamais vu de barracudas dans ses jeunes années. "Maintenant, c’est à bloc, ils sont installés et on en sort dans nos pêches, qui pèsent plusieurs kilos", illustre Gérard Carodano, bientôt 68 ans. Le pêcheur professionnel est aussi le témoin inquiet de la mortalité provoquée par les vagues de chaleur. "Les gorgones, jusqu’à 38 mètres de fond, le corail rouge, les éponges grises… C’est un cataclysme. Il ne faudrait pas que cela se reproduise plusieurs années de suite."
Cette pratique appelée «désherbage» est nécessaire à l'entretien des collections.
Il ne peut pas y avoir d'acquisition s'il n'y a pas de désherbage. Eugenio Mazzone via Unsplash
Le 14 février 2022, des étudiants américains postaient sur TikTok une vidéo où ils se mettaient en scène, choisissant des ouvrages jugés «colonialistes» dans une bibliothèque et les jetant à la benne. La vidéo fut à l'origine d'un petit buzz sur Twitter, d'aucuns y voyant la preuve de l'existence d'une cancel culture sur les campus américains.
Elle fut toutefois rapidement débunkée, après que l'auteur de la vidéo a contacté l'un des twittos à l'origine de la polémique: la vidéo était en fait une blague, les étudiants participaient au tri annuel des livres de la bibliothèque, et les livres devaient être jetés de toute façon, parmi de nombreux autres qui n'ont pas été filmés.
Un autre type de réaction est alors apparu: comment une bibliothèque peut-elle jeter des livres? Après tout, son rôle n'est-il pas de les conserver? N'est-ce pas une forme de destruction de la culture, un dévoiement du rôle des bibliothèques?
Déjà en juillet 2021, le site Mr Mondialisation partageait sur sa page Facebook son indignation face au «gaspillage» des livres jetés par les bibliothèques de Paris. Là encore, de nombreux internautes ont réagi, faisant part de leur incompréhension face à l'idée d'une bibliothèque jetant des livres.
Pourtant, se débarrasser des livres obsolètes fait partie du fonctionnement normal d'une médiathèque. Le processus a même un nom: le désherbage. Comme dans un jardin où les mauvaises herbes empêcheraient les autres de fleurir, les livres obsolètes ou abîmés nuisent au bon fonctionnement de la médiathèque.
«De toute façon, on ne peut pas pousser les murs, relève Cléo, bibliothécaire en région parisienne. Et comme on doit acquérir de nouveaux documents, ça veut dire qu'il y en a certains qui en remplacent d'autres. Ça fait partie de la politique d'acquisition, pour faire vivre une collection. Il ne peut pas y avoir d'acquisition s'il n'y a pas de désherbage.»
De fait, les objectifs d'une bibliothèque municipale ne sont pas ceux d'un fonds d'archives. Leur but est moins de conserver des documents, ou d'assurer la survie des textes, que de faciliter l'accès à l'information et à la culture, de les faire circuler. Or les livres, comme tous les objets, sont soumis à l'usure, et les informations qu'ils contiennent peuvent se périmer.
Les livres à désherber sont sélectionnés selon des critères précis, détaillés par la «méthode Ioupi», acronyme permettant de se souvenir des différentes raisons qui peuvent pousser à se débarrasser d'un livre:
Le «I» signifie «Incorrect», et correspond au cas où le document contient des informations erronées.
Le «O», pour «Ordinaire», désigne un livre dont le contenu n'a pas d'intérêt particulier.
Le «U», ou «Usé», rappelle de regarder l'état du document: si celui-ci est trop abîmé, il faut le désherber et éventuellement le remplacer par un exemplaire neuf.
Le «P» signifie «Périmé», à propos des documents dont les informations ne sont plus d'actualité. «Parfois c'est la science qui a avancé, ou encore un guide de voyage: il faut le renouveler tous les trois ans parce que les restaurants ont changé», exemplifie Cléo.
Le dernier «I» peut vouloir dire soit «Inadapté», c'est-à-dire un document qui n'aurait pas sa place dans cette collection précise, par exemple un document universitaire trop pointu dans une bibliothèque municipale généraliste, soit «Inutilisé», c'est-à-dire peu emprunté et donc peu lu. «Il n'a plus de succès, il ne sort plus, et donc il va quitter les collections de la médiathèque», indique Cléo.
«Mais ne pourrait-on pas donner tous ces livres, plutôt que de les jeter?», demandent les internautes dès que la question du désherbage revient sur les réseaux sociaux. Pour Cléo, ce n'est pas toujours aussi simple:
«Si le document est encore utilisable ailleurs, on peut en faire don, à une association, par exemple. Il y a aussi des médiathèques qui organisent des braderies. Mais ça peut être très compliqué à mettre en place. Ça nécessite de signer des conventions avec les associations. Et comme ça demande du temps, et que parfois les médiathèques sont en sous-effectifs, c'est une étape qu'on n'a pas forcément le loisir d'assumer.»
Par ailleurs, les livres étant achetés avec de l'argent public, les bibliothécaires ne sont pas seuls à décider de ce qu'ils deviennent. «C'est quelque chose qui doit être validé par notre hiérarchie, c'est-à-dire la direction de la médiathèque, et au-dessus de la médiathèque, il y a la mairie. Le maire peut refuser que les livres soient donnés, ou alors on n'a pas forcément le temps pour traiter cette question», ajoute Cléo.
J'ai l'impression qu'on sacralise l'objet livre, alors que pour moi, c'est un objet comme un autre, qui peut s'user. Cléo, bibliothécaire
Mais même lorsque les dons ou les braderies existent, un certain nombre de livres devront tout de même être jetés. «Si l'information est obsolète, elle est obsolète pour tout le monde», rappelle la bibliothécaire. Et certains livres sont en trop mauvais état pour être donnés. Le papier est toutefois recyclé: «Parfois, les livres sont couverts avec un film plastique sur la couverture, et il faut détacher la couverture pour pouvoir recycler le papier. On fait venir deux bennes, une pour le papier et une pour ce qui n'est plus recyclable.»
Malgré tout, l'idée de jeter des livres, même usagés, même obsolètes, provoque souvent des réactions épidermiques chez les amoureux de la lecture. En 2019, la série Netflix Tidying Up with Marie Kondo avait déjà suscité des réactions fortes lorsque la spécialiste du rangement avait conseillé à un couple de clients de faire un sérieux tri dans leur bibliothèque, de ne garder que les ouvrages qui leur «apportaient de la joie», et de se débarrasser du reste.
«J'ai l'impression qu'on sacralise l'objet livre, alors que pour moi, c'est un objet comme un autre, qui peut s'user, estime Cléo. Beaucoup de gens confondent l'objet livre, le contenant, avec le contenu.» De fait, la comparaison avec les autodafés de l'Allemagne nazie revient régulièrement lorsqu'il est question de détruire des livres. Mais c'est oublier que ces autodafés avaient pour objectif de détruire tous les exemplaires des textes afin de les supprimer définitivement de la circulation. Détruire un exemplaire d'un livre largement publié et distribué est fondamentalement différent, à la fois dans l'intention et dans les conséquences.
Si les gens se scandalisent qu'un livre quitte la bibliothèque, peut-être qu'ils auraient pu l'emprunter avant, on l'aurait sans doute gardé! Cléo, bibliothécaire
On peut se demander s'il n'y a pas dans ces réactions épidermiques une forme de ce que le sociologue Pierre Bourdieu appelait une «logique de distinction»: un moyen de montrer que l'on est un bon lecteur, qui a bien intégré la norme d'une vision du livre comme d'un objet «pas comme les autres», qui serait porteur d'émancipation et de culture. Une façon, finalement, de faire savoir que l'on est soi-même émancipé et cultivé.
En tout cas, Cléo constate que les personnes qui ont ce type de réactions ont peut-être une large bibliothèque personnelle, mais fréquentent vraisemblablement peu les bibliothèques publiques. «Je n'ai pas l'impression que les usagers sacralisent [le livre] particulièrement. Les usagers en médiathèque acceptent qu'un livre soit partagé et lu par d'autres personnes. Ils se rendent compte qu'un livre peut être abîmé.» D'ailleurs, «si les gens se scandalisent qu'un livre quitte la bibliothèque, peut-être qu'ils auraient pu l'emprunter avant, on l'aurait sans doute gardé!», ironise-t-elle.
Toujours puiser aux sources.
Ne rien écrire qu'on ne sache d'original et produire ses références (renvois à des livres, à des pages de manuscrits et à des cotes d'archives).
Éviter les assertions sans preuves.
Travailler d'après les textes.
Distinguer le fait important, intéressant à élucider, d'avec le fait insignifiant sans intérêt, à négliger.
Apprécier la valeur d'un fait historique d'après son degré d'influence sur l'évolution de l'individu, du groupe ou de la société que l'on étudie ; éviter de s'attacher à des faits purement contingents absolument vides de signification.
Présenter les faits d'une manière impartiale et toute objective.
Éviter les publications intégrales de tout l'inédit où les faits signifiants sont noyés dans l'insignifiance et le fatras.
Que les recherches soient longues et les résultats courts.
Que l'histoire locale ainsi présentée constituera une décentralisation intellectuelle et se rattachera facilement à l'histoire générale.
Gilbert Brégail, président de la Société archéologique du Gers, 1948.
Une réunion d’information sur le projet de création d’un dixième parc naturel régional en Région Sud-Paca s’est tenue dernièrement aux Adrets-de-l’Estérel, en présence de nombreux élus (1) . Ils ont été reçus par le maire Jean-Pierre Klinholff.
Maillon d’un continuum écologique régional, ce projet est piloté par la Région, dont le président, Renaud Muselier, avait à plusieurs reprises exprimé le souhait de devenir la première région verte d’Europe. Les parcs régionaux résultent toujours d’une large concertation et sont validés par adhésion volontaire des communes. Ils sont définis comme ‘‘territoire remarquable’’ et reconnus par ce label ‘‘parc naturel régional’’, attribué par l’État et valable 15 ans.
Au nombre de neuf dans notre région (2), ces espaces pourraient bien en accueillir un dixième: ce projet vise l’union de deux grands ‘‘paysages remarquables’’, ceux des massifs des Maures et de l’Estérel-Tanneron, sous le nom de "territoire de la Provence cristalline".
Un premier périmètre pressenti est à l’étude, contenant 51 communes, 214.000 hectares, 351.000 habitants. Une écologie spécifique symbolise ces massifs: chêne-liège, pin maritime et châtaignier abritant une faune riche et diversifiée, ainsi que des espèces singulières et emblématiques comme la tortue d’Hermann. Ces massifs sont riches de culture, de patrimoines et de savoir-faire qui font l’identité du territoire.
La mission des parcs naturels régionaux est d’avoir le tissu forestier entretenu afin de maintenir les paysages et lutter contre les risques d’incendie, mais aussi de maintenir l’agriculture et les activités forestières traditionnelles, entre développement et préservation. Autre objectif: éduquer, sensibiliser, accueillir, agir collectivement face aux bouleversements climatiques et sociétaux. Enfin, l’idée est aussi et surtout de faire de la biodiversité et du paysage un socle de développement et d’attractivité, une force, un bien commun à préserver et à transmettre aux générations futures.
"Commune en plein cœur de l’Estérel, nous sommes très favorables à ce projet qui apporte une valorisation supplémentaire à notre massif, avec la garantie d’une protection de notre environnement", souligne Jean-Pierre Klinholff. "Oui, avec nos règles: protéger sans sanctuariser, lui répond François De Canson. Il s’agit de convaincre et non de contraindre avec une concertation forte. Fédérer avec l’Estérel comme moi je l’ai fait dans les Maures, car si on ne protège pas, on dévalorise!"
"C’est une logique propre à notre territoire de Provence cristalline qui s’inscrit dans la continuité de la labélisation ‘‘Grand Site de France’’, en associant l’Estérel et le Tanneron selon un périmètre à définir et à valider ensemble. Le parc ne se fera pas sans vous", assure Georges Botella.
Développer des itinéraires touristiques respectueux de l’environnement est majeur, dans la charte du parc, bible du devenir du territoire et démarche volontaire des communes pour remplir les critères d’obtention du fameux label.
Si les avis sont favorables, comme cela semble être le cas aujourd’hui, à l’issue de cette première réunion, l’élaboration du projet se poursuivra en affinant le périmètre, ses cohérences et ses participants afin de parfaire aux critères d’éligibilité.
Dans l’ensemble, les acteurs présents sont séduits par la cohérence du projet et voient avec grand intérêt la création de ce parc. Outre la valorisation de sites remarquables, ils bénéficieront d’aménagements et de financements régionaux et européens. "C’est dans nos gènes, à la Région. On veut rester libres sur nos territoires, tout en pouvant gérer le flux touristique. Les territoires sont unis dans une volonté forte de protéger notre patrimoine", précise François De Canson.
"Ce projet reste ouvert à des partenariats. Il y a une liberté totale d’adhérer ou pas", conclut Georges Botella.
Le Var est le seul département français qui porte le nom d’un cours d’eau qui n’y coule pas... ou plutôt qui n’y coule plus.
Nelly Nussbaum magazine@nicematin.com Publié le 11/02/2023
Le port vieux de Toulon vu du côté des magasins aux vivres, par Joseph Vernet, 1756. - Photo Musée national de la Marine
Lorsqu’en 1860, le royaume de Piémont-Sardaigne a cédé le comté de Nice à la France de Napoléon III, il a fallu agrandir le territoire du département des Alpes-Maritimes (ancien Comté de Nice), alors trop petit pour former une nouvelle entité administrative.
Pour cela, comme le fit naguère la Révolution avec le découpage de la Provence, le gouvernement eut l’idée de lui ajouter la partie orientale du département du Var.
C’est ainsi que Grasse (ex-préfecture du Var), Cannes, Antibes et Cagnes-sur-Mer ont été rattachés à l’ancien comté pour constituer l’intégralité des Alpes-Maritimes. La conséquence de cette manœuvre administrative fut que le département varois perdit aussi son fleuve, soit le Var qui marquait la frontière entre les deux départements.
En fait, le fleuve avait perdu son rôle de frontière une première fois en 1793 lors de la constitution du premier département des Alpes-Maritimes. S’il a récupéré sa fonction de limite administrative en 1814, lorsque le comté de Nice est retourné au royaume de Sardaigne, il l’a définitivement perdu lors du rattachement du comté de Nice à la France en 1860.
En compensation de cette déchirure dans le cœur des Varois, le département a eu le droit de garder son nom. Une cocasserie unique en France car depuis cette amputation de sa source à son embouchure le fleuve Var coule dans le département voisin des Alpes-Maritimes.
Jusqu’à la Révolution, le département du Var n’existait pas. Toulon, déjà réputée comme ville portuaire, était assimilée au comté de Provence. Ce qui n’empêcha pas Vauban de venir, dès 1679, restructurer les fortifications de l’arsenal de Toulon, lui conférant ainsi sa vocation de grand port militaire de Méditerranée. Mais en septembre 1789, le député Thouret propose à l’Assemblée constituante de lancer une grande réforme qui allait totalement bouleverser l’administration de la France. Il est, en effet, décidé de découper le sol de la France en 83 unités départementales, chacune subdivisées en 9 districts regroupés autour d’un chef-lieu.
Se dessinent alors les départements issus du découpage de la province de Provence (devenu Paca). La partie la plus orientale, territoire alors peu connu, sans grosses villes, doté de petites industries locales et voué depuis des siècles à une agriculture méditerranéenne traditionnelle devint donc un département à part entière.
Et, comme il fut décidé de baptiser les nouveaux départements du nom du cours d’eau le plus important qui les traversait ou les bordait, on dénomma cette partie oubliée du nom de son fleuve Var. La proclamation de la naissance du Var eut lieu le 4 mars 1790 à l’assemblée d’Aix-en-Provence, mais ne fut effective que le 26 septembre 1790.
Son chef-lieu, d’abord fixé à Toulon fut, pour punir les Toulonnais d’avoir livré leur ville aux Britanniques en 1793, déplacé à Grasse. La cité grassoise fut remplacée à son tour par Brignoles en 1795 puis Draguignan en 1797. Finalement Toulon est redevenue chef-lieu du département en 1974.
Sources: Département du Var, métamorphose d’un territoire (1790-1990) par Étienne Julliard, professeur honoraire des universités et Archives du Département 83.
Sur ce plan de 1869, le département du Var était déjà amputé de sa partie orientale et de son fleuve Var depuis neuf ans.
Un riche patrimoine mégalithique prouve que le territoire fut habité dès les temps préhistoriques puis par les Celto-Ligures.
Vers 500 avant J.-C., les Grecs de Marseille fondent des comptoirs commerciaux sur le littoral le rendant florissant. Lorsqu’en 49 avant J.-C., s’installent les Romains, ils fondent Forum Julii (Fréjus) et construisent l’importante via Aurelia qui traverse le territoire d’est en ouest. Durant le Haut Moyen Âge, la région subit les invasions barbares et sarrasines avant d’être intégrée au comté de Provence fin du Xe siècle.
Les XIe et XIIe siècles sont plutôt calmes, mais du XVIe au XVIIIe siècle, le territoire, régulièrement traversé par des armées ennemies, est aussi éprouvé par des épidémies de peste et des guerres de religion.
Entre le XIXe et le début du XXe siècle, l’arrivée du chemin de fer, la création de grands centres industriels à Toulon et La Seyne, la spécialisation de l’agriculture et les débuts du tourisme, offrent au Var une période de prospérité et de développement.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il va encore subir le sabordage de la flotte à Toulon, en 1942, et le débarquement de Provence, en août 1944.
Mais comme par le passé, le département surmonte ses problèmes et durant la deuxième moitié du XXe siècle, le Var se développe, double sa population et devient une destination touristique de premier plan.
Un plan d’urgence transport a été dévoilé, ce vendredi matin, par le préfet du Var. Une circulation différenciée sera mise en place à partir de juin, les jours de forte pollution.
Le préfet du Var, Evence Richard, a annoncé la mise en place d’une circulation différenciée en fonction des véhicules les jours de forte pollution.
Obligatoire. Il vous faudra avoir collé votre vignette Crit’Air sur votre pare-brise à partir du 1er juin prochain.
Pour les vignettes 4 et 5 (de véhicules anciens et les plus polluants), la circulation sera interdite sur le réseau secondaire dans six communes allant de Six-Fours à La Garde. L’autoroute, elle, restera accessible.
L'excès de lumière est une pollution réversible
Le CAUE Var vous invite à une conférence avec Frédéric Soulié dans ses locaux, 26 Place Vincent Raspail à Toulon, le jeudi 9 février de 18h30 à 20h.
Frédéric Soulié, directeur général de SOMECA et président de l’UNICEM (Union Nationale des Industries de Carrières et Matériaux de Construction) PACA et CORSE, nous présentera sa réflexion et proposition d’action sur le devenir des carrières.
En résonance avec l’exposition de la saison 2022 « Entrez dans la pierre… Un récit d’architectures varoises », nous aborderons le sujet de l’intégration paysagère à travers les techniques de réaménagement et la reconquête du végétal.
Inscriptions par téléphone au 04 94 22 65 75 ou par mail : contact@cauevar.fr
Vous avez sans doute entendu que le timbre rouge avait disparu des bureaux de tabac depuis le 1er janvier dernier. Il est remplacé par la e-lettre rouge (1,49 €) que l’on saisit et que l’on envoie de son ordinateur, si l’on en possède un, sur le site laposte.fr. Parce que l’on « est au XXIe siècle », trompette La Poste, tout doit bouger.
Bien, mais je mets au défi un Bac + 5 de mettre moins d’une bonne heure à comprendre et restituer à autrui de manière vaguement intelligible le maxi bazar des nouvelles offres de timbres violets, verts, turquoise, grise, ah non il n’y en a plus, bleu pâle de l’usine à gaz postale.
Bonne nouvelle : ces timbres bénéficient du visuel de la nouvelle Marianne dessinée par l’artiste Yseult Digan, alias YZ. Mais pourquoi la rebaptiser « Marianne l’engagée » ? Elle était comment auparavant l’allégorie romaine de la liberté dans l’Antiquité ? Recluse ? Dégagée ? Et elle était comment la Marianne romaine adoptée par la République dés 1792 pour la représenter avec toujours son bonnet phrygien ? Soumise ? Et elle était comment la Marianne de Delacroix aux seins nus levant haut son drapeau tricolore à bout de bras sur une barricade de 1830 ? Nonne ?
Bon, laissons-là ces boniments de communicants pour faire moderne et écho aux, je cite La Poste, les « courants artistiques et sociétaux de notre époque » (sic). Il y a nettement plus ennuyeux. Dans la palette de choix de timbres, le moins cher (1,13€) est celui que l’on imprime chez soi sur son imprimante avec son papier et son encre. Et là, surprise, surprise, il n’y a plus aucun visuel qui rappelle de près ou de loin Marianne l’engagée ou pas, mais pas non plus le mot « République Française » ou même le simple mot « France ».
À la place, la Poste propose une sélection d’émojis – des pictogrammes utilisés sur toutes les plateformes de forums, réseaux sociaux et courriers électroniques- qui n’ont strictement aucun rapport avec la France, son Histoire, ses célébrités sa mémoire, ses paysages … En lieu et place, des icônes passe-partout et mochissimes et, en tous cas, pas retravaillés par des illustrateurs dont la France peut s’enorgueillir d’avoir sans doute les meilleurs au monde. Non rien que des pauvres visuels qui évoquent l’astrologie… chinoise, les bons vœux, le mariage, « nature et paysages », les saisons, la langue des signes, le « media social food » ? la pluie ou le beau temps… S’il n’y avait pas deux malheureuses rubriques consacrées aux régions et aux villes, on pourrait se croire en Corée du sud ou du Nord ou en Arkansas. En tous cas de la République de la France et même de l’Europe, aucune trace.
Il convient donc de rappeler aux communicants de la Poste que, depuis 1849, lorsque sont créés les premiers timbres, la mention « République Française » a toujours figuré à l’exception des périodes du Second Empire et… de l’Occupation. De la Seconde République à la Troisième République, c’est Cérès, la déesse romaine des moissons, dessinée à l’origine par Jacques Jean Barre, qui illustre nos timbres.
Plus près de nous, c’est-à-dire après-guerre, les timbres deviennent des annexes des manuels d’Histoire nationale et de géographie. Les visuels mettent en majesté des résistants, un Lacordaire, l’Abbaye de Saint-Wandrille, Toulouse-Lautrec, Jules Ferry, Marie Curie, Jean Nicot…C’est d’ailleurs ce que continuent à faire nos voisins allemands ou italiens, un peu butés, qui se servent du support timbre pour mettre en avant Goethe ou Léonard de Vinci, des monuments, des œuvres d’art nationales contemporaines…
Comment La Poste, qui est certes une société anonyme, mais à capitaux 100% publics, (la Caisse des Dépôts à hauteur de 66%, et l'État à hauteur de 34%) a-t-elle réussi à dissoudre les doigts dans le nez, et la République et le mot France dans les timbres les plus économiques proposés aux Français ? Pourquoi se priver de l’exposition du petit carré d’affranchissement des courriers, certes concurrencés par les emails, pour mettre en avant les grandes figures politiques, scientifiques ou artistiques de France et d’ailleurs. Bref, pourquoi décréter l’amnésie parce qu’on est au « XXIe siècle » ? Pourquoi remplacer Pasteur, Clemenceau, Jaurès, Picasso par des émojis ?
À l’heure où, dans les collèges, la perte de repère dans l’espace-temps conduit régulièrement à des énormités de type « Ah oui, Charles De Gaulle-Etoile, c’était un général ? », on a besoin de tous les concours, tous les relais … Allez La Poste ! Il y a aussi écrit « service public » sur votre fronton !
Guillaume Malaurie
Note : notre adhérent Pierre Jaillette sera le conférencier le 2 mars 2023 à 16h30.
Thème : La chute de Rome : la fin d'une histoire ou une histoire sans fin
GRANDE-BRETAGNE : ARTS ET HISTOIRE
Cycle présenté par l’Association France-Grande Bretagne
Mardi 7 février 2023 : « Yokshire : God’s own country » (en anglais) par M Chris LUDLOW
Jeudi 9 mars 2023 : « Les Impressionnistes à Londres après la Commune de Paris » par M Bernard SASSO
LA LIGUE POUR LA PROTECTION DES OISEAUX
Cycle présenté par la LPO PACA
Mercredi 8 mars 2023 : « Histoire du feu sur notre terre »
M. Laurent STIELTJES – Volcanologue et Directeur de recherches.
Jeudi 30 mars 2023 : « Le Goéland leucophée en ville »
Mme Aurélie AMIAULT, fondatrice de l’organisme de formations sur la faune sauvage Faune et Savoir, et ancienne responsable du centre régional de sauvegarde géré par la LPO PACA,
Mardi 11 avril 2023 : « Les champignons du Var »
Mme Christine Valence, responsable de la section Mycologie des Sciences Naturelles et d’Archéologie de Toulon et du Var (SSNATV).
L’ASTRONOMIE
Cycle présenté par M. Pierre LE FUR, professeur agrégé, docteur ès sciences.
Mardi 10 janvier 2023 : « Voyages vers les comètes »
Mardi 24 janvier 2023 : « Astéroïdes, diversités et dangers »
Jeudi 16 mars 2023 : « Les lumières messagères des astres »
Mardi 23 mai 2023 : « Vie et mort des étoiles »
LA TUNISIE EN REVOLUTION (2011/2022)
Cycle présenté par M. Bernard SASSO,
Jeudi 2 février 2023: « La présidence de Béji Caîd Essebsi 2014-2019 »
Jeudi 9 février 2023 : « La présidence de Kais Saied : vers une nouvelle République ? 2019-2022 »
LA FRANC MACONNERIE A TOULON
Conférence animée par Mme Evelyne MAUSHART, docteur en histoire,
Membre de l’Académie du Var
Mercredi 15 mars 2023
ROME A LA DECOUVERTE DE LA GRANDE GRECE (IIIème s. av. J.-C.)
UNE ITALIE MECONNUE : « La science et les savants Italiens des origines à nos jours (Galilée, Volta, Marconi et les autres…) »
Conférence animée par M Jean-François PRINCIPIANO, Professeur certifié classe européenne italien
Mercredi 1er février 2023
LA GRECE ARCHAIQUE, ENTRE MYTHOLOGIE ET HISTOIRE
Cycle animé par Mme Frédérique BOURDET, Professeur certifiée de lettres classiques
Mardi 7 mars 2023 : « Aux origines de la Grèce : Le mythe de Thésée et la civilisation minoenne »
Mardi 14 mars 2023 : « Des dieux à la religion : Les dieux grecs et les grands sanctuaires »
Mardi 21 mars 2023 : « Le monde grec archaïque : La légende d’Héraclès et l’espace grec »
Mardi 28 mars 2023 : « Jason et les Argonautes :A la conquête de la toison d’or : mythe et réalité »
Mardi 4 avril 2023: « De Troie à Ithaque – L’Iliade et l’Odyssée : Les poèmes d’Homère et la civilisation homérique »
LE VAISSEAU FANTOME ET AUTRES SORTILEGES :
Voyage à travers les légendes et superstitions de la mer en partant du « Hollandais volant », le vaisseau fantôme de Wagner
Conférence animée par M. Jean-Marc BOURDET, écrivain
Mercredi 1er mars 2023
LA CHUTE DE ROME : LA FIN D’UNE HISTOIRE OU UNE HISTOIRE SANS FIN
Conférence animée par M Pierre JAILLETTE,
Jeudi 2 mars 2023
PETAIN : COUPABLE OU INNOCENT ?
Étude de sa vie, sa carrière militaire et politique
Conférence animée par M. Thierry HONDEMARCK
Jeudi 13 avril 2023
HISTOIRE MARITIME
Cycle présenté par Mme Cristina BARON, Conservateur du Musée de la Marine à Toulon
Jeudi 23 mars 2023 : De Mers-el Kébir au sabordage de la Flotte, entre mémoire et histoire
Un poisson change de bocal
Hier 26 janvier 2023, le lac de retenue de Dardennes a été réempoissoné.
Les travaux de consolidation du barrage d'octobre 2020 à octobre 2022 avaient impliqué la vidange du lac. À l'époque, toute la population de poissons du lac avait été pêchée et transportée au lac de Carcès. Le niveau d'eau du lac de Dardennes est bien remonté depuis octobre dernier et a permis le retour des poissons.
Donc jeudi, un gros camion est arrivé près des rives du lac, avec à son bord, dans des cuves d'eau, une tonne de poissons.
Mais ce ne sont pas "nos" poissons en villégiature à Carcès qui sont venus repeupler le lac en ce mois de janvier. Ce sont des poissons d'élevage, achetés par TPM, et dans une moindre mesure, par une association de pêche.
La pêche sera ouverte dès le 29 avril, mais ce sera une pêche no-kill pendant 3 ans. Trouvez-moi un équivalent en français de France, ça veut dire qu'on remet à l'eau de suite le poisson pêché, sans le tuer. Juste en le blessant un petit peu.
Mais bientôt, le lac de Carcès va être vidé à son tour, pour de grands travaux. Ses poissons seront pêchés et partiront en vacances dans d'autres eaux de la région. Parmi ceux qui viendront au Revest, qui sait, certains retrouveront peut-être les eaux revestoises qui les ont vu naître. Enfin, eux ou leurs ancêtres.
Le mot semaine ou semano en provençal, vient du latin septimana qui signifie sept, chiffre magique par excellence en Orient comme en Occident.
Le mois se divise approximativement en quatre semaines de sept jours calquées sur les phases lunaires d'une lunaison.
Dans l'Antiquité, les astrologues avaient découvert dans le ciel sept planètes : Saturne (Pèire de Prouvenço), Jupiter (Jupiter), Mars (Mars), Mercure (Mercùri), Vénus, le Bon Soleil, (lou Soulèu) et la Lune (la Luno)... qui ne sont pas remarquez bien, à proprement parler des planètes.Il était alors logique de faire correspondre chaque jour de la semaine à la planète qui lui correspond. Leur nom seul ne laisse subsister aucun doute : lundi est sous l'influence de la lune, mardi de Mars, mercredi de Mercure, jeudi de Jupiter, vendredi de Vénus. Seuls samedi et dimanche échappent à la règle. Ils ne sont pas liés aux planètes, en particulier dans notre pays. A l'inverse les Anglais ont conservé saturday pour Saturne et sunday pour dimanche. En France, samedi vient de Sabbat et dimanche est devenu, religion oblige, le jour du Seigneur.
En Provençal, le jour se compose en plaçant toujours Di en premier, dies signifiant jour en latin. Ainsi, les jours de la semaine en provençal sont : dilun, dimars, dimècre, dijoù, divèndre, dissate, dimenche.
Autrefois, ces jours en relation étroite avec les planètes conditionnaient le temps, les faits et gestes des populations.
Dilun était propice à tous les travaux des champs et à toute autre entreprise. Au niveau du temps, si le mistral se lève un lundi, il durera un jour ou trois jours.
Dimars, un dicton dit : coume fai lou dilun, fai lou dimars (comme il fait le lundi, il fait le mardi). Ce jour qui est sous l'influence de mars est propice à l'agriculture et au travail de la terre.
Dimècre, il faut redouter la lune nouvelle si elle commence un mercredi car ce jour serait alors néfaste à tous les points de vue.
Dijoù, prépare déjà la fin de la semaine. Si le mistral se lève un jeudi, il durera trois, six ou neuf jours. Et si le soleil se couche couvert, la fin de semaine connaîtra la pluie.
Divèndre, jour de tristesse et d'abstinence, tous se doivent de faire maigre. Ce jour maudit, qui est celui de la mort du Christ, où aucun travail ne doit être entrepris. On doit aussi, ne rien porter de neuf ce jour là, on ne met pas un vêtement neuf un vendredi ni une paire de chaussures nouvellement achetée par exemple.
Dissate, c'est un jour beau en général. Si on compte dans l'année trois samedis sans soleil, c'est un mauvais présage. Enfin, si le mistral se lève un samedi, il cessera de souffler avant lundi.
Dimenche, il fera le même temps que le vendredi. Le dimanche, jour du Seigneur, offre le repos aux travailleurs.
Source : D'après l'Almanach 2009 - Un an en Provence - Edisud - Texte agrémenté des connaissances de Nadine de Trans, l'auteur du blog Passion Provence.
C’est en creusant la roche pour construire un parking souterrain, le long du boulevard Desaix, que les techniciens sont tombés sur un os. Ou plutôt, sur une source abondante! Photo Ma. D.
Une rivière souterraine a été découverte le long du boulevard Desaix, alors que l’office HLM y avait lancé la construction d’un immeuble de 62 logements. Il s’agit de la source Saint-Philip.
Par Mathieu Dalaine, publié le 20/01/2023
Bernard se souviendra longtemps de l’été 2022. Trois mois de chaleur durant, il a dû garder ses fenêtres fermées à cause des travaux menés au pied de son immeuble! Un chantier lancé par l’office HLM Toulon Habitat Méditerranée (THM), visant à construire 62 logements sur huit étages, ainsi que trois niveaux de parking souterrain, le long du boulevard Desaix. À l’endroit même où se dressaient, il n’y a pas si longtemps encore, les locaux de Jeunesse et Sport. "Ils ont creusé, cassé la roche… Je ne vous dis pas le bruit", râle ce retraité. "Et puis après, ça a jailli comme à Fontaine-de-Vaucluse!"
Cet ancien ouvrier de la Navale, à La Seyne, assure que les techniciens seraient tombés sur une abondante source d’eau. Avant de combler la cavité et de reprendre le travail. Puis les engins se seraient à nouveau arrêtés. Mais pas les visites sur site: ingénieurs des eaux, spécialistes du BTP et même archéologues se seraient rendus sur place, d’après le riverain, curieux de l’histoire qui se trame sous son balcon.
Sollicité, le maire Hubert Falco ne cherche pas à minimiser l’importance de la chose. "Il n’y a rien de secret: on est tombé sur une véritable rivière. Il s’agit de la source Saint-Philip qui alimentait jadis toute la haute ville. J’ai donc dit stop au chantier. Ce matin (hier, ndlr), les spéléologues étaient sur place pour étudier l’amont et l’aval. J’attends leur rapport."
Du côté de l’office HLM, un connaisseur du dossier explique: "On a exhumé une galerie façonnée par la main de l’homme qui n’était pas recensé sur les cartes des réseaux. On a d’abord alerté la Métropole mais on n’a pas eu de réponse tout de suite. Là, on est bien emm… car les travaux sont bloqués et c’est un programme important. Tout ça coûte de l’argent. Et on va au minimum devoir renoncer à un étage de parking."
D’autant que la découverte intéresse désormais la collectivité au plus haut point. "Les premiers relevés indiquent que l’eau coule à hauteur de 1.000m par jour, poursuit Hubert Falco. On ne peut pas s’asseoir sur un débit pareil! Aujourd’hui, je le dis clairement: oui, on veut capter cette source."
Le chantier, lui, est suspendu. Pour combien de temps? "On n’est sans doute pas obligé de la pomper à cet endroit-là, ce qui laissera de la place pour l’immeuble, pondère le maire. Les travaux vont reprendre dans une semaine ou deux. Mais l’objectif, c’est bien de capter l’eau. Que cela soit pour l’arrosage ou la rendre potable. Comme la source Saint-Antoine."
À proximité du trou béant, un riverain qui souhaite rester anonyme soupire. "Comment ont-ils pu être surpris? À l’époque de ma grand-mère, il y avait un bâtiment du service des eaux à cet endroit." Pour cet habitant du quartier, l’idée de continuer à construire autant de logements à cet endroit n’est d’ailleurs guère raisonnable. "Le risque existe que les parkings se retrouvent inondés. Et puis avec le poids d’un immeuble, ils n’ont pas peur que ça s’affaisse?"
Si professionnels du bâtiment et pouvoirs publics semblaient ignorer la présence de la source à cet endroit, son existence est pourtant documentée. Dans son Histoire de Toulon, de Telo à Amphitria, l’ancien directeur du service général des eaux et fontaines André-Jean Tardy affirme que Saint-Philip est mentionnée dans les textes dès 1426. Il détaille son usage à travers les ans, à Toulon, et raconte qu’elle fut captée notamment pour les besoins d’une léproserie puis d’une "égorgerie".
Mais cette source, dont une émergence serait située de l’autre côté de la voie ferrée, au fond de l’impasse Tiran, aurait été exploitée plus largement après le Moyen Âge pour les besoins de la population. Et de citer un rapport ancien faisant état d’un "débit de 1.000 m3 à l’étiage".
Néanmoins, avec le développement des connaissances scientifiques, au XIXe siècle, l’eau sera finalement jugée de très mauvaise qualité et ne sera plus pompée que pour le bon fonctionnement du réseau d’assainissement. L’usine hydraulique située le long du boulevard Desaix est alors rasée. La Ville cédera finalement le foncier au début des années 70 au service de la Jeunesse et des sports…
Ce mardi 17 à 19H, au Cercle du village (à droite de l'église), nous voyagerons au Revest dans les années 1860 sur les traces de George Sand.
Nous visiterons le Ragas, le hameau de Dardennes, la Salle verte, la vallée d'avant le barrage… rencontrerons d'anciens Revestois, meuniers et carriers… et verrons comment ces paysages et ces rencontres ont influencé l’illustre romancière.
Alors avis aux amoureux du Revest, pour un dépaysement total dans votre village même, tous au Cercle mardi 17.
Les Amis du Vieux Revest et du Val d'Ardène / Loisir et Culture vous souhaitent une belle année 2023
Pour démarrer l'année en beauté, c'est Albert Camus, prix Nobel de littérature qui s'invite au Café Culture au Cercle du village, à droite de l'église.
Qui a dit « encore moins pratique qu'un fax » ?
Marie Turcan
Les courriers urgents ne pourront plus être envoyés avec un timbre rouge à compter du 1er janvier 2023 : ils vont devoir se contenter d’une nouvelle invention : la « Lettre en ligne ».
Le timbre rouge est mort, vive la « e-lettre rouge ». La Poste a annoncé que cette vignette historique allait disparaître au 1er janvier 2023, car trop peu utilisée par les Françaises et Français. « Mais il sera toujours possible d’envoyer des courriers urgents en utilisant notre service hybride, la lettre en ligne (ou e-lettre rouge) », précise le service postal.
Le timbre rouge existait depuis 1849 en France. Il sert à envoyer un courrier ou un colis en moins de 24 heures. Cependant, comme l’a rappelé France Info, l’utilisation du timbre rouge a été divisée par 14 depuis 2010 : les coûts engendrés (transport en bateau, voire en avion) ne sont plus rentabilisés par le nombre d’utilisateurs.
C’est pour cette raison que le prix du timbre rouge a beaucoup augmenté en dix ans : il est passé de 60 centimes à 1,49 euro, soit +148 % (là où le timbre vert, quasiment au même prix en 2012, n’atteint que 1,16 euro, soit 103 %).
« L’utilisation de la lettre prioritaire tend à disparaître, remplacée par des communications électroniques type email et SMS », explique aussi la Poste.
La lettre en ligne, ou e-lettre rouge, est censée remplacer le timbre rouge. Dans les faits, le parcours proposé a des allures d’usines à gaz, par rapport au gain obtenu. Il faut :
1 - Se rendre sur le site de laposte.fr, et choisir si vous souhaitez rédiger votre message directement sur le site ou importer un texte que vous aviez rédigé au préalable.
2 - Vous envoyez le texte, sur le site.
3 - Le bureau de Poste le plus proche de votre destinataire imprime le contenu de l’email
4 - Il le met dans une enveloppe.
5 - Un facteur ou une factrice ira déposer l’enveloppe chez le ou la destinataire.
Les démarches pourront être faites en ligne de chez soi sur laposte.fr (en créant un compte) ou « depuis un bureau de Poste avec l’aide d’un conseiller clientèle ou d’un automate », explique l’organisation. On entrevoit déjà les potentiels ralentissements engendrés si l’aide d’un conseiller sera nécessaire pour chaque email à envoyer.
Cela signifie que ne seront concernés par ce service que des messages textuels ; les cartes postales personnalisées, par exemple, devront se contenter d’un timbre vert (qui garantit d’ailleurs désormais une livraison en 3 jours au lieu de deux).
La Poste explique que si vous utilisez encore des timbres rouges après le 1er janvier 2023, votre courrier sera bien envoyé, mais la temporalité de distribution pourra s’étendre jusqu’à trois jours au lieu d’une journée.
La e-lettre n’a rien à voir avec le timbre digital, qui est une initiative que la Poste n’a pas encore déployée, mais qui est en cours de test. L’objectif est de permettre à des Françaises et Français d’affranchir leur courrier sans avoir à y coller des timbres, avec un code alphanumérique qu’il suffira de recopier sur une enveloppe. Le timbre digital devrait être lancé courant de l’année 2023.
Longue de dix mètres avec ses grands santons, la crèche de l’église Saint-Christophe du village offre des scènes la vie revestoise d’antan. Elle est à découvrir jusqu’au 2 février.
Texte et photo C. S. Publié le 26/12/2022 à 17:00
Inscrits au patrimoine immatériel culturel, les santons vous plongent dans le quotidien de la vie d’autrefois et des professions souvent oubliées: la lavandière remplacée par la machine à laver, le vitrier, le chiffonnier (l’estrassaïre), le berger, le bûcheron, les marchands ambulants, le forgeron, le maréchal-ferrant, le puisatier, le tambourinaïre, le batteur de blé, le sourcier, l’étameur, le bouilleur de cru, le boscattier...
50 grands santons mis en scène
Créées par le curé Alejandro et le vicaire Jorge, en deux jours chacune, le public est invité à venir découvrir ces scènes de vie locales d’antan à l’église Saint-Christophe du village du Revest et l’église Saint-Pierre dans la vallée de Dardennes rue des Oliviers.
"À l’église du village du Revest, plus de cinquante grands santons sont mis en scène de la plus pure tradition provençale. Ils ont été offerts il y a très longtemps par des paroissiens tout comme la maquette du village."
Elle sera visible jusqu’au 2 février, jour de la Chandeleur.
À Saint-Pierre, la crèche est visible les jours de messe: les mardis et les jeudis dès 18h et le dimanche 10h45.
Afin de répondre à la problématique de sécurité liée à l'instabilité rocheuse du Mont Faron, espace remarquable protégé et classé, la Métropole TPM et la ville de Toulon mènent des travaux d'ampleur sur le massif afin de sécuriser la zone urbaine riveraine. Ce chantier d’une grande précision et d'une haute technicité a démarré en 2020 et s'étalera sur une quinzaine d'années. A ce jour, neuf secteurs ont été sécurisés et cinq chantiers seront engagés en 2023.
Travaux de sécurisation - massif du Mont Faron
C’est un chantier d’une grande envergure qui est actuellement en cours sur le massif du Mont Faron*, à Toulon. Cordistes chevronnés et hélicoptères sont à l’œuvre afin d'assurer l’installation des parades et du matériel nécessaires dans l’optique de sécuriser la zone urbaine qui jouxte le massif.
En effet, comme tout espace naturel, de par sa géologie calcareuse et sa topographie accidentée, le mont Faron est soumis à des mouvements de terrain et de fréquentes chutes de blocs pouvant engendrer des risques humains et matériels.
Dans un souci de prévention des risques, la ville de Toulon s’est associée en 2007 à la Métropole TPM (gestionnaire du site) dans l'objectif de conduire un ensemble d'études environnementales réglementaires (comprenant l'étude d'impact, l'étude des incidences sur la faune flore et sur le paysage, ...) et géotechniques. Ces études préalables ont en effet permis, avant toute intervention sur le massif, de définir les mesures d'évitement et de réduction des incidences à la fois sur les habitats, la faune et la flore mais aussi sur le paysage au regard des travaux à réaliser; les études géotechniques ont permis de dimensionner les ouvrages de protection (parade). S'en suivra l’octroi des autorisations réglementaires ainsi que trois enquêtes publiques menées entre 2018 et 2022 afin d'informer les usagers et propriétaires afin d'enclencher les procédures.
Un Plan Prévention Risques Naturels – Mouvements de Terrain (PPRN-MT) a été approuvé en décembre 2013.
Dès lors, seules les zones dont l'aléa identifié comme « élevé » et « très élevé » ont été retenues et font l'objet d'un programme global de travaux géographiquement répartis en 3 zones et étalés sur une durée prévisionnelle de 15 ans (2020-2035) :
face nord-ouest,
face sud,
face nord.
L'observation de terrains et de modèles numériques ont conduit, en effet, l'individualisation de nombreux compartiments rocheux identifiant précisément la nature des travaux à engager face au risque.
19 projets, dont 10 portés par la Métropole TPM ont ainsi été identifiés comme prioritaires.
Encadrés par la réglementation et les contraintes de sécurité militaire, ces travaux ne peuvent se dérouler que sur 3 mois d’octobre à décembre et nécessitent, depuis 2021, l'évacuation des populations impactées par le périmètre de survol de l'hélicoptère en charge.
A ce jour, 9 secteurs ont été sécurisés, dont 6 sous maîtrise d’ouvrage de la Métropole et 2 en urgence (Vallon des Hirondelle et St Antoine).
En 2023, cinq chantiers devraient être engagés dont deux par la Métropole TPM (hors travaux d’urgence).
À savoir que ce programme fait l’objet de subventions (État, Région, Département) dans le cadre de la politique de gestion du risque et protection des populations.
Différentes mesures de protection ont été calibrées afin de garantir une protection optimale vis à vis du risque tout en réduisant l'impact pour le paysage, le milieu naturel et les espèces faune, flore associées.
Cette protection est assurée par :
Selon la nature, la complexité des travaux et la maîtrise foncière des sites, certains secteurs seront réalisés sur plusieurs années.
Un suivi environnemental a été lancé dès 2021 et s'échelonnera sur 35 ans. Il sera réalisé pour l’ensemble des secteurs confortés et sur les deux sites de compensation (la Carrière de l'Ourdan et la grotte de Truébis) afin de suivre les impacts des travaux sur la faune et la flore et poursuivre leur protection.
Préalablement à la réalisation des travaux, le massif s’est doté, dès 2005, d’une surveillance dynamique en temps réel par instrumentation, tant sur les blocs les plus instables que sur un ensemble de falaises.
Ce dispositif vise à mesurer et enregistrer d'éventuels mouvements de falaise.
Dès lors qu'une alerte est déclenchée, les services opérationnels des deux maîtres d'ouvrage (Ville et TPM), accompagnés par la sécurité civile et au PICS (Projet Intercommunal de Sauvegarde), peuvent déployer rapidement les moyens de protection nécessaires et adéquates selon le risque évalué.
*Le massif du Mont Faron est un site classé ZNIEFF, Espace Boisé Classé, Espace remarquable, Réseau Natura 2000 et un site militaire protégé. De par sa dominante naturelle, il est par ailleurs renommé pour être le terrain de jeux de nombreuses activités sportives (randonnée, site d’escalade, cyclisme, ...)
En utilisant une technique de scanner en trois dimensions, des chercheurs britanniques estiment que les forêts du Royaume-Uni stockeraient plus de carbone que ce que l’on pensait.
Dans Richmond Park, à Londres, en Angleterre, le 1er décembre 2022. PHOTO TOBY MELVILLE-REUTERS
Une étude parue dans Ecological Solutions and Evidence révèle que le poids des arbres au Royaume-Uni aurait été sous-estimé, et, par la même occasion, leur contribution en matière de stockage de carbone.
Lire aussi Le chiffre du jour. Des milliers d’espèces d’arbres sont encore à découvrir
Les chercheurs ont scanné près de 1 000 arbres dans la forêt de Wytham (Oxfordshire) pour obtenir une image en trois dimensions de chacun d’eux. “Cela a donné une mesure du volume de chaque arbre, ce qui a permis aux scientifiques de calculer la quantité de carbone capturé dans les troncs et les branches”, précise la BBC. “Lorsque vous connaissez la densité du bois, vous pouvez convertir le volume en masse, explique Mathias Disney, professeur à l’University College de Londres. La moitié de cette masse se trouve être du carbone, l’autre moitié de l’eau.”
“Les résultats montrent qu’un lopin de forêt britannique pèse deux fois plus que ce que les précédents calculs suggéraient”, peut-on lire sur le site de la BBC.
Selon Mathias Disney, cette découverte indique que, pour chaque km2 perdu de forêt, “nous avons potentiellement perdu deux fois plus de capacité de stockage de carbone que ce que l’on pensait”. De plus, l’étude se penche aussi sur le cas des arbres adultes : l’importance de leur rôle semble difficile à compenser en plantant simplement de nouveaux arbres. “La valeur des vieux arbres est quasiment incalculable, par conséquent, on devrait éviter de les perdre à tout prix, peu importe le nombre d’arbres qu’on souhaite planter. Ces grands arbres sont terriblement importants”, avertit Mathias Disney.
Un arbre par habitant à Nice d'ici 2026, un milliard d'arbres plantés en France d'ici 2032... Chercheur à Sophia Antipolis, le docteur Pierre Sicard alerte sur les stratégies de plantation mises en œuvre dans certaines villes: "Tous les arbres sont bons pour l'homme, mais tous les arbres ne sont pas bons pour la qualité de l’air".
Pierre Peyret Publié le 08/11/2022 à 10:20, mis à jour le 08/11/2022 à 14:48
Les platanes, espèce pointée du doigt, présente pourtant des bienfaits pour la qualité de l'air. Photo L.M
Chercheur à Argans à Sophia-Antipolis, le Dr Pierre Sicard travaille sur les impacts de la pollution de l’air et du changement climatique sur les forêts, et sur le rôle de l’arbre en ville. Depuis 2019, à Aix-en-Provence et Florence, il coordonne notamment le projet européen Airfresh. Il a pour but de quantifier, pour la première fois, les bénéfices environnementaux et sociétaux des arbres en ville. Dans le cadre de ce projet, 300 essences d'arbres ont été étudiées, et 400 arbres ont été plantés dans les deux villes.
Aujourd'hui, alors que les municipalités se lancent dans la plantation d'arbres et alors qu'Emmanuel Macron a annoncé la plantation d'un milliard d'arbres en France d'ici 2032, il alerte sur les stratégies de plantation en cours ou à venir dans certaines villes.
Pourquoi avez-vous décidé de tirer la sonnette d'alarme?
Ce n'est pas la première fois que j'alerte sur ce sujet. À partir de l'été 2019, après la vague de chaleur et les épisodes de pollution qui ont eu lieu, les municipalités, à l'approche des élections municipales, ont avancé des stratégies de plantation pour répondre à une politique du chiffre. Sauf que planter des arbres, c’est bien, mais pas n’importe où et n'importe quoi. J’essaie de faire passer le message suivant: "Tous les arbres sont bons pour l'homme, mais tous les arbres ne sont pas bons pour la qualité de l’air". C'est-à-dire que des arbres émettent des composés qui engendrent l’émission de polluants secondaires. Selon les essences que vous allez planter, vous allez parfois dégrader la qualité de l'air.
Vous parlez de politique du chiffre. À Nice, la municipalité souhaite un arbre par habitant d'ici 2026, quel peut être le risque?
Souvent, dans les municipalités, les services vont réfléchir en amont et planter. D'autres ne réfléchissent pas vraiment. Cela peut vous amener à des contradictions. En périphérie de Madrid, on a observé une dégradation significative de la qualité de l’air car ils ont planté des essences locales qui n'étaient pas adaptées. Aux abords de Grasse, où vous avez des chênes et des pins et une augmentation de l’ozone, si, en plus de cela, vous ne prenez pas en compte l’existant et que vous allez planter d'autres chênes pubescents, vous allez aggraver la situation.
Il faut savoir que si vous plantez 100 chênes chevelus, vous allez éliminer 800 kg d’ozone par an. Mais si vous plantez 100 chênes pubescents, vous allez former 4 tonnes d’ozones. Il faut sélectionner l’existant et faire une évaluation.
Comment expliquez-vous que certaines essences d'arbres dégradent la qualité de l'air en ville?
Il y a deux types de polluants: les polluants particulaires, comme les particules fines, et les polluants gazeux. Pour les polluants particulaires, une partie se dépose sur les branches, les feuilles et les troncs. Pour les polluants gazeux, une partie va se déposer et être absorbée par le végétal. Tout cela, c'est quantifiable. Il y a des essences, comme l’eucalyptus, qui émettent des composés organiques volatiles. Ces derniers, quand ils sont émis, sous l’effet du rayonnement solaire, vont former l’ozone. Pour chaque essence, nous pouvons donc calculer ce qu’elle absorbe, ce qu'elle élimine. Résultat, certaines essences forment plus que ce qu’elles absorbent.
Des résultats vous ont-ils surpris?
En local, l’eucalyptus est une des pires espèces. À titre d’exemple, un eucalyptus adulte forme 180 gr d’ozone par jour dans l’air. Le chêne pubescent, que l'on retrouve beaucoup ici, c’est 120 gr d’ozone par jour.
À l'opposé, il y a des essences comme les érables et les tilleuls qui absorbent 40 gr d’ozone par jour. Quand vous en plantez, vous éliminez donc de l’ozone de l’atmosphère.
Outre la difficulté de choisir la bonne essence, quels écueils peuvent rencontrer les villes?
Souvent, les citoyens disent: il faut planter davantage d'arbres. Mais il faut savoir que dans les villes densément peuplées, l’espace public géré par la municipalité est restreint.
Il est de 15 %, le privé représentant 85%. Dans ses 15%, une fois que vous avez enlevé là où vous ne pouvez pas planter, il ne reste plus grand chose. C’est pour ça qu’il faut communiquer auprès du grand public pour que les essences appropriées soient plantées. L'érable argenté, le tilleul, le platane sont de bonnes espèces, l'olivier lui, est une essence neutre. Mais à Aix-en-Provence, où nous avons planté sur 1,2 hectare, les gens ne comprennent pas que certaines espèces ne sont pas bonnes.
Étés de plus en plus chauds, incendies en série, inondations incontrôlées… le Var et les Alpes-Maritimes sont mis à mal par le dérèglement climatique. Ardemment défendus par les citoyens, brandis par les politiques comme moyen de lutte contre le dérèglement climatique, les arbres sont au centre des attentions. Mais s’ils peuvent être des alliés précieux contre le réchauffement climatique, ils en sont parfois aussi les premières victimes. Comment trouver un équilibre? Nous avons un mois pour enquêter.
Flora Zanichelli Publié le 04/12/2022
Face au réchauffement climatique, comment faire des arbres nos alliés ? - Photo Sébastien Botella
En août dernier, la ville de Gattières est au cœur d’une polémique. En cause, l’abattage de deux cèdres du Liban pour faire place à une résidence sociale sénior et un parking. Sur les réseaux sociaux, les habitants laissent exploser leur colère.
Quelques semaines plus tôt, c’est à Saint-Paul-de-Vence que le lever de bouclier a eu lieu, après la coupe rase de cyprès et de pins.
Une mobilisation de citoyens qui révèle combien le sujet des arbres est brûlant.
Si cela fait depuis longtemps que la forêt est au cœur de réflexions, les derniers étés, caniculaires, au cours desquels nous avons assisté à des incendies et des hausses de température spectaculaires, ont accéléré les prises de conscience et les réflexions.
“Les arbres ont un rôle essentiel dans la lutte contre le réchauffement climatique”, rappelle Michel Vennetier, ingénieur forestier et écologue, qui a longuement analysé les effets du changement climatique sur la forêt méditerranéenne.
Réduction de la température urbaine, puits de carbone permettant de lutter contre l’effet de serre, lutte contre l’érosion des sols, préservation de la biodiversité, source d’énergies renouvelables, les bienfaits des arbres sont nombreux.
“Non seulement, l’arbre contribue à la beauté de la ville, mais il peut aussi atténuer les conséquences des canicules urbaines en rafraîchissant les rues”, explique Caroline Mollie, paysagiste et auteur du livre “Les arbres dans les villes: l’urbanisme végétal.”
C’est en partie pour cela que Christian Estrosi a inscrit les arbres à l’agenda politique de Nice, promettant une forêt urbaine pour 2025.
Mais si les arbres sont de précieux alliés pour lutter contre le réchauffement climatique, ils en sont aussi les victimes.
“De façon générale, il n’y a plus que très peu d’arbres qui se portent vraiment bien dans la nature”, constate Michel Vennetier.
Chute des feuilles, branches mortes, les conséquences des sécheresses et canicules se font sentir. “Aujourd’hui, les gens ne savent plus à quoi ressemble un arbre en bonne santé”, observe l’écologue.
Caroline Mollie précise: “On ne devrait pas voir le ciel au travers du feuillage”.
Michel Vennetier ajoute : “Les arbres sont également moins réactifs face aux parasites qui eux, parfois, deviennent plus résistants ou attaquent plus de fois dans l’année qu’auparavant. On l’a vu, par exemple, avec le charançon sur les palmiers. ”
“Planter des arbres, c’est bien, mais pas n’importe où et n'importe quoi”, réagissait Pierre Sicard, chercheur “Air et forêt” chez Argans, à Sophia-Antipolis, dans une interview donnée à Nice-Matin le 8 novembre dernier.
Une remarque qui va à contre-courant des promesses souvent faites par les politiques.
En fixant l’objectif de planter 280 000 arbres dans la Métropole d’ici à 2026, le maire de Nice, Christian Estrosi, confirme l’enjeu auprès de ses concitoyens.
Mais il est souvent difficile d’évaluer la portée de telles annonces, estiment plusieurs experts.
“Si vous prenez le problème de l’arbre en ville, explique Caroline Mollie, il faut tenir compte de l’espace qu’on va pouvoir lui donner pour se développer. Pour qu’un arbre se développe, il faut de la terre et de l’espace aérien. Donc planter, oui! Mais où? Et comment? Avec quelles perspectives?”
Trouver un équilibre aussi. Pierre Sicard continue : “[Certains] arbres émettent des composés qui engendrent l’émission de polluants secondaires. Selon les essences que vous allez planter, vous allez parfois dégrader la qualité de l'air.”
En ville, par exemple, planter mobilise experts des espaces verts mais nécessite aussi une bonne connaissance du réseau souterrain, pour que les arbres puissent se développer au mieux, et sous-tend le renouvellement des pratiques, in fine.
“Il faut trouver un équilibre, commente Michel Vennetier qui préconise trois pistes. Éclaircir les forêts, pour laisser de l’espace aux arbres pour se développer, rajeunir en plantant de nouvelles espèces, diversifier les espèces “pour éviter de mettre tous les œufs dans le même panier”.”
Mettre en place une gestion équilibrée qui permette de régénérer la forêt.
“L’idée est aussi de laisser de l’espace à la nature, de lui faire confiance pour s’adapter, de la laisser faire sa propre sélection”, ajoute Michel Vennetier.
“Il faut réfléchir à long terme, commente Caroline Mollie. Un arbre met 10 à 15 ans à se développer, c’est plus long qu’un mandat politique.”
Tous concernés par les arbres? La collecte organisée par l’émission “Aux arbres, citoyens” en faveur des forêts françaises avec 1,8 million d’euros récoltés montre que les Français ont à cœur leur patrimoine vert.
“Souvent, les citoyens disent: il faut planter davantage d'arbres. Mais il faut savoir que dans les villes densément peuplées, l’espace public géré par la municipalité est restreint. Il est de 15 %, le privé représentant 85%“, constate encore Pierre Sicard.
Dès lors, comment agir chez soi?
Certaines collectivités n’hésitent pas à engager leurs administrés à leurs côtés. Comment s’y prennent-elles? A la suite des incendies qui ont ravagé le Var, comment la forêt se reconstruit-elle? Et quel rôle peut-elle jouer pour limiter les effets des feux alors que la menace plane entre sécheresse et canicule? Nous avons un mois pour enquêter.
Dans nos départements du Var et des Alpes-Maritimes, les arbres représentent un enjeu tout particulier. “Avec 1,5 million d'hectares, la forêt en Provence-Alpes-Côte d'Azur représente 9,4% de la forêt française. La région se place en deuxième position nationale pour son taux de boisement (48%, contre 29% en moyenne au niveau national)”, écrit l’ONF sur son site.
En matière de superficie forestière, le Var est le cinquième département de France.
Les Alpes-Maritimes, elles, se classent au quatorzième rang. Mais la surface dédiée à la forêt ne cesse de s’y développer avec une augmentation de 47% depuis 1985 contre 15% pour le Var.