L’observatoire des vers luisants et des lucioles réalise une enquête participative pour connaître les populations de ces insectes lumineux. S’appuyant sur un réseau de 15 000 citoyens, il constate un déclin largement causé par l’humanité.
Tallenay (Doubs), reportage
Trois points brillants dans l’obscurité. La dernière fois qu’Éric Descourvières a aperçu des vers luisants, c’était à la fin du mois de juin, devant sa maison de Tallenay, un village du Doubs. « Je les ai découverts par une belle nuit noire en bordure d’une route communale, en lisière de prairie. Enfant, j’avais l’habitude de les observer. Cela m’a fait plaisir d’en revoir », raconte l’enseignant. Quelques jours plus tard, photo à l’appui, il consignait son observation dans un formulaire en ligne.
En effet, depuis 2015, une enquête participative vise à mieux connaître les populations de vers luisants et de lucioles en France. Souvent confondus, ces coléoptères de la famille des lampyridés diffusent tous une lumière verte pendant l’été. La bioluminescence résulte de la réaction chimique entre deux molécules nommées luciférase et luciférine avec l’oxygène. Rien de diabolique là-dedans : en latin, lucifer signifie « ce qui apporte la lumière ». Chez les vers luisants, cette propriété revient uniquement à la femelle qui, dépourvue d’ailes, reste immobile et s’éclaire en continu pour attirer un mâle. Du côté des lucioles, les deux genres sont ailés et bioluminescents ; ils clignotent en émettant des flashs de lumière très brefs.
Autrefois communs, ces insectes — une douzaine d’espèces en France — ont été peu étudiés. « En fait, on ne sait pas grand-chose sur eux. Ce ne sont pas de jolies bêtes comme les papillons ou les scarabées avec de belles couleurs ; ils n’intéressent pas les entomologistes », regrette Marcel Koken, chercheur en biologie moléculaire au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Ce spécialiste de la bioluminescence pilote l’observatoire des vers luisants et des lucioles avec Estuaire, un groupe associatif vendéen qui a initié d’autres programmes participatifs sur les bourdons, les hérissons, les mares et les libellules.
Compagnons à la fois magiques et mystérieux des soirées estivales, les vers luisants convenaient bien à une enquête destinée à réunir le maximum de contributeurs volontaires. Pour ce type de projet de science citoyenne, mieux vaut, effectivement, miser sur des espèces dotées d’un capital de sympathie. Et cela fonctionne. Grâce au relais local de 169 associations naturalistes, 15 000 observateurs répondent chaque année à la question suivante : avez-vous déjà vu un ver luisant ou une luciole ?
« C’est une enquête grand public à laquelle participent des gens qui ne sont pas dans notre réseau habituel », témoigne Bertrand Cotte. L’entomologiste amateur, coléoptèriste et membre de l’Office pour les insectes et leur environnement Franche-Comté, supervise la collecte de données dans sa région. En Bourgogne-Franche-Comté, 421 observations ont été recensées en 2021, grâce au travail de mobilisation de l’Observatoire régional des invertébrés.
Premier objectif de l’observatoire national : tenter d’évaluer et de localiser les populations. « Tout le monde dit "les vers luisants, on n’en voit plus". Alors on a voulu savoir s’il y en avait vraiment moins ou si c’est le changement de nos comportements qui nous rend moins attentifs », explique Marcel Koken. Résultat : les lampyres n’ont pas échappé au déclin général de l’entomofaune. « Si on se réfère aux anciens récits dans la littérature, il y a une vraie baisse. On ne retrouve plus les quantités décrites dans les articles », constate le chercheur du CNRS. On sait également que la principale espèce en France, Lampyris noctulica, est présente partout, même si la situation est plus dégradée dans le nord du pays. Les lucioles, elles, n’ont été signalées qu’autour de Nice et en Corse.
Des herbes hautes, de l’ombre et un peu d’humidité : c’est tout ce dont a besoin le ver luisant. « Il n’est pas très exigeant. On le trouve dans les jardins, les prairies, les bords de haie, les chemins forestiers, recense Bertrand Cotte. Et il lui faut aussi des limaces et des escargots. » Les larves (que l’on peut observer toute l’année) se nourrissent exclusivement de gastéropodes. Des animaux pourtant plus gros qu’elles, à qui elles réservent un sort funeste. « Ce sont des bêtes féroces, souligne Marcel Koken. Elles se jettent sur leur proie pour la mordre à plusieurs reprises. Le poison injecté la paralyse puis finit par la liquéfier. »
L’appétit de ces coléoptères en fait donc de précieux auxiliaires pour les jardiniers qui se désolent de voir leurs salades englouties par les limaces. L’utilisation de pesticides — et notamment de granulés antilimaces et escargots — apparaît comme l’une des principales causes de raréfaction des vers luisants. « Ils sont aussi perturbés par les lumières nocturnes qui désorientent les mâles. Il faudrait éteindre les lampadaires, les équiper de détecteurs d’approche ou orienter la lumière vers le bas, poursuit le gestionnaire de l’observatoire. L’abus de fauchage a également un impact. L’idéal serait de faucher l’herbe avant la mi-mai, puis après la mi-septembre et essayer de ne pas couper partout si ce n’est pas nécessaire. »
L’enjeu du programme scientifique de l’observatoire des vers luisants et lucioles est double : produire de la connaissance grâce à des contributions citoyennes mais aussi sensibiliser à l’effondrement de la biodiversité et au déclin alarmant des populations d’insectes. « L’enquête aide à communiquer sur une espèce phare pour pointer la régression de l’ensemble des insectes, y compris les plus communs », estime l’entomologiste franc-comtois.
Sauf que les moyens de l’observatoire sont trop limités pour atteindre pleinement cet objectif. Le programme est soutenu uniquement par le Département de la Vendée, ce qui ne permet pas de financer un poste de salarié afin de développer le réseau des observateurs et exploiter la base de données constituée depuis 2015. « Il n’y a pas de modèle économique viable pour ce genre de dispositif, déplore Fabien Verfaillie, le président d’Estuaire. On est frustrés de ne pas accomplir notre mission dans de bonnes conditions. On arrive juste à faire des constats alors qu’on aimerait pouvoir organiser les données de façon à réfléchir à des actions de conservation. »
Un élément pourrait inciter les pouvoirs publics à s’intéresser davantage aux lampyres : la découverte, en 2020, dans les Pyrénées-Orientales, d’une nouvelle espèce de luciole. Originaire d’Amérique du Sud, elle a été introduite en Espagne en 2016. Repéré par des programmes participatifs ibériques, le lampyre à corselet marqué a été déclaré comme potentiellement invasif et à surveiller par l’Office français de la biodiversité et l’Union internationale pour la conservation de la nature.
À raison de 10 kilomètres par an, l’espèce connaît une expansion rapide pour ce type d’insecte. Autre problème : les larves ne se nourrissent pas de limaces et d’escargots mais de vers oligochètes, les vers de terre indispensables à la vie des sols. « Les vers de terre souffrent déjà d’énormes pressions, notamment à cause d’une autre espèce envahissante, le ver plat. Cela peut être catastrophique, y compris pour l’humain avec des pertes de rendements agricoles et des sols compactés qui augmentent les risques d’inondation », s’inquiète Fabien Verfaillie. L’écologue veut croire « que, localement, le Département ou la Région accepteront de nous accompagner pour comprendre ce qui se passe et évaluer le risque associé au développement de cette espèce ». Une lueur d’espoir.
Pour votre jardin, vous pouvez planter des fleurs grâce aux sachets de tisane qui traînent dans vos placards.
Marjolaine
Vous n’avez pas la main verte et ne savez pas comment égayer simplement votre jardin ? Plantez le contenu de sachets de tisane. Un minimum d’effort pour un maximum d’effet garanti.
JARDIN - Si la période des semis est passée, il est tout de même possible d’embellir votre jardin à l’aide d’une méthode simplissime : planter le contenu des sachets de tisane qui traînent dans vos placards, parfois depuis plusieurs années. Pour cela, il suffit de se saisir d’un sachet de camomille, de nigelle, pavot ou autre plante fleurie. Périmé ou non, peu importe.
Frottez le sachet de tisane entre vos mains pour libérer les graines, dispersez-les sur une parcelle de terre nue en plein soleil, arrosez les bien et le tour est joué. La camomille, connue pour ses propriétés apaisantes et favorisant le sommeil, donne ainsi également de très jolies fleurs blanches, parfumées, semblables à des marguerites, qui égayeront votre pelouse, comme l’explique le HuffPost UK.
Les graines de nigelle donnent elles des fleurs plus fines et délicates, généralement de couleur pastel, parfaites pour combler les espaces vides dans votre jardin. Elles peuvent également être cultivées à côté d’autres fleurs, ce qui permet d’obtenir une végétation diversifiée sans effort.
Une belle pelouse sans effort
Pendant le premier mois ou jusqu’à la floraison, veillez à arroser régulièrement le sol. Une fois qu’elles ont fleuri, ces herbes sont très autonomes et continueront à prospérer d’elles-mêmes. Autre avantage : leur prix, qui est sans comparaison avec celui des graines vendues dans les magasins d’horticulture. Ne serait-ce qu’une demi-cuillère à café peut suffire à donner des tas de plantes.
Les petits sachets remplis de fleurs séchées sont récoltés mécaniquement et contiennent invariablement des têtes de graines mûres. Ces herbes ont presque toutes évolué afin de coloniser des sites ensoleillés, exposés, avec un sol pauvre et des niveaux d’eau bas, ce qui les rend très résistantes et faciles à cultiver. C’est le propre des « mauvaises herbes ».
Un bon exemple est le fenouil, que l’on trouve couramment sur les voies ferrées et dans les tas de décombres. L’aneth, qui est étroitement apparenté, peut être cultivé de la même manière. En tout cas, c’est une méthode facile et écolo de fleurir votre jardin ou jardinière. Et d’une année sur l’autre, les plantes repoussent.
Orchidées, papillons, arbres remarquables...
En petit groupe, dans un magnifique parc, je vous propose de venir découvrir les notions essentielles de la photographie de nature.À l’issue de cette journée, vous serez en mesure de créer une image harmonieuse, originale et parfois insolite !
Au plaisir de vous rencontrer
Cécile Di Costanzo
Photographe faune et flore
Renseignements et inscriptions
cecile.imagenature@laposte.net
06 89 01 61 95
En utilisant une technique de scanner en trois dimensions, des chercheurs britanniques estiment que les forêts du Royaume-Uni stockeraient plus de carbone que ce que l’on pensait.
Dans Richmond Park, à Londres, en Angleterre, le 1er décembre 2022. PHOTO TOBY MELVILLE-REUTERS
Une étude parue dans Ecological Solutions and Evidence révèle que le poids des arbres au Royaume-Uni aurait été sous-estimé, et, par la même occasion, leur contribution en matière de stockage de carbone.
Lire aussi Le chiffre du jour. Des milliers d’espèces d’arbres sont encore à découvrir
Les chercheurs ont scanné près de 1 000 arbres dans la forêt de Wytham (Oxfordshire) pour obtenir une image en trois dimensions de chacun d’eux. “Cela a donné une mesure du volume de chaque arbre, ce qui a permis aux scientifiques de calculer la quantité de carbone capturé dans les troncs et les branches”, précise la BBC. “Lorsque vous connaissez la densité du bois, vous pouvez convertir le volume en masse, explique Mathias Disney, professeur à l’University College de Londres. La moitié de cette masse se trouve être du carbone, l’autre moitié de l’eau.”
“Les résultats montrent qu’un lopin de forêt britannique pèse deux fois plus que ce que les précédents calculs suggéraient”, peut-on lire sur le site de la BBC.
Selon Mathias Disney, cette découverte indique que, pour chaque km2 perdu de forêt, “nous avons potentiellement perdu deux fois plus de capacité de stockage de carbone que ce que l’on pensait”. De plus, l’étude se penche aussi sur le cas des arbres adultes : l’importance de leur rôle semble difficile à compenser en plantant simplement de nouveaux arbres. “La valeur des vieux arbres est quasiment incalculable, par conséquent, on devrait éviter de les perdre à tout prix, peu importe le nombre d’arbres qu’on souhaite planter. Ces grands arbres sont terriblement importants”, avertit Mathias Disney.
Les pelouses synthétiques ne sont rien d'autre que du plastique sous lequel tout meurt, et qui empêche la pollinisation. Au Royaume-Uni, cette tendance pose déjà de nombreux soucis.
C'est cher, ça demande énormément d'entretien et c'est très mauvais pour l'environnement. | Adrian Curiel via Unsplash
Ça a la couleur de la paille et une texture similaire. Complètement dévitalisée, la véritable pelouse emprisonnée sous un gazon artificiel est desséchée et se brise entre les doigts. Pourquoi donc? «Parce qu'une structure du sol a besoin d'eau et d'air», explique Charlotte Howard, paysagiste et consultante en horticulture.
«Il faut que les vers et d'autres organismes puissent aller et venir depuis la surface. Ils ramènent sous terre des feuilles mortes, plein de choses qui nourrissent les sols, ainsi que de l'air. S'ils ne peuvent pas effectuer ce travail, le sol devient compact. Il n'y a ni air ni mouvement, et rien ne peut y passer. Ce n'est pas loin d'être comme du béton. Alors que la qualité des sols est primordiale à notre survie», indique-t-elle.
C'est aux États-Unis, dans les années 1960, que sont nées les pelouses artificielles. Puis, après avoir pavé les complexes sportifs où jouaient équipes de baseball et de football américain, le produit prend un air plus naturel au crépuscule du XXe siècle et sort du cadre sportif. «Mais c'est un business qui a explosé depuis les confinements, assure la paysagiste. Chez eux plus souvent, les gens devaient apprécier leurs jardins plus que d'habitude. Ils ont voulu que cela ressemble aux hôtels où ils avaient l'habitude d'aller, à Dubaï ou en Espagne.»
Ces dernières années, le mythe sarcastique du «Great British Summer», synonyme de périodes de pluie sans fin, de pulls sur les épaules, de parapluies dans le sac et de températures sous la barre des 20°C, commence à s'estomper. Cet été, la canicule n'a pas épargné le Royaume-Uni, où des températures supérieures à 40°C ont pour la première fois été enregistrées le 19 juillet. Les Britanniques passent donc de plus en plus de temps dehors et les compagnies qui font leur beurre sur la fausse pelouse annoncent, depuis 2019, des augmentations de ventes de l'ordre de 60% à 200%.
D'après Charlotte Howard, le cœur de cible serait les «jeunes familles qui aspirent à une sorte d'élévation sociale et ont un peu d'argent à dépenser». Nombre de trentenaires britanniques suivraient ainsi les recommandations d'influenceurs comme Mrs Hinch, une dame qui aime beaucoup le fond de teint et poster des clichés de sa maison «très propre, qu'elle nettoie tout le temps», tout en faisant la pub de sa propre ligne de produits d'entretien.
«Elle a fait poser une pelouse synthétique par une compagnie du nom de LazyLawn [«gazon flemmard», ndlr] et tout le monde a voulu un jardin à la Mrs Hinch», relate la paysagiste. Le gazon artificiel fait également partie intégrante des décors de Love Island, émission de téléréalité très suivie en Angleterre et comparable aux Marseillais en France.
«Pour ces gens-là, le jardinage est un truc de vieux, synthétise Charlotte Howard. C'est ringard. Ils paraissent totalement déconnectés de la nature. Ma coiffeuse est comme ça. Elle a la vingtaine et elle m'a expliqué qu'elle aime les maquillages qui ont l'air de coûter cher et qui donnent un rendu artificiel. Il s'agit de toute une catégorie de personnes qui aiment les choses fausses.»
Depuis les années 1930, 97% des prairies de fleurs sauvages ont disparu. C'est trois millions d'hectares où se nourrir en moins pour les pollinisateurs.
D'autres apprécient simplement la facilité. Notamment les jeunes parents. «De nombreuses nouvelles propriétés sont actuellement bâties avec de tous petits jardins aux mauvais sols, renseigne l'experte. Les gens ne savent pas quoi en faire.» Et c'est là que le marketing intervient: «Vous avez des enfants? Un chien? Vos vies sont fatigantes? Vous travaillez toute la journée avant d'amener les gosses au foot et à la danse? Épargnez vous la boue et le jardinage!»
Ce sont toutes ces raisons qui font que le business de la fausse pelouse est en plein boom. En 2021, il a été estimé que 8 millions de mètres carrés de gazon artificiel ont été vendus au Royaume-Uni. Et c'est peu dire que cela arrive à un moment de l'histoire loin d'être idéal: depuis les années 1930, 97% des prairies de fleurs sauvages ont disparu des campagnes anglaises et galloises.
C'est trois millions d'hectares où se nourrir en moins pour les insectes pollinisateurs, dont la population est en déclin depuis le milieu des années 1980. Or, un tiers de l'alimentation mondiale résulte de la pollinisation et certaines régions de Chine font aujourd'hui appel à de minuscules drones pour polliniser leurs fleurs. «On perd tellement de nature que les jardins individuels deviennent importants pour la faune», note ainsi Charlotte Howard. Étouffer les sols sous du plastique n'arrange rien, mais beaucoup semblent s'en moquer.
Le 6 août, une vingtaine d'activistes d'Extinction Rebellion manifestaient devant une enseigne McDonald's d'Harringay, dans le nord de Londres. Motif: la chaîne de fast-food venait de couper onze arbres afin de recouvrir le sol de gazon artificiel. Conseiller municipal à Childwall, une banlieue de Liverpool, Alan Tormey n'en revenait pas: «McDonald's a déclaré que, d'ici à 2030, le groupe aura fait en sorte de ne plus contribuer à la déforestation. Ils disent qu'ils travaillent avec des agriculteurs afin d'améliorer la santé des sols et derrière, ils vont abattre des arbres! J'ai ressenti cela comme un mensonge.»
Quelques heures plus tard, il déposait une motion au conseil municipal de sa ville, expliquant que le gazon artificiel est source de grands volumes de plastique, qu'il ne peut pas toujours être recyclé, que les microplastiques polluent le sol, qu'il a une déplorable empreinte carbone, n'apporte rien à la vie sauvage et peut surchauffer au point de devenir inutilisable.
«Un jour, alors qu'il ne faisait que 26°C, une cliente qui souhaitait retirer du gazon artificiel de chez elle a mesuré sa température, raconte ainsi Charlotte Howard. Elle grimpait à 60°C. Le plastique fond à 80°C, on en n'est pas loin! Donc, pour le refroidir, les gens l'arrosent… On nage dans l'absurde.»
Oui, c'est absurde. Surtout lorsque l'on sait que produire un mètre carré de artificial turf coûterait 3.750 litres d'eau, et la sécheresse qui a frappé l'Europe cet été n'a semble-t-il pas entendu parlé du Brexit: le 9 août, le sud-est anglais avait déjà connu cent-quarante-quatre jours avec peu ou pas de pluie en 2022, ce qui n'était pas arrivé depuis les années 1970.
Que faire? Alors que la ville de Newcastle a décidé de ne plus installer de gazon artificiel en juillet, Alan Tormey réclame, dans sa motion, une taxe sur les poses et des limitations de son utilisation, dans sa ville puis dans tout le Royaume-Uni. De son côté, Charlotte Howard propose que l'installation de gazon artificiel soit soumise à une sorte d'autorisation similaire à un permis de construire.
«Dans certaines circonstances, on peut l'autoriser. Pourquoi pas. On dit que cela peut être pratique pour certaines personnes handicapées et on peut respecter cela. Cela dit, même en cas de handicap, il y a d'autres solutions. Cela coûte environ 3.000 livres [3.400 euros, ndlr] de poser un gazon artificiel qui peut durer quinze ans. Cela coûte moins cher de payer un jardinier pour tondre de la véritable pelouse. Ou alors, laissez pousser votre pelouse! Personnellement, je n'ai tondu que trois fois cette année…»
Au Royaume-Uni, le mouvement No Mow May invite en effet villes et particuliers à laisser leurs gazons pousser durant le mois de mai, afin de laisser les plantes prospérer et ainsi offrir assez de nectar aux insectes pollinisateurs.
Après s'être heurté à un conservatisme enraciné dans des traditions obsolètes, l'idée devient de plus en plus populaire: dans certains quartiers, le mauvais voisin devient celui qui tond sa pelouse, plutôt que celui qui la laisse pousser. «On peut espérer que la mode du gazon artificiel passe vite, veut croire Charlotte Howard. Mais il faut qu'elle passe vraiment vite, si on ne veut pas se retrouver avec des millions d'hectares supplémentaires couverts de plastique vert.»
Été 2020, monoculture d’épicéas morts en Argonne, région naturelle chevauchant les départements de la Marne, des Ardennes et de la Meuse (sept. 2020). Sylvain Gaudin, CC BY-NC-ND
Car la forêt française est aujourd’hui en crise : depuis deux décennies, on assiste en effet à une mortalité croissante des peuplements forestiers et à une baisse globale de leur productivité. Si la surface boisée en France métropolitaine ne cesse de croître depuis le milieu du XIXe siècle, c’est en raison du boisement – spontané ou artificiel – de terres agricoles, car la superficie occupée par des forêts anciennes, elle, ne cesse de diminuer.
Ce « dépérissement », est généralement attribué aux modifications climatiques. Les sécheresses estivales récurrentes fragilisent les arbres et la douceur hivernale favorise les pullulations de bioagresseurs, en particulier les scolytes et les hannetons.
Le changement climatique en est sans aucun doute une cause essentielle, mais il est aussi le révélateur d’écosystèmes forestiers fragilisés par des décennies de pratiques sylvicoles focalisées sur la production de bois. Non seulement la forêt française fixe moins de carbone par unité de surface, mais l’exploitation des peuplements dépérissants induit des émissions supplémentaires de CO₂ aggravant l’effet de serre et les changements climatiques associés.
Dans un tel contexte, adapter la forêt française est plus qu’une nécessité, c’est une urgence.
Les forêts ne sont pas des champs d’arbres, mais des écosystèmes avec de multiples interactions entre les différentes composantes.
Le promeneur a tôt fait de constater que les descentes de cimes et les mortalités de masse concernent surtout des plantations monospécifiques, constituées d’arbres de même âge, correspondant souvent à des essences introduites hors de leur territoire d’indigénat.
C’est le cas de nombreuses plantations d’épicéa en plaine, tandis que les pessières naturelles d’altitude résistent plutôt bien. Les premières constituent des peuplements simplifiés sensibles aux aléas climatiques (tempêtes, sécheresses, incendies) et aux attaques de bioagresseurs (insectes, champignons…), tandis que les secondes, beaucoup plus hétérogènes et diversifiées, sont plus résilientes.
Même s’il existe une sensibilité propre à chaque essence et à chaque situation stationnelle, les impacts directs et indirects du dérèglement climatique sont modulés par l’intégrité fonctionnelle de l’écosystème forestier, qui est elle-même largement influencée par la sylviculture.
Adapter la forêt, c’est agir sur la santé de l’écosystème et non simplement remplacer des arbres mourants par d’autres. C’est un traitement de fond des causes du dépérissement qu’il faut entreprendre et non un simple traitement des symptômes. La forêt ne peut plus être réduite à ses arbres et à sa fonction de production : seule une vision écosystémique peut être salvatrice.
Le principal levier permettant d’adapter la forêt française repose sur la promotion de pratiques sylvicoles prenant davantage en compte le fonctionnement des écosystèmes forestiers dans leur ensemble ; cela pour améliorer durablement leur état de santé, leur résilience, et accroître leur capacité à séquestrer et à stocker du CO2.
D’abord, il faut réserver chaque essence à des stations présentant des conditions optimales pour elle, actuellement et en prenant en compte l’évolution modélisée du climat sur des pas de temps cohérents avec le cycle sylvicultural. Il faut aussi privilégier les peuplements mélangés (plusieurs essences) et structurellement hétérogènes (plusieurs hauteurs et formes de houppiers), de manière à renforcer la résistance aux aléas météorologiques et aux attaques de bioagresseurs.
Forêt mélangée des Vosges du Nord - sept. 2021. Evrard de Turckheim, CC BY-NC-ND
Privilégier la régénération naturelle permet d’accroître la diversité génétique soumise à la sélection naturelle et les capacités d’adaptation locale, contrairement aux plantations. Cela implique une meilleure gestion de l’équilibre sylvo-cynégétique, notamment en favorisant la végétation accompagnatrice qui protège les plants sensibles et fournit une ressource alimentaire alternative.
Il existe déjà des modes de sylviculture mettant en œuvre ces principes, comme la futaie irrégulière ou jardinée. Ce type de sylviculture n’est pas nouveau, il a été adopté depuis 2017 par l’Office national des forêts pour toutes les forêts publiques franciliennes afin d’éviter les « coupes à blanc ».
Coupe à blanc d’une parcelle de Douglas dans une forêt de l’Oise. Guillaume Decocq, CC BY-NC-ND
Face aux sécheresses récurrentes, il faut adapter la densité des peuplements au bilan hydrique de la station et préserver l’alimentation en eau des sols, y compris en limitant leur tassement.
Plus généralement, accroître la résilience des forêts nécessite de favoriser la biodiversité au sein de tous les compartiments de l’écosystème. Celle-ci est encore trop souvent perçue comme une contrainte pour le forestier, comme un obstacle à la gestion, alors même que c’est son assurance sur le long terme pour maintenir la fertilité des sols, la résistance aux bioagresseurs et, in fine, la capacité de production de bois.
Plusieurs documents de planification, comme les Plans régionaux Forêt-Bois (PRFB) considèrent un peu hâtivement que les essences indigènes ne sont plus adaptées au « nouveau » climat. Cette vision fixiste du monde vivant oublie que les essences forestières européennes ont déjà connu bien des changements climatiques (notamment un Petit Âge glaciaire et un Optimum médiéval). Pire, elle ignore nombre de travaux scientifiques récents qui mettent en lumière des capacités d’adaptation insoupçonnées des arbres.
Au moins trois ensembles de mécanismes permettent l’adaptation spontanée des arbres en environnement changeant : les mécanismes génétiques, via la sélection naturelle qui agit sur le long terme, ce qui nécessite une certaine diversité génétique ; les mécanismes épigénétiques, qui prédisposent des individus à des conditions environnementales que leurs parents ont vécues, via des marques induites capables de moduler l’expression des gènes et d’induire des mutations ; les mécanismes holobiontiques, via les symbioses issues de la co-évolution entre l’arbre et son microbiote, ce dernier contribuant à de nombreuses fonctions vitales.
Forêt mélangée dans le Sud amiénois où les épicéas sont épargnés par les attaques de scolytes - oct. 2021. Guillaume Decocq, CC BY-NC-ND
L’efficacité de ces différents mécanismes face à des changements climatiques rapides est encore mal connue, d’où l’intérêt de pouvoir observer la réponse des essences autochtones dans un contexte « naturel », c’est-à-dire hors forêt soumise à la sylviculture.
À cet égard, il est important d’augmenter les superficies d’aires forestières protégées et leur représentativité des différents contextes climatiques et des types de sols, comme souligné dans la contribution du Conseil national de la protection de la nature aux Assises de la forêt et du bois.
Ces espaces à naturalité élevée constituent non seulement des réservoirs de biodiversité préservée, mais aussi des laboratoires grandeur nature pour la compréhension de la biologie des espèces et des dynamiques forestières spontanées, indispensables à l’acquisition de références pour concevoir les itinéraires sylviculturaux de demain.
La prétendue « inadaptation » des essences autochtones justifie le recours à des essences exotiques, venant souvent d’autres continents, dont l’intérêt et l’innocuité sont plus que douteux… L’idée de privilégier les essences naturellement résistantes au stress hydrique serait séduisante, si elle ne faisait pas preuve d’une certaine amnésie (en plus de faire l’impasse sur des millions d’années d’histoire évolutive).
Car l’introduction d’essences exotiques en forêt n’est pas nouvelle. Beaucoup se sont soldées soit par des échecs d’acclimatation, soit par de graves crises écologiques : introductions accidentelles de bioagresseurs exotiques (l’actuelle épidémie de chalarose du frêne en est un exemple parmi des dizaines d’autres), invasions biologiques (le cerisier tardif, jadis vanté pour ses mérites en foresterie est devenu aujourd’hui l’ennemi du forestier), érosion de la biodiversité autochtone (les sous-bois fantomatiques de nombreuses plantations de conifères en plaine en sont un exemple criant) ; ou encore, aggravation des conséquences de certains aléas (les méga-feux que connaît la Péninsule ibérique sont étroitement liés aux plantations d’eucalyptus, très inflammables, et pourtant promues en région méditerranéenne française).
En forêt de Compiègne, invasion par le cerisier tardif - juin 200). Guillaume Decocq, CC BY-NC-ND
Une analyse détaillée de ces risques est présentée dans un livre blanc sur l’introduction d’essences exotiques en forêt, récemment publié par la Société botanique de France.
Les risques associés aux essences exotiques, difficilement prévisibles, mais réels et coûteux pour la société, justifient que les nouvelles plantations soient davantage réglementées. Celles-ci devraient faire l’objet d’une étude d’impact préalable avec analyse de risque.
Plus généralement, il est urgent d’évaluer le rapport bénéfice/risque à moyen et à long terme de ces plantations, et, dans l’attente d’une telle évaluation, de soumettre à un moratoire les mesures politiques et financières incitant leur introduction en forêt.
Cet effort indispensable pour adapter la gestion des forêts aux changements climatiques ne doit pas se limiter aux actions d’ingénierie, mais reposer sur une approche scientifique interdisciplinaire, fondée sur l’ensemble des apports récents des sciences et techniques de la conservation.
La recherche scientifique en écologie forestière en particulier est très mobilisée sur la question des impacts des changements climatiques sur la forêt et des capacités adaptatives des espèces.
Les nombreux résultats de la recherche permettraient d’appuyer les stratégies de gestion et de planification forestières sur des bases scientifiques robustes. Pourtant ces résultats sont jusqu’ici peu ou pas pris en compte par les décideurs.
La gestion durable des forêts ne peut pourtant reposer sur la seule ingénierie, tout comme elle ne peut se réduire aux seuls arbres. Agir en environnement changeant et en univers incertain suppose d’intégrer nos connaissances scientifiques dans tous les domaines, de prendre en compte l’évolution des attentes sociétales et d’actualiser les outils des ingénieurs.
Photo © Cécile Di Costanzo
Si la pandémie est venue conforter les aspirations de beaucoup à vivre plus près de la nature, la représentation que l’on se fait de cet environnement est souvent erronée, observe l’hebdomadaire catholique libéral polonais Tygodnik Powszechny.
La plupart d’entre nous n’avons pas conscience du fait que les animaux sont tout près de nous et qu’ils nous observent plus souvent que nous ne les voyons. Cependant, nous connaissons avec précision la distance dont nous voudrions être séparés d’eux : 11 kilomètres. C’est la moyenne des résultats d’une enquête conduite par l’animatrice spécialisée en environnement [et biologiste] Marta Jermaczek-Sitak sur la distance tolérée entre domicile et animaux. Avec 11 kilomètres, le castor a en réalité obtenu le meilleur score, suivi par le bison (16 kilomètres), le loup (31 kilomètres), l’ours (41 kilomètres) et enfin, la vipère péliade (52 kilomètres). Si l’on dessinait de tels rayons autour des zones d’habitation en Pologne, les animaux sauvages n’auraient plus aucune place dans le pays.
“Ces réponses révèlent un manque de connaissance de la nature, commente Marta Jermaczek-Sitak. Les castors se déplacent peu et ne menacent personne, pas même dans un rayon de centaines de mètres. En revanche, les loups peuvent parcourir des dizaines de kilomètres en une nuit.”
Néanmoins, les personnes interrogées avaient aussi déclaré vouloir laisser sans intervention humaine un cinquième du territoire national et en majorité, elles ont une appréciation positive du terme “sauvage”, associé aux forêts, au naturel, ou encore aux zones humides. Elles apprécient en outre les bénéfices de la nature pour la santé et y voient une source d’expériences spirituelles, voire de fierté patriotique.
Le renard sur le muret © Cécile Di Costanzo
“Dans le village où je vis, dans l’ouest de la Pologne, de nombreuses maisons sont construites en lisière de forêt, mais dans le même temps, la biophobie se développe, témoigne Marta Jermaczek-Sitak. On le voit notamment sur les forums de jardinage où participent des gens qui veulent vivre entourés de verdure, mais dont les principales questions portent sur la lutte contre les nuisibles.”
Ainsi, nous rêvons de quitter la ville pour élever nos enfants au plus près de la nature, mais dans les faits, nous la repoussons de toutes nos forces. Pourquoi ?
Un premier élément de réponse est qu’entre le moment de l’exode rural et celui du “retour à la nature” nous avons oublié ce que celle-ci est vraiment. Des chercheurs de l’université de Cambridge ont par exemple observé [en 2016] que des enfants britanniques de 8 ans reconnaissaient mieux les Pokémon que des espèces communes de plantes et d’animaux.
Selon l’ONU, la population urbaine s’accroît de 160 000 personnes par jour. Cela donne une mesure de notre éloignement de la nature. “‘Sauvage’ est un terme abusif, le phénomène qu’il recouvre existe surtout dans notre imagination, affirme le biologiste Piotr Tryjanowski. En réalité, notre rapport aux animaux se situe entre deux extrêmes : le câlin excessif et le fusil, tous deux causés par un manque de connaissance.”
Cela ne se limite pas aux habitants des villes. Ainsi, c’est dans les pâturages que le rapport au loup suscite les émotions les plus vives. D’un côté, certaines organisations écologistes les décrivent comme des quasi-végétariens tandis que de l’autre, les éleveurs rechignent à investir en clôtures et en chiens de protection, encourageant les attaques d’animaux sauvages. “De nombreux agriculteurs font preuve d’un économisme extrême et veulent cultiver chaque mètre carré de terre. Si nous plantons des betteraves ou du maïs en lisière de forêt, nous encourageons les animaux à venir se servir. Les restes d’aliments aux abords des maisons sont aussi perçus comme des invitations”, ajoute le chercheur.
Une des solutions possibles consiste à traiter ces conflits localement. En Roumanie et en Slovaquie, l’installation de poubelles fermées a mis fin aux visites d’ours dans les villages. En République tchèque, le déploiement de chiens de protection a permis de réduire le niveau de stress des moutons, les pertes, et les griefs adressés à la nature.
Un deuxième élément de réponse a trait à nos attentes irréalistes, qui compliquent la relation au sauvage. La sociologue Dorota Rancew-Sikora explique que nous divisons les animaux entre ceux de compagnie, qui vivent selon les normes humaines, les animaux utilitaires neutres et les animaux sauvages. Cette dernière catégorie recouvre aussi les animaux qui ne répondent pas à nos attentes et deviennent problématiques, comme les chiens agressifs et les chats errants.
“Nous nous enfermons dans l’artificiel et le chaud”
“Un chien élevé pour s’adapter à nos normes sociales pourra être traité comme un membre de notre monde. En revanche, même domestiques, les araignées et les poissons sont incapables de satisfaire à cette condition et sont donc tenus à l’écart. Au bout de l’échelle se trouve la nature sauvage, qui se compose d’individus inadaptés à nos foyers. Dans cette sphère, nous sommes exposés à l’inconfort, parfois à l’inquiétude et à la douleur, parce que nous pouvons trébucher ou être griffés, mordus”, explique la sociologue.
Pour les écologistes, c’est un défi de communication publique. Le monde sauvage devrait survivre dans sa forme “inhumaine”, impersonnelle, mais pour les associations de protection de l’environnement, cette cause est plus difficile à défendre que le bien-être animal souvent incarné dans les médias par un individu concret et paré d’attributs “humains”, comme un prénom.
Le renard et le jouet © Cécile Di Costanzo
“Le monde sauvage est froid, rugueux, poilu, reprend Marta Jermaczek-Sitak, mais nous, nous nous enfermons dans l’artificiel et le chaud, parmi des objets que nous choisissons nous-mêmes. Je pense que nous nous éloignons de plus en plus de toute autre forme de vie, pas seulement des ours, des moustiques ou des crapauds, mais aussi des autres gens. Nous commençons même à être dérangés par leur odeur.”
En Pologne, les animaux sauvages représentent rarement une menace pour l’homme. Néanmoins, ils font peur, et le plus effrayant n’est ni le loup, ni l’ours, ni même la vipère péliade [seule espèce de serpent venimeux répertoriée dans le pays], mais la minuscule tique, devenue l’antihéros de campagnes de prévention contre des pathologies comme la maladie de Lyme. Ces dernières années, sa population a beaucoup augmenté, et à certains moments de l’année, la proportion d’individus porteurs de pathogènes peut atteindre [une forte proportion de la population].
Si l’existence du problème n’est donc pas contestée, on peut se demander où s’arrête la prudence requise et où commence la peur généralisée et irrationnelle, comme le constate Marta Jermaczek-Sitak chez certains parents d’enfants qui participent à ses classes vertes. “Avant de les laisser jouer dans les champs, ils les aspergent de répulsifs, les équipent d’appareils à ultrasons, les habillent comme s’ils partaient à la guerre. Cela leur laisse peu d’espace pour qu’ils découvrent par eux-mêmes les menaces”, regrette-t-elle.
Érigée en exemple, la Finlande fait débuter l’apprentissage de la cohabitation avec la nature dès l’école maternelle. Habillés contre la pluie et le froid, les enfants peuvent passer des heures à l’extérieur, de façon relativement autonome, et nouent ainsi un lien direct avec la nature.
Trop souvent, nous projetons sur nos enfants notre propre peur du monde sauvage. “Korczak [un célèbre pédagogue polonais de la première moitié du xxe siècle] encourageait à accepter le fait que les enfants pouvaient avoir des expériences désagréables, voire qu’ils puissent mourir. Évidemment, c’est une approche radicale, mais sans exposer les enfants à des dangers, il est possible de leur donner la possibilité de vivre des choses par eux-mêmes. En Pologne, les décès de personnes causés par le monde sauvage sont extrêmement rares, mais la mort est omniprésente dans la nature, ce que nous avons tendance à nier”, estime Dorota Rancew-Sikora.
Il y a encore quelques décennies, des gens pouvaient vivre sous un même toit avec leurs animaux de ferme. Aujourd’hui, dans de nombreux villages, il n’y a plus une poule. Les maisons se sont embellies, les habitants veillent à ce qu’il n’y ait pas la moindre mousse entre les pavés, les gazons sont tondus tous les samedis. Cette évolution est la même que dans les pays occidentaux au siècle précédent. Quand il est question d’industrialisation, de grandes cultures, d’élevages intensifs et de villages habités par des gens des villes, les économistes parlent de “développement” et de “progrès”, mais les biologistes, d’“extinction massive”.
L’une des conséquences de ces transformations d’écosystèmes est la migration des animaux en direction des bordures des villes. “Ce ne sont plus les attaques d’animaux sauvages contre les animaux de ferme, mais les accidents sur les routes qui deviennent le principal sujet de préoccupation. Rien qu’à Poznan [une grande ville de l’Ouest], en 2019, il y a eu plusieurs centaines de cas de collision entre voitures et sangliers, signale Piotr Tryjanowski. L’autre défi, ce sont les zoonoses, c’est-à-dire les maladies transmissibles entre l’homme et l’animal. Les animaux sauvages sont des réservoirs de pathogènes et de parasites. Même quand ils ne mordent pas, il suffit qu’ils laissent des excréments. Et ce n’est que le début d’une longue liste de menaces, qui résultent moins du caractère de la nature que des changements introduits par l’homme.”
Marcin Żyła
Depuis 2017, l'industrie de pelouse synthétique a déclaré une croissance de 15% aux États-Unis, pour un total de plus de 24 millions de mètres carrés installés dans les jardins américains à la mi-2020. Au vu de ce succès, des journalistes du New York Times se sont lancés dans la comparaison des dernières offres disponibles sur internet pour recommander les meilleurs faux gazons. Avant de réaliser que le sujet méritait une enquête.
À qui est-ce destiné? Quels sont les coûts et l'entretien nécessaire? Quels impacts ont-ils sur la santé et l'environnement? Les journalistes ont rédigé un très long guide expliquant tout ce qu'il faut savoir sur le faux gazon, mais surtout pourquoi il ne faut pas en installer dans son jardin. Grâce à de nombreuses sources étudiées et interviews menées, ils ont percé à jour toutes les contradictions du faux gazon.
À première vue, la pelouse synthétique présente de nombreux avantages qui attirent les clients et les poussent à en acheter: elles est réaliste, demande peu d'entretien et permet de faire des économies d'eau. Ceux qui ont multiplié les efforts pour faire pousser de l'herbe naturelle sans y parvenir peuvent aussi être séduits.
Mais les journalistes ont adopté une vision de long terme, et ont essayé de calculer la durée de vie du faux gazon. En observant ceux installés durant la dernière décennie et en examinant les différentes garanties proposées par chaque marque, ils en ont déduit que les rouleaux de gazon artificiel avaient une durée de vie d'environ dix ans. «Nous ne pensons pas que ce soit un excellent investissement à long terme, surtout en comparaison des alternatives d'aménagement paysager plus durables», écrivent-ils.
D'autant plus que d'autres dépenses sont à prendre en compte, en plus des simples rouleaux. Frais de transport et d'installation lors de l'achat, entretien dû à la chaleur ou à l'odeur liée aux animaux qui se soulagent dessus, installations supplémentaires pour éviter que des bêtes se nichent dedans... Le faux gazon exige beaucoup d'argent et de temps, avec notamment des ratissages et remplissages réguliers.
«Des préoccupations environnementales majeures sont une autre raison pour lesquelles nous ne pouvons pas le recommander», poursuivent les journalistes. En effet, l'industrie du gazon synthétique présente ses produits comme durables, mais l'enquête prouve le contraire. Par exemple, une étude menée sur la pollution des sols en Suède montre que les terrains de sport en gazon artificiel sont les deuxièmes contributeurs de microplastiques dans les cours d'eau. Quant à l'argument de l'économie d'eau mis en avant par l'industrie, Jaimes Baird, horticulteur, répond: «L'herbe naturelle ne gaspille pas d'eau; ce sont les gens et les systèmes d'irrigation défectueux qui en gaspillent!» De plus, s'il s'agit du seul argument pour ne pas faire pousser de l'herbe naturelle, il existe encore d'autres alternatives à la fausse pelouse. «À part peut-être pour les stades de foot, je ne vois pas de réel avantage au gazon artificiel», ajoute Jaimes Baird.
Même sur ce dernier argument, les journalistes sont sceptiques. Des chercheurs en médecine sportive étudiant les dossiers médicaux d'athlètes de haut niveau de l'Ohio lors de la saison 2017-2018 ont constaté qu'en moyenne, les sportifs étaient 58% plus susceptibles de se blesser sur du gazon artificiel que sur de la pelouse naturelle.
On a souvent tendance à opposer la diversité des cultures, fruit de l’intarissable imagination créatrice de l’humanité, à « la » nature, qui serait une réalité univoque et objective.
Toutefois, l’idée même de nature varie dans le temps et l’espace, et ces variations conditionnent notre rapport au monde.
Disons d’abord que les différentes cultures n’envisagent pas la nature de la même manière : si l’on traduit le mot européen d’origine latine « nature » dans d’autres langues du monde, ses soi-disants équivalents – zì rán en chinois, tabî’a en arabe, prakṛti en hindi… – sont tous porteurs d’un bagage étymologique, sémantique, culturel et philosophique qui en fait des concepts bien distincts.
Ainsi, la traduction donne l’illusion d’une correspondance là où il n’y a en fait qu’une analogie plus ou moins vague.
Au sein d’une même culture, les concepts évoluent au cours du temps et des écoles de pensée ; ce que l’on nomme aujourd’hui « nature » en se prévalant d’Aristote, Descartes ou Darwin, n’a plus vraiment de rapport avec ce que ces auteurs entendaient par ce mot.
Il y a donc bien des manières d’appréhender la nature. Quelles sont les implications politiques de cette pluralité ?
Dans cette diversité, une représentation particulière de la nature est aujourd’hui souvent critiquée – et parfois caricaturée – par toute une génération de penseurs, dans le sillage de Philippe Descola et de Bruno Latour, en passant par la deep ecology d’Arne Naess.
Il s’agit de la nature vue comme opposée à l’humain (et donc à l’esprit, au politique, à l’histoire), une nature matérielle, passive et radicalement extérieure à nous.
Cette nature est appelée « naturaliste » ou « moderne » par ces auteurs, car elle semble typiquement occidentale : on l’envisage comme un simple réservoir de matières premières, que l’on vient exploiter ou contempler, mais toujours dans l’idée que les humains et leurs sociétés n’en font pas partie, se développant de leur côté, dans des espaces urbains ou agricoles qui relèveraient exclusivement de la « culture ».
Mais cette vision est-elle aussi hégémonique qu’on le croit ?
En fait, l’écrasante majorité des définitions de la nature, qu’on les cherche dans l’histoire occidentale ou dans les autres cultures, tend plutôt à inclure les humains dans la nature, et à voir dans celle-ci un processus créatif qui nous embrasse plutôt qu’un ensemble matériel inerte.
C’était d’ailleurs le cas dans la Grèce antique, où la phusis est un principe créateur de développement, dont l’humanité fait partie intégrante.
On retrouve une idée similaire dans l’étymologie de ses équivalents au sein de nombreuses langues, comme l’hindi prakṛti (qui signifie « prolifération »), le slave priroda (« génération »), le hongrois természet (« poussée végétale »), ou encore le finnois luonto (« puissance occulte »).
Finalement, seul le terme sémitique tabî’a (« marque imprimée ») exprime explicitement une vision fixiste et passive de la nature, qui semble très liée au monothéisme. Une vision très minoritaire, donc, mais qui a connu à travers les religions abrahamiques une extraordinaire expansion.
Cette définition de la nature comme ensemble extérieur et fixe a été historiquement mobilisée dans le cadre de la protection de la nature, calquée au XIXe siècle sur la protection du patrimoine ; on parlait alors souvent de la protection des « monuments naturels », ancêtre du concept de « patrimoine naturel ».
Dans cette optique, la protection de la nature devait adopter les techniques et buts de la conservation du patrimoine historique : entretenir un objet dans un état déterminé pour empêcher sa dégradation (toute évolution étant perçue comme telle), qu’il s’agisse d’une cathédrale ou d’une montagne.
On trouve cette vision chez les premiers conservationnistes américains de la génération de John Muir (1838-1914), et jusqu’à Aldo Leopold (1887-1948) ; l’objectif est de limiter les excès de la société industrielle, en la contraignant à laisser quelques espaces dans leur aspect initial tandis que l’exploitation se déchaîne ailleurs.
La rapidité avec laquelle les grands espaces de l’Amérique des pionniers disparaissaient alors sous la dent des promoteurs a motivé ces militants à conserver çà et là, en marge de l’exploitation galopante, des « ruines » de ce temps révolu de l’Amérique sauvage, vestiges d’une période mythique bientôt glorifiée dans la littérature – par James Fenimore Cooper notamment – puis plus tard le cinéma. La logique est ouvertement la même qu’avec les vestiges antiques de la vieille Europe.
Mais c’est aussi une vision qui n’a pratiquement de sens qu’en Amérique, où la colonisation a entraîné une conquête brutale, accompagnée par une idéologie créationniste qui suggère que les paysages sauvages ainsi consommés étaient demeurés intacts depuis l’origine du monde.
Cette conception d’une nature « mise sous cloche » a largement triomphé pendant une large partie du XXe siècle : on appelle ce courant le « préservationnisme », qui cherche à maintenir des zones préservées de toute activité humaine, dans un état qu’on voudrait croire « vierge ».
Il s’est opposé au « conservationnisme », compris comme usage rationnel et durable des ressources biologiques, en particulier le bois qui demeure jusqu’à la Seconde Guerre mondiale une ressource stratégique. Gifford Pinchot, créateur du US Forestry Service, en fut aux États-Unis le symbole.
Ce sont donc déjà deux conceptions de la nature, et de sa protection, qui s’affrontent : l’une qui pense la nature pour l’être humain, et une autre qui pense humanité et nature comme deux mondes séparés.
En Europe, l’analyse que Martin Heidegger propose d’un barrage sur le Rhin, dans la Question de la technique (1954), confronte également deux conceptions de la nature qui épousent en partie cette dichotomie.
La nature – ici, le fleuve – est conçue d’une part comme un processus sauvage doté d’une agence propre, et d’autre part, sous l’angle du barrage, comme un « stock » permettant d’extraire de l’énergie.
La « nature » comme stock de ressources susceptible d’être réarrangé et réorganisé pour son exploitation se trouve justifiée sur le plan philosophique par Descartes, pour qui la nature existait partes extra partes : en parties étrangères les unes aux autres, et inanimées. Descartes défendait d’ailleurs l’idée que les animaux sont analogues à des machines : la nature est pour les cartésiens un grand mécanisme.
C’est encore de cette manière que les sciences de l’ingénieur – et partant de là, l’industrie – envisagent le monde. De fait, c’est sur la base de ce paradigme qu’elles ont transformé notre milieu de vie.
Cette conception « extractiviste » ou « productiviste » de la nature, vue comme ensemble de ressources inertes à « valoriser », est régulièrement prise à partie par l’écologisme, qui pour sa part cherche à replacer l’humain dans une nature envisagée comme un système complexe et dynamique, dont l’équilibre se trouve menacé par une exploitation aveugle à son fonctionnement subtil.
Si le socialisme s’est fixé pour but de combattre les ravages du paradigme industriel qui traite les humains comme des machines, l’écologisme fait de même avec la nature.
Car si la vision productiviste de la nature s’applique superficiellement bien aux ressources inanimées, qui forment l’essentiel de notre contact quotidien avec la nature, sous une forme transformée – plastiques (pétrole), béton (sable, calcaire), métaux (minerais), etc. – elle s’applique moins bien au vivant, dans la mesure où celui-ci est animé et inclus dans un réseau d’interactions, et ne peut être aisément manipulé sans entraîner des conséquences en chaîne qui dépassent souvent leur instigateur.
Pourtant, l’approche réductionniste (où la vie n’est envisagée que comme un phénomène physico-chimique), qui est souvent celle des sciences de laboratoire, demeure aussi celle de l’agriculture industrielle, qui peine à penser les conséquences indirectes de ses pratiques dans le temps et l’espace.
Cette approche est aussi à l’origine des limites de ce modèle : une agriculture qui extermine la biodiversité et détruit les sols ; sols qui, en dépit d’apports d’intrants toujours plus nombreux, finissent par se minéraliser et perdre leur fertilité…
Certains acteurs sociaux, à l’image de la Confédération paysanne, sont porteurs d’une autre vision, dans laquelle les vivants (humains ou non) coexistent, coévoluent.
Sur le plan des idées, il s’agit de développer une écologie de la réconciliation, qui à l’instar des cultures non européennes replace l’humanité au cœur d’une nature parcourue de dynamiques, plutôt que face à un stock inerte comme l’Occident se l’est trop longtemps représentée.
Loin d’un retour en arrière, l’écologie propose plutôt une nouvelle synthèse.
Serge Moscovici, l’un des fondateurs de l’écologisme français, affirmait déjà dans les années 1960 que c’est la vision productiviste de la nature qui a donné naissance à l’écologie scientifique, et non l’inverse.
L’écologie scientifique procède en effet en cherchant à mettre la nature en équations, pour la penser non plus comme un ensemble de stocks, mais comme un système de flux dynamiques en interconnexion permanente.
Il estime que toutes les civilisations déterminent des « états de nature » différenciés, ce qui explique que ce qu’elles nomment « nature » ne soit jamais identique ; dans la société industrielle, le poulet devient l’oiseau le plus répandu sur Terre…
Ces diverses conceptions de la nature cohabitent ou s’excluent selon les cas, et sont inscrites dans une succession qui suit l’évolution de la société et des défis qui s’opposent à elle – du point de vue ontologique, le vivant est à la fois vie, chimie et mécanisme.
Les raisons de mettre l’un ou l’autre en avant sont épistémiques, mais aussi éthiques : à partir du moment où l’humanité en fait intimement partie, la nature doit-elle être traitée simplement comme un moyen, ou aussi comme une fin en soi, pour reprendre la célèbre formule de Kant ?
Il est toutefois facile de comprendre pourquoi la définition mécaniste domine : elle reflète la majeure partie de nos interactions quotidiennes avec la nature, et c’est celle qui profite à l’économie industrielle.
Mais, on le constate quotidiennement, limiter notre vision du monde à une rationalité économique à court terme ne profite à personne et, au final, pas même à l’économie…
Envoyez-nous une photo prise durant tout le mois de mai, de la faune, de la flore ou d'un paysage du Revest, accompagnée d'un court texte : légende, poème, texte indicatif.
Nous réaliserons un album singulier de ces visions plurielles.
A travers mille et un regards © Cécile Di Costanzo pour les Amis du Vieux Revest
Adressez-nous votre photo (jpeg, png) et son texte (doc, docx, odt) séparément ou déjà associés : avr.loisiretculture@gmail.com
Renseignements complémentaires : Marie-Hélène au 06 20 95 21 88
Pour en savoir plus sur l'édition 2021 de la Fête de la Nature https://fetedelanature.com/edition-2021
L’Autorité environnementale réclame à la Ville de Toulon et à la Métropole TPM des "précisions" sur leur chantier de mise en sécurité et de confortement du Faron, et ses incidences sur la biodiversité.
Par Mathieu Dalaine - Var Matin - 13 avril 2021
Vingt-cinq millions d’euros d’investissement et dix-neuf opérations pour quinze ans de travaux: en trois chiffres, voici résumée l’importance du chantier de mise en sécurité et de confortement du mont Faron, porté par la Ville et la Métropole. Si l’intérêt de ce projet reste "incontestable" pour éviter d’exposer quelque 465 logements à l’instabilité rocheuse, l’Autorité environnementale vient de rendre un avis plutôt critique sur la manière dont il est présenté par les collectivités.
Pour "l’AE", nombre de "précisions" manquent ainsi sur la prise en compte de l’environnement par le projet, et "notamment sur les mesures d’évitement, de réduction et de compensation" à mettre en place sur les pentes du poumon vert toulonnais. Sans non plus se faire alarmiste, l’entité indépendante invite TPM et à la municipalité à apporter plus de "réponses concrètes" concernant la protection de la biodiversité.
Parmi ces recommandations, l'Autorité environnementale souhaiterait que les incidences du projet sur l'aigle de Bonelli, dont le Faron pourrait être un territoire de chasse, soient examinées de plus près. Pour TPM et la Ville, elles sont "faibles", l'espèce protégée ne fréquentant que très peu le massif. "Cette conclusion nécessite d'être vérifiée en adoptant pour l'aigle le suivi prévu pour l'avifaune significativement affectée par le projet", précise l'avis de l'Autorité environnementale.
Toujours selon ce document, l'impact des opérations d'héliportage sur la biodiversité mériterait d'être mieux documenté. En outre, "l'AE recommande d'évaluer la vulnérabilité du projet au changement climatique (augmentation de l'intensité des événements météorologiques exceptionnels, Ndlr) et de présenter les mesures prises pour la diminuer."
Un "descriptif précis du suivi déjà mis en œuvre et de ses résultats" pour les éventuelles incidences du projet (dont quelques opérations ont démarré) sur les oiseaux protégés manquerait également à l'appel. Le hibou grand-duc, potentiellement impacté par le chantier, doit bénéficier d'un "suivi renforcé", expertises à l'appui, "afin qu'il soit à la hauteur des enjeux."
D'autres critiques sont encore émises sur cette étude d'impact présentée par TPM. Est souligné par exemple un calendrier des travaux "pas à jour", des justifications insuffisantes concernant certains choix techniques ou l'absence "d'un retour d'expérience des sic opérations déjà réalisées ou en cours." Bref, s'il faut relativiser l'acuité de ces remarques, qui portent beaucoup sur des points de détail, elles auront sans doute le mérite d'améliorer encore le dossier technique du projet ... fort de 3600 pages.
De leur côté, la Métropole et la Ville assurent en effet "étudier ces recommandations", mais rappellent que cet "avis de l'autorité environnementale ne s'oppose aucunement au projet de sécuriser le mont Faron." Destravaux qui sont d'ailleurs effectués de septembre à décembre "pour laisser la faune et la flore dans des conditions optimales". Au total, les maîtres d'ouvrage consacrent 1,7 million d'euros aux mesures environnementales.
Un avis "ni favorable ni défavorable"
Le projet de mise en sécurité du Faron, dont la majorité des travaux sont situés en site classé et Natura 2000, requiert de nombreuses autorisations administratives. Une partie a déjà été obtenue. Reste à la Métropole TPM à valider une déclaration d'utilité publique pour pouvoir faire procéder aux travaux, mettre en œuvre les mesures compensatoires et maintenir le réseau de surveillance des falaises (notamment via des expropriations ; l'ensemble des démarches de procédure à l'amiable pour pouvoir intervenir n'ayant pas trouvé d'issue favorable.)
C'est à l'occasion de cette demande que l'Autorité environnementale, "autorité de l'État compétente en matière d'environnement", émanation du Conseil général de l'environnement et du développement durable, intervient. Elle rend un avis sur "la qualité de l'étude d'impact" présentée par TPM et sur "la prise en compte de l'environnement par le projet". "Ni favorable, ni défavorable, cet avis doit permettre d'améliorer le dossier et l'information à la population, avant une enquête publique prévue cet été.
Le mont Faron est un "caillou" qui connait une importante instabilité rocheuse, menaçant la sécurité de zones habitées. Ainsi, environ 2830 habitants sont exposés au risque de chute de pierres et de destruction de leur logement, ou concernés par le risque de rupture d'une canalisation d'eau potable en cas de chute de blocs en surplomb. Dans ces zones "très exposées", la réalisation de nouveaux logements est strictement interdite. Surveillé comme le lait sur le feu par des capteurs sismiques ou des photos ultra-précises des falaises, le Faron doit donc faire l'objet de travaux de confortement pour prévenir les risques de mouvement de terrain. Dix-neuf sites ont été identifiés où filets, merlons et autres grillages doivent être mis en place afin de protéger biens et populations. Les travaux, commencés en 2018 pour raison d'urgence, pourraient se dérouler jusqu'en 2032. Une poignée d'interventions a déjà été réalisée.
Non, il n'ya pas que des sangliers, des geais et des écureuils sur les pentes du Faron ! Parmi cette faune "riche et variée" qui fréquente le mont, plusieurs animaux sont mêmes protégés au titre de la réglementation nationale. C'est le cas de certains oiseaux répertoriés sur le poumon vert toulonnais et qui peuvent être plus ou moins affectés par le projet. Citons le hibou grand-duc, le faucon pèlerin, la fauvette pitchou, le crave à bec rouge, le monticole bleu ou l'engoulevent d'Europe. Quant à l'aigle de Bonelli, dont on sait qu'un couple habite à proximité (mont Caume), il viendrait y chasser de temps en temps. D'autres espèces représentent "un enjeu modéré ou fort" : le lézard ocellé, par exemple, ainsi qu'une dizaine d'espèces de chauve-souris, dont quatre peuvent être impactées par les travaux. Tous ces individus sont suivis. Des mesures d'évitement, de réduction et de compensation (restauration d'autres sites en limitant leur fréquentation, création d'abris, opérations de génie écologiques...) relatives aux incidences du projet sur la biodiversité sont ou vont être mises en place.
A noter, concernant les végétaux, que le mont Faron abrite également 12 espèces protégées à l'échelle régionale ou nationale, dont deux (choux de Robert et lavatère maritime) feront l'objet de dispositifs compensatoires.
Dans la presse ce matin, il y a des hommes qui font la pluie et le beau temps et on ne pensait pas lire ça dans Philosophie Magazine, qui nous raconte une scène observée plusieurs fois en Saône-et-Loire. Après des semaines de sécheresse, des nuages sombres s'amassent enfin dans le ciel. Le vent se lève, les oiseaux se taisent, c'est sûr, ça va craquer. Et puis d'un coup, comme par magie, les cumulonimbus se désagrègent, la lumière revient.
Il n'est pas tombé une goutte. L'orage était là, et c'est comme s'il avait été aspiré. Parlez-en aux éleveurs, ils vous disent: "Ben oui, avec tout l'iodure d'argent qu'ils balancent dans l'atmosphère, il ne pleut plus. Moi je n'ai plus de fourrage". De l'iodure d'argent? "Bah oui", dit l'éleveur, "à cause de leurs générateurs. Bien sûr qu'en France on bricole la météo ! C'est officiel, tapez ANELFA sur Google, vous verrez".
De fait, il existe bien une Association nationale d'étude et de lutte contre les fléaux atmosphériques. L'ANELFA, fondée en 1951 par des agriculteurs, des agronomes, des physiciens et des élus. Leur objectif : réduire les dégâts causés par la grêle et éliminer les orages. Aujourd'hui, on compte plus de 800 stations anti-grêle dans toute la France, surtout dans les régions viticoles. Ceux qui paient sont ceux qui en ont besoin, les chambres d'agriculture, les assureurs, et aussi les communes et les départements.
Pour tuer la grêle, il faut donc envoyer dans l'atmosphère de l'iodure d'argent, ce qui casse le processus de formation des grêlons. C'est ce qu'on appelle l'ensemencement des nuages. Le sorcier des cumulonimbus s'appelle Jean Dessens, physicien de l'atmosphère à Toulouse, comme son père qui a fondé l'Anelfa. Il est formel, l'iodure d'argent, c'est cher. Donc on l'utilise en petite quantité, et donc ce n'est pas toxique.
Certains scientifiques restent sceptiques, comme Jean Grizard, retraité de l'Institut National de la Recherche Agronomique. Pour lui, il y a forcément des retombées qui contaminent l'air et les écosystèmes. Et même une dégradation des particules qui deviennent alors aussi dangereuses que le mercure. Il faudrait des études indépendantes, mais vu les quantités utilisées, elles ne sont pas obligatoires.
L'autre débat, c'est la sécheresse, éloigner la pluie quand on se désole de la sécheresse et du réchauffement climatique, est-ce bien raisonnable ? Accusation injustifiée, assure Jean Dessens. On ne diminue que de 1% la masse d'eau présente dans les nuages". Réponse de Jean Grizard: "Les agriculteurs sont d'excellents observateurs de la nature, on devrait les écouter".
Michel est éleveur, il fait des relevés de pluviométrie depuis des années. "Depuis que les générateurs fonctionnent, dit-il, les mois d'été, on est passé de 350 à 200 litres par mètre carré, pour nous, c'est désastreux". Michel a été démarché il y a trois ans par un vigneron et un technicien de l'Anelfa. "On s'était seulement parlé. Quelques jours plus tard, un camion arrive dans ma cour avec un sigle 'produits dangereux'. Il voulait m'en laisser 200 litres. Le chauffeur m'a expliqué que c'était juste très inflammable. Là j'ai tiqué. On a essayé de me forcer la main. Ils m'ont envoyé ces produits sans contrat, sans garantie". Sans compensation, aussi. "C'est du bénévolat", dit Michel, "ils m'ont seulement promis que j'aurai un repas annuel et une caisse de vin".
Autre son de cloche avec Serge, pépiniériste dans le Lot et Garonne. Un département qui a perdu plusieurs récoltes avant de se tourner vers les générateurs de l'Anelfa.. "Il y a entre 10 et 15 alertes par an", dit-il, "mais depuis six ans, nous n'avons plus perdu de raisin, les générateurs ont été hyper efficaces. Pour un coût dérisoire, 50 centimes par hectare. Les viticulteurs sont contents, les automobilistes aussi". Pour la sécheresse, ils se sont organisés, ils ont créé des retenues d'eau et des lacs. "On peut tenir toute la saison avec nos pompes, on ne dépend pas des nuages".
Et c'est là que le problème devient politique, et même philosophique. Est-ce qu'on peut changer le temps qu'il fait juste parce que ça nous arrange ? À qui appartient le ciel ? Pour la réponse, rendez-vous donc dans Philosophie Magazine.
Communes, communautés d'agglomération ou métropoles, c'est le moment de déposer votre programme d'actions pour l'amélioration, la préservation de la biodiversité sur votre territoire. À la clé, si vous êtes retenus par le jury d'experts, un accompagnement par l'Agence régionale pour la biodiversité et l'environnement, notamment dans l'obtention de prérequis facilitant certains financements publics.
Le dispositif est national et la région Sud en force.
Piloté par l’Office français de la biodiversité, l’Agence de l’eau, la DREAL (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement) et la région Sud, il est destiné aux communes, communautés de communes, communautés d’agglomération et métropoles, qui souhaitent mettre en place des actions pour préserver la biodiversité sur leur territoire.
1.000 seront ainsi accompagnées d’ici 2022 pour devenir "Territoires engagés pour la nature" (TEN).
Notons que le palmarès de l'édition 2019 a mis en avant l'engouement de la région Sud pour la thématique, avec 27 métropoles, communautés d'agglomération ou de communes nommées TEN par l'Agence régionale pour la biodiversité et l'environnement qui anime l'opération. Ce qui fait de la région Sud, la première au national en nombre de territoires engagés!
Candidatures à déposer avant le 31 décembre 2020 sur https://territoires-durables-paca.org.
Regards sur la forêt
Texte rédigé par les membres fondateurs du Réseau pour les Alternatives Forestières (RAF)
La forêt est avant tout un organisme vivant, qui entretient son équilibre par une dynamique complexe mêlant la vie à la mort, la symbiose et la coopération à la prédation et au parasitisme. En permanence exposée à la puissance des éléments (vent, feu, eau, terre), la forêt en bonne santé s’adapte, revient perpétuellement à un état d’équilibre.
La forêt a précédé l’humain et ses cultures. Elle a été la source de la fertilité des sols qui le nourrissent. Elle abrite plus d’un million d’espèces vivantes. En chaque lieu, une myriade d’individus en interaction travaille sans relâche pour la beauté et la pérennité de ce milieu. La forêt joue un rôle de régulation irremplaçable dans l’équilibre des écosystèmes, du paysage et du climat. L’Homme a besoin d’elle alors qu’elle n’a pas besoin de lui.
Refuge pour les humains comme pour la faune et la flore sauvages, elle apaise, inspire, reconnecte à l’essentiel. On y perçoit l’emprise du temps et la force de la nature, qui invitent à l’humilité. C’est aussi un espace étranger, un territoire stimulant l’imaginaire. Sa lisière marque la limite entre le sauvage et le civilisé. Elle abrite les rêves autant qu’elle alimente les peurs, et endosse le besoin des hommes de maîtriser le sauvage.
De la Préhistoire à nos jours, elle a été le théâtre des relations entre la nature et les besoins humains essentiels, et source de leur satisfaction. Tour à tour vénérée et saccagée, elle a permis les conquêtes navales, protégé les villages des envahisseurs, porté les toitures et chauffé les maisons, alimenté les bêtes et les gens Elle peut devenir l’appui d’une économie ajustant le mode de vie aux capacités de régénération des ressources naturelles.
Pour les membres du RAF, la forêt et ses composantes ne sont pas des marchandises. L’idée de pouvoir dominer la nature est un leurre et l’Homme n’a d’autre choix que de composer avec elle.
De Würm à nos jours, l’empreinte de l’homme a marqué l’évolution des forêts à travers l’histoire.
Article paru dans Nature & Progrès n°98 et dans Silence n° 428
Auteur : Gaëtan du Bus, gestionnaire forestier indépendant et initiateur du RAF
La forêt française n’est pas si immuable et naturelle qu’on le croit. Les évènements climatiques et géologiques l’ont façonnée et l’histoire de nos sociétés y laisse des traces indélébiles. Après avoir couvert plus de la moitié de la surface de notre pays cinq mille ans avant JC, elle s’est vue réduite à 8% du territoire vers 1830 sous l’effet des défrichements qu’imposait la croissance démographique. Puis, grâce aux coupes régulières de taillis, la forêt est devenue la première source d’énergie du développement industriel. Forges, verreries et tanneries s’y alimentaient en bois et écorces, tandis que les fournils, cheminées et cuisinières continuaient à consommer chaque jour leur pesant de bois et que litières, feuilles et humus servaient aux bêtes et aux potagers. La forêt n’avait alors un faciès “naturel” qu’au large des bourgs, dans les espaces voués à la chasse que seigneurs puis notables voulaient majestueux et réservés aux besoins de la nation et de ses élites.
Si le charbon minéral et le pétrole ont réduit la pression sur les forêts, c’est surtout le plafond démographique et l’exode rural qui ont entraîné le regain de la forêt française. D’abord naturel sous forme de friches et de recrus spontanés, ce renouveau s’est accéléré après la seconde guerre mondiale sous l’effet des vastes reboisements résineux financés par le Fonds Forestier National. Aujourd’hui, la forêt française occupe près d’un tiers du territoire : pourquoi s’en inquiéter alors ?
D’abord, parce que ce retour de 8 à 29 % de couverture forestière s’est surtout fait au profit de plantations d’épicéa, douglas et pins en monocultures. Et que dans certaines régions, on remplace encore des forêts mélangées par des monocultures de conifères. Couvrir le territoire de plantations ne suffit pas à remplir les multiples rôles écologiques et sociaux de la forêt, de même que l’agriculture d’un pays ne s’apprécie pas à la surface de ses terres agricoles. Les demandes de la société envers les forêts, les logiques qui dirigent la gestion de ces espaces et les techniques d’exploitation du bois ont profondément évolué. A tel point qu’aujourd’hui, les forêts françaises sont sérieusement menacées, comme le fait savoir le collectif SOS forêts né en 2011 de la collaboration entre forestiers de terrain et associations.
En 2009, quelques mois après la tempête Klaus qui abat en une nuit 42 millions de m3 de bois, Nicolas Sarkozy déclare à Urmatt (67) qu’il est temps de « mobiliser plus de bois ». Il promet de doubler à terme la récolte, en commençant par l’augmenter de 50% en dix ans. Notre forêt en expansion serait tant surcapitalisée et sous-exploitée, que le CNPF (Centre National de la Propriété Forestière) n’hésite pas à écrire : « Le volume sur pied de la forêt française atteint des chiffres jugés dangereux pour sa stabilité et sa bonne santé ». Depuis, l’IFN (Inventaire Forestier National) a reconnu que les chiffres servant à justifier cette “sous-exploitation” étaient erronés. Mais, cette manipulation médiatique sans fondement scientifique permet aujourd’hui d’inscrire et de répéter dans tous les programmes politiques que la récolte de bois peut augmenter sans dommage pour l’environnement, les paysages et les générations futures. La pression croissante de notre mode de vie énergivore sur les forêts pose aujourd’hui des questions urgentes, débattues dans un milieu social trop restreint : il est grand temps que la société civile s’empare de la question forestière.
La propriété forestière en France est aujourd’hui aux trois quarts privée, le reste appartenant à l’Etat (10%) et aux collectivités (15%). Malgré un faible rythme de mutation, on constate un engouement croissant pour l’investissement en forêt, considéré comme un placement immobilier “sûr ”, plaisant et à la mode, enthousiasme relayé par les médias. Cet engouement concerne en partie les familles fortunées pour la défiscalisation du capital ou simplement, une forme de “retour à la terre” du patrimoine. Mais les institutions que sont les banques, sociétés d’assurances et fonds de placements divers prennent de plus en plus de place sur le marché des forêts. La France n’est pas un cas unique en la matière ; elle semble même suivre les exemples des pays de forêt industrielle, au Canada où par exemple, le groupe Weyerhausen possède l’équivalent de la forêt française.
On assiste ainsi à une concentration du pouvoir échappant aux politiques publiques et à l’expression citoyenne, menant à une forte spécialisation régionale (monocultures), favorisée par une attribution ciblée des aides et exonérations forestières. Ces grands propriétaires utilisent d’importants organismes de gestion, qui investissent dans les structures de transformation industrielles et concluent avec elles des contrats d’approvisionnement contraignants. Disposant alors du “marteau et du chéquier”, le gestionnaire forestier se retrouve dans une position ambiguë : comment en effet travailler pour l’avenir de la forêt, quand on a pour mission d’optimiser la compétitivité et les résultats financiers à court terme de grosses usines à bois ?
Onze millions d’hectares de forêt sont ainsi soumis en France au bon vouloir du propriétaire, dans un cadre légal très peu contraignant et contrôlé par un appareil administratif spartiate. La propriété étant morcelée depuis l’exode rural, de nombreux propriétaires se sont désinvestis et ignorent souvent tout de leur patrimoine, de sorte que l’État et les sociétés d’exploitation consacrent temps et argent considérables pour inciter ces propriétaires à mettre en marché les bois de leurs parcelles. En dépit des chiffres optimistes annoncés par les ténors de la filière, les blocages physiques et sociaux limitent la croissance des volumes de bois mobilisables. Les intentions politiques martelées d’augmenter les prélèvements montrent déjà les effets de cette réalité, où les forêts dites “faciles à exploiter” seront surexploitées, tandis que l’on cherchera tous les moyens techniques et politiques de rendre “faciles” celles qui à ce jour ne le sont pas.
Derrière la soit-disant gestion durable qui vernit nos forêts de labels bidon, se cache une gestion de biens communs qui échappe à la société civile et suit les règles du profit financier.
Dans le quotidien des forestiers de terrain, la machine et l’argent dominent aujourd’hui les discours. La tronçonneuse devient artisanale face à l’abatteuse, cette machine de 10 à 20 tonnes qui en une minute abat l’arbre, l’ébranche, le saucissonne et empile les billons obtenus. Elle gagne chaque année du terrain en s’adaptant à toutes les conditions (ou plutôt, en adaptant les critères de qualité à la réduction des coûts instantanés qu’elle permet de réaliser dans le cadre économique actuel).
Derrière l’abatteuse, le porteur (qui porte les bois courts) et le skidder (qui traîne les bois longs) rassemblent les bois puis le grumier les charge pour les amener, logiquement, à la scierie, la papeterie ou la fabrique de panneaux locales. Mais de plus en plus, les bois parcourent la planète entière et sont donc amenés aux ports ou bien, traversent les pays par l’autoroute. La Chine devient par exemple un acheteur majeur de bois en France ; le projet de centrale électrique à biomasse de Gardanne, qui consommerait près de Marseille 2800 tonnes de bois déchiqueté par jour pour un rendement de 35%, importerait ainsi près de la moitié de sa consommation du Canada, le reste provenant de France dans un rayon de 400 km.
La croissance de la taille des unités de “valorisation” du bois est une donnée essentielle de la filière, décrite par l’Observatoire des métiers de la scierie. Elle détermine de plus en plus la façon dont le forestier gère la forêt. En 2009 les syndicats de l’ONF (Office National des Forêts) dénonçaient les évolutions de cette EPIC (Etablissement Public à Caractère Industriel et Commercial) qui calque ses directives sur les demandes des industriels du bois : « La forêt publique s’apparente à une espèce d’hypermarché où chacun devrait pouvoir se fournir à volonté. L’ONF étant le gérant de cet hypermarché, son rôle devrait se limiter à disposer en permanence dans les rayons les produits demandés à l’instant T (…). Envisager qu’à l’inverse, ce soit l’industrie qui s’adapte à la forêt et à la sylviculture, semble inimaginable. » (Rapport CGT forêt, 2009).
Les forestiers sont incités à créer des forêts homogènes et artificielles
Les “produits” sortis de forêt doivent ainsi être de plus en plus homogènes (usinables), en se rapprochant tant que possible du standard des bois moyens résineux (arbres de diamètre 30-35cm à hauteur de poitrine). Les lots volumineux étant les plus appréciés, les forestiers sont incités à créer des forêts homogènes et artificielles, les plus productives possibles et régulièrement rasées pour être reboisées à l’identique.
Des “forêts” habitées d’une faune et d’une flore banales (seules résistantes à cette dynamique de coupe), peu attrayantes au plan visuel, fragiles face aux tempêtes, aux insectes et aux incendies. Des espaces soumis à un mode d’exploitation intensif qui finira par épuiser les sols à force de leur faire produire annuellement deux ou trois fois plus de mètres cube par hectare que n’en produirait la forêt naturelle locale et d’exporter les trois-quarts des éléments minéraux stockés dans l’arbre.
Heureusement, il y a des résistants et des créatifs partout : des forestiers Pro Silva attentifs aux dynamiques naturelles, des bûcherons observateurs et sensibles, des scieurs artisanaux amoureux des particularités du bois, des communes installant de petites chaufferies collectives respectant les ressources locales, des associations dénonçant les abus de la filière et mettant en place des alternatives. Le Réseau pour les Alternatives Forestières cherche à rendre visibles ces impulsions créatrices. Car si les forestiers de terrain sont de plus en plus nombreux à questionner ces évolutions, le débat remonte peu auprès des instances dirigeantes, obsédées qu’elles semblent être par les notions de compétitivité et de balance commerciale.
Le changement viendra certainement d’un réveil citoyen suscité par tous ceux que les arbres et la vie qui les habitent émerveillent. Professionnels de la forêt ou non !
Par Allain Bougrain-Dubourg · le 19 mai 2020
Sangliers en goguette dans les rues, renards peinards faisant les poubelles avant les éboueurs, oiseaux qui chantent sans s'époumoner pour couvrir la pollution sonore des villes... Les bêtes adorent le confinement. Mais les végétaux ne sont pas en reste ! La haie adorerait qu'on lui foute la paix.
Bien sûr, je ne suis pas un animal, mais moi aussi j’incarne la vie. À ce titre, il me semble avoir le droit de plaider ma cause.
Mon existence, je la dois à la cohabitation que notre monde végétal a délicieusement tricoté au cours du temps. Vous vous réjouissez de la mosaïque qui agrège votre cœur, vos reins, vos poumons ou votre estomac, j’éprouve le même bonheur en pensant au sorbier, au sureau, au fusain, au chèvrefeuille, au mûrier et autre chêne têtard qui me composent. Je suis la haie, plantée par César, arrosée par le siècle des lumières, honorée par l’Académie Française.
Enclavée dans les champs, les prairies ou les vignes, je suis considérée par votre administration comme « un petit groupe d’arbustes et d’arbres de hauteur variable et d’une largeur inférieure à 30 mètres ». Convenez que cette définition manque singulièrement d’émotion et de reconnaissance. Comment ne pas évoquer les odeurs que je dégage après la rosée du matin ? Et mes couleurs dont vous peintres s’inspirent ? Et le gaz carbonique que je capte ? Et les châtaignes, noisettes, prunelles que je vous offre ? Et l’ombre de l’été ou le pare-vent durant l’hiver ? Et le ruissellement que j’endigue ?… J’affirme que ma générosité vous oblige. Je suis un bouquet de promesses. Les lézards paresseux, les papillons indécis, les chouettes secrètes, les couleuvres pressées, les rainettes colorées et tant d’autres trotte-menus s’associent à moi pour défendre notre condition.
Je vous implore de m’épargner durant la période de nidification
Suis je coupable de prétention en vantant ainsi mes mérites ? Certains le penseront mais il me paraît utile de vous rappeler mes bienfaits alors que je suis victime d’indifférence, pire de mépris.
Alors qu’en ce moment je joue le rôle d’écrin inestimable pour la faune sauvage, on me taillade, on me hache, on me broie, en résumé on m’ampute au nom de « l’élagage ». Triste mot qui annonce la mutilation.
Aucune attention n’est portée au petit peuple des airs venu se réfugier en mon sein pour donner la vie. Partout les merles noirs, les grives musiciennes, les rouges-gorges et tant d’autres petits ténors ont dressé dans mes branches, un gîte plein d’espérance. Avec vos tronçonneuses, vous arrachez ces vies qui palpitent tout juste. Les couvées ne s’envoleront pas, elles agoniseront dans le dédain et la douleur.
Moi, la haie, je vous implore de m’épargner durant la période de nidification. Faites une trêve jusqu’à juillet, rangez vos guillotines sans désosser notre ramure. Acceptez nos branches folles pour que la raison s’installe.
Il n’y a pas longtemps, l’Office Français de la Biodiversité a fait suspendre l’arrachage d’une haie en préservant 500 mètres de végétation dans lesquels la pie grièche grise s’épanouissait. Ailleurs, c’est la préfecture du Bas-Rhin qui a interdit tous travaux sur les haies du 15 mars au 31 juillet. L’exemple est donné. J’en appelle à tous les maires de France pour qu’ils s’en inspirent sans attendre en leur adressant, par avance, ma reconnaissance végétale.
Tous droits réservés Cécile Di Costanzo pour Les Amis du Vieux Revest
Lire l'article sur le site de Futura : il y est illustré par de merveilleuses photos : cliquer sur le titre ci-dessus. Article de 2011 modifié en 2017
Dans ce dossier nous allons faire le point et prendre quelques exemples, pour illustrer cette menace sur notre environnement. Nous verrons également les méthodes de contrôle d'invasion, la responsabilité de l'Homme, les dégâts causés par ces espèces et les coûts économiques engendrés.
Parmi les espèces invasives, on dénombre de nombreuses plantes. L'invasion botanique engendre de nombreux dégâts. Ce dossier propose un tour d'horizon des plantes invasives afin de mieux comprendre ce problème. Des amarantes au pissenlit, en passant par les griffes de sorcières, et bien d'autres. Les moyens de lutte et les dégâts engendrés sont également abordés.
Les Incas la considéraient comme une plante sacrée. Chaque plante produit 12.000 graines par an, la plante est plus riche en protéines que le soja et, semble-t-il, ce sont des protéines de qualité supérieure. Certaines sont des « mauvaises herbes » communes.
L'invasion des amarantes aux États-Unis
Cette plante est le cauchemar de Monsanto. La scène se déroule en Géorgie. En 2004, un agriculteur remarque des amarantes résistantes au « Roundup » avec lequel il traite son soja : cette plante contient un gène résistant à ce produit ! Depuis, le phénomène s'est étendu à la Caroline du Sud, du Nord, l'Arkansas, au Tenessee et au Missouri. En 2005, The Guardian révélait que des gènes modifiés avaient transité vers les plantes naturelles...
Pour, Brian Johnson: « il suffit d'un seul croisement réussi sur plusieurs millions de possibilités. Dès qu'elle est créée, la nouvelle plante possède un avantage sélectif énorme et elle se multiplie rapidement. L'herbicide puissant utilisé ici, à base de glyphosphate et d'ammonium a exercé sur les plantes une pression énorme qui a encore accru la vitesse d'adaptation ». La solution était d'arracher les plants à la main... quand on voit la taille des champs aux États-Unis, on imagine le problème ! Les agriculteurs ont vite renoncé : 5.000 hectares ont été abandonnés, et 50.000 autres sont menacés. Elle supporte la plupart des climats et n'a de problèmes ni avec les insectes, ni avec les maladies... À méditer, n'est-ce pas ?
Caractéristiques du pissenlit
Chez certaines plantes l'absence de fécondation n'empêche pas la formation de graine, c'est le cas du pissenlit par exemple : la plantule peut être formée à partir des cellules diploïdes entourant le gamète femelle, c'est l'apogamie. Il n'y a pas de remaniement chromosomique mais s'il y a une mutation elle sera transmise à toutes les graines !
Les plantes apomictiques sont capables de vivre dans des endroits très froids et arides. On constate plusieurs centaines de sous-espèces chez les pissenlits (les ronces ont la même possibilité d'apogamie).
Aux Kerguelen, le pissenlit est sans doute arrivé avec des caisses de ravitaillement de la base et s'est multiplié facilement et il a, avec d'autres plantes, modifié l'écosystème. Bien sûr il y a aussi d'autres introductions « graves » dans ces îles....
Les services publics, les paysagistes... et leurs clients sont responsables de l'introduction d'espèces exotiques qui s'échappent et colonisent de nouveaux milieux, comme les griffes de sorcière qui envahissent les espaces littoraux entre autres, la photo ci-dessous montre l'étendue que peut prendre cette plante dans certains endroits.
Jolie petite fleur qui envahit le Maghreb, importée d'Amérique du Nord, elle y est redoutable dans les cultures et a entrepris de coloniser le Sud de la France où des mesures d'éradication ont été prises... Ne pas confondre avec la morelle douce-amère qui est une plante de chez nous et dont voici la photo.
L'invasion des plantes résulte d'actes humains volontaires ou non, issus d'importations commerciales, suivies de disséminations incontrôlées.
Le mécanisme d'invasion est toujours le même : ces populations doivent leur important développement aux faibles pressions qu'elles subissent en matière de prédation, de concurrence et de parasitisme dans des milieux qui sont nouveaux pour elles.
Introduction de plantes par l'Homme
Originaires d'Amérique du Sud, les Jussies (Ludwigia peploïdes ; Ludwigia grandiflora) ont été employées pour leurs qualités ornementales.
Le Myriophylle du Brésil (Myriophyllum aquaticum) a aussi été introduit pour des raisons ornementales.
L'élodée dense (Egeria densa) originaire du Brésil est populaire en aquariophilie sous le nom d'anacharis.
Le Lagarosiphon (Lagarosiphon major) originaire d'Afrique du Sud est aussi utilisé en aquariophilie.
L'Élodée du Canada (Elodea canadensis), introduite au XIXe siècle, a connu une période de prolifération jusqu'au milieu du XXe siècle, pour connaître une régression suite à une adaptation génétique. Elle est considérée aujourd'hui comme « naturalisée ».
L'Elodée de Nutall (Elodea nuttallii), originaire d'Amérique du Nord, est présente en France depuis 1950.
Toutes ces espèces se développent dans les eaux stagnantes ou faiblement courantes, jusqu'à 3 mètres de profondeur, parties lentes de cours d'eau, fossés, atterrissement, zones humides variées.
Le Baccharis (Baccharis halimifolia) plante ornementale envahit nos dunes...
La renouée du Japon (Fallopia japonica) introduite comme plante ornementale, cette mellifère aime la proximité immédiate de l'eau.
La prolifération de ces plantes peut avoir des nuisances sur les écosystèmes aquatiques : incidences hydrauliques, écologiques et impacts sur les activités humaines. Les collectivités mettent en place des opérations d'arrachage manuel ou mécanique, voire des traitements chimiques. Cependant ces opérations coûtent cher.
Obstacle à l'écoulement des eaux ;
Gène de la manœuvre ou limitation de l'efficacité des ouvrages hydrauliques ;
Risque d'inondation accrue ;
Comblements accélérés du lit ;
Modification et perte de diversité floristique ;
Dégradation de la qualité du milieu (arrêt de la pénétration de la lumière, forts bio dépôts...) ;
Entrave aux déplacements des poissons ;
Obstacle aux pratiques de pêche et de navigation, amateur ou professionnelle ;
Gène des activités sportives et de loisirs nautiques (baignades...).
Les plantes sont arrachées au moyen d'engin de chantier mais la plante peut être coupée et non arrachée entraînant un risque de bouturage. L'arrachage manuel méthodique doit prendre soin d'éliminer l'ensemble des boutures et des rhizomes. Le traitement chimique consiste à pulvériser un herbicide mais ce système présente une faible efficacité et peut entraîner une pollution.
Il arrive que l'introduction d'une espèce recherchée, cette fois, se passe mal et que l'espèce introduite ne se développe pas du tout comme on l'espérait : un exemple avec l'introduction d'arbres exotiques en sylviculture.
La tendance est d'établir des plantations uniformes de conifères exotiques, car la demande se porte sur les bois résineux. L'Amérique du Nord est le seul continent ayant une variété d'espèces suffisante pour satisfaire à toutes les demandes et certains de ces conifères ont une croissance plus rapide que ceux des autres parties du monde.
Parasites des espèces exotiques : les risques
Il y a trois grands risques provenant des parasites des espèces exotiques :
un parasite peu nocif de l'essence exotique dans son habitat d'origine peut se trouver introduit avec elle et devenir très dangereux dans les conditions nouvelles ;
l'essence exotique peut aussi rencontrer, dans son nouveau milieu, un parasite vis-à-vis duquel elle n'a pas de résistance ;
un parasite d'une espèce exotique peut être introduit et être très nocif pour un arbre indigène.
Le pin Weymouth, introduit en 1705. Promettant beaucoup, il a rencontré un agent pathogène - la rouille vésiculeuse - causée par Cronartium rubicola Fisch., provenant d'Asie, l'arbre fut presque abandonné en Europe. Ces dernières années, il retrouve quelque faveur car, dans certaines stations, il n'y a que peu ou pas de groseilliers ordinaires ou à maquereau (Ribes) si bien que l'arbre peut survivre. La variété de sols sur lesquels le Weymouth croît en Europe est impressionnante.
Le sapin de Douglas fut planté dès 1918, sur de grandes surfaces, mais le bois s'est avéré médiocre.
Citons Boyce : « Le premier agent pathogène fut le chancre à phomopsis causé par un champignon européen, Phomopsis pseudotsugae Wilson. (...) Le suivant fut le rouge des aiguilles causé par Rhabdocline pseudotsugae Sydow ; le champignon responsable venait du pays d'origine de l'arbre mais sa virulence fut apparemment accrue par l'humidité plus forte du climat européen pendant la saison de végétation. [Mais] la forme verte qui croît sur la côte, celle qui présente une réelle valeur pour l'Europe, reste indemne. À peu près à la même époque, un aphide, Adelges Cooleyi Gill., attaquant la forme côtière, a causé quelque inquiétude, mais s'est révélé tolérable. La chute des aiguilles due à un adelopus, actuellement maladie dangereuse, causée apparemment par un champignon, Adelopus gäumanni Rohde, qui semble attaquer les trois formes de l'essence, a fait naître des doutes sur l'avenir du sapin de Douglas en Europe. La plantation de cette essence a été abandonnée dans beaucoup de régions de l'Allemagne méridionale, tandis qu'en Suisse elle est uniquement utilisée en mélange. »
L'épicéa de Sitka (Picea sitchensis Bong. Carr.) et un puceron ou aphide, Elatobium (Aphis) abietinum.
Le sapin de Vancouver (Abies grandis Lind.) considéré favorablement dans l'ouest de l'Europe, mais des peuplements, plantés en Suisse, meurent depuis 1945, à cause du pourridié causé par l'armillaire couleur de miel, Armillaria mellea... à la suite d'une sécheresse.
Le thuya géant (Thuja plicata D. Don.) a eu des difficultés au Royaume-Uni, avec le champignon du rouge des feuilles des cupressacées : Keithia thujina Durand, introduit d'Amérique du Nord avec les arbres, trouvant le climat humide à son goût.
Les pins de Banks, en Suède (Pinus banksiana Lam.) ont été attaqués par un champignon : Dasyscypha sp. qui provoque des chancres déprimés sur la tige.
Le sapin du Caucase (Abies nordmanniana [Steven] Spach.) fut suivi par un aphide : Adelges nüsslini Börher.
Le pin sylvestre fut attaqué par une rouille vésiculeuse (Peridermium sp.).
Le pin de l'Himalaya (Pinus excelsa Wall.) a été si endommagé par un chancre auquel était associé Valsa superficialis Nitschke qu'une destruction totale de la plantation était certaine.
Le pin rouge du Japon (P. densiflora Sieb. et Zucc.) fut affecté par une descente des cimes causée par Cenangium abietis (Pers.) Rehm.
Le pin d'Autriche fut détruit par la rouille vésiculeuse, Cronartium comptoniae.
Conclusion de l'article : « Les exotiques ne sont pas tous condamnés d'avance à l'échec mais, pour chacun d'entre eux, la chance d'insuccès semble beaucoup plus grande que celle de succès ».
Vous pouvez trouver l'intégralité de cette communication ici
Source : FAO, J. S. BOYCE, Professeur de pathologie forestière, Université de Yale (États-Unis).
Notre ami géologue Pierre Laville donnera le 6 février 2020 au Beausset une conférence sur le tombolo de Giens. Pierre Laville est président de l'association des Amis de la presqu'île de Giens.
Une conférence débat de Pierre laville et Michel Augias, avec leurs invités.
Géographie régionale et géologie à l'honneur : La Presqu’île de Giens est reliée au continent par un isthme de 4 kms dont l’originalité est d’être double, 2 bandes de sable apportées par les cours d’eau venant du Nord depuis plus d’un million d’années. Durant 3 périodes glaciaires et interglaciaires, les oscillations du niveau de la mer et les vents ont modelés ces dépôts d’alluvions en créant les 2 tombolos séparés par une lagune : les Pesquiers. Le tombolo occidental, côté Almanarre, est très étroit et extrêmement fragile … Pourquoi ?
Pierre Laville et Michel Augias vous l'expliqueront tout au cours de cette conférence …
Jeudi 6 février, au Beausset à l’Espace Azur (au-dessus de la poste), 18 h 30
Après un arrêté anti-glyphosate et un budget participatif à l’environnement, Sceaux lance sa "charte de l’arbre" pour maintenir un patrimoine vert dans les espaces privés et publics.
La ville Sceaux a fait de l’environnement son cheval de bataille. Après avoir lancé la démarche "parlons ensemble de l’environnement", la commune des Hauts-de-Seine a pris plusieurs mesures qui ont fait du bruit : un arrêté anti-glyphosate, contesté depuis par le préfet du département, et le vote d’un budget participatif dédié à l’environnement. Dernière mesure en date, la création d’une "charte de l’arbre", adoptée en conseil municipal le 2 octobre dernier, explique Le Parisien.
Le texte prévoit de renforcer le patrimoine végétal de la ville en "impliquant tout le monde". Ainsi, Philippe Laurent souhaite qu’à chaque coupe d’arbre un autre soit replanté, que ce soit par la mairie ou par les habitants de la commune. "Contrairement à ce qu’on pense, la plupart des arbres sont situés sur des terrains privés, et il n’y a pas besoin de permis pour en abattre un, explique le maire de la commune au quotidien. Comme nous ne pouvons pas l’empêcher, nous mettons en place un accompagnement pour aider les propriétaires à gérer leur arbre ou à en implanter un".
Planter des "arbres majeurs"
Si de telles chartes existent déjà en France, celle de Sceaux a une particularité : elle offre une aide financière aux propriétaires et syndicats de copropriétés qui souhaitent planter un "arbre majeur" chez eux comme un tilleul, un boulot, un chêne ou même un sapin. La subvention est indexée sur le prix de l’arbre. La commune prend en charge jusqu’à 50% du prix d’achat alors que l’aide est plafonnée à 200 euros.
⋙ Lire aussi : Glyphosate : les "pisseurs volontaires" se mobilisent et portent plainte
Un véritable coup de pouce pour les particuliers qui souhaitent replanter des arbres. Par ailleurs, la charte n’oublie pas les habitants qui ne bénéficient pas d’un jardin et ne peuvent donc pas acheter de figuier et autres érables. Ainsi les locataires d’appartements ou de maisons sans espace vert pourront, eux aussi, bénéficier de ce coup de pouce, à condition de planter un arbre de leur choix dans le domaine public.
Les vacances d’été sont le moment idéal pour s’adonner à l’observation de la biodiversité. Pour cela, nul besoin d’enfiler ses chaussures de randonnée ou un masque de plongée, encore moins de traverser la planète. D’autres milieux plus accessibles sont en ce moment le théâtre d’une explosion de vie : notre jardin, notre quartier, les alentours immédiats !
Quel plaisir en effet d’observer, au-dessus des fleurs, une frénésie de gros bourdons flanqués de sacs de pollen. Et celui de mettre un nom sur une plante soudainement apparue au pied du lampadaire de notre rue. Là, devant chez nous, la nature est à notre porte. À nos pieds ! Encore faut-il s’y attarder un peu.
Le dernier rapport de l’IPBES nous le rappelle : la biodiversité dégringole sévèrement et à tous les niveaux. Un quart des 100.000 espèces évaluées est déjà menacé d’extinction.
Mais le plus inquiétant portent sur celles qu’on appelle, peut-être improprement désormais, les espèces « communes » ou « ordinaires » : insectes, oiseaux, plantes sauvages… Si on ne parle pas (encore) d’extinction, on sait que les populations se réduisent comme peau de chagrin.
Face à ce déclin plus discret, les chercheurs ont besoin de données massives pour affiner le diagnostic et mettre en évidence les causes précises du mal. La perte des habitats ? Les pollutions ? Le réchauffement climatique ? Les espèces exotiques envahissantes ? Il est évidemment impossible de placer un chercheur dans chaque quartier, chaque jardin ou square public, c’est pourquoi nous faisons appel à vous.
À tout âge, faire avancer la connaissance
Depuis plus de dix ans des milliers de contributeurs bénévoles ont intégré le programme Vigie-Nature du Muséum national d’Histoire naturelle. Ces derniers nous font parvenir quotidiennement de précieuses informations sur un grand nombre d’espèces aux quatre coins de la France.
Preuve que ces sciences participatives sont avant tout des sciences, nous affichons plus d’une centaine de publications scientifiques parues dans des revues internationales. Parmi les résultats acquis grâce aux participants : 50 % de papillons en moins dans un jardin utilisant des pesticides ; un changement massif des communautés de plantes à l’échelle du pays face au réchauffement climatiques ; 1/3 des populations d’oiseaux en moins dans les campagnes françaises en 25 ans…
Nous devons maintenir nos efforts. Vos observations sont nécessaires pour avancer dans nos recherches, produire des indicateurs, élaborer des statistiques indispensables à la mise en œuvre de politiques vertueuses.
Tous, de 7 à 77 ans, avec ou sans connaissances, vous pouvez donc apporter votre pierre à l’édifice tout en faisant connaissance avec le vivant qui vous entoure. D’une pierre deux coups. Voici 5 façons d’y contribuer pendant les vacances.
Amateur de photo nature, le Spipoll (suivi photographique des insectes pollinisateurs) est pour vous !
Placez-vous devant quelques fleurs de la même espèce. Dégainez votre appareil et tentez de prendre en photo tous les insectes qui viennent les visiter pendant 20 minutes.
Il faut faire vite, être attentif, car les pollinisateurs ne sont pas du genre à prendre la pose… Une fois que tout ce petit monde se trouve dans la boîte, à vous de les identifier. Une clé de détermination accessible sur le site vous permettra, après examen de quelques caractères, de donner un nom à vos abeilles, bourdons, mouches et autres insectes floricoles du jardin. 600 espèces à découvrir, un monde insoupçonné à votre porte !
Les « spipolliens » – comme s’appellent entre eux les participants – vous aideront en ligne avant que vous-mêmes n’aidiez les futurs participants. Côté chercheur, les collections de photos visent à étudier les réseaux de pollinisation, c’est-à-dire les interactions complexes entre plantes et insectes.
C’est le plus simple à réaliser. Dès que vous apercevez un papillon dans votre jardin, identifiez-le grâce aux fiches pédagogiques disponibles sur le site : 28 espèces ou groupes d’espèces vous attendent. Il s’agit pour vous d’évaluer pour chaque espèce identifiée le nombre d’individus présents simultanément dans votre jardin (ou une partie du jardin public pas loin de chez vous, ou de votre maison de vacances).
Renouvelez ces comptages chaque semaine si vous le souhaitez. L'Opération Papillon peut se pratiquer en jardinant, en prenant l’apéritif en terrasse et même en lisant un livre sur votre transat… Il suffit parfois d’une ombre sur l’herbe, sur votre page, d’un simple battement d’ail qui vous interpelle pour découvrir un papillon jusque-là inconnu. Les comptages commencent quand vous êtes dans votre jardin et s’arrêtent quand vous n’y êtes plus. Quoi de plus simple ?
En participant vous apportez des informations sur l’abondance des papillons de jour. Vous aidez aussi les scientifiques à comprendre l’impact de l’urbanisation, du climat ou encore des pratiques de jardinage sur ces espèces. Et surtout, votre jardin ne sera plus jamais comme avant, égaillé de petite tortue, vulcain et autre tabac d’Espagne.
Même principe que précédemment, le référencement portant cette fois sur les oiseaux. Le but du jeu ? Choisissez une durée d’observation – 20 minutes, 30 minutes, une heure —, installez-vous sur votre table de jardin et comptez les espèces qui se présentent. Leur diversité impressionne.
Sur les vingt espèces très fréquentes, combien serez-vous capable de reconnaître ? Si on vous dit troglodyte mignon, fauvette à tête noire, pouillot véloce ? Pourtant, il y a de fortes chances que certains se soient déjà aventurés chez vous… Une fois le comptage effectué, saisissez ensuite, comme toujours, vos données sur le site de l'observatoire.
Ces informations permettent aux chercheurs de suivre, dans le temps, les populations d’oiseaux partout en France. Et de répondre à des questions fondamentales : quand et pourquoi les oiseaux visitent les jardins ? Quels sont les effets du climat, de l’urbanisation et de l’agriculture sur cette biodiversité ?
Depuis l’arrêt des produits phytosanitaires sur les voies publiques, la flore sauvage reprend ses droits dans les villes de France. Sauvages de ma rue vous propose de partir à leur découverte et de les démasquer.
Car si nous passons tous les jours devant, que savons-nous de ces petites fleurs qui jalonnent nos trottoirs ? Choisissez une rue ou une portion de rue et identifiez toutes les plantes que vous croisez. Pas de panique, vous disposez d’un outil magique : la clé d’identification.
Forme des feuilles, couleur des pétales… en répondant correctement à quelques questions vous obtiendrez rapidement le nom de l’espèce, accompagnée de croustillantes anecdotes sur ses vertus médicales ou gustatives, son écologie et sa biologie.
Grâce à vous les chercheurs parviennent petit à petit à référencer les plantes sauvages de l’hexagone. Reste à percer plusieurs secrets de cette flore des trottoirs : comment évoluent-elles avec le changement climatique ? Lesquelles apparaissent et disparaissent ?
Les chanceux qui se trouvent sur le littoral peuvent aussi mettre la main à la pâte. Plages vivantes propose une immersion dans la laisse de mer. Cette bande d’algue qui s’étend le long des plages mêle toutes sortes de débris apportés par les flots : algues, coquillages, déchets liés aux activités humaines…
Un écosystème très riche qui contribue à l’équilibre naturel des plages. Afin de comprendre cet habitat peu connu et menacé (ramassage des débris, pollution…), les scientifiques vous mettent au défi : parcourez une laisse de mer sur 25 mètres et tentez d’identifier les algues grâce à une clé d’identification.
Les espèces d’algues diffèrent-elles d’une plage à l’autre ? À plus grande échelle, les chercheurs vont suivre leur distribution spatiale au cours du temps sur l’ensemble du littoral. Il semblerait que le réchauffement de l’océan entraîne un glissement vers le nord de certaines espèces. Mais quelles espèces sont concernées ? À quelle vitesse se déplacent-elles ?
À vous de jouer !
Hugo Struna, journaliste et rédacteur du blog de Vigie Nature, un programme de sciences participatives porté par le Muséum national d’histoire naturelle, a contribué à la rédaction de cet article.
Des joueurs de football vétérans du stade de la Colline racontent comment un renardeau est devenu un fidèle compagnon de leurs après-matchs.
Carnet rose au Mont Caume ! Un seul œuf a éclos pour la première couvée de la jeune nouvelle épouse de notre aigle de Bonelli. Et c'est une fille ! Née fin mars 2019, elle commence à se dresser sur ses pattes, un peu maladroite encore. Dans une semaine, on la verra sautiller, puis étendre ses ailes. Une ou deux semaines de plus et elle prendra son premier envol.
Le 7 mai elle a été baguée, elle pesait alors 1,6 kilos.
Photo CENPACA - 7 mai 2019
La demoiselle est née des amours tumultueuses du patriarche et d'une jeune effrontée qui a chassé la douairière il y a deux ans après une lutte sans merci qui avait agité nos cieux revestois. L'an passé elle n’était pas assez mature pour s'accoupler. Cette année, elle a choisi un nouveau nid, à un endroit de la falaise toujours à l'ombre, difficile à observer.
...
Notre jeune aiglonne a grandi, pris de l'assurance et son envol vers le 20 juin.
Comme elle est née aux alentours du 29 mars, Michel Rothier qui veille sur elle et tient à elle comme à la prunelle de ses yeux, l'a prénommée Gwladys.
Elle sera ainsi répertoriée avec ce nom auprès du CEN PACA, en complément de son très officiel numéro de baguage.
La France compte plus de 500 loups. Même si le chiffre n'est pas encore tout-à-fait officiel, l'Etat s'organise et présente mardi une série de mesures pour protéger les troupeaux et contenir la croissance démographique de cet animal protégé.
Le président Macron avait vendu la mèche en mars, l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) doit l'officialiser début juin: le nombre de loups a probablement dépassé les 500 adultes en sortie d'hiver.
Ce nombre correspond au seuil minimum de viabilité du "Canis lupus" classé vulnérable sur la liste rouge française de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et protégé au niveau français et européen.
Le plan loup actuel du gouvernement prévoyait d'atteindre ce seuil en 2023. Face à l'expansion plus rapide de l'animal, le préfet d'Auvergne-Rhône-Alpes, en charge du dossier, dévoilera mardi de nouvelles mesures, selon des documents consultés par l'AFP.
La plus emblématique, déjà annoncée par Emmanuel Macron en mars, est le relèvement du niveau de tirs des loups de 10-12% à 17-19% de la population.
Ce pourcentage a été fixé après consultation de l'ONCFS et du Muséum national d'histoire naturelle. "La population de loups a augmenté d'environ 13% en 2018, alors qu'on a tiré plus de 12% de loups", constate Murielle Guinot-Ghestem, de l'ONCFS.
La préoccupation principale des pouvoirs publics, comme des éleveurs et même d'associations de protection des animaux pour différentes raisons, est de limiter les attaques du prédateur, éradiqué dans l'Hexagone dans les années 1930 et revenu naturellement par l'Italie au début des années 1990.
En 2018, 3.674 attaques ont eu lieu contre plus de 12.500 animaux, principalement des ovins. Ces attaques se concentrent les Alpes-Maritimes, les Alpes-de-Haute-Provence et en Savoie.
La co-existence avec le loup "dépend à quel point nous, humains, sommes prêts à s'adapter pour revivre avec le loup" et à réapprendre comment faire face à la menace qu'il peut représenter, estime le chercheur Dries Kuijper.
L'Etat finance actuellement des dispositifs de protection dans les zones de prédation (parcs électrifiés, chiens, gardiennage par des bergers). Il existe deux types de zones, 1 et 2, en fonction de la fréquence des attaques.
Il est prévu d'en ajouter une troisième, un "cercle 0", correspondant aux foyers de prédation, et d'y permettre en gardiennage permanent en supprimant le plafond des aides. 195 éleveurs ont concentré 50% des dommages de 2015 à 2017.
500 loups, pas un plafond
Les démarches administratives des éleveurs devraient aussi être simplifiées: ils pourraient déposer un dossier unique pour demander des mesures de protection et des tirs de défense.
Pour les fédérations agricoles et d'éleveurs, le compte n'y est pas.
La FNSEA, les Jeunes agriculteurs (JA), la Fédération nationale ovine (FNO) ou la Fédération nationale bovine (FNB) réclament "la suppression de tout plafond pour les tirs de défense et de prélèvement" et refusent que les indemnisations soient conditionnées à la mise en place de mesures de protection.
"La protection du loup est effective mais celle de l'élevage n'est pas efficace sur le terrain", fait valoir Claude Font de la FNO.
L'Etat a également prévu de délimiter une zone difficilement protégeable en Aveyron, Tarn, Hérault et Lozère, avec la possibilité de tirs de défense, sans mise en place préalable de mesures de protection.
"Cela correspond à la zone Roquefort, avec environ un million de brebis en élevage traditionnel", explique Claude Font, qui s'élève contre cette "gestion différenciée" selon les régions.
"Le gouvernement veut essayer de bloquer la population à 500 loups", craint pour sa part Patrick Boffy de l'association de protection des grands prédateurs Ferus, pour qui une telle politique serait "illégale".
Ce chiffre correspond à un premier seuil de "viabilité démographique", laquelle est définie par l'aptitude de la population, à moyen terme (100 ans), à résister au risque d'extinction, face à des aléas de survie et de fécondité d'autant plus forts que les effectifs sont restreints.
"500 n'est pas du tout un plafond de verre", assure toutefois le gouvernement.
Tout part du village, où nous serons présent ce samedi sur la place en compagnie des étals du marché : une expo sédentaire toute la journée et un parcours nomade entre 10h et 12h dans les rues du village. La balade est ouverte à tous, aux petits comme aux grands... enfants, puisqu'elle est ludique. Papier, crayon, gomme, loupe et appareil photo nous seront bien utiles, tout comme le mini-guide* à fabriquer à l'avance.
Vous pouvez vous inscrire en utilisant le lien ou vous décider au dernier moment.
Renseignements pour la balade auprès de Marie-Hélène Taillard 06 20 95 21 88
Terres de biodiversité, les Alpes-Maritimes et le Var abritent entre 50% et plus de 90% de la totalité des espèces connues en France métropolitaine. Mais en l'espace d'un siècle cette richesse a été mise à mal par l'urbanisation. Etat des lieux des espèces en danger avec des "vigies" de la biodiversité.
Ils sont les vigies de la flore. Leur mission, au sein du Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles: inventorier les plantes et agir pour leur préservation.
"Notre région est l’une des plus riches du bassin méditerranéen en biodiversité," notent Katia Diadema et Benoît Offerhaus. Et les deux botanistes de préciser: "2612 espèces indigènes ont été recensées et évaluées dans les Alpes-Maritimes, et 2266 dans le Var".
Un trésor particulièrement mis à mal au cours du XXe siècle. "On considère que 239 espèces (soit 8,4%) ont disparu dans les Alpes-Maritimes et 108 (4,6%) dans le Var. En l'espace de seulement 100 ans, c'est énorme", s’inquiètent-ils.
"La flore, c'est la clé de voûte des espèces, c'est le socle."
C’est précisément pour préserver la richesse de ce socle que le Conservatoire botanique méditerranéen a été créé en 1979. Sylvia Lochon-Menseau, la directrice de la structure, met en garde contre la "banalisation de la biodiversité" qui nous guette.
"Le risque, explique-t-elle, c’est qu’on ne cultive plus qu’une seule variété et qu’on ne trouve plus que des pommes golden dans les rayons parce qu’elle est productive."
"L'urbanisation, la construction de routes sur le littoral ont détruit des milieux naturels. Par exemple, les marais à Golfe-Juan, à l'embouchure du Var ont disparu dans les années 60 et avec eux toutes les espèces. "
Ces dernières années encore, la construction de Polygone Riviera le long de la Cagne et l'urbanisation de la plaine de l'Argens ont réduit les "zones humides" à peau de chagrin.
"Dans les Alpes-Maritimes, il ne reste plus que 2% du littoral originel."
La situation est à peine plus glorieuse dans le Var.
Si en montagne, la situation est moins critique, les botanistes mettent en avant les menaces liées au tourisme de pleine nature. "Le ski l'hiver, les baignades l’été dans le Loup et l'Estéron, ont des impacts sur la flore des berges."
Le surpâturage fait aussi des dégâts: "Avant, il y a avait plus de troupeaux, mais ils étaient plus petits. Or aujourd'hui, un grand nombre de bêtes se concentrent sur des zones humides où se trouvent des espèces sensibles. Mais aujourd’hui la connaissance sur la flore est là pour pouvoir concilier les différents enjeux du territoire sans pour autant que la biodiversité soit mise à mal."
"Certaines espèces comme la griffe de sorcière qui fait de belles fleurs et vient d’Afrique du Sud, peut coloniser et étouffer la flore endémique, alerte Alain Barcelo. Ce serait une de perte de biodiversité énorme, au profit d’une seule espèce exponentielle. Notre objectif, résume-t-il, c’est donc de l’éradiquer pour retrouver la biodiversité originelle."
L’expérience a été notamment réalisé sur l’île de Bagaud (une réserve intégrale faisant partie du Parc national). "Grâce à l’éradication, on voit beaucoup plus d’espèces locales qui qui s’expriment à nouveau. C’est le cas de la Romulée de Florent, une espèces rarissime, présente entre les îles d’or et le Cap Bénat, qu’on ne trouve nulle part ailleurs au monde."
Avec la destruction de ces "milieux naturels", c'est toute la faune associée qui a disparu.
"On a perdu différentes espèces de batraciens, reptiles, des insectes associés à cette végétation, des oiseaux…
"Malgré les dispositifs de protection, on perd encore des prairies humides sur le littoral, poursuivent Katia Diadema et Benoît Offerhaus. Et ça va aussi affecter l'homme. Avec le changement climatique, nous aurons de plus en plus de forts orages. Or, nous ne bénéficieront plus de ces zones qui jouaient le rôle d'éponge et empêchaient à l'eau d'arriver sur la ville à grande vitesse."
Dans un avenir proche, une espèce d’oiseaux nicheurs sur 3, 30% des amphibiens, 15% des reptiles pourraient disparaître.
Dans le Mercantour sur 153 espèces de vertébrés recensés, 53 sont menacées. La faune est en danger dans les Alpes-Maritimes et le Var.
"Au museum d’Histoire naturelle, nous avons des spécimens d’espèces datant du 19e siècle, capturés à Nice ou à proximité. Certains ne sont plus présents dans notre département, c’est le cas de la loutre par exemple", détaille Olivier Gerriet, zoologue et chargé de conservation.
Plus grave encore, nombre d’espèces vivant dans notre département sont "endémiques", c’est-à-dire qu’elles ont une aire de répartition très petite et n’existent pas ailleurs sur le territoire.
La première menace qui pèse sur leur existence, c’est "la modification des habitats, développe Olivier Gerrier. Bien sûr il y a une évolution standard, une modification naturelle dans le temps, mais l’homme, en urbanisant, détruit totalement des écosystèmes naturels."
Une fois l’habitat détruit, le retour en arrière est long, voire impossible.
Les espèces locales doivent aussi faire face à la menace de certains nuisibles. L’écureuil à ventre rouge, importé d’Asie dans les années 1960, a proliféré et met en danger l’écureuil roux: les perruches à collier, échappés de captivité, s’installent dans les dortoirs d’autres espèces plus vulnérables et les chassent.
Sur les îles d’Hyères où le Parc National de Port-Cros a dû prendre des mesures pour sauver par exemple le puffin yelkouan, une espèce endémique à la Méditerranée.
Les îles d’or abritent 95% de la population reproductrice. Or, le puffin yelkouan, à l’instar d’autres espèces, "risque de disparaître à cause des rats ou des chats qui prolifèrent", observe Alain Barcelo, chef du service connaissance du patrimoine au Parc national de Port-Cros.
"Le problème est augmenté car l’eau lie les écosystèmes entre eux. Le percement du Canal de Suez qui a permis à des espèces de la mer Rouge de remonter et coloniser la Méditerranée", ajoute Olivier Gerriet.
Autre ennemi, le changement climatique. Si le cadre protégé du Parc national du Mercantour a pu faciliter les réintroductions d’espèces victimes d’une chasse excessive au 19e siècle, tels que le bouquetin ou le gypaète barbu, d’autres dites "boréoarctiques" comme le lièvre variable ou le lagopède alpin voient leur habitat fondre... comme neige au soleil.
Quelle mauvaise surprise pour la police municipale de voir ce bateau échoué sur le bord de la route de Tourris, au Revest lors de sa ronde quotidienne.
Si dans un premier temps, les galéjades entre les promeneurs, les chasseurs et les chauffeurs routiers de la carrière font sourire, la colère vient rapidement dans un deuxième temps par les propos des témoins.
"Ces dépôts sauvages sont pour la plupart du temps l’œuvre d’entrepreneurs sans scrupule. Le jour où on va leur tomber dessus...", s’exaspère ce chasseur.
"D’une part, la déchetterie intercommunale de La Valette/Le Revest est gratuite pour les Revestois et les Valettois munis d’une carte d’accès. Et d’autre part, les entreprises paient des tarifs en fonction de la nature des déchets. Nous faisons de nombreuses rondes quotidiennes sur la commune. Les contrevenants s’exposent à des procès-verbaux de contravention de 5e classe dont le montant est de 750 euros à plus", rappellent les agents de la police municipale.
Le samedi 15 septembre 2018, l'association APPMA du Gardon de Toulon organise un grand nettoyage des berges du lac du Revest.
Venez nombreux au Chemin de la Foux (Accès et stationnement depuis le village)
8h30 café de bienvenue
12h30 collation offerte à tous les participants.
Renseignements et inscription au 06 25 95 08 94.
L'élimination des loups en France a été vivement encouragée par l’État depuis le Moyen âge jusqu'au début du XXe siècle. L'animal, dangereux pour les troupeaux, était alors unanimement considéré comme un nuisible.
Sous l'Ancien Régime, ils étaient plusieurs dizaines de milliers en France. Mais le XIXe siècle aura été fatal aux loups hexagonaux. La faute à l'humanisation du territoire, avec la déforestation et l'élevage, mais aussi à une volonté politique d'exterminer les derniers individus présents, considérés comme une menace pour les troupeaux.
Charlemagne, entre 800 et 813, avait déjà créé un corps spécial de chasseurs de loups, la louveterie, chargée de détruire systématiquement l'animal - une institution qui perdurera jusqu'après la Révolution, après une abolition momentanée entre 1787 et 1797. Mais le législateur du XIXe va prendre de nouvelles mesures.
En 1880, le ministère de l'Agriculture s'engage ainsi à verser une prime à quiconque tue un loup. À la Chambre des députés, le ministre Tirard justifie ainsi la mesure dans un long discours :
« On n'évalue pas à moins d'un mouton ou d'un jeune poulain par semaine, la nourriture d'une famille de loups, soit environ 45 à 50 millions par an que prélève ainsi sur notre agriculture une population de plus de 5 000 loups. »
La presse, en particulier régionale, soutient à l'unanimité cette initiative. L'Avenir de la Mayenne la salue avec enthousiasme et indique le barême des primes prévues par le ministère :
« Le 3 juin dernier, M. le ministre de l’agriculture et du commerce a déposé un projet de loi concernant la destruction des loups. Ce projet consiste en primes dont la fixation est la suivante : cent francs par tête de loup ou de louve non pleine ; cent cinquante francs par tête de louve pleine ; quarante francs par tête de louveteau, c'est-à-dire pour les jeunes loups dont le poids est inférieur à huit kilos.
Enfin lors qu'il sera prouvé qu’un loup s’est jeté sur des êtres humains celui qui le tuera aura droit à une prime de deux cents francs. De plus, la dépouille du loup appartiendra au chasseur ou, s’il y renonce, au bureau de bienfaisance. »
Et d'ajouter :
« Les loups qu’il s’agit en effet de détruire sont, pour la plupart, des envahisseurs qui ont passé la frontière en 1870, à la suite des armées allemandes. Voilà de quoi, nous l’espérons, donner du cœur au ventre aux tueurs de loups. La Société d’agriculture l’a dit, c’est une question d’humanité. Nous ajoutons, nous, c’est une question patriotique. Donc guerre aux loups, sus aux loups ! »
Avec l'usage de fusils de plus en plus performants, mais aussi de divers poisons (dont la redoutable strychnine), le nombre de loups présents en France, déjà faible, va décroître considérablement. La Société protectrice des animaux a beau protester, elle ne reçoit que moqueries et incompréhension. L'Avenir républicain de Troyes écrit ainsi dès 1875 :
« La société protectrice des animaux possède une section libre et non inscrite sur ses registres, qui se préoccupe uniquement de la conservation des animaux nuisibles. La moitié la plus lettrée de cette section se compose de philosophes profonds et mystiques. Ils parlent des décrets de la Providence, de la pondération et de l’équilibre des espèces, de l’ordre admirable de l'univers et des lois primordiales de la création.
Ils ne veulent pas qu’on supprime rien, même le mal, parce que ce mal est peut-être destiné à prévenir ou à limiter un mal plus grand. Ils veulent conserver tous les carnassiers : ours, loups, renards, fouines, éperviers, d'abord parce que ce sont des créatures de Dieu ! et ensuite par ce qu'ils détruisent les rats, les souris, les taupes. »
Et en effet, les défenseurs des loups ne seront guère entendus. La Petite République, quatre ans après la loi de 1880, se réjouit des progrès accomplis :
« On peut espérer qu’en un temps donné nous verrons disparaître des campagnes de France, comme elle a déjà disparu en Angleterre, la race de maître Loup, grand mangeur de moutons. Son souvenir ne se retrouvera plus que dans les récits d’anciens temps contés à la veillée par les vieilles grand’mères […].
Le dernier bulletin publié par le ministère de l’agriculture contient l’état des loups tués en 1883 et des primes accordées. Nous y voyons que le nombre de loups détruits en cette seule année a été de 1,308 […]. Belle chasse, on le voit ! En continuant de ce train, en détruisant chaque année plus d’un millier de loups sur le territoire de la France, on peut parier, comme nous le disions plus haut, pour la future extinction de la race. »
L'extermination des loups ne sera toutefois achevée que plusieurs décennies plus tard. En 1930, un article du Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire pose la question en titre : « Y a-t-il encore des loups en France ? ». Et répond par la quasi-négative :
« Au début du XIX siècle, les loups étaient encore fort nombreux en France, et surtout en Bretagne, en Auvergne, dans les provinces de l’Ouest, du Sud, de l’Est. Puis le développement des cultures, le perfectionnement des armes, l’emploi du poison, les firent diminuer de nombre et presque disparaître [...].
Une chasse bien organisée eut raison du fléau et depuis trente ans, le loup est devenu rare en France [...]. La dernière victime humaine des loups fut une vieille femme tué en octobre 1918 en Haute-Vienne. En février 1927, dans le Cantal, un loup dévora un âne. Mais ces faits de viennent exceptionnels.
On ne voit plus que des individus errants ; et encore il est permis de penser que ces loups viennent d’Espagne au cours des hivers rigoureux [...]. Bientôt le loup de France aura dis paru. On ne parlera plus de lui qu’en racontant le Petit. Chaperon Rouge, le Chien de Brisquet ou la Chèvre de M. Seguin. »
https://www.retronews.fr/environnement/echo-de-presse/2018/07/27/lextermination-des-loups-de-france
Un dossier de Futura Sciences sur la chenille processionnaire
Notre fête de la nature le 26 mai 2018
Balade au Mont-Caume le matin et conférences / exposition l'après-midi.
à l'initiative des Amis du Vieux Revest - Loisir et Culture
Thème de l'année : Voir l'invisible
Notre annonce sur le site officiel : https://fetedelanature.com/edition-2018 … -asiatique
Notre fête de la nature le 26 mai 2018
Balade au Mont-Caume le matin et conférences / exposition l'après-midi.
à l'initiative des Amis du Vieux Revest - Loisir et Culture
Une journée pour continuer notre exploration du plateau, de la forêt domaniale des Morières et découvrir un de ses plus beaux monuments naturels, sculpté par l'érosion, en passant par la Chartreuse de Montrieux.
La neige est tombée ce 26 février 2018. Belles cartes postales que nous envoie Marie-Hélène. Et Cissou. Et Katryne.
http://photos.revestou.fr/_data/i/upload/2018/02/26/20180226200659-f1f57afa-me.jpg