L’observatoire des vers luisants et des lucioles réalise une enquête participative pour connaître les populations de ces insectes lumineux. S’appuyant sur un réseau de 15 000 citoyens, il constate un déclin largement causé par l’humanité.
Tallenay (Doubs), reportage
Trois points brillants dans l’obscurité. La dernière fois qu’Éric Descourvières a aperçu des vers luisants, c’était à la fin du mois de juin, devant sa maison de Tallenay, un village du Doubs. « Je les ai découverts par une belle nuit noire en bordure d’une route communale, en lisière de prairie. Enfant, j’avais l’habitude de les observer. Cela m’a fait plaisir d’en revoir », raconte l’enseignant. Quelques jours plus tard, photo à l’appui, il consignait son observation dans un formulaire en ligne.
En effet, depuis 2015, une enquête participative vise à mieux connaître les populations de vers luisants et de lucioles en France. Souvent confondus, ces coléoptères de la famille des lampyridés diffusent tous une lumière verte pendant l’été. La bioluminescence résulte de la réaction chimique entre deux molécules nommées luciférase et luciférine avec l’oxygène. Rien de diabolique là-dedans : en latin, lucifer signifie « ce qui apporte la lumière ». Chez les vers luisants, cette propriété revient uniquement à la femelle qui, dépourvue d’ailes, reste immobile et s’éclaire en continu pour attirer un mâle. Du côté des lucioles, les deux genres sont ailés et bioluminescents ; ils clignotent en émettant des flashs de lumière très brefs.
Autrefois communs, ces insectes — une douzaine d’espèces en France — ont été peu étudiés. « En fait, on ne sait pas grand-chose sur eux. Ce ne sont pas de jolies bêtes comme les papillons ou les scarabées avec de belles couleurs ; ils n’intéressent pas les entomologistes », regrette Marcel Koken, chercheur en biologie moléculaire au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Ce spécialiste de la bioluminescence pilote l’observatoire des vers luisants et des lucioles avec Estuaire, un groupe associatif vendéen qui a initié d’autres programmes participatifs sur les bourdons, les hérissons, les mares et les libellules.
Compagnons à la fois magiques et mystérieux des soirées estivales, les vers luisants convenaient bien à une enquête destinée à réunir le maximum de contributeurs volontaires. Pour ce type de projet de science citoyenne, mieux vaut, effectivement, miser sur des espèces dotées d’un capital de sympathie. Et cela fonctionne. Grâce au relais local de 169 associations naturalistes, 15 000 observateurs répondent chaque année à la question suivante : avez-vous déjà vu un ver luisant ou une luciole ?
« C’est une enquête grand public à laquelle participent des gens qui ne sont pas dans notre réseau habituel », témoigne Bertrand Cotte. L’entomologiste amateur, coléoptèriste et membre de l’Office pour les insectes et leur environnement Franche-Comté, supervise la collecte de données dans sa région. En Bourgogne-Franche-Comté, 421 observations ont été recensées en 2021, grâce au travail de mobilisation de l’Observatoire régional des invertébrés.
Premier objectif de l’observatoire national : tenter d’évaluer et de localiser les populations. « Tout le monde dit "les vers luisants, on n’en voit plus". Alors on a voulu savoir s’il y en avait vraiment moins ou si c’est le changement de nos comportements qui nous rend moins attentifs », explique Marcel Koken. Résultat : les lampyres n’ont pas échappé au déclin général de l’entomofaune. « Si on se réfère aux anciens récits dans la littérature, il y a une vraie baisse. On ne retrouve plus les quantités décrites dans les articles », constate le chercheur du CNRS. On sait également que la principale espèce en France, Lampyris noctulica, est présente partout, même si la situation est plus dégradée dans le nord du pays. Les lucioles, elles, n’ont été signalées qu’autour de Nice et en Corse.
Des herbes hautes, de l’ombre et un peu d’humidité : c’est tout ce dont a besoin le ver luisant. « Il n’est pas très exigeant. On le trouve dans les jardins, les prairies, les bords de haie, les chemins forestiers, recense Bertrand Cotte. Et il lui faut aussi des limaces et des escargots. » Les larves (que l’on peut observer toute l’année) se nourrissent exclusivement de gastéropodes. Des animaux pourtant plus gros qu’elles, à qui elles réservent un sort funeste. « Ce sont des bêtes féroces, souligne Marcel Koken. Elles se jettent sur leur proie pour la mordre à plusieurs reprises. Le poison injecté la paralyse puis finit par la liquéfier. »
L’appétit de ces coléoptères en fait donc de précieux auxiliaires pour les jardiniers qui se désolent de voir leurs salades englouties par les limaces. L’utilisation de pesticides — et notamment de granulés antilimaces et escargots — apparaît comme l’une des principales causes de raréfaction des vers luisants. « Ils sont aussi perturbés par les lumières nocturnes qui désorientent les mâles. Il faudrait éteindre les lampadaires, les équiper de détecteurs d’approche ou orienter la lumière vers le bas, poursuit le gestionnaire de l’observatoire. L’abus de fauchage a également un impact. L’idéal serait de faucher l’herbe avant la mi-mai, puis après la mi-septembre et essayer de ne pas couper partout si ce n’est pas nécessaire. »
L’enjeu du programme scientifique de l’observatoire des vers luisants et lucioles est double : produire de la connaissance grâce à des contributions citoyennes mais aussi sensibiliser à l’effondrement de la biodiversité et au déclin alarmant des populations d’insectes. « L’enquête aide à communiquer sur une espèce phare pour pointer la régression de l’ensemble des insectes, y compris les plus communs », estime l’entomologiste franc-comtois.
Sauf que les moyens de l’observatoire sont trop limités pour atteindre pleinement cet objectif. Le programme est soutenu uniquement par le Département de la Vendée, ce qui ne permet pas de financer un poste de salarié afin de développer le réseau des observateurs et exploiter la base de données constituée depuis 2015. « Il n’y a pas de modèle économique viable pour ce genre de dispositif, déplore Fabien Verfaillie, le président d’Estuaire. On est frustrés de ne pas accomplir notre mission dans de bonnes conditions. On arrive juste à faire des constats alors qu’on aimerait pouvoir organiser les données de façon à réfléchir à des actions de conservation. »
Un élément pourrait inciter les pouvoirs publics à s’intéresser davantage aux lampyres : la découverte, en 2020, dans les Pyrénées-Orientales, d’une nouvelle espèce de luciole. Originaire d’Amérique du Sud, elle a été introduite en Espagne en 2016. Repéré par des programmes participatifs ibériques, le lampyre à corselet marqué a été déclaré comme potentiellement invasif et à surveiller par l’Office français de la biodiversité et l’Union internationale pour la conservation de la nature.
À raison de 10 kilomètres par an, l’espèce connaît une expansion rapide pour ce type d’insecte. Autre problème : les larves ne se nourrissent pas de limaces et d’escargots mais de vers oligochètes, les vers de terre indispensables à la vie des sols. « Les vers de terre souffrent déjà d’énormes pressions, notamment à cause d’une autre espèce envahissante, le ver plat. Cela peut être catastrophique, y compris pour l’humain avec des pertes de rendements agricoles et des sols compactés qui augmentent les risques d’inondation », s’inquiète Fabien Verfaillie. L’écologue veut croire « que, localement, le Département ou la Région accepteront de nous accompagner pour comprendre ce qui se passe et évaluer le risque associé au développement de cette espèce ». Une lueur d’espoir.
Pour votre jardin, vous pouvez planter des fleurs grâce aux sachets de tisane qui traînent dans vos placards.
Marjolaine
Vous n’avez pas la main verte et ne savez pas comment égayer simplement votre jardin ? Plantez le contenu de sachets de tisane. Un minimum d’effort pour un maximum d’effet garanti.
JARDIN - Si la période des semis est passée, il est tout de même possible d’embellir votre jardin à l’aide d’une méthode simplissime : planter le contenu des sachets de tisane qui traînent dans vos placards, parfois depuis plusieurs années. Pour cela, il suffit de se saisir d’un sachet de camomille, de nigelle, pavot ou autre plante fleurie. Périmé ou non, peu importe.
Frottez le sachet de tisane entre vos mains pour libérer les graines, dispersez-les sur une parcelle de terre nue en plein soleil, arrosez les bien et le tour est joué. La camomille, connue pour ses propriétés apaisantes et favorisant le sommeil, donne ainsi également de très jolies fleurs blanches, parfumées, semblables à des marguerites, qui égayeront votre pelouse, comme l’explique le HuffPost UK.
Les graines de nigelle donnent elles des fleurs plus fines et délicates, généralement de couleur pastel, parfaites pour combler les espaces vides dans votre jardin. Elles peuvent également être cultivées à côté d’autres fleurs, ce qui permet d’obtenir une végétation diversifiée sans effort.
Une belle pelouse sans effort
Pendant le premier mois ou jusqu’à la floraison, veillez à arroser régulièrement le sol. Une fois qu’elles ont fleuri, ces herbes sont très autonomes et continueront à prospérer d’elles-mêmes. Autre avantage : leur prix, qui est sans comparaison avec celui des graines vendues dans les magasins d’horticulture. Ne serait-ce qu’une demi-cuillère à café peut suffire à donner des tas de plantes.
Les petits sachets remplis de fleurs séchées sont récoltés mécaniquement et contiennent invariablement des têtes de graines mûres. Ces herbes ont presque toutes évolué afin de coloniser des sites ensoleillés, exposés, avec un sol pauvre et des niveaux d’eau bas, ce qui les rend très résistantes et faciles à cultiver. C’est le propre des « mauvaises herbes ».
Un bon exemple est le fenouil, que l’on trouve couramment sur les voies ferrées et dans les tas de décombres. L’aneth, qui est étroitement apparenté, peut être cultivé de la même manière. En tout cas, c’est une méthode facile et écolo de fleurir votre jardin ou jardinière. Et d’une année sur l’autre, les plantes repoussent.
Publié par Alexandre Lafon le 24 avril 2023
La Une du Figaro Magazine du 24 mars attirait l’attention des lecteurs sur quatre animateurs populaires d’émission d’histoire avec ce titre accrocheur : « Ils nous font aimer l’histoire. Pourquoi leurs émissions passionnent les Français ». Stéphane Bern, Lorànt Deutsch, Franck Ferrand et Virginie Girod officient chacune et chacun à la télévision ou à la radio, dans le cadre d’émissions dédiées ou comme chroniqueur : Franck Ferrand intervient sur le plateau des Grosses Têtes sur RTL, par exemple. Stéphane Bern, dans Secrets d’Histoire sur France 3, ou Franck Ferrand raconte sur Radio classique, semblent connaître une belle réussite en termes d’audience, la première fêtant ses quinze ans d’existence.
L’adaptation cinématographique des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas, en salles depuis le 5 avril, est également l’occasion d’affirmer le triomphe d’une « histoire populaire » dont se régaleraient les Français, en parallèle d’une « histoire universitaire » bien trop éloignée des vraies problématiques historiennes. Stéphane Bern, figure de proue de l’histoire grand public dans les médias audiovisuels, déclare à ce propos : « Depuis les années 1970, à l’école, il est interdit d’enseigner le passé de façon charnelle. L’institution scolaire n’aime plus parler des grands personnages qui ont écrit l’histoire. Or, on ne peut intéresser le public à l’histoire sans l’incarner dans des hommes et des femmes. Les passions qui les animent – le désir de gloire ou de puissance, l’amour – et les épreuves qu’ils affrontent sont intemporelles. » Selon lui, le passé n’est intéressant que s’il raconte, que s’il s’appuie sur le destin de grandes figures, que s’il est présenté à travers le prisme des passions (amour, gloire et… beauté ?). Ainsi, il serait bon, pour le dit « grand public », catégorie aussi imprécise que commode, de ramener l’histoire à un récit passionné du passé des dominants. Bref, de revenir clairement à une histoire biographique des grands hommes (et femmes, tout de même), fondant une chronologie claire d’une histoire glorieuse de la France.
Resservant le discours conservateur d’un « roman national » aux couleurs des rois très chrétiens d’une France éternelle, cette représentation médiatisée semble devoir prendre de plus en plus d’importance dans l’espace public en fustigeant le travail des enseignants des premier et second degrés, et des universitaires. Ces derniers œuvrent pourtant justement à déconstruire ces représentations attachées à une historiographie datée, tout en travaillant à construire une culture commune critique de notre passé national, européen et mondial. Quitte à faire grincer des dents les tenants d’une histoire politisée. L’histoire, passion française, apparaît en effet comme un outil politique de premier choix. Ses usages, notamment médiatiques, disent une époque et une ambiance. La nôtre semblant devoir se plier aux manipulations les plus conservatrices alors même que d’autres voies proposées par des professionnels ou amateurs historiens sont possibles.
Nos « quatre mousquetaires » de l’histoire médiatique contemporaine surfent sur une profonde lame de fond propre à notre nation : la passion de l’histoire. Depuis la Révolution française et le père de l’histoire romantique Jules Michelet, cet intérêt ne se dément pas. La France est une nation qui s’est construite sur son histoire. Au Moyen Âge, les « chroniques de France » offraient un premier écrin au passé d’une même entité : nation, roi et État se confondant. Depuis 1792, les régimes libéraux puis les Républiques ont résolument réinvesti le passé pour dire le pays, le peuple et sa singularité : démocratie, souveraineté populaire, universalisme des droits. La construction de l’État-nation passe par une histoire (et une géographie) commune qui se dessine parfaitement à la fin du XIXe siècle, d’autant qu’après 1870 et la défaite contre la Prusse, il fallait répondre à cette question, développée par le philosophe Ernest Renan : Qu’est-ce qu’une nation ? (1882). Être français devient un « plébiscite de tous les jours » qui s’appuie sur une histoire commune, glorieuse et téléologique : la République représente le point final d’une épopée des grandes heures d’une nation.
L’école sera le berceau de cette histoire-fiction, les manuels scolaires de l’« instituteur national » Ernest Lavisse constituant des médiateurs particulièrement efficaces. Le roman national des grandes figures et de la chronologie fondée sur « nos ancêtres les Gaulois », la monarchie et la Révolution française se développe alors. À travers l’école, l’histoire – qui apparaît dans les lois scolaires de 1881-1882 – devient un pilier républicain. Aujourd’hui encore, elle reste inscrite dans tous les programmes de tous les niveaux, de l’école primaire au lycée général, technologique ou professionnel. Souvenons-nous du tollé qu’avait rencontré, il y a quelques années, le projet de supprimer l’histoire en terminale scientifique : l’histoire est solidement ancrée comme un bien commun, cultivé largement dans l’espace public.
Parallèlement à son usage politique et scolaire, l’histoire a conquis l’université au XIXe siècle, devenant, au XXe, la reine des sciences humaines à travers les œuvres d’un Marc Bloch, d’un Lucien Febvre ou d’un Fernand Braudel. L’histoire profite aussi dans les années 1970 du large mouvement d’ouverture culturelle aux masses démocratisées. Les ouvrages de la Nouvelle Histoire de Georges Duby ou de Jacques Le Goff gagnent le grand public. Montaillou, village occitan, d’Emmanuel Le Roy Ladurie, publié en 1975, connaît un succès retentissant. Les universitaires Alain Decaux, Marc Ferro, Max Gallo ou Pierre Miquel s’invitent à la télévision pour des programmes populaires de grande qualité, parfois en première partie de soirée. Ils sont autant conteurs qu’écrivains, conseillers aussi des politiques pour certains. Le magazine L’Histoire naît en 1979 et devient rapidement la référence en matière d’histoire universitaire transmise au plus grand nombre. Il est aujourd’hui encore plébiscité dans le monde enseignant et dans les foyers éclairés.
Dans les années 1980, la peur de « perdre la mémoire » impose aux historiens une réflexion collective sur les Lieux de mémoire autour de Pierre Nora. La volonté de sauvegarde du patrimoine matériel et immatériel devant l’accélération de l’histoire et de la modernité aboutit à un regain de musées, de journées dédiées aux commémorations et aux patrimoines. Des chantiers sont ouverts autour d’événements moins glorieux du passé national ou problématiques : la grande Révolution n’est-elle pas aussi celle de la Terreur ? La polémique entre le libéral François Furet et le communiste Albert Soboul traverse alors les médiatiques commémorations du bicentenaire de 1989. Dans les années 1990, l’émission Histoire parallèle d’Alexandre Adler, sur la Cinquième, connaît un succès certain : la fin de l’histoire annoncée n’en est pas une. Les émissions documentaires d’Arte par exemple prolongent aussi la qualité des programmes consacrés à l’histoire.
L’arrivée d’Internet démultiplie les supports de diffusion alors que les émissions télévisuelles de plus en plus interactives se modernisent. À la suite de plusieurs autres, la chaîne Youtube Nota Bene, lancée en 2014 par Benjamin Brillaud, devient un marqueur solide de la vulgarisation numérique de l’histoire, prolongeant son succès par des ouvrages grand public. Les podcasts d’histoire actuels, comme Paroles d’Histoire de l’historien André Loez, connaissent aussi une réelle notoriété. La géographie profite de l’excellente émission éducative de vulgarisation Le Dessous des cartes, créée en 1990 par Jean-Christophe Victor. Aujourd’hui largement utilisé dans les classes, ce programme court très pédagogique permet de proposer au public comme aux élèves des mises au point sur les pays, territoires, régions du monde et une ouverture solide de géopolitique.
Ces quelques rappels témoignent de l’épaisseur prégnante de l’histoire dans l’espace public, fondée sur la demande d’une population éduquée à la recevoir, par le biais d’une littérature historique très développée. L’édition, livres ou magazines, et la télévision portent ainsi une histoire médiatique de grande qualité, ouverte sur les problématiques universitaires. Nombre d’auteurs de fiction construisent aussi leur intrigue sur le passé. Sur la Grande Guerre, le centenaire a été l’occasion pour le romancier Pierre Lemaître de recevoir le prix Goncourt avec Au revoir là-haut en 2013. Avant lui, Jean Rouault obtenait le même prix en 1990 sur le même cadre historique pour Les Champs d’honneur. On ne compte plus les auteurs étrangers, nationaux ou locaux qui construisent leur succès sur des intrigues historiques (Cathares, Templiers, Résistance). Ils poursuivent la veine des romans du XIXe siècle dans le sillon des Trois Mousquetaires.
L’histoire reste ainsi le puissant moteur d’une culture partagée et un support de fiction efficace et largement médiatisé. Encore faut-il savoir regarder ce passé avec lucidité et vérité. Longtemps, l’histoire a bénéficié de plumes et de voix pour se porter au-devant d’un large public, sans perdre en route ses attraits : l’examen des sources, la critique et le débat, la puissance du récit fondé sur l’ouverture de problématiques neuves et plurielles, la force des enquêtes utiles à la compréhension et au partage d’un passé souvent problématique (la Shoah, la Résistance ou la collaboration, etc.). À y regarder de plus près, la diversité de l’offre culturelle et médiatique contemporaine d’histoire grand public n’est pas à remettre en cause.
Pourtant, depuis le tournant des années 2000-2010, l’histoire médiatique dite « populaire » a perdu de sa superbe, en particulier à la radio et à la télévision, sur les chaînes et stations les plus regardées et écoutées. Cette période est celle d’un temps de repli identitaire très fort, qui met la nation à mal. Communautarisme d’un côté, nationalisme et xénophobie de l’autre, le passé est pris en tenaille. Il est sommé de prendre position entre le « rôle positif de la France dans la colonisation » ou sur les « mémoires oubliées de l’esclavage ». L’histoire devient polémique et elle est utilisée à cette fin. Les lois mémorielles et le projet avorté d’une Maison de l’histoire de France brouillent le passé et son étude critique. L’histoire devrait-elle s’aseptiser ?
Les programmes « grand public » proposés par Stéphane Bern enclenchent alors un puissant retour en arrière. Les règnes des grands rois, les grandes batailles « fondatrices », les intrigues de cours dessinent une histoire conservatrice, sans peuple agissant, sans tensions sociales, un univers romanesque d’une France des « grands ». Une histoire vulgaire plus que vulgarisée qui n’est en rien de l’histoire. Un certain cinéma politiquement orienté cautionne et prolonge ce rapport délictueux au passé. Vaincre ou mourir, réalisé par Vincent Mottez et Paul Mignot en 2022, en est l’exemple criant.
Pourtant, depuis de nombreuses années, les historiens ont su porter un regard critique sur leur discipline. L’historiographie est devenue une étape obligée dans les études historiennes à l’université. Elle apparaît désormais jusque dans les manuels scolaires du collège et du lycée. Les études universitaires restent d’une grande vivacité et s’arment : un master « histoire publique » consacré à la médiation historique en direction du grand public s’enseigne à Nantes, Créteil ou Albi. L’histoire est désormais l’étude critique du passé et conserve en cela une forte finalité civique. Quelles sont les grandes problématiques historiographiques ? – Montrer que l’histoire est une connaissance toujours actualisée du passé car en lien avec des problématiques actuelles ; – que le « roman national » est une construction politique du passé associée à une période de notre histoire (les travaux de Suzanne Citron ont largement mis en lumière ces errements : angles morts des mémoires populaires, ouvrières, des minorités, construction d’une histoire des dominants sur les dominés, mémoires oubliées des femmes, de l’esclavage) ; – montrer, enfin, que les événements et la chronologie sont des constructions mobilisées par des usages politiques du passé.
Enseigner la chronologie suffit-il à faire de l’histoire ? Certes non, si cette histoire n’est pas problématisée, si elle ne porte pas un sens sur nos propres questionnements. Que Jeanne d’Arc ait été brûlée en 1431 est un fait, mais pourquoi est-ce un événement, que dit-il du rapport entre la religion et le politique au XVe siècle, et de la géopolitique d’alors ? Pourquoi Jeanne d’Arc devient-elle une figure si plurielle dans nos mémoires collectives ? Autant de questions qui permettent de mieux saisir les faits historiques, et non de les porter comme des étendards idéologiques imperméables à la critique.
L’histoire, notamment l’histoire enseignée, n’est plus un catalogue de faits et de personnages « à apprendre par cœur », mais une discipline intellectuelle fondée sur l’étude critique de documents. Elle s’est ouverte à l’histoire sociale et culturelle, à l’histoire des mentalités (dans les années 1980) et à l’histoire des représentations (dans les années 1990 et 2000). Mais sans perdre aussi ce qui fait un de ses charmes : l’art de l’écriture, du récit, de la vie. « Le bon historien, lui, ressemble à l’ogre de la légende. Là où il flaire la chair humaine, il sait que là est son gibier », affirmait Marc Bloch dans Métier d’historien (rédigé entre 1940 et 1943 et publié à titre posthume en 1949 – l’historien résistant ayant été torturé et exécuté par la Gestapo allemande en juin 1944).
L’histoire enseignée est incarnée : le professeur dit à travers des sources les conditions de vie paysanne dans l’Europe du Moyen Âge comme de celles du temps de l’absolutisme sous Louis XIV. Il convoque les témoins de la conquête des Amériques, le journal de bord des explorateurs, la lettre du combattant de 1914. Les élèves abordent au collège le Moyen Âge et l’implantation d’un christianisme qui tout à la fois cimente la société et impose une vision singulière du monde que les humanistes sauront interroger à partir du milieu du XVe siècle. L’Europe chrétienne ? Certes, mais riche d’autres héritages et de brassages culturels, attentive aux apports méditerranéens comme asiatiques. Une mondialisation européenne au XVIe siècle ? Sans doute, mais au prix d’une conquête violente des Amériques et du commerce triangulaire. Une France puissance mondiale au XIXe siècle ? Mais sous couvert d’apporter paix et civilisation en Asie et en Afrique, elle a instauré le travail forcé, la prédation économique et culturelle, un statut inégalitaire entre colons et colonisés. Une France victorieuse en 1918 ? Mais à quel prix et pour quoi ? En étudiant le concept de « sortie de guerre », les élèves comprennent mieux l’idée d’une « victoire endeuillée » et le coût social, politique et culturel d’un conflit mondial qui a durablement affaibli le continent européen.
Au final, ces quelques exemples rapidement exposés montrent combien l’histoire enseignée aujourd’hui, proche des recherches universitaires, dessine une discipline de la réflexion et de la raison. Les cours s’appuient sur des documents : textes, images, statistiques, cartes, objets parfois manipulés en classe. Loin des clichés les plus rances, elle permet aux élèves de se construire comme citoyens éclairés d’un passé complexifié, mais toujours ponctué d’événements rapportés à une culture commune, ouverte. François Ier, Richelieu, Louis XIV ou Napoléon restent des personnages marquants. Mais ils voisinent désormais avec Léonard de Vinci, Calvin, le testament d’un bourgeois du XVIIIe siècle, le témoignage d’un grognard sur les massacres en Espagne de 1808 ou celui d’un simple tonnelier audois, poilu des tranchées. Tous ont voix au chapitre, parce que tous ont fait l’histoire, qui ne mérite pas d’être privatisée par Mme de Pompadour.
Voici quelques pistes de lecture pour nos « quatre mousquetaires médiatiques ». Ces pistes peuvent intéresser d’autres lecteurs. Les historiens, spécialistes de tous horizons (histoire antique ou contemporaine, histoire sociale ou culturelle) ne cessent en effet de travailler, de renouveler leurs problématiques, et de porter leurs recherches hors du champ clos du monde savant. Les ouvrages présentés sont des publications plutôt récentes, portant sur des sujets neufs, généraux ou très spécifiques, mais susceptibles de nous éclairer mieux encore sur notre passé partagé. Elles concernent à la fois les dominants et les dominés, les hommes comme les femmes, les minorités comme les majorités, sans évacuer rigueur du récit et véracité associés à la recherche et à la critique raisonnée. Une histoire inclusive au profit du vivre-ensemble.
– Un manuel incontournable : Douze leçons sur l’histoire, d’Antoine Prost (Seuil, 1996), ou les attendus fondamentaux de la discipline historique posés par l’un de ses meilleurs représentants (histoire sociale, histoire de l’éducation). Antoine Prost évoque en conclusion un « devoir d’histoire » qui mérite encore d’être défendu. Son ouvrage plus récent Si nous vivions en 1913 (Grasset, 2014), fruit d’une chronique sur France Inter, apparaît comme une synthèse vulgarisée de haute voltige de la société française d’avant la Grande Guerre.
– Gérard Noiriel, issu du monde ouvrier, aujourd’hui directeur d’étude à l’Éhéss, a beaucoup travaillé sur l’histoire sociale et populaire : son Histoire populaire de la France, publiée en 2019 aux éditions Agone (Marseille), est désormais devenue un classique, aujourd’hui adaptée en bande dessinée. De la fin du Moyen Âge à aujourd’hui, l’auteur parcourt le territoire de la France actuelle du point de vue des classes populaires et des processus de domination. Le récit est dense, empli de témoignages, de révoltes, de conquêtes et de renoncements. Chaque épisode fait explicitement référence à notre actualité (migration, travail, montée des revendications identitaires).
– Patrick Boucheron avait, voici quelques années, dirigé une Histoire mondiale de la France (Seuil, 2017). Dans Quand l’histoire fait date (Seuil, 2023), fruit d’émissions proposées par Arte, ce professeur d’histoire au Collège de France souhaite « défriser le cours du temps ». L’historien interroge avec bonne humeur : « Je ne sais pas ce qu’est une date importante. Ce que je sais, c’est ce que la mémoire peut en faire ». Voilà un point de départ rafraîchissant qui bouscule nos certitudes. Que révèle l’étude de l’An Mille, pourquoi cette fascination pour Lascaux ou 1347 (la grande peste) ? En 751, Charles Martel, Poitiers ?
– L’historien Michel Pastoureau, spécialiste du Moyen Âge, des couleurs et de leur signification, vient de publier un ouvrage dense intitulé Dernière visite chez le roi Arthur (Seuil, 2023). Ce livre revient sur l’écriture de La vie quotidienne au temps des chevaliers de la Table ronde, son premier livre de jeunesse paru en 1976. De quoi éclairer l’histoire du quotidien au Moyen Âge, l’histoire d’une légende et de ses postérités, mais également l’histoire de l’histoire de l’écriture historienne. Il est donc bien possible de faire rêver un large public à la légende arthurienne (ses dames, ses chevaliers, son épopée) avec rigueur et enchantement.
– La Commune de Paris ? Peut-être un épisode de Secrets d’Histoire… ? D’autant que l’épopée des Communards jouit aujourd’hui de recherches neuves, d’une somme critique refroidie, éloignée des enjeux politiques du XXe siècle (Michel Cordillot (dir.), La Commune de Paris. 1871. Les acteurs, les événements, les lieux, Les Éditions de l’Atelier, 2021). Arte a su présenter un documentaire animé d’une rare beauté intitulé Les damnés de la Commune (2021) en s’appuyant sur la bande dessinée du même nom (Delcourt, 2017-2019). La bande dessinée, art historien dynamique souvent adaptée à la télévision, que portent avec courage et dévouement à la raison les éditions de l’école des loisirs ou Rue de Sèvres.
– Claire Andrieu, professeure d’histoire contemporaine à Sciences Po Paris, publie en 2021 chez Tallandier sa recherche : Tombés du ciel : le sort des pilotes abattus en Europe, 1939-1945. Elle éclaire les actes de résistance populaire durant la Seconde Guerre mondiale. De quoi replacer les populations au cœur des problématiques du phénomène guerrier. Les actes de résistance sont aussi ces actions de l’ombre, loin de la geste gaullienne dont elle fut pourtant un élément trop mis en lumière.
– Finissons ce tour d’horizon par une jeune collection audacieuse, portée par un éditeur toulousain (Éditions midi-pyrénéennes). Il propose des ouvrages de 44 pages, de petit format, synthèses rédigées par des universitaires, sans notes de bas de page. Les thèmes ? Du libertinage à l’arrivée des pieds-noirs en France après la guerre d’Algérie, des Wisigoths à Toulouse à l’essor de l’aéronautique dans la Ville rose. Histoire des femmes, des hommes, des nobles comme des ouvriers. Chaque livre raconte un événement, mais surtout dresse le portrait d’une époque, d’une ambiance. De quoi nourrir et susciter la curiosité, à peu de frais et en tout lieu. Plaisir de la lecture nomade pour concurrencer les réseaux sociaux. https://www.edimip.com/catalogue/ouvrages/essais/catalogue-de-la-collection-cette-annee-la/
Pour conclure, il est navrant que des figures médiatiques de l’audiovisuel public ou privé, sous couvert de répondre à la (fausse) demande de leurs téléspectateurs, de leurs auditeurs, défigurent à ce point le patient travail des historiens et des professeurs qui enseignent tous les jours l’histoire, des éditeurs et réalisateurs de documentaires exigeants. Leur conservatisme et leur représentation de l’histoire nuit finalement au vivre-ensemble. Leur rôle devrait être justement d’amener plus loin et plus haut ceux qui les suivent. Non de flatter leurs représentations faussées ou les amener à penser une France passée caricaturée. En ces temps de transition, souvent douloureux, il serait judicieux qu’ils utilisent leur notoriété pour soutenir la connaissance historique et une histoire inclusive, au lieu de faire de Versailles ou de Poitiers les origines de notre France plurielle.
Alors que les pénuries d’eau s’installent sur l’ensemble de la France, promenons-nous dans la garrigue. Ce milieu typique du pourtour méditerranéen foisonne de plantes adaptées à la sécheresse. Pour autant, il reste menacé.
Nombre de végétaux méditerranéens germent et fleurissent à l’automne. - © David Richard / Reporterre
Ça pique, ça griffe, ça gratte. Sous un soleil déjà vif, notre balade printanière prend vite des airs de parcours du combattant. Slalomer entre les chênes kermès aux feuilles dentelées et les genêts scorpions, veiller à ne pas trébucher sur les rocailles, guetter l’ombre bienfaisante d’un pin. « Bienvenue dans la garrigue ! » dit dans un sourire Thibault Suisse. Notre guide du jour est botaniste au sein des Écologistes de l’Euzière, une association héraultaise qui fait, entre autres, de l’éducation à l’environnement.
« La particularité de ce milieu, c’est qu’il est semi-aride », explique le naturaliste. Et c’est justement ce qui nous amène ici, dans ce massif buissonnant à quelques kilomètres de Montpellier : en ces temps de sécheresse chronique, la région méditerranéenne, qui vit depuis des millénaires sans beaucoup d’eau, fait figure de modèle. Demain peut-être, d’autres zones de France ressembleront à ces collines pelées et étonnantes.
En ces temps de sécheresse chronique, la garrigue, qui vit depuis des millénaires sans beaucoup d’eau, fait figure de modèle en France. © David Richard / Reporterre
L’habit ne fait pas le moine, dit l’adage. Et la garrigue, sous ses allures revêches, cache une multitude d’espèces aux super-pouvoirs. Pour survivre ici, la végétation a en effet dû s’adapter au manque d’eau, aux étés caniculaires, aux feux…
Première singularité, « les plantes d’ici ne perdent pas leurs feuilles, explique Thibault Suisse. Elles les gardent toute l’année pour pouvoir faire de la photosynthèse et se développer dès que les conditions sont optimales ». Nombre de végétaux méditerranéens germent et fleurissent ainsi à l’automne, quand la plupart de leurs congénères continentaux préfèrent le printemps ou l’été. Autre originalité, leur taille : « Plus on est petits, moins a besoin d’eau », précise le naturaliste.
Face aux sécheresses, il s’agit aussi — et surtout — de garder son eau, autrement dit, de ne pas trop transpirer. « Beaucoup d’espèces ont développé la “technique du K-Way”, souligne notre guide. Leurs feuilles sont enduites d’une mince pellicule de cire, qu’on appelle une cuticule. » Avec leur feuillage luisant, le chêne kermès ou le chêne vert suent moins l’été.
Autre astuce imparable : « Le thym ou le romarin ont des feuilles toutes fines, le genévrier cade s’est plutôt doté d’aiguille, décrit le naturaliste. Le genévrier de Phénicie a opté pour des sortes d’écailles. » Différentes options pour un même résultat : réduire la surface d’évapotranspiration.
Le genèvrier cade s’est doté d’épines pour réduire la surface d’évapotranspiration des feuilles. © David Richard / Reporterre
Le botaniste sort de sa poche une petite loupe pour inspecter le dessous pelucheux d’une feuille de romarin. « Ces petits poils ont une double fonction, explique-t-il. Ils font office de double-vitrage pour mieux isoler la plante, et reflètent la lumière du soleil, grâce à leur blancheur. »
La plante aromatique dispose d’un ultime super-pouvoir : ses huiles essentielles. « L’évaporation, ça rafraîchit », rappelle Thibault Suisse, d’où l’agréable sensation de fraîcheur quand on sèche au sortir d’un bain de mer ou de rivière. Mais comment transpirer sans perdre d’eau ? En laissant se volatiliser des corps gras, moins denses que l’or bleu. La garrigue est ainsi parsemée de ces espèces odorantes qui font saliver les promeneurs.
Qui dit milieu sec, dit également risque de feu. Beaucoup de végétaux font donc avec les flammes. Le botaniste évite soigneusement un tapis de fleurs jaunes — des narcisses de garrigue. « C’est une espèce à bulbe, ce qui lui permet d’avoir ses réserves d’eau et de nutriments sous terre », indique-t-il. Pratique en cas d’incendie qui ravagerait la surface.
D’autres plantes, comme les cistes ou l’olivier, se sont particulièrement accommodées des brasiers. « Les graines de ciste germent bien mieux après avoir été soumises à de fortes températures. On peut reproduire ça en les passant au four, développe Thibault Suisse. Quant à l’olivier, ses noyaux se développent très bien dans les cendres. » Il n’est ainsi pas rare de découvrir des jeunes pousses dans les restes grisâtres d’un barbecue où l’on aurait jeté les résidus de l’apéro.
Le naturaliste est insatiable. Il ne cesse de se pencher vers le sol, pointant du doigt ici une salade sauvage, là une jonquille, là-bas une jeune touffe de thym. Contrairement aux apparences, « la garrigue abrite une richesse et une variété végétales remarquables, insiste-t-il. 80 % des quelque 6 000 espèces de plantes connues en France sont présentes ici ». La région méditerranéenne est ainsi ce qu’on nomme « un “hot-spot” de biodiversité ».
Un milieu exceptionnel, mais menacé. Par l’urbanisation galopante et le recul du pastoralisme — les moutons ont longtemps permis de garder ces milieux ouverts, laissant s’épanouir une flore singulière. Mais aussi par le changement climatique. « La végétation est adaptée aux sécheresses estivales, mais pas au manque d’eau chronique et aux sécheresses précoces, en début d’année », souligne John Thompson, écologue au Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
D’autant plus que le pourtour méditerranéen se situe aux avant-postes de la crise climatique. « Les espèces peuvent s’adapter, elles ont moins de feuilles par exemple, mais il y a des limites en matière de température et de disponibilité en eau », abonde Isabelle Chuine, directrice de recherche au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive du CNRS.
Reste le déplacement. « Des études menées sur l’ensemble de la flore montre qu’elle remonte vers le nord et les sommets, indique Isabelle Chuine. Le chêne vert, par exemple, se retrouve le long de la façade Atlantique. » Les espèces xérophytes du sud, qui aiment la sécheresses, pourraient ainsi se disséminer dans certaines zones de l’ouest et du centre de la France.
Alors, garrigue partout ? « Ce n’est pas si simple, nuance John Thompson. Il y a d’autres facteurs qui jouent : les sols appropriés par exemple. » Il faut aussi que les végétaux puissent essaimer, grâce aux pollinisateurs ou aux oiseaux. « Le déclin des insectes, les barrières que constituent les routes, les villes freinent ce processus… On empêche la nature de se déplacer », prévient le chercheur.
La région méditerranéenne semble bien condamnée à la mutation. « La végétation pourrait se modifier et ressembler à celle de l’Andalousie ou de l’Afrique du Nord, esquisse Isabelle Chuine. Moins dense, plus pauvre d’un point de vue biodiversité. » D’ici la fin du siècle, la garrigue pourrait peu à peu laisser place à un milieu semi-désertique.
L'historien local AndréTardy estime que les vestiges de Telo Martius découverts à Besagne en 1987 sont une fausse piste. Il défend une hypothèse puisée dans un ouvrage du XIXe siècle
Publié par Mathieu Dalaine le 11 avril 2023
Fermons les yeux et imaginons. Imaginons cette bourgade antique de 3.000 habitants nichée au cœur d’une rade magnifique. Imaginons cette petite ville qui vit au rythme de ses échoppes. Les enfilades de maisons sont ici ponctuées de villas luxueuses, de fontaines reliées à la source Telo, au pied du Faron. Imaginons ce port où se vendent vin, huile, cuir et autres étoffes teintes aux navires venus de tout l’empire romain. Imaginons-le… mais où?
Longue de 6 à 8mètres, les barques romaines découvertes à l’occasion de la construction du centre Mayol en 1987 seraient la preuve de l’existence du port antique de Toulon, selon les archéologues. Mais pas d’après l’historien local André-Jean Tardy. Photo DR
"Le port romain de Telo Martius était à Castigneau, dans l’actuelle enceinte militaire", assure aujourd’hui André Tardy. D’après l’ancien directeur de la régie municipale des eaux, historien à ses heures (1), la théorie communément admise, qui voudrait qu’un port antique ait été implanté entre l’actuel centre commercial Mayol et la place de l’Équerre, est erronée.
En rouge, l'emplacement supposé du port antique par l'historien local André-Jean Tardy. En bleu, l'emplacement du port découvert par les archéologues. En vert, la cité antique.
Sauf que pour les archéologues, le fait est entendu depuis plus de trente ans. Depuis la découverte en 1987 de barques romaines à Besagne, entre autres vestiges dénichés lors de larges fouilles dans le centre ancien, preuve serait faite de l’implantation d’un port antique à cet endroit. L’an dernier, un ouvrage sur le sujet, intitulé Toulon (Telo Martius), une agglomération portuaire romaine de la cité d’Arles, a même été édité aux Presses universitaires de Provence.
"Je ne conteste pas ce qui a été exhumé dans les années quatre-vingt, pose André Tardy. Mais on parle là d’un débarcadère composé de deux barques chargées de pierres, puis coulées, ainsi que d’un alignement de troncs de chênes! Dire que cette fruste réalisation serait un port fait offense à l’ingénierie maritime romaine." Le Toulonnais brandit le tome I d’Histoire de Toulon, un livre écrit en 1886 par un certain Gustave Lambert. "Il y rapporte les communications, à leur ministre respectif, de deux hommes de l’art, directeurs des fortifications de Vauban, qui évoquent à 65 ans d’écart la mise au jour de débris de quais romains. Cela à du sens."
Et d’argumenter: "L’existence d’un aqueduc entre Telo et Castigneau a été attestée. On peut imaginer que cette eau approvisionnait une teinturerie éloignée du centre urbain pour limiter les nuisances. Rappelons que c’est cette activité économique – la teinture d’étoffe – ainsi que le négoce de vin et d’olives, qui a permis au port de Telo Martius de se développer."
Problème: aucune trace de ces quais n’a été retrouvée à l’époque contemporaine. Tout cela aurait été détruit par les agrandissements successifs du complexe militaire, croit savoir André Tardy
"On ne fait pas l’histoire avec des théories ou une approche émotionnelle, balaye Marina Valente, directrice du Centre archéologique du Var. Que Monsieur Tardy apporte des preuves! Nous – des archéologues, un professeur au Collège de France, une directrice de recherche au CNRS… – on a des preuves matérielles, documentées et datées. Telo Martius n’était sans doute pas un port aussi important que Fréjus, mais si cela avait été le cas, il aurait été cartographié…"
Du haut de ses 87 ans, fort d’un caractère trempé, André Tardy ne craint pas plus l’adversité qu’un procès en érudition. Défendant son "étude de cinquante pages" qu’il vient d’achever, il n’en démord pas: "C’est à Castigneau, où a été mis à profit un grau sur la rive gauche de l’estuaire du Las, qu’a été construit le port romain."
Quid, alors, des installations découvertes dans le centre-ville? "Vers -50, le port gréco-romain d’Olbia, à Hyères, est devenu inabordable. C’est à Toulon que les Obliens ont probablement trouvé l’emplacement le mieux adapté pour continuer leur négoce. À Telo Martius, co-existèrent deux ports: l’un de commerce, à Besagne, réalisé à la hâte; l’autre à Castigneau, d’État, militaire, réalisé par l’ingénierie romaine, à la charge de l’empire."
Horeiae vs Horiae
C'est un autre combat, toponymique celui-ci, que mène André Tardy depuis des années. "Le nom des barques romaines retrouvées à Besagne n'est pas Horeia, mais Horia", assure-t-il, contre vents et marées.
L'historien local en veut pour preuve le fait qu'Horia soit un mot attesté en langue latine signifiant barque de pêcheur d'après le dictionnaire Gaffiot. Le terme Horeia, lui, a été découvert sur une mosaïque réalisée en Tunisie, représentant un petit bateau similaire aux embarcations toulonnaises. D'où le nom de baptême choisi par les archéologues. Mais pour André Tardy, il s'agit possiblement là d'"une erreur orthographique du scribe".
C'est ainsi qu'il y a 30 ans, le Toulonnais s'est rendu en mairie pour interpeller le service municipal dédié aux noms de ruess. "Il y a cet escalier le long de Mayol, entre la place des Mûriers et la place Besagne, qui était baptisé Montée des Horeiae. J'ai tout expliqué au fonctionnaire qui a accepté de corriger la plaque en mettant Horiae !" (Horia au plueirl, ndlr).
Au fil de ses recherches, André Jean Tardy s'est également interrogé sur l'origine du nom romain de Toulon, "Telo Martius". Si Telo évoque un dieu celte qu désigne l'actuelle source Saint-Antoine, autour de laquelle le premier foyer de population s'est créé, Martius, lui, ne serait pas une référence au dieu latin de la guerre d'après l'historien toulonnais, qui entend -là encore !- tordre le cou à la version officielle.
Seuls deux ports portent le nom de Martius en Méditerranée ! Narbo Martius, soit Narbonne, et Telo Martius, soit Toulon, pose André Tardy. Or Narbonne fut le premier port de Rome fondé en terre étrangère. Pour marquer le coup, l'empire a sans doute voulu accoler au nom indigène Narbo, le second terme d'Ancus Martius, qui fut, selon la légende, le roi fondateur d'ostie, premier port de Rome.
Poursuivant son raisonnement, l'ancien directeur du service des eaux pense que Toulon a eu droit aux mêmes honneurs, lorsque le port de Narbonne est parti en fumée. "En 145, un gigantesque incendie a détruit la quasi totalité de la ville. Afin de continuer les vocations narbonnaises -port et teinturerie-, l'empereur Antonin a ordonné la création d'un port et d'un ensemble industriel à Toulon. C'est là qu'il a probablement choisi de lui accoler le terme Martius..."
Une hypothèse qui accréditerait, du coup, celle de l'existence d'un port d'envergure au pied du Faron... et contredirait de fait la théorie de sa localisation à Besagne, où les installations retrouvées paraissaient plus sommaires.
1. André Tardy est notamment l’auteur d’Histoire de Toulon, de Telo à Amphitria (5 tomes).
Que ce soit pour chercher des informations, se connecter à son compte bancaire, consulter ses remboursements de dépenses de santé, déclarer ses impôts ou réserver un billet de transport, les outils numériques sont indispensables à la vie quotidienne. Si la numérisation facilite la vie de la plupart des citoyens au quotidien, elle complique celle des personnes en difficulté avec les outils numériques.
En 2019, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, environ 660.000 personnes âgées de 15 ans ou plus sont en situation d’illectronisme, soit une personne sur six, selon une étude publiée ce mardi par l’Insee Paca. C’est-à-dire qu’elle ne possède aucune capacité numérique ou n’a pas utilisé internet dans l’année.
Cela représente environ 16% des habitants de cette classe d’âge, comme en France métropolitaine.
Aux personnes en situation d’illectronisme s’ajoutent environ 1,4 million d’habitants de la région (33% des 15 ans ou plus) ayant une faible maîtrise des outils numériques. Leurs usages d’internet et des outils numériques sont peu diversifiés et ils sont plus vulnérables aux virus ou aux arnaques.
Au total, presque la moitié des habitants de Paca (49%) sont en situation d’illectronisme ou de faible maîtrise des outils numériques, soit un taux proche de la moyenne de France métropolitaine (47%).
L’usage quotidien d’internet, tout comme la forte maîtrise des outils numériques, diminuent progressivement avec l’âge. Parmi les 15 à 29 ans, 82% se connectent tous les jours et 47% possèdent une forte maîtrise alors que c’est le cas de respectivement 10% et moins de 1% des personnes âgées de 80 ans ou plus.
L’illectronisme concerne également en priorité les moins diplômés.
Le taux d’illectronisme est plus fort dans l’arrière-pays que dans les métropoles.
NDLR (assistée de Wikipédia et de ChatGPT) : que sont devenues les cyberbases, comme celle que nous avions au Revest jusqu'en 2014 ?
Les Cyberbases sont des centres d'accès public à l'informatique et à l'Internet, créés en France dans les années 2000 dans le cadre d'un programme national d'inclusion numérique. Ces centres offraient des formations et des ateliers pour initier les personnes à l'utilisation de l'informatique et d'Internet. Cyber-base est un label français d'espace public numérique, géré par la Caisse des dépôts et consignations. Ce dispositif national a pris fin le 31 décembre 2014.
Depuis leur création, les Cyberbases ont connu une évolution et une adaptation aux changements technologiques. Aujourd'hui, les Cyberbases ont été remplacées par des espaces numériques de travail, des FabLabs et des tiers-lieux numériques.
Les espaces numériques de travail offrent des services similaires à ceux des Cyberbases, avec des formations et des ateliers pour apprendre à utiliser les outils numériques. Les FabLabs sont des espaces de fabrication numérique, où les utilisateurs peuvent utiliser des machines et des outils pour concevoir et produire des objets. Les tiers-lieux numériques sont des espaces de travail partagés pour les professionnels et les entrepreneurs, équipés de technologies de pointe pour faciliter la collaboration et la communication.
En résumé, les Cyberbases ont été remplacées par des espaces numériques plus modernes et adaptés aux besoins actuels des utilisateurs.
D’où vient l’eau? Quelle part est captée pour nos usages? Qui sont les plus gros consommateurs? On fait le point.
Publié par P.-H. C. le 30/03/2023
Le lac de Sainte-Croix. Photo archives Var-matin
La surface du département du Var accuse 5 973 km2 et en moyenne son sol a reçu 456 millimètres de pluie en 2022 selon les relevés.
À la louche, on peut donc estimer qu’il est donc tombé plus de 2,7 milliards de mètres cubes d’eau dans le Var.
Attention cependant à ne pas croire que toute cette flotte est disponible.
Selon les experts, 60 % de cette pluie, soit 1,6 milliard de mètres cubes, est repartie illico dans l’atmosphère, simplement évaporée. Il n’en reste plus que 1,2 milliard disponible pour s’infiltrer dans les nappes phréatiques (23 % du volume) ou ruisseler (16 %).
1,2 milliard, c’est aussi précisément ce que le département a prélevé selon les chiffres publiés pour l’année 2020 par la banque nationale des prélèvements quantitatifs en eau (BNPE).
Au fil des ans, ce volume évolue fortement. En 2017, par exemple, nous nous sommes contentés de 739 millions de mètres cubes... mais nous en avons englouti 1,5 milliard l’année suivante.
Évidemment, tout n’est pas passé par votre tuyauterie.
75 % est constitué de ce que la BNPE qualifie d’eau turbinée, c’est-à-dire celle qui fait tourner les turbines des barrages hydroélectrique. Dans le Var, il s’agit de Quinson et Saint-Cassien.
Face à ce poids lourd, l’eau potable ne constitue que 15 % du volume, l’irrigation 3,7 %, les canaux et l’usage industriel 2,9 % chacun.
Infographie Rina Uzan -Var-Matin
Le Var compte 250 points de prélèvement d’eau potable répartis sur tout le territoire. On a en tiré 193 millions de mètres cubes en 2020.
Plus gros robinet du Var, la prise de Boutre, dans le canal EDF, à Vinon-sur-Verdon, a fourni plus de la moitié de l’eau potable consommée dans le Var (voir tableau des 15 plus importants prélèvements).
Si le volume global des prélèvements connaît de fortes variations, celui de la consommation d’eau potable est en revanche assez régulier.
Sur les cinq dernières années publiées, il oscille de 181 millions (en 2016) à 199 (en 2017). En 2020, les compteurs indiquaient 193 millions.
Évidemment - et on peut s’en irriter - ce n’est pas parce que l’eau est potable qu’on la boit. Les études estiment que 7 % seulement de ce qui coule au robinet d’un ménage est utilisé pour l’alimentation, dont 1 % pour la boisson. Les bains et douches engloutissent 39 % du volume, devant les sanitaires (20 %), le linge (12 %) et la vaisselle (10 %)
Au moment où la sécheresse inquiète, les regards accusateurs se tournent vers les piscines.
La direction des finances publiques en a comptabilisé en 2021 très exactement 106 764 dans le département. Près de 15 % des logements ont leur bassin. Dans certaines communes varoises, c’est nettement plus. Les Adrets-de-l’Estérel, Cotignac et Saint-Paul-en-Forêt affichent une concentration trois fois supérieure avec 45 % des logements équipés. Un luxe qui pèse forcément sur la soif.
Le volume moyen des bassins en France est de 48 mètres cubes pour la remplir à ras bord. Le premier remplissage fait donc sérieusement couler le robinet. D’autant que, dans le meilleur des cas, il faut y ajouter près de 16 m3 par an pour compenser l’évaporation (estimée à un tiers du volume total).
Garder tous les bassins à niveau doit donc tutoyer 1,7 million de mètres cubes par an. Un chiffre à rapporter aux près de 200 millions de mètres cubes d’eau potable consommés dans le Var.
Nettement plus énervant en fait que les piscines, on peut s’intéresser aux innombrables fuites que connaissent nos réseaux.
L’Observatoire national des services de l’eau évalue à 87 % le rendement des réseaux varois. En clair, 13 % de l’eau potable introduite dans les tuyaux se perd avant d’arriver au robinet, grosso modo 25 millions de mètres cubes par an!
Le Varois, gros consommateur
69,3 mètres cubes par an et par habitant. C’est la consommation moyenne d’un Varois. C’est plus que la moyenne nationale puisque l’Observatoire des services publics d’eau et d’assainissement estime que chaque Français utilise en moyenne 149 litres d’eau potable par jour, soit une consommation domestique de 54,3 m3 par habitant et par an.
Notons cependant que ces chiffres sont forcément un peu faussés par l’afflux de touristes estivaux. Non seulement, ils ne figurent pas - par nature - dans le nombre d’habitants, mais en plus, l’Ademe estime qu’un vacancier consomme 65 % de plus qu’un local.
Le 20 mars, c’est la journée de la francophonie ! L’occasion de rappeler que la diffusion internationale de la langue française a commencé dès le Moyen Âge. En réalité, cette diffusion est alors tellement importante qu’y réfléchir, comme le fait l’historien Thierry Dutour dans son dernier ouvrage, revient à repenser le concept même de «France».
Le « français » médiéval, qui bien sûr n’est pas celui que nous parlons maintenant, est extrêmement diffusé. Il faut dire que dès le XIe siècle, des nobles francophones ont entrepris des conquêtes territoriales importantes, emportant avec eux leur langue : les Normands s’emparent ainsi des Pouilles puis de la Sicile, de l’Angleterre puis de l’Irlande. Avec les croisades, des États latins d’Orient sont fondés, dans lesquels on parle, entre autres, le français : en Syrie d’abord, puis en Palestine, à Chypre et enfin, après 1204, en Grèce et en particulier au sud, dans la région de Morée. Dans le même temps, le français picard est parlé par une large partie de la population dans les anciens Pays-Bas.
Cette diffusion est soutenue par une circulation intense d’hommes et de femmes : étudiants, soldats, clercs, musiciens, marchands, etc. Les manuscrits, les idées, les techniques voyagent dans une Europe médiévale bien plus ouverte, dynamique et connectée qu’on ne le pense souvent. Largement parlé, le français reste une langue de l’élite : en 1307, à Hereford, une petite ville à l’ouest de l’Angleterre, les ruraux témoignent en anglais, les citadins en anglais et en français, les clercs en français et en latin.
Il faut dire que les médiévaux maîtrisent souvent plusieurs langues. Il n’est pas rare que les nobles en parlent couramment trois ou quatre et, parmi ces langues, le français fait souvent bonne figure. Il apparaît dans les documents de la pratique (les chartes, les testaments, etc.) au début du XIIe siècle, et il commence à concurrencer le latin dans les relations diplomatiques à la fin du XIIIe siècle. Quand le doge de Venise écrit au sultan d’Alep en 1254, il le fait en français, et c’est dans cette langue que le sultan lui répond.
D’une manière surprenante, le français s’invente… hors de France. L’adjectif « français », utilisé pour décrire la langue, est ainsi utilisé pour la première fois par… un Anglais ! C’est en effet Philippe de Thaon qui écrit en 1113 un Comput (ouvrage servant à fixer les dates des fêtes religieuses), texte destiné au roi d’Angleterre mais rédigé dans ce qu’on appelle le français insulaire, que Philippe dit être « la langue parlée de notre pays ». Dans ce texte, il utilise 14 fois le terme « français » pour désigner la langue (sans ambiguïté, comme quand il écrit « en français, on appelle ça… »). C’est également en Angleterre que le français devient une langue littéraire, lorsque la Chanson de Roland est mise par écrit (début du XIIe siècle).
La première poétesse en langue française est elle aussi une Anglaise : Clémence de Barking, moniale dans une abbaye à l’est de Londres, qui rédige une Vie de sainte Catherine d’Alexandrie. Qui connaît son nom aujourd’hui ?
Dans son dernier ouvrage, intitulé La France hors la France. L’identité avant la nation (Vendémiaire, 2022), Thierry Dutour ne se contente pas de retracer l’histoire de cette diffusion internationale du français, de l’Irlande à la Syrie. Il explique que cette diffusion doit nous inviter à penser autrement l’histoire de France et, notamment, à nous méfier de la tentation consistant à projeter dans le passé les concepts contemporains d’identité nationale et politique.
Pour nous, en effet, « être français » signifie « être né et vivre en France », donc à l’intérieur des limites du territoire politique. Cette définition, souligne Thierry Dutour, est étroitement liée à l’importance de l’État : le territoire politique, c’est celui que contrôle et donc définit l’État. Appliquée au Moyen Âge, cette définition nous invite à réserver le terme de « Français » à ceux qui sont sujets du roi de France.
Or, quand on s’intéresse à la langue, on voit que cela ne fonctionne pas. En 1224, le pape Honorius III dit que la Grèce est une « nova Francia », une nouvelle France. En 1507, un chanoine de Lisieux explique que les nobles de Chypre sont « aussi bons français que ceux de France ». Pourtant, ces nobles vivent à Chypre depuis plus de trois siècles. C’est comme si on disait, aujourd’hui, que les habitants du Québec sont Français : cela étonnerait, voire choquerait, alors que c’est totalement normal pour un habitant du Moyen Âge. On peut donc, à l’époque, être français, et même « bon français », sans jamais avoir mis un pied en France et sans du tout relever de l’autorité du roi de France.
La pluralité linguistique est alors la règle. Dans l’autre sens, le royaume de France se compose lui-même d’une multitude de langues, ce que le latin médiéval appelle des « nations ». Il n’y a donc pas de lien et, en tout cas, pas de superposition entre le territoire politique et les territoires linguistiques. Si cette idée nous semble étrange, c’est que les nationalismes du XIXe siècle nous ont au contraire habitués à penser les deux ensemble. La France est devenue à la fois une nation et un État-nation, et l’emprise de ces termes sur nos pensées est tellement forte que nous avons du mal à penser d’autres manières d’être Français.
L’analyse attentive du cadre médiéval permet donc, comme y invite avec force Thierry Dutour, de comprendre qu’une identité culturelle française a existé avant et indépendamment de l’identité politique française : « Alors se découvre un monde français à la fois proche et profondément autre. Effacé de la mémoire civique et assez largement de la mémoire historique, il nous paraît différent au point d’en sembler opaque et presque étranger. »
Pour en savoir plus
– Benoît Grévin, Le Parchemin des cieux. Essai sur le Moyen Âge du langage, Paris, Seuil, 2012.
– Thierry Dutour, La France hors la France. L’identité avant la nation, Vendémiaire, 2022.
Le Loup de Saint-Jean-du-Var- DR
"Nous étions allés voir un film à La Garde et, en rentrant à Toulon au niveau du quartier de Saint-Jean-du-Var, j’ai vu comme un animal gris et blanc qui n’était pas du tout apeuré par notre voiture qui avançait vers lui. J’ai cru à un chien mais non: c’était bien un loup!"
Robert circulait avec sa petite-fille, vers minuit, lorsqu’il a surpris la course de ce loup, visiblement perdu. "On n’a pas eu peur mais on a été très surpris. Jamais vu ça avant! Surtout si près des habitations. Avec notre téléphone, on a tout filmé avant qu’il ne disparaisse", explique-t-il.
"Quand on voit le comportement de l’animal sur la vidéo, tout indique qu’il s’agit d’un loup", analyse Eric Hansen, directeur de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) pour la région Paca-Corse.
"On le constate: le loup est un peu désorienté et cherche un moyen de s’enfuir. Sa présence dans une zone périurbaine est étonnante mais pas exceptionnelle. Une vingtaine de meutes de loups existe dans le Var. Bien sûr, leur habitat naturel est en zone rurale, dans les collines, mais le loup a des capacités d’adaptation géographique importantes."
Pourquoi le trouve-t-on si près du centre-ville? "Il a peut-être été attiré par des proies possibles comme les sangliers qui sont de plus en plus nombreux aux abords des villes. En Italie, par exemple, on a localisé récemment une meute de loups qui s’était carrément installée en plein milieu urbain. Les animaux ont finalement été réintroduits à la campagne. Dans notre région, on a dénombré 50 loups qui ont provoqué des accidents de la route à force d’être trop près des axes."
Pour l’association Ferus, qui milite pour la protection et la conservation des loups, l’hypothèse d’un "animal uniquement de passage" n’est pas à exclure. "Mais l’homme n’a rien à craindre d’un loup qui pénètre dans une zone urbaine. Aucun incident n’a jamais été répertorié."
Nicolas Jean, ingénieur et coordinateur de la brigade loup, est lui aussi formel: "il s’agit bien d’un loup. On ne le sait pas toujours mais ce genre d’animal se déplace beaucoup et vite. Il peut parcourir entre 30 et 40km par jour. Cette présence du canidé à Toulon ne représente pas de danger mais va nous servir pour nos études."
Et les spécialistes de mettre en garde contre toute confusion: "Il arrive souvent qu’on prenne pour des loups des animaux qui leur ressemblent comme le chien-loup tchèque ou le chien Saarloos. C’est tout à fait différent."
Le loup aperçu à Toulon ce week-end est-il une exception? "Non", selon une association F. D. Var-Matin 27 mars 2023
Depuis deux jours, les réactions se multiplient après la découverte d’un loup qui errait à l’entrée du quartier de Saint-Jean du Var à Toulon, dans la nuit de vendredi à samedi.
Un Toulonnais a filmé sa petite balade en zone urbaine, avant qu’il ne disparaisse.
Tous les spécialistes sont d’accord pour dire qu’il s’agit bien d’un loup qui s’est aventuré tout près du centre-ville de Toulon.
"C’est d’autant plus plausible qu’actuellement, c’est la saison où les jeunes loups quittent leur meute et s’en vont pour chercher une compagne et un territoire. Pour cela, ils doivent traverser des routes, ce qui occasionne souvent des collisions avec les véhicules", explique Sandrine Andrieux, l'une des responsables de Ferus, l’association de protection et de conservation des loups.
Pour elle, il n’y a rien d’extraordinaire à la présence de loups aux abords de la ville: "On sait qu’il y a des loups dans la campagne du Revest ou de Solliès-Ville. Nous avons aussi eu des signalements au niveau du plateau de Signes. Et le printemps correspond à la saison où les jeunes loups se déplacent beaucoup. Comme les renards ou les sangliers, ils peuvent s’égarer en ville. Celui de vendredi soir s’est probablement égaré et a dû retrouver les monts toulonnais à l’heure qu’il est."
Publié par Mathieu Dalaine le 28 mars 2023
Brachychitons acerifolius, chitalpas de Tashkent, hibiscus de l’île de Norfolk… Début mars, de nouvelles espèces de feuillus aux noms particulièrement poétiques ont fait leur apparition le long des plages du Mourillon.
Au total, ce sont ainsi plus d’une centaine d’arbres que la Ville a plantés sur les pelouses du littoral.
"Il s’agit non seulement de remplacer ceux qui sont morts mais aussi de développer le patrimoine végétal", précise Luc de Saint-Sernin, l’élu en charge de cette opération.
Système d’arrosage "intelligent" à l’appui, plus d’un millier de troncs habille désormais l’espace vert le plus fréquenté de Toulon. Mais pas n’importe lesquels.
"Même s’il arrive encore qu’on les remplace, on a de moins en moins recours aux palmiers, par exemple", poursuit l’élu, qui évoque "le fléau" du charançon. On privilégie des essences, méditerranéennes ou exotiques – beaucoup viennent d’Océanie – qui produisent plus d’ombre et qui semblent mieux adaptées au changement climatique.
Économes en eau, plus résistants à la chaleur et pourvoyeurs de fraîcheur sont les vertus cardinales célébrées par le service espaces verts de la Ville, qui les sélectionne du côté des serres municipales à La Garde. Le fait de s’accommoder d’une forte exposition au vent et aux embruns est aussi une qualité non négligeable.
Le secteur des plages du Mourillon n’est pas le seul concerné par cette opération verte.
Purau de Thahiti. Photo DR.
"Pour cette campagne de printemps, ce sont quelque 400 arbres qui ont été plantés en ville", poursuit l’adjoint. Et de citer le parvis du Zénith ou l’avenue le Chatelier comme zones bénéficiaires de ce "renouvellement du patrimoine".
Micocouliers, cyprès, camphriers, peupliers, oliviers, tilleuls ou mûriers-platanes sont les espèces "stars". Exit les pins, dont les racines maltraitent la chaussée, ou le platane, victime du chancre coloré.
"D’une manière générale, à cause des épidémies, on évite désormais les grands alignements d’arbres identiques", note Luc de Saint-Sernin.
Coût de l’opération: 850.000 euros, systèmes d’entretien et aménagements périphériques compris.
À noter qu’une nouvelle campagne de plantation aura lieu en octobre, où le parvis de la fac de droit, pour ne citer que lui, devrait enrichir la canopée de la capitale du Var.
Brachychitons acerifolius. Photo DR.
Parmi les espèces qui ont fait l’apparition sur les plages du Mourillon, voici cinq arbres qui devraient attirer l’attention:
le brachychitons acerifolius, arbre subtropical originaire de la côte orientale de l’Australie;
le purau de Tahiti, dont les fleurs ont la particularité de changer de couleur durant la journée, de jaune pâle à rouge à la tombée de la nuit;
Chitalpa de Tashkent. Photo DR.
Tulipier du Gabon. Photo DR.
Arbre de Noël de Nouvelle-Zélande. Photo DR.
Zéro déchet - Dessin de Coté, paru dans Le Soleil, Québec
Hé oui, l'histoire continue à être écrite par les hommes. C'était pas bien difficile de trouver des historiennes pourtant! Ya encore du boulot.
21e Édition du Prix du Sénat du Livre d’Histoire - Vendredi 17 mars 2023
Le jury du Prix du Sénat du livre d’Histoire, présidé par M. Jean-Noël JEANNENEY, a présélectionné les 8 ouvrages suivants (par ordre alphabétique des auteurs) :
Un monde sans ressources - Besoin et société en Europe (XIe-XIVe siècles), Mathieu ARNOUX (Albin Michel)
Les illuminati – De la société secrète aux théories du complot, Pierre-Yves BEAUREPAIRE (Tallandier)
La fabrique des huguenots – Une minorité entre histoire et mémoire (XVIIIe-XXIe siècle), Patrick CABANEL (Labor et Fides)
Images de France, Léonard DAUPHANT (Passés composés)
Stupéfiant Moyen-Orient – Une histoire de drogue, de pouvoir et de société, Jean-Pierre FILIU (Seuil)
La Rafle du Vél d’Hiv – Paris, juillet 1942, Laurent JOLY (Grasset)
À poings fermés – Une histoire de la boxe antique, Jean-Manuel ROUBINEAU (PUF)
La remise du Prix au lauréat, ouverte à la presse, se déroulera le mardi 20 juin 2023 dans les Salons de Boffrand de la Présidence, sous le haut patronage de M. Gérard LARCHER, Président du Sénat.
Il est le seul et unique site retenu par la Mission Patrimoine dans toute la région Paca. L'Institut de biologie marine Michel Pacha de La Seyne-sur-Mer, édifice emblématique de la corniche de Tamaris construit de 1891 à 1899 et appartenant à l'Université Claude Bernard Lyon 1, a bien besoin d'une cure de jouvence.
Publié le 16/03/2023 par Elodie Madoré (avec M.G.)
L'Institut de biologie marine Michel Pacha de La Seyne-sur-Mer est né de la rencontre entre le mécène et bâtisseur Michel Pacha, et le professeur Raphaël Dubois. Photo archives Var-matin
En 2022, David Tine, directeur du patrimoine de l’université lyonnaise, détaillait le projet de restauration dans nos colonnes. Le bâtiment principal de style ottoman, dessiné par l'architecte suisse Paul Page, accueillera "des salles de réunion, des bureaux et des espaces de convivialité. Le bâtiment Pérès, situé sur la droite (et qui ne présente pas de caractère patrimonial, Ndlr), sera reconstruit pour y aménager un lieu de restauration et d’hébergement, ainsi que l’amphithéâtre. En lien avec le projet de réhabilitation de la corniche de Tamaris, le programme prévoit aussi de valoriser les espaces paysagers situés à l’arrière du bâtiment", avait-il indiqué.
Depuis 2008, l'Université de Lyon y a cessé ses activités de recherche en présentiel. Le CNRS y avait installé par la suite le projet Antarès (un télescope à neutrinos immergé en Méditerranée).
"C'est une grande fierté que l’Institut de biologie marine soit le seul site emblématique de toute la région à être retenu pour l’édition 2023 de la mission patrimoine. C’est aussi une immense satisfaction car, depuis des années, je me bats pour que ce lieu exceptionnel soit requalifié et obtienne la reconnaissance qu’il mérite", a réagi Nathalie Bicais, maire de La Seyne-sur-Mer.
Le montant de la dotation de chaque site sera annoncé lors des prochaines Journées européennes du patrimoine qui auront lieu en septembre. L'édile pense que ce se seront "a priori plusieurs centaines de milliers d’euros". "Ils aideront à financer le projet évalué à 6 millions par l’Université de Lyon, qui doit, précise-t-elle, en apporter la moitié, l’autre étant apportée par la Région, le Département et la Ville."
Les travaux de restauration patrimoniale et de reconstruction de l'Institut débuteront en septembre 2024 et devraient s'achever en janvier 2026. "Après des années d’aléas juridiques et de contexte économique défavorable, son projet de réhabilitation est désormais lancé", souffle la maire.
La Mission Patrimoine détaille dans un communiqué la nature des travaux à effectuer: "Le bâtiment historique dit "Dubois" sera entièrement restauré". Cela passera par "la consolidation de la structure métallique en fondation, la révision complète des toitures, charpente et zinguerie, le traitement des fissures, la réfection des enduits en façade, la réouverture des baies bouchées, la repose de menuiseries et restitution des volets".
Elle souligne que "les éléments de décor, gypseries, menuiseries néo-ottomanes, frises en céramique, etc. seront restaurés à l’identique".
En ce qui concerne le bâtiment plus récent de 1968, dit "Pérès" et celui des ateliers en bordure de parcelle, ils seront également réhabilités tout comme les jardins aménagés, mais ces travaux-là ne seront pas opérés par la Mission Patrimoine.
Cette recommandation intervient alors que la situation continue de se dégrader pour les oiseaux : près de la moitié des espèces sont en déclin dans le monde.
Publié le 17/03/2023
Roitelet triple bandeau - Photo © Cécile Di Costanzo
Pour laisser les oiseaux nidifier tranquillement, l'Office français pour la biodiversité (OFB) recommande, vendredi 17 mars, de ne pas tailler les haies au moins jusqu'à la fin du mois d'août. "L'OFB encourage les collectivités, les professionnels et les particuliers à éviter la taille des haies et l'élagage des arbres de début mars à fin août pour ne pas déranger ou déloger les oiseaux pendant cette période cruciale de leur cycle de vie", écrit l'office public dans un communiqué.
Cette recommandation intervient alors que la situation continue de se dégrader pour les oiseaux : près de la moitié des espèces sont en déclin dans le monde et une sur huit est menacée d'extinction, déplorait en septembre l'ONG internationale BirdLife dans son rapport de référence (en anglais). L'OFB prône également d'éviter tout arrachage de haie et souligne qu'il n'est pas nécessaire de les tailler chaque année. Les haies sont "championnes de la biodiversité" et "peuvent accueillir jusqu'à 35 espèces de mammifères, 80 espèces d'oiseaux, huit espèces de chauves-souris, 15 espèces de reptiles-amphibiens ou 100 espèces d'insectes", souligne-t-il. Pour les agriculteurs, la taille des haies est interdite pendant plusieurs mois, également pour protéger la reproduction et la nidification des oiseaux.
Photo © Cécile Di Costanzo
Sous le pseudo Rebecca Lighieri ou sous son vrai nom Emmanuelle Bayamack-Tam, la Revestoise à mi-temps s’inspire de la vie du village pour offrir aux lecteurs, au théâtre et bientôt à l’écran son talent d’écriture. Rencontre.
Emmanuelle Bayamack-Tam, plus connue sous son pseudonyme Rebecca Lighieri
Depuis ses deux ans, Emmanuelle Bayamack-Tam, qui écrit également sous le pseudo Rebecca Lighieri, passe ses vacances et des week-ends à la maison familiale. La table des cafés est son bureau et les villageois sont des sources d’inspiration. Avec la signature de dix-sept ouvrages à son actif et de nombreux prix, l’année 2022 a été riche d’émotion et de reconnaissance.
Et les projets vont bon train. Attablée avec son ordinateur et son café dans un coin du bar du Vieux Château du village chez Rémi, la Revestoise d’adoption femme de lettres revient sur cette année 2022.
Quelle année 2022 !
Oui. Cela a débuté avec le prix Landerneau, qui est une récompense des lecteurs de l’enseigne Leclerc. J’en suis très contente, car ce sont les lecteurs des espaces culturels de tous les magasins Leclerc implantés dans toute la France qui ont voté pour mon roman La Treizième heure. C’est une belle reconnaissance que j’ai vécue en octobre dernier. Ensuite, je savais que j’étais nominé pour le prix Médicis décerné en novembre.
Racontez-nous cette journée particulière...
Nous n’étions plus que quatre auteurs en lice. Le jour du 8 novembre, date de l’annonce des résultats, je me suis rendu chez mon éditeur. Quand il a reçu le coup de fil qui m’annonçait qu’il m’était attribué, ce fut super. On a trinqué au champagne. J’ai appelé mes parents qui vivent au Revest. Ils étaient très fiers et très contents. Mon papa Francis était directeur de l’école d’ostéopathie et ma maman Christiane était professeur de latin-grec, tous les deux à Marseille. Ma grand-mère maternelle était la cousine germaine de Marius Hermitte, le père de Jacqueline Aude. J’étais une enfant de la ville, qui allait à la campagne pour un voyage exotique, où Marius élevait ses lapins dans ce village au pied des falaises du mont Caume. Ce climat, cette lumière. Les gens d’ici ne sont pas à plaindre.
Est-ce qu’un tel prix ça change une vie?
Il y a beaucoup de sollicitations, d’invitations en France et même au Canada. Je suis professeure de français au lycée du Kremlin-Bicêtre en région parisienne. Je vais mettre cette activité professionnelle en veille pour me consacrer pleinement à l’écriture. Je suis enseignante depuis trente-cinq ans. Déjà, j’ai adapté certains romans au théâtre. De nouveaux projets s’ouvrent pour moi.
Pouvez-vous parler de certains projets?
Je pense terminer un nouveau roman sous mon pseudo Rebecca Lighieri à paraître pour 2024. De plus, sous le titre Windigo, je fais paraître un roman jeunesse qui se déroule à Marseille pour septembre 2023. Je finis d’écrire une pièce de théâtre sur Michael Jackson et Britney Spears. C’est un projet que j’avais depuis longtemps. J’ai "mon" Michael Jackson, en la personne du comédien Pierre-Adrien Lefèvre. Il fallait quelqu’un qui l’incarne parfaitement. La pièce se produira bientôt dans un théâtre parisien. On m’a proposé d’être la voix off d’un film. Ce projet me plaît bien.
2013: prix Alexandre-Vialatte, Ouest-France pour Si tout n’a pas péri avec mon innocence.
2017: prix roman de l’été pour Les Garçons de l’été édition P.O.L.
2019: prix Inter pour Arcadie édition P.O.L.
2022: prix des lycéens du Pays de la Loire pour Il est des Hommes qui se perdront toujours édition P.O.L.; prix Landerneau et prix Médicis pour La Treizième heure édition P.O.L.
La défense de l'environnement passe aussi par les petits gestes du quotidien. Une canette de soda négligemment jetée dans la nature raconte ses déboires.
Publié le 11/03/2023 par Éric Neri
Canette - photo DR
Je suis mignonne, tout en aluminium. J’ai une taille de guêpe et un poids constant. Je suis une canette de soda. Mon volume est de 33 cl.
Nous ne sommes pas toutes pareilles dans la famille. Certaines de mes congénères se glissent dans une poche ou tout au contraire ont de l’embonpoint pour étancher de grandes soifs.
J’ai envahi, il y a quelques décennies, les rayons des supermarchés et les comptoirs des bars, détrônant les petites bouteilles en verre ou en plastique.
Mes collègues qui contiennent des aliments solides n’ont pas la chance d’avoir un gracieux petit nom comme moi. On les appelle des boîtes de conserve. Pas très glamour.
Avec mon joli minois, je pourrais, j’en suis sûre, être sélectionnée au festival de cane(tte), à l’affiche du prochain film de Guillaume Canet. Bon, j’entends déjà certains qui ricanent, j’arrête de me faire mon cinéma.
Aujourd’hui, me voilà gisant dans l’herbe, au ras des pâquerettes. Je suis vidée, épuisée depuis que mon opercule a été ouvert par une traction sur l’anneau avec lequel je suis indéfectiblement liée depuis ma naissance.
J’ai beaucoup à me faire pardonner: je contenais une boisson gorgée de sucres
L’ado qui m’a laissé choir en pleine nature, après m’avoir consommée par petites gorgées, n’a pourtant que le nom de Greta Thunberg à la bouche. Il ne manque aucun de ses faits et gestes sur les réseaux sociaux.
A la première occasion de mettre en pratique son discours, le voilà aux abonnés absents ! J’entends déjà ses objections, c’est toujours la même rengaine: “Qu’on s’occupe d’abord des gros pollueurs qui bousillent la planète et s’en mettent plein les poches.” Je crois également aux petits ruisseaux qui font de grandes rivières, si chacun fait sa part, à son échelle.
Je suis très engagée dans la défense de l’environnement, d’autant que j’ai beaucoup à me faire pardonner. Je contenais une boisson gorgée de sucres.
Mes collègues, outre-Atlantique, portent une bonne part de responsabilité dans l’obésité de millions d’Américains. Je crains que, chez nous aussi, de moins en moins de consommateurs ne résistent à l’appétit vorace des multinationales de l’agroalimentaire.
Si rien ne se passe, je vais dépérir pendant au moins cent ans dans la nature. Pourtant, comme les hindous, je crois en la réincarnation, pour peu que mes propriétaires successifs prennent soin de moi en me recyclant.
Je peux avoir sept vies au moins en intégrant tour à tour une voiture, une véranda, un TGV, une barquette alimentaire... Pourquoi me priver de toutes ces expériences exaltantes?
J’attends que quelqu’un me tende une main secourable et me jette dans une poubelle jaune (NDLR : grise au Revest). La planète sera préservée et mon avenir assuré.
Orchidées, papillons, arbres remarquables...
En petit groupe, dans un magnifique parc, je vous propose de venir découvrir les notions essentielles de la photographie de nature.À l’issue de cette journée, vous serez en mesure de créer une image harmonieuse, originale et parfois insolite !
Au plaisir de vous rencontrer
Cécile Di Costanzo
Photographe faune et flore
Renseignements et inscriptions
cecile.imagenature@laposte.net
06 89 01 61 95
Le rond de point est sorti de terre et il est ouvert à la circulation depuis la semaine passée.
Mais certains étourdis, pétris de certitudes et d'habitudes, passent le col comme avant, et prennent le rond-point à contresens.
C'est surprenant quand on se retrouve nez-à-nez avec un autre véhicule.SOYEZ PRUDENTS
Chers adhérents, chers amis,
Nous avons le plaisir de vous convier à l’assemblée générale de nos deux associations
Le samedi 4 mars 2023 à 15h00
Salle des mariages – Mairie du Revest-les-Eaux
Ordre du jour :
Amis du Vieux Revest et du Val d’Ardène | Loisir et Culture
• Approbation du compte-rendu de l’AG 2022
• Rapport moral de la Présidente et de la vice-Présidente
• Rapport financier
• Rapports d’activités
• Projets et perspectives
• Modifications des statuts « Amis du Vieux Revest et du Val d’Ardène » et « Loisir et Culture »
• Renouvellement des membres du Conseil d’Administration*
• Élections du bureau
*Les statuts stipulent que « le renouvellement des membres s’effectue en fonction des désistements ».
La Présidente,
Patricia Aude-Fromage
Vous êtes tous bienvenus, même sans être adhérent. Bien sûr, seuls les adhérents pourront voter !
La situation ne risque pas de s'améliorer prochainement dans le 83, puisque les prévisions météorologiques locales font état d'un temps sec ou de pluies non significatives pour les quinze prochains jours.
Râteau à la main, Françoise Ambert retourne la terre aride autour d'un artichaut desséché. "Le jardin, sans culture, ça fait un peu plage", se désole cette habitante de Saint-Zacharie, dont le département est frappé par une sécheresse inédite si tôt dans l'année.
L'époque où Marcel Pagnol tourna des scènes de son film Manon des sources (1952) paraît bien loin: aucun filet d'eau ne sort des fontaines et seuls de la mousse séchée et quelques détritus tapissent le lit de ce qui fut naguère le fleuve Huveaune. Quant aux truites, qui faisaient le bonheur des pêcheurs locaux, elles ont disparu.
"Le cours d'eau est à sec depuis bientôt deux ans. Il a parfois des réminiscences qui durent dix jours, puis ça disparaît (...) Je n'ai jamais connu ça, et les anciens non plus", se lamente auprès de l'AFP Lucien Durand, 75 ans, responsable des jardins partagés de la ville, désormais délaissés.
Les tomates et courgettes qui y poussaient ont laissé place aux mauvaises herbes, en raison de la quasi-impossibilité de faire pousser des légumes, faute d'eau.
"Je pense qu'on n'a pas grand chose à faire, sinon espérer. J'allais dire prier, mais bon... Il faut attendre que le temps s'améliore, ou qu'il se transforme, mais on est très pessimiste", ajoute M. Durand.
Or, la situation ne risque pas de s'améliorer prochainement, puisque les prévisions météorologiques locales font état d'un temps sec ou de pluies non significatives pour les 15 prochains jours.
Afin de mieux gérer les ressources en eau, la commune a été placée au niveau "sécheresse alerte renforcée" par la préfecture du Var. L'arrosage des pelouses, terrains de sport et jardins potagers est devenu interdit en journée.
S'y ajoutent l'interdiction de laver son véhicule ou remplir les piscines et la fermeture des fontaines sans système de recyclage de l'eau.
Outre ces deux communes varoises, 85 autres de ce département du Sud-Est de la France ont été placées en situation d'alerte sécheresse (le deuxième niveau sur quatre) et les 66 restantes en vigilance (1er niveau).
"L'eau devient un bien précieux et rare, il faut faire attention à ses usages. D'une certaine façon, c'est un cri d'alarme, pour sensibiliser les uns et les autres", avait déclaré vendredi le préfet du Var, Evence Richard.
Mi-février, le déficit pluviométrique sur le Var atteignait 37%, selon Météo France. Sur les 621 mm de cumul de pluie attendus de septembre à mars, correspondant à la période de recharge des nappes phréatiques, seuls 327 mm sont tombés à ce jour, dont 4 mm à peine en février.
"Le Var apparaît comme un laboratoire de ce qui attend le reste de la France", analyse Stéphanie Beucher, géographe et membre de l'équipe de recherche Habiter (Université de Reims-Champagne-Ardenne).
La France métropolitaine n'a pas connu de véritables pluies depuis 31 jours, a confirmé, mardi 21 février, Météo-France. Une absence de précipitations qui égale le record tout récent de 2020 et compromet le rétablissement des nappes phréatiques, épuisées par la sécheresse historique de l'an dernier.
"La sécheresse de l'été dernier est due au réchauffement climatique, lui-même lié aux activités anthropiques, et ces épisodes extraordinaires vont devenir de plus en plus fréquents", avertit Mme Beucher: "Prier ne servira à rien, mais nous avons encore le choix de maîtriser le phénomène en atteignant une neutralité carbone, en changeant nos habitudes, voire en renonçant à certains acquis".
A son échelle, Saint-Zacharie a ainsi décidé pour la deuxième année consécutive de remplacer ses jardinières par des essences méditerranéennes peu gourmandes en eau, comme des chênes ou des arbousiers.
"Nous projetons d'équiper les bâtiments communaux de citernes et d'inciter les gens à faire de-même, pour récupérer l'eau de pluie... si un jour elle arrive!", positive Raymond Merlo, élu en charge de l'Environnement.
Du 21 janvier au 21 février 2023, le cumul des précipitations agrégé sur la métropole a été tous les jours inférieur à 1 mm, soit "la plus longue série depuis le début des mesures en 1959", a indiqué l'organisme public.
La France métropolitaine n'a pas connu de véritable pluie pendant 32 jours, la plus longue sécheresse météorologique jamais enregistrée, qui devrait toutefois s'interrompre mercredi 22 février avec le retour de quelques précipitations, a-t-on appris auprès de Météo-France.
Du 21 janvier au 21 février, le cumul des précipitations agrégé sur la métropole a été tous les jours inférieur à 1 mm, soit "la plus longue série depuis le début des mesures en 1959", a indiqué l'organisme public.
Un épisode d'autant plus préoccupant qu'il survient en hiver, période de recharge cruciale des nappes phréatiques, et dans un contexte de déficit chronique de précipitations depuis août 2021, et après une sécheresse et des canicules exceptionnelles en 2022, illustrant les conséquences du réchauffement climatique.
Cette série consécutive dépasse désormais celle de l'année 2020, survenue pendant 31 jours entre le 17 mars et le 16 avril, en plein premier confinement du Covid-19.
85 communes sont placées en alerte sécheresse, deux en alerte renforcée, le reste du département est en vigilance… L'absence exceptionnelle de pluie annonce un été très tendu et des menaces sur l’approvisionnement en eau potable.
Par Régine Meunier - Publié le 17/02/2023
"Chaque citoyen doit regarder l’eau comme un bien rare."
C’est le cri d’alarme lancé par le préfet du Var Evence Richard, ce jeudi 17 février face à la sécheresse exceptionnelle qui sévit depuis le mois de septembre dans le département. Selon Météo France, "à la mi-février, dans le Var, le déficit pluviométrique atteint 46% sur la période attendue de septembre 2022 à mars 2023. Sur cette période de recharge, il est attendu 621 mm de cumul de pluie, or il est actuellement de 337 mm. L’an passé sur cette même période de recherche, il était de 38%."
Dans la zone Huveaune-Amont, deux communes, Riboux et Saint-Zacharie, sont placées en alerte renforcée. C’est l’avant-dernier stade sur l’échelle de gravité qui en compte quatre: la vigilance est le plus faible. Puis, par ordre croissant, il y a l’alerte sécheresse, l’alerte renforcée et la crise.
70 communes de la zone Argens et 15 de la zone Gapeau sont en alerte sécheresse. Le reste du département, soit 66 communes, est en vigilance et sans mesures de restrictions.
Plus la situation est grave, plus les restrictions sont adaptées. Ainsi, à Riboux et Saint-Zacharie, il est à présent interdit d’arroser les pelouses, massifs fleuris et espaces verts. Seuls les arbres et arbustes plantés en pleine terre depuis moins d'un an peuvent l’être mais avant 9h ou après 19h. Les jardins potagers ne peuvent pas non plus être arrosés et ce entre 8h et 20h mais avec une réduction des prélèvements de 40%.
De même les particuliers devront attendre pour nettoyer leurs terrasses et ne pourront laver leurs voitures qu’avec du matériel haute pression et avec un système de recyclage de l’eau. Pas de remplissage de piscine non plus sauf remise à niveau et premier remplissage si le chantier a débuté avant les premières restrictions. Cela concerne aussi les spas privés de plus de 1mètre cube. Quant aux fontaines, elles doivent se taire immédiatement. La liste des restrictions est longue. La préfecture les détaille sur son site.
Dans les 85 communes en alerte sécheresse, l’arrosage des pelouses, massifs fleuris et espaces verts, ainsi que des potagers est interdit entre 9h et 19h et les prélèvements doivent être réduits de 20%. Les mesures sont identiques à celles de l’alerte renforcée pour les piscines et spas privés, le nettoyage des terrasses et des véhicules.
Pour l’instant Météo France n’annonce pas de pluie, malgré "un petit signal pour la semaine prochaine", a indiqué Hélène Correa, présente à la conférence de presse. Conséquence a prévenu le préfet: "Je crains de devoir annoncer rapidement des alertes renforcées sur d’autres secteurs, voire le niveau crise." Il n’a pas caché non plus que l’été s’annonçait très tendu. Des risques pèsent sur l’alimentation en eau potable dans certaines communes comme le pays de Fayence ou Dracénie Provence Verdon.
Il faudrait beaucoup de pluie pour que les nappes phréatiques et les cours d’eau retrouvent leur cote habituelle. Mais trop de pluie d’un coup pourrait aussi provoquer des inondations. En attendant, selon Yves Bray, responsable départemental de l’Office français de la biodiversité (OFB), certains cours d’eau comme l’Issole ne sont pas revenus à un niveau normal depuis le printemps dernier et la nature souffre.
Ce sont tous les Varois qui sont appelés à économiser l’eau, alors que les premiers conflits d’usage apparaissent déjà, selon l’OFB.
Riboux et Saint-Zacharie
Pour la zone Argens: Ampus, Flassans, La Roquebrussanne, Les Arcs, Flayosc, Rougiers, Aups, Forcalqueiret, Saint-Antonin, Bargemon, Fox-Amphoux, Saint-Martin-de-Pallières, Barjols, Fréjus, Saint-Maximin, Besse-sur-Issole, La Garde-Freinet, Saint-Raphaël, Bras, Garéoult, Sainte-Anastasie, Brignoles, Gonfaron, Salernes, Brue-Auriac, Lorgues, Seillons, Cabasse, Le Luc, Sillans-la-Cascade, Callas, les Mayons, Taradeau, Camps-la-Source, Mazaugues, Tavernes, Le Cannet-des-Maures, Montferrat, Le Thoronet, Carcès, Montfort-sur-Argens, Tourtour, La Celle, La Motte, Tourves, Châteaudouble, Le Muy, Trans, Châteauvert, Nans-les-Pins, Claviers, Néoules, Varages, Correns, Ollières, La Verdière, Cotignac, Plan-d’Aups-Sainte-Baume, Vidauban, Draguignan, Pontevès, Villecroze, Entrecasteaux, Puget-sur-Argens, Vins-sur-Caramy, Esparron, Rocbaron, Figanières, Roquebrune-sur-Argens.
Zone Gapeau: Belgentier, La Farlède, Puget-Ville, Carnoules, Hyères, Signes, Collobrières, Méounes-les-Montrieux, Solliès-Pont, La Crau, Pierrefeu, Solliès-Toucas, Cuers, Pignans, Solliès-Ville.
La Régie autonome des transports parisiens s’est vu confier, ce jeudi par les élus, l’exploitation du service de transport en commun de TPM. Pour les usagers, les changements restent à préciser.
Par Mathieu Dalaine - Publié le 24/02/2023
On a beaucoup causé transport, hier, lors du conseil métropolitain. ZFE, pistes cyclables, tramway (ou plutôt, pas tramway), élargissement de l’A57… : la thématique a été déroulée par le menu. Avec un plat copieux à l’ordre du jour. À savoir, "le choix du délégataire pour l’exploitation du service de transport terrestre et maritime de voyageurs de la Métropole Toulon Provence Méditerranée".
Sans surprise - l’info avait fuité en début d’année - c’est bien l’offre de la RATP (Plus précisément le Groupement RATP Développement et SNT SUMA. , ndlr) que les élus toulonnais, d’abord en commission puis par un vote en assemblée, ont préférée à celle de la société Transdev, le précédent exploitant également candidat à sa succession. Jusqu’alors plus connue pour "piloter" les métros et RER de la capitale (La RATP est néanmoins déjà aussi présente en province via sa filiale RATP Dev (Boulogne, Lorient, Bourges, Sedan, etc.)., ndlr), la Régie autonome des transports parisiens débarque donc en bord de rade pour une durée de six ans, à compter du 1er mai prochain.
"C’est une décision importante. On parle là du plus gros budget de la Métropole", a pointé Hubert Falco. Le président de la collectivité a aussi évoqué la transition énergétique en cours dans le domaine des transports publics de TPM, ainsi que le projet de "superbus", le fameux BHNS qui devra être "conforme à nos ambitions". Pour l’opposant Amaury Navarranne, néanmoins, le choix étonne puisque privilégiant "l’offre qui n’était pas la plus avantageuse économiquement".
Une assertion à laquelle ne souscrit pas l’élu en charge du dossier, Robert Cavanna: "L’avantage économique global va bien au-delà du simple prix du contrat (511 millions, ndlr). Par exemple, Transdev proposait de faire 74 millions de kilomètres commerciaux en six ans, tandis que la RATP envisage d’en faire 81 millions. On a une offre qui augmente le service rendu de 16%."
Quant à savoir ce que tout cela va changer précisément pour l’usager, il est a priori un peu tôt pour le dire. "Il y aura sans doute plus d’arrêts et les lignes vont être retravaillées", concède du bout des lèvres Robert Cavanna… qui renvoie à la signature officielle du contrat avec la RATP pour dévoiler les détails de ce changement.
Les Amis du Vieux Toulon invitent à se replonger dans ce chapitre de l’histoire toulonnaise. Entre 1748 et 1873, la ville a accueilli 100.000 bagnards. Qui ont laissé leur empreinte.
par Amandine Roussel - Publié le 17/02/2023
Toulon fut le dernier bagne (mais aussi le plus grand) en Métropole. Alors que ceux de Rochefort et de Brest ont fermé plusieurs années auparavant, le varois, lui, a dû attendre 1873 pour voir ses derniers prisonniers transférés vers Cayenne et Nouméa.
150 ans après sa fermeture, il n’en reste finalement que peu de traces. Les bâtiments ont, en effet, été bombardés pendant la Seconde Guerre mondiale. Seul rescapé: un vestige de l’enceinte de la darse, sur lequel s’appuyait le bagne. On peut également noter deux bassins de raboud dans l’arsenal qui sont toujours en service (le n°2 et 3). Ceux-ci ont été construits entre 1827 et 1847. Autres ouvrages ayant survécu: l’ancien hôpital de Saint-Mandrier (aujourd’hui, la partie nord de l’école militaire) et la chapelle en son sein.
Les bagnards sont facilement reconnaissables de par leur tenue. Leurs bonnets, par exemple, sont significatifs. Les verts étaient destinés à ceux condamnés à perpétuité, les rouges pour les plus petites peines. (Photo DR).
Le Musée du Vieux Toulon propose une exposition autour des dessins de Pierre Letuaire. Ce dernier était correspondant pour le journal L’Illustration, entre 1844 et 1869. À ce titre, il a pu pénétrer dans l’enceinte du bagne pour rendre compte de la vie quotidienne des forçats.
Plusieurs de ses croquis sont visibles accompagnés de documents, objets et autres panneaux pour retracer l’histoire du bagne.
Un petit focus est également réalisé sur le bagne des enfants qui se situait sur l’île du Levant à quelques kilomètres de son grand frère toulonnais.
Jusqu’au 30 avril, du lundi au samedi de 14h à 18h. 91, cours Lafayette. 04.94.62.11.07.
En 2002, on a déjà commémoré à Toulon les 150 ans de la fermeture des bagnes. L'association Var Découverte avait organisé une exposition sur le sujet au carré du port. Alors 150 ans en 2002 ou en 2023 ?
Pourquoi 1852 ? Tout ce que je trouve cette année-là, c'est un décret du 27 mars établissant des bagnes à Cayenne.
A partir de 1852, le bagne de Toulon se vida progressivement, jusqu'à fermer définitivement en 1873.
par Sonia Bonnin
Une fois de plus, l’année 2022 a marqué un tournant. Après les épisodes de chaleur à terre, c’est désormais aux eaux de la Méditerranée de connaître des pics d’une rare intensité.
"Nous savons que l’océan se réchauffe, de façon plus rapide et plus significative que prévu, c’est un marqueur clair. Mais cet été, on a connu en Méditerranée, des vagues de chaleur. On a utilisé l’image “d’incendies sous la mer”." Ces mots sont ceux de François Houllier, biologiste et directeur général de l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer).
"Une mer plus chaude menace tout ce qui fait l'originalité de la biodiversité méditerranéenne"
François Houllier, biologiste et directeur général de l’Ifremer
Les températures ont grimpé de +4 à +6°C au-dessus des températures habituelles. Le seuil d’une eau à plus de 30°C a été dépassé, des valeurs records. Une mer caribéenne, ce n’est pas sans conséquences. Sur nos rivages, "cela menace tout ce qui fait l’originalité de la biodiversité méditerranéenne, certains coraux profonds, les gorgones…", poursuit François Houllier.
En août 2022, l’alerte a été lancée par les parcs nationaux de Méditerranée qui ont constaté un épisode de forte mortalité de ces "forêts sous-marines". Facilement visibles par leurs branches mortes, devenues blanches.
L’Ifremer, le CNRS, le Conseil scientifique de Barcelone (CSIC), le parc naturel de Port-Cros ont initié un vaste inventaire de la mortalité, complété "de prélèvements, pour comprendre les facteurs impliqués", détaille Stéphane Sartoretto, biologiste au laboratoire Environnement ressources Provence Azur Corse de l’Ifremer.
"Le facteur originel est l'anomalie thermique, pendant plusieurs semaines"
Stéphane Sartoretto, biologiste à l’Ifremer
Au cœur de cette étude, gorgone pourpre, blanche, jaune, corail rouge… "entre la surface et 30 m de profondeur, qui est la limite des épisodes de mortalité cette année". D’ores et déjà, "le facteur originel est l’anomalie thermique, avec une température élevée, jusqu’à 28 °C, pendant plusieurs semaines."
Un graphique de l'Ifremer montre la température de l'eau, au large du cap Sicié, de mai à décembre 2022. Depuis la surface (o mètre), jusqu'à 50 mètres de profondeur. Les températures de l'eau de mer vont de 13°C (en bleu foncé) à plus de 27°C (rouge).
Le premier épisode de ce type, qui fut documenté, remonte à 1999. Mais depuis, il y en a eu plusieurs. "En 2014, une anomalie thermique observée en automne avait été suivie d’un épisode de mortalité de gorgones", analyse le chercheur. À 50m de profondeur, l’eau était restée à une température de 22 °C, en plein mois d’octobre.
Ce sont bien des piliers de la vie marine qui sont menacés. Avec les herbiers de posidonie, eux aussi en régression, les gorgones font partie des "espèces ingénieur", c'est à dire, qui ont un fort impact sur leur environnement et permettent à d’autres espèces de se développer. Les lumineuses gorgones grandissent de 1 à 3 cm par an. Mais une eau trop chaude les fait mourir subitement.
Les masses d'eau se réchauffent aussi dans les abysses, jusqu'à 4.000 ou 6.000 mètres
Aujourd’hui, les scientifiques se rendent compte que "les masses d’eau se réchauffent aussi dans les abysses, jusqu’à 4.000 ou 6.000 mètres", poursuit François Houllier. Là où les écosystèmes sont encore méconnus.
"Le problème est la récurrence et l’importance de ces vagues de chaleur marine, analysent les chercheurs. Cette fréquence élevée affecte de nombreuses espèces méditerranéennes dont beaucoup ont de faibles capacités de résilience. On peut s’attendre à un chamboulement des écosystèmes côtiers entre 0 et 40 m."
Le terme "tropicalisation" est utilisé pour décrire ce mécanisme.
"La mer Méditerranée va se tropicaliser. Est-ce dramatique?" questionne Vincent Rigaud, directeur de l’Ifremer Méditerranée. "Ce qui est nouveau, c’est la rapidité des évolutions, dans une mer fermée, cela amplifie les phénomènes."
Les espèces exotiques, dites invasives quand elles en supplantent d’autres, continuent d’être répertoriées: on connaît déjà poisson lapin, poisson lion ou le vorace crabe bleu qui colonise les étangs occitans. "On commence à imaginer exploiter ce crabe pour l’alimentation. Quant au poisson lapin, il est mangé dans l’océan indien, il finira par être exploité en Méditerranée, il faut trouver des débouchés."
Mer fermée, la Méditerranée est "sous pression mais, vu les pressions très fortes qu’elle subit elle reste relativement résiliente".
"Les stations d'épuration ont permis de réduire les rejets" - Vincent Rigaud, directeur de l’Ifremer Méditerranée
L’évolution drastique de la réglementation a fait baisser la contamination des eaux. “Les aménagements à terre, comme les stations d’épuration, ont permis de réduire les rejets. Si vous vous baignez sur les plages aujourd’hui, vous avez moins de risque de chopper des staphylocoques qu’il y a 25 ans”, estime Vincent Rigaud.
Mais la pollution par “les débris plastiques” reste un fort sujet d’inquiétude. Pas de continent de plastique caché en Méditerranée, mais les profonds canyons sont jonchés de plastique “jusqu’en Corse”.
“Cette pollution est visible et documentée, mais nous travaillons aussi sur ce qui ne se voit pas. Les traces de pesticides dans les écosystèmes marins, avec l’Inrae. Il y en a moins que dans les rivières, moins que dans les sols, moins si on s’éloigne des estuaires. Mais on ignore les effets en cascade, les cascades d’impacts de toutes ces contaminations chimiques sur la biodiversité.”
Parmi les transformations complexes qui se produisent, une illustration concrète: "Depuis une dizaine d’années, une réduction de la taille des sardines est observée dans le golfe du Lion." En moyenne, elles sont passées de 15 à 11cm de long, pour un poids de 30 à 10grammes. En aurait-on trop pêché ? Un raisonnement hâtif aurait pu incriminer la pêche professionnelle.
Le plancton de plus petite taille s'est révélé moins nourrissant pour les sardines
Les chercheurs ont voulu vérifier et le résultat fut étonnant. Le "rétrécissement" des sardines est lié au plancton dont elles se nourrissent, celui-ci étant devenu de plus petite taille. "Une sardine recevant des aliments de petite taille doit avoir une double portion de plancton pour grandir comme une sardine avec des aliments de grande taille", a établi l’Ifremer.
Question subsidiaire, pourquoi le plancton a-t-il lui-même subi cette évolution ? "Il y a deux types de cause, la température du bassin et la modification des régimes hydriques des grands fleuves qui se jettent dans la Méditerranée." Ces observations rappellent deux grands principes : la complexité, ou la subtilité, des interactions dans le système vivant. Et l’interdépendance de ces phénomènes.
Depuis le port de La Ciotat, le premier prud'homme de pêche n’avait jamais vu de barracudas dans ses jeunes années. "Maintenant, c’est à bloc, ils sont installés et on en sort dans nos pêches, qui pèsent plusieurs kilos", illustre Gérard Carodano, bientôt 68 ans. Le pêcheur professionnel est aussi le témoin inquiet de la mortalité provoquée par les vagues de chaleur. "Les gorgones, jusqu’à 38 mètres de fond, le corail rouge, les éponges grises… C’est un cataclysme. Il ne faudrait pas que cela se reproduise plusieurs années de suite."
Cette pratique appelée «désherbage» est nécessaire à l'entretien des collections.
Il ne peut pas y avoir d'acquisition s'il n'y a pas de désherbage. Eugenio Mazzone via Unsplash
Le 14 février 2022, des étudiants américains postaient sur TikTok une vidéo où ils se mettaient en scène, choisissant des ouvrages jugés «colonialistes» dans une bibliothèque et les jetant à la benne. La vidéo fut à l'origine d'un petit buzz sur Twitter, d'aucuns y voyant la preuve de l'existence d'une cancel culture sur les campus américains.
Elle fut toutefois rapidement débunkée, après que l'auteur de la vidéo a contacté l'un des twittos à l'origine de la polémique: la vidéo était en fait une blague, les étudiants participaient au tri annuel des livres de la bibliothèque, et les livres devaient être jetés de toute façon, parmi de nombreux autres qui n'ont pas été filmés.
Un autre type de réaction est alors apparu: comment une bibliothèque peut-elle jeter des livres? Après tout, son rôle n'est-il pas de les conserver? N'est-ce pas une forme de destruction de la culture, un dévoiement du rôle des bibliothèques?
Déjà en juillet 2021, le site Mr Mondialisation partageait sur sa page Facebook son indignation face au «gaspillage» des livres jetés par les bibliothèques de Paris. Là encore, de nombreux internautes ont réagi, faisant part de leur incompréhension face à l'idée d'une bibliothèque jetant des livres.
Pourtant, se débarrasser des livres obsolètes fait partie du fonctionnement normal d'une médiathèque. Le processus a même un nom: le désherbage. Comme dans un jardin où les mauvaises herbes empêcheraient les autres de fleurir, les livres obsolètes ou abîmés nuisent au bon fonctionnement de la médiathèque.
«De toute façon, on ne peut pas pousser les murs, relève Cléo, bibliothécaire en région parisienne. Et comme on doit acquérir de nouveaux documents, ça veut dire qu'il y en a certains qui en remplacent d'autres. Ça fait partie de la politique d'acquisition, pour faire vivre une collection. Il ne peut pas y avoir d'acquisition s'il n'y a pas de désherbage.»
De fait, les objectifs d'une bibliothèque municipale ne sont pas ceux d'un fonds d'archives. Leur but est moins de conserver des documents, ou d'assurer la survie des textes, que de faciliter l'accès à l'information et à la culture, de les faire circuler. Or les livres, comme tous les objets, sont soumis à l'usure, et les informations qu'ils contiennent peuvent se périmer.
Les livres à désherber sont sélectionnés selon des critères précis, détaillés par la «méthode Ioupi», acronyme permettant de se souvenir des différentes raisons qui peuvent pousser à se débarrasser d'un livre:
Le «I» signifie «Incorrect», et correspond au cas où le document contient des informations erronées.
Le «O», pour «Ordinaire», désigne un livre dont le contenu n'a pas d'intérêt particulier.
Le «U», ou «Usé», rappelle de regarder l'état du document: si celui-ci est trop abîmé, il faut le désherber et éventuellement le remplacer par un exemplaire neuf.
Le «P» signifie «Périmé», à propos des documents dont les informations ne sont plus d'actualité. «Parfois c'est la science qui a avancé, ou encore un guide de voyage: il faut le renouveler tous les trois ans parce que les restaurants ont changé», exemplifie Cléo.
Le dernier «I» peut vouloir dire soit «Inadapté», c'est-à-dire un document qui n'aurait pas sa place dans cette collection précise, par exemple un document universitaire trop pointu dans une bibliothèque municipale généraliste, soit «Inutilisé», c'est-à-dire peu emprunté et donc peu lu. «Il n'a plus de succès, il ne sort plus, et donc il va quitter les collections de la médiathèque», indique Cléo.
«Mais ne pourrait-on pas donner tous ces livres, plutôt que de les jeter?», demandent les internautes dès que la question du désherbage revient sur les réseaux sociaux. Pour Cléo, ce n'est pas toujours aussi simple:
«Si le document est encore utilisable ailleurs, on peut en faire don, à une association, par exemple. Il y a aussi des médiathèques qui organisent des braderies. Mais ça peut être très compliqué à mettre en place. Ça nécessite de signer des conventions avec les associations. Et comme ça demande du temps, et que parfois les médiathèques sont en sous-effectifs, c'est une étape qu'on n'a pas forcément le loisir d'assumer.»
Par ailleurs, les livres étant achetés avec de l'argent public, les bibliothécaires ne sont pas seuls à décider de ce qu'ils deviennent. «C'est quelque chose qui doit être validé par notre hiérarchie, c'est-à-dire la direction de la médiathèque, et au-dessus de la médiathèque, il y a la mairie. Le maire peut refuser que les livres soient donnés, ou alors on n'a pas forcément le temps pour traiter cette question», ajoute Cléo.
J'ai l'impression qu'on sacralise l'objet livre, alors que pour moi, c'est un objet comme un autre, qui peut s'user. Cléo, bibliothécaire
Mais même lorsque les dons ou les braderies existent, un certain nombre de livres devront tout de même être jetés. «Si l'information est obsolète, elle est obsolète pour tout le monde», rappelle la bibliothécaire. Et certains livres sont en trop mauvais état pour être donnés. Le papier est toutefois recyclé: «Parfois, les livres sont couverts avec un film plastique sur la couverture, et il faut détacher la couverture pour pouvoir recycler le papier. On fait venir deux bennes, une pour le papier et une pour ce qui n'est plus recyclable.»
Malgré tout, l'idée de jeter des livres, même usagés, même obsolètes, provoque souvent des réactions épidermiques chez les amoureux de la lecture. En 2019, la série Netflix Tidying Up with Marie Kondo avait déjà suscité des réactions fortes lorsque la spécialiste du rangement avait conseillé à un couple de clients de faire un sérieux tri dans leur bibliothèque, de ne garder que les ouvrages qui leur «apportaient de la joie», et de se débarrasser du reste.
«J'ai l'impression qu'on sacralise l'objet livre, alors que pour moi, c'est un objet comme un autre, qui peut s'user, estime Cléo. Beaucoup de gens confondent l'objet livre, le contenant, avec le contenu.» De fait, la comparaison avec les autodafés de l'Allemagne nazie revient régulièrement lorsqu'il est question de détruire des livres. Mais c'est oublier que ces autodafés avaient pour objectif de détruire tous les exemplaires des textes afin de les supprimer définitivement de la circulation. Détruire un exemplaire d'un livre largement publié et distribué est fondamentalement différent, à la fois dans l'intention et dans les conséquences.
Si les gens se scandalisent qu'un livre quitte la bibliothèque, peut-être qu'ils auraient pu l'emprunter avant, on l'aurait sans doute gardé! Cléo, bibliothécaire
On peut se demander s'il n'y a pas dans ces réactions épidermiques une forme de ce que le sociologue Pierre Bourdieu appelait une «logique de distinction»: un moyen de montrer que l'on est un bon lecteur, qui a bien intégré la norme d'une vision du livre comme d'un objet «pas comme les autres», qui serait porteur d'émancipation et de culture. Une façon, finalement, de faire savoir que l'on est soi-même émancipé et cultivé.
En tout cas, Cléo constate que les personnes qui ont ce type de réactions ont peut-être une large bibliothèque personnelle, mais fréquentent vraisemblablement peu les bibliothèques publiques. «Je n'ai pas l'impression que les usagers sacralisent [le livre] particulièrement. Les usagers en médiathèque acceptent qu'un livre soit partagé et lu par d'autres personnes. Ils se rendent compte qu'un livre peut être abîmé.» D'ailleurs, «si les gens se scandalisent qu'un livre quitte la bibliothèque, peut-être qu'ils auraient pu l'emprunter avant, on l'aurait sans doute gardé!», ironise-t-elle.
Toujours puiser aux sources.
Ne rien écrire qu'on ne sache d'original et produire ses références (renvois à des livres, à des pages de manuscrits et à des cotes d'archives).
Éviter les assertions sans preuves.
Travailler d'après les textes.
Distinguer le fait important, intéressant à élucider, d'avec le fait insignifiant sans intérêt, à négliger.
Apprécier la valeur d'un fait historique d'après son degré d'influence sur l'évolution de l'individu, du groupe ou de la société que l'on étudie ; éviter de s'attacher à des faits purement contingents absolument vides de signification.
Présenter les faits d'une manière impartiale et toute objective.
Éviter les publications intégrales de tout l'inédit où les faits signifiants sont noyés dans l'insignifiance et le fatras.
Que les recherches soient longues et les résultats courts.
Que l'histoire locale ainsi présentée constituera une décentralisation intellectuelle et se rattachera facilement à l'histoire générale.
Gilbert Brégail, président de la Société archéologique du Gers, 1948.
Une réunion d’information sur le projet de création d’un dixième parc naturel régional en Région Sud-Paca s’est tenue dernièrement aux Adrets-de-l’Estérel, en présence de nombreux élus (1) . Ils ont été reçus par le maire Jean-Pierre Klinholff.
Maillon d’un continuum écologique régional, ce projet est piloté par la Région, dont le président, Renaud Muselier, avait à plusieurs reprises exprimé le souhait de devenir la première région verte d’Europe. Les parcs régionaux résultent toujours d’une large concertation et sont validés par adhésion volontaire des communes. Ils sont définis comme ‘‘territoire remarquable’’ et reconnus par ce label ‘‘parc naturel régional’’, attribué par l’État et valable 15 ans.
Au nombre de neuf dans notre région (2), ces espaces pourraient bien en accueillir un dixième: ce projet vise l’union de deux grands ‘‘paysages remarquables’’, ceux des massifs des Maures et de l’Estérel-Tanneron, sous le nom de "territoire de la Provence cristalline".
Un premier périmètre pressenti est à l’étude, contenant 51 communes, 214.000 hectares, 351.000 habitants. Une écologie spécifique symbolise ces massifs: chêne-liège, pin maritime et châtaignier abritant une faune riche et diversifiée, ainsi que des espèces singulières et emblématiques comme la tortue d’Hermann. Ces massifs sont riches de culture, de patrimoines et de savoir-faire qui font l’identité du territoire.
La mission des parcs naturels régionaux est d’avoir le tissu forestier entretenu afin de maintenir les paysages et lutter contre les risques d’incendie, mais aussi de maintenir l’agriculture et les activités forestières traditionnelles, entre développement et préservation. Autre objectif: éduquer, sensibiliser, accueillir, agir collectivement face aux bouleversements climatiques et sociétaux. Enfin, l’idée est aussi et surtout de faire de la biodiversité et du paysage un socle de développement et d’attractivité, une force, un bien commun à préserver et à transmettre aux générations futures.
"Commune en plein cœur de l’Estérel, nous sommes très favorables à ce projet qui apporte une valorisation supplémentaire à notre massif, avec la garantie d’une protection de notre environnement", souligne Jean-Pierre Klinholff. "Oui, avec nos règles: protéger sans sanctuariser, lui répond François De Canson. Il s’agit de convaincre et non de contraindre avec une concertation forte. Fédérer avec l’Estérel comme moi je l’ai fait dans les Maures, car si on ne protège pas, on dévalorise!"
"C’est une logique propre à notre territoire de Provence cristalline qui s’inscrit dans la continuité de la labélisation ‘‘Grand Site de France’’, en associant l’Estérel et le Tanneron selon un périmètre à définir et à valider ensemble. Le parc ne se fera pas sans vous", assure Georges Botella.
Développer des itinéraires touristiques respectueux de l’environnement est majeur, dans la charte du parc, bible du devenir du territoire et démarche volontaire des communes pour remplir les critères d’obtention du fameux label.
Si les avis sont favorables, comme cela semble être le cas aujourd’hui, à l’issue de cette première réunion, l’élaboration du projet se poursuivra en affinant le périmètre, ses cohérences et ses participants afin de parfaire aux critères d’éligibilité.
Dans l’ensemble, les acteurs présents sont séduits par la cohérence du projet et voient avec grand intérêt la création de ce parc. Outre la valorisation de sites remarquables, ils bénéficieront d’aménagements et de financements régionaux et européens. "C’est dans nos gènes, à la Région. On veut rester libres sur nos territoires, tout en pouvant gérer le flux touristique. Les territoires sont unis dans une volonté forte de protéger notre patrimoine", précise François De Canson.
"Ce projet reste ouvert à des partenariats. Il y a une liberté totale d’adhérer ou pas", conclut Georges Botella.
Le Var est le seul département français qui porte le nom d’un cours d’eau qui n’y coule pas... ou plutôt qui n’y coule plus.
Nelly Nussbaum magazine@nicematin.com Publié le 11/02/2023
Le port vieux de Toulon vu du côté des magasins aux vivres, par Joseph Vernet, 1756. - Photo Musée national de la Marine
Lorsqu’en 1860, le royaume de Piémont-Sardaigne a cédé le comté de Nice à la France de Napoléon III, il a fallu agrandir le territoire du département des Alpes-Maritimes (ancien Comté de Nice), alors trop petit pour former une nouvelle entité administrative.
Pour cela, comme le fit naguère la Révolution avec le découpage de la Provence, le gouvernement eut l’idée de lui ajouter la partie orientale du département du Var.
C’est ainsi que Grasse (ex-préfecture du Var), Cannes, Antibes et Cagnes-sur-Mer ont été rattachés à l’ancien comté pour constituer l’intégralité des Alpes-Maritimes. La conséquence de cette manœuvre administrative fut que le département varois perdit aussi son fleuve, soit le Var qui marquait la frontière entre les deux départements.
En fait, le fleuve avait perdu son rôle de frontière une première fois en 1793 lors de la constitution du premier département des Alpes-Maritimes. S’il a récupéré sa fonction de limite administrative en 1814, lorsque le comté de Nice est retourné au royaume de Sardaigne, il l’a définitivement perdu lors du rattachement du comté de Nice à la France en 1860.
En compensation de cette déchirure dans le cœur des Varois, le département a eu le droit de garder son nom. Une cocasserie unique en France car depuis cette amputation de sa source à son embouchure le fleuve Var coule dans le département voisin des Alpes-Maritimes.
Jusqu’à la Révolution, le département du Var n’existait pas. Toulon, déjà réputée comme ville portuaire, était assimilée au comté de Provence. Ce qui n’empêcha pas Vauban de venir, dès 1679, restructurer les fortifications de l’arsenal de Toulon, lui conférant ainsi sa vocation de grand port militaire de Méditerranée. Mais en septembre 1789, le député Thouret propose à l’Assemblée constituante de lancer une grande réforme qui allait totalement bouleverser l’administration de la France. Il est, en effet, décidé de découper le sol de la France en 83 unités départementales, chacune subdivisées en 9 districts regroupés autour d’un chef-lieu.
Se dessinent alors les départements issus du découpage de la province de Provence (devenu Paca). La partie la plus orientale, territoire alors peu connu, sans grosses villes, doté de petites industries locales et voué depuis des siècles à une agriculture méditerranéenne traditionnelle devint donc un département à part entière.
Et, comme il fut décidé de baptiser les nouveaux départements du nom du cours d’eau le plus important qui les traversait ou les bordait, on dénomma cette partie oubliée du nom de son fleuve Var. La proclamation de la naissance du Var eut lieu le 4 mars 1790 à l’assemblée d’Aix-en-Provence, mais ne fut effective que le 26 septembre 1790.
Son chef-lieu, d’abord fixé à Toulon fut, pour punir les Toulonnais d’avoir livré leur ville aux Britanniques en 1793, déplacé à Grasse. La cité grassoise fut remplacée à son tour par Brignoles en 1795 puis Draguignan en 1797. Finalement Toulon est redevenue chef-lieu du département en 1974.
Sources: Département du Var, métamorphose d’un territoire (1790-1990) par Étienne Julliard, professeur honoraire des universités et Archives du Département 83.
Sur ce plan de 1869, le département du Var était déjà amputé de sa partie orientale et de son fleuve Var depuis neuf ans.
Un riche patrimoine mégalithique prouve que le territoire fut habité dès les temps préhistoriques puis par les Celto-Ligures.
Vers 500 avant J.-C., les Grecs de Marseille fondent des comptoirs commerciaux sur le littoral le rendant florissant. Lorsqu’en 49 avant J.-C., s’installent les Romains, ils fondent Forum Julii (Fréjus) et construisent l’importante via Aurelia qui traverse le territoire d’est en ouest. Durant le Haut Moyen Âge, la région subit les invasions barbares et sarrasines avant d’être intégrée au comté de Provence fin du Xe siècle.
Les XIe et XIIe siècles sont plutôt calmes, mais du XVIe au XVIIIe siècle, le territoire, régulièrement traversé par des armées ennemies, est aussi éprouvé par des épidémies de peste et des guerres de religion.
Entre le XIXe et le début du XXe siècle, l’arrivée du chemin de fer, la création de grands centres industriels à Toulon et La Seyne, la spécialisation de l’agriculture et les débuts du tourisme, offrent au Var une période de prospérité et de développement.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il va encore subir le sabordage de la flotte à Toulon, en 1942, et le débarquement de Provence, en août 1944.
Mais comme par le passé, le département surmonte ses problèmes et durant la deuxième moitié du XXe siècle, le Var se développe, double sa population et devient une destination touristique de premier plan.
Un plan d’urgence transport a été dévoilé, ce vendredi matin, par le préfet du Var. Une circulation différenciée sera mise en place à partir de juin, les jours de forte pollution.
Le préfet du Var, Evence Richard, a annoncé la mise en place d’une circulation différenciée en fonction des véhicules les jours de forte pollution.
Obligatoire. Il vous faudra avoir collé votre vignette Crit’Air sur votre pare-brise à partir du 1er juin prochain.
Pour les vignettes 4 et 5 (de véhicules anciens et les plus polluants), la circulation sera interdite sur le réseau secondaire dans six communes allant de Six-Fours à La Garde. L’autoroute, elle, restera accessible.
L'excès de lumière est une pollution réversible
Le CAUE Var vous invite à une conférence avec Frédéric Soulié dans ses locaux, 26 Place Vincent Raspail à Toulon, le jeudi 9 février de 18h30 à 20h.
Frédéric Soulié, directeur général de SOMECA et président de l’UNICEM (Union Nationale des Industries de Carrières et Matériaux de Construction) PACA et CORSE, nous présentera sa réflexion et proposition d’action sur le devenir des carrières.
En résonance avec l’exposition de la saison 2022 « Entrez dans la pierre… Un récit d’architectures varoises », nous aborderons le sujet de l’intégration paysagère à travers les techniques de réaménagement et la reconquête du végétal.
Inscriptions par téléphone au 04 94 22 65 75 ou par mail : contact@cauevar.fr
Vous avez sans doute entendu que le timbre rouge avait disparu des bureaux de tabac depuis le 1er janvier dernier. Il est remplacé par la e-lettre rouge (1,49 €) que l’on saisit et que l’on envoie de son ordinateur, si l’on en possède un, sur le site laposte.fr. Parce que l’on « est au XXIe siècle », trompette La Poste, tout doit bouger.
Bien, mais je mets au défi un Bac + 5 de mettre moins d’une bonne heure à comprendre et restituer à autrui de manière vaguement intelligible le maxi bazar des nouvelles offres de timbres violets, verts, turquoise, grise, ah non il n’y en a plus, bleu pâle de l’usine à gaz postale.
Bonne nouvelle : ces timbres bénéficient du visuel de la nouvelle Marianne dessinée par l’artiste Yseult Digan, alias YZ. Mais pourquoi la rebaptiser « Marianne l’engagée » ? Elle était comment auparavant l’allégorie romaine de la liberté dans l’Antiquité ? Recluse ? Dégagée ? Et elle était comment la Marianne romaine adoptée par la République dés 1792 pour la représenter avec toujours son bonnet phrygien ? Soumise ? Et elle était comment la Marianne de Delacroix aux seins nus levant haut son drapeau tricolore à bout de bras sur une barricade de 1830 ? Nonne ?
Bon, laissons-là ces boniments de communicants pour faire moderne et écho aux, je cite La Poste, les « courants artistiques et sociétaux de notre époque » (sic). Il y a nettement plus ennuyeux. Dans la palette de choix de timbres, le moins cher (1,13€) est celui que l’on imprime chez soi sur son imprimante avec son papier et son encre. Et là, surprise, surprise, il n’y a plus aucun visuel qui rappelle de près ou de loin Marianne l’engagée ou pas, mais pas non plus le mot « République Française » ou même le simple mot « France ».
À la place, la Poste propose une sélection d’émojis – des pictogrammes utilisés sur toutes les plateformes de forums, réseaux sociaux et courriers électroniques- qui n’ont strictement aucun rapport avec la France, son Histoire, ses célébrités sa mémoire, ses paysages … En lieu et place, des icônes passe-partout et mochissimes et, en tous cas, pas retravaillés par des illustrateurs dont la France peut s’enorgueillir d’avoir sans doute les meilleurs au monde. Non rien que des pauvres visuels qui évoquent l’astrologie… chinoise, les bons vœux, le mariage, « nature et paysages », les saisons, la langue des signes, le « media social food » ? la pluie ou le beau temps… S’il n’y avait pas deux malheureuses rubriques consacrées aux régions et aux villes, on pourrait se croire en Corée du sud ou du Nord ou en Arkansas. En tous cas de la République de la France et même de l’Europe, aucune trace.
Il convient donc de rappeler aux communicants de la Poste que, depuis 1849, lorsque sont créés les premiers timbres, la mention « République Française » a toujours figuré à l’exception des périodes du Second Empire et… de l’Occupation. De la Seconde République à la Troisième République, c’est Cérès, la déesse romaine des moissons, dessinée à l’origine par Jacques Jean Barre, qui illustre nos timbres.
Plus près de nous, c’est-à-dire après-guerre, les timbres deviennent des annexes des manuels d’Histoire nationale et de géographie. Les visuels mettent en majesté des résistants, un Lacordaire, l’Abbaye de Saint-Wandrille, Toulouse-Lautrec, Jules Ferry, Marie Curie, Jean Nicot…C’est d’ailleurs ce que continuent à faire nos voisins allemands ou italiens, un peu butés, qui se servent du support timbre pour mettre en avant Goethe ou Léonard de Vinci, des monuments, des œuvres d’art nationales contemporaines…
Comment La Poste, qui est certes une société anonyme, mais à capitaux 100% publics, (la Caisse des Dépôts à hauteur de 66%, et l'État à hauteur de 34%) a-t-elle réussi à dissoudre les doigts dans le nez, et la République et le mot France dans les timbres les plus économiques proposés aux Français ? Pourquoi se priver de l’exposition du petit carré d’affranchissement des courriers, certes concurrencés par les emails, pour mettre en avant les grandes figures politiques, scientifiques ou artistiques de France et d’ailleurs. Bref, pourquoi décréter l’amnésie parce qu’on est au « XXIe siècle » ? Pourquoi remplacer Pasteur, Clemenceau, Jaurès, Picasso par des émojis ?
À l’heure où, dans les collèges, la perte de repère dans l’espace-temps conduit régulièrement à des énormités de type « Ah oui, Charles De Gaulle-Etoile, c’était un général ? », on a besoin de tous les concours, tous les relais … Allez La Poste ! Il y a aussi écrit « service public » sur votre fronton !
Guillaume Malaurie
Note : notre adhérent Pierre Jaillette sera le conférencier le 2 mars 2023 à 16h30.
Thème : La chute de Rome : la fin d'une histoire ou une histoire sans fin
GRANDE-BRETAGNE : ARTS ET HISTOIRE
Cycle présenté par l’Association France-Grande Bretagne
Mardi 7 février 2023 : « Yokshire : God’s own country » (en anglais) par M Chris LUDLOW
Jeudi 9 mars 2023 : « Les Impressionnistes à Londres après la Commune de Paris » par M Bernard SASSO
LA LIGUE POUR LA PROTECTION DES OISEAUX
Cycle présenté par la LPO PACA
Mercredi 8 mars 2023 : « Histoire du feu sur notre terre »
M. Laurent STIELTJES – Volcanologue et Directeur de recherches.
Jeudi 30 mars 2023 : « Le Goéland leucophée en ville »
Mme Aurélie AMIAULT, fondatrice de l’organisme de formations sur la faune sauvage Faune et Savoir, et ancienne responsable du centre régional de sauvegarde géré par la LPO PACA,
Mardi 11 avril 2023 : « Les champignons du Var »
Mme Christine Valence, responsable de la section Mycologie des Sciences Naturelles et d’Archéologie de Toulon et du Var (SSNATV).
L’ASTRONOMIE
Cycle présenté par M. Pierre LE FUR, professeur agrégé, docteur ès sciences.
Mardi 10 janvier 2023 : « Voyages vers les comètes »
Mardi 24 janvier 2023 : « Astéroïdes, diversités et dangers »
Jeudi 16 mars 2023 : « Les lumières messagères des astres »
Mardi 23 mai 2023 : « Vie et mort des étoiles »
LA TUNISIE EN REVOLUTION (2011/2022)
Cycle présenté par M. Bernard SASSO,
Jeudi 2 février 2023: « La présidence de Béji Caîd Essebsi 2014-2019 »
Jeudi 9 février 2023 : « La présidence de Kais Saied : vers une nouvelle République ? 2019-2022 »
LA FRANC MACONNERIE A TOULON
Conférence animée par Mme Evelyne MAUSHART, docteur en histoire,
Membre de l’Académie du Var
Mercredi 15 mars 2023
ROME A LA DECOUVERTE DE LA GRANDE GRECE (IIIème s. av. J.-C.)
UNE ITALIE MECONNUE : « La science et les savants Italiens des origines à nos jours (Galilée, Volta, Marconi et les autres…) »
Conférence animée par M Jean-François PRINCIPIANO, Professeur certifié classe européenne italien
Mercredi 1er février 2023
LA GRECE ARCHAIQUE, ENTRE MYTHOLOGIE ET HISTOIRE
Cycle animé par Mme Frédérique BOURDET, Professeur certifiée de lettres classiques
Mardi 7 mars 2023 : « Aux origines de la Grèce : Le mythe de Thésée et la civilisation minoenne »
Mardi 14 mars 2023 : « Des dieux à la religion : Les dieux grecs et les grands sanctuaires »
Mardi 21 mars 2023 : « Le monde grec archaïque : La légende d’Héraclès et l’espace grec »
Mardi 28 mars 2023 : « Jason et les Argonautes :A la conquête de la toison d’or : mythe et réalité »
Mardi 4 avril 2023: « De Troie à Ithaque – L’Iliade et l’Odyssée : Les poèmes d’Homère et la civilisation homérique »
LE VAISSEAU FANTOME ET AUTRES SORTILEGES :
Voyage à travers les légendes et superstitions de la mer en partant du « Hollandais volant », le vaisseau fantôme de Wagner
Conférence animée par M. Jean-Marc BOURDET, écrivain
Mercredi 1er mars 2023
LA CHUTE DE ROME : LA FIN D’UNE HISTOIRE OU UNE HISTOIRE SANS FIN
Conférence animée par M Pierre JAILLETTE,
Jeudi 2 mars 2023
PETAIN : COUPABLE OU INNOCENT ?
Étude de sa vie, sa carrière militaire et politique
Conférence animée par M. Thierry HONDEMARCK
Jeudi 13 avril 2023
HISTOIRE MARITIME
Cycle présenté par Mme Cristina BARON, Conservateur du Musée de la Marine à Toulon
Jeudi 23 mars 2023 : De Mers-el Kébir au sabordage de la Flotte, entre mémoire et histoire
Un poisson change de bocal
Hier 26 janvier 2023, le lac de retenue de Dardennes a été réempoissoné.
Les travaux de consolidation du barrage d'octobre 2020 à octobre 2022 avaient impliqué la vidange du lac. À l'époque, toute la population de poissons du lac avait été pêchée et transportée au lac de Carcès. Le niveau d'eau du lac de Dardennes est bien remonté depuis octobre dernier et a permis le retour des poissons.
Donc jeudi, un gros camion est arrivé près des rives du lac, avec à son bord, dans des cuves d'eau, une tonne de poissons.
Mais ce ne sont pas "nos" poissons en villégiature à Carcès qui sont venus repeupler le lac en ce mois de janvier. Ce sont des poissons d'élevage, achetés par TPM, et dans une moindre mesure, par une association de pêche.
La pêche sera ouverte dès le 29 avril, mais ce sera une pêche no-kill pendant 3 ans. Trouvez-moi un équivalent en français de France, ça veut dire qu'on remet à l'eau de suite le poisson pêché, sans le tuer. Juste en le blessant un petit peu.
Mais bientôt, le lac de Carcès va être vidé à son tour, pour de grands travaux. Ses poissons seront pêchés et partiront en vacances dans d'autres eaux de la région. Parmi ceux qui viendront au Revest, qui sait, certains retrouveront peut-être les eaux revestoises qui les ont vu naître. Enfin, eux ou leurs ancêtres.
Le mot semaine ou semano en provençal, vient du latin septimana qui signifie sept, chiffre magique par excellence en Orient comme en Occident.
Le mois se divise approximativement en quatre semaines de sept jours calquées sur les phases lunaires d'une lunaison.
Dans l'Antiquité, les astrologues avaient découvert dans le ciel sept planètes : Saturne (Pèire de Prouvenço), Jupiter (Jupiter), Mars (Mars), Mercure (Mercùri), Vénus, le Bon Soleil, (lou Soulèu) et la Lune (la Luno)... qui ne sont pas remarquez bien, à proprement parler des planètes.Il était alors logique de faire correspondre chaque jour de la semaine à la planète qui lui correspond. Leur nom seul ne laisse subsister aucun doute : lundi est sous l'influence de la lune, mardi de Mars, mercredi de Mercure, jeudi de Jupiter, vendredi de Vénus. Seuls samedi et dimanche échappent à la règle. Ils ne sont pas liés aux planètes, en particulier dans notre pays. A l'inverse les Anglais ont conservé saturday pour Saturne et sunday pour dimanche. En France, samedi vient de Sabbat et dimanche est devenu, religion oblige, le jour du Seigneur.
En Provençal, le jour se compose en plaçant toujours Di en premier, dies signifiant jour en latin. Ainsi, les jours de la semaine en provençal sont : dilun, dimars, dimècre, dijoù, divèndre, dissate, dimenche.
Autrefois, ces jours en relation étroite avec les planètes conditionnaient le temps, les faits et gestes des populations.
Dilun était propice à tous les travaux des champs et à toute autre entreprise. Au niveau du temps, si le mistral se lève un lundi, il durera un jour ou trois jours.
Dimars, un dicton dit : coume fai lou dilun, fai lou dimars (comme il fait le lundi, il fait le mardi). Ce jour qui est sous l'influence de mars est propice à l'agriculture et au travail de la terre.
Dimècre, il faut redouter la lune nouvelle si elle commence un mercredi car ce jour serait alors néfaste à tous les points de vue.
Dijoù, prépare déjà la fin de la semaine. Si le mistral se lève un jeudi, il durera trois, six ou neuf jours. Et si le soleil se couche couvert, la fin de semaine connaîtra la pluie.
Divèndre, jour de tristesse et d'abstinence, tous se doivent de faire maigre. Ce jour maudit, qui est celui de la mort du Christ, où aucun travail ne doit être entrepris. On doit aussi, ne rien porter de neuf ce jour là, on ne met pas un vêtement neuf un vendredi ni une paire de chaussures nouvellement achetée par exemple.
Dissate, c'est un jour beau en général. Si on compte dans l'année trois samedis sans soleil, c'est un mauvais présage. Enfin, si le mistral se lève un samedi, il cessera de souffler avant lundi.
Dimenche, il fera le même temps que le vendredi. Le dimanche, jour du Seigneur, offre le repos aux travailleurs.
Source : D'après l'Almanach 2009 - Un an en Provence - Edisud - Texte agrémenté des connaissances de Nadine de Trans, l'auteur du blog Passion Provence.
C’est en creusant la roche pour construire un parking souterrain, le long du boulevard Desaix, que les techniciens sont tombés sur un os. Ou plutôt, sur une source abondante! Photo Ma. D.
Une rivière souterraine a été découverte le long du boulevard Desaix, alors que l’office HLM y avait lancé la construction d’un immeuble de 62 logements. Il s’agit de la source Saint-Philip.
Par Mathieu Dalaine, publié le 20/01/2023
Bernard se souviendra longtemps de l’été 2022. Trois mois de chaleur durant, il a dû garder ses fenêtres fermées à cause des travaux menés au pied de son immeuble! Un chantier lancé par l’office HLM Toulon Habitat Méditerranée (THM), visant à construire 62 logements sur huit étages, ainsi que trois niveaux de parking souterrain, le long du boulevard Desaix. À l’endroit même où se dressaient, il n’y a pas si longtemps encore, les locaux de Jeunesse et Sport. "Ils ont creusé, cassé la roche… Je ne vous dis pas le bruit", râle ce retraité. "Et puis après, ça a jailli comme à Fontaine-de-Vaucluse!"
Cet ancien ouvrier de la Navale, à La Seyne, assure que les techniciens seraient tombés sur une abondante source d’eau. Avant de combler la cavité et de reprendre le travail. Puis les engins se seraient à nouveau arrêtés. Mais pas les visites sur site: ingénieurs des eaux, spécialistes du BTP et même archéologues se seraient rendus sur place, d’après le riverain, curieux de l’histoire qui se trame sous son balcon.
Sollicité, le maire Hubert Falco ne cherche pas à minimiser l’importance de la chose. "Il n’y a rien de secret: on est tombé sur une véritable rivière. Il s’agit de la source Saint-Philip qui alimentait jadis toute la haute ville. J’ai donc dit stop au chantier. Ce matin (hier, ndlr), les spéléologues étaient sur place pour étudier l’amont et l’aval. J’attends leur rapport."
Du côté de l’office HLM, un connaisseur du dossier explique: "On a exhumé une galerie façonnée par la main de l’homme qui n’était pas recensé sur les cartes des réseaux. On a d’abord alerté la Métropole mais on n’a pas eu de réponse tout de suite. Là, on est bien emm… car les travaux sont bloqués et c’est un programme important. Tout ça coûte de l’argent. Et on va au minimum devoir renoncer à un étage de parking."
D’autant que la découverte intéresse désormais la collectivité au plus haut point. "Les premiers relevés indiquent que l’eau coule à hauteur de 1.000m par jour, poursuit Hubert Falco. On ne peut pas s’asseoir sur un débit pareil! Aujourd’hui, je le dis clairement: oui, on veut capter cette source."
Le chantier, lui, est suspendu. Pour combien de temps? "On n’est sans doute pas obligé de la pomper à cet endroit-là, ce qui laissera de la place pour l’immeuble, pondère le maire. Les travaux vont reprendre dans une semaine ou deux. Mais l’objectif, c’est bien de capter l’eau. Que cela soit pour l’arrosage ou la rendre potable. Comme la source Saint-Antoine."
À proximité du trou béant, un riverain qui souhaite rester anonyme soupire. "Comment ont-ils pu être surpris? À l’époque de ma grand-mère, il y avait un bâtiment du service des eaux à cet endroit." Pour cet habitant du quartier, l’idée de continuer à construire autant de logements à cet endroit n’est d’ailleurs guère raisonnable. "Le risque existe que les parkings se retrouvent inondés. Et puis avec le poids d’un immeuble, ils n’ont pas peur que ça s’affaisse?"
Si professionnels du bâtiment et pouvoirs publics semblaient ignorer la présence de la source à cet endroit, son existence est pourtant documentée. Dans son Histoire de Toulon, de Telo à Amphitria, l’ancien directeur du service général des eaux et fontaines André-Jean Tardy affirme que Saint-Philip est mentionnée dans les textes dès 1426. Il détaille son usage à travers les ans, à Toulon, et raconte qu’elle fut captée notamment pour les besoins d’une léproserie puis d’une "égorgerie".
Mais cette source, dont une émergence serait située de l’autre côté de la voie ferrée, au fond de l’impasse Tiran, aurait été exploitée plus largement après le Moyen Âge pour les besoins de la population. Et de citer un rapport ancien faisant état d’un "débit de 1.000 m3 à l’étiage".
Néanmoins, avec le développement des connaissances scientifiques, au XIXe siècle, l’eau sera finalement jugée de très mauvaise qualité et ne sera plus pompée que pour le bon fonctionnement du réseau d’assainissement. L’usine hydraulique située le long du boulevard Desaix est alors rasée. La Ville cédera finalement le foncier au début des années 70 au service de la Jeunesse et des sports…
Ce mardi 17 à 19H, au Cercle du village (à droite de l'église), nous voyagerons au Revest dans les années 1860 sur les traces de George Sand.
Nous visiterons le Ragas, le hameau de Dardennes, la Salle verte, la vallée d'avant le barrage… rencontrerons d'anciens Revestois, meuniers et carriers… et verrons comment ces paysages et ces rencontres ont influencé l’illustre romancière.
Alors avis aux amoureux du Revest, pour un dépaysement total dans votre village même, tous au Cercle mardi 17.
Les Amis du Vieux Revest et du Val d'Ardène / Loisir et Culture vous souhaitent une belle année 2023
Pour démarrer l'année en beauté, c'est Albert Camus, prix Nobel de littérature qui s'invite au Café Culture au Cercle du village, à droite de l'église.
Qui a dit « encore moins pratique qu'un fax » ?
Marie Turcan
Les courriers urgents ne pourront plus être envoyés avec un timbre rouge à compter du 1er janvier 2023 : ils vont devoir se contenter d’une nouvelle invention : la « Lettre en ligne ».
Le timbre rouge est mort, vive la « e-lettre rouge ». La Poste a annoncé que cette vignette historique allait disparaître au 1er janvier 2023, car trop peu utilisée par les Françaises et Français. « Mais il sera toujours possible d’envoyer des courriers urgents en utilisant notre service hybride, la lettre en ligne (ou e-lettre rouge) », précise le service postal.
Le timbre rouge existait depuis 1849 en France. Il sert à envoyer un courrier ou un colis en moins de 24 heures. Cependant, comme l’a rappelé France Info, l’utilisation du timbre rouge a été divisée par 14 depuis 2010 : les coûts engendrés (transport en bateau, voire en avion) ne sont plus rentabilisés par le nombre d’utilisateurs.
C’est pour cette raison que le prix du timbre rouge a beaucoup augmenté en dix ans : il est passé de 60 centimes à 1,49 euro, soit +148 % (là où le timbre vert, quasiment au même prix en 2012, n’atteint que 1,16 euro, soit 103 %).
« L’utilisation de la lettre prioritaire tend à disparaître, remplacée par des communications électroniques type email et SMS », explique aussi la Poste.
La lettre en ligne, ou e-lettre rouge, est censée remplacer le timbre rouge. Dans les faits, le parcours proposé a des allures d’usines à gaz, par rapport au gain obtenu. Il faut :
1 - Se rendre sur le site de laposte.fr, et choisir si vous souhaitez rédiger votre message directement sur le site ou importer un texte que vous aviez rédigé au préalable.
2 - Vous envoyez le texte, sur le site.
3 - Le bureau de Poste le plus proche de votre destinataire imprime le contenu de l’email
4 - Il le met dans une enveloppe.
5 - Un facteur ou une factrice ira déposer l’enveloppe chez le ou la destinataire.
Les démarches pourront être faites en ligne de chez soi sur laposte.fr (en créant un compte) ou « depuis un bureau de Poste avec l’aide d’un conseiller clientèle ou d’un automate », explique l’organisation. On entrevoit déjà les potentiels ralentissements engendrés si l’aide d’un conseiller sera nécessaire pour chaque email à envoyer.
Cela signifie que ne seront concernés par ce service que des messages textuels ; les cartes postales personnalisées, par exemple, devront se contenter d’un timbre vert (qui garantit d’ailleurs désormais une livraison en 3 jours au lieu de deux).
La Poste explique que si vous utilisez encore des timbres rouges après le 1er janvier 2023, votre courrier sera bien envoyé, mais la temporalité de distribution pourra s’étendre jusqu’à trois jours au lieu d’une journée.
La e-lettre n’a rien à voir avec le timbre digital, qui est une initiative que la Poste n’a pas encore déployée, mais qui est en cours de test. L’objectif est de permettre à des Françaises et Français d’affranchir leur courrier sans avoir à y coller des timbres, avec un code alphanumérique qu’il suffira de recopier sur une enveloppe. Le timbre digital devrait être lancé courant de l’année 2023.
Longue de dix mètres avec ses grands santons, la crèche de l’église Saint-Christophe du village offre des scènes la vie revestoise d’antan. Elle est à découvrir jusqu’au 2 février.
Texte et photo C. S. Publié le 26/12/2022 à 17:00
Inscrits au patrimoine immatériel culturel, les santons vous plongent dans le quotidien de la vie d’autrefois et des professions souvent oubliées: la lavandière remplacée par la machine à laver, le vitrier, le chiffonnier (l’estrassaïre), le berger, le bûcheron, les marchands ambulants, le forgeron, le maréchal-ferrant, le puisatier, le tambourinaïre, le batteur de blé, le sourcier, l’étameur, le bouilleur de cru, le boscattier...
50 grands santons mis en scène
Créées par le curé Alejandro et le vicaire Jorge, en deux jours chacune, le public est invité à venir découvrir ces scènes de vie locales d’antan à l’église Saint-Christophe du village du Revest et l’église Saint-Pierre dans la vallée de Dardennes rue des Oliviers.
"À l’église du village du Revest, plus de cinquante grands santons sont mis en scène de la plus pure tradition provençale. Ils ont été offerts il y a très longtemps par des paroissiens tout comme la maquette du village."
Elle sera visible jusqu’au 2 février, jour de la Chandeleur.
À Saint-Pierre, la crèche est visible les jours de messe: les mardis et les jeudis dès 18h et le dimanche 10h45.
Afin de répondre à la problématique de sécurité liée à l'instabilité rocheuse du Mont Faron, espace remarquable protégé et classé, la Métropole TPM et la ville de Toulon mènent des travaux d'ampleur sur le massif afin de sécuriser la zone urbaine riveraine. Ce chantier d’une grande précision et d'une haute technicité a démarré en 2020 et s'étalera sur une quinzaine d'années. A ce jour, neuf secteurs ont été sécurisés et cinq chantiers seront engagés en 2023.
Travaux de sécurisation - massif du Mont Faron
C’est un chantier d’une grande envergure qui est actuellement en cours sur le massif du Mont Faron*, à Toulon. Cordistes chevronnés et hélicoptères sont à l’œuvre afin d'assurer l’installation des parades et du matériel nécessaires dans l’optique de sécuriser la zone urbaine qui jouxte le massif.
En effet, comme tout espace naturel, de par sa géologie calcareuse et sa topographie accidentée, le mont Faron est soumis à des mouvements de terrain et de fréquentes chutes de blocs pouvant engendrer des risques humains et matériels.
Dans un souci de prévention des risques, la ville de Toulon s’est associée en 2007 à la Métropole TPM (gestionnaire du site) dans l'objectif de conduire un ensemble d'études environnementales réglementaires (comprenant l'étude d'impact, l'étude des incidences sur la faune flore et sur le paysage, ...) et géotechniques. Ces études préalables ont en effet permis, avant toute intervention sur le massif, de définir les mesures d'évitement et de réduction des incidences à la fois sur les habitats, la faune et la flore mais aussi sur le paysage au regard des travaux à réaliser; les études géotechniques ont permis de dimensionner les ouvrages de protection (parade). S'en suivra l’octroi des autorisations réglementaires ainsi que trois enquêtes publiques menées entre 2018 et 2022 afin d'informer les usagers et propriétaires afin d'enclencher les procédures.
Un Plan Prévention Risques Naturels – Mouvements de Terrain (PPRN-MT) a été approuvé en décembre 2013.
Dès lors, seules les zones dont l'aléa identifié comme « élevé » et « très élevé » ont été retenues et font l'objet d'un programme global de travaux géographiquement répartis en 3 zones et étalés sur une durée prévisionnelle de 15 ans (2020-2035) :
face nord-ouest,
face sud,
face nord.
L'observation de terrains et de modèles numériques ont conduit, en effet, l'individualisation de nombreux compartiments rocheux identifiant précisément la nature des travaux à engager face au risque.
19 projets, dont 10 portés par la Métropole TPM ont ainsi été identifiés comme prioritaires.
Encadrés par la réglementation et les contraintes de sécurité militaire, ces travaux ne peuvent se dérouler que sur 3 mois d’octobre à décembre et nécessitent, depuis 2021, l'évacuation des populations impactées par le périmètre de survol de l'hélicoptère en charge.
A ce jour, 9 secteurs ont été sécurisés, dont 6 sous maîtrise d’ouvrage de la Métropole et 2 en urgence (Vallon des Hirondelle et St Antoine).
En 2023, cinq chantiers devraient être engagés dont deux par la Métropole TPM (hors travaux d’urgence).
À savoir que ce programme fait l’objet de subventions (État, Région, Département) dans le cadre de la politique de gestion du risque et protection des populations.
Différentes mesures de protection ont été calibrées afin de garantir une protection optimale vis à vis du risque tout en réduisant l'impact pour le paysage, le milieu naturel et les espèces faune, flore associées.
Cette protection est assurée par :
Selon la nature, la complexité des travaux et la maîtrise foncière des sites, certains secteurs seront réalisés sur plusieurs années.
Un suivi environnemental a été lancé dès 2021 et s'échelonnera sur 35 ans. Il sera réalisé pour l’ensemble des secteurs confortés et sur les deux sites de compensation (la Carrière de l'Ourdan et la grotte de Truébis) afin de suivre les impacts des travaux sur la faune et la flore et poursuivre leur protection.
Préalablement à la réalisation des travaux, le massif s’est doté, dès 2005, d’une surveillance dynamique en temps réel par instrumentation, tant sur les blocs les plus instables que sur un ensemble de falaises.
Ce dispositif vise à mesurer et enregistrer d'éventuels mouvements de falaise.
Dès lors qu'une alerte est déclenchée, les services opérationnels des deux maîtres d'ouvrage (Ville et TPM), accompagnés par la sécurité civile et au PICS (Projet Intercommunal de Sauvegarde), peuvent déployer rapidement les moyens de protection nécessaires et adéquates selon le risque évalué.
*Le massif du Mont Faron est un site classé ZNIEFF, Espace Boisé Classé, Espace remarquable, Réseau Natura 2000 et un site militaire protégé. De par sa dominante naturelle, il est par ailleurs renommé pour être le terrain de jeux de nombreuses activités sportives (randonnée, site d’escalade, cyclisme, ...)
En utilisant une technique de scanner en trois dimensions, des chercheurs britanniques estiment que les forêts du Royaume-Uni stockeraient plus de carbone que ce que l’on pensait.
Dans Richmond Park, à Londres, en Angleterre, le 1er décembre 2022. PHOTO TOBY MELVILLE-REUTERS
Une étude parue dans Ecological Solutions and Evidence révèle que le poids des arbres au Royaume-Uni aurait été sous-estimé, et, par la même occasion, leur contribution en matière de stockage de carbone.
Lire aussi Le chiffre du jour. Des milliers d’espèces d’arbres sont encore à découvrir
Les chercheurs ont scanné près de 1 000 arbres dans la forêt de Wytham (Oxfordshire) pour obtenir une image en trois dimensions de chacun d’eux. “Cela a donné une mesure du volume de chaque arbre, ce qui a permis aux scientifiques de calculer la quantité de carbone capturé dans les troncs et les branches”, précise la BBC. “Lorsque vous connaissez la densité du bois, vous pouvez convertir le volume en masse, explique Mathias Disney, professeur à l’University College de Londres. La moitié de cette masse se trouve être du carbone, l’autre moitié de l’eau.”
“Les résultats montrent qu’un lopin de forêt britannique pèse deux fois plus que ce que les précédents calculs suggéraient”, peut-on lire sur le site de la BBC.
Selon Mathias Disney, cette découverte indique que, pour chaque km2 perdu de forêt, “nous avons potentiellement perdu deux fois plus de capacité de stockage de carbone que ce que l’on pensait”. De plus, l’étude se penche aussi sur le cas des arbres adultes : l’importance de leur rôle semble difficile à compenser en plantant simplement de nouveaux arbres. “La valeur des vieux arbres est quasiment incalculable, par conséquent, on devrait éviter de les perdre à tout prix, peu importe le nombre d’arbres qu’on souhaite planter. Ces grands arbres sont terriblement importants”, avertit Mathias Disney.
Un arbre par habitant à Nice d'ici 2026, un milliard d'arbres plantés en France d'ici 2032... Chercheur à Sophia Antipolis, le docteur Pierre Sicard alerte sur les stratégies de plantation mises en œuvre dans certaines villes: "Tous les arbres sont bons pour l'homme, mais tous les arbres ne sont pas bons pour la qualité de l’air".
Pierre Peyret Publié le 08/11/2022 à 10:20, mis à jour le 08/11/2022 à 14:48
Les platanes, espèce pointée du doigt, présente pourtant des bienfaits pour la qualité de l'air. Photo L.M
Chercheur à Argans à Sophia-Antipolis, le Dr Pierre Sicard travaille sur les impacts de la pollution de l’air et du changement climatique sur les forêts, et sur le rôle de l’arbre en ville. Depuis 2019, à Aix-en-Provence et Florence, il coordonne notamment le projet européen Airfresh. Il a pour but de quantifier, pour la première fois, les bénéfices environnementaux et sociétaux des arbres en ville. Dans le cadre de ce projet, 300 essences d'arbres ont été étudiées, et 400 arbres ont été plantés dans les deux villes.
Aujourd'hui, alors que les municipalités se lancent dans la plantation d'arbres et alors qu'Emmanuel Macron a annoncé la plantation d'un milliard d'arbres en France d'ici 2032, il alerte sur les stratégies de plantation en cours ou à venir dans certaines villes.
Pourquoi avez-vous décidé de tirer la sonnette d'alarme?
Ce n'est pas la première fois que j'alerte sur ce sujet. À partir de l'été 2019, après la vague de chaleur et les épisodes de pollution qui ont eu lieu, les municipalités, à l'approche des élections municipales, ont avancé des stratégies de plantation pour répondre à une politique du chiffre. Sauf que planter des arbres, c’est bien, mais pas n’importe où et n'importe quoi. J’essaie de faire passer le message suivant: "Tous les arbres sont bons pour l'homme, mais tous les arbres ne sont pas bons pour la qualité de l’air". C'est-à-dire que des arbres émettent des composés qui engendrent l’émission de polluants secondaires. Selon les essences que vous allez planter, vous allez parfois dégrader la qualité de l'air.
Vous parlez de politique du chiffre. À Nice, la municipalité souhaite un arbre par habitant d'ici 2026, quel peut être le risque?
Souvent, dans les municipalités, les services vont réfléchir en amont et planter. D'autres ne réfléchissent pas vraiment. Cela peut vous amener à des contradictions. En périphérie de Madrid, on a observé une dégradation significative de la qualité de l’air car ils ont planté des essences locales qui n'étaient pas adaptées. Aux abords de Grasse, où vous avez des chênes et des pins et une augmentation de l’ozone, si, en plus de cela, vous ne prenez pas en compte l’existant et que vous allez planter d'autres chênes pubescents, vous allez aggraver la situation.
Il faut savoir que si vous plantez 100 chênes chevelus, vous allez éliminer 800 kg d’ozone par an. Mais si vous plantez 100 chênes pubescents, vous allez former 4 tonnes d’ozones. Il faut sélectionner l’existant et faire une évaluation.
Comment expliquez-vous que certaines essences d'arbres dégradent la qualité de l'air en ville?
Il y a deux types de polluants: les polluants particulaires, comme les particules fines, et les polluants gazeux. Pour les polluants particulaires, une partie se dépose sur les branches, les feuilles et les troncs. Pour les polluants gazeux, une partie va se déposer et être absorbée par le végétal. Tout cela, c'est quantifiable. Il y a des essences, comme l’eucalyptus, qui émettent des composés organiques volatiles. Ces derniers, quand ils sont émis, sous l’effet du rayonnement solaire, vont former l’ozone. Pour chaque essence, nous pouvons donc calculer ce qu’elle absorbe, ce qu'elle élimine. Résultat, certaines essences forment plus que ce qu’elles absorbent.
Des résultats vous ont-ils surpris?
En local, l’eucalyptus est une des pires espèces. À titre d’exemple, un eucalyptus adulte forme 180 gr d’ozone par jour dans l’air. Le chêne pubescent, que l'on retrouve beaucoup ici, c’est 120 gr d’ozone par jour.
À l'opposé, il y a des essences comme les érables et les tilleuls qui absorbent 40 gr d’ozone par jour. Quand vous en plantez, vous éliminez donc de l’ozone de l’atmosphère.
Outre la difficulté de choisir la bonne essence, quels écueils peuvent rencontrer les villes?
Souvent, les citoyens disent: il faut planter davantage d'arbres. Mais il faut savoir que dans les villes densément peuplées, l’espace public géré par la municipalité est restreint.
Il est de 15 %, le privé représentant 85%. Dans ses 15%, une fois que vous avez enlevé là où vous ne pouvez pas planter, il ne reste plus grand chose. C’est pour ça qu’il faut communiquer auprès du grand public pour que les essences appropriées soient plantées. L'érable argenté, le tilleul, le platane sont de bonnes espèces, l'olivier lui, est une essence neutre. Mais à Aix-en-Provence, où nous avons planté sur 1,2 hectare, les gens ne comprennent pas que certaines espèces ne sont pas bonnes.
Étés de plus en plus chauds, incendies en série, inondations incontrôlées… le Var et les Alpes-Maritimes sont mis à mal par le dérèglement climatique. Ardemment défendus par les citoyens, brandis par les politiques comme moyen de lutte contre le dérèglement climatique, les arbres sont au centre des attentions. Mais s’ils peuvent être des alliés précieux contre le réchauffement climatique, ils en sont parfois aussi les premières victimes. Comment trouver un équilibre? Nous avons un mois pour enquêter.
Flora Zanichelli Publié le 04/12/2022
Face au réchauffement climatique, comment faire des arbres nos alliés ? - Photo Sébastien Botella
En août dernier, la ville de Gattières est au cœur d’une polémique. En cause, l’abattage de deux cèdres du Liban pour faire place à une résidence sociale sénior et un parking. Sur les réseaux sociaux, les habitants laissent exploser leur colère.
Quelques semaines plus tôt, c’est à Saint-Paul-de-Vence que le lever de bouclier a eu lieu, après la coupe rase de cyprès et de pins.
Une mobilisation de citoyens qui révèle combien le sujet des arbres est brûlant.
Si cela fait depuis longtemps que la forêt est au cœur de réflexions, les derniers étés, caniculaires, au cours desquels nous avons assisté à des incendies et des hausses de température spectaculaires, ont accéléré les prises de conscience et les réflexions.
“Les arbres ont un rôle essentiel dans la lutte contre le réchauffement climatique”, rappelle Michel Vennetier, ingénieur forestier et écologue, qui a longuement analysé les effets du changement climatique sur la forêt méditerranéenne.
Réduction de la température urbaine, puits de carbone permettant de lutter contre l’effet de serre, lutte contre l’érosion des sols, préservation de la biodiversité, source d’énergies renouvelables, les bienfaits des arbres sont nombreux.
“Non seulement, l’arbre contribue à la beauté de la ville, mais il peut aussi atténuer les conséquences des canicules urbaines en rafraîchissant les rues”, explique Caroline Mollie, paysagiste et auteur du livre “Les arbres dans les villes: l’urbanisme végétal.”
C’est en partie pour cela que Christian Estrosi a inscrit les arbres à l’agenda politique de Nice, promettant une forêt urbaine pour 2025.
Mais si les arbres sont de précieux alliés pour lutter contre le réchauffement climatique, ils en sont aussi les victimes.
“De façon générale, il n’y a plus que très peu d’arbres qui se portent vraiment bien dans la nature”, constate Michel Vennetier.
Chute des feuilles, branches mortes, les conséquences des sécheresses et canicules se font sentir. “Aujourd’hui, les gens ne savent plus à quoi ressemble un arbre en bonne santé”, observe l’écologue.
Caroline Mollie précise: “On ne devrait pas voir le ciel au travers du feuillage”.
Michel Vennetier ajoute : “Les arbres sont également moins réactifs face aux parasites qui eux, parfois, deviennent plus résistants ou attaquent plus de fois dans l’année qu’auparavant. On l’a vu, par exemple, avec le charançon sur les palmiers. ”
“Planter des arbres, c’est bien, mais pas n’importe où et n'importe quoi”, réagissait Pierre Sicard, chercheur “Air et forêt” chez Argans, à Sophia-Antipolis, dans une interview donnée à Nice-Matin le 8 novembre dernier.
Une remarque qui va à contre-courant des promesses souvent faites par les politiques.
En fixant l’objectif de planter 280 000 arbres dans la Métropole d’ici à 2026, le maire de Nice, Christian Estrosi, confirme l’enjeu auprès de ses concitoyens.
Mais il est souvent difficile d’évaluer la portée de telles annonces, estiment plusieurs experts.
“Si vous prenez le problème de l’arbre en ville, explique Caroline Mollie, il faut tenir compte de l’espace qu’on va pouvoir lui donner pour se développer. Pour qu’un arbre se développe, il faut de la terre et de l’espace aérien. Donc planter, oui! Mais où? Et comment? Avec quelles perspectives?”
Trouver un équilibre aussi. Pierre Sicard continue : “[Certains] arbres émettent des composés qui engendrent l’émission de polluants secondaires. Selon les essences que vous allez planter, vous allez parfois dégrader la qualité de l'air.”
En ville, par exemple, planter mobilise experts des espaces verts mais nécessite aussi une bonne connaissance du réseau souterrain, pour que les arbres puissent se développer au mieux, et sous-tend le renouvellement des pratiques, in fine.
“Il faut trouver un équilibre, commente Michel Vennetier qui préconise trois pistes. Éclaircir les forêts, pour laisser de l’espace aux arbres pour se développer, rajeunir en plantant de nouvelles espèces, diversifier les espèces “pour éviter de mettre tous les œufs dans le même panier”.”
Mettre en place une gestion équilibrée qui permette de régénérer la forêt.
“L’idée est aussi de laisser de l’espace à la nature, de lui faire confiance pour s’adapter, de la laisser faire sa propre sélection”, ajoute Michel Vennetier.
“Il faut réfléchir à long terme, commente Caroline Mollie. Un arbre met 10 à 15 ans à se développer, c’est plus long qu’un mandat politique.”
Tous concernés par les arbres? La collecte organisée par l’émission “Aux arbres, citoyens” en faveur des forêts françaises avec 1,8 million d’euros récoltés montre que les Français ont à cœur leur patrimoine vert.
“Souvent, les citoyens disent: il faut planter davantage d'arbres. Mais il faut savoir que dans les villes densément peuplées, l’espace public géré par la municipalité est restreint. Il est de 15 %, le privé représentant 85%“, constate encore Pierre Sicard.
Dès lors, comment agir chez soi?
Certaines collectivités n’hésitent pas à engager leurs administrés à leurs côtés. Comment s’y prennent-elles? A la suite des incendies qui ont ravagé le Var, comment la forêt se reconstruit-elle? Et quel rôle peut-elle jouer pour limiter les effets des feux alors que la menace plane entre sécheresse et canicule? Nous avons un mois pour enquêter.
Dans nos départements du Var et des Alpes-Maritimes, les arbres représentent un enjeu tout particulier. “Avec 1,5 million d'hectares, la forêt en Provence-Alpes-Côte d'Azur représente 9,4% de la forêt française. La région se place en deuxième position nationale pour son taux de boisement (48%, contre 29% en moyenne au niveau national)”, écrit l’ONF sur son site.
En matière de superficie forestière, le Var est le cinquième département de France.
Les Alpes-Maritimes, elles, se classent au quatorzième rang. Mais la surface dédiée à la forêt ne cesse de s’y développer avec une augmentation de 47% depuis 1985 contre 15% pour le Var.
Trois ans après une première fort appréciée, nous reprendrons l’ascension du Mont Caume et cette belle randonnée sur le plus haut des Monts Toulonnais. Nous retrouverons au fort Ouest pour un pique-nique les chasseurs d’images de Cécile en quête de lichens photogéniques, avant de poursuivre notre chemin vers l’Est.
Pour retrouver le parcours effectué en 2019 : Parcours 2019
Prévoir la journée. Difficulté moyenne à physique : environ 10 km et 500m de dénivelé. Bâtons conseillés pour la descente. Chaussures de marche, eau et assurance personnelle sont indispensables pour ce type de sortie. Les accompagnateurs ne sont pas des guides officiels mais des bénévoles qui vous font partager la découverte des lieux.
RV au Parking du Col du Corps de garde à 9h30.
Inscrivez-vous en utilisant le lien : Inscription Xoyondo
Renseignements : Marie-Hélène Taillard 06 20 95 21 88
Préfecture du Var : La fourmi électrique, une espèce envahissante, vient d’être découverte à Toulon. Pour estimer les zones envahies, merci de signaler vos observations à l’Inventaire National du Patrimoine Naturel.
La fourmi électrique, petite fourmi jaune orangé d’environ 1,5 mm, est une des 3 fourmis les plus envahissantes du monde.
Elle vient d’être découverte à Toulon. Cette espèce est extrêmement envahissante et très préoccupante pour la biodiversité locale Varoise.
Malgré sa très petite taille, sa piqûre est douloureuse et peut entraîner des complications.
L’INPN (Inventaire National du Patrimoine Naturel) lance un appel à la population pour les aider à estimer la zone envahie.
Les habitant du Var sont invités à :
Pour tout signalement, rendez-vous sur le site de l’INPN en cliquant ICI
Sur le site de l'INPN : Aidez-nous à détecter la fourmi électrique Wasmannia auropunctata, en France.
La fourmi électrique, petite fourmi jaune orangé d'environ 1,5 mm, est une des 3 fourmis les plus envahissantes du monde.
Elle vient d'être découverte à Toulon (83).
Fourmi électrique Wasmannia auropunctata
La fourmi électrique est incluse depuis peu dans la liste des espèces préoccupantes pour l'Union européenne. Ses impacts écologiques et économiques sont majeurs.
Malgré sa très petite taille, sa piqûre est douloureuse et peut entrainer des complications. Elle est originaire d’Amérique du Sud et a été introduite en Asie, Pacifique, Afrique, États-Unis, Israël et depuis 2016 en Espagne.
Plusieurs dizaines de millions de dollars sont dépensés chaque année pour sa lutte.
La zone envahie, connue à ce jour, couvre environ 5 000 m2 à Toulon (83). Cette espèce étant facilement transportée avec des plantes ou des déchets verts, il est probable que d'autres zones soient envahies.
Pour nous aider à estimer la zone envahie, signalez-nous vos observations :
sur INPN Espèces si vous avez le matériel photo adéquat ;
par envoi de spécimens morts (secs dans du coton ou dans un tube avec de l'alcool) à :
Quentin Rome
Muséum national d’Histoire naturelle
CP50 - 45 rue Buffon
75005 Paris
ou
Olivier Blight
UMR IMBE
337 chemin des Meinajariés
Site Agroparc - BP 61207
84000 Avignon
La romancière Emmanuelle Bayamack-Tam, lauréate du prix Medicis pour son roman "La treizième heure"
(POL) le 8 novembre 2022 à Paris BERTRAND GUAY / AFP
Emmanuelle Bayamack-Tam a remporté mardi 8 novembre le prix Médicis du roman français avec La Treizième Heure (éditions POL). La lauréate, professeure de français de 56 ans, écrit du point de vue d'une adolescente, Farah, et de sa famille, investie dans une église fondée par le père, qui se retrouve autour de lectures de poésie.
"Je suis ravie. J'ai l'impression de m'inscrire dans une lignée", a déclaré la lauréate à la presse, citant d'anciens lauréats comme Georges Perec, Mathieu Lindon ou Marie Darrieussecq. "C'est un roman certes, mais aussi un hommage à la poésie (...) Je ne peux que redire ma fierté d'avoir ce très beau prix", a affirmé la romancière.
Les parents d'Emmanuelle Bayamack-Tam sont Revestois. Voir sur Wikipédia.
Dans « Osons la nuit », le zoologiste suédois Johan Eklöf formule une belle ode à l’obscurité. Et alerte sur les effets néfastes de la pollution lumineuse sur l’ensemble du vivant.
Flickr CC-by2.0 Mike Levinsk
Samedi 15 octobre, c’est la 14e édition du Jour de la Nuit. Un événement national national de sensibilisation à la pollution lumineuse, à la protection de la biodiversité nocturne. À cette occasion, Reporterre publie une série d’articles sur les changements et dangers qui guettent notre ciel étoilé.
Johan Eklöf est un chercheur et zoologiste suédois, auteur d’« Osons la nuit — Manifeste contre la pollution lumineuse » (Tana).
Reporterre — Dans « Osons la nuit », vous écrivez que « le crépuscule et la nuit sont, de manière générale, pleins de vie ». De quelle manière ?
Johan Eklöf — La grande majorité des insectes et des animaux sont actifs au moment de la nuit, du crépuscule et de l’aube : accouplements, chasse, pollinisation... Nous avons tendance à étudier des phénomènes et des espèces qui sont actives durant le jour, comme les oiseaux ou les papillons, en occultant le fait que la nuit est elle aussi pleine de vie. Si vous vous installez par exemple dans une forêt la nuit, sans source de lumière artificielle, vous appréhenderez différemment votre environnement et entendre des bruits inédits, sentir de nouvelles odeurs, voir des yeux d’animaux scintiller dans l’obscurité… La pollution lumineuse, en reculant toujours plus la nuit, a des effets néfastes très concrets sur la biodiversité.
Quels sont ces effets néfastes ?
Les effets sur les humains font l’objet d’un champ d’études assez inédit, d’autant que les problèmes de santé peuvent être induits par une concomitance de facteurs. Cela dit, on sait par exemple qu’une trop grande exposition à l’éclairage artificiel perturbe la sécrétion de mélatonine, communément appelée « hormone du sommeil », ce qui nous fait moins bien dormir. Par ricochet, cela entraîne d’autres conséquences néfastes : dépression, surpoids... Des études récentes ont également montré que certaines formes de cancer, comme celui du sein, pouvaient avoir pour origine indirecte une exposition excessive à la pollution lumineuse.
Quant à la faune et la flore, les effets sont différents en fonction des espèces d’animaux ou des variétés de végétaux. Une chose est sûre : tous les êtres vivants ont une horloge interne qui est ajustée en fonction de la lumière et de l’obscurité. En quelque sorte, cette horloge interne dit à chaque être vivant quoi faire à quel moment ; or, la pollution lumineuse affecte cette horloge, ce qui aura de nombreuses conséquences. Par exemple, une étude suisse a montré que la pollinisation diminue de 60 % quand un champ d’herbe est exposé à de la lumière artificielle : il y a alors moins de fleurs et de plantes.
En s’habituant à évoluer dans le noir, on se rend vite compte de l’aspect relaxant de l’obscurité. Pxhere-CC0
Les organismes vivant dans les mers et océans sont également affectés par cette pollution lumineuse...
Ce phénomène m’a beaucoup surpris. La pollution lumineuse, notamment près des côtes, a des effets sur tout ce qui vit dans les lacs, les mers et les océans : sur les poissons, les mollusques, les crustacés, les récifs coralliens…
Comment expliquer notre propension à tout éclairer ?
De façon générale, nous avons peur de la nuit. C’est plutôt naturel, les humains, qui ont toujours été des êtres diurnes [vivant le jour], ne voient pas très bien dans l’obscurité. Pourtant, il n’est pas très dangereux pour nous d’évoluer la nuit, sans lumière. Il suffit de passer du temps dehors la nuit pour se rendre vite compte qu’en fait, on s’y habitue et qu’il ne fait pas si noir.
En vous immergeant dans la nuit, vous verrez que plein de belles choses s’y passent.
Mais voilà : on ne connaît pas la nuit. Et de la même manière qu’on coupe à tout va les forêts ou que l’on étend nos villes, on allume toutes ces lumières en ne pensant qu’à notre propre intérêt, sans tenir compte des autres organismes vivants.
Vous écrivez que hormis certains lieux précis (comme les hôpitaux), rien ne justifie de tout illuminer la nuit ; et que la lumière artificielle, au-delà de détruire notre planète, a permis d’exploiter davantage les classes populaires, en rendant possible le travail de nuit. La pollution lumineuse est-elle un vice dû au capitalisme ?
Si nos lieux de travail sont à présent électrifiés, c’est notamment pour une raison simple : permettre aux entreprises de gagner davantage d’argent en faisant travailler les gens potentiellement 24h/24, 7j/7. De la même manière, on voit bien que si des bureaux restent allumés la nuit, et que si d’énormes logos de marques et d’entreprises brillent de mille feux à des heures très tardives, c’est avant tout pour des logiques commerciales : l’idée est de renvoyer une image moderne, séduisante. Et ce, encore une fois, au mépris du reste du vivant. L’éclairage artificiel est l’une des incarnations de notre monde capitaliste.
Si vous participez à une excursion de nuit avec des naturalistes, vous verrez qu’il se passe plein de choses. » Flickr-CC BY-NC 2.0-Vladimir Agafonkin
Structurellement, comment lutter contre cette pollution lumineuse ?
Dans un premier temps, il faudrait lancer des campagnes d’information sur ses effets délétères. Par ailleurs, il faudrait mettre en œuvre une législation bien plus protectrice de la biodiversité. Par exemple, en regardant toujours quelles espèces d’animaux évoluent dans les lieux publics que les autorités souhaitent illuminer, et en se posant toujours ces questions : a-t-on vraiment besoin de cette lumière ? Quel est le but de cette installation lumineuse ? Cet endroit a-t-il besoin d’être éclairé 24h/24 ? D’autant que l’éclairage artificiel mondial représente aujourd’hui un dixième de l’ensemble de notre consommation énergétique, alors qu’une minuscule proportion de cette lumière nous est vraiment utile.
« Avoir sous les yeux la beauté de la nature et de la nuit ne peut qu’avoir des effets positifs »
Il faudrait aussi penser à utiliser des lumières moins fortes, qui ciblent des endroits bien précis ou qui ne s’activent qu’au passage de piétons. Ou même des lumières de couleurs différentes : par exemple, les insectes supportent mieux les lumières orangées. Il est surtout très important que, de façon globale, l’on change notre attitude vis-à-vis de la nature.
Appréhender la nuit et sa beauté, de manière empirique et sensible, en quoi cela pourrait-il permettre de changer nos attitudes ?
Avoir sous les yeux la beauté de la nature et de la nuit ne peut que, je l’espère, avoir des effets positifs. En s’habituant à évoluer dans le noir, on se rend vite compte de l’aspect relaxant de l’obscurité. Si par exemple vous vous promenez la nuit à la campagne et que vous apercevez la Voie lactée, et que le lendemain, en ville, vous ne voyez que cinq malheureuses petites étoiles, vous allez regretter la Voie lactée. Si vous participez à une excursion de nuit avec des naturalistes, vous verrez qu’il se passe plein de choses, et vous voudrez en savoir davantage. Or, en général, plus on en apprend sur un sujet, plus on y fait attention. En vous immergeant dans la nuit, vous verrez que plein de belles choses s’y passent.
En tant que zoologiste, quel est votre plus beau souvenir d’observation nocturne ?
Question difficile... Je pense à une expérience récente : il y a un mois, j’étais à l’extérieur d’une église à l’aspect très médiéval, à Gotland [en Suède]. J’attendais de voir des chauves-souris sortir du grenier de l’édifice et, tout à coup, j’ai vu une chauve-souris voler tout près du sol. J’ai réalisé qu’il s’agissait d’une espèce très spéciale, dont je connaissais l’existence, mais que je n’avais jamais eu l’occasion d’observer. L’obscurité était totale, je n’ai pu la voir voler que grâce à la lumière de la lune qui se reflétait contre les murs de l’église. C’était un très beau moment.
Vendue aux enchères en 2015, l’ex-enceinte militaire située dans la montée du Faron reste une coquille vide. Propriété du milliardaire Christian Latouche, son avenir est entouré de mystères.
Publié le 08/10/2022 par Mathieu Dalaine
Derrière le pont-levis, l’entrée du fort Saint-Antoine que plus personne n’emprunte depuis longtemps. Photo V. L.P.
Alex le connaît bien, le fort du Grand Saint-Antoine. Malgré les panneaux signalant une vidéosurveillance du site, le jeune homme croisé sur le pont-levis ce matin-là assure qu’il n’en est rien: "Il n’y a pas de caméra, pas de gardien, personne. J’ai pu rentrer à l’intérieur plusieurs fois. À l’emplacement de la tourelle, il y a un panorama magnifique".
Au pied des remparts, on devine une vue imprenable sur la ville et l’azur de la Méditerranée. Pas le plus connu des sites défensifs de la rade de Toulon, à l’écart de la route et caché sous les pins, le fort du Grand Saint-Antoine n’en est pas moins une pépite du patrimoine militaire. L’édifice a été inscrit au titre des monuments historiques en 2014.
Depuis les remparts, la vue sur la rade est imprenable. Photo Ma. D.
Depuis 2015, il n’est pourtant plus la propriété de la Défense. Le 29 septembre de cette année-là, c’est un certain Jean-Pierre Jarjaille, président de la SCI La Dame Topaze, qui achète le fort aux enchères, déboursant au passage 1,2 million d’euros. À l’époque, celui qui dit passer ses vacances au Brusc laisse planer le doute sur les raisons de son acquisition. "Pour le moment, rien n’est décidé, ça peut évoluer", lâche-t-il, sibyllin.
En réalité, ce que ne dit pas Jean-Pierre Jarjaille, c’est qu’il n’agit pas pour son propre compte mais pour celui de son beau-frère, le milliardaire Christian Latouche. L’homme d’affaires, âgé aujourd’hui de 82 ans, est la 33e fortune française selon le magazine Forbes. PDG de l’entreprise Fiducial, il s’est enrichi dans l’expertise comptable, avant d’étendre ses activités aux fournitures de bureau ou à l’immobilier.
Parmi un gigantesque portefeuille d’actifs, quelques "sucreries": en 2015, Christian Latouche acquiert l’île de Boëdic, dans le golfe du Morbihan, pour 4 millions d’euros. L’année suivante, il dépense 2,2 millions d’euros pour s’offrir la magnifique villa Poiret, dans les Yvelines, déjà via Jean-Pierre Jarjaille.
Christian Latouche porte aussi un intérêt certain aux médias. S’il a échoué à racheter Valeurs Actuelles, le groupe Fiducial est parvenu à mettre la main sur Sud Radio en 2013, dont les émissions cultivent depuis la réputation de faire une bonne place aux idées réactionnaires.
Et le fort Saint-Antoine dans tout ça? Si nous ne sommes pas parvenus à poser directement la question au milliardaire, qui cultive sa discrétion, une source interne à Fiducial nous a assuré connaître la raison de cet achat. "À l’époque, c’est quelqu’un du groupe, originaire de Toulon, qui nous avait conseillé le fort pour sa situation, confie notre interlocuteur. L’idée était d’installer un émetteur qui surplombe toute la rade, pour Sud Radio".
La proximité des installations militaires aurait compromis ces desseins. Et l’objectif de capter "plus d’audience" et donc plus de recettes publicitaires. "Mais du fait de l’armée, le projet ne pourra jamais aboutir", confie notre homme.
Quant à savoir ce que le site de 7 hectares, classé, au cœur d’un espace naturel protégé, est susceptible de devenir après l’échec de l’opération, le mystère reste entier. "On ne peut rien en faire", affirme-t-on à Fiducial, qui précise toutefois que "le groupe n’a jamais revendu ce qu’il a acheté". Et de conclure: "Aujourd’hui, on se contente d’assurer l’entretien et la surveillance du site…"
La municipalité de Toulon affirme ne rien savoir des liens qui unissent la SCI La Dame Topaze à Christian Latouche. "Pour nous, le propriétaire, c’est Jean-Pierre Jarjaille", assure-t-on en mairie. Plus étrange, la Ville certifie qu’aucune demande n’a été formulée auprès de son service urbanisme ces sept dernières années pour l’installation d’un émetteur dans l’enceinte du fort.
Et du côté de la Marine nationale, on assure aussi n’avoir pas été sollicitée. "La seule requête qui nous a été adressée concernait l’abattage de neuf pins d’Alep qui menaçaient les fortifications, explique-t-on à l’hôtel de ville. Personne, de l’Architecte des bâtiments de France à la Direction des affaires culturelles, n’y a vu d’inconvénient".
Une chose est sûre, Sud Radio ne possède toujours pas de fréquence FM à Toulon.
Un bâtiment inscrit aux monuments historiques
Si le fort du Grand Saint-Antoine n’est pas l’œuvre de Vauban, il présente toutefois quelques caractéristiques intéressantes. Cet ouvrage, construit en 1845 sur la colline du Faron, sur les plans du capitaine Noël, est représentatif des principes d’architecture militaire de l’époque.
Le tracé est pentagonal, tout de calcaire gris vêtu. L’artillerie n’était pas sur le rempart mais placé sur une plate-forme centrale surélevée. Entouré de douves, accessible par un pont-levis aujourd’hui fixe, le site abrite également une caserne casematée, des locaux d’habitation, une citerne et un magasin à poudre. Le fort, y compris les fossés et les glacis (les terrains autour), est inscrit au titre des monuments historiques depuis 2014.
Situé sur le contrefort ouest du Faron, le fort du Grand Saint-Antoine avait pour mission de contrôler le débouché de la vallée de Dardennes. "Considéré comme l’ouvrage le plus urgent à réaliser pour empêcher le contournement du massif et une prise à revers par l’ennemi, le fort fit l’objet d’une décision de principe dès 1836", explique Bernard Cros, historien du patrimoine militaire (1). Il porte encore aujourd’hui les stigmates de la Libération de Toulon en août 1944.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le fort du Grand Saint-Antoine n’a plus de fonction militaire. Il a ensuite été occupé par les archives du service historique de la Défense jusqu’en 2011.
1. L’aire toulonnaise, un conservatoire unique du patrimoine fortifié
Sur les hauteurs de la Métropole, l’exploitation de calcaire par la société Someca cherche à se faire la plus discrète possible. Une des techniques employées consiste à oxyder les parois.
Publié le 13/10/2022 par Mathieu Dalaine
L’exploitation de calcaire par la société Someca cherche à se faire la plus discrète possible. Photo Valérie Le Parc
À 630 m au-dessus de la mer, c’est une vue imprenable sur le littoral qui s’offre aux visiteurs de la carrière du Revest. Jusqu’à Porquerolles, 35 km de là à vol d’oiseau! Mais si le panorama vaut le détour depuis les hauteurs de Fieraquet, difficile, à l’inverse, de trouver un quelconque charme au "trou" de calcaire qui accroche l’œil, à l’intérieur des terres, quand on se délasse sur les îles d’Or ou au cap Sicié, quand on se balade au Faron ou à Toulon ouest.
Seulement, l’industrie du BTP a besoin d’être nourrie. Et les 1,5 million de tonnes de granulat "d’excellente qualité" produites chaque année en grignotant la montagne sont faites pour ça. Pour Someca, qui exploite l’endroit depuis 40 ans, les enjeux économiques sont énormes. "Les enjeux paysagers le sont aussi", soutient toutefois la société, consciente d’avoir intérêt à lisser son empreinte sur la carte postale. La Someca assure ainsi mettre "tout en œuvre" pour rendre aussi discrète que possible la démesure de la plus grande carrière du Var.
C’est une "dent creuse" énorme qui prend racine au sud du massif de Siou Blanc. La carrière du Revest, à la couleur sable éclatante, s’étend sur près de 70 hectares. Hauts de 24mètres, les fronts de taille en restanques bordent une cavité de calcaire aux allures de désert de Gobi. Un cratère qui s’étend inlassablement au cœur d’un paysage remarquable… et vert.
Pourtant, assure Karine Boulot, directrice du département QSE (qualité, sécurité, environnement) chez Someca, "à peine 10% de la carrière est visible depuis l’extérieur". Encaissé, déjà en partie dissimulé derrière des lignes de crêtes, le site développe aussi d’autres techniques pour se cacher.
L’exploitation de calcaire par la société Someca cherche à se faire la plus discrète possible. Photo Valérie Le Parc.
Pour limiter l’impact esthétique du site, Someca travaille avec des paysagistes, qui opèrent des modélisations 3D. Objectif: repérer les secteurs de la carrière qui se voient de loin, par un maximum de monde, pour tenter de les rendre invisibles.
Une des solutions, avant de creuser, consiste à laisser intactes des pans de montagne; ces pitons serviront de paravent à l’activité industrielle.
L’exploitation de calcaire par la société Someca cherche à se faire la plus discrète possible. Photo Valérie Le Parc.
En arrière-plan du ballet des Dumper, ces camions géants de 180 tonnes en charge, des fronts de taille affichent une couleur marron foncé. "On a appliqué ici un “produit magique", non polluant, pour créer une réaction d’oxydation sur la roche, explique Karine Boulot. L’idée est de provoquer un effet vieillissement qui, à l’œil, doit faire gagner 50 ans." Une opération qui se chiffre en centaines de milliers d’euros.
L’exploitation de calcaire par la société Someca cherche à se faire la plus discrète possible. Photo Valérie Le Parc.
Autre technique masquante utilisée: faire pousser des plantes. Là aussi, la Someca n’hésite pas à faire appel aux biotechnologies. "À nu, le calcaire est sec, inerte, sans matière organique et la nature n’y reprend pas facilement ses droits, énonce Karine Boulot, qui évoque la pulvérisation de bio-fertilisants pour accélérer la pousse. Toujours dans l’optique de « naturaliser" le site, des éboulis sont aussi disposés à certains endroits par l’industriel.
L’exploitation de calcaire par la société Someca cherche à se faire la plus discrète possible. Photo Valérie Le Parc.
Extrait par des tirs de mines, gratté, le calcaire est ensuite criblé et concassé dans des installations implantées au cœur de la carrière. Quand ils ont cessé d’être exploités par la Someca, les fronts de taille ne sont pas lisses. "C’est volontaire, poursuit la directrice. En créant des échancrures, on produit des angles, donc de l’ombre, ce qui évite un fort effet miroir, surtout dans une carrière très blanche. Cela renforce aussi le côté naturel des parois."
Pour toutes ces démarches d’intégration paysagère, "la Someca est pro-active" assure-t-elle. Alors que la sensibilité environnementale des populations s’accroît, la société, qui exploitera le site du Revest jusqu’en 2036 et y prépare un projet d’extension, sait qu’elle ne peut pas se contenter des obligations réglementaires en la matière.
Alors que le gouvernement appelle les Français à la sobriété énergétique, l’opposition municipale du Revest, par le biais de Marie-Hélène Taillard, a interrogé la majorité sur "la tenue d’un débat autour de cette question. Nous souhaitons que la commune soit exemplaire dans ce domaine, avec des mesures à prendre pour économiser l’eau et l’énergie et ne pas laisser les habitants seuls porter le poids de ces économies."
Et l’élue d’opposition de lister un certain nombre de propositions: "Réduire la consommation en limitant l’éclairage de nuit, installer des panneaux photovoltaïques sur les bâtiments publics, revégétaliser les cours d’écoles et les espaces publics au cœur du village, augmenter le télétravail", ou encore réutiliser l’eau des sources du Revest pour l’arrosage et l’entretien des espaces.
"Nous n’avons attendu ni la guerre en Ukraine, ni votre intervention pour mettre en place des mesures, a rétorqué le maire de la commune, Ange Musso. Elles existent déjà, ou sont en cours de réalisation. En ce qui me concerne, Le Revest est une ville très apaisée ".
Jean-Philippe Feraud, chef de file de l’opposition, a renchéri sur le sujet: "Aucune amélioration ne peut être menée selon vous? Sur l’éclairage public, il y a d’autres solutions, comme l’étude de l’extinction à certaines heures dans des quartiers".
Alors que certaines communes ont fait le choix d’éteindre les rues de nuit pour faire face à la hausse du prix de l’électricité, le premier édile du Revest, lui, a affirmé sa position: "Tant que je serais maire, je n’éteindrais pas l’éclairage public. Je ne suis pas prêt à tout sacrifier au nom de l’urgence climatique. Et ce, même si le président de la métropole me l’imposait. Ce qu’il ne fera pas, puisqu’il a le même avis que moi. Il est question de la sécurité de nos concitoyens.
"L’occasion de clore le débat "une dernière fois puisque je ne répondrai plus à la question à l’avenir ", conclut Ange Musso.
Tarif des repas à la cantine: "Il n’y a pas de débat, aucune hausse n’est prévue. Nous avons l’habitude de prendre la décision en décembre, pour appliquer le tarif au 1 janvier. Nous ferons la même chose cette année. Je proposerais de ne pas changer le tarif le plus bas ", précise le maire.
Éteindre le chauffage: " Il est hors de question de le faire dans les écoles et les bâtiments destinés à accueillir la jeunesse ", annonce Ange Musso.
Remboursement du déplacement du maire: la délibération portait sur le déplacement du 29 août du premier magistrat, invité à l’Élysée par le président de la République.
"Il s’agissait d’inviter les candidats malheureux aux législatives. Ce n’est pas au Revestois de financer la câlinothérapie du Président. On ne participera pas à cette mascarade ", a réagi Jean-Philippe Feraud, dont le groupe a voté contre. "Ce n’était pas de la câlinothérapie. J’ai été invité pour parler de la commune et défendre ses intérêts ", s’est défendu le maire.
Et le champion est ... Le Revest-les-Grandes-Eaux !
Beaucoup d’eau se perd dans la nature avant d’arriver jusqu’à nos robinets. La faute aux canalisations vieillissantes. Mais des contrastes existent selon les secteurs de la Métropole Toulon Provence Méditerranée.
F. DUMAS -Publié le 27/09/2022 à 14:38
Chaque année, les déperditions d’eau dans les sols coûtent de l’argent aux communes... donc à nous tous. Photo DR
La gestion de l’eau potable et de l’assainissement n’est pas une mince affaire pour les collectivités. Elles doivent "composer" avec des canalisations vieillissantes qui coûtent très cher pour être remplacées. D’où des déperditions d’eau variables selon les secteurs de notre métropole.
Le taux de perte du réseau d’eau (rapport entre le volume d’eau effectivement consommé par les usagers et le service public et le volume d’eau potable introduit dans le réseau de distribution) atteint 19,7% en France. Dans le Var, qui compte 4.100 kilomètres de réseau d’eau potable, la moyenne se situe autour de 15%. Ce qui est une bonne nouvelle. Et, sur le territoire de TPM, les communes sont plutôt bien loties. En tout cas, ici, la situation est bien meilleure qu’ailleurs dans la région. On perd, en moyenne, moins d’eau dans nos sols... même si on en perd toujours trop.
Une étude de l’Office français de la biodiversité et des agences de l’eau détaille justement le rendement du réseau de distribution partout en France. "Plus ce rendement est élevé, moins les pertes par fuites sont importantes. De fait, les prélèvements sur la ressource en eau en sont d’autant diminués", indique l’étude.
Selon les communes, le rendement du réseau de distribution varie. Si le Var n’est pas un mauvais élève en matière de distribution d’eau, la ville de La Valette se distingue particulièrement. Dans la métropole toulonnaise, Le Revest ferme la marche. Infographie Rina Uzan.
Même si elles ne sont pas flagrantes, des disparités existent selon les communes de la métropole. Le "meilleur élève" en la matière est la ville de la Valette, avec un rendement optimum: 92,9%, soit à peine 7% de pertes.
"Lors de l’appel d’offres pour ce marché, nous avions fixé comme objectif une performance du réseau à 90% et le délégataire de service public, Veolia avec qui nous travaillons, s’y est attelé (la moyenne étant de 70% en France)", explique le maire, Thierry Albertini. "On peut aussi expliquer ce bon chiffre par l’existence de détecteurs de fuites tout au long de nos canalisations. Une trentaine de détecteurs nous permet, ainsi, de gagner du temps lorsqu’une échappée d’eau survient et de réparer au plus vite."
En queue de peloton, on retrouve le village du Revest qui affiche un rendement de 78,6%, équivalent à plus de 21% de pertes en eau. Pourquoi?
"Ce n’est pas de la faute de nos canalisations qui sont entretenues régulièrement depuis longtemps", avertit Ange Musso, le maire. "C’est juste que, nous sommes une petite commune assez étendue en zone rurale et lorsqu’il y a une fuite accidentelle, il faut proportionnellement plus de temps pour la localiser. Le Revest reçoit 220 000 mètres cubes d’eau par an, mais la distribution de l’eau potable au centre du village est assez récente. Ce n’est que dans les années 1960 que les habitants ont pu accéder à un réseau performant partout."
"Depuis plus de vingt ans, les Canalisateurs du Sud-Est interpellent et agissent pour une gestion durable de l’eau et la mobilisation collective des entreprises, des collectivités locales et du grand public pour la préservation de la ressource", indique Yves Bourdais, représentant régional.
Pour lui, il y a urgence. "Oui, le renouvellement des canalisations est indispensable car, oui, l’eau est vitale. Et, non, elle n’est pas trop chère", ajoute-t-il pour combattre un cliché tenace qui veut que le produit "eau" ne serait pas bon marché. De plus, notre eau potable est de bonne qualité. Argument supplémentaire pour la préserver au mieux.
Le délégué pour notre région des Canalisateurs du Sud-Est alerte sur le vieillissement des réseaux de distribution d’eau potable et des fuites inhérentes à une situation... préoccupante.
Yves Bourdais, délégué régional des Canalisateurs: "Un litre d’eau sur cinq se perd dans la nature!"
Le délégué pour notre région des Canalisateurs du Sud-Est alerte sur le vieillissement des réseaux de distribution d’eau potable et des fuites inhérentes à une situation... préoccupante.
A-t-on tort de croire que personne ne fait rien pour enrayer le phénomène des déperditions d’eau?
Oui en partie. Un plan de relance du gouvernement a été lancé et montre que les pouvoirs publics se préoccupent de cette question. L’agence de l’eau a également élaboré un plan de rebond. Pour autant, oui, nos canalisations souffrent d’un manque de renouvellement évident. Conséquence : en moyenne, un litre d’eau sur cinq disparaît dans les sols de notre région. En pleine période de sécheresse qui dure, cela devient un enjeu de société.
Concrètement, pour combien de temps est prévue une canalisation?
Une canalisation a une durée de vie de 70 à 80 ans. Or, aujourd’hui, le taux de renouvellement est de l’ordre de 150 ans ! À la décharge des autorités, il faut dire qu’une canalisation représente un investissement très important. On préfère donc faire des travaux ponctuels sur les canalisations existantes. Mais, à un moment, ce n’est plus suffisant.
Qui consomme le plus d’eau aujourd’hui?
D’abord, c’est naturellement le secteur de l’agriculture, puis les ménages.
On a pourtant du mal à imaginer la réalité de toutes ces déperditions d’eau...
Un seul exemple : en région Paca, cela correspond à 123 millions de mètres cubes d’eau chaque année. C’est l’équivalent de la consommation d’eau annuelle dans un secteur comme Aix-Marseille. On comprend bien qu’on ne peut pas continuer comme ça, à perdre une ressource si précieuse en si grosses quantités. C’est pourquoi, tous les acteurs de l’eau vont se retrouver en décembre prochain dans le Var pour réfléchir à la question cruciale du partage de l’eau. Ce sera au domaine de la Baratone, à La Garde, où les Canalisateurs du Sud-Est et acteurs de l’eau seront tous réunis.
Faciles à installer soi-même, les panneaux solaires de balcon connaissent un vif succès en Allemagne. Ils permettent de faire des économies, et d’être indépendants énergétiquement.
Brandebourg (Allemagne), reportage
Des panneaux solaires sur une maison en Allemagne - © Sebastian Mueller
Sur le balcon plein sud d’Ingeborg Attar, les jardinières de fleurs ont un nouveau compagnon : « On a fixé un panneau solaire à l’extérieur de la rambarde », décrit la retraitée. Branché sur la prise du balcon, le module convertit la lumière du soleil en électricité et l’injecte directement dans le réseau de l’appartement. D’une puissance de 300 watts, il doit permettre de couvrir une grande partie de sa consommation de base, du réfrigérateur à la box internet en passant par tous les appareils en veille. Pour en profiter le plus possible, Ingeborg change ses habitudes : « Maintenant, je fais tourner le lave-linge et le lave-vaisselle de préférence en journée, lorsque le soleil brille », raconte-t-elle.
À 77 ans, Ingeborg vit avec son chien dans un appartement de 46 m2 d’un immeuble récent de Neuenhagen, petite commune du Land de Brandebourg, à l’est. Elle paye 37 euros par mois d’électricité, mais craint que sa facture ne s’envole ; en Allemagne, le prix de l’électricité a augmenté de 70 % en moyenne en un an. Grâce à son panneau photovoltaïque acheté 600 euros, Ingeborg espère économiser un cinquième de sa consommation, tout en participant à la lutte contre le réchauffement climatique. Sur son smartphone, elle pourra bientôt suivre en direct la production de son module. « Pour moi, ces petits panneaux, c’est l’avenir », s’enthousiasme-t-elle.
Au moins 500 000 personnes auraient des petits panneaux solaires. © Sebastian Mueller
Ingeborg n’est pas la seule à le penser outre-Rhin. Pas besoin de faire appel à un électricien, pas de longues démarches administratives : la simplicité de ces kits solaires d’autoconsommation, à monter soi-même, séduit au-delà des milieux écologistes. Fin 2021, 190 000 foyers s’étaient déjà équipés, selon une étude de l’université des Sciences appliquées de Berlin.
L’invasion russe en Ukraine et la crise énergétique ont accéléré le mouvement : ils seraient désormais 500 000, d’après la plateforme Machdeinenstrom.de qui agrège les données des vendeurs. « Ce serait même encore plus si les entreprises arrivaient à suivre la demande, affirme Christian Ofenheusle, le directeur du site. Mais entre la pénurie de semi-conducteurs et le dérèglement des chaînes d’approvisionnement, les stocks s’épuisent très vite. » La plupart des modules sont en effet fabriqués en Chine.
Dans sa permanence de l’association de consommateurs Verbraucherzentrale de Brandebourg, Joshua Jahn recommande l’achat « à tous ceux qui ne peuvent pas installer du photovoltaïque de plus grande puissance sur leur toit », pour des raisons financières ou parce qu’ils sont locataires — comme 58 % des Allemands. « Si le balcon est bien orienté, sans ombre, et si le panneau a la bonne inclinaison, cela permet des économies notables pour le foyer, assure l’expert. Cela vaut d’autant plus le coup si on est à la maison la journée, en télétravail par exemple. »
D’après lui, l’achat est rentabilisé en cinq à huit ans. « Avec deux modules, au prix actuel de l’électricité, on peut économiser 240 euros par an », calcule-t-il. Le courant qui n’est pas utilisé immédiatement — ou stocké sur batterie — part dans le réseau local : il n’est cependant pas rémunéré, contrairement aux installations plus grandes.
Ce module va bientôt équiper le balcon d’un cabinet médical de Potsdam - Brandebourg
D’après une étude de la Verbraucherzentrale publiée en 2020, 1 million de mini-panneaux solaires en fonctionnement pourraient remplacer l’équivalent de la production d’une centrale à charbon. « Même si elle est petite, la contribution du solaire de balcon à la transition énergétique est bonne à prendre, juge Joshua Jahn. De plus, cela a des effets positifs en matière d’acceptation du photovoltaïque en général : on en parle entre voisins. C’est particulièrement important dans une région traditionnellement charbonnière comme le Brandebourg. »
Au premier semestre 2022, les énergies renouvelables représentaient 48,5 % du mix électrique allemand, contre 45,5 % pour les énergies fossiles, selon l’Office fédéral des statistiques. Le photovoltaïque est au cœur de la stratégie du pays, avec l’objectif de 200 GW installés en 2030, contre 100 GW en France en 2050.
Dans la cour d’une pépinière d’entreprises de Berlin, la capitale, Lisa Wendzich et Bryce Felmingham déballent quelques modules assortis de leurs onduleurs et câbles électriques. Ils se sont lancés sur le marché au printemps dernier, en proposant, en complément de la vente, des ateliers d’information et de composition de kits sur mesure. « Je crois que le succès du solaire de balcon est notamment dû au fait que c’est démocratique : chacun a le pouvoir de produire de l’énergie, dit Lisa Wendzich, directrice de la société SunCrafter. Les Allemands s’identifient beaucoup à cela, ils sont plus que convaincus. »
Eckart et son fils Kilian ont acheté deux modules à poser dans le jardin de leur maison, ici en discussion avec Lisa Wendzich de la société SunCrafter
Cet après-midi de septembre, dix personnes ont fait le déplacement ; la moitié est repartie avec un, voire deux panneaux solaires. Tous le disent : le déclic, ils l’ont eu avec l’invasion russe en Ukraine. « On a profité d’une énergie pas chère pendant des années, sans se rendre compte qu’on était dépendants, explique Alexander, qui envisage d’offrir un module à son père pour son anniversaire. C’est le gaz de Poutine, mais pas seulement : pour les autres énergies fossiles, le charbon, le pétrole, c’est la même chose. On dépend de pays qui ne partagent pas les mêmes valeurs que nous. »
Nicole et Andreas, un couple de propriétaires, voient le solaire de balcon comme « un premier pas ». « Si ça marche bien chez nous, on investira dans une installation plus grande sur le toit », assure Nicole. S’agit-il d’un engouement passager ou d’une tendance de fond ? De plus en plus de communes remboursent en tout cas l’achat des modules. À Heidelberg, dans le sud-ouest, les foyers modestes peuvent ainsi recevoir jusqu’à 1 450 euros. Dans le nord de l’Allemagne, le Land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale débloquera 10 millions d’euros à partir de mi-octobre pour aider les particuliers à s’équiper.
Récrire l'histoire : Ramsès II, ce grand manipulateur
Il y a près de 5 000 ans, naquit en Égypte la civilisation la plus éblouissante et la plus longue de l'antiquité. Âge d'or de cette époque, le Nouvel empire, qui s'étendit de 1 500 à 1 070 avant J.-C. Une période faste qui vit l’apparition du premier État hiérarchisé, constitué d'une organisation politique sophistiquée. Le succès de cette culture tint, en grande partie, au désir de puissance des différents pharaons qui dirigèrent l’Égypte antique.
L'un des plus illustres, Ramsès II, (v.1303 - v.1213 av. J.-C.) fut d'une longévité exceptionnelle avec un règne qui dura 66 ans. Considéré comme le souverain des souverains, sa monarchie est estimée comme l'apogée de la puissance de l'Egypte. Le documentaire "Champollion et Ramsès II, rencontre sur le Nil", diffusé dans le cadre de l'émission "Des racines et des ailes", révèle non seulement son vrai visage, mais revient sur l'incroyable héritage laissé par ce roi : bâtisseur insatiable, fin stratège, maître en communication avant l'heure, mais également adepte de la propagande.
Si le nom de Ramsès II résonne encore si fort aujourd'hui et berce notre imaginaire, c'est en grande partie grâce à Jean-François Champollion. Après avoir percé le mystère des hiéroglyphes en 1822, l'égyptologue français décide de partir en expédition aux pays des pharaons, six ans plus tard. Durant son périple de dix-huit mois le long du Nil, Champollion prend la mesure de l'omnipotence de Ramsès II face à la myriade de temples grandioses édifiés sous son égide. L'égyptologue français découvre que le roi égyptien était un communicant astucieux, gravant dans la pierre le moindre de ses faits d'armes et inscrivant son nom sur les constructions de ses prédécesseurs dans un souci de déification de sa personne. Mais il ignore que Ramsès II avait manipulé certains faits dédiés à sa gloire.
L'exemple le plus frappant fut la bataille de Qadesh, dont les combats contre les Hittites sont sculptés sur une partie d'un temple de Louxor, et qui fut la première guerre à être documentée par des sources antiques. Sur ce bas-relief, le pharaon s'arroge la victoire de ce qui fut la plus grande bataille de chars de l'Histoire. "Si la bataille de Qadesh, ce jour-là, est une éclatante victoire de Ramsès II, analyse, dans le documentaire, l'égyptologue Claude Obsomer, ce n'est pas pour cela que Ramsès a atteint son objectif qui était de prendre la ville. Cette campagne est donc un échec. (...) Rentré en Egypte, Ramsès, en fin politicien qu'il est, ne va pas expliquer tous les détails. Il va mettre en exergue sa victoire éclatante et personnelle le jour de la bataille et passer sous silence les détails de ce qui s'est passé après."
Cet aspect méconnu de Ramsès II, dit " le grand", n'entama en rien son aura bien au contraire. Ses nombreuses réalisations, telles que les temples d'Abou Simbel, la salle de Karnak, le complexe d'Abydos, le Ramesseum de Thèbes (actuellement Louxor), sans compter d'autres centaines de bâtiments et sculptures, sont toujours considérées, par les historiens, comme le summum de la culture et de l'art égyptiens.
Résultats des prélèvements réalisés dans votre réseau de distribution entre janvier 2021 et juillet 2022
Le Revest-les-Eaux (Var) - Adduction Le Revest - Village (Le Revest Village)
Dans le réseau de cette commune, 2 prélèvement(s) ont été réalisés entre janvier 2021 et juillet 2022. En moyenne, on y teste 316 molécules par prélèvement.
Aucun prélèvement n'a révélé de dépassement de limite de qualité.
Le Revest-les-Eaux (Var) - Adduction Le Revest Haut (Le Revest Haut)
D'après les données disponibles dans la base SISE-Eaux que nous avons analysées, aucun prélèvement analysant des molécules de pesticide n'est enregistré pour ce réseau. Attention, cela ne veut pas dire que l'eau n'est pas surveillée : des tests ont pu être réalisés plus en amont de ce réseau en particulier.
Le Revest-les-Eaux (Var) - Adduction Le Revest Bas (Le Revest Bas)
D'après les données disponibles dans la base SISE-Eaux que nous avons analysées, aucun prélèvement analysant des molécules de pesticide n'est enregistré pour ce réseau. Attention, cela ne veut pas dire que l'eau n'est pas surveillée : des tests ont pu être réalisés plus en amont de ce réseau en particulier.
Source : base SISE-Eaux
Un professeur américain raconte que les deux tiers de ses étudiants ne savent pas lire les cursives, et qu'un nombre encore plus grand est incapable de les écrire.
Acte de baptême d'Augustin Hermitte au Revest en 1618
Certes, le copier-coller est plus difficile.
Pour The Atlantic, un professeur d'histoire d'une fac américaine s'interroge sur les conséquences potentielles de l'arrêt de l'apprentissage de l'écriture cursive (l'écriture «à la main»). Son questionnement sur le sujet a démarré après qu'un de ses étudiants d'un niveau similaire à celui de nos licences lui a confié n'avoir pas pu tirer beaucoup d'informations du livre sur la guerre de Sécession que l'enseignant lui avait prêté, car il avait été incapable de déchiffrer les reproductions de manuscrits qui y figuraient.
Drew Gilpin Faust, le prof, a alors procédé à un sondage, et s'est rendu compte que les deux tiers des étudiants de cette promotion ne savaient pas lire les cursives, et qu'un nombre encore plus grand ne savait pas les écrire. D'où le début d'une réflexion, menée conjointement avec ses élèves, sur la place –et surtout l'absence– de l'écriture manuelle dans leur existence.
Au début des années 2010, rappelle Drew Gilpin Faust, l'écriture cursive a été rayée des enseignements imposés au sein du système américain K-12, sigle désignant le cursus scolaire allant de la maternelle au secondaire. Les étudiants d'aujourd'hui étaient alors à l'école primaire, où on leur a appris à utiliser des tablettes, des ordinateurs et des tableaux numériques. La plupart d'entre eux affirment n'avoir reçu que les bases de l'écriture cursive, pendant une année maximum.
Étonné par sa propre époque mais bien décidé à ne pas sombrer dans une observation amère de celle-ci, Drew Gilpin Faust fait preuve d'un certain fatalisme.
«Le déclin de l'écriture cursive semble inévitable», écrit-il. «Après tout, l'écriture est une technologie, et la plupart des technologies sont tôt ou tard dépassées et remplacées.»
Une affirmation frappée du sceau du bon sens, même si pour la plupart d'entre nous, qui avons grandi dans un système éducatif où l'écriture cursive était au centre de tout, il semble improbable que celle-ci puisse disparaître un jour.
Il reste particulièrement difficile d'envisager que des étudiants en histoire ne sachent ni lire ni écrire en lettres cursives, étant donné qu'ils ne pourront alors déchiffrer aucun manuscrit, et qu'ils devront se contenter de lire les travaux de recherche produits par d'autres. Cela ne signifie pas pour autant qu'il soit impossible de mener de brillantes études d'histoire: c'est ainsi que l'un des étudiants de Faust est allé au bout de sa thèse, dont il a simplement remodelé le sujet afin de ne pas rencontrer d'obstacles liés à sa méconnaissance de l'écriture manuscrite.
Pour autant, n'est-il pas regrettable de devoir limiter son champ de recherche à cause de cette compétence manquante? L'enseignant cite aussi le cas d'une étudiante passionnée par Virginia Woolf, mais qui a décidé d'abandonner ses recherches sur l'autrice car elle n'était pas capable de lire ses nombreuses correspondances, écrites à la plume.
Autre préoccupation de l'enseignant: comment font les étudiants et étudiantes pour déchiffrer les annotations laissées sur leurs copies? La réponse est simple: certains n'hésitent pas à demander à leurs professeurs, et d'autres ont purement et simplement décidé de les ignorer... ce qui est évidemment problématique. Si les uns continuent à utiliser l'écriture cursive et que les autres décident de ne même pas essayer de la lire, alors le dialogue de sourds est total.
Quid des listes de courses? Des cartes de vœux? Nous, les adeptes de l'écriture manuscrite, voyons mal comment nous pourrions nous en passer. La réponse est similaire à ce que Faust écrit plus haut: ce n'est qu'une technologie, elle est donc remplaçable. Tout ceci peut être fait de façon numérique, via un smartphone ou un ordinateur –et, si besoin, à l'aide d'une imprimante.
Abandonner l'écriture cursive, c'est sans doute dire au revoir à une certaine façon de considérer la société. Cela ne signifie pas pour autant que l'on perde au change. Sauf dans des situations comme celles de ces étudiants en histoire, qui se retrouvent perdus devant une simple écriture manuscrite comme nous le serions devant des hiéroglyphes égyptiens.
Le samedi 24 septembre 2022, dans le cadre du festival hors les murs, le PÔLE nous propose un après-midi de liberté à La Seyne-sur-Mer autour de spectacles gratuits à choisir en fonction de vos envies, avec mise à disposition d’un bus pour l’aller-retour à partir de 10 participants
(RV à 15h15 sur le parking de la poste au Revest et retour vers 21h).
Détails de la programmation du festival sur le site du Pôle https://www.le-pole.fr/festival-regards-sur-rue-3
(un programme complet vous sera également remis dans le bus, restauration possible sur place.)
_________________________________ Nous avons retenu ___________________________
16h – « Richard III ou le pouvoir fou » – Cie Les Batteurs de Pavés - (Théâtre élisabéthain revisité pour un coin de rue - 1h15)
Avec une certaine jouissance d’enfants énervés, Les Batteurs de Pavés passent à la moulinette le grand texte du répertoire pour faire de la rue un champ de bataille théâtral à leur façon. Comme une goutte de tabasco dans un bloody mary déjà bien épicé, ici, rien ne vous sera épargné !
17h30 – « Frigo » – Cie Dis bonjour à la Dame - (Solo de clown corrosif et poétiquement incorrect - 45mn)
Tenter la grande expédition spatiale à bord de son réfrigérateur ? Chiche ? Tendrement cynique, un brin provocateur et furieusement attachant, le clown Frigo défie l’apesanteur, amorce le détonateur et vous promet un décollage sen-sa-tion-nel !
18h – « Biquette » – Cie 2L au Quintal (Théâtre en terrasse de bar -45mn)
Elle est là Biquette. Burlesque et émouvante, elle se livre … Parce qu’elle en a des choses à dire : sa boulimie, sa mère, Annie Cordy ou ses nuits d’insomnie … Elle aurait pu aller voir un psy mais non… Elle vous a trouvés vous, attablés en terrasse de café alors … Autant pas se priver !
19h – « L’Ouest loin » – Cie d’un Ours (Théâtre et cirque : 30mn).
Une énorme poutre, un escabeau, un short, des mini skis … Ajoutez à cela un brin de poésie, quelques chansonnettes, un soupçon de courage et une bonne dose de dinguerie… L’incroyable équilibriste Olivier Debelhoir enchaine ses numéros complètement décalés ; sacrément décalés !
20h – « Arrêt d’Urgence » – Cie Akoreacro : la Cie qui nous a déjà régalé avec le spectacle Dans ton Cœur (Concerto-acrobatique : 50mn)
Tout est prêt ! Le piano à queue est en place. C’est l’heure du grand concert auquel s’invitent des envolées acrobatiques, des courses de vitesse sur fond de beat box et de techno enflammée. Arrêt d’Urgence s’en donne à cœur joie. Mais pas de panique : tout est sous contrôle !
____________________ Mais bien entendu, vous allez voir ce que bon vous semble ! _________________
Invitation à destination des adhérents AVR-Loisir & Culture, SUR INSCRIPTION en utilisant le lien ci-après :
Xoyondo
Réponse souhaitée le plus tôt possible
Renseignements complémentaires : Pierrette 06 08 51 36 27
« L’Histoire est sexiste » : le patrimoine oublie les femmes artistes
De par leur nom, les journées du patrimoine éclipsent l’héritage culturel laissé par les femmes artistes. Activistes et chercheuses tentent de réhabiliter les œuvres produites par des femmes.
« Jeune fille en vert », de Tamara de Lempicka. Flickr/CC BY 2.0/ Jean-Pierre Dalbéra
Les journées… du « matrimoine » ? Les 17 et 18 septembre se déroulent les journées européennes du patrimoine, mais aussi celles du matrimoine. Il ne s’agit pas d’un néologisme inventé par les féministes : en réalité, ce terme existe depuis le Moyen-Âge pour désigner les biens hérités de la mère, quand le patrimoine désigne ceux hérités du père. « Quelques siècles plus tard, il ne reste plus que les prestigieuses journées du patrimoine, et les agences matrimoniales… », a ironisé sur France Culture la metteuse en scène et chercheuse Aurore Évain, qui a fortement œuvré pour la réhabilitation du matrimoine culturel.
Comment ce mot a-t-il disparu de nos dictionnaires ? Au XVIIe siècle, le matrimoine a été banni de la langue française par les académiciens, qui jugeaient le terme obsolète et même « burlesque ». Il est réapparu dans les années 2000 sous la plume de chercheuses et chercheurs en sciences humaines, notamment l’ethnologue Ellen Hertz, qui retrace l’histoire de ce mot.
En 2013, il a été réhabilité grâce à Aurore Évain, dont les travaux sur le théâtre de femmes de l’Ancien Régime ont inspiré les militantes du mouvement HF, qui lutte pour l’égalité des genres dans la culture. Elles ont repris le terme à leur compte et en 2015 ont lancé les « journées du matrimoine » pour célébrer l’héritage culturel laissé par les femmes artistes et créatrices du passé.
Éclipsées des livres d’histoires, les autrices, peintres, philosophes, chercheuses, architectes, poétesses, compositrices, réalisatrices ou chorégraphes ont bien existé, mais souvent dans l’ombre de leurs homologues masculins. « L’Histoire est sexiste », constate Camille Morineau, historienne de l’art et autrice de l’ouvrage Artistes femmes. Depuis ses cours de gender studies (études de genre) sur les bancs de la prestigieuse université étasunienne Williams College, dans le Massachusetts, la chercheuse s’investit pour réhabiliter les œuvres produites par des femmes. En 2014, elle quitta même son poste de conservatrice au musée Georges Pompidou pour créer l’association Aware [1], entièrement dédiée à cette cause.
Selon la chercheuse et activiste, l’invisibilisation des femmes est en partie imputable aux historiens : « Ils ont considéré que leur travail n’était pas aussi important ni intéressant que celui des artistes hommes. » Elle prend notamment l’exemple de la peintre polonaise Tamara de Lempicka, aussi célèbre de son vivant que Picasso, selon les dires de l’historienne : « Elle était très reconnue par la presse, et elle gagnait très bien sa vie, même mieux que certains peintres masculins, mais les historiens ont jugé que c’était davantage une “décoratrice” qu’une réelle peintre, et ils ne l’ont pas retenue. »
Du côté des musées, Camille Morineau souligne que ce manque de documentation autour du matrimoine culturel peut également constituer un frein pour les expositions d’artistes femmes : « Il faut construire du savoir sur ces artistes femmes avant de montrer leur travail, car c’est difficile de faire une exposition si l’on ne connaît rien de l’artiste. »
Des constats partagés par Marie Guérini, présidente de l’association HF Île-de-France, qui coordonne les journées du matrimoine. Selon la militante, cet événement constitue une « réparation historique » face à ce qu’elle considère comme une « injustice notoire » qui se perpétue encore de nos jours, les artistes femmes étant toujours largement sous-représentées dans le milieu de la culture.
« Les œuvres des professionnelles de la culture restent moins programmées que celles des hommes, et elles accèdent moins souvent qu’eux à la consécration artistique, précise le rapport de l’Observatoire 2022 de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication. Elles sont ainsi peu primées dans les rencontres emblématiques du cinéma, de la musique, du théâtre, de l’architecture ; en revanche, elles sont mieux représentées dernièrement en photographie. »
Dans le domaine de la musique par exemple, on relève que seuls 14 % d’artistes femmes sont programmées lors des festivals de musiques actuelles, et que moins de 20 % des opéras programmés sont mis en scène par les femmes (en 2020-2021). Si l’on s’intéresse aux œuvres récompensées, les chiffres sont encore plus parlants : 0 réalisatrice primée aux César depuis 2010, 2 films réalisés par une femme récompensés par la Palme d’or au Festival de Cannes et 0 femme primée pour le meilleur album aux Victoires de la Musique 2021...
Face à ces statistiques, la militante Marie Guérini insiste sur l’importance des journées du matrimoine pour les nouvelles générations d’artistes femmes : « Cela permet de faire le pont entre les créatrices d’hier et celles d’aujourd’hui, pour qu’elles n’aient plus l’impression d’être des “pionnières”, mais des héritières fières de leurs “mères” artistes. »
Cette année, la « mère » iconique des journées du matrimoine sera la peintre cubiste Roberta Gonzàlez, pratiquement inconnue des livres d’histoire et des moteurs de recherche. Une partie de son œuvre sera exposée et accompagnée d’une lecture d’extraits de son journal intime les 17 et 18 septembre, à 16 heures, à l’espace des femmes Antoinette Fouque, à Paris.
Dans le reste de la France, l’initiative essaime, notamment en Bretagne et en Normandie, où le mouvement HF est très présent. « Ce qui nous rassure, c’est qu’on a de plus en plus de propositions de femmes artistes qui souhaitent participer aux journées du matrimoine, dit Marie Guérini. On ne doit rien lâcher ! »
Notre ami murailler Albert Porri organise deux animations sur le thème de la pierre sèche, dans le cadre des Journées du Patrimoine
le 16/09/22 à 18h à la médiathèque de la Farlède, une conférence " la pierre sèche varoise, histoire et technique", l'entrée est gratuite mais il faut s'inscrire au téléphone à la médiathèque de la Farlède : 04 94 20 77 30
Celtic Kanan, groupe atypique de la région toulonnaise, composé de six musiciens métissant la musique celtique avec la pop et la folk a écumé les pubs, les salles de spectacle et les festivals depuis 1999.
Ce groupe prendra le large quelque temps après le concert du 15 octobre salle des Comoni au Revest Les Eaux.
Mus’Art a l’honneur de vous convier à ce dernier concert.
Réservations : musart83@gmail.com
Comme vous le savez, nous sommes très attachés à la libre circulation de la culture et c’est pour cela que notre plateforme Revestou.fr offre à tous les curieux de l’histoire du Revest et de ses hameaux l’ensemble de ses 37 ans de recherches en libre accès.
Ce fonds documentaire, enrichi chaque jour, est apprécié par de nombreux lecteurs et chercheurs qui ont souvent la courtoisie de nous prévenir des usages qu’ils souhaitent en faire.
Malheureusement, depuis quelques temps, un « collectif » juge opportun de publier sur les réseaux sociaux, en copié-collé, presque quotidiennement, nos écrits, nos recherches, nos textes, nos images sans notre approbation.
En effet, sous prétexte de faire « œuvre » de vulgarisation pour mettre nos recherches, dites « figées », « à la disposition du plus grand nombre », les responsables de ce détournement entrecoupent nos documents, avec le nom de leur auteur, de leurs propres interprétations politiques, ce qui non seulement crée des textes recomposés ou plutôt décomposés, mais en plus sous-entend que nous serions d’accord avec leurs publications.
Cela pose un premier problème dans la mesure où notre site tient à sa neutralité politique. Mais il nous semble important de signaler un autre effet délétère de cette appropriation. Du point de vue historique, ils entretiennent l’idée que l’histoire pourrait être constituée d’un agrégat de recherches, sans lien les unes avec les autres et qu’elle pourrait être découpée et présentée en rondelles comme un vulgaire saucisson.
À rebours des réseaux sociaux, nous ne proposons pas des histoires à la chaîne ou à la demande. Il ne s’agit pas pour nous de construire un imaginaire et le livrer tel quel à ceux qui en ont besoin pour servir leur dessein.
Au fil des années, nous avons patiemment numérisé les recherches, les photos, cartes et documents, pour constituer une bibliothèque que chacun, patiemment, lentement, peut consulter et abonder.
La recherche de la vérité historique ne s’accorde pas avec le court terme et les raccourcis.
Ainsi, nous tenons absolument à nous dissocier de l’usage qui peut être fait de nos documents dès lors que ni l’intégrité ni l’esprit de nos recherches ne sont, à notre sens, respectés.
En conséquence, nous aurions pu prendre la décision d’interdire toute utilisation et reproduction de l’ensemble de nos documents alors même que nos objectifs, qui n’ont jamais varié depuis 37 ans, sont de partager nos connaissances avec le plus grand nombre.
Pas plus que la circulation de fausses informations, nous ne pouvons rien empêcher.
Et nous savons que nos lecteurs et adhérents fidèles ne sont pas les consommateurs d’une histoire industrialisée et décontextualisée.
Ceux-ci seront toujours les bienvenus sur nos sites.
Rappel : le fait d’avoir une autorisation d’utiliser un contenu ne dispense pas du respect du droit moral, nous dit la loi : cf. Site du Ministère de l’économie
En effet, la loi impose à l’utilisateur de « respecter l’œuvre en l’utilisant dans des conditions les plus proches possibles de celles qu’a voulues l’auteur », c’est-à-dire dans le respect de son intégrité et dans le respect de son esprit (ex. détournements politiques ou promotionnels, utilisation pour illustrer des propos contraires aux positions de l’auteur).
Les Amis du Vieux Revest et du Val d’Ardène | Loisir et Culture
Les pelouses synthétiques ne sont rien d'autre que du plastique sous lequel tout meurt, et qui empêche la pollinisation. Au Royaume-Uni, cette tendance pose déjà de nombreux soucis.
C'est cher, ça demande énormément d'entretien et c'est très mauvais pour l'environnement. | Adrian Curiel via Unsplash
Ça a la couleur de la paille et une texture similaire. Complètement dévitalisée, la véritable pelouse emprisonnée sous un gazon artificiel est desséchée et se brise entre les doigts. Pourquoi donc? «Parce qu'une structure du sol a besoin d'eau et d'air», explique Charlotte Howard, paysagiste et consultante en horticulture.
«Il faut que les vers et d'autres organismes puissent aller et venir depuis la surface. Ils ramènent sous terre des feuilles mortes, plein de choses qui nourrissent les sols, ainsi que de l'air. S'ils ne peuvent pas effectuer ce travail, le sol devient compact. Il n'y a ni air ni mouvement, et rien ne peut y passer. Ce n'est pas loin d'être comme du béton. Alors que la qualité des sols est primordiale à notre survie», indique-t-elle.
C'est aux États-Unis, dans les années 1960, que sont nées les pelouses artificielles. Puis, après avoir pavé les complexes sportifs où jouaient équipes de baseball et de football américain, le produit prend un air plus naturel au crépuscule du XXe siècle et sort du cadre sportif. «Mais c'est un business qui a explosé depuis les confinements, assure la paysagiste. Chez eux plus souvent, les gens devaient apprécier leurs jardins plus que d'habitude. Ils ont voulu que cela ressemble aux hôtels où ils avaient l'habitude d'aller, à Dubaï ou en Espagne.»
Ces dernières années, le mythe sarcastique du «Great British Summer», synonyme de périodes de pluie sans fin, de pulls sur les épaules, de parapluies dans le sac et de températures sous la barre des 20°C, commence à s'estomper. Cet été, la canicule n'a pas épargné le Royaume-Uni, où des températures supérieures à 40°C ont pour la première fois été enregistrées le 19 juillet. Les Britanniques passent donc de plus en plus de temps dehors et les compagnies qui font leur beurre sur la fausse pelouse annoncent, depuis 2019, des augmentations de ventes de l'ordre de 60% à 200%.
D'après Charlotte Howard, le cœur de cible serait les «jeunes familles qui aspirent à une sorte d'élévation sociale et ont un peu d'argent à dépenser». Nombre de trentenaires britanniques suivraient ainsi les recommandations d'influenceurs comme Mrs Hinch, une dame qui aime beaucoup le fond de teint et poster des clichés de sa maison «très propre, qu'elle nettoie tout le temps», tout en faisant la pub de sa propre ligne de produits d'entretien.
«Elle a fait poser une pelouse synthétique par une compagnie du nom de LazyLawn [«gazon flemmard», ndlr] et tout le monde a voulu un jardin à la Mrs Hinch», relate la paysagiste. Le gazon artificiel fait également partie intégrante des décors de Love Island, émission de téléréalité très suivie en Angleterre et comparable aux Marseillais en France.
«Pour ces gens-là, le jardinage est un truc de vieux, synthétise Charlotte Howard. C'est ringard. Ils paraissent totalement déconnectés de la nature. Ma coiffeuse est comme ça. Elle a la vingtaine et elle m'a expliqué qu'elle aime les maquillages qui ont l'air de coûter cher et qui donnent un rendu artificiel. Il s'agit de toute une catégorie de personnes qui aiment les choses fausses.»
Depuis les années 1930, 97% des prairies de fleurs sauvages ont disparu. C'est trois millions d'hectares où se nourrir en moins pour les pollinisateurs.
D'autres apprécient simplement la facilité. Notamment les jeunes parents. «De nombreuses nouvelles propriétés sont actuellement bâties avec de tous petits jardins aux mauvais sols, renseigne l'experte. Les gens ne savent pas quoi en faire.» Et c'est là que le marketing intervient: «Vous avez des enfants? Un chien? Vos vies sont fatigantes? Vous travaillez toute la journée avant d'amener les gosses au foot et à la danse? Épargnez vous la boue et le jardinage!»
Ce sont toutes ces raisons qui font que le business de la fausse pelouse est en plein boom. En 2021, il a été estimé que 8 millions de mètres carrés de gazon artificiel ont été vendus au Royaume-Uni. Et c'est peu dire que cela arrive à un moment de l'histoire loin d'être idéal: depuis les années 1930, 97% des prairies de fleurs sauvages ont disparu des campagnes anglaises et galloises.
C'est trois millions d'hectares où se nourrir en moins pour les insectes pollinisateurs, dont la population est en déclin depuis le milieu des années 1980. Or, un tiers de l'alimentation mondiale résulte de la pollinisation et certaines régions de Chine font aujourd'hui appel à de minuscules drones pour polliniser leurs fleurs. «On perd tellement de nature que les jardins individuels deviennent importants pour la faune», note ainsi Charlotte Howard. Étouffer les sols sous du plastique n'arrange rien, mais beaucoup semblent s'en moquer.
Le 6 août, une vingtaine d'activistes d'Extinction Rebellion manifestaient devant une enseigne McDonald's d'Harringay, dans le nord de Londres. Motif: la chaîne de fast-food venait de couper onze arbres afin de recouvrir le sol de gazon artificiel. Conseiller municipal à Childwall, une banlieue de Liverpool, Alan Tormey n'en revenait pas: «McDonald's a déclaré que, d'ici à 2030, le groupe aura fait en sorte de ne plus contribuer à la déforestation. Ils disent qu'ils travaillent avec des agriculteurs afin d'améliorer la santé des sols et derrière, ils vont abattre des arbres! J'ai ressenti cela comme un mensonge.»
Quelques heures plus tard, il déposait une motion au conseil municipal de sa ville, expliquant que le gazon artificiel est source de grands volumes de plastique, qu'il ne peut pas toujours être recyclé, que les microplastiques polluent le sol, qu'il a une déplorable empreinte carbone, n'apporte rien à la vie sauvage et peut surchauffer au point de devenir inutilisable.
«Un jour, alors qu'il ne faisait que 26°C, une cliente qui souhaitait retirer du gazon artificiel de chez elle a mesuré sa température, raconte ainsi Charlotte Howard. Elle grimpait à 60°C. Le plastique fond à 80°C, on en n'est pas loin! Donc, pour le refroidir, les gens l'arrosent… On nage dans l'absurde.»
Oui, c'est absurde. Surtout lorsque l'on sait que produire un mètre carré de artificial turf coûterait 3.750 litres d'eau, et la sécheresse qui a frappé l'Europe cet été n'a semble-t-il pas entendu parlé du Brexit: le 9 août, le sud-est anglais avait déjà connu cent-quarante-quatre jours avec peu ou pas de pluie en 2022, ce qui n'était pas arrivé depuis les années 1970.
Que faire? Alors que la ville de Newcastle a décidé de ne plus installer de gazon artificiel en juillet, Alan Tormey réclame, dans sa motion, une taxe sur les poses et des limitations de son utilisation, dans sa ville puis dans tout le Royaume-Uni. De son côté, Charlotte Howard propose que l'installation de gazon artificiel soit soumise à une sorte d'autorisation similaire à un permis de construire.
«Dans certaines circonstances, on peut l'autoriser. Pourquoi pas. On dit que cela peut être pratique pour certaines personnes handicapées et on peut respecter cela. Cela dit, même en cas de handicap, il y a d'autres solutions. Cela coûte environ 3.000 livres [3.400 euros, ndlr] de poser un gazon artificiel qui peut durer quinze ans. Cela coûte moins cher de payer un jardinier pour tondre de la véritable pelouse. Ou alors, laissez pousser votre pelouse! Personnellement, je n'ai tondu que trois fois cette année…»
Au Royaume-Uni, le mouvement No Mow May invite en effet villes et particuliers à laisser leurs gazons pousser durant le mois de mai, afin de laisser les plantes prospérer et ainsi offrir assez de nectar aux insectes pollinisateurs.
Après s'être heurté à un conservatisme enraciné dans des traditions obsolètes, l'idée devient de plus en plus populaire: dans certains quartiers, le mauvais voisin devient celui qui tond sa pelouse, plutôt que celui qui la laisse pousser. «On peut espérer que la mode du gazon artificiel passe vite, veut croire Charlotte Howard. Mais il faut qu'elle passe vraiment vite, si on ne veut pas se retrouver avec des millions d'hectares supplémentaires couverts de plastique vert.»
Un terrible coup de tonnerre a fait sursauter la population du Revest, effrayant notamment les enfants et les animaux, ce vendredi 2 septembre en fin d’après-midi, après la sortie des écoles.
C. S. Publié le 04/09/2022 à 08:01, mis à jour le 04/09/2022 à 08:16
Il était 17h27, ce vendredi, lorsque ce coup de foudre a été mesuré à 138.000 ampères. "Max", un Revestois passé au cabanon des chasseurs, est "redescendu" au plus vite car sa fille a eu très peur.
En passant devant la clôture de la base militaire de Tourris, il a aperçu des flammes. Le garde des bois et de chasse René Gaïa est rapidement arrivé sur place après avoir alerté les pompiers et la police nationale.
"La foudre a littéralement fait fondre le grillage sur une longueur d’un mètre, le goudron a fondu et un départ de feu a pris dans la végétation aux abords", témoigne-t-il.
Une fois le sinistre maîtrisé, les militaires ont aussitôt réparé la clôture dégradée.
Au petit matin de samedi, le téléphone de la police rurale n’a cessé de retentir: beaucoup de chiens se sont échappés à la suite des nombreux coups de tonnerre qui ont suivi dans la soirée.
Les traces de l’impact sont impressionnantes sur le goudron qui a partiellement fondu.
Une étude britannique publiée jeudi 1er septembre démontre que se balader près d’une rivière ou sur les quais d’un fleuve, c’est bon pour le moral.
Article rédigé par Anne Le Gall - franceinfo - Radio France - Publié le 02/09/2022 08:22
Les berges aménagées le long d'un cours d'eau à Pékin (Chine). (WANG ZHAO / AFP)
Ce sont des travaux réalisés par le très sérieux King’s College de Londres qui le montrent. Le fait de passer un peu de temps à proximité d’un fleuve, d’une rivière ou d’un canal augmente le bien-être mental durant au moins 24 heures. Les participants à l'étude (âgés de 16 à 77 ans) se sont déclarés "plus détendus, plus confiants et énergiques". A noter que l’effet est un peu plus marqué chez les hommes, et les jeunes adultes.
Pour parvenir à ces conclusions, ces scientifiques ont équipé 300 participants d’une application sur smartphone et ils devaient trois fois par jour pendant deux semaines répondre à des questionnaires sur leur état mental quand ils étaient en milieu extérieur, donc soit dans les rues en ville,dans un jardin, un parc,une forêt ou justement près d’un cours d’eau. Et il ressort que l’effet bien-être dégagé par les bords de rivière et les canaux est même supérieur à celui que l’on ressent lorsqu’on profite d’une forêt ou d’un espace vert. Les rivières et les canaux peuvent jouer sur notre moral par le calme, les couleurs , la beauté des lieux et par l’ouverture sur l’horizon qui jouent vraisemblablement.
Plus d’une centaine de publications scientifiques sérieuses ont déjà permis jusqu'ici de faire un lien, sans forcément en détailler le mécanisme, entre une meilleure santé mentale (moins de dépression, de stress et de détresse psychologique) et la proximité de l'espace soit verts (les arbres), soit bleus (mer océan ou lacs).
Cette étude est la première qui porte spécifiquement sur l’impact des rivières et canaux, précisent les chercheurs qui rappellent que les bords de rivière ont l’avantage d'être à la fois des espaces "bleus" avec de l'eau et des espaces "verts", avec en général un peu végétation sur le rives. Ces chercheurs britanniques n’ont donc pas été surpris par ces résultats, et entendent poursuivre leurs travaux sur un échantillon plus large.
Au-delà, cela peut encourager la politique urbaine d'aménager des quais dans une ville, entretenir des chemins le long des canaux ou remettre à l’air libre des cours d’eau qui étaient souterrains. Cela compte sur le plan environnemental, mais aussi donc, en matière de santé publique et mentale.
Les Amis du Vieux Revest et du Val d'Ardène / Loisir & Culture contribuent à cette exposition dont notre ami Philippe Maurel, spéléologue spécialiste en hydrologie est commissaire : cartes postales anciennes de la vallée de Dardennes, Rand'eaux programmées tout au long de la durée de l'exposition, conférence sur l'histoire " Le Las, la machine à remonter le temps ".
Voir le programme complet de cette exposition et de ses animations, là >>>>
Photo © Cécile Di Costanzo
Les inscriptions pour le semestre sont ouvertes !
Vous pouvez dès à présent vous positionner via ce lien : https://xoyondo.com/dp/zweE1NbPc95lQYf
Si cela semble complet, n'hésitez pas à laisser en commentaire votre souhait et vos coordonnées. Des désistements sont toujours possibles.
C'est gratuit, mais réservé aux adhérents AVR/LC.
Tous niveaux. Smartphones bienvenus.
Renseignements : Cécile 06 89 01 61 95 / cecile.imagenature@laposte.net
À très bientôt !
Cécile
Les Amis du Vieux Revest ont été conviés à la cérémonie du 29 août 2022 au Broussan et y étaient représentés par Cécile Di Costanzo et Marie-Hélène Taillard.
Photos © Cécile Di Costanzo pour Les Amis du Vieux Revest
Retrouvez ci-après la biographie d'Honoré d'Estiennes d'Orves que les Amis du Vieux Revest avaient publiée en 2004.
Honoré d'Estienne d'Orves 1901-1941
Issu d'une longue lignée de nobles provençaux, Honoré d'Estienne d'Orves est né le 6 juin 1901 à Verrières le Buisson (Essonne). Son père, directeur de Société, meurt en 1926.
Après de bonnes études à Saint-Louis de Gonzague et à Louis-le-Grand, il choisit de préparer le concours d'entrée à l'Ecole Polytechnique qu'il réussit en 1921. Sorti de Polytechnique en 1923, il intègre l'École Navale.
Enseigne de vaisseau de 2e classe en octobre 1923, il embarque comme élève sur la Jeanne d'Arc. Il est ensuite affecté au cuirassé Provence puis à différents bâtiments de la Royale.
Promu lieutenant de vaisseau en 1930 et chevalier de la Légion d'Honneur en 1935, il entre à l'École de Guerre Navale pour un an en décembre 1936.
Au moment où la guerre est déclarée en 1939, Honoré d'Estienne d'Orves sert à bord du Jaguar où il remplit les fonctions de sous-chef d’État-major de la 2ème Flottille de torpilleurs en Méditerranée. En décembre 1940, il est officier d'ordonnance à bord du Duquesne, dans la Force "X", de l'Amiral Godfroy.
L'armistice de juin 1940 le surprend à Alexandrie.
Rien dans son éducation ne le prédestinait à une décision de rupture avec l’ordre établi, décision qu’il prend pourtant le 9 juillet 1940.
Ne pouvant se faire à l'idée que sa patrie vaincue accepte la défaite, il constitue un groupe de marins et d'officiers déterminés comme lui à continuer la lutte, prend le nom
de "Chateauvieux" (du nom de l'une de ses aïeules) et entre en contact avec les autorités de la France Libre.
Il rejoint les camps d’entraînement de l’armée britannique à Ismaïla, puis Aden. Il rallie l’Angleterre le 27 septembre 1940 et le noyau qui se constitue autour de général de Gaulle.
Sur place, il rencontre l'Amiral Muselier mais ne trouve pas d'emploi convenant à l'activité dont il déborde. Promu capitaine de corvette le 1er octobre 1940, le poste de chef du 2e Bureau de l'état-major des Forces Navales Françaises Libres (FNFL) lui est
offert ; il l'accepte en attendant mieux mais ne tarde pas à solliciter la faveur de passer en France pour y organiser un réseau de renseignements.
Ayant convaincu le général de Gaulle, d'abord réticent, de monter une liaison avec la France et de développer et coordonner le réseau embryonnaire qui a pour nom de code Nemrod et qui a vu le jour à l'initiative de Maurice Barlier et Jan Doornik dès septembre 1940, il est affecté dans ce but à l'Amirauté britannique à partir du 15 décembre 1940.
Il embarque, à Newlyn, le 21 décembre 1940, sous le pseudonyme de "Jean-Pierre Girard", avec un radio télégraphiste, Georges Marty, sur un bateau de pêche, la Marie-Louise, à destination de Plogoff. Installé chez les Clément, à Chantenay-sur-Loire près de Nantes, parfaitement aidé dans ses déplacements par Maurice Barlier, il rayonne à travers toute la Bretagne et ne tarde pas à mettre sur pied l'organisation précise du réseau. Il transmet en outre des renseignements capitaux sur les défenses côtières allemandes, les sous-marins, les aérodromes et les dépôts d'essence de la région nantaise.
Du 6 au 19 janvier 1941, il se rend à Paris pour organiser un second réseau. Il rencontre Jan Doornik et de nombreuses personnalités. De retour à Nantes, le 20 janvier, il se réinstalle chez les Clément. Ceux-ci ont mis leur maison à son entière disposition, et lui font part de leur inquiétude au sujet du comportement suspect de Marty. Honoré d'Estienne d'Orves décide alors de renvoyer son radio à l'occasion du prochain voyage à Londres. Mais il est déjà trop tard. Le 22, les Allemands envahissent la demeure. Après avoir résisté, d'Estienne d'Orves, le visage en sang, est menotté et conduit avec ses compagnons à Angers.
La trahison de Marty permet également aux Allemands d'arrêter Barlier, Doornik et l'ensemble du réseau, au total 26 personnes. Le 24 janvier, les inculpés sont dirigés sur Berlin puis brusquement ramenés à Paris, à la prison du Cherche-Midi. D'Estienne d'Orves, mis au cachot, est soumis à un régime particulièrement rigoureux. Son moral ne s'en ressent pas. Il trouve même le moyen de galvaniser l'énergie de ses compagnons.
Le procès commence le 13 mai. Prenant sur lui toute la responsabilité, il défend ses co-inculpés. Le 23, la Cour martiale rend son jugement. Le capitaine de frégate d'Estienne d'Orves et huit de ses camarades sont condamnés à mort et transférés à Fresnes.
Le conseiller juridique allemand Keyser prend sur lui d'aller à Berlin demander la grâce des condamnés. Vaine démarche. Le 28 août au soir arrive l'ordre de passer par les armes, dès le lendemain, les trois principaux responsables : d'Estienne d'Orves, Barlier et Doornik, les six autres bénéficiant de remises de peines.
L'exécution a lieu le lendemain, 29 août à l'aube, au Mont Valérien. Honoré d'Estienne d'Orves a été inhumé à Verrières le Buisson.
Sources :
Le mot de Kat : pour tout connaître de ce terrible incendie de 1906 qui vit la mort de trois soldats, consulter le document très complet rédigé par Armand Lacroix pour la Société d'histoire locale Les Amis du Vieux Revest et du Val d'Ardène.
Photos © Cécile Di Costanzo pour Les Amis du Vieux Revest
Article de Claude Serra paru dans Var-Matin - Tous droits réservés Var-Matin pour Les Amis du Vieux Revest
Alberte Blanc raconte :
Mon père, s’approchant de la fenêtre, eut la surprise de voir des militaires assis par terre devant chez nous. Il ne reconnut ni leur uniforme, ni leur langage : ce n’était pas de l’allemand, ni de l’anglais, encore moins du français, bien sûr, puisque nous étions libérés par un régiment de tirailleurs algériens...
in : Le journal de Madeleine Couret, en libre accès sur nos sites
Lors des commémorations de ce 20 août 2022, Enzo Maurel nous a dit un poème qu'il a écrit en mémoire de ces libérateurs venus des territoires français de l'Algérie.
Moi qui suis français d'ascendance algérienne par ma mère, j'ai essayé sans prétention de me mettre à la place des jeunes hommes qui sont venus d'Algérie pour participer à la libération de la France.
De l’autre côté de la Méditerranée,
Du haut de mon rocher d’Alger, vue sur mer,
À son pied on ne cesse de l’imaginer,
Soupçon de corruption entre mer et terre,
Esprit s’échauffant à travers les cheminées,
Cette belle je l’aime avec un goût amer,
Cette belle m’est inconnue mais que je l’aime,
Est-elle une réalité ou un mirage ?
Munch s’écria : voici la peste de l’homme.
Des bateaux quittent le rivage vers le large,
Cette belle portait une robe avec un chrysanthème,
Belle à l’âme tuée par des sauvages
Crise existentielle à son paroxysme,
De l’autre côté de la Méditerranée,
Résonne une mélodie dysharmonique,
Un lieu où chaque être semble être condamné,
À tort ou à raison d’appartenance ethnique,
Des Lumières en veille face à l’obscurantisme,
Les bateaux alertent le port de leurs départs,
Terre de ma mère disparue sous le brouillard,
Envolée de destins humains vers l’inconnu,
Un périple sans sirènes, visages nus,
Nu d’assurance, nu de courage, vierge...
Des jeunes hommes malchanceux dans la fleur de l’âge !
Des générations sacrifiées pour les nations,
Combattants exaltés par leur fascination,
D’un cri rageur que l’on entend jusqu’à Paris,
Afin que la France retrouve sa patrie,
Des hommes débarquent sur les champs des cigales,
Au son de batterie sur les champs de bataille ,
Bercés par l’atmosphère étouffante du Var,
Où l’existence semble tenir au hasard,
Des armées orchestrées par l’instinct de survie,
Où serait donc passé ce goût de la vie ?
S’est-il envolé au-dessus des étoiles ?
Alors fabrique-moi un avion avec des ailes,
Pour atteindre le sens réel de l’existence,
Perdre l’innocence, prendre la souffrance,
Ce 15 août, j’exprime la douleur de l’horreur,
La mer pleure du sang, pas une goutte de bonheur,
Plus de plage rouge ! Plus de plage rouge !
Ce ne sont que d’anciens enfants qui nagent,
De nombreux hommes donnant leurs corps à la mort,
Nous survivrons jusqu’à libérer les Maures,
Nous survivrons jusqu’à libérer le Revest
Nous survivrons jusqu’à libérer tous les êtres !
Texte © Enzo Maurel - Tous droits réservés
Enzo Maurel au Revest le 20 août 2022 - Photo CS
Alors que l'automne ne démarre que dans un mois, certains arbres perdent déjà leurs feuilles. En cause : le manque d'eau dû à la sécheresse et aux nombreuses vagues de chaleur.
Article rédigé par Hugo Charpentier - Radio France - Publié le 23/08/2022
Avec la sécheresse et le manque d'eau, de nombreux arbres ont d'ores et déjà perdu leurs feuilles durant l'été.
OLIVER BERG DPA DPA PICTURE-ALLIANCE VIA AFP
Lorsqu'il est au travail, Jean-Baptiste Martin, jardinier à Aubagne (Bouches-du-Rhône), a l'impression que le temps s'est subitement accéléré. "Sur ces platanes, on voit qu’il y a une chute de feuilles qui, l’été, en général, n’arrive pas. Cela arrive plutôt à l’automne... Cette année, ça arrive déjà à partir de fin juin au lieu d’arriver fin septembre", regrette-t-il.
Pour ce patron d'une d'entreprise d'entretien d'espace verts, il n'y a aucun doute, cela est dû au manque d'eau. "L’arbre n’absorbe pas d’eau, donc, forcément, il se protège et par conséquent, il élimine ses feuilles. On pourrait évoquer surtout le platane, le chêne vert, le chêne blanc et après tous les bois blancs. Ca peut être le charme, l’hêtre, éventuellement des arbres plus résistants comme le bouleau, le peuplier, détaille-t-il. Cette année, on a coupé des grosses sections de bois morts sur des tilleuls qui étaient dangereuses. Des arbres qui peuvent faire 70 cm de diamètre à la base, ce qui est assez gros. C'est vraiment dû à la sécheresse", souffle Jean-Baptiste Martin.
Avec ce phénomène, amplifié par les vagues de chaleurs successives ces dernières semaines, les arbres et les jardins sont tous en souffrance, même les espèces endémiques à la méditerrannée. "Tous les jours, j’ai des clients qui viennent se plaindre des problèmes de la végétation qui se dessèche plus rapidement que prévu...", confie Mathieu Bonventre, propriétaire d'une pépinière à Aubagne.
Et d'ajouter : "La végétation méditerranéenne est à deux doigts de mourir, comme les cistes, du romarin qui est très très sec, le thym qui se dessèche... On voit des pins mourir. Les lierres sur les maisons, sur les murs, se dessèchent complètement. On le voit dans les forêts, dans les garrigues. C’est tragique, c’est du jamais-vu", s'alarme-t-il.
Face à cette situation, ce professionnel envisage sérieusement de ne plus conseiller certaines plantes à ces clients. "Je commence à me poser la question des plantes que je vais éviter de vendre, de conseiller à la vente, parce que ce n’est plus pour chez nous, comme tout ce qui est à gros feuillage tendre et qui souffre trop l’été. Ils grillent avant l’heure : normalement, ils perdent les feuilles quand il fait un peu froid et avec un changement de temps à l’automne. Là, depuis juillet, ils ne tiennent pas le coup", soupire-t-il. C'est déjà le cas par exemple des camélias, des azalées ou encore des rhododendrons, qui ne figurent quasiment plus dans ses stocks.
Des repousses fragilisées à cause de la sécheresse, un avenir menacé par la fréquence des feux. Dans les Maures, un premier bilan environnemental se dessine. Sur le plan humain, l’incendie d’août 2021 reste un traumatisme encore à vif.
Publié le 15 août 2022 à 09h20 Par Sonia Bonnin
Comment faire le bilan d’un incendie monstre, qualifié de "méga feu", classé parmi les cinq feux les plus graves que le Var a connus depuis une trentaine d’années ?
Ce jeune pin maritime de quelques centimètres réussit encore à puiser dans les réserves de sa graine
Il y a un an, le 16 août 2021, un incendie naissait sur l’aire de l’autoroute A57 Les Sigues, sur la commune de Gonfaron, par une journée sèche, chaude et venteuse. Le feu prenait tout de suite une ampleur folle, en direction de l’est et du sud.
Malgré l’intervention massive des pompiers au sol et de la flotte aérienne de sécurité civile, le combat acharné n’avait pu empêcher que le feu "saute les Maures".
Dévastant 7.000 hectares de végétation et de vie sauvage, les flammes avaient trouvé le tristement célèbre couloir de feu, jusqu’en lisière des communes balnéaires de Grimaud ou Cogolin.
Deux personnes avaient trouvé la mort, un habitant de Grimaud et une vacancière, leurs corps découverts dans une bergerie réaménagée que les flammes n’ont pas épargnée. Depuis la fin du terrible été 2003, il n’y avait plus eu de mort dans un feu de forêt dans le Var. Et de nouveau, le massif des Maures fut le lieu du drame.
Le bilan du feu de Gonfaron 2021 est catastrophique, sur le plan humain, écologique, paysager, économique. Des maisons ont brûlé, des centres équestres n’ont sauvé leurs chevaux qu’en les déplaçant dans une urgence folle. Des campings vidés à la hâte ont été carbonisés, des hameaux encerclés par le feu, d’autres en partie ravagés. C’est peu dire que le traumatisme est encore vif.
Sur le terrain, les mesures d’urgence déjà engagées fin 2021 vont se poursuivre. Elles consistent dans la création de "fascines", pour retenir les sols sur les versants incendiés.
Réaliser des fascines, cela veut dire couper des troncs de bois mort, pour les placer en travers de la pente. Il s’agit de protéger les sols de l’érosion, mais aussi d’éviter l’instabilité du terrain en cas de fortes pluies.
Reste aussi l’importance des messages de sensibilisation auprès du grand public, vu que 90 % des feux sont d’origine humaine. Que ce soit une cause accidentelle ou volontaire. Le feu de Gonfaron ne fait pas exception. L’hypothèse est celle d’un mégot de cigarette, jeté depuis l’aire d’autoroute - l’enquête est toujours en cours. Imprudence ou malveillance, même résultat.
C’est une image rassurante. Mais trompeuse. Au premier coup d’œil, en plein mois d’août 2022, la forêt des Maures montre une vigueur étonnante. Des touffes d’un vert acidulé jaillissent au pied de souches calcinées. Au bout de branches noires, des feuilles se dressent courageusement sous un soleil de plomb.
Un an après le passage des flammes, la nature semble tenir bon. Sur les replats, les herbes sont hautes et jaunes - normal, c’est l’été. Sur les versants, les taches sombres alternent avec une impression de verdure. Le paysage est blessé, pas anéanti.
Sur les pas de Bruno Teissier-du-Cros, apparaît la mesure du paradoxe. "Ici, les graminées ont profité de l’ouverture du milieu", comprenez de la place libre, et "ont poussé rapidement, au printemps". Mais dans la pente, "il ne reste plus rien, le sol est lessivé", constate ce spécialiste de la défense des forêts contre l’incendie, à l’Office national des forêts (ONF).
Quelques plantes éparses s’accrochent aux replis de terre enfouis entre les roches qui scintillent et surchauffent au soleil. "Avec des incendies récurrents, la forêt s’appauvrit, les sols s’érodent."
Les pluies pourtant bénéfiques ont emporté une part du substrat nécessaire à la pousse de surface. Et avec, une part des graines accumulées ont dévalé la pente.
En profondeur, d’autres enjeux sont en mouvement. Plus lents, plus secrets. "Voyez ce chêne-liège, désigne Bruno Teissier-du-Cros. Il a très peu de chances de s’en sortir, il est en dessous de la taille critique. Pourtant, il essaie. Mais ses feuilles sont rabougries."
Même si le liège l’a protégé - son écorce a entièrement brûlé - l’arbre devrait mourir dans les prochaines années.
Plusieurs espèces ont pourtant la capacité de puiser en profondeur, "dans leurs réserves", pour lancer de jeunes tiges: chênes, arbousiers, bruyères, cistes… Mais "le vert est un faux ami", prévient le spécialiste, car il y a des conditions sine qua non à une régénération réelle.
La première condition est le temps écoulé entre deux incendies. "Dans certains vallons, il n’y a déjà plus de pins. On peut avoir l’impression générale que la forêt reprend ses droits, mais elle a besoin de 40 à 50 ans pour se maintenir." Ce qui est "un temps court à l’échelle d’une forêt".
Ici, sur les hauteurs de La Garde-Freinet, cela tombe sous le sens. Ce "couloir de feu" avait déjà brûlé en 2003. "En l’espace de 60 ans, quatre feux sont passés dans cette zone. C’est trop, beaucoup trop." À ce rythme, un dépérissement s’engage.
Et là apparaît une deuxième condition essentielle : le climat. "Le souci, cette année, réside dans la sécheresse de l’hiver." Amplifiée par les températures caniculaires de l’été, la (trop) longue période sèche est "un deuxième coup de massue pour la végétation".
Plus qu’à la météo quotidienne, Bruno Teissier-du-Cros est sensible à "la vitesse du changement climatique". Sa conclusion est qu’il faut "fondamentalement protéger la forêt du feu, pour lui permettre de réussir à encaisser le changement climatique". Elle ne pourra pas faire les deux en même temps.
Incendies et réchauffement, les deux phénomènes combinés enclenchent un mécanisme délétère. "Quand elle se développe, la forêt passe son temps à stocker du carbone." Cette aptitude est affaiblie soit parce que la forêt brûle, soit parce qu’elle pousse moins.
Le mot de Kat : J'avais déjà vu cette carte il y a quelques semaines, et certains journalistes viennent de la découvrir et la mettent en exergue. Il s'agit d'afficher, commune par commune, la quantité de pesticide à laquelle la population est exposée.
La carte Adonis a pour ambition de porter à la connaissance de tous les données communales sur l'usage des pesticides.
Ces données ont pour vocation :
d'être utilisée à des fins de recherches scientifiques et
de servir de référence pour la définition et l'évaluation des politiques publiques nationales et européennes, dans des démarches de labellisation des exploitations agricoles et d'établissement de plans de progrès visant à réduire l'utilisation des produits phytosanitaires.Cette plateforme permet de contribuer à la mise en œuvre :
de la Directive européenne « pesticides » du 21 octobre 2009 déclinée en France par les plans Ecophyto I et Ecophyto II
du Plan National Nutrition Santé 4 (2019-2023) lancé le 20 septembre 2019 par Agnès Buzyn, Ministre des Solidarités et de la santé, qui recommande de consommer des produits végétaux non contaminés par les pesticides
Et comment est fait ce calcul ? La méthode de calcul est ce qu'elle est : on fait avec ce qu'on a :
les données parcellaires du Registre Parcellaire Graphique (RPG) 2020 qui donne accès à toutes cultures
les enquêtes Pratiques Culturales concernant les grandes cultures, l'arboriculture, la viticulture et le maraîchage qui donne un >IFT moyen décomposé (insecticides, fongicides, herbicides et traitements de semences) par ancienne région administrative
les parcelles en bio fournies par l'Agence bio
Et voilà ce que cela donne appliqué au Revest.
Surprise ! Le Revest est une zone grise, sans aucun pesticide référencé. Non parce qu'on a mesuré qu'il n'y en a pas (on n'en sait rien), mais parce qu'il n'y a pas de zone agricole au Revest. En effet, la société qui possède les 2500 oliviers et les 2,5 hectares de vignes de Tourris, bien que domiciliée au Revest, avec toutes ses terres agricoles sur Le Revest, cette société donc, a une adresse postale sur La Valette.
Non que je souhaite démontrer l'utilisation de pesticide sur Le Revest. Mais je suis un peu étonnée du mode de calcul des statistiques qui vont servir de base à nos politiques.
Selon Var-Matin du 4 août 2022 :
"Après un report d’un an dû à la Covid, la Zone à faible émission (ZFE) sera en place dès janvier 2023 de La Garde à Six Fours. Elle se concrétisera par la mise en place de la fameuse vignette Crit’air, limitant la circulation des véhicules les plus polluants lors des pics de pollution."
Pour commander votre vignette Critair, n'utilisez que le site officiel https://www.certificat-air.gouv.fr/. Attention Méfiez-vous des intermédiaires et des sites frauduleux.
Plus d'information sur l'utilisation de la vignette Critair : Voir là.
Les Archives municipales de la Seyne-sur-Mer ont lancé leur site Web. On y trouve les délibérations du Conseil municipal de 1791 à 2001, soit 210 ans de lecture, tous les magazines municipaux depuis 1947, une large série de brochures thématiques, les films des fonds Peiré et Passaglia et une collection de cartes postales de la Ville.
Tous ces fonds étaient déjà numérisés, mais ils étaient jusque-là seulement accessibles depuis les ordinateurs de la salle de lecture. Ils ont vocation à s'étoffer de nouvelles séries au fil des mois et dès la fin de l'année. En effet, le service se dote actuellement de moyens de numérisation lui permettant d'assurer en interne ses campagnes de numérisation, annonce France Archives. Les usagers sont donc invités à faire part de leurs envies particulières pour que le service puisse intégrer ces souhaits à son planning.
Le site propose également des actualités avec des focus historiques pour mettre en lumière un document ou un objet conservé dans les collections ainsi que des expositions virtuelles passées ou inédites
Trois ans après le vol de plusieurs cloches, les habitants de Ginasservis ont assisté à leur "renaissance", de la fonte au décochage. Elles sonneront à nouveau à partir du mardi 19 juillet.
À Ginasservis, les élus locaux ont procédé au décochage des nouvelles cloches, recréées à l’identique par la fonderie familiale Paccard. Photo Florian Escoffier
"La véritable naissance de la cloche, c’est au moment de son premier cri, raconte Anne Paccard, responsable de communication de la fonderie familiale du même nom. Regardez, on voit déjà la tête!" Séquence émotion sur la place de Ginasservis, ce dimanche matin.
Douze heures après la coulée, le maire de la ville, Hervé Philibert, tape du marteau sur un grand moule encore chaud. C’est l’heure du décochage de la nouvelle cloche de 89kg, surnommée Arsène, quasiment identique à celle volée trois ans plus tôt, en haut de la chapelle Damase. Retentit alors un "ding!", correspondant à un sol, sous les applaudissements d’une centaine de spectateurs.
Même cérémoniel pour celle de la chapelle des Pénitents, située à quelques centaines de mètres de là et dont la cloche originale était classée aux monuments historiques depuis 1981, ainsi que pour celle d’Esparron-de-Pallières, également dérobées l’été 2019, quelques jours avant celle de Brue-sur-Auriac.
À l’époque, la disparition dans le Var de ces quatre pièces, appartenant autant au patrimoine chrétien que culturel, avait écœuré une grande partie de la population.
"Ces vols, ça nous avait marqués, remué, se souvient le maire de Ginasservis. Ça paraissait tellement fou. Toutes les télés de France s’étaient déplacées."
Cette fois, France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur a couvert l’événement, mais pas les caméras de TF1 retenues sur les incendies en Gironde.
60.000 euros, au total. La moitié correspond au déplacement et aux ateliers proposés par la fonderie Paccard, venue de Haute-Savoie.
Les autres 30.000 euros aux deux cloches remplacées de Ginasservis, plus une troisième manquante depuis des décennies qui se seront installées mardi et mercredi.
Près de 3.700 euros ont été récoltés grâce à un appel aux dons lancé via la Fondation du patrimoine. Auxquels s’ajoutent 4.000 euros apportés par l’Intermarché de la ville, 3.000 euros provenant de mécènes du Var et 1.000 euros des assurances.
Pour Esparron, qui s’est greffé à l’événement, la note est de 5.000 euros, dont une partie également réglée grâce à des dons.
"Il y a environ un an, j’ai reçu un courrier officiel m’indiquant que l’affaire a été classée sans suite", regrette le maire de Ginasservis, qui avait déposé une plainte déclenchant une enquête du parquet de Draguignan et lancé en parallèle un appel à témoin.
Même désarroi du côté de son homologue d’Esparron-de-Pallières, qui avait lui aussi saisi la justice. "Les voleurs n’ont pas vraiment laissé de traces, l’enquête n’était pas évidente", glisse Christian Ghinamo.
Plusieurs hypothèses avaient été émises: l’œuvre d’un collectionneur qui a commandité ces larcins ou de revendeurs qui pouvaient en tirer plusieurs milliers d’euros au marché noir?
Ici, beaucoup penchent pour une troisième option: la fonte du bronze des cloches pour environ 500 euros pièce.
Si aucune une autre disparition de cloche n’a été déclarée depuis la médiatisation de cette affaire, les édiles des villages concernés redoutent des récidives.
"Il y aura toujours un risque, mais on va essayer de le minimiser", assure le maire d’Esparron-de-Pallières, sans préciser par quel moyen. Même appréhension du côté de Ginasservis.
"Bien sûr qu’on y pense, reconnaît Hervé Philibert. On a d’ailleurs prévu un système de sécurité. Mais j’espère que ça ne donnera pas à certains l’idée de relever le challenge."
Quant au vicaire Frédéric Forel, qui a procédé à la bénédiction des cloches, il y voit une opportunité: "Après avoir observé comment tout ça est fabriqué, cela donnera peut-être des vocations à nos jeunes".
Depuis 43 ans, Serge Porre inventorie toutes les cloches du département. Ce qui a permis de reproduire quasiment à l’identique les éléments en bronze disparus en 2019. Photo Florian Escoffier.
Depuis 43 ans, Serge Porre inventorie toutes les cloches du département. Ce qui a permis de reproduire quasiment à l’identique les éléments en bronze disparus en 2019. Photo Florian Escoffier.
"J’ai fait le calque de 800 cloches"
Pour reproduire quasiment à l’identique les cloches volées, il y avait des photos. Mais surtout des calques. Ceux de Serge Porre, 70 ans. Depuis 1979, il s’aventure sur les clochers des églises et chapelles du Var pour y inventorier les inscriptions datant de plusieurs siècles.
"Avec un ami, on a d’abord été sollicités par une association pour répertorier les cloches du département datant d’avant la Révolution française, raconte cet archiviste de Cuers à la retraite. Il y a en 190. Puis, j’ai continué. J’ai 800 calques aujourd’hui."
Une passion qui le mène en 2014, jusqu’aux cloches de Ginasservis. Muni d’un crayon marron, il y reproduit les mots en latin et la date de fabrication des objets en bronze, 1739 pour celui de la chapelle des Pénitents, 1867 pour celui de la chapelle Damase, fondu par Eugène Baudouin, à Marseille. Pas de feuille transparente comme à l’école. Serge Porre utilise une simple page blanche A4 de 80 grammes.
"Il faut surtout faire preuve d’équilibre et s’armer de patiente, précise ce campanologue, qui doit d’abord procéder au dépoussiérage et au brossage. Ça peut prendre jusqu’à 2 heures pour une seule cloche. Ça m’arrive que ça ne soit pas parfait. Dans ce cas, j’y retourne."
Ce jour-là, il se précipite sur les nouvelles cloches encore chaudes pour en faire une copie. Au cas où.
Les mondes contemporains confrontent en permanence à une multitude de décisions et de sollicitations, dans une course sans fin. Ils ont remplacé la rareté des biens de consommation par la rareté du temps. L’individu est soumis à l’écrasement du temps sur le seul présent puisque le monde n’est plus donné dans la durée. Pluie des SMS et des mails, sollicitation sans répit des sonneries ou des signaux d’arrivée de messages… la tyrannie de l’immédiat et de l’urgence mobilise un défilement sans repos des activités à accomplir et des réponses à donner. D’où ce sentiment de ne plus avoir de temps à soi et de courir sans cesse après une existence qui échappe.
En route vers l'impluvium d'Orves - Photo Marie-Hélène Taillard
L’accélération du changement social implique parallèlement l’obsolescence des expériences et de la mémoire, l’entrée dans une société amnésique. La vitesse ne laisse plus le temps d’enregistrer les événements, elle produit l’oubli. Elle réduit le corps à l’immobilité à travers les prothèses innombrables qui le relaient pour rester dans le flux. Elle procure une intensité provisoire, mais ne laisse aucune trace, à la différence de la lenteur propice à l’appropriation des lieux ou des situations.
La marche est en ce sens une résistance. Les marcheurs ne sont pas pressés. Ils cheminent à quatre ou cinq kilomètres-heure, n’hésitent pas à faire la sieste ou à lanterner quand, en avion, on traverse l’Atlantique en une dizaine d’heures. Une journée de marche revient à quinze-vingt minutes de voiture. Les marcheurs prennent leur temps et refusent que leur temps les prenne. Les heures sont à eux, non aux impératifs sociaux. Leur cheminement paisible restitue l’épaisseur de la présence au monde et aux autres, il est un instrument puissant de retrouvailles avec les proches pour ces moments de plus en plus mesurés où l’on est tout entier dans le souci de l’autre tout en partageant des moments privilégiés.
Marcher, c’est cesser de perdre pied ou de faire des faux pas, c’est se retrouver de plain-pied dans son existence. Le chemin parcouru rétablit un centre de gravité qui s’était défait au fil du temps, ou bien il le renforce en procurant des moments de plénitude. Dans un autre temps, Thoreau écrivait déjà dans Walden, ou la vie dans les bois (1854) : « Je gagnais les bois parce que je voulais vivre suivant mûre réflexion, n’affronter que les actes essentiels de la vie […], vivre abondamment, sucer toute la moelle de la vie, vivre assez résolument, assez en spartiate pour mettre en déroute tout ce qui n’était pas la vie. »
Une marche, même de quelques heures, instaure une distance propice avec le monde, une transparence à l’instant, elle plonge dans une forme active de méditation, de contemplation. Elle donne sa pleine mesure à l’intériorité. Détour pour rassembler les fragments épars de soi, elle remet en ordre le chaos intérieur, elle n’élimine pas la source de la tension, mais change le regard sur elle.
L’esprit bat alors la campagne en toute liberté, car la marche est aussi un cheminement entre pensée et mémoire, sans hâte, sans crainte d’être interrompu par un emploi du temps exigeant ou une sonnerie intempestive. Pour mémoire, le Bouddha, le Christ, Mahomet sont d’abord des hommes à pied, livrés à leur seul corps, et leur parole se répand au rythme de leurs déambulations et de leurs rencontres avec les autres.
De surcroît, la marche est une activité physique sans compétition, tout entière dans la jouissance de l’instant. Le marcheur redécouvre son corps au jour le jour, et nombre de maux liés au manque d’exercice physique s’effacent sans qu’il s’en aperçoive : déprime, tensions musculaires, lourdeurs digestives…Tissée d’humilité, de patience, de lenteur, de détours, la marche reste dans les limites des ressources physiques sans recherche de vaines prouesses, elle s’ajuste aux aspérités, aux courbes ou aux difficultés du terrain. L’individu retrouve un sentiment d’enracinement à la terre. Longtemps d’ailleurs, la mesure de l’espace sollicitait le corps. Il n’existait pas alors dans nos sociétés une rupture entre l’humain et le monde. On parlait de pouces, de pieds, de brassées, de coudées, de toises. Le corps était encore un écho du cosmos.
Aucun combat avec les éléments pour y imprimer son empreinte personnelle, mais une volonté apaisée de se perdre avec élégance dans le paysage sans jamais le considérer en adversaire à vaincre. Une co-naissance avec un monde environnant se révèle au fur et à mesure de l’avancée. La « biodiversité » cesse alors d’être un mot abstrait, et s’associe aux odeurs d’herbe coupée, de fleurs jusqu’alors inconnues, à la contemplation des collines ou des arbres, au souffle du vent, etc. Il s’agit bien d’avoir les pieds sur terre au sens littéral et symbolique, et non plus à côté de ses pompes.
Le succès grandissant de la marche depuis une vingtaine d’années est une manière heureuse de se mettre en retrait. Qu’ils marchent une journée sur des sentiers de campagne ou s’aventurent pour de plus longues périodes sur les chemins de Compostelle ou de la Francigena, les marcheurs n’ont plus de comptes à rendre, ils deviennent anonymes sur les chemins, enfin disponibles à leur existence, hors course. Ils abandonnent provisoirement leurs repères familiers pour se mettre en situation de découvertes, de réinvention de soi.
Anachronique dans le monde de la vitesse, de l’utilité, du rendement, de l’efficacité, la marche est un acte de résistance civique privilégiant la lenteur, la disponibilité, la conversation, la curiosité, l’amitié, la gratuité, la générosité, autant de valeurs opposées aux exigences néolibérales qui conditionnent désormais nos vies. Quête d’intériorité, d’apaisement, de convivialité, elle est un éloge de l’attention au monde.
Face aux nombreuses critiques qui s’élèvent de toutes parts, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé que le gouvernement s’apprêtait à acheter six grands pistolets à eau pour venir en aide aux Canadair.
Publié le 21 Jul 2022 par La Rédaction du Gorafi !
La polémique ne cessait de s’amplifier depuis plusieurs jours. En raison d’une flotte vieillissante faisant donc l’objet d’une maintenance importante qui immobilise constamment une partie des bombardiers d’eau, la France manquait de Canadair pour faire face aux feux dévastateurs et devait même faire appel à la solidarité européenne pour que lui soient fournis deux avions grecs et deux autres italiens. Mais pour pallier toute difficulté future, le gouvernement s’est montré réactif et a annoncé, par la voix de Gérald Darmanin, l’achat imminent de six grands pistolets à eau. Et pas n’importe lesquels puisque le ministre de l’Intérieur a précisé fièrement qu’ils étaient capables de stocker jusqu’à deux litres d’eau chacun. De quoi faire taire les détracteurs.
Si cette annonce tonitruante a déjà retourné l’opinion publique, le gouvernement ne compte toutefois pas s’arrêter là. Bien conscient que ces feux de forêt s’inscrivent dans une perspective plus large de réchauffement climatique, il cherche à anticiper les futures catastrophes et à « agir en amont ». C’est pourquoi le gouvernement s’engage à débloquer une enveloppe de près de 3 milliards d’euros pour « lutter contre la chaleur et le vent ». La chaleur en bétonnant 50 à 60% des forêts et le vent en installant une centaine de barres d’immeubles pour freiner son action de 30 à 40% et éviter qu’il s’engouffre à grande vitesse entre les arbres. Enfin, il promet « plus de considération » pour les pompiers qui seront applaudis une fois par mois dès la rentrée.
En France, elles se font rares. Elles sont pourtant inestimables pour la biodiversité. Deux experts forestiers nous emmènent dans une vieille forêt dans les Pyrénées, antiques cartes de l’état-major en main.
Lannemezan (Hautes-Pyrénées), reportage
Le sentier a disparu et les rayons du soleil peinent à percer l’épaisse canopée. Il faut progresser à tâtons sous un manteau de verdure, et s’enfoncer encore plus profondément dans les bois. La terre est meuble, le sol parsemé de troncs moussus, tombés au fil des tempêtes. Dans les rares puits de lumière, des ronces gagnent le terrain. Au loin, une grive musicienne répète ses trilles flûtés, cachée dans les branches d’un grand hêtre, couvert de lierre. Ici, le vivant semble se déployer en toute liberté, de manière spontanée, avec toute sa puissance et sa vitalité.
Dans les Hautes-Pyrénées, cette vieille forêt est une rescapée. En France, elles sont devenues très rares. Comme les reliques d’un ancien temps. Les vieilles forêts subsistent dans des confettis de territoire, des fonds de vallons au relief accidenté, des pentes abruptes accrochées au vide, des zones peu accessibles, oubliés de l’exploitation humaine. Laissées en libre évolution depuis des siècles, elles regorgent de vie avec des cortèges d’espèces qui n’existent nulle part ailleurs. Elles ont retrouvé des fonctionnements et des aspects comparables à la forêt primaire. Ce sont, en France, ses dernières représentantes, ses ultimes héritières. Elles sont là, tout près de nous.
Cela fait plus de sept ans que Sophie Maillé cartographie les vieilles forêts en Occitanie. © Alain Pitton - Reporterre
Au cœur du massif, Sophie Maillé se fraye un passage en suivant une sente de bêtes. Munie d’une grande équerre pour mesurer la taille des troncs et d’un GPS, la chargée de mission à l’Observatoire des forêts des Pyrénées centrales progresse d’un pas sûr. Elle a désormais ses habitudes. Cela fait plus de sept ans qu’elle cartographie les vieilles forêts en Occitanie. Un travail de longue haleine comme une chasse au trésor. C’est aussi une course contre la montre. Car il y a urgence. La plupart des parcelles qu’elle a découvertes sont en sursis et pourraient tomber sous le giron de l’industrie forestière et être rasées.
« Tu entres dans un territoire où tu n’as pas toutes les clés »
« On a recensé, au total, 12 000 hectares de vieilles forêts. Cela représente 4 % des forêts de montagne en Occitanie et moins de 0,5 % des forêts de plaine, calcule Sophie Maillé. Ces forêts forment un chapelet d’îlots souvent morcelés et manquent de continuité. Leur taille varie d’un à cinquante hectares. Ce ne sont plus que des lambeaux de forêt naturelle mais ces parcelles n’en restent pas moins admirables », décrit la jeune femme qui a habité pendant de longues années en Amazonie. Arpenter les vieilles forêts dans les vallées oubliées des Pyrénées réveille chez elle des sensations vécues dans les jungles tropicales. « C’est une beauté similaire, la même luxuriance, le même appel des sens avec l’odeur de l’humus et ce sentiment de vertige qui nous saisit face aux grands arbres. »
« Pour qu’une parcelle soit répertoriée comme une vieille forêt, il faut, par hectare, au moins dix arbres de plus de 70 centimètres de diamètre et dix arbres morts de 40 centimètres. » © Alain Pitton - Reporterre
Son acolyte, Nathanaël Roussel, acquiesce. « Quand tu arrives dans une vieille forêt, tu entres dans un territoire où tu n’as pas toutes les clés. Tu y es invité. Ça incite au silence et à la contemplation comme quand tu pousses la porte d’une église », raconte le gestionnaire forestier qui travaille aussi avec l’Observatoire des forêts des Pyrénées.
Pour retrouver ces espaces, Sophie et ses collègues ont déniché d’antiques cartes d’état-major, datant du début du XIXe siècle. Ils y repèrent les boisements ayant survécu au cours de cette période, alors que la France avait atteint le point d’orgue de sa déforestation. En 1820, la surface forestière ne couvrait que 6 % du territoire contre 17 % maintenant. Ils vérifient ensuite que ces zones boisées existent toujours grâce à des photos satellites. « On cherche sur les images des paysages aux allures de brocolis géants, explique Nathanaël Roussel. C’est typique des houppiers de grande envergure, la preuve qu’il y a de grands arbres. »
Sophie et ses collègues s’appuient sur d’antiques cartes d’état-major, datant du début du XIXe siècle. © Alain Pitton - Reporterre
Seule une visite sur le terrain confirme, enfin, la découverte. Il faut gravir les dénivelés et s’accrocher aux feuillages, suivre les ravines humides, se perdre dans la montagne. Arrivés sur place, les passionnés se lancent dans un long inventaire : ils mesurent la taille des arbres à l’aide d’une équerre et comptent le nombre de bois mort. « Pour qu’une parcelle soit répertoriée comme une vieille forêt, il faut, par hectare, au moins dix arbres de plus de 70 centimètres de diamètre et dix arbres morts de 40 centimètres. » Ici, à proximité de Lannemezan, c’est quasiment le double.
Au-delà de ces critères quantitatifs, une série d’indices s’offrent à qui sait les déceler. Des plantes comme la pulmonaire ou le fragon indiquent la continuité de l’état boisé. Des essences dites de dryade comme le chêne ou le hêtre sont le signe d’« une forêt mature » composée de vieux arbres, parfois, multicentenaires. Des cas extrêmement rares en France. Selon l’IGN, 80 % des arbres dans le pays ont moins d’un siècle.
« Ces espaces sont très importants pour le vivant, confirme Nathanaël Roussel. La vieille forêt, avec toute sa biodiversité, c’est la trousse à pharmacie de la forêt. » En abritant de multiples espèces de champignons, de coléoptères et d’oiseaux, les vieilles forêts régulent l’invasion des pathogènes et résistent mieux aux catastrophes naturelles et au changement climatique. Elles abritent des auxiliaires de culture pour le reste de la forêt et améliorent sa résilience.
Les vieilles forêts, ultime refuge de coléoptères de moins en moins nombreux. © Alain Pitton - Reporterre
C’est une fontaine de vie qui irrigue tous les alentours. Les pics mangent les larves des scolytes envahisseurs, les mésanges bleues celles des chenilles processionnaires, l’humus créé dans les vieilles forêts descend progressivement dans les vallées et les rivières, au gré des orages, et nourrit les terres agricoles. « Le ruissellement de la biodiversité fonctionne bien mieux que celui du capitalisme, s’amuse Nathanaël Roussel. Il vivifie toute la vie sauvage du territoire. »
« La vieille forêt, c’est la trousse à pharmacie de la forêt »
Au cœur de cet écosystème riche et diversifié, le bois mort joue un rôle décisif. « Le bois mort, c’est la vie », lâche Sophie Maillé comme un slogan. 25 % des espèces forestières vivent à ses dépens et sa décomposition est une étape indispensable dans la chaîne de fabrication de l’humus. Le bois mort accueille tout un cortège d’espèces dites saproxylites, qui sont liées au stade âgé de la forêt et que l’on ne retrouve pas dans les forêts exploitées ou dans les plantations. Comme de nombreux coléoptères, le taupin violacé, le pique prune ou la lucane cerf-volant. À l’échelle de l’Europe, 40 % de ces espèces sont menacées de disparition. Les vieilles forêts sont leur ultime refuge. Elles regorgent de troncs avec des cavités, des imperfections et des petites mares – que l’on nomme dendromicrohabitats — où ces espèces peuvent résider.
Le bois mort accueille tout un cortège d’espèces dites saproxylites. © Alain Pitton - Reporterre
Les raisons pour protéger les vieilles forêts sont donc multiples. Les obstacles le sont tout autant. La plupart des parcelles que découvre l’Observatoire des forêts des Pyrénées centrales ont été lentement abandonnées. Elles sont détenues par de petits propriétaires qui ont hérité de ces terres sans les connaître. Ils ont déménagé à la ville et ne savent parfois même plus qu’ils possèdent un terrain forestier. Ce morcellement de la propriété a d’abord joué en leur faveur. Les vieilles forêts ont pu croître paisiblement. Loin des yeux. Loin du cœur.
Mais aujourd’hui, les coopératives forestières sont aux aguets. Une récente loi leur a donné accès au cadastre et ces dernières démarchent de plus en plus les propriétaires. À l’échelle nationale, les plans prévoient d’augmenter les prélèvements en bois de 70 % d’ici 2050 [1]. Tout conduit au productivisme… et à la coupe rase. Sophie Maillé s’en désole. « Pourquoi couper maintenant ces vieilles forêts alors qu’elles ont été préservées par les anciens et oubliées jusque là ? On perd un patrimoine inestimable, on brise des cycles naturels qui mettront des siècles à réapparaître. C’est un terrible gâchis », s’emporte-t-elle. Parmi les forêts qu’elle a inventoriées, une bonne partie sont en danger. En Occitanie, 80 % des vieilles forêts de plaine et 14 % de celles de montagne sont, à terme, menacées.
« Le vivant n’a pas besoin de nous. C’est nous qui avons besoin de lui »
« On fait la course. On se démène mais on ne gagne pas toujours, concède la jeune femme. Nous, on propose aux propriétaires de protéger leur forêt, mais en face les entreprises font miroiter un chèque. » La bataille est inégale d’autant plus qu’il faut parfois déconstruire certains préjugés. « On affronte des blocages socioculturels très ancrés. On croit encore trop souvent que l’homme serait indispensable à la nature. » L’idée qu’un fragment du monde soit laissé à lui-même terrifie. « On nous parle de forêt propre, on postule que les écosystèmes non aménagés seraient inaccomplis ou défaillants. Il faut déconstruire cette forme d’“écopaternalisme”. Le vivant n’a pas besoin de nous. C’est nous qui avons besoin de lui. »
Les vieilles forêts régulent l’invasion des pathogènes et résistent mieux aux catastrophes naturelles et au changement climatique. © Alain Pitton - Reporterre
Encore aujourd’hui, les vieilles forêts ne possèdent pas de statut juridique adéquat pour les protéger pleinement. Ses défenseurs usent de bouts de ficelle. En forêt publique, ils demandent à l’Office national des forêts de créer des réserves biologiques ou de délimiter des îlots de sénescence de quelques hectares au sein desquels on laisse vieillir les arbres. Dans le cas de la forêt privée, ils poussent le propriétaire à signer une obligation réelle environnementale (ORE) par laquelle il s’engage à protéger la biodiversité. Autre possibilité : le contrat Natura 2000 qui permet au propriétaire de recevoir un dédommagement de la part de l’Union européenne. « On rachète aussi de plus en plus de forêts via des conservatoires d’espaces naturels ou des associations, c’est une dynamique en pleine expansion », s’enthousiasme Nathanel Roussel.
« Le but, rappelle-t-il, ce n’est pas de créer des sanctuaires ou des espaces sous cloche à côté du chaos et de l’industrie, mais bien de laisser se déployer la naturalité pour faire vivre tout le territoire. Les vieilles forêts, c’est le phare qui nous éclaire ».
Comment "reconstruire" une forêt ravagée par les flammes et comment vivre avec ce risque après un incendie ? La question va très vite se poser en Gironde. Du côté de l'Ardèche, après un incendie en 2014, des habitants ont pris les choses en main, accompagnés par l’Office nationale des forêts (ONF).
Publié le 21/07/2022 par Etienne Monin - Radio France
Illustration revestoise d'un incendie de forêt : Le mont Combe au lendemain de l'incendie du 30 juin 2005
Photo Katryne Chauvigné-Bourlaud
En déplacement en Gironde après plus d’une semaine d’incendies dévastateurs qui ont brûlé près de 20 800 hectares, Emmanuel Macron a promis mercredi 20 juillet “un grand chantier national pour replanter” la forêt, notamment en lien avec l’Office nationale des forêts (ONF). Mais comment reforme-t-on les forêts calcinées ?
Dans le sud de l'Ardèche, sur la commune de Banne, 80 hectares de forêts sont partis en fumée en 2014. Un petit village de 700 habitants avec de nombreuses résidences secondaires. Une immense forêt en monoculture, comme en Gironde, surplombe le bourg. "C'est essentiellement du pin maritime", précise le maire Jean-Marie Lagagné, un ancien agriculteur.
Le village a fait le choix de replanter partiellement, avec une espèce de pin plus résistante. Un choix qui n'était pas indispensable pour regénérer la forêt, explique Laurent Golliard, de l'ONF : "Le pin maritime est une espèce qui colonise très rapidement les milieux ouverts, qui est très bien adapté à des régénérations après incendies. Cette espèce aurait pu se regénérer après l'incendie et créer une nouvelle forêt", selon l'agent forestier.
"On voulait avoir une espèce différente du pin maritime. Une diversité d'espèces, notamment avec la présence du pin de Salzmann, l'espèce emblématique du coin et à fort enjeu patrimonial", souligne Laurent Golliard.
"L'année qui suit l'incendie, vous avez des semis qui vont apparaître. Et pour faire une forêt d'une dizaine de mètres de hauteur, il faudra attendre environ 30 ans". Laurent Golliard, agent de l'ONF
Depuis, plusieurs départs de feux ont été recensés dans la forêt. Une réserve de sécurité civile a été créée. Aider les agents municipaux en participant au soutien et à l'assistance des populations en cas de crise, faire de la prévention face aux risques de feux de forêts : telles sont les missions de la réserve communale de sécurité civile. Elle est composée des habitants de Banne et d'autres villages. Jean-Marie Lagagné, le maire, explique la démarche : "C'est du bénévolat. On y va avec nos voitures, notre essence. Mais bon... Les gens ont conscience que si on ne fait rien, ça risque de dégénérer et nous serons les premiers perdants".
Aujourd'hui, huit ans après, les traces de l'incendie ont disparu. Pour véritablement adapter la forêt aux incendies, l’ONF a envisagé la plantation de feuillus. Mais ici, le sol est trop contraignant. Et en période de très forte chaleur, les experts considèrent que ce n’est pas suffisamment efficace.
Et au Revest, comment a-t-on reboisé après les incendies des années 1970 ?
Correspondant local de Var-Matin à l'époque, Édouard Fousse relatait 3 campagnes de reboisement :
- 1972 avec les enfants des écoles pour replanter 200 résineux et eucalyptus à Fontanieu et à La Gairouarde, ravagés par l'incendie de 1970.
- En 1978, la mairie distribue aux Revestois des plants de chênes, pins parasols, eucalyptus et cèdres.
- 1984 : grande opération de reboisement au Mont Caume. 10000 plants d'arbres collinaires avec la contribution de la Direction départementale de l'Agriculture et l'Office national de protection des forêts.
Le mercure devrait friser les 40°C cette semaine. Contraintes par la minéralisation, la circulation et les activités industrielles, les villes suffoquent. Des solutions existent pourtant pour les rafraîchir.
Publié le Mardi 12 Juillet 2022 par Marion d'Allard
Pour la deuxième fois en moins d’un mois, le mercure s’affole. Une nouvelle vague de chaleur touche actuellement l’Hexagone avec des températures record attendues cette semaine. Particulièrement touchées, la plaine toulousaine et la vallée du Rhône devraient atteindre les 38 °C à l’ombre.
New York, octobre 2010. Un collectif a repeint en blanc les toits d’un quartier entier. La température moyenne à l’intérieur des immeubles est passée de 46 °C à 26 °C. © France Roberts/Photo12/Alamy
Et tout laisse à penser que la canicule s’installe durablement avec la « remontée progressive sur le pays d’air très chaud en provenance du Maroc et d’Espagne », détaille Météo France. Il faut s’attendre à ce que « des vagues de chaleur semblables à celles observées cette année deviennent plus fréquentes et plus sévères dans les années à venir », note, pour sa part, Carlo Buontempo, directeur du service changement climatique de Copernicus (service européen sur le changement climatique).
Dans un tel contexte, l’adaptation est vitale, singulièrement en ville où les îlots de chaleur urbains (ICU) rendent les citadins particulièrement vulnérables aux hausses de températures. Lors de la canicule de 2003, si la surmortalité dans les campagnes avait atteint 40 %, elle s’était établie à 141 % à Paris.
Espaces publics bétonnés, rejets d’air chaud causés par les activités urbaines (chauffage, transports, éclairage public, climatisation, activités industrielles, circulation routière), limitation de la circulation des vents, captation de la chaleur par les bâtiments… les villes sont des fournaises quand le mercure s’emballe. En 2003, les températures relevées à Paris étaient de 10 °C supérieures à celles enregistrées dans les campagnes ou les zones forestières.
Pour lutter contre ce phénomène, urbanistes et architectes pensent la ville de demain nécessairement plus fraîche. Mais alors que l’Agence internationale de l’énergie table sur une multiplication par trois de l’usage de la climatisation en Europe d’ici à 2050, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie a publié, en mai 2021, une synthèse des solutions durables qui existent pour rafraîchir nos villes.
De la végétalisation (création de parcs et de prairies urbains, plantations d’arbres, verdissement des façades et des toits) à l’accès à l’eau (plans d’eau, fontaines) en passant par la réduction du trafic routier ou la mise en place de structures d’ombrage, de multiples solutions de court terme sont désormais promues pour contrer l’effet des ICU.
Elles sont parfois d’une simplicité confondante. À New York, le collectif White Roof Project a tenté l’expérience de repeindre en blanc les toits d’un quartier entier. Résultat saisissant. En augmentant l’albédo du bâti (la capacité de réflexion des rayons solaires des toitures), la température moyenne à l’intérieur des immeubles est passée de 46 °C à 26 °C quand la température extérieure frôlait les 32 °C. Aux États-Unis, comme ailleurs, le mouvement prend de l’ampleur.
À Caen, une partie du viaduc de Calix a été repeinte en blanc pour éviter les effets de la chaleur sur la structure de l’ouvrage d’art. Comme quoi, la lutte contre les fortes chaleurs est parfois à portée de pinceau.
Contrairement à ce que l'on croit souvent, le cyprès ne symbolise pas le deuil mais l'immortalité, et cela depuis les temps les plus anciens. En Egypte, son bois odoriférant, réputé imputrescible, servait à la fabrication des sarcophages. Chez les Grecs et les Romains, le cyprès ornait les nécropoles, car il était censé communiquer avec les régions souterraines et de ce fait lié au culte d'Hadès, dieu des Enfers.
Dressé comme un pinceau d'un vert sombre et mat, cet arbre silencieux, immobile, impassible, comment pourrait-on imaginer sans lui les paysages du Midi qu'il rythme, qu'il ponctue de ses notes graves ? Cependant, le cyprès n'est pas originaire de Provence ni d'Italie ; sa patrie est l'Asie occidentale, son aire originelle se situerait dans les montagnes du nord de l'Iran. Seulement, depuis des millénaires, l'homme l'a planté sur tout le littoral méditerranéen de l'Europe, comme un signe, comme un symbole. Ici, aligné, il protège les cultures contre le mistral ; là, il monte la garde près d'un mas ; ailleurs, un groupe de ses fuseaux verticaux indique l'emplacement du cimetière, et c'est surtout dans cette fonction que plus au nord on l'emploie, sauf là où les hivers sont rigoureux, car il ne les supporte pas. Les anciens honoraient en lui un guérisseur dont il savaient utiliser les vertus. Les tablettes cunéiformes sumériennes qui relatent l'histoire du héros Gilgamesh attestent déjà que le cyprès était une des plantes les plus usitées dans la pharmacopée.
Il y a quelques 4.000 ans, on employait l'huile extraite de ses feuilles et de ses cônes ou galbules contre tous les désordres du système veineux, en particulier les hémorroïdes, les varices, les troubles de la ménopause. A ces indications, Hippocrate au Vème siècle avant J.C. ajoutait les affections urinaires et Galien au IIème siècle après J.C., la diarrhée. Aujourd'hui encore, la phytothérapie utilise l'action vaso-constrictive des galbules ; en aromathérapie, l'essence de cyprès constitue un remède efficace contre la toux spasmodique. Au IIIème siècle après J.C., le philosophe chrétien Origène voyait dans le cyprès l'image des vertus spirituelles, la bonne odeur qu'il répand étant celle de la sainteté. Il s'agit là d'un symbolisme non seulement très ancien, mais universel. Les mêmes croyances se retrouvent en Chine et au Japon au sujet d'autres espèces, les Chamaecyparis (mot qui vient du grec et signifie cyprès bas, proche de la terre) des botanistes, qui ressemblent au cyprès et appartiennent comme lui à la famille des Cupressacées. Dans la Chine ancienne, on attribuait aux graines de ces conifères le pouvoir de procurer la longérité, la combustion de ces mêmes graines aidait à détecter dans le sol les filons d'or et de jade, substances incorruptibles, donc immortelles. La résine des Chamaecyparis, si l'on s'en frottait les talons, permettait même, croyait-on de marcher sur les eaux, car elle rendait le corps extrêmement lèger. Au Japon, où il forme en montagne de magnifiques forêts, le hinoki est un arbre sacré. On le plante près des temples appartenant au culte shinto, l'antique religion autochtone, et son bois servait à édifier les sanctuaires les plus vénérés, ainsi que le palais de l'empereur, lui-même personnage divin.
Auteur : Jacques Brosse dans La revue d'Information Municipale de Trans en Provence n° 12 - 1986.
La tradition provençale veut que l'on plante un, deux ou trois cyprès chez soi. L'arbre accueille le visiteur devant sa maison ou à l'entrée du jardin en signe de bienvenue. Un cyprès signifie qu'ici on offre à se désaltérer et à se reposer, deux cyprès pour une proposition à se reposer mais aussi à manger et à boire et enfin trois cyprès, pour offrir le gîte pour la nuit ainsi que le couvert.
Les propriétaires d'un mas plantaient deux cyprès à l'entrée de leur propriété. Ces cyprès en plus de la marque d'entrée dans la propriété étaient destinés à devenir les futures poutres maîtresses du toit du mas quand le temps viendrait de refaire la toiture.
Source : Site internet "J'aime le Vaucluse.com"
Publié le 06 juillet 2022 à 09h30 Par Mathieu Dalaine
Un habitant a posté depuis trois ans un piège photographique au Grand Cap, sommet qui surplombe le village. Les apparitions du prédateur "face caméra" y sont fréquentes.
Sur l’un des films, on le voit passer furtivement de son pas souple caractéristique. Sur un autre, pris en début de nuit, il se désaltère en toute tranquillité. Une troisième vidéo, elle aussi en noir et blanc, montre un individu adulte et un juvénile quelques pas plus loin. Le doute n’est guère permis : il s’agit du loup, ce prédateur qui peuple nos territoires depuis plusieurs années maintenant.
Tous ces documents proviennent du même endroit : le Grand Cap. Ceux qui connaissent le lieu, perché à 782mètres d’altitude au-dessus du village du Revest, l’apprécient pour sa quiétude, son panorama à 360° sur la côte ou les contreforts des Alpes. Sans oublier la petite pyramide de Cassini qui trône à son sommet, du nom de ce géographe passé par là au XVIIIe siècle pour y effectuer des relevés nécessaires à l’élaboration d’une carte de France.
C’est ici, depuis trois ans maintenant, qu’un Revestois qui tient à préserver son anonymat vient y poser ses pièges photographiques à vision nocturne. En installant une petite caméra à côté d’un point d’eau ou sur un lieu de passage d’animaux, il s’est vite rendu compte qu’un visiteur pas comme les autres y avait ses habitudes.
"J’ai filmé des cerfs, des daims, des chevreuils, des sangliers ou des renards, explique-t-il. Et puis des loups à plusieurs reprises. On se doutait qu’il était dans le coin; maintenant, on en est sûr." Cet amoureux de la biodiversité a fait authentifier ses vidéos par Philippe Orsini, ancien conservateur du muséum d’histoire naturelle de Toulon. Ce dernier est formel: il s’agit bien du canis lupus, le fameux loup gris.
La première trace ADN (une crotte) de la "bête" sur le territoire du Revest remonterait à 15 ans déjà. Mais les fantasmes qui entourent la bête sont toujours vivaces.
Il va falloir apprendre à vivre avec lui, car il ne partira pas" martèle notre Revestois. "Et il faut arrêter d’avoir peur, car il n’est absolument pas dangereux pour l’homme. Il y a un travail de pédagogie à faire, et ces films y participent.
Et notre interlocuteur de rappeler que lorsque la présence d’un couple d’aigles de Bonelli avait été attestée pour la première fois sur les falaises du Mont Caume, dans les années 80, "on entendait de tout. Les pires rumeurs avaient circulé au sujet de l’animal. Aujourd’hui, celui-ci fait la fierté du village."
D’après le dernier recensement de l’espèce communiqué par la préfecture du Var, fin 2021, vingt-et-une zones de présence permanente du loup ont été relevées dans le département, dont vingt constituées en meutes. La grande majorité de ces zones sont localisées dans le Haut-Var ; quatre concernent aussi le massif de la Sainte-Baume et de Siou-Blanc.
"La pression de la prédation diminue légèrement" avaient expliqué les services de l’État l’an dernier. Au total, en 2021, 336 attaques de loups avaient été recensées causant 1 204 victimes dans les troupeaux de moutons ou de chèvres. Pour y répondre, des tirs de prélèvement sont autorisés : neuf loups avaient ainsi été "détruits" dans le Var l’an dernier.
Le loup gris, disparu en France dans les années 30, est revenu dans l’Hexagone en 1992. Du parc du Mercantour, sa présence s’est développée sur tout le territoire. On estime aujourd’hui sa population à près d’un millier d’individus.
Endommagé au cours d’un orage, le mécanisme des cloches de l’église a fait l’objet d’une réparation. Malheureusement, les nouvelles sonneries ne sont pas au goût de tous les villageois, qui les trouvent plus sonores et plus longues qu’auparavant.
Les cloches de la discorde : querelles de clocher !
"De tout temps, les sonneries des cloches ont attiré toutes les attentions. Il y a la sonnerie de l’église et celle de la tour du sommet du village. Il ne faut pas que l’une ou l’autre sonne onze coups au lieu de douze pour midi: on reçoit tout de suite des coups de fil", assure René Simian, adjoint au maire en charge des travaux.
"Suite à l’incident météorologique, nous avons appelé une société de maintenance. Il est apparemment très difficile de retrouver un logiciel qui propose la même sonnerie d’Angélus. Les choses devraient rentrer dans l’ordre d’ici peu", promet-il.
"Arrêter les cloches le week-end"
Karen et Céline, en charge de l’accueil à la mairie, confirment que le sujet occupe les discussions: "Quand les cloches ne sonnaient plus, nous recevions beaucoup d’appels des habitants inquiets. Depuis qu’elles sonnent à nouveau, on nous demande s’il y a une possibilité de les arrêter le week-end parce qu’elles réveillent, ou de faire en sorte qu’elles sonnent moins longtemps, notamment lors de l’Ave Maria. Certains assurent que la mélodie de l’Angélus a bien trop de variations, voire des sonorités sud-américaines."
Paroissienne de longue date, Jacqueline Régnaud revendique le patrimoine provençal.
"Une église sans ses cloches, c’est comme la Provence sans ses cigales. Il n’y a plus beaucoup d’églises qui sonnent l’Angélus trois fois par jour. Le père Alejendro et le vicaire Jorge, d’origine colombienne, s’occupent de la paroisse du village, de celle de Saint-Pierre Les Moulins et de Notre Dame des Routes. Avec l’aide des paroissiens, ils ont remis à niveau le tocsin de Saint-Pierre Les Moulins, que nous sonnons à la corde, comme cela se faisait autrefois."
Lors de la libération et des bombardements de 1944, l’abbé Eude fit le vœu que si le village était épargné, il ferait rebâtir la chapelle Notre-Dame de Peillon (sur la colline de Costebelle de la campagne du docteur Gineste).
En 1950, on chiffra la réparation à quinze millions d’anciens francs. La somme étant impossible à réunir, l’abbé changea son vœu à l’occasion d’un voyage à Jérusalem, durant lequel il entendit des cloches jouer l’Ave Maria: "Au Revest, l’Ave Maria sonnera trois fois par jour".
Trois des quatre cloches nécessaires furent récupérées sur le port de Toulon en 1962. Chacune porte le nom d’une marraine revestoise de l’époque: Madame Mouttet, une notable, Madame Sauvaire, la femme du maire, et une autre Madame Sauvaire, une paroissienne très active.
Claude Serra
Longues de 6 à 8mètres, les barques ont été découvertes en 1987 au pied de la tour du Mûrier,
à l’occasion de la construction du centre Mayol-Photo DR
Les passionnés d’histoire locale vont être gâtés. Ce samedi après-midi, à l’auditorium de la médiathèque Chalucet, le Centre archéologique du Var propose de partir à la découverte de Telo Martius, le port antique de Toulon. Michel Pasqualini et Alba Ferreira Dominguez, deux experts du CNRS, viendront présenter, lors d’une conférence, les vestiges de l’agglomération portuaire romaine retrouvés ces dernières années. Parmi eux, les fameuses barques à fond plat – horeiae – vieilles de plus de 2000 ans et aujourd’hui conservées à Aix-en-Provence.
"L’événement est organisé dans le cadre des journées européennes de l’archéologie, mais aussi à l’occasion de la sortie de l’ouvrage Toulon (Telo Martius), une agglomération portuaire romaine de la cité d’Arles (1)", explique Marina Valente, directrice du Centre archéologique du Var. "Ca fait des années qu’on attend ce volume, qui raconte l’intérêt des fouilles réalisées du côté du quartier de Besagne ou de l’Equerre et ce qu’elles nous ont appris."
Il aura par exemple fallu les "découvertes inédites et spectaculaires" faites en ville dans les années 80 par les archéologues, pour comprendre que Toulon n’a pas attendu le Ve siècle et son élévation au rang d’évêché pour acquérir de l’importance. Sous la direction de Jean-Pierre Brun, Michel Pasqualini, Giulia Boetto et Emmanuel Botte, le livre dépeint une agglomération portuaire organisée et active dès le Ier siècle de notre ère, avec ses quais, voies et entrepôts, ses habitations, boutiques, installations artisanales et aménagements hydrauliques.
"Le mobilier conservé dans la vase du port nous renseigne sur le trafic portuaire entre les Ier et IIIe siècles de notre ère", expliquent les auteurs. "La découverte de cinq épaves, dont deux de forme inédite, nous suggère le type de bateaux qui accostaient aux appontements en bois."
Ceux qui rêvent par contre d’apercevoir les fameuses embarcations devront patienter… le temps de la construction d’un hypothétique grand musée de l’archéologie varoise. N’en déplaise aux passionnés d’histoire locale, leur retour à Toulon n’est toujours pas d’actualité.
L'abbé Eude raconte dans ses souvenirs :
"Sur la colline de Costebelle, campagne du Dr Gineste, il y avait une chapelle : N.D. de Peillon ; 1944 au Revest, bombardements le jour du 15 août. Vœux à ND de Piété : rebâtir la chapelle si le village sort intact de la guerre. Le matin du dimanche après le 15 août, arrivent par Montrieux 3000 soldats. Toute la nuit, le village est resté sous le tir des batteries de Malbousquet. Le village est resté sauf. Mais pour réparer la chapelle en 1950, il fallait 15 millions. Alors comment faire ?
En 1970, maman m'a payé le voyage à Jérusalem. Quand on sort de l'église de Bethléem, les cloches jouent l'Ave Maria de Lourdes (grande émotion). Alors, j'ai trouvé : changer le vœu de N.D. de Peillon - étude à projet : nous gardons la cloche du Revest (qui fut fondue en ayant vendu le trésor du Revest). Avec la cloche du Revest, on a ajouté 3 cloches pour faire la sonnerie de l'Ave Maria : 7h, 12h, 19h. Ce n'est pas le seul, mais un des rares villages de Provence, où sonne l'Angélus chaque jour avec l'Ave Maria de Lourdes. Mais il faut le rectifier, l'harmoniser, régler, l'adapter aux changements d'heure."
Jacqueline Regnaud précise :
"Trois des quatre cloches viennent d'Algérie, tout comme les bancs et le chemin de croix, récupérés sur le port de Toulon au moment de l'indépendance en 1962 par l'Abbé Eude.
Elles ont été baptisées par l'Abbé et chacune des trois porte le nom de sa marraine ; Mme Mouttet, Mme Sauvaire (la femme du Maire de l'époque) et Mme Sauvaire, une voisine habitant juste au-dessus de l'église et qui était très présente dans la vie paroissiale.
Les noms des marraines sont gravés dessus, mais il faut monter dans le clocher pour aller vérifier.
Source : Jacqueline Régnaud, mars 2017 - Souvenirs de l'Abbé Eude.
Les sapeurs-pompiers du Var ont engagé un dispositif conséquent pour maîtriser un départ de feu dans un espace naturel du côté du baou de Quatre Oures, l’un des monts toulonnais situé à l’ouest de la ville-préfecture.
Publié le 09/06/2022 à 17:07
Selon le service départemental d’incendie et de secours, deux groupes d’attaque ont été mobilisés, soit huit engins de lutte feux de forêts, un poste de commandement, un chef de groupe et un chef de colonne (trente-sept sapeurs-pompiers au total).
Ces deux derniers jours, l’accès aux massifs forestiers du Var a été interdit par arrêté préfectoral à cause d’un risque d’incendie aggravé par un mistral fort et la sécheresse.
Cordiste, ce Revestois exécute des travaux de maçonnerie sur les toits de Toulon, qu’il s’est mis à photographier au fil des ans. Jusqu’à vouloir en faire profiter le public.
Publié le 07/06/2022 à 16:34 par Mathieu Dalaine
Cordiste de profession, le Revestois Christian Maurel arpente les toits toulonnais dans le cadre de sa profession et en profite pour faire des photos surprenantes sur la commune. Photo Frank Muller
Au royaume des vieilles tuiles, graffeurs et monte-en-l’air sont rois. C’est ici aussi, sur les toits du centre-ville de Toulon, que Christian Maurel passe l’essentiel de ses journées. Depuis trente ans, ce travailleur acrobatique répare les verrières, les châssis à tabatière et traque les fuites d’eau de ce palais à ciel ouvert; le tout suspendu à vingt mètres au-dessus du sol.
"Et puis, un jour, alors même que je venais de m’offrir un appareil photo, je me retourne et prends conscience que c’est ça qu’il faut photographier…" Ça, c’est le paysage azur et ocre qui s’ouvre devant lui, où s’empilent le haut des immeubles anciens et le bleu de la Méditerranée. Cheminées, puits de lumière, balcons oubliés se révèlent comme depuis aucun autre promontoire toulonnais.
Christian voit plus loin. "J’ai imaginé des cadres qui mettaient en valeur mes clichés: des créations en forme de grue, d’échafaudage, d’altana… Je dois maintenant trouver un lieu suffisamment grand pour que je puisse les exposer! Mais mon titre est tout trouvé: ‘‘Entre toits, émoi’’".
En plein travail au-dessus du boulevard de Strasbourg, Christian Maurel a pris la pose. Il œuvrait ce jour-là à refaire l’étanchéité d’un altana. Photo Frank Muller
Ces verrières pyramidales ou coniques, au nombre de 150 à Toulon, visent à apporter de la lumière dans les cages d’escalier.
C’est au milieu du XIXe siècle, alors qu’est adopté le principe d’une surélévation des immeubles du centre, que les premiers ont vu le jour.
Christian confie avoir pris plus de 500 photos des toits de Toulon.
"Suivant l’heure, l’orientation, la météo, les paysages se transforment".
À Besagne, la ligne d’horizon se compose de silhouettes de frégate et de paquebot, ainsi que des grues du port militaire.
Quand la luminosité tombe, la vieille ville semble happée par le bleu de la mer.
Depuis 2012, le photographe voit l'évolution du centre ancien Photo DR.
"Mon travail est à la fois esthétique et historique".
Depuis 2012 qu’il s’est mis à photographier tous azimuts, Christian Maurel a vu l’évolution du centre ancien, comme ici l’îlot Baudin avant sa réhabilitation.
"La transformation est réellement impressionnante", assure celui-ci.
La richesse des toits de Toulon et ses grues. Photo DR.
Le cap Sicié et la rade en toile de fond. Les toits de Toulon et leurs tuiles montrent leur richesse. "On découvre des balcons cachés, des nids de gabians entre les cheminées, du linge suspendu…", détaille Christian Maurel.
Et toujours ces grues que les photographies officielles oublient souvent de montrer lorsque l’objectif s’oriente vers la mer.
Le beffroi de l’ancienne Caisse d’Épargne, qui surplombe aujourd’hui l’opéra, est l’un des joyaux "aériens" des toits de Toulon. Photo DR.
Érigé en 1895, le beffroi de l’ancienne Caisse d’Épargne, qui surplombe aujourd’hui l’opéra, est l’un des joyaux "aériens" des toits de Toulon. "Avec le campanile de la cathédrale, la toiture de l’ancien palais de justice ou les halles, évidemment", sourit Christian Maurel
Un portulan médiéval découvert dans un registre de notaire du XVIe siècle !
Au détour d'une recherche en salle, une lectrice assidue, Madame Germain, a découvert un portulan médiéval en parchemin réutilisé comme couverture d'un registre de notaire du XVIe siècle. Cette carte représente la côte orientale de la Méditerranée : Egypte, Grèce et mer noire. Voulant approfondir le sujet, nous sommes allés vérifier dans les autres registres de l'étude et nous avons découvert dans un autre registre l'autre moitié de cette même carte représentant cette fois la Méditerranée occidentale : Italie, Sardaigne, Corse et même les côtes provençales ! Il pourrait s'agir d'un portulan de la deuxième moitié du XVe siècle attribué au cartographe Petrus Roselli de l'école majorquine de cartographie.
Le béton couvre les champs : entre 1970 et 2020, l’équivalent de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a disparu, selon un rapport de la Safer, la fédération chargée de réguler le foncier agricole.
Les terres agricoles sont en piteux état. C’est ce que décrit la dernière édition du rapport annuel de l’antenne nationale des sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer), publié le 24 mai. L’organisme y dresse un panorama inquiétant de l’état du marché foncier rural. Urbanisation, concentration des exploitations, accaparement des terres… Ces dynamiques se sont accentuées l’année dernière, mettant en péril l’essor d’un modèle agricole respectueux du vivant.
Premier constat : l’urbanisation s’est envolée en 2021. 33 600 hectares de terres agricoles (soit l’équivalent de 48 000 terrains de foot) ont été vendus pour être artificialisés. Cela représente une hausse de 23,5 % par rapport à 2020. Ce niveau est « inédit » depuis 2009, précise le rapport. Le bétonnage est particulièrement marquée sur la côte ouest du territoire et dans l’arrière-pays méditerranéen. Les responsables, note le rapport, sont tout autant les particuliers que les personnes morales de droit privé (sociétés commerciales, associations, fondations…).
La Safer explique cette hausse spectaculaire par la relance de l’économie post-confinement. Autre hypothèse : les acteurs privés ont peut-être anticipé certaines restrictions de la loi « Climat et résilience », qui fixe l’objectif de « zéro artificialisation nette » en 2050. L’approche de sa mise en application a peut-être « accéléré » les projets immobiliers, suggère l’organisme, et incité les bétonneurs à se ruer sur les terres agricoles avant qu’il ne soit trop tard.
Quelles que soient les raisons de ce boom, les conséquences sont là : toujours plus de construction, et toujours moins de champs. Entre 1970 et 2020, la surface agricole a reculé de 10,2 %, rappelle la Safer. Cela représente 3 millions d’hectares. Soit quasi exactement la taille de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Ce phénomène peut interroger : le marché des terres agricoles est en théorie régulé par les Safer, qui jouent un rôle de « gendarme » du foncier rural. Toute vente doit obligatoirement être signalée aux Safer locales. Si elles considèrent que le prix d’achat, l’acheteur ou son projet ne sont pas adéquats, elles peuvent « casser » la transaction en utilisant leur droit de préemption, et choisir elles-mêmes le nouvel acquéreur. Comment se fait-il que l’urbanisation de terres agricoles passe sous leur radar ?
« Ce sont les collectivités locales qui décident de l’usage du foncier dans leurs territoires, explique à Reporterre le président de la fédération nationale des Safer, Emmanuel Hyest. Si elles décident [dans leur plan local d’urbanisme, PLU] de transformer un terrain classé comme agricole en une “zone à urbaniser”, les Safer ne peuvent plus intervenir. »
En parallèle, le marché des maisons de campagne (c’est-à-dire les résidences secondaires vendues avec un terrain agricole ou naturel de moins de 5 hectares) a lui aussi explosé. Le nombre de transactions a augmenté de 21,3 % depuis 2020 (à titre de comparaison, le marché immobilier du logement ancien a progressé de 12 % en un an). 76 600 hectares sont concernés. La Bretagne, l’est de la Méditerranée et les alentours des Alpes sont les régions les plus prisées par les acheteurs, souvent originaires de grandes villes comme Paris, Lyon ou Marseille.
Il est, là encore, difficile pour les Safer de préserver les terres agricoles qui font partie de ces propriétés : « Quand la Safer les préempte partiellement, il arrive que le propriétaire propose de vendre le bâti en même temps, raconte Emmanuel Hyest. Ce n’est pas facile pour la Safer d’accepter : il faut être sûr qu’un agriculteur va vouloir tout reprendre, ce qui est rarement le cas. Un agriculteur ne va pas acheter une maison pour récupérer cinq hectares. » Ce grignotage discret des terres par les particuliers se fait « au détriment de l’agriculture de production », explique-t-il.
Un autre nuage noir flotte au-dessus des champs : celui de l’agrandissement « excessif » des exploitations. Entre 1970 et 2020, leur nombre a diminué de 76 %, passant de 1 588 000 à 389 500. Leur taille n’a quant à elle fait que gonfler : sur la même période, elle a été multipliée par 3,64 (évoluant, en moyenne, de 18,8 à 68,6 hectares). Les fermes sont de plus en plus grandes, et les agriculteurs, eux, de moins en moins nombreux.
Ces agrandissements vont de pair avec le déclin progressif des exploitations individuelles, au profit de sociétés agricoles. En 1970, 99,7 % des fermes étaient détenues par une seule personne. En 2020, elles ne représentaient plus que 58,4 % des exploitations agricoles. Le reste (41,6 %) existe sous forme de sociétés d’exploitation. La plupart du temps, ces sociétés sont mises en place pour faciliter la transmission familiale. Selon les estimations d’Emmanuel Hyest, environ 20 % d’entre elles se livrent cependant à un usage « détourné » des formes sociétaires. Les Safer n’ont en effet, pour le moment, aucun droit de regard sur les cessions de parts des sociétés. La forme sociétaire permet à des agriculteurs de revendre leurs terres aux mieux-disants, sans aucun contrôle. Cela facilite l’accaparement de milliers d’hectares de terres par des exploitants intensifs ou des groupes industriels, comme l’a documenté la journaliste Lucile Leclair dans son livre Hold-up sur la terre (Éditions du Seuil / Reporterre).
Les jeunes agriculteurs et la biodiversité sont les premières victimes de ce phénomène. Lorsque des petites fermes sont absorbées par de plus grosses structures, c’est souvent pour les remplacer par des systèmes de production peu écologiques. Les fermes à taille humaine (et notamment les élevages) disparaissent, au profit d’exploitations immenses et fortement mécanisées. La plupart du temps, elles sont dédiées à la monoculture de céréales à grand renfort de pesticides et d’engrais de synthèse. Cette uniformisation du paysage agricole « a un impact négatif sur la biodiversité, l’entretien des paysages et la résilience de l’agriculture face aux aléas climatiques », prévient la Safer. Elle empêche également une nouvelle génération d’agriculteurs, souvent portés sur l’agroécologie, de s’installer.
« Ce qu’il faut, c’est avoir des agriculteurs partout sur le territoire, avec des productions diverses », estime Emmanuel Hyest. Les menaces qui s’exercent sur le foncier mettent selon lui en péril la résilience du pays. « Tous les documents d’urbanisme disent qu’il faut avoir la consommation la plus sobre possible des terres agricoles. Désormais, il faut faire respecter l’esprit de ces lois. »
Pour le moment, la Safer ne contrôle pas les cessions de parts des société agricoles, ce qui l’empêche de lutter efficacement contre l’accaparement des terres. La loi Sempastous, qui devrait entrer en vigueur d’ici la fin de l’année, pourrait changer la donne. « Nous pourrons désormais intervenir, explique Emmanuel Hyest. Dans le cadre des exploitations reprises hors cadre familial et au-delà d’une certaine surface, nous pourrons autoriser la transmission des parts, donner un agrément sous condition (par exemple en exigeant la réorientation d’une partie des terres vers les jeunes agriculteurs), ou refuser l’agrément. »
Cette nouvelle loi parviendra-t-elle pour autant à freiner l’appétit foncier des multinationales ? Dans son livre Hold-up sur la terre, la journaliste Lucile Leclair émet quelques doutes. Les règles du marché des ventes de sociétés sont plus souples que celles du marché foncier classique, explique-t-elle. Si les entreprises parviennent à convaincre les autorités que leur projet contribue au développement du territoire, elles pourront obtenir un laissez-passer. Les « mesures compensatoires » évoquées dans le texte pourraient par ailleurs avoir des effets pervers. Le principe est d’autoriser de grands groupes à acheter des terres, à condition qu’ils cèdent quelques hectares à de jeunes agriculteurs en contrepartie. « On pourrait se retrouver avec une majorité de mégafermes côtoyant des petites fermes se développant sur les surfaces que l’agro-industrie veut bien céder, écrit la journaliste. L’essentiel est là : dans ce système, un modèle agricole domine l’autre. »
Du haut de ces 35 mètres, 110 ans nous contemplent. Érigé en 1912, le barrage du Revest ne fait pourtant pas son âge. Et pour cause: depuis 18 mois, un gigantesque chantier a été lancé par la Métropole TPM, son propriétaire, pour redonner à l’ouvrage une seconde jeunesse. Non que la retenue menaçait ruine – la maçonnerie d’origine est en bon état – mais l’Etat avait jugé prudent des travaux d’agrandissement de l’évacuateur de crues, de remise en service de la centrale hydroélectrique ou de confortement de la structure.
C’est l’entreprise NGE qui s’est chargée du génie civil, coulant pour l’occasion près de 7.000m3 de béton. Coût total de cette opération lifting: neuf millions d’euros. En octobre, la dernière pierre sera apportée à l’édifice; lequel sera prêt à affronter sans trembler les 110 prochaines années. Il fallait ça, sans doute: rappelons que plus d’un tiers de l’eau potable consommée par les Toulonnais est produite grâce au barrage.
1 Pour le chantier, la retenue de Dardennes et son million de m3 d’eau (à plein) ont été vidangés entièrement il y a un an. Une opération de pêche de sauvetage avait même été conduite pour transférer les poissons attrapés vers le lac de Carcès. Cela permet de découvrir un paysage fait de restanques, reliques d’un passé agricole florissant avant la construction du barrage. Début mai, les vannes ont toutefois été fermées et le réservoir, alimenté par un réseau karstique dépendant des pluies, est progressivement remis en eau.
2 "La première phase du chantier a consisté à élargir l’évacuateur de crues", note Vincent Skarbek, directeur des travaux pour NGE. Prévu pour un débit de 110m3 d’eau par seconde, ce grand caniveau de béton, qui accueille le trop-plein quand le lac déborde, est désormais capable d’encaisser une crue milénale et un débit deux fois supérieur. Objectif: mieux évacuer l’eau dans le Las et faire baisser la pression sur le barrage.
3 Elle ne fonctionnait plus depuis des années. Au pied du barrage, la micro centrale hydro-électrique a été modernisée et relancée, nouvelle turbine à l’appui. "L’idée est de produire de l’électricité pour alimenter l’usine de potabilisation de l’eau et de redistribuer le surplus d’énergie dans le réseau", résume Vincent Skarbek.
4 Dernière étape: "On va conforter le barrage avec un remblai fait de terre et de blocs de pierre, qui n’existait pas jusqu’alors", poursuit Vincent Skarbek.70% de ces matériaux proviennent du chantier. Haut de 17mètres, cette carapace va permettre d’accroître sensiblement la résistance de l’ouvrage de 154mètres de long.
5 Route fermée depuis deux ans au pied du barrage, jusqu’à 50 techniciens sur place, apport d’une raboteuse minière de 50 tonnes venue d’Italie pour grignoter la roche, contraintes techniques rares…: "Ce chantier a été en tous points exceptionnels", conclut Vincent Skarbek.
Les chapelles sont partout en Provence... Au cœur ou à la périphérie de chaque ville, de chaque village, de chaque hameau, érigées au sommet des montagnes, lovées au fond des gorges, émergeant des garrigues sauvages en gardiennes des champs, des vignes et des vergers, cachées au profond des forêts, dressées en bienveillantes vigies au-dessus de nos côtes... Quelle foi a poussé nos ancêtres à couvrir ce pays de ces témoignages de leur piété, de leurs espoirs mais aussi de leurs craintes ? Le christianisme a pénétré très tôt en Provence. Probablement dès la fin du 1er siècle de notre ère, s'il faut en croire la légende des saintes Maries échouées en Camargue ; et il faut croire aux légendes, car elles portent la vérité du cœur. Mais l'histoire nous enseigne aussi qu'au III° siècle, Arles est déjà le siège d'un évêché et c'est dans cette ville, en 314, que se tint le premier concile de l’Église alors que l'empereur Constantin 1er vient à peine de reconnaître la nouvelle religion. C'est dire l'implantation ancienne et profonde du christianisme dans la belle Provincia. Mais la religiosité des Provençaux a des racines plus profondes encore. Sous bien des édifices chrétiens dorment les vestiges de temples païens gallo-romains, recouvrant eux-mêmes quelquefois des lieux de culte celto-ligures.
La Chapelle de Tourris ©Cécile di Costanzo
Les vierges noires et certains saints sont les héritiers d'anciens cultes agraires de fécondité. Ils en marquent à la fois la continuité et la mutation ; continuité, car, dans une Provence rurale à 80% jusqu'au début du XXème siècle, le paysan est d'abord préoccupé par le cycle des saisons, le temps qu'il fera et le rendement des cultures qui le nourrissent ; mutation, car la religion catholique substitue aux rites magico-religieux l'engagement de la foi personnelle. Ce changement de mentalité et de croyance profonde mettra plusieurs siècles à s'imposer au peuple. Car ce peuple est durement éprouvé : la famine le guette, la maladie le frappe cruellement, la peste le décime périodiquement, les barbares et les sarrasins le razzient et les seigneurs et les rois censés le protéger le plongent dans des guerres incessantes et meurtrières. Dans ces temps difficiles, les hommes demandent d'abord à Dieu aide et protection dans la vie présente et promesse d'une vie future... La Vierge et les saints qui sont perçus comme plus accessibles, plus humains, deviennent des intercesseurs privilégiés ; d'où une multitude de chapelles qui leur sont dédiées. Pourtant, au tournant de l'an mille, un miracle se produit. Un formidable essor religieux génère une vague de constructions, jamais égalée depuis. Du XI° au XII° siècle, l'Europe entière se couvre d'abbayes, de cathédrales, d'églises et de chapelles. Innovations architecturales et élan de foi s'unissent.
Notre-Dame du Pieloun sur la colline de Costebelle au Revest
C'est l'âge roman, le temps des grands pèlerinages, des croisades, des abbayes conquérantes, de la course aux reliques ; la réforme grégorienne assainit l’Église, qui est au faîte de sa puissance, le Christ règne en souverain des esprits et le culte marial s'impose partout... Le visage de la Provence en est durablement transformé. Jusqu'aux coins les plus reculés du pays, églises et chapelles lèvent comme moissons en été... Humbles ou fières, simples ou monumentales, les chapelles romanes ponctuent le paysage provençal. Dix siècles après, certaines, construites avec autant de soins que des cathédrales, n'ont presque pas bougé. D'autres ont été profondément remaniées. Dans leurs pierres, on lit l'évolution des styles, les flux et reflux des croyances et les vicissitudes de l'histoire. La Provence restera longtemps fidèle au modèle roman. Le style gothique, né en Île-de-France au XIII° siècle, n'aura que peu d'influence ici ; quelques villes y sont sensibles ( Avignon, Aix...), mais les campagnes lui sont réfractaires. Jusqu'au XV° siècle et même au-delà, on continue à construire selon le modèle roman.
La chapelle des Moulins
Il faudra attendre le XVI° siècle pour que la construction change. Les édifices sont plus vastes, mais construits en moellons et couverts d'un toit de tuiles sur charpente. Rare est la pierre de taille, les plans sont confus, les chevets sont plats et le décor sculpté disparaît... Heureusement, quelques fresques qui ornaient les murs nous sont parvenues. Les deux styles issus de la Renaissance, l'un fondé sur la raison, le classique, l'autre nourrit par la passion, le baroque, ont peu d'écho dans l'architecture religieuse locale, mais ils se retrouvent à l'intérieur des édifices, façonnant de magnifiques retables qui ornent le chœur des sanctuaires. Après la Révolution, qui a beaucoup détruit, le XIX° siècle s'est surtout attaché à reconstruire et à regagner les âmes. Il n'en ressort aucun style, car ses bâtisseurs n'ont fait que copier les styles précédents (néogothique en néo classique, romano-byzantin...). Le XX° siècle a vu la réalisation de quelques rares mais superbes œuvres. Les matériaux nouveaux ( béton, verre...) y sont au service d'un indéniable élan spirituel. Il faut aussi mettre à l'actif du présent l'effort considérable de restauration et de revalorisation du patrimoine religieux produit par les fidèles, des associations et des collectivités locales. Le plus remarquable enfin, c'est que beaucoup de ces lieux vivent ou revivent grâce au maintien et à la relance des pèlerinages et des fêtes locales.
Source : Chapelles de Provence - Serge Panarotto - Édisud. Photos du site Provence à vivre