Et si planter des arbres permettait de lutter contre la sécheresse induite par le changement climatique ? L’idée n’est pas si saugrenue, à en croire une publication parue le 5 juillet dans la revue Nature Geoscience. “Une nouvelle étude a révélé que la conversion de terres agricoles en forêts augmenterait les pluies estivales de 7,6 % en moyenne”, rapporte la BBC.
Les chercheurs de l’Institut des sciences du climat et de l’atmosphère de Zurich ainsi qu’une ingénieure britannique ont utilisé un modèle statistique fondé sur des données d’observation en forêt pour estimer la façon dont la couverture forestière influence la pluviométrie sur l’ensemble du continent, précise le média public britannique.
Ils en ont déduit qu’avec une augmentation de 20 % la surface forestière les précipitations augmenteraient dans les régions côtières en hiver et, surtout, dans les régions venteuses en été. Un résultat intéressant, alors que le dérèglement climatique fait craindre une augmentation et une intensification des épisodes de sécheresse.
Les raisons de ce phénomène sont encore incertaines. Parmi les possibilités, souligne la BBC : le fait que l’air nuageux reste plus longtemps au-dessus des zones boisées, la nature plus “rugueuse” des arbres pouvant déclencher la pluie, et la tendance des nouvelles forêts à évacuer davantage d’humidité dans l’atmosphère que les terres agricoles.
Pour autant, les chercheurs balaient de la main l’idée que la reforestation puisse suffire à lutter contre le dérèglement climatique. D’une part, reboiser dans un pays peut affecter la météorologie d’un pays voisin. D’autre part, cela ne compensera pas l’influence des émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique. Enfin, les auteurs soulignent que la plantation d’arbres peut avoir des conséquences négatives, en particulier dans les zones où le dérèglement climatique a déjà intensifié les précipitations.
Publié le 07 mai 2021 à 18h00 Par Sophie Casals
Pour rendre les étés plus vivables en ville et lutter contre la pollution de l'air, la végétation est essentielle. Or c'est aujourd'hui qu'on plante les arbres qui rendront nos villes moins étouffantes en été dans 20 ans. Faut-il continuer à choisir des platanes, pins et palmiers ? Privilégier des essences plus adaptées aux besoins ? Lesquelles ?
Les arbres, par l'ombre qu'ils procurent, aident à lutter contre les îlots de chaleur urbains. Or, dans 20 ans, ce phénomène va s'accentuer.
C'est aujourd'hui qu'on plante les essences qui rendront nos villes moins étouffantes en été. "Il faut veiller à planter les bonnes espèces et avoir une vision sur la forêt urbaine dans 20 ou 50 ans", invite Philippe Rossello, géographe et coordinateur du Groupe régional d’experts sur le climat en région Sud (GREC-SUD).
Les platanes ou marronniers, choisis il y a 50 ou 100 ans, ne correspondent plus aux besoins d'aujourd'hui. Le choix doit se porter sur d'autres essences. Voilà pourquoi.
Demain, avec des sécheresses plus longues et plus fréquentes dans la région, les ressources en eau vont diminuer. "On doit se poser ces questions : le type d'arbre que je plante résiste-t-il au stress hydrique et provoque-t-il de l'évapotranspiration." L'humidité que génèrent les plantes permet de rafraîchir l'air. L'effet peut aller de 0,5°C à 2°C. "Or, par exemple, le pin d'Alep qui colonise la forêt méditerranéenne, a une faible évapotranspiration."
Par ailleurs, les arbres qui procurent de l'ombre doivent être privilégiés.
"Le palmier est décoratif mais il n'est pas le plus efficace pour l'ombre, et comme le pied est très haut, on a moins cet effet de fraîcheur," note Antoine Nicault, coordinateur du GREC-SUD.
Autre critère de sélection : la capacité à filtrer l'air. L'arbre absorbe le CO2 de l'atmosphère et capte d'autres polluants.
"Il faut retenir des espèces qui ont la capacité d'éliminer ces particules en suspension", poursuit Philippe Rossello.
Or certains arbres émettent des composés chimiques volatils (COV) qui peuvent contribuer à dégrader la qualité de l’air. Ils jouent un rôle amplificateur dans la pollution urbaine à l’ozone pendant les périodes de fortes chaleurs, révèle une étude réalisée par l'Université de Berlin, qui cite parmi les arbres les plus émetteurs : le platane.
Les arbres à privilégier sont donc, des arbres à feuillage caduc, avec peu de branchages, qui n'apportent pas de nouveaux allergènes et répondent à ces deux enjeux majeurs de la pollution de l'air et du réchauffement climatique.
"L'érable, le cèdre de l'Atlas, l'aubépine et le charme commun", liste Philippe Rossello.
Mais il n'est pas question de faire table rase des platanes, marronniers et pins qui ombragent nos villes depuis des décennies.
"On va juste petit à petit intégrer ces nouvelles espèces", poursuit le géographe.
Planter plusieurs variétés permet au peuplement d'arbres de résister à la chaleur. Ces espèces mixtes vont ainsi se protéger entre elles.
Il conseille d'éviter le cyprès, particulièrement allergène.
"Le long des grands axes de circulation pour protéger les habitations mitoyennes des afflux de polluants, mais aussi dans les zones piétonnes, à proximité des écoles, des maisons de retraite, des hôpitaux", expliquait Pascal Mittermaier en charge de la place de la nature au sein des villes pour Nature Conservancy, à nos confrères du Monde.
Et veiller à ne pas planter de manière trop dense pour que les polluants ne se concentrent pas sous les arbres, à hauteur des piétons.