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Contre la sécheresse, une forêt comestible s’épanouit dans l’Hérault
Mon 16 May - 21:08

Au creux d’une vallée du Haut-Languedoc, Delphine et Daniel entendaient reboiser tout en « recouvrant leur autonomie alimentaire ». Résultat : une forêt comestible fraîche et nourricière, à fois éponge et parasol.
Saint-Étienne-d’Albagnan (Hérault), reportage

Forêt Jardin

C’est un jardin-forêt extraordinaire. Un petit sentier serpente à travers une végétation touffue. À chaque pas, une plante comestible se dévoile. Delphine égraine des noms appétissants : fraisier des bois, oranger rustique, asiminier « aux saveurs de banane et de mangue », palmier abricot. « Nous sommes entourés de nourriture », sourit-elle. Une légère brise caresse son visage. Malgré le soleil brûlant, l’air semble humide et frais sous la canopée. « Le sol d’une forêt retient huit fois plus d’eau que celui d’un champ, explique Daniel. C’est la vraie solution face à la sécheresse. »

Alors que la France traverse une vague de chaleur précoce et que plusieurs départements sont déjà en alerte sécheresse, la forêt jardinée de Delphine et Daniel, nichée au creux d’une vallée du Haut-Languedoc, est un havre de paix. Les premiers jardins-vergers ont été créés par des adeptes de la permaculture [1] « dans l’idée de suivre le modèle de la forêt naturelle, mais en y semant des espèces comestibles », dit Daniel. Les avantages sont multiples : « On restaure les sols, on préserve la biodiversité — beaucoup plus riche dans une forêt que sur un terrain nu — on produit de la nourriture en respectant la nature et en économisant l’eau. »

Forêt JardinDes fraises récoltées dans leur forêt-comestible.

À l’abri des chênes verts, Delphine désigne délicatement un jeune poirier, planté l’année dernière, et « jamais arrosé ». « Le sol forestier est plus riche en humus, il s’érode peu, et stocke donc plus d’eau, détaille-t-elle. Les arbres semés en direct [à partir du noyau et du pépin, et non pas après avoir grandi en pot] développent des racines profondes, leur permettant d’aller chercher des ressources loin dans la terre. » Sous les cimes, il y a aussi plus d’ombre et moins de vent. Éponge, parasol, paravent… Autant d’atouts face aux dérèglements du climat. Pour contrer la désertification, l’ONU a d’ailleurs fait de la reforestation une priorité absolue. Les jardiniers permaculteurs entendent pour leur part faire coup double : reboiser tout en « recouvrant notre autonomie alimentaire », soutient Daniel.

Forêt JardinDes panneaux solaires leur permettent d’être autonomes en électricité

« Nous agissons comme nos cousins primates, en disperseurs de graines, en semeurs de vie »

Certains pionniers, comme Fabrice Desjours, en Bourgogne, sont partis d’un terrain nu, où ils ont peu à peu fait fructifier plantes à baies, tubercules et fruitiers. Leur studio parisien vendu, Delphine et Daniel ont préféré acheter une vingtaine d’hectares de bois et de vignes en friche. « Le sol était abîmé par l’érosion et les produits chimiques, les ronces s’étaient installées sur une partie du terrain », se rappelle Delphine, ancienne luthière. En moins de trois ans, ils ont transformé 1 300 mètres carrés de broussailles parsemées de chênes en une petite oasis. Plus de 400 plantes ont été dispersées, certaines sont bien connues, d’autres oubliées — tel le cormier — et d’autres encore plus exotiques, comme le laurier des Iroquois. Des plantations mûrement réfléchies, afin que chaque espèce se retrouve au meilleur endroit possible en fonction de ses besoins en ombre, en espace. « Nous agissons ici comme nos cousins primates, en disperseurs de graines, en semeurs de vie, dit Daniel, ex-informaticien originaire des États-Unis. L’humain n’est pas néfaste pour la nature s’il se contente de remplir son rôle écosystémique. »

Forêt JardinDe la consoude officinale — une plante médicinale et comestible

Pour ces deux autodidactes, la forêt-jardin n’a rien d’une utopie. « Chaque famille qui dispose d’un peu de terrain peut se lancer, assurent-ils. Il faut environ 700 mètres carrés pour assurer la production alimentaire d’une personne. » Doté de forêts comestibles, un septième du territoire de l’Hérault permettrait ainsi de nourrir sa population [2]. « Cela voudrait dire manger beaucoup moins de viande pour libérer des terres, car l’élevage prend beaucoup de place », estime Daniel. Et libérer du temps : car l’un des principaux obstacles à la création de jardins-vergers reste la main-d’œuvre nécessaire, tout le travail devant être fait manuellement. « On y consacre l’équivalent d’un mi-temps chacun », relativise le jardinier, qui réfléchit à créer des forêts nourricières communales, en plantant des haies fruitières au sein et autour des villages. « Jusqu’ici nous avons été une civilisation de l’herbe, dit Delphine, nous devons devenir une civilisation de l’arbre. »

Forêt Jardin

« Le sol d’une forêt retient huit fois plus d’eau que celui d’un champ. C’est la vraie solution face à la sécheresse. »

Les deux trentenaires vivent pour le moment sur leurs économies, en limitant leurs besoins. Ils ont fait leur la phrase de Gandhi, « sois le changement que tu veux voir dans le monde ». Autonomie alimentaire, panneaux solaires en autoconsommation, réutilisation des eaux grises pour arroser les jeunes plantes qui en ont besoin, toilettes sèches et shampoing à sec. « Nous consommons 14 litres d’eau par jour chacun, soit dix fois moins que la moyenne nationale », souligne Delphine. Par la suite, ils projettent de développer une pépinière, pour vendre des plants à celles et à ceux qui voudraient tenter de cultiver une forêt. Mais surtout, ils espèrent accueillir stagiaires et autres curieux, et déployer peu à peu leur jardin, afin de créer « un petit coin de paradis ».

Forêt Jardin

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https://reporterre.net/Contre-la-secheresse-une-foret-comestible-s-epanouit-dans-l-Herault
Pourquoi le sommet du mont Faron n'a plus de forêt - GénéProvence
Mon 25 Apr - 08:19

Le mont Faron est cette colline calcaire, de la forme d’une crête, qui surplombe Toulon (Var) et que l’on ne peut manquer d’apercevoir lorsqu’on aborde la ville par la mer. Culminant à 584 mètres d’altitude sur une longueur d’environ 3 kilomètres d’ouest en est, la colline présente une histoire singulière, notamment la période qui débute au XVIIe siècle, avec la construction d’un réseau de fortifications dont le but est d’assurer la protection d’une ville consacrée à la Marine royale.

Mais la protection qu’offre le mont Faron ne concerne pas seulement les affaires militaires de Toulon. Cette imposante colline a aussi l’avantage de protéger l’agglomération du vent du nord qui, comme on le sait bien, est redoutable en Provence.

Si l’on ne trouve sur les pentes du mont Faron que des petites espèces de plantes, telles que celles qui peuplent ordinairement la garrigue provençale, il faut bien penser qu’il n’en a pas toujours été de même.

Jusqu’au XVIe siècle, on trouvait en effet sur son sommet une abondante végétation, faite de pins d’Alep et de chênes verts. On croit notamment savoir que les poutres de la mairie de Toulon, construite en 1656, auraient été faites avec les mélèzes coupés sur les crêtes du Faron.

C’est en tout cas à cette époque, voire un siècle avant, que s’est enclenché un processus irréversible de désertification des pentes de la colline. Le principal responsable en est la chèvre, accompagné de son compère le mouton, dont le Faron a, durant des siècles, constitué un mets de choix. Les bergers menaient paître leurs troupeaux dans cette végétation abondante sans se douter qu’ils finissaient ainsi par condamner la colline. En quelques siècles, la chèvre avait dévoré jusqu’à la racine les dernières graminées.

Cette situation a également provoqué des troubles géologiques puisque, les terres n’étant plus solidement fixées, elles ont commencé à être ravinées par le torrent du Las vers la rade, allant parfois jusqu’à obstruer celle-ci.

Des documents d’archives montrent bien d’ailleurs qu’il y a 450 ans, le sommet du Faron (que l’on appelait alors « montagne »), n’était plus boisé. Si l’on observe attentivement le tableau intitulé Route de Toulon, on remarquera que son auteur, le peintre Joseph Vernet, représente un mont Faron complètement nu, avec, dans sa partie haute, de longues files de murailles en partie effondrées et des sillons abandonnés où le genêt, le genévrier et le kermès végètent péniblement autour de quelques maigres chênes verts et de quelques pins d’Alep rabougris, très semblable au final à ce que l’on observe aujourd’hui encore.

Les Toulonnais ont bien tenté de reverdir les pentes du mont Faron et notamment son sommet, notamment vers le milieu du XIXe siècle, mais les vignes et les oliviers médiévaux ne sont malheureusement plus parvenus à s’implanter de façon pérenne.

Faron Forêt
http://www.geneprovence.com/pourquoi-le-sommet-du-mont-faron-na-plus-de-foret/#respond
Pourquoi la forêt française a besoin d’un traitement de fond - The Conversation
Sun 20 Feb - 19:56

Les conclusions des Assises nationales de la forêt et du bois, lancées par le gouvernement en octobre 2021 avec pour objectif de « penser la forêt française de demain », devraient être rendues dans les prochains jours. Un des axes majeurs de cette réflexion concernait le renforcement de la résilience des forêts et la préservation de la biodiversité.

Forêt morte en ArgonneÉté 2020, monoculture d’épicéas morts en Argonne, région naturelle chevauchant les départements de la Marne, des Ardennes et de la Meuse (sept. 2020). Sylvain Gaudin, CC BY-NC-ND

Car la forêt française est aujourd’hui en crise : depuis deux décennies, on assiste en effet à une mortalité croissante des peuplements forestiers et à une baisse globale de leur productivité. Si la surface boisée en France métropolitaine ne cesse de croître depuis le milieu du XIXe siècle, c’est en raison du boisement – spontané ou artificiel – de terres agricoles, car la superficie occupée par des forêts anciennes, elle, ne cesse de diminuer.

Ce « dépérissement », est généralement attribué aux modifications climatiques. Les sécheresses estivales récurrentes fragilisent les arbres et la douceur hivernale favorise les pullulations de bioagresseurs, en particulier les scolytes et les hannetons.

Le changement climatique en est sans aucun doute une cause essentielle, mais il est aussi le révélateur d’écosystèmes forestiers fragilisés par des décennies de pratiques sylvicoles focalisées sur la production de bois. Non seulement la forêt française fixe moins de carbone par unité de surface, mais l’exploitation des peuplements dépérissants induit des émissions supplémentaires de CO₂ aggravant l’effet de serre et les changements climatiques associés.

Dans un tel contexte, adapter la forêt française est plus qu’une nécessité, c’est une urgence.

L’arbre ne doit plus cacher la forêt

Les forêts ne sont pas des champs d’arbres, mais des écosystèmes avec de multiples interactions entre les différentes composantes.

Le promeneur a tôt fait de constater que les descentes de cimes et les mortalités de masse concernent surtout des plantations monospécifiques, constituées d’arbres de même âge, correspondant souvent à des essences introduites hors de leur territoire d’indigénat.

C’est le cas de nombreuses plantations d’épicéa en plaine, tandis que les pessières naturelles d’altitude résistent plutôt bien. Les premières constituent des peuplements simplifiés sensibles aux aléas climatiques (tempêtes, sécheresses, incendies) et aux attaques de bioagresseurs (insectes, champignons…), tandis que les secondes, beaucoup plus hétérogènes et diversifiées, sont plus résilientes.

Même s’il existe une sensibilité propre à chaque essence et à chaque situation stationnelle, les impacts directs et indirects du dérèglement climatique sont modulés par l’intégrité fonctionnelle de l’écosystème forestier, qui est elle-même largement influencée par la sylviculture.

Adapter la forêt, c’est agir sur la santé de l’écosystème et non simplement remplacer des arbres mourants par d’autres. C’est un traitement de fond des causes du dépérissement qu’il faut entreprendre et non un simple traitement des symptômes. La forêt ne peut plus être réduite à ses arbres et à sa fonction de production : seule une vision écosystémique peut être salvatrice.

La nécessaire adaptation des pratiques sylvicoles

Le principal levier permettant d’adapter la forêt française repose sur la promotion de pratiques sylvicoles prenant davantage en compte le fonctionnement des écosystèmes forestiers dans leur ensemble ; cela pour améliorer durablement leur état de santé, leur résilience, et accroître leur capacité à séquestrer et à stocker du CO2.

D’abord, il faut réserver chaque essence à des stations présentant des conditions optimales pour elle, actuellement et en prenant en compte l’évolution modélisée du climat sur des pas de temps cohérents avec le cycle sylvicultural. Il faut aussi privilégier les peuplements mélangés (plusieurs essences) et structurellement hétérogènes (plusieurs hauteurs et formes de houppiers), de manière à renforcer la résistance aux aléas météorologiques et aux attaques de bioagresseurs.

Forêt mélangée des Vosges du Nord - sept. 2021. Evrard de Turckheim, CC BY-NC-NDForêt mélangée des Vosges du Nord - sept. 2021. Evrard de Turckheim, CC BY-NC-ND

Privilégier la régénération naturelle permet d’accroître la diversité génétique soumise à la sélection naturelle et les capacités d’adaptation locale, contrairement aux plantations. Cela implique une meilleure gestion de l’équilibre sylvo-cynégétique, notamment en favorisant la végétation accompagnatrice qui protège les plants sensibles et fournit une ressource alimentaire alternative.

Il existe déjà des modes de sylviculture mettant en œuvre ces principes, comme la futaie irrégulière ou jardinée. Ce type de sylviculture n’est pas nouveau, il a été adopté depuis 2017 par l’Office national des forêts pour toutes les forêts publiques franciliennes afin d’éviter les « coupes à blanc ».

Coupe à blanc d’une parcelle de Douglas dans une forêt de l’Oise. Guillaume Decocq, CC BY-NC-NDCoupe à blanc d’une parcelle de Douglas dans une forêt de l’Oise. Guillaume Decocq, CC BY-NC-ND

Face aux sécheresses récurrentes, il faut adapter la densité des peuplements au bilan hydrique de la station et préserver l’alimentation en eau des sols, y compris en limitant leur tassement.

Plus généralement, accroître la résilience des forêts nécessite de favoriser la biodiversité au sein de tous les compartiments de l’écosystème. Celle-ci est encore trop souvent perçue comme une contrainte pour le forestier, comme un obstacle à la gestion, alors même que c’est son assurance sur le long terme pour maintenir la fertilité des sols, la résistance aux bioagresseurs et, in fine, la capacité de production de bois.

Une condamnation sans procès des essences autochtones

Plusieurs documents de planification, comme les Plans régionaux Forêt-Bois (PRFB) considèrent un peu hâtivement que les essences indigènes ne sont plus adaptées au « nouveau » climat. Cette vision fixiste du monde vivant oublie que les essences forestières européennes ont déjà connu bien des changements climatiques (notamment un Petit Âge glaciaire et un Optimum médiéval). Pire, elle ignore nombre de travaux scientifiques récents qui mettent en lumière des capacités d’adaptation insoupçonnées des arbres.

Au moins trois ensembles de mécanismes permettent l’adaptation spontanée des arbres en environnement changeant : les mécanismes génétiques, via la sélection naturelle qui agit sur le long terme, ce qui nécessite une certaine diversité génétique ; les mécanismes épigénétiques, qui prédisposent des individus à des conditions environnementales que leurs parents ont vécues, via des marques induites capables de moduler l’expression des gènes et d’induire des mutations ; les mécanismes holobiontiques, via les symbioses issues de la co-évolution entre l’arbre et son microbiote, ce dernier contribuant à de nombreuses fonctions vitales.

Forêt mélangée dans le Sud amiénois où les épicéas sont épargnés par les attaques de scolytes - oct. 2021. Guillaume Decocq, CC BY-NC-NDForêt mélangée dans le Sud amiénois où les épicéas sont épargnés par les attaques de scolytes - oct. 2021. Guillaume Decocq, CC BY-NC-ND

L’efficacité de ces différents mécanismes face à des changements climatiques rapides est encore mal connue, d’où l’intérêt de pouvoir observer la réponse des essences autochtones dans un contexte « naturel », c’est-à-dire hors forêt soumise à la sylviculture.

À cet égard, il est important d’augmenter les superficies d’aires forestières protégées et leur représentativité des différents contextes climatiques et des types de sols, comme souligné dans la contribution du Conseil national de la protection de la nature aux Assises de la forêt et du bois.

Ces espaces à naturalité élevée constituent non seulement des réservoirs de biodiversité préservée, mais aussi des laboratoires grandeur nature pour la compréhension de la biologie des espèces et des dynamiques forestières spontanées, indispensables à l’acquisition de références pour concevoir les itinéraires sylviculturaux de demain.

Une fausse bonne idée : le recours aux essences exotiques

La prétendue « inadaptation » des essences autochtones justifie le recours à des essences exotiques, venant souvent d’autres continents, dont l’intérêt et l’innocuité sont plus que douteux… L’idée de privilégier les essences naturellement résistantes au stress hydrique serait séduisante, si elle ne faisait pas preuve d’une certaine amnésie (en plus de faire l’impasse sur des millions d’années d’histoire évolutive).

Car l’introduction d’essences exotiques en forêt n’est pas nouvelle. Beaucoup se sont soldées soit par des échecs d’acclimatation, soit par de graves crises écologiques : introductions accidentelles de bioagresseurs exotiques (l’actuelle épidémie de chalarose du frêne en est un exemple parmi des dizaines d’autres), invasions biologiques (le cerisier tardif, jadis vanté pour ses mérites en foresterie est devenu aujourd’hui l’ennemi du forestier), érosion de la biodiversité autochtone (les sous-bois fantomatiques de nombreuses plantations de conifères en plaine en sont un exemple criant) ; ou encore, aggravation des conséquences de certains aléas (les méga-feux que connaît la Péninsule ibérique sont étroitement liés aux plantations d’eucalyptus, très inflammables, et pourtant promues en région méditerranéenne française).

En forêt de Compiègne, invasion par le cerisier tardif - juin 200). Guillaume Decocq, CC BY-NC-NDEn forêt de Compiègne, invasion par le cerisier tardif - juin 200). Guillaume Decocq, CC BY-NC-ND

Une analyse détaillée de ces risques est présentée dans un livre blanc sur l’introduction d’essences exotiques en forêt, récemment publié par la Société botanique de France.

Les risques associés aux essences exotiques, difficilement prévisibles, mais réels et coûteux pour la société, justifient que les nouvelles plantations soient davantage réglementées. Celles-ci devraient faire l’objet d’une étude d’impact préalable avec analyse de risque.

Plus généralement, il est urgent d’évaluer le rapport bénéfice/risque à moyen et à long terme de ces plantations, et, dans l’attente d’une telle évaluation, de soumettre à un moratoire les mesures politiques et financières incitant leur introduction en forêt.

Mieux prendre en compte les résultats de la recherche scientifique

Cet effort indispensable pour adapter la gestion des forêts aux changements climatiques ne doit pas se limiter aux actions d’ingénierie, mais reposer sur une approche scientifique interdisciplinaire, fondée sur l’ensemble des apports récents des sciences et techniques de la conservation.

La recherche scientifique en écologie forestière en particulier est très mobilisée sur la question des impacts des changements climatiques sur la forêt et des capacités adaptatives des espèces.

Les nombreux résultats de la recherche permettraient d’appuyer les stratégies de gestion et de planification forestières sur des bases scientifiques robustes. Pourtant ces résultats sont jusqu’ici peu ou pas pris en compte par les décideurs.

La gestion durable des forêts ne peut pourtant reposer sur la seule ingénierie, tout comme elle ne peut se réduire aux seuls arbres. Agir en environnement changeant et en univers incertain suppose d’intégrer nos connaissances scientifiques dans tous les domaines, de prendre en compte l’évolution des attentes sociétales et d’actualiser les outils des ingénieurs.

biodiversité Forêt nature
https://theconversation.com/pourquoi-la-foret-francaise-a-besoin-dun-traitement-de-fond-177006
Le bois mort n’est pas un déchet, pourquoi l’enlever nuit à la forêt
Thu 27 Jan - 22:45

Le bois constitue un matériau essentiel qui permet aux arbres de se dresser vers le ciel pour éviter la concurrence des autres plantes. Sans lumière, il n’y a en effet pas de photosynthèse : la formation de troncs hauts et puissants représente ainsi un trait commun dans la course évolutive des arbres pour occuper une place appropriée au sein de la canopée.

Au cours de l’évolution, le bois a acquis des substances résistantes, difficiles à décomposer pour les champignons et les bactéries. Il lui faut résister aux intempéries et aux attaques d’une multitude d’organismes au cours des centaines, voire des milliers, d’années de la vie d’un arbre.

La décomposition du bois représente ainsi un processus lent qui prend généralement des années ou des décennies selon le type de climat.

Une source de nutriments pour toute la forêt

Qu’il soit présent dans les troncs, les branches ou les racines, le bois forme le constituant principal de l’arbre (plus de 95 % de sa biomasse). Il contient de nombreux éléments chimiques, pratiquement tous ceux nécessaires à la vie : azote, phosphore, potassium, fer, manganèse… Si leur concentration n’est pas très élevée, la quantité totale de nutriments est toutefois très importante, le bois représentant la principale composante de la biomasse forestière.

La vitesse de décomposition relativement lente du bois constitue d’autre part un avantage : elle permet la libération de ces nutriments petit à petit, favorisant leur réabsorption par les plantes vivantes, assurant un recyclage efficace. Le bois constitue donc un réservoir de nutriments qui maintient la fertilité du sol forestier.

Mais le bois ne fournit pas seulement des nutriments au sol. Il représente également une source de nourriture directe pour de nombreux organismes, champignons ou insectes. Ces derniers viennent nourrir à leur tour nombre d’animaux (oiseaux, mammifères, reptiles…).

On le comprend, le bois mort compose la base d’un réseau alimentaire abritant un très grand nombre d’espèces. La majeure partie de la biodiversité des forêts est ainsi liée, directement ou indirectement, à la présence de ce bois mort et sa décomposition.
Le rôle structurel du bois

Le bois est l’une des structures clés de l’écosystème forestier. Les troncs et les branches tombés modifient les conditions environnementales à petite échelle, comme l’ensoleillement, la vitesse du vent ou l’humidité relative de l’air et du sol. Cela génère une grande variété de microhabitats dans lesquels différentes espèces animales ou végétales pourront s’installer.

Ce rôle structurel du bois intervient également dans la protection contre les herbivores, en agissant comme une barrière physique pour favoriser la régénération des forêts. Il fournit également de la matière organique au sol, ce qui améliore sa texture, sa porosité et de nombreux autres paramètres physiques indispensables à la croissance des plantes.

Le bois mort n’a rien d’un déchet

Si le bois mort est essentiel au fonctionnement de la forêt, il est toutefois très courant dans la gestion forestière de l’enlever, en particulier après des perturbations telles que les incendies, les ravageurs ou les tempêtes.

Nous nous sommes tellement habitués à ce traitement que les citoyens eux-mêmes réclament souvent l’enlèvement des arbres morts après de telles perturbations. Cette activité qui contribue à l’exploitation du bois est pratiquée depuis des décennies sur tous les continents, et notamment dans la région méditerranéenne.

Si les raisons invoquées pour retirer le bois après une perturbation peuvent varier selon les régions du monde, l’une des principales justifications reste la vente.

Mais, dans de nombreux cas, cette finalité commerciale demeure absente ou empêchée : le bois est de qualité insuffisante, la zone est protégée… et pourtant le bois est récolté. On avance que l’enlèvement du bois aidera les travaux futurs dans la zone (en facilitant le passage du personnel et des machines), évitera le risque d’accidents dus à la chute d’arbres, réduira le risque d’incendie et celui de parasites qui peuvent affecter les parties non brûlées ou partiellement brûlées.

Laisser du bois mort là où il est

Toutes ces raisons ont été fortement remises en cause par des études récentes menées dans différentes parties du monde ; elles ont montré que les arguments utilisés pour retirer le bois après des perturbations dépendent du contexte et ne sont pas toujours justifiés.

Par exemple, la relation de cause à effet entre la présence de bois et l’augmentation de l’incidence des incendies n’a pas été démontrée ; il existe même des preuves d’un risque accru d’incendie après l’enlèvement du bois, notamment lorsque des matériaux inflammables (copeaux de bois, fines brindilles) sont générés.

Le risque de voir apparaître des insectes xylophages dépend également du type de perturbation. Dans le cas des incendies de forêt (la perturbation la plus courante dans le bassin méditerranéen), les arbres brûlés ne constituent pas un substrat pour les insectes nuisibles – ceux-ci se nourrissent d’arbres vivants, mais affaiblis – de sorte que l’élimination généralisée des arbres morts n’est pas justifiée.

Enfin, les accidents peuvent être évités en adoptant des mesures de sécurité, comme l’abattage des arbres morts dans les zones les plus visitées et fréquentées, ou la réalisation de travaux de restauration lorsque le risque de chute d’arbres est moindre.

La recherche écologique montre ainsi clairement que le bois mort reste un élément essentiel du fonctionnement des forêts, qui favorise leur régénération après des perturbations et accélère la récupération des services écosystémiques qu’elles fournissent. Il faut donc faire évoluer les politiques de gestion du bois mort pour lui permettre, totalement ou en partie, de rester là où il est.

arbre Forêt
https://theconversation.com/le-bois-mort-nest-pas-un-dechet-pourquoi-lenlever-nuit-a-la-foret-175593
Une étude de valorisation de l'arbousier menée dans la région Paca - Var-Matin 28 décembre 2021
Wed 5 Jan - 20:46

par Véronique Georges

L’association Forêt Modèle de Provence mène, avec le parc naturel régional de la Sainte-Baume, un projet de recherche sur la valorisation de toutes les composantes de l'arbousier, cette essence méditerranéenne.

Arbousier - Photo Domaine du RayolArbousier - Photo Domaine du Rayol

Si "tout est bon dans le cochon" selon l’expression attribuée au gastronome Brillat-Savarin, certains en espèrent autant s’agissant d’un végétal, l’arbousier. Racine, bois, feuillage, écorce, fruits, fleurs… Une étude sur toutes les composantes de cette essence méditerranéenne est en cours. Elle est lancée par l’association Forêt Modèle de Provence (FMP), créée en 2013 à l’initiative de la Région, avec le parc naturel régional de la Sainte-Baume.

"On s’inspire du réseau portugais où la valorisation de l’arbousier est une réalité. Ils en font même de l’eau-de-vie… Il y a là-bas une coopérative de producteurs d’arbouses, un musée de l’arbousier", précise Nicolas Plazanet, coordinateur et chargé de mission pour FMP. Mais ici, on l’utilise peu, excepté pour produire du miel et de la confiture. Il a pourtant bien des qualités…

Il se régénère vite après un incendie

Poussant sur l’ensemble du pourtour méditerranéen près des chênes-lièges, dans le Var son peuplement est très présent naturellement sur sol siliceux, dans l’Estérel, les Maures, et le bas de la Sainte-Baume.

Ce petit arbre ne manque pas d’intérêt dans ces massifs, où le risque d’incendie est important. "L’arbousier est considéré comme pyrophyte, c’est une espèce qui se régénère rapidement après les feux et reconstitue un couvert végétal permettant de lutter contre l’érosion des sols, tout en maintenant les populations d’abeilles en étant l’une des rares essences à fleurir en novembre et décembre", remarque-t-il. Et dont les oiseaux se nourrissent des fruits au même moment.

Arbouses - Photo Domaine du RayolArbouses - Photo Domaine du Rayol

Des recherches uniques en cosmétologie

FMP finance également des recherches en cosmétologie "et c’est unique", souligne Nicolas Plazanet. Ainsi depuis deux ans, elle travaille avec le laboratoire NissActive, qui apporte son expertise dans le domaine des ingrédients naturels. Implantée à Grasse, cette structure, dépendant de l’université de Nice, a fait une première recherche bibliographique sur ce qui existe au niveau des brevets. Elle a mené ensuite des investigations sur les différentes substances de l’arbousier pour voir quelles composantes pourraient entrer dans le développement d’actifs cosmétiques innovants.

"Il en ressort que les molécules du feuillage et de l’écorce ont des propriétés anti-âge intéressantes. Cela a conduit à une deuxième phase visant à développer des ingrédients cosmétiques. C’est plus coûteux, et si c’est validé, il devra y avoir des tests d’innocuité pour un produit cosmétique à l’horizon trois ans", annonce-t-il. L’affaire est en discussion avec plusieurs entreprises prêtes à commercialiser et à financer cette production "à façon".

Tout une filière peut ainsi se construire sans surexploiter la ressource, en mobilisant du bois d’arbousier récupéré grâce à des coupes effectuées dans le cadre de la défense de la forêt contre l’incendie ou pour sécuriser des routes. Et ce, avec des partenaires comme l’ASL Suberaie varoise pour le massif des Maures, l’ONF et le centre régional de la propriété forestière pour la Sainte-Baume.
"Dans les plans de gestion, l’arbousier n’était pas jugé si intéressant. C’est le contraire, il faut maintenir son peuplement pour une vraie économie circulaire", relève Nicolas Plazanet.

Confiture, liqueur ... de multiples déclinaisons

Toujours dans le cadre de ce projet, plusieurs essais ont été menés et seront encore réalisés avec des artisans locaux sur une quinzaine de produits: confiture, gelée, liqueur, etc. "Le brasseur Carteron à Hyères a ainsi produit des bières à l’arbouse, 8.000 bouteilles ont été vendues, rappelle Nicolas Plazanet, qui souligne: Sur ces tests, il est rare qu’on y arrive du premier coup". Il donne l’exemple d’un test qui a échoué dernièrement avec des producteurs de Collobrières pour produire du jus de pomme à l’arbouse, "ce n’était pas du tout concluant, dit-il. On teste aussi une figue semi-confite au miel d’arbousier, avec Émilien Wallace, apiculteur à Gonfaron".

Le bois d’arbousier, avec ses couleurs chatoyantes, est également à l’étude, comme l’indique le chargé de mission de Forêt Modèle de Provence: "On va faire des recherches pour le placage utilisé en marqueterie avec un ébéniste de Besse-sur-Issole". Ce dernier, Charles Dutelle, souligne: "c’est un très beau matériau que les anciens utilisaient, on ne le découvre pas. Il peut servir d’élément de décoration, c’est une question de couleur, c’est un bois un peu rosé, orangé, à grain très fin. Il se brunit légèrement avec le temps car les tannins s’oxydent comme avec tous les bois".

L’artisan réalise des créations en y incorporant l’arbousier. Il l’a appliqué sous forme de placage scié selon une méthode qu’ils ne sont que deux en France à utiliser et qui permet de davantage mettre en valeur sa beauté et son jeu de lumière. Daniel Kaag, de l’école de tournage sur bois d’Aiguines, est aussi dans la boucle, dans sa spécialité.

Thomas Carteron, brasseur hyérois, a participé à l’étude avec une bière l’arbouse.

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