La situation ne risque pas de s'améliorer prochainement dans le 83, puisque les prévisions météorologiques locales font état d'un temps sec ou de pluies non significatives pour les quinze prochains jours.
Râteau à la main, Françoise Ambert retourne la terre aride autour d'un artichaut desséché. "Le jardin, sans culture, ça fait un peu plage", se désole cette habitante de Saint-Zacharie, dont le département est frappé par une sécheresse inédite si tôt dans l'année.
L'époque où Marcel Pagnol tourna des scènes de son film Manon des sources (1952) paraît bien loin: aucun filet d'eau ne sort des fontaines et seuls de la mousse séchée et quelques détritus tapissent le lit de ce qui fut naguère le fleuve Huveaune. Quant aux truites, qui faisaient le bonheur des pêcheurs locaux, elles ont disparu.
"Le cours d'eau est à sec depuis bientôt deux ans. Il a parfois des réminiscences qui durent dix jours, puis ça disparaît (...) Je n'ai jamais connu ça, et les anciens non plus", se lamente auprès de l'AFP Lucien Durand, 75 ans, responsable des jardins partagés de la ville, désormais délaissés.
Les tomates et courgettes qui y poussaient ont laissé place aux mauvaises herbes, en raison de la quasi-impossibilité de faire pousser des légumes, faute d'eau.
"Je pense qu'on n'a pas grand chose à faire, sinon espérer. J'allais dire prier, mais bon... Il faut attendre que le temps s'améliore, ou qu'il se transforme, mais on est très pessimiste", ajoute M. Durand.
Or, la situation ne risque pas de s'améliorer prochainement, puisque les prévisions météorologiques locales font état d'un temps sec ou de pluies non significatives pour les 15 prochains jours.
Afin de mieux gérer les ressources en eau, la commune a été placée au niveau "sécheresse alerte renforcée" par la préfecture du Var. L'arrosage des pelouses, terrains de sport et jardins potagers est devenu interdit en journée.
S'y ajoutent l'interdiction de laver son véhicule ou remplir les piscines et la fermeture des fontaines sans système de recyclage de l'eau.
Outre ces deux communes varoises, 85 autres de ce département du Sud-Est de la France ont été placées en situation d'alerte sécheresse (le deuxième niveau sur quatre) et les 66 restantes en vigilance (1er niveau).
"L'eau devient un bien précieux et rare, il faut faire attention à ses usages. D'une certaine façon, c'est un cri d'alarme, pour sensibiliser les uns et les autres", avait déclaré vendredi le préfet du Var, Evence Richard.
Mi-février, le déficit pluviométrique sur le Var atteignait 37%, selon Météo France. Sur les 621 mm de cumul de pluie attendus de septembre à mars, correspondant à la période de recharge des nappes phréatiques, seuls 327 mm sont tombés à ce jour, dont 4 mm à peine en février.
"Le Var apparaît comme un laboratoire de ce qui attend le reste de la France", analyse Stéphanie Beucher, géographe et membre de l'équipe de recherche Habiter (Université de Reims-Champagne-Ardenne).
La France métropolitaine n'a pas connu de véritables pluies depuis 31 jours, a confirmé, mardi 21 février, Météo-France. Une absence de précipitations qui égale le record tout récent de 2020 et compromet le rétablissement des nappes phréatiques, épuisées par la sécheresse historique de l'an dernier.
"La sécheresse de l'été dernier est due au réchauffement climatique, lui-même lié aux activités anthropiques, et ces épisodes extraordinaires vont devenir de plus en plus fréquents", avertit Mme Beucher: "Prier ne servira à rien, mais nous avons encore le choix de maîtriser le phénomène en atteignant une neutralité carbone, en changeant nos habitudes, voire en renonçant à certains acquis".
A son échelle, Saint-Zacharie a ainsi décidé pour la deuxième année consécutive de remplacer ses jardinières par des essences méditerranéennes peu gourmandes en eau, comme des chênes ou des arbousiers.
"Nous projetons d'équiper les bâtiments communaux de citernes et d'inciter les gens à faire de-même, pour récupérer l'eau de pluie... si un jour elle arrive!", positive Raymond Merlo, élu en charge de l'Environnement.
Du 21 janvier au 21 février 2023, le cumul des précipitations agrégé sur la métropole a été tous les jours inférieur à 1 mm, soit "la plus longue série depuis le début des mesures en 1959", a indiqué l'organisme public.
La France métropolitaine n'a pas connu de véritable pluie pendant 32 jours, la plus longue sécheresse météorologique jamais enregistrée, qui devrait toutefois s'interrompre mercredi 22 février avec le retour de quelques précipitations, a-t-on appris auprès de Météo-France.
Du 21 janvier au 21 février, le cumul des précipitations agrégé sur la métropole a été tous les jours inférieur à 1 mm, soit "la plus longue série depuis le début des mesures en 1959", a indiqué l'organisme public.
Un épisode d'autant plus préoccupant qu'il survient en hiver, période de recharge cruciale des nappes phréatiques, et dans un contexte de déficit chronique de précipitations depuis août 2021, et après une sécheresse et des canicules exceptionnelles en 2022, illustrant les conséquences du réchauffement climatique.
Cette série consécutive dépasse désormais celle de l'année 2020, survenue pendant 31 jours entre le 17 mars et le 16 avril, en plein premier confinement du Covid-19.
85 communes sont placées en alerte sécheresse, deux en alerte renforcée, le reste du département est en vigilance… L'absence exceptionnelle de pluie annonce un été très tendu et des menaces sur l’approvisionnement en eau potable.
Par Régine Meunier - Publié le 17/02/2023
"Chaque citoyen doit regarder l’eau comme un bien rare."
C’est le cri d’alarme lancé par le préfet du Var Evence Richard, ce jeudi 17 février face à la sécheresse exceptionnelle qui sévit depuis le mois de septembre dans le département. Selon Météo France, "à la mi-février, dans le Var, le déficit pluviométrique atteint 46% sur la période attendue de septembre 2022 à mars 2023. Sur cette période de recharge, il est attendu 621 mm de cumul de pluie, or il est actuellement de 337 mm. L’an passé sur cette même période de recherche, il était de 38%."
Dans la zone Huveaune-Amont, deux communes, Riboux et Saint-Zacharie, sont placées en alerte renforcée. C’est l’avant-dernier stade sur l’échelle de gravité qui en compte quatre: la vigilance est le plus faible. Puis, par ordre croissant, il y a l’alerte sécheresse, l’alerte renforcée et la crise.
70 communes de la zone Argens et 15 de la zone Gapeau sont en alerte sécheresse. Le reste du département, soit 66 communes, est en vigilance et sans mesures de restrictions.
Plus la situation est grave, plus les restrictions sont adaptées. Ainsi, à Riboux et Saint-Zacharie, il est à présent interdit d’arroser les pelouses, massifs fleuris et espaces verts. Seuls les arbres et arbustes plantés en pleine terre depuis moins d'un an peuvent l’être mais avant 9h ou après 19h. Les jardins potagers ne peuvent pas non plus être arrosés et ce entre 8h et 20h mais avec une réduction des prélèvements de 40%.
De même les particuliers devront attendre pour nettoyer leurs terrasses et ne pourront laver leurs voitures qu’avec du matériel haute pression et avec un système de recyclage de l’eau. Pas de remplissage de piscine non plus sauf remise à niveau et premier remplissage si le chantier a débuté avant les premières restrictions. Cela concerne aussi les spas privés de plus de 1mètre cube. Quant aux fontaines, elles doivent se taire immédiatement. La liste des restrictions est longue. La préfecture les détaille sur son site.
Dans les 85 communes en alerte sécheresse, l’arrosage des pelouses, massifs fleuris et espaces verts, ainsi que des potagers est interdit entre 9h et 19h et les prélèvements doivent être réduits de 20%. Les mesures sont identiques à celles de l’alerte renforcée pour les piscines et spas privés, le nettoyage des terrasses et des véhicules.
Pour l’instant Météo France n’annonce pas de pluie, malgré "un petit signal pour la semaine prochaine", a indiqué Hélène Correa, présente à la conférence de presse. Conséquence a prévenu le préfet: "Je crains de devoir annoncer rapidement des alertes renforcées sur d’autres secteurs, voire le niveau crise." Il n’a pas caché non plus que l’été s’annonçait très tendu. Des risques pèsent sur l’alimentation en eau potable dans certaines communes comme le pays de Fayence ou Dracénie Provence Verdon.
Il faudrait beaucoup de pluie pour que les nappes phréatiques et les cours d’eau retrouvent leur cote habituelle. Mais trop de pluie d’un coup pourrait aussi provoquer des inondations. En attendant, selon Yves Bray, responsable départemental de l’Office français de la biodiversité (OFB), certains cours d’eau comme l’Issole ne sont pas revenus à un niveau normal depuis le printemps dernier et la nature souffre.
Ce sont tous les Varois qui sont appelés à économiser l’eau, alors que les premiers conflits d’usage apparaissent déjà, selon l’OFB.
Riboux et Saint-Zacharie
Pour la zone Argens: Ampus, Flassans, La Roquebrussanne, Les Arcs, Flayosc, Rougiers, Aups, Forcalqueiret, Saint-Antonin, Bargemon, Fox-Amphoux, Saint-Martin-de-Pallières, Barjols, Fréjus, Saint-Maximin, Besse-sur-Issole, La Garde-Freinet, Saint-Raphaël, Bras, Garéoult, Sainte-Anastasie, Brignoles, Gonfaron, Salernes, Brue-Auriac, Lorgues, Seillons, Cabasse, Le Luc, Sillans-la-Cascade, Callas, les Mayons, Taradeau, Camps-la-Source, Mazaugues, Tavernes, Le Cannet-des-Maures, Montferrat, Le Thoronet, Carcès, Montfort-sur-Argens, Tourtour, La Celle, La Motte, Tourves, Châteaudouble, Le Muy, Trans, Châteauvert, Nans-les-Pins, Claviers, Néoules, Varages, Correns, Ollières, La Verdière, Cotignac, Plan-d’Aups-Sainte-Baume, Vidauban, Draguignan, Pontevès, Villecroze, Entrecasteaux, Puget-sur-Argens, Vins-sur-Caramy, Esparron, Rocbaron, Figanières, Roquebrune-sur-Argens.
Zone Gapeau: Belgentier, La Farlède, Puget-Ville, Carnoules, Hyères, Signes, Collobrières, Méounes-les-Montrieux, Solliès-Pont, La Crau, Pierrefeu, Solliès-Toucas, Cuers, Pignans, Solliès-Ville.
Alors que l'automne ne démarre que dans un mois, certains arbres perdent déjà leurs feuilles. En cause : le manque d'eau dû à la sécheresse et aux nombreuses vagues de chaleur.
Article rédigé par Hugo Charpentier - Radio France - Publié le 23/08/2022
Avec la sécheresse et le manque d'eau, de nombreux arbres ont d'ores et déjà perdu leurs feuilles durant l'été.
OLIVER BERG DPA DPA PICTURE-ALLIANCE VIA AFP
Lorsqu'il est au travail, Jean-Baptiste Martin, jardinier à Aubagne (Bouches-du-Rhône), a l'impression que le temps s'est subitement accéléré. "Sur ces platanes, on voit qu’il y a une chute de feuilles qui, l’été, en général, n’arrive pas. Cela arrive plutôt à l’automne... Cette année, ça arrive déjà à partir de fin juin au lieu d’arriver fin septembre", regrette-t-il.
Pour ce patron d'une d'entreprise d'entretien d'espace verts, il n'y a aucun doute, cela est dû au manque d'eau. "L’arbre n’absorbe pas d’eau, donc, forcément, il se protège et par conséquent, il élimine ses feuilles. On pourrait évoquer surtout le platane, le chêne vert, le chêne blanc et après tous les bois blancs. Ca peut être le charme, l’hêtre, éventuellement des arbres plus résistants comme le bouleau, le peuplier, détaille-t-il. Cette année, on a coupé des grosses sections de bois morts sur des tilleuls qui étaient dangereuses. Des arbres qui peuvent faire 70 cm de diamètre à la base, ce qui est assez gros. C'est vraiment dû à la sécheresse", souffle Jean-Baptiste Martin.
Avec ce phénomène, amplifié par les vagues de chaleurs successives ces dernières semaines, les arbres et les jardins sont tous en souffrance, même les espèces endémiques à la méditerrannée. "Tous les jours, j’ai des clients qui viennent se plaindre des problèmes de la végétation qui se dessèche plus rapidement que prévu...", confie Mathieu Bonventre, propriétaire d'une pépinière à Aubagne.
Et d'ajouter : "La végétation méditerranéenne est à deux doigts de mourir, comme les cistes, du romarin qui est très très sec, le thym qui se dessèche... On voit des pins mourir. Les lierres sur les maisons, sur les murs, se dessèchent complètement. On le voit dans les forêts, dans les garrigues. C’est tragique, c’est du jamais-vu", s'alarme-t-il.
Face à cette situation, ce professionnel envisage sérieusement de ne plus conseiller certaines plantes à ces clients. "Je commence à me poser la question des plantes que je vais éviter de vendre, de conseiller à la vente, parce que ce n’est plus pour chez nous, comme tout ce qui est à gros feuillage tendre et qui souffre trop l’été. Ils grillent avant l’heure : normalement, ils perdent les feuilles quand il fait un peu froid et avec un changement de temps à l’automne. Là, depuis juillet, ils ne tiennent pas le coup", soupire-t-il. C'est déjà le cas par exemple des camélias, des azalées ou encore des rhododendrons, qui ne figurent quasiment plus dans ses stocks.
73 communes varoises sont désormais en alerte sécheresse par arrêté préfectoral publié ce vendredi 20 mai.
Le préfet du Var déclare l’état d’alerte sécheresse dans le bassin versant de l’Argens et de l’Agay.
Il justifie ce choix: "la situation hydrologique du bassin versant s’est dégradée, les débits des stations de suivi sont passés sous le seuil d’alerte pendant plus de 7 jours consécutifs et les prévisions météorologiques indiquent la persistance d’un temps sec et chaud".
Voici les mesures de restriction de l’usage de l’eau visant les communes varoises en alerte sécheresse: