Cette recommandation intervient alors que la situation continue de se dégrader pour les oiseaux : près de la moitié des espèces sont en déclin dans le monde.
Publié le 17/03/2023
Roitelet triple bandeau - Photo © Cécile Di Costanzo
Pour laisser les oiseaux nidifier tranquillement, l'Office français pour la biodiversité (OFB) recommande, vendredi 17 mars, de ne pas tailler les haies au moins jusqu'à la fin du mois d'août. "L'OFB encourage les collectivités, les professionnels et les particuliers à éviter la taille des haies et l'élagage des arbres de début mars à fin août pour ne pas déranger ou déloger les oiseaux pendant cette période cruciale de leur cycle de vie", écrit l'office public dans un communiqué.
Cette recommandation intervient alors que la situation continue de se dégrader pour les oiseaux : près de la moitié des espèces sont en déclin dans le monde et une sur huit est menacée d'extinction, déplorait en septembre l'ONG internationale BirdLife dans son rapport de référence (en anglais). L'OFB prône également d'éviter tout arrachage de haie et souligne qu'il n'est pas nécessaire de les tailler chaque année. Les haies sont "championnes de la biodiversité" et "peuvent accueillir jusqu'à 35 espèces de mammifères, 80 espèces d'oiseaux, huit espèces de chauves-souris, 15 espèces de reptiles-amphibiens ou 100 espèces d'insectes", souligne-t-il. Pour les agriculteurs, la taille des haies est interdite pendant plusieurs mois, également pour protéger la reproduction et la nidification des oiseaux.
ENVIRONNEMENT - Le Conseil d’État a rejeté mardi 22 septembre une demande des chasseurs de revenir sur la décision gouvernementale de suspendre la très controversée chasse à la glu, tout en rejetant un recours contre une autre chasse traditionnelle.
Fin août, l’Élysée avait annoncé qu’il ne serait pas accordé pour cette saison de quotas dérogatoires autorisant la chasse à la glu pour les grives et les merles - seules espèces pour lesquelles elle était autorisée.
Cette chasse traditionnelle était depuis longtemps dénoncée par les écologistes et défenseurs des oiseaux et cette décision avait été considérée comme une victoire pour la nouvelle ministre de la Transition écologique Barbara Pompili.
La fédération régionale des chasseurs de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur avait demandé en urgence (référé) à la plus haute juridiction administrative du pays d’enjoindre au gouvernement de revenir sur cette décision et de fixer par arrêté un quota d’oiseaux pouvant être chassés.
Elle arguait notamment qu’un projet de décret mis en consultation par le ministère de la Transition écologique (avant l’arrivée de Mme Pompili) prévoyait initialement d’autoriser cette chasse pour la saison 2020/21.
Mais le Conseil d’État a rejeté cette demande, estimant notamment que la décision est motivée par les doutes de la ministre sur la compatibilité” d’une telle dérogation avec la directive européenne “oiseaux” de 2009. Directive dont le Conseil d’État a précisément demandé fin 2019 à la Cour de justice de l’UE de préciser l’interprétation sur les éventuelles dérogations possibles.
L’interdiction d’autres chasses traditionnelles rejetée
La réponse étant toujours attendue, le juge a estimé que l’urgence invoquée par les chasseurs ne pouvait être retenue “eu égard à l’intérêt général qui s’attache au respect du droit de l’Union européenne” et a donc rejeté la demande.
Ce sont justement ces doutes sur la conformité avec la législation européenne que l’Élysée avait mis en avant pour expliquer la décision de revenir sur l’attribution de quotas.
Le Conseil d’État a par ailleurs rejeté plusieurs autres recours en référé de l’association écolo One Voice contre d’autres chasses traditionnelles, autorisées celles-là par l’État pour la campagne 2020-21: celle de l’alouette aux pentes (filets) et matoles (cages tombantes) dans les départements de la Gironde, des Landes, du Lot et Garonne et des Pyrénées Atlantique; celle des vanneaux, pluviers dorés, grives et merles noirs dans les Ardennes.
Le Conseil d’État a estimé que l’urgence n’était pas caractérisée et a donc rejeté les demandes sans se prononcer sur le fond.
Le 27 août, Emmanuel Macron a signifié à la fédération nationale qu’il annulait les quotas des captures à la glu. Les chasseurs de Paca se sont réunis à Vinon pour envisager recours et actions.
Déclarée « illégale », parce que « non-sélective », dans la directive « oiseaux » adoptée par le Parlement européen en 2009, la chasse à la glu a bénéficié, ces dernières années, d’une dérogation en faveur des zones de pratique « traditionnelle ». En France, cela concerne principalement cinq départements du Sud-Est: Alpes-de-Haute-Provence (04), Alpes-Maritimes (06), Bouches-du-Rhône (13), Var (83) et Vaucluse (84).
Ce traitement de faveur pourrait ne jamais être reconduit : le 27 août, Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), a été reçu à l’Élysée par Emmanuel Macron, qui lui a signifié que les quotas de capture à la glu seront réduits à « zéro », au moins pour pour la saison prochaine, contre 42.000 en 2019.
Vendredi, Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, qui a assisté à la rencontre, a déclaré : « Cela fait longtemps qu’on devait le faire. C’est une mise en conformité avec le droit européen et une bonne nouvelle pour la biodiversité. » Dès son arrivée au ministère, en juillet, elle avait prévenu le président de la FNC de l’imminence de la décision.
Samedi, le temps était venu, pour les chasseurs, de décider des suites à donner, à l’occasion de l’assemblée générale de l’ANDCTG (Association nationale de défense des chasses traditionnelles à la grive), organisée à Vinon-sur-Verdon.
Ils ont notamment annoncé qu’ils engageraient des actions en justice, lanceraient une pétition nationale et manifesteraient, le 12 septembre, à Prades (Pyrénées-Orientales), ville dont le Premier ministre Jean Castex est maire. Ils appellent par ailleurs les élus ruraux à les soutenir et prévoient une « action d’envergure » à l’occasion du congrès de l’UICN ( Union internationale pour la conservation de la nature), prévu du 7 au 15 janvier 2021, au parc Chanot de Marseille.
Il aurait fallu repousser les murs de la salle des fêtes de Vinon, ce samedi, pour accueillir tous les chasseurs venus exprimer leur mécontentement.
Les commentaires allaient bon train entre ces passionnés, exaspérés de l’annonce présidentielle, et qui craignent pour l’avenir de la chasse en général.
Éric Camoin, président de l’Association nationale de défense des chasses traditionnelles à la grive (ANDCTG), se disait « très en colère », tandis qu’Alain Péréa, député de l’Aude (11) et président du groupe « Chasse » à l’Assemblée nationale, recommandait de « ne pas jouer l’agressivité », et ainsi montrer que les chasseurs sont respectueux.
Plus de deux cents chasseurs ont répondu à l’appel, samedi, à Vinon.
"Castex et Macron nous ont menti", selon le patron des chasseurs du Var
Marc Meissel, président de la fédération des chasseurs du Var, est amer. « Nous sommes les cocus de l’affaire », lance-t-il, avant de rappeler que l’annulation des quotas intervient subitement et « sans discussion » après un premier round de négociations entre les chasseurs et l’État, cet été.
En effet, le 7 août dernier, la fédération nationale de chasse avait été reçue à Matignon. Elle avait alors dit son inquiétude face à la nomination de l’écologiste EELV Barbara Pompili, « opposante notoire de la chasse », au ministère de la Transition écologique, et des déclarations, début aôut, du secrétaire national d’EELV Julien Bayou, qui accusait le gouvernement Castex de ne pas oser s’opposer à la chasse à la glu.
« On avait prévu de manifester dès le lendemain, devant le fort de Brégançon (Bormes-les-Mimosas, Var), où Emmanuel Macron était en vacances. » Mais assurés du soutien commun du Premier ministre et du Président, « qui ont promis au président de la fédération nationale de défendre la ruralité et les chasses traditionnelles », les chasseurs avaient annulé leur coup d’éclat.
Moins de trois semaines après, Marc Meissel le dit sans détour : « On leur a fait confiance et ils nous ont menti. On a marché sur une planche pourrie ! »
Selon le président des chasseurs varois, la décision française de ne pas déroger, cette année, à la directive européenne, signe en réalité l’arrêt de mort de la chasse à la glu. « La Cour de justice européenne, saisie par le Conseil d’État français en novembre 2019, doit statuer prochainement sur la légalité des dérogations, contestée par la Commission européenne. L’interruption de la pratique laisse peu de place au doute : elle ne reviendra jamais. »
Au-delà de la chasse à la glu, c’est, selon Marc Meissel, « toutes les chasses qui vont, peu à peu, être attaquées, jusqu’à ce que la chasse elle-même soit contestée… »
Sur les 15 700 chasseurs licenciés dans le Var, seuls 2 000 pratiquent la glu (7 000 en tout en France) : « Peu transmise, cette pratique se serait arrêtée d’elle-même dans quelques années… Là, il est probable que la fédération départementale aura du mal à poursuivre ses activités si deux mille de ses licences disparaissent. »
Pratiquée dès l’Antiquité (on en retrouve trace au IVe siècle avant notre ère) et dans le monde entier (Europe méditerranéenne, Moyen Orient et Afrique du Sud notamment).
2009 : une directive européenne l’interdit implicitement. La France obtient le droit de déroger.
2018 : Malte est condamnée pour avoir laissé libre cours à cette pratique.
Avril 2019 : la LPO porte plainte auprès de la Commission européenne.
Novembre 2019 : le Conseil d’État saisit la Cour européenne pour clarifier la directive.
Juillet 2020 : la Commission européenne donne 3 mois à la France pour « mettre fin aux chasses illégales ».
7 août 2020 : le Premier ministre assure les chasseurs de son soutien.
26 août 2020 : le Président Macron n’autorise pas de dérogation pour la saison 2020-2021, dans l’attente de la réponse de la Cour européenne.
29 août 2020 : les fédérations de chasseurs des départements pratiquant la glu décident d’engager des actions en justice et annoncent des manifestations.
Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, a exprimé sa volonté d'interdire la chasse à la glu. "Un piégeage cruel et non-sélectif avec de la colle" selon Yves Verilhac, directeur de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) au micro de France Info.
"La France ne peut pas se permettre d'être le vilain petit canard qui laisse torturer les oiseaux", rajoutait-il. En effet, si Barbara Pompili veut mettre fin à la chasse à la glu c'est également pour rattraper les pays qui l'ont déjà fait. La France reste aujourd'hui l'un des tous derniers pays européens à autoriser cette pratique.
La chasse à la glu pose en effet problème. Elle consiste tout simplement à appliquer de la colle contre des branches d'arbres, où les oiseaux se posent. Ces derniers se voient ainsi piégés, incapables de s'échapper malgré tous leurs efforts.
Cette technique de chasse n'est pas sélective, ce qui signifie que les chasseurs ne choisissent donc pas quelle sera la cible de leur piège. Ils peuvent ainsi facilement porter atteinte à la biodiversité et tuer des espèces d'oiseaux protégées.