Un agriculteur retraité a été condamné dans le Var à une peine d'un an de prison pour avoir braconné des oiseaux protégés.
Emmanuelle Emmanuelle Brisson et AFP publié le 25/02/2021 à 13:38
C’est une première, d’après la Ligue de protection des oiseaux (LPO). Lundi 22 février, un agriculteur à la retraite, âgé de 76 ans, et absent de son procès pour cause de maladie, a été condamné à Toulon (Var) à de la prison ferme, pour "destruction d’espèce protégée". Il doit aussi également verser 5.000 euros d’amende et près de 20.000 euros de dommages et intérêts aux parties civiles, dont la LPO.
Photo © Cécile Di Costanzo pour les Amis du Vieux Revest
Selon Mathieu Victoria, conseil de la LPO, mais aussi partie civile dans ce dossier, l’agriculteur "a été pris avec 75 rouges-gorges". Et outre ces oiseaux mangés en brochettes dans le Var, au prix de 20 à 40 euros la brochette, l’agriculteur pratiquait aussi la chasse à la glu pour une autre espèce protégée, le tarin des aulnes. Cet oiseau "est particulièrement recherché en raison de son plumage coloré", a rappelé l'Office de la biodiversité.
L'avocate du braconnier, Elodie Gozzo a regretté "un mépris des traditions" et fait valoir que son client, une personne âgée, n'avait "pas les mêmes références en termes d'environnement qu'une personne de 30 ans". "On a voulu faire un exemple, on a tapé fort", estime-t-elle après la condamnation de son client.
Le président de la LPO, Yves Verilhac, a confié à l'AFP que cette peine de prison ferme constitue "une première en France pour les oiseaux protégés". "La France est un des pires pays d'Europe pour le braconnage d'oiseaux, avec l'Italie et l'Espagne", poursuit-il.
La chasse à la glu est actuellement suspendue en France, le dernier pays de l'Union européenne à l'autoriser, dans l'attente d'une décision de la Cour de justice de l'UE.
Dans le cadre d’un procès pour braconnage d’oiseau protégé, le tribunal correctionnel de Toulon a condamné un homme à 12.000 € d’amende. Le jugement a été rendu il y a quelques mois.
Ce braconnier avait été appréhendé le 10 novembre 2017 sur l’île de Porquerolles, avec deux passereaux morts dans ses poches.
Ses dix-neuf pièges, utilisant des aludes (fourmis volantes) en guise d’appât, avaient été saisis. Tout en tentant de minimiser les faits, le contrevenant avait reconnu le braconnage, prétextant chasser pour un repas de famille.
Permis de chasse suspendu Pour des faits de braconnage sur un site protégé, une peine d’amende de 3.000€ a été prononcée.
Et sur l’action civile, 9.000 € en réparation des préjudices moraux, matériels et écologiques subis par les deux organisations qui s’étaient constituées parties civiles aux côtés du Parc national de Port-Cros, à savoir la fédération de chasse du Var et la Ligue de protection des oiseaux Paca, dont le siège est à Hyères.
A titre de peines complémentaires, outre la confiscation et la mise sous scellés de son matériel de braconnage, le contrevenant s’est vu suspendre son permis de conduire pour une période de trois mois, et son permis de chasse pendant trois ans.
Selon le parc national de Port-Cros, ces sanctions sont un message fort envoyé à la société.
"Elles traduisent une reconnaissance par la justice de l’importance de la biodiversité et une prise de considération à sa juste mesure du fléau que représente le braconnage, explique-t-il dans un communiqué. Ce jugement vient également conforter les efforts consentis par les chasseurs locaux pour gérer durablement la ressource à nos côtés. Parce que la qualité d’un espace naturel protégé comme le parc national se mesure également par sa capacité à surveiller et faire respecter les règles établies, ce jugement constitue une réelle reconnaissance du travail conjoint du parquet et des agents du parc national."
Espèce protégée sur tout le territoire français depuis 1981, le rouge-gorge, ou "rigaou" en provençal, est prisé pour la qualité de sa chair. Excellent chanteur, il est aussi recherché par les collectionneurs.