Longues de 6 à 8mètres, les barques ont été découvertes en 1987 au pied de la tour du Mûrier,
à l’occasion de la construction du centre Mayol-Photo DR
Les passionnés d’histoire locale vont être gâtés. Ce samedi après-midi, à l’auditorium de la médiathèque Chalucet, le Centre archéologique du Var propose de partir à la découverte de Telo Martius, le port antique de Toulon. Michel Pasqualini et Alba Ferreira Dominguez, deux experts du CNRS, viendront présenter, lors d’une conférence, les vestiges de l’agglomération portuaire romaine retrouvés ces dernières années. Parmi eux, les fameuses barques à fond plat – horeiae – vieilles de plus de 2000 ans et aujourd’hui conservées à Aix-en-Provence.
"L’événement est organisé dans le cadre des journées européennes de l’archéologie, mais aussi à l’occasion de la sortie de l’ouvrage Toulon (Telo Martius), une agglomération portuaire romaine de la cité d’Arles (1)", explique Marina Valente, directrice du Centre archéologique du Var. "Ca fait des années qu’on attend ce volume, qui raconte l’intérêt des fouilles réalisées du côté du quartier de Besagne ou de l’Equerre et ce qu’elles nous ont appris."
Il aura par exemple fallu les "découvertes inédites et spectaculaires" faites en ville dans les années 80 par les archéologues, pour comprendre que Toulon n’a pas attendu le Ve siècle et son élévation au rang d’évêché pour acquérir de l’importance. Sous la direction de Jean-Pierre Brun, Michel Pasqualini, Giulia Boetto et Emmanuel Botte, le livre dépeint une agglomération portuaire organisée et active dès le Ier siècle de notre ère, avec ses quais, voies et entrepôts, ses habitations, boutiques, installations artisanales et aménagements hydrauliques.
"Le mobilier conservé dans la vase du port nous renseigne sur le trafic portuaire entre les Ier et IIIe siècles de notre ère", expliquent les auteurs. "La découverte de cinq épaves, dont deux de forme inédite, nous suggère le type de bateaux qui accostaient aux appontements en bois."
Ceux qui rêvent par contre d’apercevoir les fameuses embarcations devront patienter… le temps de la construction d’un hypothétique grand musée de l’archéologie varoise. N’en déplaise aux passionnés d’histoire locale, leur retour à Toulon n’est toujours pas d’actualité.
Des découvertes archéologiques ont été réalisées par des chercheurs du Département en marge de la construction d’un ensemble commercial, boulevard Saint-Exupéry à Draguignan.
Publié le 02 mai 2022 à 14h40 Par Jérémy PASTOR
Cette découverte est totalement fortuite, puisqu’aucune fouille préventive n’était prévue", explique un archéologue. Photo DR / SDA Var et Ville de Draguignan.
Des découvertes historiques inattendues ont été faites récemment sur le boulevard Saint-Exupéry. "Nous avons trouvé une installation viticole datant de l’empire romain, ainsi que les restes d’une voie romaine", détaille Patrick Digelmann, archéologue du Département, qui a
dirigé des fouilles pendant cinq semaines, de janvier à fin février. Les trouvailles ont été réalisées pendant le terrassement du terrain qui accueillera prochainement un complexe commercial, dont l’ouverture est prévue au premier trimestre prochain.
"Cette découverte est totalement fortuite, puisqu’aucune fouille préventive n’était prévue", explique le chercheur.
En effet, lorsqu’un permis de construire est déposé, il doit être étudié par la préfecture de région. "À l’aide de zonages de prescriptions archéologiques édictés par la Direction régionale des affaires culturelles (Drac), il est décidé si des fouilles doivent être réalisées ou non", précise Patrick Digelmann. "Cela n’a pas été le cas à Draguignan."
Première étape, il fallait définir l’ampleur du site.
"Nous l’avons évalué en décembre dernier à l’aide d’une pelle mécanique", commence-t-il. "Au total, le site s’étalait sur 1.500 à 1.800 m². Une partie au sud-est date de l’époque romaine. Des fosses, au sud-ouest, remontent de la fin de l’Âge du bronze (-2700 à -800) ou au début de l’Âge du fer (-800 à 0)."
Les travaux d’archéologie ont débuté en urgence après le début du chantier de construction d’un centre commercial, sur le site duquel on a découvert des vestiges enfouis. Photo DR / SDA Var et Ville de Draguignan.
Après une série de sondages et la remise d’un rapport à l’État, la Drac a donc prescrit en urgence une fouille de sauvetage du site à proximité de Saint-Hermentaire. "Nous avions la possibilité de le faire, le Département s’est donc proposé pour réaliser ces fouilles", détaille l’archéologue.
Sur le site, il a dirigé sept personnes pendant cinq semaines afin de percer les mystères, dont certaines trouvailles datant du premier âge du fer (voir ci-dessous). "Nous devions déterrer, documenter et prélever le maximum d’élément dans un délai très court", indique Patrick Digelmann.
Les découvertes ont été nombreuses. « Nous avons pu identifier un domaine rural de l’époque romaine, sur lequel se trouvait une ferme viticole composée de deux unités de pressurage", décrit le chercheur.
"Il y avait un chai, lieu permettant la vinification, dans lequel se trouvaient de grandes jarres en céramique qui permettent de stocker le vin."
La structure était a priori composée de deux ailes organisées autour d’une grande cour fermée par un mur de clôture: "Au nord, se trouvait la partie habitation, dans laquelle nous avons retrouvé de la vaisselle en céramique et des objets de la vie quotidienne. À l’est se trouvait
l’atelier de pressurage et de stockage du vin."
L’équipe du Département a même eu la surprise de trouver les restes d’une voie romaine, le long du boulevard Saint-Exupéry. "D’une largeur de 4 m, celle-ci devait relier la villa de Saint-Hermentaire, puis le pont de Lorgues."
Selon les chercheurs, ces trouvailles dateraient du haut Empire romain, à savoir entre le début du Ier et le IIIe siècle de notre ère.
Les découvertes de l’équipe d’archéologues du Département ne se sont pas arrêtées au site romain antique. "Nous avons également trouvé des structures qui proviennent de la fin de l’Âge du bronze et du premier Âge du fer", annonce Patrick Digelmann, archéologue du département qui a dirigé les fouilles sur le site dracénois.
"Nous avons fouillé des foyers allongés à radiers de pierre de deux mètres de long et 60 centimètres de large, disposés en batterie", décrit le chercheur. 'Ils permettaient par exemple la cuisson de viandes, le grillage des grains ou d’accueillir des repas collectifs."
Des petites fosses de curage des foyers ont pu également être découvertes avec des résidus de charbon à l’intérieur. "Il y avait deux niveaux d’occupation superposés, avec la présence de trous de calages de poteaux, nécessaires à la construction d’habitations plus récentes, des VIe ou Ve siècle avant notre ère", estime-t-il.
"Nous avons prélevé les sédiments et l’ensemble des artéfacts présents dans ces fosses, que nous allons analyser, identifier et situer précisément à l’aide de la datation au carbone 14." Un travail de longue haleine, dont les conclusions complètes pourront être connues d’ici
deux ans. "Ce n’est que le début", sourit Patrick Digelmann.
"Ce sauvetage d’urgence, réalisé en cinq semaines contre les dix nécessaires, a été rendu possible grâce au concours de l’ensemble des acteurs : le recrutement rapide d’archéologues par le Département, la mise à disposition d’une base de vie et d’engins pour creuser et sonder, ou encore le prêt d’un drone par la Ville pour les prises de vues aériennes", salue le chercheur.
Les éléments découverts vont faire l’objet de datations précises qui permettront d’affiner les
hypothèses. Photo DR / SDA Var et Ville de Draguignan
Une campagne de fouilles qui va se terminer s’est penchée sur la partie basse du château, autour de la première enceinte, la plus récente, où de nombreuses trouvailles restent à découvrir.
Du haut vers le bas. Du plus ancien au plus récent. Depuis plus de six ans désormais, les archéologues sont au chevet du château d’Hyères pour qu’il livre, encore, quelques-uns de ses secrets.
Après avoir passé au peigne fin la partie haute de l’ancien château ces dernières années, David Ollivier, chercheur au CNRS (Centre national de la recherche scientifique), appartenant au Laboratoire LA3M (Laboratoire d’Archéologie Médiévale et Moderne en Méditerranée), affilié à l’université Aix-Marseille, et une équipe d’archéologues ont débuté une cinquième mission, il y a quelques semaines.
Un petit bassin et un ancien puisard ont été mis à jour - Photo CL
Une mission qui s’intéresse à "la première enceinte". Contrairement à ce qu’on pourrait penser, elle est en fait "la plus récente de l’histoire du château. Il s’agit de celle qui est la plus visible, la plus monumentale, construite par Charles d’Anjou, poursuit David Ollivier. Une enceinte avec une architecture militaire assez classique, de la deuxième moitié du XIIIe siècle, édifiée au moment où Hyères devient capitale de viguerie [une viguerie ou vicairie, du latin vicaria, est une juridiction administrative médiévale]. Charles d’Anjou fait du château une place forte avec l’utilisation de tours rondes mais adaptées au relief. On a commencé à travailler sur les origines du château et ensuite on est descendu sur les parties basses, plus récentes."
Des remparts, des tours, tout du moins ce qu’il en reste, nettoyés, ce qui leur donne un nouveau visage. Idem pour l’entrée sud principale du château et des deux tours rondes jumelles qui, autrefois, encadraient la porte d’entrée défendue par une herse.
"L’ensemble des emmarchements d’origine médiévale a été nettoyé et se trouve dans un état magnifique, insiste David Ollivier. Tout comme la calade dégagée qui date du XIII siècle." Tout ceci va être entièrement numérisé pour une modélisation 3D.
Quelques mètres en surplomb, là où les promeneurs ont l’habitude de crapahuter pour rejoindre le sommet de l’enceinte, un gros tas de remblais témoin des fouilles en cours qui ont permis de mettre au jour un petit bassin et un ancien puisard. De la terre bien sûr, mais également des morceaux de pierre issus de la partie haute du château tombés là lors de son démantèlement au début du XVIIe siècle. Parmi les trouvailles, "un chapiteau à formes florales du XII/XIII siècle. Premier élément de décoration du château ancien", explique le chercheur. Une pièce qui vient s’ajouter aux nombreuses autres découvertes lors des différentes campagnes de fouilles et qui devraient probablement faire l’objet d’une exposition.
Cette campagne 2021 se terminera dans les prochains jours, viendra ensuite la question de savoir ce qui restera ouvert et sera montré au public et ce qu’il faudra refermer. En attendant l’an prochain et de nouvelles fouilles, pour découvrir les nombreux secrets que le château n’a pas fini de livrer.