L’observatoire des vers luisants et des lucioles réalise une enquête participative pour connaître les populations de ces insectes lumineux. S’appuyant sur un réseau de 15 000 citoyens, il constate un déclin largement causé par l’humanité.
Tallenay (Doubs), reportage
Trois points brillants dans l’obscurité. La dernière fois qu’Éric Descourvières a aperçu des vers luisants, c’était à la fin du mois de juin, devant sa maison de Tallenay, un village du Doubs. « Je les ai découverts par une belle nuit noire en bordure d’une route communale, en lisière de prairie. Enfant, j’avais l’habitude de les observer. Cela m’a fait plaisir d’en revoir », raconte l’enseignant. Quelques jours plus tard, photo à l’appui, il consignait son observation dans un formulaire en ligne.
En effet, depuis 2015, une enquête participative vise à mieux connaître les populations de vers luisants et de lucioles en France. Souvent confondus, ces coléoptères de la famille des lampyridés diffusent tous une lumière verte pendant l’été. La bioluminescence résulte de la réaction chimique entre deux molécules nommées luciférase et luciférine avec l’oxygène. Rien de diabolique là-dedans : en latin, lucifer signifie « ce qui apporte la lumière ». Chez les vers luisants, cette propriété revient uniquement à la femelle qui, dépourvue d’ailes, reste immobile et s’éclaire en continu pour attirer un mâle. Du côté des lucioles, les deux genres sont ailés et bioluminescents ; ils clignotent en émettant des flashs de lumière très brefs.
Autrefois communs, ces insectes — une douzaine d’espèces en France — ont été peu étudiés. « En fait, on ne sait pas grand-chose sur eux. Ce ne sont pas de jolies bêtes comme les papillons ou les scarabées avec de belles couleurs ; ils n’intéressent pas les entomologistes », regrette Marcel Koken, chercheur en biologie moléculaire au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Ce spécialiste de la bioluminescence pilote l’observatoire des vers luisants et des lucioles avec Estuaire, un groupe associatif vendéen qui a initié d’autres programmes participatifs sur les bourdons, les hérissons, les mares et les libellules.
Compagnons à la fois magiques et mystérieux des soirées estivales, les vers luisants convenaient bien à une enquête destinée à réunir le maximum de contributeurs volontaires. Pour ce type de projet de science citoyenne, mieux vaut, effectivement, miser sur des espèces dotées d’un capital de sympathie. Et cela fonctionne. Grâce au relais local de 169 associations naturalistes, 15 000 observateurs répondent chaque année à la question suivante : avez-vous déjà vu un ver luisant ou une luciole ?
« C’est une enquête grand public à laquelle participent des gens qui ne sont pas dans notre réseau habituel », témoigne Bertrand Cotte. L’entomologiste amateur, coléoptèriste et membre de l’Office pour les insectes et leur environnement Franche-Comté, supervise la collecte de données dans sa région. En Bourgogne-Franche-Comté, 421 observations ont été recensées en 2021, grâce au travail de mobilisation de l’Observatoire régional des invertébrés.
Premier objectif de l’observatoire national : tenter d’évaluer et de localiser les populations. « Tout le monde dit "les vers luisants, on n’en voit plus". Alors on a voulu savoir s’il y en avait vraiment moins ou si c’est le changement de nos comportements qui nous rend moins attentifs », explique Marcel Koken. Résultat : les lampyres n’ont pas échappé au déclin général de l’entomofaune. « Si on se réfère aux anciens récits dans la littérature, il y a une vraie baisse. On ne retrouve plus les quantités décrites dans les articles », constate le chercheur du CNRS. On sait également que la principale espèce en France, Lampyris noctulica, est présente partout, même si la situation est plus dégradée dans le nord du pays. Les lucioles, elles, n’ont été signalées qu’autour de Nice et en Corse.
Des herbes hautes, de l’ombre et un peu d’humidité : c’est tout ce dont a besoin le ver luisant. « Il n’est pas très exigeant. On le trouve dans les jardins, les prairies, les bords de haie, les chemins forestiers, recense Bertrand Cotte. Et il lui faut aussi des limaces et des escargots. » Les larves (que l’on peut observer toute l’année) se nourrissent exclusivement de gastéropodes. Des animaux pourtant plus gros qu’elles, à qui elles réservent un sort funeste. « Ce sont des bêtes féroces, souligne Marcel Koken. Elles se jettent sur leur proie pour la mordre à plusieurs reprises. Le poison injecté la paralyse puis finit par la liquéfier. »
L’appétit de ces coléoptères en fait donc de précieux auxiliaires pour les jardiniers qui se désolent de voir leurs salades englouties par les limaces. L’utilisation de pesticides — et notamment de granulés antilimaces et escargots — apparaît comme l’une des principales causes de raréfaction des vers luisants. « Ils sont aussi perturbés par les lumières nocturnes qui désorientent les mâles. Il faudrait éteindre les lampadaires, les équiper de détecteurs d’approche ou orienter la lumière vers le bas, poursuit le gestionnaire de l’observatoire. L’abus de fauchage a également un impact. L’idéal serait de faucher l’herbe avant la mi-mai, puis après la mi-septembre et essayer de ne pas couper partout si ce n’est pas nécessaire. »
L’enjeu du programme scientifique de l’observatoire des vers luisants et lucioles est double : produire de la connaissance grâce à des contributions citoyennes mais aussi sensibiliser à l’effondrement de la biodiversité et au déclin alarmant des populations d’insectes. « L’enquête aide à communiquer sur une espèce phare pour pointer la régression de l’ensemble des insectes, y compris les plus communs », estime l’entomologiste franc-comtois.
Sauf que les moyens de l’observatoire sont trop limités pour atteindre pleinement cet objectif. Le programme est soutenu uniquement par le Département de la Vendée, ce qui ne permet pas de financer un poste de salarié afin de développer le réseau des observateurs et exploiter la base de données constituée depuis 2015. « Il n’y a pas de modèle économique viable pour ce genre de dispositif, déplore Fabien Verfaillie, le président d’Estuaire. On est frustrés de ne pas accomplir notre mission dans de bonnes conditions. On arrive juste à faire des constats alors qu’on aimerait pouvoir organiser les données de façon à réfléchir à des actions de conservation. »
Un élément pourrait inciter les pouvoirs publics à s’intéresser davantage aux lampyres : la découverte, en 2020, dans les Pyrénées-Orientales, d’une nouvelle espèce de luciole. Originaire d’Amérique du Sud, elle a été introduite en Espagne en 2016. Repéré par des programmes participatifs ibériques, le lampyre à corselet marqué a été déclaré comme potentiellement invasif et à surveiller par l’Office français de la biodiversité et l’Union internationale pour la conservation de la nature.
À raison de 10 kilomètres par an, l’espèce connaît une expansion rapide pour ce type d’insecte. Autre problème : les larves ne se nourrissent pas de limaces et d’escargots mais de vers oligochètes, les vers de terre indispensables à la vie des sols. « Les vers de terre souffrent déjà d’énormes pressions, notamment à cause d’une autre espèce envahissante, le ver plat. Cela peut être catastrophique, y compris pour l’humain avec des pertes de rendements agricoles et des sols compactés qui augmentent les risques d’inondation », s’inquiète Fabien Verfaillie. L’écologue veut croire « que, localement, le Département ou la Région accepteront de nous accompagner pour comprendre ce qui se passe et évaluer le risque associé au développement de cette espèce ». Une lueur d’espoir.
Pour votre jardin, vous pouvez planter des fleurs grâce aux sachets de tisane qui traînent dans vos placards.
Marjolaine
Vous n’avez pas la main verte et ne savez pas comment égayer simplement votre jardin ? Plantez le contenu de sachets de tisane. Un minimum d’effort pour un maximum d’effet garanti.
JARDIN - Si la période des semis est passée, il est tout de même possible d’embellir votre jardin à l’aide d’une méthode simplissime : planter le contenu des sachets de tisane qui traînent dans vos placards, parfois depuis plusieurs années. Pour cela, il suffit de se saisir d’un sachet de camomille, de nigelle, pavot ou autre plante fleurie. Périmé ou non, peu importe.
Frottez le sachet de tisane entre vos mains pour libérer les graines, dispersez-les sur une parcelle de terre nue en plein soleil, arrosez les bien et le tour est joué. La camomille, connue pour ses propriétés apaisantes et favorisant le sommeil, donne ainsi également de très jolies fleurs blanches, parfumées, semblables à des marguerites, qui égayeront votre pelouse, comme l’explique le HuffPost UK.
Les graines de nigelle donnent elles des fleurs plus fines et délicates, généralement de couleur pastel, parfaites pour combler les espaces vides dans votre jardin. Elles peuvent également être cultivées à côté d’autres fleurs, ce qui permet d’obtenir une végétation diversifiée sans effort.
Une belle pelouse sans effort
Pendant le premier mois ou jusqu’à la floraison, veillez à arroser régulièrement le sol. Une fois qu’elles ont fleuri, ces herbes sont très autonomes et continueront à prospérer d’elles-mêmes. Autre avantage : leur prix, qui est sans comparaison avec celui des graines vendues dans les magasins d’horticulture. Ne serait-ce qu’une demi-cuillère à café peut suffire à donner des tas de plantes.
Les petits sachets remplis de fleurs séchées sont récoltés mécaniquement et contiennent invariablement des têtes de graines mûres. Ces herbes ont presque toutes évolué afin de coloniser des sites ensoleillés, exposés, avec un sol pauvre et des niveaux d’eau bas, ce qui les rend très résistantes et faciles à cultiver. C’est le propre des « mauvaises herbes ».
Un bon exemple est le fenouil, que l’on trouve couramment sur les voies ferrées et dans les tas de décombres. L’aneth, qui est étroitement apparenté, peut être cultivé de la même manière. En tout cas, c’est une méthode facile et écolo de fleurir votre jardin ou jardinière. Et d’une année sur l’autre, les plantes repoussent.
Orchidées, papillons, arbres remarquables...
En petit groupe, dans un magnifique parc, je vous propose de venir découvrir les notions essentielles de la photographie de nature.À l’issue de cette journée, vous serez en mesure de créer une image harmonieuse, originale et parfois insolite !
Au plaisir de vous rencontrer
Cécile Di Costanzo
Photographe faune et flore
Renseignements et inscriptions
cecile.imagenature@laposte.net
06 89 01 61 95
En utilisant une technique de scanner en trois dimensions, des chercheurs britanniques estiment que les forêts du Royaume-Uni stockeraient plus de carbone que ce que l’on pensait.
Dans Richmond Park, à Londres, en Angleterre, le 1er décembre 2022. PHOTO TOBY MELVILLE-REUTERS
Une étude parue dans Ecological Solutions and Evidence révèle que le poids des arbres au Royaume-Uni aurait été sous-estimé, et, par la même occasion, leur contribution en matière de stockage de carbone.
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Les chercheurs ont scanné près de 1 000 arbres dans la forêt de Wytham (Oxfordshire) pour obtenir une image en trois dimensions de chacun d’eux. “Cela a donné une mesure du volume de chaque arbre, ce qui a permis aux scientifiques de calculer la quantité de carbone capturé dans les troncs et les branches”, précise la BBC. “Lorsque vous connaissez la densité du bois, vous pouvez convertir le volume en masse, explique Mathias Disney, professeur à l’University College de Londres. La moitié de cette masse se trouve être du carbone, l’autre moitié de l’eau.”
“Les résultats montrent qu’un lopin de forêt britannique pèse deux fois plus que ce que les précédents calculs suggéraient”, peut-on lire sur le site de la BBC.
Selon Mathias Disney, cette découverte indique que, pour chaque km2 perdu de forêt, “nous avons potentiellement perdu deux fois plus de capacité de stockage de carbone que ce que l’on pensait”. De plus, l’étude se penche aussi sur le cas des arbres adultes : l’importance de leur rôle semble difficile à compenser en plantant simplement de nouveaux arbres. “La valeur des vieux arbres est quasiment incalculable, par conséquent, on devrait éviter de les perdre à tout prix, peu importe le nombre d’arbres qu’on souhaite planter. Ces grands arbres sont terriblement importants”, avertit Mathias Disney.
Les pelouses synthétiques ne sont rien d'autre que du plastique sous lequel tout meurt, et qui empêche la pollinisation. Au Royaume-Uni, cette tendance pose déjà de nombreux soucis.
C'est cher, ça demande énormément d'entretien et c'est très mauvais pour l'environnement. | Adrian Curiel via Unsplash
Ça a la couleur de la paille et une texture similaire. Complètement dévitalisée, la véritable pelouse emprisonnée sous un gazon artificiel est desséchée et se brise entre les doigts. Pourquoi donc? «Parce qu'une structure du sol a besoin d'eau et d'air», explique Charlotte Howard, paysagiste et consultante en horticulture.
«Il faut que les vers et d'autres organismes puissent aller et venir depuis la surface. Ils ramènent sous terre des feuilles mortes, plein de choses qui nourrissent les sols, ainsi que de l'air. S'ils ne peuvent pas effectuer ce travail, le sol devient compact. Il n'y a ni air ni mouvement, et rien ne peut y passer. Ce n'est pas loin d'être comme du béton. Alors que la qualité des sols est primordiale à notre survie», indique-t-elle.
C'est aux États-Unis, dans les années 1960, que sont nées les pelouses artificielles. Puis, après avoir pavé les complexes sportifs où jouaient équipes de baseball et de football américain, le produit prend un air plus naturel au crépuscule du XXe siècle et sort du cadre sportif. «Mais c'est un business qui a explosé depuis les confinements, assure la paysagiste. Chez eux plus souvent, les gens devaient apprécier leurs jardins plus que d'habitude. Ils ont voulu que cela ressemble aux hôtels où ils avaient l'habitude d'aller, à Dubaï ou en Espagne.»
Ces dernières années, le mythe sarcastique du «Great British Summer», synonyme de périodes de pluie sans fin, de pulls sur les épaules, de parapluies dans le sac et de températures sous la barre des 20°C, commence à s'estomper. Cet été, la canicule n'a pas épargné le Royaume-Uni, où des températures supérieures à 40°C ont pour la première fois été enregistrées le 19 juillet. Les Britanniques passent donc de plus en plus de temps dehors et les compagnies qui font leur beurre sur la fausse pelouse annoncent, depuis 2019, des augmentations de ventes de l'ordre de 60% à 200%.
D'après Charlotte Howard, le cœur de cible serait les «jeunes familles qui aspirent à une sorte d'élévation sociale et ont un peu d'argent à dépenser». Nombre de trentenaires britanniques suivraient ainsi les recommandations d'influenceurs comme Mrs Hinch, une dame qui aime beaucoup le fond de teint et poster des clichés de sa maison «très propre, qu'elle nettoie tout le temps», tout en faisant la pub de sa propre ligne de produits d'entretien.
«Elle a fait poser une pelouse synthétique par une compagnie du nom de LazyLawn [«gazon flemmard», ndlr] et tout le monde a voulu un jardin à la Mrs Hinch», relate la paysagiste. Le gazon artificiel fait également partie intégrante des décors de Love Island, émission de téléréalité très suivie en Angleterre et comparable aux Marseillais en France.
«Pour ces gens-là, le jardinage est un truc de vieux, synthétise Charlotte Howard. C'est ringard. Ils paraissent totalement déconnectés de la nature. Ma coiffeuse est comme ça. Elle a la vingtaine et elle m'a expliqué qu'elle aime les maquillages qui ont l'air de coûter cher et qui donnent un rendu artificiel. Il s'agit de toute une catégorie de personnes qui aiment les choses fausses.»
Depuis les années 1930, 97% des prairies de fleurs sauvages ont disparu. C'est trois millions d'hectares où se nourrir en moins pour les pollinisateurs.
D'autres apprécient simplement la facilité. Notamment les jeunes parents. «De nombreuses nouvelles propriétés sont actuellement bâties avec de tous petits jardins aux mauvais sols, renseigne l'experte. Les gens ne savent pas quoi en faire.» Et c'est là que le marketing intervient: «Vous avez des enfants? Un chien? Vos vies sont fatigantes? Vous travaillez toute la journée avant d'amener les gosses au foot et à la danse? Épargnez vous la boue et le jardinage!»
Ce sont toutes ces raisons qui font que le business de la fausse pelouse est en plein boom. En 2021, il a été estimé que 8 millions de mètres carrés de gazon artificiel ont été vendus au Royaume-Uni. Et c'est peu dire que cela arrive à un moment de l'histoire loin d'être idéal: depuis les années 1930, 97% des prairies de fleurs sauvages ont disparu des campagnes anglaises et galloises.
C'est trois millions d'hectares où se nourrir en moins pour les insectes pollinisateurs, dont la population est en déclin depuis le milieu des années 1980. Or, un tiers de l'alimentation mondiale résulte de la pollinisation et certaines régions de Chine font aujourd'hui appel à de minuscules drones pour polliniser leurs fleurs. «On perd tellement de nature que les jardins individuels deviennent importants pour la faune», note ainsi Charlotte Howard. Étouffer les sols sous du plastique n'arrange rien, mais beaucoup semblent s'en moquer.
Le 6 août, une vingtaine d'activistes d'Extinction Rebellion manifestaient devant une enseigne McDonald's d'Harringay, dans le nord de Londres. Motif: la chaîne de fast-food venait de couper onze arbres afin de recouvrir le sol de gazon artificiel. Conseiller municipal à Childwall, une banlieue de Liverpool, Alan Tormey n'en revenait pas: «McDonald's a déclaré que, d'ici à 2030, le groupe aura fait en sorte de ne plus contribuer à la déforestation. Ils disent qu'ils travaillent avec des agriculteurs afin d'améliorer la santé des sols et derrière, ils vont abattre des arbres! J'ai ressenti cela comme un mensonge.»
Quelques heures plus tard, il déposait une motion au conseil municipal de sa ville, expliquant que le gazon artificiel est source de grands volumes de plastique, qu'il ne peut pas toujours être recyclé, que les microplastiques polluent le sol, qu'il a une déplorable empreinte carbone, n'apporte rien à la vie sauvage et peut surchauffer au point de devenir inutilisable.
«Un jour, alors qu'il ne faisait que 26°C, une cliente qui souhaitait retirer du gazon artificiel de chez elle a mesuré sa température, raconte ainsi Charlotte Howard. Elle grimpait à 60°C. Le plastique fond à 80°C, on en n'est pas loin! Donc, pour le refroidir, les gens l'arrosent… On nage dans l'absurde.»
Oui, c'est absurde. Surtout lorsque l'on sait que produire un mètre carré de artificial turf coûterait 3.750 litres d'eau, et la sécheresse qui a frappé l'Europe cet été n'a semble-t-il pas entendu parlé du Brexit: le 9 août, le sud-est anglais avait déjà connu cent-quarante-quatre jours avec peu ou pas de pluie en 2022, ce qui n'était pas arrivé depuis les années 1970.
Que faire? Alors que la ville de Newcastle a décidé de ne plus installer de gazon artificiel en juillet, Alan Tormey réclame, dans sa motion, une taxe sur les poses et des limitations de son utilisation, dans sa ville puis dans tout le Royaume-Uni. De son côté, Charlotte Howard propose que l'installation de gazon artificiel soit soumise à une sorte d'autorisation similaire à un permis de construire.
«Dans certaines circonstances, on peut l'autoriser. Pourquoi pas. On dit que cela peut être pratique pour certaines personnes handicapées et on peut respecter cela. Cela dit, même en cas de handicap, il y a d'autres solutions. Cela coûte environ 3.000 livres [3.400 euros, ndlr] de poser un gazon artificiel qui peut durer quinze ans. Cela coûte moins cher de payer un jardinier pour tondre de la véritable pelouse. Ou alors, laissez pousser votre pelouse! Personnellement, je n'ai tondu que trois fois cette année…»
Au Royaume-Uni, le mouvement No Mow May invite en effet villes et particuliers à laisser leurs gazons pousser durant le mois de mai, afin de laisser les plantes prospérer et ainsi offrir assez de nectar aux insectes pollinisateurs.
Après s'être heurté à un conservatisme enraciné dans des traditions obsolètes, l'idée devient de plus en plus populaire: dans certains quartiers, le mauvais voisin devient celui qui tond sa pelouse, plutôt que celui qui la laisse pousser. «On peut espérer que la mode du gazon artificiel passe vite, veut croire Charlotte Howard. Mais il faut qu'elle passe vraiment vite, si on ne veut pas se retrouver avec des millions d'hectares supplémentaires couverts de plastique vert.»