Note : Est-ce qu'on a pratiqué au Revest le levage de liège ? A-t-on déjà vu sur la commune des chênes-liège qui en portaient la marque ? (je crois avoir vu ça à Tourris, sur l'arbre face à la chapelle)
Le Plan-de-la-Tour A l’image de la récolte débutée depuis peu au domaine des Vernades, l’exploitation du liège, abandonnée au fil des décennies, reprend ses droits dans le massif.
La levée du liège
Ce matin-là, Alexandre Latil a les yeux qui pétillent comme un gamin devant ses cadeaux de Noël: devant lui, trois hommes s’affairent autour d’un des plus vieux chênes-lièges, certainement plus que centenaires, de sa propriété située au cœur du massif des Maures, sur les communes du Plan-de-la-Tour, de Grimaud et de La Garde-Freinet. Ils en récoltent l’écorce : c’est ce qu’on appelle la levée du liège.
Il est heureux et aussi un peu ému, notre viticulteur du domaine des Vernades, car l’exploitation du liège, largement répandue par le passé, a été quasiment abandonnée au fil des générations.
"Ma famille, mon arrière-grand-père, mon grand-père vivaient de la forêt, du liège qu’ils amenaient à la bouchonnerie, des pins, des vergers, des oliviers, de la vigne et de la récolte des foins. Mon grand-père est décédé en 2013 et la dernière fois qu’il a pu le faire, c’était en 2006. Alors ça fait plaisir de revoir ça, ce savoir-faire, ces arbres qui respirent et une ressource naturelle et locale de nouveau exploitée!"
Toujours d’attaque à 73 ans!
Sur 70 hectares, une quarantaine est ici plantée de chênes-lièges. Mais le savoir-faire s’est perdu, les entreprises ont fermé les unes après les autres, les artisans sont devenus très rares. Mais le hasard fait parfois bien les choses : à 73 ans, Belkacem Boukarine vit à Cogolin. Il a maintenant le temps et a gardé toute son énergie pour la levée du liège "qui est sa passion", dit son fils Abdel.
Alexandre et ce dernier se connaissaient : "Quand il est venu ici, il a vu tous ces chênes-lièges et m’a dit que son père en cherchait. L’an dernier, il me l’a présenté, on a fait le tour et depuis quelques jours, ils ont attaqué!" Abdel est venu prêter main-forte à son père avec un ami, Bilal, car la récolte ne peut s’effectuer qu’entre juin et août, pendant que la sève de l’arbre monte, sinon l’écorce est impossible à décoller du tronc.
Il faut savoir aussi que chaque levée doit être espacée d’au moins neuf ans, le temps que l’écorce se régénère et soit alors qu’une qualité exploitable. Ce n’est pas le cas d’une écorce brute, originelle, qui ne pourra pas être valorisée, d’où la nécessité de gérer dans le temps l’exploitation d’une forêt.
"Le liège, je leur laisse"
"J’en ai parlé à mes voisins et deux sont intéressés", poursuit le viticulteur pour qui, clairement, la motivation n’est pas économique. "Je suis bien heureux déjà d’avoir trouvé ces ouvriers, alors le liège, je leur laisse. Déjà qu’ils gagnent à peine leur vie dans un travail qui est difficile. L’important pour moi, c’est d’entretenir les arbres ; là ils respirent, c’est magnifique! La semaine prochaine, j’attaque le débroussaillement et ce sera tout propre."
Quand le retour aux sources et à des pratiques ancestrales prend tout son sens, dans notre période bardée de technologie...