Dans cette crise sanitaire sans précédent liée à l’épidémie de Covid19, les établissements et services médico-sociaux pour personnes âgées sont confrontés à des défis majeurs pour protéger la santé de leurs résidents, patients et de leurs personnels.
Pour venir en aide aux Ehpad et aux Ssiad, l’ARS Paca met en place une stratégie régionale en renforçant le dispositif d’accompagnement existant, afin d’accentuer la présence médicale auprès des personnes âgées, soutenir les professionnels de santé et les personnels des établissements médico-sociaux et améliorer le parcours de soins des personnes âgées prises en charge et accompagner les aidants.
A compter du 15 septembre, les visites extérieures doivent se faire dans un cadre aménagé en fonction de la capacité de l’établissement à mettre à disposition des locaux dédiés, une ou plusieurs visites pourront être accordées par créneau horaire ;
Les rencontres en extérieur doivent être privilégiées afin d’éviter que les visiteurs n’entrent dans les établissements mais elles pourront également avoir lieu dans un "espace de convivialité".
Sont considérées comme prioritaires les visites aux résidents « pour qui le confinement a un fort impact sur la santé physique et mentale ».
Deux personnes maximum par jour et par résident seront autorisées dans les “espaces de convivialité” ou en extérieur. En ce qui concerne les visites en chambre, une seule personne sera admise à la fois.
Les directeurs d'établissement ont la main sur les mesures applicables localement, après concertation collégiale avec l’équipe soignante en fonction de l’organisation de chaque établissement et de la situation sanitaire de l’établissement.
Le directeur de l’établissement pourra être amené à suspendre l’entrée en Ehpad, de visiteurs ne respectant pas les mesures barrières malgré les recommandations et rappels.
Un guide pratique, diffusé à l’ensemble des établissements et service médico-sociaux de la région, rassemble les outils à disposition ainsi que les recommandations de gestion de l’épidémie de Coronavirus Covid-19. Il sera régulièrement actualisé et communiqué selon l’évolution de la situation.
GUIDE - Stratégie de prise en charge des personnes âgées en établissement et à domicile (pdf, 10.35 Mo)
L’ARS soutiendra financièrement les gestionnaires dans la déclinaison de cette stratégie, qui repose sur une série de mesures concrètes.
Renforcer la présence médicale et soignante auprès des personnes âgées en Ehpad
Augmenter le temps de travail des médecins coordonnateurs dans les Ehpad jusqu’à un temps plein
Accompagner les Ehpad dans le recrutement de personnel soignant supplémentaire
Renforcer l’astreinte et la présence infirmière de nuit
Bénéficier de la mobilisation régionale pour venir en renfort des équipes au sein des établissements.
Faciliter la continuité des prises en charge et des traitements avec la possibilité pour l’ensemble des médecins, y compris les médecins coordonnateurs, d’établir des prescriptions pour les résidents et pour les pharmaciens de renouveler les traitements qui arrivent à leur terme, sans ordonnance.
Soutenir les équipes et les professionnels dans la gestion de l’épidémie
Mettre en place une réponse gériatrique à l’échelle des territoires avec une réponse gériatrique est ouverte tous les jours, week-end compris selon les territoires, entre 8h et 20h.
Mobiliser les équipes opérationnelles d’hygiène et d’infectiologie
Mettre en place un dispositif régional de soutien psychologique à l’attention des professionnels confrontés à la gestion de l’épidémie
Mobiliser les équipes opérationnelles d’hygiène et d’infectiologie
Structurer et soutenir l’organisation des prises en charge au domicile
Renforcer l’intervention des services d’hospitalisation à domicile et des équipes de soins palliatifs et douleur
Soutenir les équipes et les professionnels avec les Plateformes territoriales d’appui et les conseillers d’assurance maladie et le déploiement de l’outil « TerCovid»
Renforcer le rôle des Ssiad par la mise en place de Ssiad dédié COVID+ et la prolongation des Ssiad de nuit
Poursuivre les actions auprès des aidants
Mourir de tristesse, isolé et sans visite de sa famille: c’est le quotidien de nombreux résidents en EHPAD qui se voient encore aujourd’hui imposer des mesures de confinement déraisonnables et déshumanisées. Échappant au Covid, ils sont entraînés progressivement dans un syndrome dit “de glissement” avec refus de se lever, de s’alimenter et de participer à toute activité. Ces résidents se laissent mourir.
En mars dernier, le gouvernement avait fermé du jour au lendemain les portes des EHPAD interdisant tout contact familial. Cette décision a été justifiée à l’époque par des mesures de protection rendues nécessaires par le nombre impressionnant de décès dans les établissements médico-sociaux. Les conséquences prévisibles d’un enfermement des seniors, imposé brutalement sans préparation psychologique, avaient ému l’opinion publique. La réouverture des EHPAD a été largement médiatisée.
L’annonce du Premier ministre le 19 avril avait redonné espoir aux personnes âgées et aux familles, après 6 semaines d’isolement complet. Trois semaines plus tard, de nombreuses familles, impuissantes, sont désormais confrontées à une ouverture minimale des établissements engendrant de grandes détresses morales.
Relayé par les ARS, le choix du Premier ministre a laissé les directeurs d’établissement pleinement responsables des modalités d’application des directives ministérielles. En pratique, une grande hétérogénéité de mise en œuvre est observée en France. Certains EHPAD ont organisé avec les familles des visites aussi fréquentes que possible. Le dévouement des équipes soignantes aidant, ces établissements ont fait le choix prioritaire du lien social. D’autres structures, privilégiant des considérations logistiques, ont choisi l’application de mesures d’une rigueur protectrice extrême. Le nombre de familles reçues chaque jour est donc très variable d’un établissement à l’autre: dans certains cas 10 familles par jour 6 jours sur 7 en respectant l’intimité de chacun; ailleurs seulement 2 à 4 familles par jour ouvrable (pas de visite le week-end et les jours fériés) soit une visite de 30 minutes par mois et par résidant, sans intimité (sous la surveillance d’un membre du personnel).
Une visite de 30 minutes par mois, derrière une vitre en Plexiglas, masquée, à deux mètres de distance! C’est ce qui est par exemple accordé à une résidante malvoyante et malentendante. Pas plus de deux personnes par visites! Pour une famille nombreuse, c’est un contact tous les 3 mois pour chaque membre de la famille qui peut ainsi être imposé.
Procédures déshumanisées
Oui! On peut mourir de solitude et de tristesse en EHPAD aujourd’hui. D’une tristesse imposée par des procédures excessives et déshumanisées dans certains établissements qui font le choix prioritaire de la logistique et non de l’humanité. Un choix qui va à l’encontre de toutes les connaissances sur le fonctionnement psychologique des personnes âgées et de toutes les publications sur leur vécu en EHPAD.
À la fin de la vie, le lien social -et avant tout le lien familial- donne seul du sens au quotidien. Par évidence, toutes les familles souhaitent éviter pour leurs proches les conséquences potentiellement dramatiques d’une atteinte virale. Mais les procédures sanitaires doivent protéger la vie et non l’abréger.
Après la décision d’un isolement initial complet et brutal, la prolongation du confinement en EHPAD annoncée par le ministre de la Santé le 7 mai fait craindre des conséquences délétères majeures pour les résidents de certains établissements, et cela malgré l’implication et l’investissement considérables des personnels soignants. Il serait temps que la décision du Premier ministre bénéficie d’une interprétation humaniste.
Cette tribune est signée au nom du Collectif COVAID-PAD
MAJ 11 mars 16h : dans les Ehpad et les unités de soins de longue durée, l'intégralité des visites de personnes extérieures à l'établissement est suspendue", explique le gouvernement dans un communiqué ce mercredi 11 mars.
Du fait de la vulnérabilité des personnes âgées, les Ehpad renforcent chaque jour leurs mesures de précaution "pour faire barrage à l'entrée du coronavirus" et leurs représentants seront reçus mardi au ministère de la Santé pour discuter du protocole à suivre en cas de contamination.
Dans une résidence parisienne, les proches de la centaine de personnes âgées qui y sont accueillies ont ainsi reçu trois notes d'information depuis vendredi, chaque jour un peu plus restrictives sur les conditions de visite.
Depuis dimanche, les visiteurs doivent accepter une prise de température frontale et se voient refuser l'accès en cas de fièvre.
Ils ont l'obligation de se frictionner les mains avec un gel hydro-alcoolique à l'entrée, de porter un masque chirurgical en cas de toux, de signer le registre des entrées et sorties.
Les horaires de visite sont restreints. On leur demande de ne pas embrasser leur proche, ni de lui serrer la main, ainsi que de ne pas l'emmener à l'extérieur de l'établissement. Et plus généralement de "vérifier par téléphone que les visites sont toujours autorisées".
Ces "mesures-barrière" se généralisent dans les 7.000 établissements accueillant des personnes âgées car "l'enjeu est de bloquer l'entrée du virus à l'Ehpad", résume Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Syndicat national des établissements et résidences privés pour Personnes Âgées (Synerpa).
"La moyenne d'âge y est supérieure à 85 ans, les conséquences pourraient être dramatiques", souligne-t-elle.
Selon la dernière étude publiée le 17 février par les autorités chinoises, les personnes âgées de plus de 80 ans sont les plus à risque avec un taux de mortalité de 14,8%.
Les Ehpad (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) ont l'habitude de gérer des maladies infectieuses, confrontées chaque année à la grippe classique qui est pour l'instant "autrement plus impactante" avec ses milliers de décès, rappelle Pascal Champvert, président de l'AD-PA, association de directeurs de maisons de retraite et de structures d'aide à domicile.
"Il est faux de dire que nous ne sommes pas prêts. On sait mettre à l'isolement, gérer un risque infectieux, regarder les circuits d'aération, etc", confirme Mme Arnaiz-Maumé.
Néanmoins les acteurs du médico-social (Ehpad, aide à domicile, etc.) seront réunis mardi matin à leur demande au ministère de la Santé.
"Il faut qu'on ait un protocole clair à appliquer" en cas de suspicion, demande Mme Arnaiz-Maumé.
"On sait qu'on doit ne pas aller aux urgences et appeler le 15 mais dans quel délai on fait le test, dans quel cas on transfère la personne dans un lieu adapté, etc.? Tout ce circuit là est essentiel", souligne-t-elle.
"Nous voulons aussi être sûrs d'être bien prioritaires dans la distribution de masques avec les hôpitaux et la médecine de ville", ajoute-t-elle.
Elle compte aussi poser la question du matériel de protection (masque, thermomètre...) pour ceux qui font de l'aide à domicile.
"Pour l'instant il n'y a pas lieu d'être alarmiste, le gouvernement et l'Etat font bien les choses", juge de son côté Pascal Champvert.
Mais en cas de crise majeure, "si on attend de nous que nous redoublions d'efforts, je vous réponds que nous ne redoublerons rien du tout parce que nous ne sommes pas en mesure de le faire du fait des sous-effectifs", prévient-il.
"Pas plus que nous ne sommes en mesure déjà de répondre aux épisodes grippaux l'hiver ou caniculaires l'été", ajoute-t-il, rappelant le rapport récent de l'ancienne ministre Myriam El Khomri sur les besoins de recrutement massifs dans les métiers du grand âge.
"Si demain les aides-soignants ne pouvaient pas venir travailler parce que les écoles seraient fermées, par exemple", juge ainsi M. Champvert, qui a prévu de s'entretenir lundi avec son représentant dans l'Oise "pour savoir comment cela va fonctionner" dans cette zone touchée.