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Pour les Aigles de Bonelli espagnols, les périodes de congés ne sont pas des vacances
Une étude menée dans le sud-est de l'Espagne a montré que ces rapaces augmentaient significativement leurs déplacements en fin de semaine et durant les vacances.
29/09/2020
Pour les Aigles de Bonelli espagnols, les périodes de congés ne sont pas des vacances
Les activités humaines de plein air (randonnée, escalade, ornithologie, cyclisme, motocross, véhicules tout-terrain, kitesurf, kayak..) sont de plus en plus nombreuses, ce qui entraîne une augmentation des perturbations de la faune sauvage, y compris d’espèces vulnérables dans des zones protégées. Par ailleurs, la chasse, si elle est moins populaire, n’a pas disparu, et ses effets se cumulent aux autres dérangements.
L’Aigle de Bonelli (Aquila fasciata) est un rapace peu commun qui a beaucoup décliné au cours du XXe siècle en Europe, à cause de la dégradation de son habitat, de la diminution des ressources alimentaires (lapins et perdrix), des tirs , des empoisonnements et des collisions. La péninsule ibérique accueille 80 % de la population européenne de ce rapace, or l’Espagne et le Portugal sont deux pays très touristiques : 23 millions de personnes ont par exemple visité en 2014 des espaces naturels protégés espagnols, et les côtes méditerranéennes du pays sont très peuplées, et encore davantage en été.
Aigle de Bonelli ©Cécile Di Costanzo pour les Amis du Vieux Revest
Dans un article publié en 2019 dans le journal Biological Conservation, des ornithologues ont tenté d’évaluer les effets des activités récréatives, pratiquées surtout durant les périodes de congés et en fin de semaine : pour cela, ils ont analysé les mouvements de 30 Aigles de Bonelli équipés de Balises GPS/GSM dans une zone de maquis et de forêts de 1 600 km² située dans les provinces de Castellón et de Valence, où vivent près de 2,5 millions de personnes à proximité. Pour cela, les auteurs ont analysé entre 2015 et 2017 la surface de leur domaine vital (= le territoire où vivent ordinairement les oiseaux et qui suffit à répondre à leurs besoins primaires) au cours de l’année. Ils ont utilisé la méthode de Kernel, qui met en évidence les zones où l’individu est positionné le plus fréquemment et minimise les localisations extrêmes, et analysé les variations du domaine vital avec un modèle linéaire généralisé.
Ils ont constaté que les déplacements de ces rapaces augmentaient significativement en fin de semaine et durant les vacances, soit de près de 12 % en moyenne durant la période de nidification, et de près de 10 % durant la période internuptiale, alors que leurs mouvements sont déjà naturellement plus importants.
Ces déplacements accrus peuvent entraîner des dépenses énergétiques supplémentaires, des interférences entre territoires et éventuellement des abandons de secteurs. Ces résultats confirment qu’une limitation de certaines activités de plein air sont nécessaires durant les périodes les plus critiques (incubation, élevage des jeunes) dans les zones importantes.
Compléments
Dans la galerie d’Ornithomedia.com
Aigle de Bonelli (Aquila fasciata) : Aigle de Bonelli
Source
Arturo M. Perona, Vicente Urios et Pascual López-Lópeza (2019). olidays? Not for all. Eagles have larger home ranges on holidays as a consequence of human disturbance. Biological Conservation. Volume : 231. Pages : 59-66. www.researchgate.net : Researchgate