La romancière Emmanuelle Bayamack-Tam, lauréate du prix Medicis pour son roman "La treizième heure"
(POL) le 8 novembre 2022 à Paris BERTRAND GUAY / AFP
Emmanuelle Bayamack-Tam a remporté mardi 8 novembre le prix Médicis du roman français avec La Treizième Heure (éditions POL). La lauréate, professeure de français de 56 ans, écrit du point de vue d'une adolescente, Farah, et de sa famille, investie dans une église fondée par le père, qui se retrouve autour de lectures de poésie.
"Je suis ravie. J'ai l'impression de m'inscrire dans une lignée", a déclaré la lauréate à la presse, citant d'anciens lauréats comme Georges Perec, Mathieu Lindon ou Marie Darrieussecq. "C'est un roman certes, mais aussi un hommage à la poésie (...) Je ne peux que redire ma fierté d'avoir ce très beau prix", a affirmé la romancière.
Les parents d'Emmanuelle Bayamack-Tam sont Revestois. Voir sur Wikipédia.
Cordiste, ce Revestois exécute des travaux de maçonnerie sur les toits de Toulon, qu’il s’est mis à photographier au fil des ans. Jusqu’à vouloir en faire profiter le public.
Publié le 07/06/2022 à 16:34 par Mathieu Dalaine
Cordiste de profession, le Revestois Christian Maurel arpente les toits toulonnais dans le cadre de sa profession et en profite pour faire des photos surprenantes sur la commune. Photo Frank Muller
Au royaume des vieilles tuiles, graffeurs et monte-en-l’air sont rois. C’est ici aussi, sur les toits du centre-ville de Toulon, que Christian Maurel passe l’essentiel de ses journées. Depuis trente ans, ce travailleur acrobatique répare les verrières, les châssis à tabatière et traque les fuites d’eau de ce palais à ciel ouvert; le tout suspendu à vingt mètres au-dessus du sol.
"Et puis, un jour, alors même que je venais de m’offrir un appareil photo, je me retourne et prends conscience que c’est ça qu’il faut photographier…" Ça, c’est le paysage azur et ocre qui s’ouvre devant lui, où s’empilent le haut des immeubles anciens et le bleu de la Méditerranée. Cheminées, puits de lumière, balcons oubliés se révèlent comme depuis aucun autre promontoire toulonnais.
Christian voit plus loin. "J’ai imaginé des cadres qui mettaient en valeur mes clichés: des créations en forme de grue, d’échafaudage, d’altana… Je dois maintenant trouver un lieu suffisamment grand pour que je puisse les exposer! Mais mon titre est tout trouvé: ‘‘Entre toits, émoi’’".
En plein travail au-dessus du boulevard de Strasbourg, Christian Maurel a pris la pose. Il œuvrait ce jour-là à refaire l’étanchéité d’un altana. Photo Frank Muller
Ces verrières pyramidales ou coniques, au nombre de 150 à Toulon, visent à apporter de la lumière dans les cages d’escalier.
C’est au milieu du XIXe siècle, alors qu’est adopté le principe d’une surélévation des immeubles du centre, que les premiers ont vu le jour.
Christian confie avoir pris plus de 500 photos des toits de Toulon.
"Suivant l’heure, l’orientation, la météo, les paysages se transforment".
À Besagne, la ligne d’horizon se compose de silhouettes de frégate et de paquebot, ainsi que des grues du port militaire.
Quand la luminosité tombe, la vieille ville semble happée par le bleu de la mer.
Depuis 2012, le photographe voit l'évolution du centre ancien Photo DR.
"Mon travail est à la fois esthétique et historique".
Depuis 2012 qu’il s’est mis à photographier tous azimuts, Christian Maurel a vu l’évolution du centre ancien, comme ici l’îlot Baudin avant sa réhabilitation.
"La transformation est réellement impressionnante", assure celui-ci.
La richesse des toits de Toulon et ses grues. Photo DR.
Le cap Sicié et la rade en toile de fond. Les toits de Toulon et leurs tuiles montrent leur richesse. "On découvre des balcons cachés, des nids de gabians entre les cheminées, du linge suspendu…", détaille Christian Maurel.
Et toujours ces grues que les photographies officielles oublient souvent de montrer lorsque l’objectif s’oriente vers la mer.
Le beffroi de l’ancienne Caisse d’Épargne, qui surplombe aujourd’hui l’opéra, est l’un des joyaux "aériens" des toits de Toulon. Photo DR.
Érigé en 1895, le beffroi de l’ancienne Caisse d’Épargne, qui surplombe aujourd’hui l’opéra, est l’un des joyaux "aériens" des toits de Toulon. "Avec le campanile de la cathédrale, la toiture de l’ancien palais de justice ou les halles, évidemment", sourit Christian Maurel
Fabien Baïardi (à droite) avec Lionnel Astier dans la série "Alex Hugo".
Publié le 13 octobre 2021 à 13h56 Par Raphaël Coiffier rcoiffier@nicematin.fr
Le comédien, installé au village du Revest depuis quinze ans, s'épanouit dans la saga policière rurale, "Alex Hugo". Il a tourné des scènes du dernier épisode au Thoronet. Parole au policier.
Fabien Baïardi a le sourire. Ce sourire tendre et carnassier. Charmeur et inquiétant. Comme l’eau du geyser encore endormie. Dans les profondeurs de l’être. Prête à jaillir au crépuscule de la patience... Il est ce compagnon d’un soir. Affable et farceur. À la terrasse d’un café. Moulin à paroles. Mordant et mordu. À l’instinct grégaire. Tant que l’autre n’empiète pas sur son humble caractère.
Il est vous. Il est moi. Lorsque le soleil s’endort sur Le Revest. Son village adopté lorsqu’il tournait, à Saint-Tropez, Sous le soleil. La petite porte des artistes. Poussée de l’auriculaire. Jusqu’à en devenir une pièce majeure. Il y a 15 ans. Déjà.
Il était flic. Beau gosse. "Le faire-valoir de service." Pas encore le méchant. "Le dégueulasse.". Le voyou. La gueule de l’emploi. Il était ici. Dans Le Bureau des légendes. Là. Dans De rouille et d’os. Il était à l’image. Des salles obscures. En couleurs. De nos écrans plats. Il est acteur. Tout simplement... "Parce que je suis une feignasse, rigole-t-il en vous désarçonnant.
"Un oisif romantique." Qui dès 11 ans écrivait des poèmes parfumés. Qui dès 14 ans, jouait Titus à Lyon. Planches homériques de son tremplin artistique. "On me disait 'tu as du charisme'. On m’envoyait de l’amour. Pour un gars comme moi, aux parents séparés, ça me faisait du bien." D’attraper au vol des morceaux de bienveillance. Comme lorsqu’il chantait avec son meilleur pote. Dans la rue. Intrigant le chaland éphémère, de sa voix de baryton Martin.
Martin-pêcheur parti barouder, aussi, un an au Vietnam. Pourquoi? "Pourquoi pas. J’ai écrit un bouquin là-bas." Coupé le cordon avec les répliques. Les lumières tamisées. Avant de s’en revenir à "ce luxe qu’est le métier de comédien.".
De trimbaler sa carcasse de casting en casting. De picorer les rôles. Jusqu’à tomber sur Leblanc. Le Leblanc. De la série Alex Hugo. Le juste. Brigadier gentil. Généreux. "Mon clone. Presque à 100%. Il y a une sorte de fusion avec ce personnage." Une complémentarité avec Lionnel Astier, interprète du policier Angelo. "C’est mon maître. Je le kiffe!"
De l’eau a coulé sous les ponts des campagnes depuis le premier épisode. La Mort et la belle vie, tourné en 2014. Une paille. Pire, une meule de foin où le Baïardi n’était alors que passager de travelling. Un coup de vent médiatique... Sauf qu’au fil des saisons, il a trouvé sa place dans ces grands espaces. "Les réalisateurs, notamment Pierre Isoard, Olivier Langlois, puis Muriel Aubin, m’ont fait confiance. Leblanc s’est imposé."
Ainsi que le comédien. À l’aise dans ces décors naturels. En famille, avec les équipes de tournage. Admiratif de Samuel Le Bihan. "Au premier rôle taillé au scalpel pour lui. Ce mec est terrible. Humain. À l’écoute. Et il n’a pas la grosse tête, comme certains dans ce milieu..."
Lui non plus ne pète pas plus haut que son cul. À l’opposé des percussionnistes du septième art. Musiciens de la bien-pensance et chefs d’orchestre de l’entre-soi. "Participer à une partouze à Paris, le nez plein de coco, pour obtenir un rôle, très peu pour moi. Je force le trait, mais c’est vrai que dans ce microcosme, c’est très centralisé. Vivre là-bas, ça me tuerait. Je ne troquerais pas mon village pour Oberkampf..."
Lui préfère la terre. L’authenticité. La mer. Les balades. Les apéros avec les copains. S’occuper de son petit bonhomme, Enki. Son Revest, quoi. "Je me suis même inspiré de sa police municipale pour Alex Hugo." Son fil rouge artistique. Dont le dernier opus, le 22e de la collection, a été tourné en partie au Thoronet.
La Fille de l’hiver. "C’est un western rural. Haletant. Comme hors du temps. Le premier sous la neige." Que le plus Varois des Lyonnais ne spoilera pas. "Vous devrez attendre sa diffusion, bientôt (1)." Par jour de grand froid. Pour être raccord.
"Vous ne serez pas déçu." Comment l’être, tant cette série du service public s’éloigne des sentiers battus. "On est dans le noble. Dans le retour au terroir. Pas du tout dans les fléaux de la ville. Je crois que c’est ce qui plaît aux gens."
Ce qui lui plaît aussi. "Arrêter Alex Hugo? Non. C’est trop bien. D’ailleurs quand le tournage prend fin, je suis mal. C’est comme quand ta nana te largue. Tu as un manque." Pour le combler, Fabien va au marché. Cuisine. Regarde un match de l’OL. Ou du RCT. "Mon cœur est à la fois rouge et bleu et rouge et noir."
Un cœur gros comme ça. Celui d’un mec les pieds sur Terre. N’hésitant pas à vous dire: "Je peux gagner un Smic par jour alors qu’il fallait un mois à mon grand-père pour la même somme. Je suis conscient de la chance que j’ai. Alors ne comptez pas sur moi pour me plaindre." Pour sûr, il y a du Leblanc en Baïardi...
1. L’épisode La Fille de l’hiver sera diffusé aujourd’hui en avant-première à Canneseries.
Un projet avec Samir Bouallegue et une série Netflix
S’il se voit bien, un jour, jouer une comédie musicale, Fabien Baïardi planche depuis un bon moment sur un projet de long métrage avec, à la baguette, le réalisateur Samir Bouallegue.
"C’est le rêve de ma vie. Le film est écrit. Ce sera l’histoire d’une quête identitaire. Un road-trip contemporain. Totalement décalé. Un univers un peu dégueulasse mais touchant."
Pour Fabien, collaborer avec Samir était une évidence. "Ce mec est un génie et on va y arriver."
En attendant, l’acteur sera à l’affiche de la série Gone for Good (Disparu à jamais), prochainement sur Netflix.
Notre Revest est un village haut perché qui a gardé tout son caractère de par sa localisation particulière. Il est campé sur un piton rocheux, au fond d’une vallée en cul de sac, c’est là l’origine de son nom. Il n’est donc pas traversé par le flux continuel de la civilisation et au Vieux Revest, les habitants ont conservé les usages d’autrefois, enfin presque.
Ici, tout le monde connaît tout le monde, impossible d’aller d’un endroit à l'autre sans rencontrer vingt connaissances et il serait inconcevable de ne pas s’arrêter pour discuter un moment avec chacun. La traversée du village est pour un Revestois comme une visite de la famille, certes très sympathique, mais qui implique de bien prévoir son temps de parcours. Ici, le technicien de surface est encore un aimable balayeur toujours prêt à un brin de conversation et les gens appellent encore le prêtre Monsieur le Curé.
Pas d’automobile, ou si peu, vu l’espace disponible et l’étroitesse des rues. Et à propos des rues ou plutôt des ruelles, elles s’enroulent en cercles concentriques autour de la Tour-donjon et sont reliées par des traverses, calades raides souvent en escalier. Rien n’est plat au Revest et les Revestois ont tous du souffle et des jambes musclées, il en faut pour habiter ce rocher.
Les maisons du Revest sont resserrées et les jardins bien rares. Aussi les villageois investissent pacifiquement un peu de l’espace public, peut-être comme une survivance traditionnelle de ces aires communautaires qui étaient à chacun et à personne. Les juristes et les historiens appellent ça des pateqs. Vous voyez un banc, une table, des plantes vertes, du linge qui sèche, un arrosoir qui se remplit à la fontaine. Non, non, vous n’êtes pas entrés dans une cour privée, toutes les ruelles, placettes et passages ont des noms, choisis avec soin par lors de conseils municipaux. Toutes ces voies sont tracées sur les plans de ville, mais ne sont pas numérotées sur les plans cadastraux : la preuve qu'elles appartiennent au domaine public communal et en tant que telles, elles vous sont toutes ouvertes, vous pouvez passer partout, vous y êtes invités pour bien vous imprégner de l'esprit du village. Comme sur la place Langevin et son beau murier platane ou la place Desambrois, sa fontaine, ses pots de fleurs et les petits bancs des riverains.
N'abusez pas quand même de ce droit de déambuler : ces endroits sont PARTAGÉS, à l'instar des forêts où se croisent chasseurs, promeneurs, cyclistes. Et l'espace y est si contraint que pour un peu d'intimité, les villageois ne peuvent compter que sur une discrétion mutuelle, devenue naturelle et qu'il vous faudra adopter si vous ne souhaitez pas passer pour de grossiers touristes.
Tous ceux qui habitent le village, vieilles familles ou nouveaux arrivants, ont choisi ce mode de vie communautaire et convivial, riche d'échange et d'entraide, comme on le vivait autrefois. Sous les cieux de Provence, on vit beaucoup dehors. Voyez l’artère centrale, la rue du maréchal Foch, celle qu'on appelait la Grand'rue ou la rue Longue, avant de vouloir honorer ce chef de guerre, de la Grande Guerre : elle est bordée de bancs de pierre où les anciens s’assoient pour profiter de la fraîcheur des soirées estivales. Allez ! Prenez votre élan, grimpez par les ruelles, explorez l'esplanade de la Tour, à l'intérieur des anciens remparts, qui souvent ne sont plus que vestiges, que l'on devine entre les vieilles pierres de ces hautes maisons étroites. Puis redescendez vous reposer sur le bancaou de l’église ou à la terrasse d’un café.
Les éditions des Cahiers de l'Égaré publient en cette fin juin le livre de l'atelier d'écriture revestois Point de Mire. Un ouvrage en deux parties qui se présentent tête-bêche. Les commandes de ce livre se font à la bibliothèque du Revest.
Horaires de la bibliothèque : les mardis et vendredis de 16h à 18h30 - allée de la Libération, 83200 Le Revest--les-Eaux.
Pour tous renseignements sur l'atelier d'écriture, contacter sa présidente Michelle Lissilour - coordonnées : Le Haut Ray - 83200 Le Revest-les-Eaux 04 94 90 92 36
Point de Mire
Se focaliser sur quelque chose à dire, être attentive à son émergence par l’écriture, prêter attention à la manière de procéder de chacun(e), dans le respect et la bienveillance, tels sont les objectifs lorsque j’anime un atelier d’écriture...
Celui du Revest-les-Eaux se déroule depuis plus de quinze ans, un samedi par mois, dans la bibliothèque du village. Ça n’est pas qu’un atelier d’écriture, c’est devenu une aventure humaine.
L’arrivée se fait toujours dans un joyeux brouhaha ! Durant la mise en place, sortir les cahiers, les crayons, mais aussi les thés, les chocolats, les gâteaux, la bouilloire, nous nous donnons toujours un bon quart d’heure pour échanger les nouvelles : qui a lu ce livre, vu ce film, écouté ce concert, partagé tel spectacle ?
Puis doucement, lentement, à l’énoncé du premier jeu d’écriture, de la première consigne, le silence va s’installer, le regard va se perdre au loin ou se tourner vers l’intérieur, les plumes, les pointes, les crayons vont commencer à glisser sur les pages blanches laissant libre cours à l’imaginaire de chacun(e)...
Ainsi de fil en aiguille vont naître des textes, des bouts d’histoires, des pistes à développer un jour, plus tard ou jamais.
À la fin de la séance, on peut lire son texte à voix haute et cela devient un moment de partage très émouvant, fragile et intense.
Et aussi souvent le temps de grands rires...Merci à tou(te)s ceux-celles qui sont venu(e)s partager ce bout de route.
Merci à la Mairie du Revest-les-Eaux qui soutient l’atelier depuis ses débuts.Michelle Lissillour
Éditer
Éditer, c'est ce que je fais depuis 32 ans. En artisan, c'est-à-dire sans souci des circuits du livre impliquant service de presse, attachée de presse, féminine nécessairement, salons du livre, prix littéraires, lectures-signatures en librairie, médiathèques, subventions à solliciter, résidences d'écriture. Cela signifie réduire ma surface de visibilité. J'édite donc, entre 50 et 300 exemplaires en édition numérique. La souplesse et les coûts de l'édition numérique me permettent d'être très réactif, de fonctionner sans ligne éditoriale et sans programme, au petit (grand) bonheur des rencontres et coups de cœur.
L'atelier d'écriture Point de mire du Revest existe depuis 15 ans. Comment ne pas éditer le livre des 15 ans de cet atelier, principalement féminin, ce qui pour moi est un des signes que des changements nécessaires dans nos rapports à la Vie, seront amenés par l'action des femmes, conscientes de leurs pouvoirs de « sorcières ». Des femmes écrivant studieusement et joyeusement, c'est une expérience que j'ai pu vivre parfois dans l'oustaou per tutti de la Maison des Comoni.
Ravi donc de donner à ces écrits sur petits papiers, séchés avec des buvards appliqués avec soin, tout en dégustant des thés singuliers selon des rituels très élaborés, la forme durable d'un livre, déposé à la Bibliothèque Nationale de France. Les lecteurs d'aujourd'hui et les chercheurs du futur y verront peut-être comment des amoureuses des mots ont su en s'appuyant sur des contraintes, donner forme à des fatrasies savoureuses.
Jean-Claude Grosse Les Cahiers de l'Égaré