Regards sur la forêt
Texte rédigé par les membres fondateurs du Réseau pour les Alternatives Forestières (RAF)
La forêt est avant tout un organisme vivant, qui entretient son équilibre par une dynamique complexe mêlant la vie à la mort, la symbiose et la coopération à la prédation et au parasitisme. En permanence exposée à la puissance des éléments (vent, feu, eau, terre), la forêt en bonne santé s’adapte, revient perpétuellement à un état d’équilibre.
La forêt a précédé l’humain et ses cultures. Elle a été la source de la fertilité des sols qui le nourrissent. Elle abrite plus d’un million d’espèces vivantes. En chaque lieu, une myriade d’individus en interaction travaille sans relâche pour la beauté et la pérennité de ce milieu. La forêt joue un rôle de régulation irremplaçable dans l’équilibre des écosystèmes, du paysage et du climat. L’Homme a besoin d’elle alors qu’elle n’a pas besoin de lui.
Refuge pour les humains comme pour la faune et la flore sauvages, elle apaise, inspire, reconnecte à l’essentiel. On y perçoit l’emprise du temps et la force de la nature, qui invitent à l’humilité. C’est aussi un espace étranger, un territoire stimulant l’imaginaire. Sa lisière marque la limite entre le sauvage et le civilisé. Elle abrite les rêves autant qu’elle alimente les peurs, et endosse le besoin des hommes de maîtriser le sauvage.
De la Préhistoire à nos jours, elle a été le théâtre des relations entre la nature et les besoins humains essentiels, et source de leur satisfaction. Tour à tour vénérée et saccagée, elle a permis les conquêtes navales, protégé les villages des envahisseurs, porté les toitures et chauffé les maisons, alimenté les bêtes et les gens Elle peut devenir l’appui d’une économie ajustant le mode de vie aux capacités de régénération des ressources naturelles.
Pour les membres du RAF, la forêt et ses composantes ne sont pas des marchandises. L’idée de pouvoir dominer la nature est un leurre et l’Homme n’a d’autre choix que de composer avec elle.
De Würm à nos jours, l’empreinte de l’homme a marqué l’évolution des forêts à travers l’histoire.
Article paru dans Nature & Progrès n°98 et dans Silence n° 428
Auteur : Gaëtan du Bus, gestionnaire forestier indépendant et initiateur du RAF
La forêt française n’est pas si immuable et naturelle qu’on le croit. Les évènements climatiques et géologiques l’ont façonnée et l’histoire de nos sociétés y laisse des traces indélébiles. Après avoir couvert plus de la moitié de la surface de notre pays cinq mille ans avant JC, elle s’est vue réduite à 8% du territoire vers 1830 sous l’effet des défrichements qu’imposait la croissance démographique. Puis, grâce aux coupes régulières de taillis, la forêt est devenue la première source d’énergie du développement industriel. Forges, verreries et tanneries s’y alimentaient en bois et écorces, tandis que les fournils, cheminées et cuisinières continuaient à consommer chaque jour leur pesant de bois et que litières, feuilles et humus servaient aux bêtes et aux potagers. La forêt n’avait alors un faciès “naturel” qu’au large des bourgs, dans les espaces voués à la chasse que seigneurs puis notables voulaient majestueux et réservés aux besoins de la nation et de ses élites.
Si le charbon minéral et le pétrole ont réduit la pression sur les forêts, c’est surtout le plafond démographique et l’exode rural qui ont entraîné le regain de la forêt française. D’abord naturel sous forme de friches et de recrus spontanés, ce renouveau s’est accéléré après la seconde guerre mondiale sous l’effet des vastes reboisements résineux financés par le Fonds Forestier National. Aujourd’hui, la forêt française occupe près d’un tiers du territoire : pourquoi s’en inquiéter alors ?
D’abord, parce que ce retour de 8 à 29 % de couverture forestière s’est surtout fait au profit de plantations d’épicéa, douglas et pins en monocultures. Et que dans certaines régions, on remplace encore des forêts mélangées par des monocultures de conifères. Couvrir le territoire de plantations ne suffit pas à remplir les multiples rôles écologiques et sociaux de la forêt, de même que l’agriculture d’un pays ne s’apprécie pas à la surface de ses terres agricoles. Les demandes de la société envers les forêts, les logiques qui dirigent la gestion de ces espaces et les techniques d’exploitation du bois ont profondément évolué. A tel point qu’aujourd’hui, les forêts françaises sont sérieusement menacées, comme le fait savoir le collectif SOS forêts né en 2011 de la collaboration entre forestiers de terrain et associations.
En 2009, quelques mois après la tempête Klaus qui abat en une nuit 42 millions de m3 de bois, Nicolas Sarkozy déclare à Urmatt (67) qu’il est temps de « mobiliser plus de bois ». Il promet de doubler à terme la récolte, en commençant par l’augmenter de 50% en dix ans. Notre forêt en expansion serait tant surcapitalisée et sous-exploitée, que le CNPF (Centre National de la Propriété Forestière) n’hésite pas à écrire : « Le volume sur pied de la forêt française atteint des chiffres jugés dangereux pour sa stabilité et sa bonne santé ». Depuis, l’IFN (Inventaire Forestier National) a reconnu que les chiffres servant à justifier cette “sous-exploitation” étaient erronés. Mais, cette manipulation médiatique sans fondement scientifique permet aujourd’hui d’inscrire et de répéter dans tous les programmes politiques que la récolte de bois peut augmenter sans dommage pour l’environnement, les paysages et les générations futures. La pression croissante de notre mode de vie énergivore sur les forêts pose aujourd’hui des questions urgentes, débattues dans un milieu social trop restreint : il est grand temps que la société civile s’empare de la question forestière.
La propriété forestière en France est aujourd’hui aux trois quarts privée, le reste appartenant à l’Etat (10%) et aux collectivités (15%). Malgré un faible rythme de mutation, on constate un engouement croissant pour l’investissement en forêt, considéré comme un placement immobilier “sûr ”, plaisant et à la mode, enthousiasme relayé par les médias. Cet engouement concerne en partie les familles fortunées pour la défiscalisation du capital ou simplement, une forme de “retour à la terre” du patrimoine. Mais les institutions que sont les banques, sociétés d’assurances et fonds de placements divers prennent de plus en plus de place sur le marché des forêts. La France n’est pas un cas unique en la matière ; elle semble même suivre les exemples des pays de forêt industrielle, au Canada où par exemple, le groupe Weyerhausen possède l’équivalent de la forêt française.
On assiste ainsi à une concentration du pouvoir échappant aux politiques publiques et à l’expression citoyenne, menant à une forte spécialisation régionale (monocultures), favorisée par une attribution ciblée des aides et exonérations forestières. Ces grands propriétaires utilisent d’importants organismes de gestion, qui investissent dans les structures de transformation industrielles et concluent avec elles des contrats d’approvisionnement contraignants. Disposant alors du “marteau et du chéquier”, le gestionnaire forestier se retrouve dans une position ambiguë : comment en effet travailler pour l’avenir de la forêt, quand on a pour mission d’optimiser la compétitivité et les résultats financiers à court terme de grosses usines à bois ?
Onze millions d’hectares de forêt sont ainsi soumis en France au bon vouloir du propriétaire, dans un cadre légal très peu contraignant et contrôlé par un appareil administratif spartiate. La propriété étant morcelée depuis l’exode rural, de nombreux propriétaires se sont désinvestis et ignorent souvent tout de leur patrimoine, de sorte que l’État et les sociétés d’exploitation consacrent temps et argent considérables pour inciter ces propriétaires à mettre en marché les bois de leurs parcelles. En dépit des chiffres optimistes annoncés par les ténors de la filière, les blocages physiques et sociaux limitent la croissance des volumes de bois mobilisables. Les intentions politiques martelées d’augmenter les prélèvements montrent déjà les effets de cette réalité, où les forêts dites “faciles à exploiter” seront surexploitées, tandis que l’on cherchera tous les moyens techniques et politiques de rendre “faciles” celles qui à ce jour ne le sont pas.
Derrière la soit-disant gestion durable qui vernit nos forêts de labels bidon, se cache une gestion de biens communs qui échappe à la société civile et suit les règles du profit financier.
Dans le quotidien des forestiers de terrain, la machine et l’argent dominent aujourd’hui les discours. La tronçonneuse devient artisanale face à l’abatteuse, cette machine de 10 à 20 tonnes qui en une minute abat l’arbre, l’ébranche, le saucissonne et empile les billons obtenus. Elle gagne chaque année du terrain en s’adaptant à toutes les conditions (ou plutôt, en adaptant les critères de qualité à la réduction des coûts instantanés qu’elle permet de réaliser dans le cadre économique actuel).
Derrière l’abatteuse, le porteur (qui porte les bois courts) et le skidder (qui traîne les bois longs) rassemblent les bois puis le grumier les charge pour les amener, logiquement, à la scierie, la papeterie ou la fabrique de panneaux locales. Mais de plus en plus, les bois parcourent la planète entière et sont donc amenés aux ports ou bien, traversent les pays par l’autoroute. La Chine devient par exemple un acheteur majeur de bois en France ; le projet de centrale électrique à biomasse de Gardanne, qui consommerait près de Marseille 2800 tonnes de bois déchiqueté par jour pour un rendement de 35%, importerait ainsi près de la moitié de sa consommation du Canada, le reste provenant de France dans un rayon de 400 km.
La croissance de la taille des unités de “valorisation” du bois est une donnée essentielle de la filière, décrite par l’Observatoire des métiers de la scierie. Elle détermine de plus en plus la façon dont le forestier gère la forêt. En 2009 les syndicats de l’ONF (Office National des Forêts) dénonçaient les évolutions de cette EPIC (Etablissement Public à Caractère Industriel et Commercial) qui calque ses directives sur les demandes des industriels du bois : « La forêt publique s’apparente à une espèce d’hypermarché où chacun devrait pouvoir se fournir à volonté. L’ONF étant le gérant de cet hypermarché, son rôle devrait se limiter à disposer en permanence dans les rayons les produits demandés à l’instant T (…). Envisager qu’à l’inverse, ce soit l’industrie qui s’adapte à la forêt et à la sylviculture, semble inimaginable. » (Rapport CGT forêt, 2009).
Les forestiers sont incités à créer des forêts homogènes et artificielles
Les “produits” sortis de forêt doivent ainsi être de plus en plus homogènes (usinables), en se rapprochant tant que possible du standard des bois moyens résineux (arbres de diamètre 30-35cm à hauteur de poitrine). Les lots volumineux étant les plus appréciés, les forestiers sont incités à créer des forêts homogènes et artificielles, les plus productives possibles et régulièrement rasées pour être reboisées à l’identique.
Des “forêts” habitées d’une faune et d’une flore banales (seules résistantes à cette dynamique de coupe), peu attrayantes au plan visuel, fragiles face aux tempêtes, aux insectes et aux incendies. Des espaces soumis à un mode d’exploitation intensif qui finira par épuiser les sols à force de leur faire produire annuellement deux ou trois fois plus de mètres cube par hectare que n’en produirait la forêt naturelle locale et d’exporter les trois-quarts des éléments minéraux stockés dans l’arbre.
Heureusement, il y a des résistants et des créatifs partout : des forestiers Pro Silva attentifs aux dynamiques naturelles, des bûcherons observateurs et sensibles, des scieurs artisanaux amoureux des particularités du bois, des communes installant de petites chaufferies collectives respectant les ressources locales, des associations dénonçant les abus de la filière et mettant en place des alternatives. Le Réseau pour les Alternatives Forestières cherche à rendre visibles ces impulsions créatrices. Car si les forestiers de terrain sont de plus en plus nombreux à questionner ces évolutions, le débat remonte peu auprès des instances dirigeantes, obsédées qu’elles semblent être par les notions de compétitivité et de balance commerciale.
Le changement viendra certainement d’un réveil citoyen suscité par tous ceux que les arbres et la vie qui les habitent émerveillent. Professionnels de la forêt ou non !
Par Allain Bougrain-Dubourg · le 19 mai 2020
Sangliers en goguette dans les rues, renards peinards faisant les poubelles avant les éboueurs, oiseaux qui chantent sans s'époumoner pour couvrir la pollution sonore des villes... Les bêtes adorent le confinement. Mais les végétaux ne sont pas en reste ! La haie adorerait qu'on lui foute la paix.
Bien sûr, je ne suis pas un animal, mais moi aussi j’incarne la vie. À ce titre, il me semble avoir le droit de plaider ma cause.
Mon existence, je la dois à la cohabitation que notre monde végétal a délicieusement tricoté au cours du temps. Vous vous réjouissez de la mosaïque qui agrège votre cœur, vos reins, vos poumons ou votre estomac, j’éprouve le même bonheur en pensant au sorbier, au sureau, au fusain, au chèvrefeuille, au mûrier et autre chêne têtard qui me composent. Je suis la haie, plantée par César, arrosée par le siècle des lumières, honorée par l’Académie Française.
Enclavée dans les champs, les prairies ou les vignes, je suis considérée par votre administration comme « un petit groupe d’arbustes et d’arbres de hauteur variable et d’une largeur inférieure à 30 mètres ». Convenez que cette définition manque singulièrement d’émotion et de reconnaissance. Comment ne pas évoquer les odeurs que je dégage après la rosée du matin ? Et mes couleurs dont vous peintres s’inspirent ? Et le gaz carbonique que je capte ? Et les châtaignes, noisettes, prunelles que je vous offre ? Et l’ombre de l’été ou le pare-vent durant l’hiver ? Et le ruissellement que j’endigue ?… J’affirme que ma générosité vous oblige. Je suis un bouquet de promesses. Les lézards paresseux, les papillons indécis, les chouettes secrètes, les couleuvres pressées, les rainettes colorées et tant d’autres trotte-menus s’associent à moi pour défendre notre condition.
Je vous implore de m’épargner durant la période de nidification
Suis je coupable de prétention en vantant ainsi mes mérites ? Certains le penseront mais il me paraît utile de vous rappeler mes bienfaits alors que je suis victime d’indifférence, pire de mépris.
Alors qu’en ce moment je joue le rôle d’écrin inestimable pour la faune sauvage, on me taillade, on me hache, on me broie, en résumé on m’ampute au nom de « l’élagage ». Triste mot qui annonce la mutilation.
Aucune attention n’est portée au petit peuple des airs venu se réfugier en mon sein pour donner la vie. Partout les merles noirs, les grives musiciennes, les rouges-gorges et tant d’autres petits ténors ont dressé dans mes branches, un gîte plein d’espérance. Avec vos tronçonneuses, vous arrachez ces vies qui palpitent tout juste. Les couvées ne s’envoleront pas, elles agoniseront dans le dédain et la douleur.
Moi, la haie, je vous implore de m’épargner durant la période de nidification. Faites une trêve jusqu’à juillet, rangez vos guillotines sans désosser notre ramure. Acceptez nos branches folles pour que la raison s’installe.
Il n’y a pas longtemps, l’Office Français de la Biodiversité a fait suspendre l’arrachage d’une haie en préservant 500 mètres de végétation dans lesquels la pie grièche grise s’épanouissait. Ailleurs, c’est la préfecture du Bas-Rhin qui a interdit tous travaux sur les haies du 15 mars au 31 juillet. L’exemple est donné. J’en appelle à tous les maires de France pour qu’ils s’en inspirent sans attendre en leur adressant, par avance, ma reconnaissance végétale.
Tous droits réservés Cécile Di Costanzo pour Les Amis du Vieux Revest
Lire l'article sur le site de Futura : il y est illustré par de merveilleuses photos : cliquer sur le titre ci-dessus. Article de 2011 modifié en 2017
Dans ce dossier nous allons faire le point et prendre quelques exemples, pour illustrer cette menace sur notre environnement. Nous verrons également les méthodes de contrôle d'invasion, la responsabilité de l'Homme, les dégâts causés par ces espèces et les coûts économiques engendrés.
Parmi les espèces invasives, on dénombre de nombreuses plantes. L'invasion botanique engendre de nombreux dégâts. Ce dossier propose un tour d'horizon des plantes invasives afin de mieux comprendre ce problème. Des amarantes au pissenlit, en passant par les griffes de sorcières, et bien d'autres. Les moyens de lutte et les dégâts engendrés sont également abordés.
Les Incas la considéraient comme une plante sacrée. Chaque plante produit 12.000 graines par an, la plante est plus riche en protéines que le soja et, semble-t-il, ce sont des protéines de qualité supérieure. Certaines sont des « mauvaises herbes » communes.
L'invasion des amarantes aux États-Unis
Cette plante est le cauchemar de Monsanto. La scène se déroule en Géorgie. En 2004, un agriculteur remarque des amarantes résistantes au « Roundup » avec lequel il traite son soja : cette plante contient un gène résistant à ce produit ! Depuis, le phénomène s'est étendu à la Caroline du Sud, du Nord, l'Arkansas, au Tenessee et au Missouri. En 2005, The Guardian révélait que des gènes modifiés avaient transité vers les plantes naturelles...
Pour, Brian Johnson: « il suffit d'un seul croisement réussi sur plusieurs millions de possibilités. Dès qu'elle est créée, la nouvelle plante possède un avantage sélectif énorme et elle se multiplie rapidement. L'herbicide puissant utilisé ici, à base de glyphosphate et d'ammonium a exercé sur les plantes une pression énorme qui a encore accru la vitesse d'adaptation ». La solution était d'arracher les plants à la main... quand on voit la taille des champs aux États-Unis, on imagine le problème ! Les agriculteurs ont vite renoncé : 5.000 hectares ont été abandonnés, et 50.000 autres sont menacés. Elle supporte la plupart des climats et n'a de problèmes ni avec les insectes, ni avec les maladies... À méditer, n'est-ce pas ?
Caractéristiques du pissenlit
Chez certaines plantes l'absence de fécondation n'empêche pas la formation de graine, c'est le cas du pissenlit par exemple : la plantule peut être formée à partir des cellules diploïdes entourant le gamète femelle, c'est l'apogamie. Il n'y a pas de remaniement chromosomique mais s'il y a une mutation elle sera transmise à toutes les graines !
Les plantes apomictiques sont capables de vivre dans des endroits très froids et arides. On constate plusieurs centaines de sous-espèces chez les pissenlits (les ronces ont la même possibilité d'apogamie).
Aux Kerguelen, le pissenlit est sans doute arrivé avec des caisses de ravitaillement de la base et s'est multiplié facilement et il a, avec d'autres plantes, modifié l'écosystème. Bien sûr il y a aussi d'autres introductions « graves » dans ces îles....
Les services publics, les paysagistes... et leurs clients sont responsables de l'introduction d'espèces exotiques qui s'échappent et colonisent de nouveaux milieux, comme les griffes de sorcière qui envahissent les espaces littoraux entre autres, la photo ci-dessous montre l'étendue que peut prendre cette plante dans certains endroits.
Jolie petite fleur qui envahit le Maghreb, importée d'Amérique du Nord, elle y est redoutable dans les cultures et a entrepris de coloniser le Sud de la France où des mesures d'éradication ont été prises... Ne pas confondre avec la morelle douce-amère qui est une plante de chez nous et dont voici la photo.
L'invasion des plantes résulte d'actes humains volontaires ou non, issus d'importations commerciales, suivies de disséminations incontrôlées.
Le mécanisme d'invasion est toujours le même : ces populations doivent leur important développement aux faibles pressions qu'elles subissent en matière de prédation, de concurrence et de parasitisme dans des milieux qui sont nouveaux pour elles.
Introduction de plantes par l'Homme
Originaires d'Amérique du Sud, les Jussies (Ludwigia peploïdes ; Ludwigia grandiflora) ont été employées pour leurs qualités ornementales.
Le Myriophylle du Brésil (Myriophyllum aquaticum) a aussi été introduit pour des raisons ornementales.
L'élodée dense (Egeria densa) originaire du Brésil est populaire en aquariophilie sous le nom d'anacharis.
Le Lagarosiphon (Lagarosiphon major) originaire d'Afrique du Sud est aussi utilisé en aquariophilie.
L'Élodée du Canada (Elodea canadensis), introduite au XIXe siècle, a connu une période de prolifération jusqu'au milieu du XXe siècle, pour connaître une régression suite à une adaptation génétique. Elle est considérée aujourd'hui comme « naturalisée ».
L'Elodée de Nutall (Elodea nuttallii), originaire d'Amérique du Nord, est présente en France depuis 1950.
Toutes ces espèces se développent dans les eaux stagnantes ou faiblement courantes, jusqu'à 3 mètres de profondeur, parties lentes de cours d'eau, fossés, atterrissement, zones humides variées.
Le Baccharis (Baccharis halimifolia) plante ornementale envahit nos dunes...
La renouée du Japon (Fallopia japonica) introduite comme plante ornementale, cette mellifère aime la proximité immédiate de l'eau.
La prolifération de ces plantes peut avoir des nuisances sur les écosystèmes aquatiques : incidences hydrauliques, écologiques et impacts sur les activités humaines. Les collectivités mettent en place des opérations d'arrachage manuel ou mécanique, voire des traitements chimiques. Cependant ces opérations coûtent cher.
Obstacle à l'écoulement des eaux ;
Gène de la manœuvre ou limitation de l'efficacité des ouvrages hydrauliques ;
Risque d'inondation accrue ;
Comblements accélérés du lit ;
Modification et perte de diversité floristique ;
Dégradation de la qualité du milieu (arrêt de la pénétration de la lumière, forts bio dépôts...) ;
Entrave aux déplacements des poissons ;
Obstacle aux pratiques de pêche et de navigation, amateur ou professionnelle ;
Gène des activités sportives et de loisirs nautiques (baignades...).
Les plantes sont arrachées au moyen d'engin de chantier mais la plante peut être coupée et non arrachée entraînant un risque de bouturage. L'arrachage manuel méthodique doit prendre soin d'éliminer l'ensemble des boutures et des rhizomes. Le traitement chimique consiste à pulvériser un herbicide mais ce système présente une faible efficacité et peut entraîner une pollution.
Il arrive que l'introduction d'une espèce recherchée, cette fois, se passe mal et que l'espèce introduite ne se développe pas du tout comme on l'espérait : un exemple avec l'introduction d'arbres exotiques en sylviculture.
La tendance est d'établir des plantations uniformes de conifères exotiques, car la demande se porte sur les bois résineux. L'Amérique du Nord est le seul continent ayant une variété d'espèces suffisante pour satisfaire à toutes les demandes et certains de ces conifères ont une croissance plus rapide que ceux des autres parties du monde.
Parasites des espèces exotiques : les risques
Il y a trois grands risques provenant des parasites des espèces exotiques :
un parasite peu nocif de l'essence exotique dans son habitat d'origine peut se trouver introduit avec elle et devenir très dangereux dans les conditions nouvelles ;
l'essence exotique peut aussi rencontrer, dans son nouveau milieu, un parasite vis-à-vis duquel elle n'a pas de résistance ;
un parasite d'une espèce exotique peut être introduit et être très nocif pour un arbre indigène.
Le pin Weymouth, introduit en 1705. Promettant beaucoup, il a rencontré un agent pathogène - la rouille vésiculeuse - causée par Cronartium rubicola Fisch., provenant d'Asie, l'arbre fut presque abandonné en Europe. Ces dernières années, il retrouve quelque faveur car, dans certaines stations, il n'y a que peu ou pas de groseilliers ordinaires ou à maquereau (Ribes) si bien que l'arbre peut survivre. La variété de sols sur lesquels le Weymouth croît en Europe est impressionnante.
Le sapin de Douglas fut planté dès 1918, sur de grandes surfaces, mais le bois s'est avéré médiocre.
Citons Boyce : « Le premier agent pathogène fut le chancre à phomopsis causé par un champignon européen, Phomopsis pseudotsugae Wilson. (...) Le suivant fut le rouge des aiguilles causé par Rhabdocline pseudotsugae Sydow ; le champignon responsable venait du pays d'origine de l'arbre mais sa virulence fut apparemment accrue par l'humidité plus forte du climat européen pendant la saison de végétation. [Mais] la forme verte qui croît sur la côte, celle qui présente une réelle valeur pour l'Europe, reste indemne. À peu près à la même époque, un aphide, Adelges Cooleyi Gill., attaquant la forme côtière, a causé quelque inquiétude, mais s'est révélé tolérable. La chute des aiguilles due à un adelopus, actuellement maladie dangereuse, causée apparemment par un champignon, Adelopus gäumanni Rohde, qui semble attaquer les trois formes de l'essence, a fait naître des doutes sur l'avenir du sapin de Douglas en Europe. La plantation de cette essence a été abandonnée dans beaucoup de régions de l'Allemagne méridionale, tandis qu'en Suisse elle est uniquement utilisée en mélange. »
L'épicéa de Sitka (Picea sitchensis Bong. Carr.) et un puceron ou aphide, Elatobium (Aphis) abietinum.
Le sapin de Vancouver (Abies grandis Lind.) considéré favorablement dans l'ouest de l'Europe, mais des peuplements, plantés en Suisse, meurent depuis 1945, à cause du pourridié causé par l'armillaire couleur de miel, Armillaria mellea... à la suite d'une sécheresse.
Le thuya géant (Thuja plicata D. Don.) a eu des difficultés au Royaume-Uni, avec le champignon du rouge des feuilles des cupressacées : Keithia thujina Durand, introduit d'Amérique du Nord avec les arbres, trouvant le climat humide à son goût.
Les pins de Banks, en Suède (Pinus banksiana Lam.) ont été attaqués par un champignon : Dasyscypha sp. qui provoque des chancres déprimés sur la tige.
Le sapin du Caucase (Abies nordmanniana [Steven] Spach.) fut suivi par un aphide : Adelges nüsslini Börher.
Le pin sylvestre fut attaqué par une rouille vésiculeuse (Peridermium sp.).
Le pin de l'Himalaya (Pinus excelsa Wall.) a été si endommagé par un chancre auquel était associé Valsa superficialis Nitschke qu'une destruction totale de la plantation était certaine.
Le pin rouge du Japon (P. densiflora Sieb. et Zucc.) fut affecté par une descente des cimes causée par Cenangium abietis (Pers.) Rehm.
Le pin d'Autriche fut détruit par la rouille vésiculeuse, Cronartium comptoniae.
Conclusion de l'article : « Les exotiques ne sont pas tous condamnés d'avance à l'échec mais, pour chacun d'entre eux, la chance d'insuccès semble beaucoup plus grande que celle de succès ».
Vous pouvez trouver l'intégralité de cette communication ici
Source : FAO, J. S. BOYCE, Professeur de pathologie forestière, Université de Yale (États-Unis).
Notre ami géologue Pierre Laville donnera le 6 février 2020 au Beausset une conférence sur le tombolo de Giens. Pierre Laville est président de l'association des Amis de la presqu'île de Giens.
Une conférence débat de Pierre laville et Michel Augias, avec leurs invités.
Géographie régionale et géologie à l'honneur : La Presqu’île de Giens est reliée au continent par un isthme de 4 kms dont l’originalité est d’être double, 2 bandes de sable apportées par les cours d’eau venant du Nord depuis plus d’un million d’années. Durant 3 périodes glaciaires et interglaciaires, les oscillations du niveau de la mer et les vents ont modelés ces dépôts d’alluvions en créant les 2 tombolos séparés par une lagune : les Pesquiers. Le tombolo occidental, côté Almanarre, est très étroit et extrêmement fragile … Pourquoi ?
Pierre Laville et Michel Augias vous l'expliqueront tout au cours de cette conférence …
Jeudi 6 février, au Beausset à l’Espace Azur (au-dessus de la poste), 18 h 30