Endommagé au cours d’un orage, le mécanisme des cloches de l’église a fait l’objet d’une réparation. Malheureusement, les nouvelles sonneries ne sont pas au goût de tous les villageois, qui les trouvent plus sonores et plus longues qu’auparavant.
Les cloches de la discorde : querelles de clocher !
"De tout temps, les sonneries des cloches ont attiré toutes les attentions. Il y a la sonnerie de l’église et celle de la tour du sommet du village. Il ne faut pas que l’une ou l’autre sonne onze coups au lieu de douze pour midi: on reçoit tout de suite des coups de fil", assure René Simian, adjoint au maire en charge des travaux.
"Suite à l’incident météorologique, nous avons appelé une société de maintenance. Il est apparemment très difficile de retrouver un logiciel qui propose la même sonnerie d’Angélus. Les choses devraient rentrer dans l’ordre d’ici peu", promet-il.
"Arrêter les cloches le week-end"
Karen et Céline, en charge de l’accueil à la mairie, confirment que le sujet occupe les discussions: "Quand les cloches ne sonnaient plus, nous recevions beaucoup d’appels des habitants inquiets. Depuis qu’elles sonnent à nouveau, on nous demande s’il y a une possibilité de les arrêter le week-end parce qu’elles réveillent, ou de faire en sorte qu’elles sonnent moins longtemps, notamment lors de l’Ave Maria. Certains assurent que la mélodie de l’Angélus a bien trop de variations, voire des sonorités sud-américaines."
Paroissienne de longue date, Jacqueline Régnaud revendique le patrimoine provençal.
"Une église sans ses cloches, c’est comme la Provence sans ses cigales. Il n’y a plus beaucoup d’églises qui sonnent l’Angélus trois fois par jour. Le père Alejendro et le vicaire Jorge, d’origine colombienne, s’occupent de la paroisse du village, de celle de Saint-Pierre Les Moulins et de Notre Dame des Routes. Avec l’aide des paroissiens, ils ont remis à niveau le tocsin de Saint-Pierre Les Moulins, que nous sonnons à la corde, comme cela se faisait autrefois."
Lors de la libération et des bombardements de 1944, l’abbé Eude fit le vœu que si le village était épargné, il ferait rebâtir la chapelle Notre-Dame de Peillon (sur la colline de Costebelle de la campagne du docteur Gineste).
En 1950, on chiffra la réparation à quinze millions d’anciens francs. La somme étant impossible à réunir, l’abbé changea son vœu à l’occasion d’un voyage à Jérusalem, durant lequel il entendit des cloches jouer l’Ave Maria: "Au Revest, l’Ave Maria sonnera trois fois par jour".
Trois des quatre cloches nécessaires furent récupérées sur le port de Toulon en 1962. Chacune porte le nom d’une marraine revestoise de l’époque: Madame Mouttet, une notable, Madame Sauvaire, la femme du maire, et une autre Madame Sauvaire, une paroissienne très active.
Claude Serra