Nathalie Brun dans Var Matin du 14 mai 2022
L’Europe sauvera-t-elle les forêts françaises ? L’association Canopée a saisi la Commission européenne, mardi 10 mai, « à propos des dérives du plan français de plantations d’arbres ». Selon elle, la promesse de Macron de planter 140 millions d’arbres pourrait conduire à la destruction de 46 000 hectares de forêts en bonne santé. En effet, comme l’avait raconté Reporterre, le volet forestier du plan de relance post Covid risque fort d’accélérer les coupes rases — l’abattage de l’ensemble des arbres d’une parcelle — et la plantation de monocultures de résineux. Pour Canopée, ce plan, financé à hauteur de 40 % par l’Union européenne, n’est donc pas compatible « avec les objectifs européens de préservation de la biodiversité et de lutte contre les changements climatiques ».
« 87 % des projets financés fin 2021 impliquent des coupes rases »
« Le plan de relance français, adopté en 2020, est censé garantir qu’aucune mesure ne cause de préjudice important aux objectifs environnementaux », a rappelé l’association dans un communiqué. Or les premiers financements accordés par le gouvernement français « ont déjà eu de nombreux impacts néfastes ». En particulier, « 87 % des projets financés fin 2021 par le plan de relance impliquent des coupes rases », dont on connaît l’impact dévastateur sur la biodiversité et le climat. Autre aberration, « avec un peu plus de 6 000 hectares, le [pin] douglas est l’arbre le plus planté alors que cet arbre n’est pas particulièrement bien adapté au changement climatique ».
Canopée a demandé à la Commission européenne de suspendre ses soutiens à la France « tant que le gouvernement n’aura pas intégrer de solides critères environnementaux dans sa politique forestière ».
Au creux d’une vallée du Haut-Languedoc, Delphine et Daniel entendaient reboiser tout en « recouvrant leur autonomie alimentaire ». Résultat : une forêt comestible fraîche et nourricière, à fois éponge et parasol.
Saint-Étienne-d’Albagnan (Hérault), reportage
C’est un jardin-forêt extraordinaire. Un petit sentier serpente à travers une végétation touffue. À chaque pas, une plante comestible se dévoile. Delphine égraine des noms appétissants : fraisier des bois, oranger rustique, asiminier « aux saveurs de banane et de mangue », palmier abricot. « Nous sommes entourés de nourriture », sourit-elle. Une légère brise caresse son visage. Malgré le soleil brûlant, l’air semble humide et frais sous la canopée. « Le sol d’une forêt retient huit fois plus d’eau que celui d’un champ, explique Daniel. C’est la vraie solution face à la sécheresse. »
Alors que la France traverse une vague de chaleur précoce et que plusieurs départements sont déjà en alerte sécheresse, la forêt jardinée de Delphine et Daniel, nichée au creux d’une vallée du Haut-Languedoc, est un havre de paix. Les premiers jardins-vergers ont été créés par des adeptes de la permaculture [1] « dans l’idée de suivre le modèle de la forêt naturelle, mais en y semant des espèces comestibles », dit Daniel. Les avantages sont multiples : « On restaure les sols, on préserve la biodiversité — beaucoup plus riche dans une forêt que sur un terrain nu — on produit de la nourriture en respectant la nature et en économisant l’eau. »
Des fraises récoltées dans leur forêt-comestible.
À l’abri des chênes verts, Delphine désigne délicatement un jeune poirier, planté l’année dernière, et « jamais arrosé ». « Le sol forestier est plus riche en humus, il s’érode peu, et stocke donc plus d’eau, détaille-t-elle. Les arbres semés en direct [à partir du noyau et du pépin, et non pas après avoir grandi en pot] développent des racines profondes, leur permettant d’aller chercher des ressources loin dans la terre. » Sous les cimes, il y a aussi plus d’ombre et moins de vent. Éponge, parasol, paravent… Autant d’atouts face aux dérèglements du climat. Pour contrer la désertification, l’ONU a d’ailleurs fait de la reforestation une priorité absolue. Les jardiniers permaculteurs entendent pour leur part faire coup double : reboiser tout en « recouvrant notre autonomie alimentaire », soutient Daniel.
Des panneaux solaires leur permettent d’être autonomes en électricité
« Nous agissons comme nos cousins primates, en disperseurs de graines, en semeurs de vie »
Certains pionniers, comme Fabrice Desjours, en Bourgogne, sont partis d’un terrain nu, où ils ont peu à peu fait fructifier plantes à baies, tubercules et fruitiers. Leur studio parisien vendu, Delphine et Daniel ont préféré acheter une vingtaine d’hectares de bois et de vignes en friche. « Le sol était abîmé par l’érosion et les produits chimiques, les ronces s’étaient installées sur une partie du terrain », se rappelle Delphine, ancienne luthière. En moins de trois ans, ils ont transformé 1 300 mètres carrés de broussailles parsemées de chênes en une petite oasis. Plus de 400 plantes ont été dispersées, certaines sont bien connues, d’autres oubliées — tel le cormier — et d’autres encore plus exotiques, comme le laurier des Iroquois. Des plantations mûrement réfléchies, afin que chaque espèce se retrouve au meilleur endroit possible en fonction de ses besoins en ombre, en espace. « Nous agissons ici comme nos cousins primates, en disperseurs de graines, en semeurs de vie, dit Daniel, ex-informaticien originaire des États-Unis. L’humain n’est pas néfaste pour la nature s’il se contente de remplir son rôle écosystémique. »
De la consoude officinale — une plante médicinale et comestible
Pour ces deux autodidactes, la forêt-jardin n’a rien d’une utopie. « Chaque famille qui dispose d’un peu de terrain peut se lancer, assurent-ils. Il faut environ 700 mètres carrés pour assurer la production alimentaire d’une personne. » Doté de forêts comestibles, un septième du territoire de l’Hérault permettrait ainsi de nourrir sa population [2]. « Cela voudrait dire manger beaucoup moins de viande pour libérer des terres, car l’élevage prend beaucoup de place », estime Daniel. Et libérer du temps : car l’un des principaux obstacles à la création de jardins-vergers reste la main-d’œuvre nécessaire, tout le travail devant être fait manuellement. « On y consacre l’équivalent d’un mi-temps chacun », relativise le jardinier, qui réfléchit à créer des forêts nourricières communales, en plantant des haies fruitières au sein et autour des villages. « Jusqu’ici nous avons été une civilisation de l’herbe, dit Delphine, nous devons devenir une civilisation de l’arbre. »
« Le sol d’une forêt retient huit fois plus d’eau que celui d’un champ. C’est la vraie solution face à la sécheresse. »
Les deux trentenaires vivent pour le moment sur leurs économies, en limitant leurs besoins. Ils ont fait leur la phrase de Gandhi, « sois le changement que tu veux voir dans le monde ». Autonomie alimentaire, panneaux solaires en autoconsommation, réutilisation des eaux grises pour arroser les jeunes plantes qui en ont besoin, toilettes sèches et shampoing à sec. « Nous consommons 14 litres d’eau par jour chacun, soit dix fois moins que la moyenne nationale », souligne Delphine. Par la suite, ils projettent de développer une pépinière, pour vendre des plants à celles et à ceux qui voudraient tenter de cultiver une forêt. Mais surtout, ils espèrent accueillir stagiaires et autres curieux, et déployer peu à peu leur jardin, afin de créer « un petit coin de paradis ».
La maison en hauteur type
Draguignan-Rue de la vieille boucherie
Il s'agit en général d'une maison étroite qui a entre quatre à cinq mètres de largeur et qui est assez profonde, soit entre huit à quatorze mètres de profondeur. Les plus courtes ne disposent que d'une pièce par niveau, avec les escaliers sur le côté ; les plus profondes ont une cage d'escalier au centre, avec une pièce sur le devant, donnant sur la rue et une sur l'arrière, donnant sur une petite cour ou une ruelle. La cave est présente dans la totalité des maisons, dont elle constitue un premier niveau. Elle y occupe généralement la totalité de la superficie du bâtiment et déborde très souvent largement sous la rue. Elle est toujours voûtée en berceau. Dans les maisons plus larges ou s'étant agrandies, on observe la présence de plusieurs caves juxtaposées, avec sous les murs maîtres, une ouverture voûtée en plein cintre autorisant le passage de l'une à l'autre, ou, plus rarement, un ou deux piliers soutenant des arêtes de voûtes. Quelques bâtiments possèdent, sous ce premier niveau, une autre cave de taille plus modeste. Il est fréquent lorsque la maison est construite sur un sol en déclivité, que la cave soit enterrée sous une grande longueur pour déboucher à une autre extrémité, au niveau d'une ruelle. On trouve dans cette cave, de manière systématique, sous la partie avant, près de la rue, une "tine", grande cuve à vin d'une capacité de 6 000 à 12 000 litres, en général de forme cubique, avec des murs de forte épaisseur, maçonnés en pierres liées à la chaux, et dont les parois intérieures sont plaquées sur toute leur hauteur de carreaux vernissés de couleur rouge. Sur la façade avant, au niveau du fond de cuve, un robinet en cuivre permet de faire couler le contenu dans un petit bassin en maçonnerie, également plaqué de carreaux vernissés. Au-dessus de la "tine", on remarque une ouverture dans la voûte ; c'est par cet orifice que l'on remplissait la cuve de raisins écrasés, soit manuellement, soit avec l'aide du fouloir placé au-dessus de ce trou. Après quelques jours de fermentation, le jus, futur vin, était récupéré dans le petit bassin et transféré dans des tonneaux disposés soit à cheval sur des poutres de bois, soit sur des berceaux en pierre taillée. Le marc de raisin était évacué par le trou d'accès, et mis sous pressoir, afin d'obtenir le jus de presse, vin de petite qualité réservé à la consommation familiale. Cette opération terminée, le marc était distillé par le bouilleur de cru ambulant installé dans la rue, afin d'obtenir l'eau-de-vie.
Vieille cave
Le deuxième niveau est occupé par le rez-de-chaussée. C'est un espace réservé au domaine du travail. Dans les demeures peu profondes, cette pièce est très souvent l'écurie ou la bergerie ; on y remise les outils agricoles, notamment charrette et instruments de labour. Elle peut être aussi l'atelier de l'artisan, la boutique du commerçant, ou encore abriter le four du boulanger. Dans les maisons plus allongées, la pièce donnant sur la rue a la même destination que précédemment : on trouve sur la partie arrière une autre salle qui peut être également une écurie, mais plus souvent une réserve, principalement une "jarrerie", lieu où sont entreposées des jarres en terre cuite de grande dimension dans lesquelles est stockée l'huile d'olive. Cette pièce est très importante, elle va héberger la ressource financière principale du foyer. Cette huile doit être conservée dans les meilleures conditions, donc pas de fenêtre ici, ceci pour éviter la lumière du jour et maintenir une température constante. Pour éviter toute perte, le sol est carrelé, avec une légère déclivité vers un minuscule bassin situé au centre de la pièce dans l'espoir de récupérer le précieux liquide en cas d'accident, comme un renversement ou un bris de jarre.
Jarrerie
Dans les murs, de petites cavités cubiques permettent de déposer la lampe à huile ou à pétrole destinée à diffuser un éclairage en toute sécurité. C'est au premier étage que se trouve la cuisine. C'est une pièce toute en longueur, avec la cheminée adossée ou engagée dans un mur maître mitoyen. Le potager, très souvent, la prolonge jusqu'à l'évier qui est accolé au mur donnant sur la rue. On y trouve aussi un ou plusieurs placards encastrés, parfois une petite pièce aveugle faisant office de réserve. Dans les maisons plus importantes, ayant l'escalier central et une pièce de chaque côté, il n'est pas rare de trouver la cuisine sur l'arrière, si la maison donne sur une petite ruelle.
Draguinan-Rue juiverie
Ce choix est déterminé par le fait que dans les rues et ruelles, court une rigole alimentée par la surverse des fontaines, laquelle devient aussi un déversoir naturel pour les eaux grasses de la cuisine, se transformant, au fil de son parcours, en égout à ciel ouvert. A partir du deuxième étage, ce sont les espaces de repos, occupés exclusivement pour dormir. Dans la ou les chambres, en fonction de l'importance de l'habitat, il arrive que l'on trouve, mais rarement, une cheminée qui apporte un peu de chaleur. Pendant la période froide, si l'on voulait bénéficier d'un peu de bien-être au moment du coucher, il fallait soit réchauffer le lit avec une bassinoire remplie de braises, soit emporter avec soi une brique ou un gros galet qui avait séjourné près du feu, et que l'on avait soigneusement enveloppé dans un chiffon avant de le glisser dans les draps. On y trouve peu de mobilier : le lit, une commode, et, très souvent, des placards encastrés qui permettent le rangement du linge. Un cloisonnement à l'intérieur de la chambre permet de créer une petite pièce : la garde-robe, lieu d'aisance principalement réservé à la maîtresse de maison et aux enfants.
Foin dans le grenier
C'est immédiatement sous le toit que se trouve le grenier, en général assez vaste pour contenir une grande quantité de foin. Celui-ci est hissé depuis la rue dans les trousses ou filets de corde, à l'aide d'une poulie fixée à une potence située au ras de la génoise et au-dessus d'une large ouverture. Une goulotte maçonnée partant du grenier et descendant à l'aplomb de la mangeoire permettait d'alimenter directement les animaux. Une partie du grenier pouvait être aménagée en séchoir. Un large espace, obtenu par un décalage de la toiture, laissant passer le soleil et assurant une bonne ventilation permettait de faire sécher sur des claies les figues et les tomates. On y conserve les grappes de raisin suspendues sur un fil ainsi que les fruits pour l'hiver.
Source : Extrait de "L'autrefois des cuisines de Provence" - Yves Fattori - Edisud
Depuis quelques semaines, des internautes se plaignent d’une forte dégradation de service avec la messagerie de La Poste. En cause, la désactivation des services IMAP et POP, censée être provisoire.
Une qualité de service dégradée et une incertitude quant à la date à laquelle un retour à la normale pourra être constaté. Voilà, en résumé, la situation à laquelle font face les internautes ayant une boîte de réception sur le webmail de La Poste. Car depuis plusieurs semaines, les témoignages s’accumulent pour déplorer les dysfonctionnements de la messagerie.
« Depuis le 12 avril, beaucoup d’internautes qui possèdent une adresse laposte.net ne peuvent plus récupérer leurs mails dans Gmail, car La Poste a bloqué l’accès sans prévenir personne : c’est catastrophique et injurieux pour la bonne marche de l’activité professionnelle en France », a par exemple dénoncé Philippe, un internaute qui a directement contacté Numerama à ce sujet.
Sur les réseaux sociaux, même son de cloche. Sur Twitter, Nicolas a lui aussi signalé à Numerama des « déboires » de la messagerie La Poste. En cause ? L’interruption de deux protocoles servant aux courriers électroniques : POP (Post Office Protocol) et IMAP (Internet Message Access Protocol). Ces protocoles servent à lire ses mails ailleurs que dans sa boîte aux lettres.
Ainsi, il est par exemple possible de configurer son compte Gmail pour faire en sorte de piloter sa messagerie depuis un logiciel tiers, comme Mozilla Thunderbird ou Microsoft Outlook. Ce peut-être un bon moyen de rapatrier et centraliser toutes ses messageries (par exemple une adresse personnelle et une adresse professionnelle) sur un seul et même client.
Les témoignages de Philippe et Nicolas ne sont que quelques exemples de ce que l’on peut trouver sur les réseaux sociaux et ailleurs, notamment sur les forums de sites spécialisés. Les symptômes décrits par les internautes sont similaires subissant ces perturbations. Ils pointent aussi une communication insuffisante de la part de La Poste et une perte du courrier.
Le 4 mai, le compte Twitter de Lisa, qui est l’outil d’assistance proposé par La Poste pour accompagner sa clientèle, a admis le souci, mais sans perspective à donner sur une remise en état. On sait juste que l’équipe technique « est mobilisée pour la résolution dans les meilleurs délais ». Un message similaire trône en page d’accueil de laposte.net et sur le formulaire d’aide.
De fait, la messagerie de La Poste reste accessible, mais en passant par le site ou l’application officielle. C’est la consultation depuis un canal externe qui est entravée pour une durée indéterminée. Officiellement, il n’est pas question d’abandonner le service, mais de l’interrompre provisoirement pour aboutir à un « accès sécurisé », plus en tout cas que ce qui était prévu jusqu’à présent.
Contactée par Numerama, La Poste a déclaré que cette désactivation est effective depuis le 27 avril — ce qui n’est pas tout à fait exact, puisque les témoignages que nous avons reçus remontent au 21 avril et on peut également voir sur le net des internautes évoquer un problème dès le 14 avril.
Il ressort des explications de La Poste que le souci est lié à la sécurité. « Cette désactivation […] fait suite à la détection de comportements anormaux dans les tentatives d’accès aux comptes de messagerie […]. Ces tentatives d’accès utilisent une liste de mots de passe et de mails associés via un jeu de données trouvé sur Internet », nous explique-t-on.
Ce sont les mêmes éléments qui ont été communiqués au Mag IT, qui s’est aussi penché sur le sujet. Les explications restent toutefois assez floues : il serait question « d’attaques graves » contre La Poste, mais dont la nature n’a pas été confirmée — plusieurs pistes sont plausibles : une attaque par déni de service distribuée, un accès frauduleux, une compromission du système, etc.
Les internautes affectés par cette suspension vont devoir prendre leur mal en patience : La Poste se refuse pour le moment à communiquer un quelconque calendrier de retour à la normale. En clair, cette mesure préventive restera en place le temps qu’il faudra. Seule la promesse, vague, de rétablir le « service le plus rapidement possible » est formulée.
Il n’est pas démontré que ce problème de sécurité ayant entraîné la coupure de POP et IMAP ait abouti nécessairement à un accès frauduleux aux contenus des boîtes aux lettres. Il n’est pas non plus certain qu’il y ait eu des tentatives de hameçonnage (« phishing ») liées à cette affaire. À l’inverse, certains internautes ont douté de la légitimité de certains messages officiels.
Cela étant, La Poste suggère « par précaution » d’avoir un bon mot de passe et d’utiliser un antivirus à jour. Il existe d’autres conseils à suivre pour avoir une bonne hygiène numérique. La Poste promet d’ajouter des « mesures supplémentaires pour renforcer davantage la sécurité des connexions à la messagerie laposte.net », mais sans en préciser la teneur.