Au Revest ce dimanche matin (11h30, stèle Jean-Moulin), comme dans de nombreuses communes en France, des cérémonies vont marquer la Journée nationale du souvenir de la déportation.
Au Revest, cette journée revêt une symbolique toute particulière pour Nadja Mironenko, épouse Duval.
En septembre 1942, elle n’a que 16 ans et demi lorsqu’elle est arrêtée à Krasneloutch, dans la région minière de Donbass (aujourd’hui l’Est de l’Ukraine).
« N’ayant pas obtempéré à l’obligation par affichage de se rendre sur la place de la ville pour la déportation en Allemagne, les soldats nazis se sont rendus dans les maisons, ont fait sortir les gens à coups de matraque », se souvient Nadja Duval, qui fêtera ses 94 ans le 26 mai prochain.
« Nous avons marché 12 km à pied jusqu’à la gare de Chterowka, sous la surveillance des soldats et leurs chiens, poursuit-elle les yeux remplis d’émotion. Nous avons ensuite voyagé huit jours et huit nuits dans les wagons bondés, tantôt debout, tantôt assis, à tour de rôle, sans manger ni boire ».
La mort et... l’amour
Direction les camps des usines Krupp à Magdeburg. Le travail y est très dur.
Les déportés sont ensuite déplacés jusqu’au camp de Berenburg: « La cadence de travail était de sept jours sur sept, douze heures de travail et douze heures enfermés dans les baraquements encerclés d’une double rangée de fils barbelés électrifiés haute tension. La nourriture était insuffisante et les soins médicaux étaient absents. Les malades étaient éliminés », se souvient-elle.
Avec Marcel Duval, qu’elle rencontre là-bas, ils n’ont qu’une seule idée lors de la libération: rentrer en France et profiter pleinement d’amour et de liberté.
Mais administrativement, les Russes sont renvoyés chez eux. Nadja Mironenko et Marcel Duval se marieront devant un officier anglais le 1er mai 1945 à Berenburg (Allemagne) avant de rejoindre la famille Duval à Lille...
Nadja devient couturière et Marcel est tourneur à l’usine. Aujourd’hui décédé, Marcel était devenu professionnel de football au poste de gardien de but à La Voulte puis à Lyon, avant de finir sa carrière à Toulon au Sporting et d’y devenir entraîneur.
Ils eurent trois fils: Serge (photograveur à la retraite de Var-matin à Ollioules), Patrick (décédé à 50 ans) et Marc (gardien de but au Sporting Club Toulon et éducateur sportif à la ville de Toulon)... Et neuf petits-enfants. « Je piquais tous les numéros des maillots des équipes et je les lavais. Mon Marcel n’avait pas les mêmes primes de match qu’aujourd’hui » plaisante-t-elle.