D’où vient l’eau? Quelle part est captée pour nos usages? Qui sont les plus gros consommateurs? On fait le point.
Publié par P.-H. C. le 30/03/2023
Le lac de Sainte-Croix. Photo archives Var-matin
La surface du département du Var accuse 5 973 km2 et en moyenne son sol a reçu 456 millimètres de pluie en 2022 selon les relevés.
À la louche, on peut donc estimer qu’il est donc tombé plus de 2,7 milliards de mètres cubes d’eau dans le Var.
Attention cependant à ne pas croire que toute cette flotte est disponible.
Selon les experts, 60 % de cette pluie, soit 1,6 milliard de mètres cubes, est repartie illico dans l’atmosphère, simplement évaporée. Il n’en reste plus que 1,2 milliard disponible pour s’infiltrer dans les nappes phréatiques (23 % du volume) ou ruisseler (16 %).
1,2 milliard, c’est aussi précisément ce que le département a prélevé selon les chiffres publiés pour l’année 2020 par la banque nationale des prélèvements quantitatifs en eau (BNPE).
Au fil des ans, ce volume évolue fortement. En 2017, par exemple, nous nous sommes contentés de 739 millions de mètres cubes... mais nous en avons englouti 1,5 milliard l’année suivante.
Évidemment, tout n’est pas passé par votre tuyauterie.
75 % est constitué de ce que la BNPE qualifie d’eau turbinée, c’est-à-dire celle qui fait tourner les turbines des barrages hydroélectrique. Dans le Var, il s’agit de Quinson et Saint-Cassien.
Face à ce poids lourd, l’eau potable ne constitue que 15 % du volume, l’irrigation 3,7 %, les canaux et l’usage industriel 2,9 % chacun.
Infographie Rina Uzan -Var-Matin
Le Var compte 250 points de prélèvement d’eau potable répartis sur tout le territoire. On a en tiré 193 millions de mètres cubes en 2020.
Plus gros robinet du Var, la prise de Boutre, dans le canal EDF, à Vinon-sur-Verdon, a fourni plus de la moitié de l’eau potable consommée dans le Var (voir tableau des 15 plus importants prélèvements).
Si le volume global des prélèvements connaît de fortes variations, celui de la consommation d’eau potable est en revanche assez régulier.
Sur les cinq dernières années publiées, il oscille de 181 millions (en 2016) à 199 (en 2017). En 2020, les compteurs indiquaient 193 millions.
Évidemment - et on peut s’en irriter - ce n’est pas parce que l’eau est potable qu’on la boit. Les études estiment que 7 % seulement de ce qui coule au robinet d’un ménage est utilisé pour l’alimentation, dont 1 % pour la boisson. Les bains et douches engloutissent 39 % du volume, devant les sanitaires (20 %), le linge (12 %) et la vaisselle (10 %)
Au moment où la sécheresse inquiète, les regards accusateurs se tournent vers les piscines.
La direction des finances publiques en a comptabilisé en 2021 très exactement 106 764 dans le département. Près de 15 % des logements ont leur bassin. Dans certaines communes varoises, c’est nettement plus. Les Adrets-de-l’Estérel, Cotignac et Saint-Paul-en-Forêt affichent une concentration trois fois supérieure avec 45 % des logements équipés. Un luxe qui pèse forcément sur la soif.
Le volume moyen des bassins en France est de 48 mètres cubes pour la remplir à ras bord. Le premier remplissage fait donc sérieusement couler le robinet. D’autant que, dans le meilleur des cas, il faut y ajouter près de 16 m3 par an pour compenser l’évaporation (estimée à un tiers du volume total).
Garder tous les bassins à niveau doit donc tutoyer 1,7 million de mètres cubes par an. Un chiffre à rapporter aux près de 200 millions de mètres cubes d’eau potable consommés dans le Var.
Nettement plus énervant en fait que les piscines, on peut s’intéresser aux innombrables fuites que connaissent nos réseaux.
L’Observatoire national des services de l’eau évalue à 87 % le rendement des réseaux varois. En clair, 13 % de l’eau potable introduite dans les tuyaux se perd avant d’arriver au robinet, grosso modo 25 millions de mètres cubes par an!
Le Varois, gros consommateur
69,3 mètres cubes par an et par habitant. C’est la consommation moyenne d’un Varois. C’est plus que la moyenne nationale puisque l’Observatoire des services publics d’eau et d’assainissement estime que chaque Français utilise en moyenne 149 litres d’eau potable par jour, soit une consommation domestique de 54,3 m3 par habitant et par an.
Notons cependant que ces chiffres sont forcément un peu faussés par l’afflux de touristes estivaux. Non seulement, ils ne figurent pas - par nature - dans le nombre d’habitants, mais en plus, l’Ademe estime qu’un vacancier consomme 65 % de plus qu’un local.
Une réunion d’information sur le projet de création d’un dixième parc naturel régional en Région Sud-Paca s’est tenue dernièrement aux Adrets-de-l’Estérel, en présence de nombreux élus (1) . Ils ont été reçus par le maire Jean-Pierre Klinholff.
Maillon d’un continuum écologique régional, ce projet est piloté par la Région, dont le président, Renaud Muselier, avait à plusieurs reprises exprimé le souhait de devenir la première région verte d’Europe. Les parcs régionaux résultent toujours d’une large concertation et sont validés par adhésion volontaire des communes. Ils sont définis comme ‘‘territoire remarquable’’ et reconnus par ce label ‘‘parc naturel régional’’, attribué par l’État et valable 15 ans.
Au nombre de neuf dans notre région (2), ces espaces pourraient bien en accueillir un dixième: ce projet vise l’union de deux grands ‘‘paysages remarquables’’, ceux des massifs des Maures et de l’Estérel-Tanneron, sous le nom de "territoire de la Provence cristalline".
Un premier périmètre pressenti est à l’étude, contenant 51 communes, 214.000 hectares, 351.000 habitants. Une écologie spécifique symbolise ces massifs: chêne-liège, pin maritime et châtaignier abritant une faune riche et diversifiée, ainsi que des espèces singulières et emblématiques comme la tortue d’Hermann. Ces massifs sont riches de culture, de patrimoines et de savoir-faire qui font l’identité du territoire.
La mission des parcs naturels régionaux est d’avoir le tissu forestier entretenu afin de maintenir les paysages et lutter contre les risques d’incendie, mais aussi de maintenir l’agriculture et les activités forestières traditionnelles, entre développement et préservation. Autre objectif: éduquer, sensibiliser, accueillir, agir collectivement face aux bouleversements climatiques et sociétaux. Enfin, l’idée est aussi et surtout de faire de la biodiversité et du paysage un socle de développement et d’attractivité, une force, un bien commun à préserver et à transmettre aux générations futures.
"Commune en plein cœur de l’Estérel, nous sommes très favorables à ce projet qui apporte une valorisation supplémentaire à notre massif, avec la garantie d’une protection de notre environnement", souligne Jean-Pierre Klinholff. "Oui, avec nos règles: protéger sans sanctuariser, lui répond François De Canson. Il s’agit de convaincre et non de contraindre avec une concertation forte. Fédérer avec l’Estérel comme moi je l’ai fait dans les Maures, car si on ne protège pas, on dévalorise!"
"C’est une logique propre à notre territoire de Provence cristalline qui s’inscrit dans la continuité de la labélisation ‘‘Grand Site de France’’, en associant l’Estérel et le Tanneron selon un périmètre à définir et à valider ensemble. Le parc ne se fera pas sans vous", assure Georges Botella.
Développer des itinéraires touristiques respectueux de l’environnement est majeur, dans la charte du parc, bible du devenir du territoire et démarche volontaire des communes pour remplir les critères d’obtention du fameux label.
Si les avis sont favorables, comme cela semble être le cas aujourd’hui, à l’issue de cette première réunion, l’élaboration du projet se poursuivra en affinant le périmètre, ses cohérences et ses participants afin de parfaire aux critères d’éligibilité.
Dans l’ensemble, les acteurs présents sont séduits par la cohérence du projet et voient avec grand intérêt la création de ce parc. Outre la valorisation de sites remarquables, ils bénéficieront d’aménagements et de financements régionaux et européens. "C’est dans nos gènes, à la Région. On veut rester libres sur nos territoires, tout en pouvant gérer le flux touristique. Les territoires sont unis dans une volonté forte de protéger notre patrimoine", précise François De Canson.
"Ce projet reste ouvert à des partenariats. Il y a une liberté totale d’adhérer ou pas", conclut Georges Botella.
Le Var est le seul département français qui porte le nom d’un cours d’eau qui n’y coule pas... ou plutôt qui n’y coule plus.
Nelly Nussbaum magazine@nicematin.com Publié le 11/02/2023
Le port vieux de Toulon vu du côté des magasins aux vivres, par Joseph Vernet, 1756. - Photo Musée national de la Marine
Lorsqu’en 1860, le royaume de Piémont-Sardaigne a cédé le comté de Nice à la France de Napoléon III, il a fallu agrandir le territoire du département des Alpes-Maritimes (ancien Comté de Nice), alors trop petit pour former une nouvelle entité administrative.
Pour cela, comme le fit naguère la Révolution avec le découpage de la Provence, le gouvernement eut l’idée de lui ajouter la partie orientale du département du Var.
C’est ainsi que Grasse (ex-préfecture du Var), Cannes, Antibes et Cagnes-sur-Mer ont été rattachés à l’ancien comté pour constituer l’intégralité des Alpes-Maritimes. La conséquence de cette manœuvre administrative fut que le département varois perdit aussi son fleuve, soit le Var qui marquait la frontière entre les deux départements.
En fait, le fleuve avait perdu son rôle de frontière une première fois en 1793 lors de la constitution du premier département des Alpes-Maritimes. S’il a récupéré sa fonction de limite administrative en 1814, lorsque le comté de Nice est retourné au royaume de Sardaigne, il l’a définitivement perdu lors du rattachement du comté de Nice à la France en 1860.
En compensation de cette déchirure dans le cœur des Varois, le département a eu le droit de garder son nom. Une cocasserie unique en France car depuis cette amputation de sa source à son embouchure le fleuve Var coule dans le département voisin des Alpes-Maritimes.
Jusqu’à la Révolution, le département du Var n’existait pas. Toulon, déjà réputée comme ville portuaire, était assimilée au comté de Provence. Ce qui n’empêcha pas Vauban de venir, dès 1679, restructurer les fortifications de l’arsenal de Toulon, lui conférant ainsi sa vocation de grand port militaire de Méditerranée. Mais en septembre 1789, le député Thouret propose à l’Assemblée constituante de lancer une grande réforme qui allait totalement bouleverser l’administration de la France. Il est, en effet, décidé de découper le sol de la France en 83 unités départementales, chacune subdivisées en 9 districts regroupés autour d’un chef-lieu.
Se dessinent alors les départements issus du découpage de la province de Provence (devenu Paca). La partie la plus orientale, territoire alors peu connu, sans grosses villes, doté de petites industries locales et voué depuis des siècles à une agriculture méditerranéenne traditionnelle devint donc un département à part entière.
Et, comme il fut décidé de baptiser les nouveaux départements du nom du cours d’eau le plus important qui les traversait ou les bordait, on dénomma cette partie oubliée du nom de son fleuve Var. La proclamation de la naissance du Var eut lieu le 4 mars 1790 à l’assemblée d’Aix-en-Provence, mais ne fut effective que le 26 septembre 1790.
Son chef-lieu, d’abord fixé à Toulon fut, pour punir les Toulonnais d’avoir livré leur ville aux Britanniques en 1793, déplacé à Grasse. La cité grassoise fut remplacée à son tour par Brignoles en 1795 puis Draguignan en 1797. Finalement Toulon est redevenue chef-lieu du département en 1974.
Sources: Département du Var, métamorphose d’un territoire (1790-1990) par Étienne Julliard, professeur honoraire des universités et Archives du Département 83.
Sur ce plan de 1869, le département du Var était déjà amputé de sa partie orientale et de son fleuve Var depuis neuf ans.
Un riche patrimoine mégalithique prouve que le territoire fut habité dès les temps préhistoriques puis par les Celto-Ligures.
Vers 500 avant J.-C., les Grecs de Marseille fondent des comptoirs commerciaux sur le littoral le rendant florissant. Lorsqu’en 49 avant J.-C., s’installent les Romains, ils fondent Forum Julii (Fréjus) et construisent l’importante via Aurelia qui traverse le territoire d’est en ouest. Durant le Haut Moyen Âge, la région subit les invasions barbares et sarrasines avant d’être intégrée au comté de Provence fin du Xe siècle.
Les XIe et XIIe siècles sont plutôt calmes, mais du XVIe au XVIIIe siècle, le territoire, régulièrement traversé par des armées ennemies, est aussi éprouvé par des épidémies de peste et des guerres de religion.
Entre le XIXe et le début du XXe siècle, l’arrivée du chemin de fer, la création de grands centres industriels à Toulon et La Seyne, la spécialisation de l’agriculture et les débuts du tourisme, offrent au Var une période de prospérité et de développement.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il va encore subir le sabordage de la flotte à Toulon, en 1942, et le débarquement de Provence, en août 1944.
Mais comme par le passé, le département surmonte ses problèmes et durant la deuxième moitié du XXe siècle, le Var se développe, double sa population et devient une destination touristique de premier plan.
Préfecture du Var : La fourmi électrique, une espèce envahissante, vient d’être découverte à Toulon. Pour estimer les zones envahies, merci de signaler vos observations à l’Inventaire National du Patrimoine Naturel.
La fourmi électrique, petite fourmi jaune orangé d’environ 1,5 mm, est une des 3 fourmis les plus envahissantes du monde.
Elle vient d’être découverte à Toulon. Cette espèce est extrêmement envahissante et très préoccupante pour la biodiversité locale Varoise.
Malgré sa très petite taille, sa piqûre est douloureuse et peut entraîner des complications.
L’INPN (Inventaire National du Patrimoine Naturel) lance un appel à la population pour les aider à estimer la zone envahie.
Les habitant du Var sont invités à :
Pour tout signalement, rendez-vous sur le site de l’INPN en cliquant ICI
Sur le site de l'INPN : Aidez-nous à détecter la fourmi électrique Wasmannia auropunctata, en France.
La fourmi électrique, petite fourmi jaune orangé d'environ 1,5 mm, est une des 3 fourmis les plus envahissantes du monde.
Elle vient d'être découverte à Toulon (83).
Fourmi électrique Wasmannia auropunctata
La fourmi électrique est incluse depuis peu dans la liste des espèces préoccupantes pour l'Union européenne. Ses impacts écologiques et économiques sont majeurs.
Malgré sa très petite taille, sa piqûre est douloureuse et peut entrainer des complications. Elle est originaire d’Amérique du Sud et a été introduite en Asie, Pacifique, Afrique, États-Unis, Israël et depuis 2016 en Espagne.
Plusieurs dizaines de millions de dollars sont dépensés chaque année pour sa lutte.
La zone envahie, connue à ce jour, couvre environ 5 000 m2 à Toulon (83). Cette espèce étant facilement transportée avec des plantes ou des déchets verts, il est probable que d'autres zones soient envahies.
Pour nous aider à estimer la zone envahie, signalez-nous vos observations :
sur INPN Espèces si vous avez le matériel photo adéquat ;
par envoi de spécimens morts (secs dans du coton ou dans un tube avec de l'alcool) à :
Quentin Rome
Muséum national d’Histoire naturelle
CP50 - 45 rue Buffon
75005 Paris
ou
Olivier Blight
UMR IMBE
337 chemin des Meinajariés
Site Agroparc - BP 61207
84000 Avignon
Depuis fin 2021, les habitants de plusieurs communes du Var reçoivent dans leurs boîtes aux lettres, sur le pare-brise de leur voiture, sur le pot d'échappement de leur moto, des missives anonymes, relate Var-Matin. Et il ne s’agit pas de messages de sympathie, mais de menaces.
Les communes touchées sont Hyères, Carqueiranne, Pignans, Signes et Toulon.
Selon le média, ces petits carrés de papier griffonnés, rédigées en lettres capitales, dévoilent un contenu inquiétant et aigri, comme «cette nuisible classe moyenne molle, servitrice (sic) zélée du capitalisme», «parasites destructeurs d’espaces et de ressources naturelles», «moutons égoïstes».
Beaucoup se terminent par «Mort aux cons décadents du consumérisme».
Contactés par le quotidien, des témoins considèrent ces messages comme des menaces, et se disent «choqués». Seulement un tiers a alerté les autorités, personne n’a porté plainte.
Un autre département ciblé
Le Var n’est pas le seul département touché par ce phénomène. Ainsi, d’après un article paru fin janvier dans La Provence, un corbeau a aussi sévi dans la région de Cassis, La Ciotat et Saint-Cyr, dans les Bouches-du-Rhône. Il proférait des menaces à l’encontre de ceux qui mènent «une vie de con». Les lettres se terminaient également par «Mort aux cons décadents du consumérisme».