La région Provence Alpes-Côte-d'Azur est la première à ouvrir la concurrence à ses TER. Une initiative qui devrait être largement scrutées par les autres régions.
La région Provence Alpes-Côte-d'Azur a décidé de frapper un grand coup en lançant, vendredi 13 décembre, l'ouverture à la concurrence de ses TER. Une première qui devra être très regardée par les autres régions et les opérateurs publics et privés qui lorgnent sur le monopole de la SNCF. L'exécutif régional, dirigé par Renaud Muselier (LR), a voté une « procédure de délégation de service public » d'une partie de ses TER. Début 2020, la région compte lancer les appels d'offres pour deux lots de liaisons, Marseille-Toulon-Nice d'une part, et les lignes autour de Nice d'autre part, a précisé Renaud Muselier en séance plénière.
« On va avoir des prix 'canonissimes' » proposés par les opérateurs publics ou privés, français ou étrangers, qui répondront à ces appels d'offres, a-t-il affirmé : « On va avoir les trains à l'heure, on va avoir des rabais, avec une qualité de service ! Je vous le parie aujourd'hui ! ». Renaud Muselier a détaillé la suite du calendrier: le choix de l'opérateur retenu pour chaque lot en juin 2021, le démarrage de l'exploitation l'année suivante sur Marseille-Nice (7 allers-retour quotidiens actuellement) et en 2024 autour de Nice (58 allers-retours sur différentes dessertes). Les contrats seront signés pour 10 ans, et représentent une valeur estimée sur la période d'environ 1,78 milliard d'euros. Huit opérateurs, dont deux français, ont déjà fait part de leur intérêt pour les lots ouverts par la région.
Provence-Alpes-Côte-d'Azur, qui clame depuis des mois vouloir être la première région à ouvrir ses trains à la concurrence, n'a pas perdu de temps : la loi ne permet que depuis le 1er décembre de passer des appels d'offre pour confier les TER à d'autres opérateurs que la SNCF. La France se conforme ainsi au droit européen, en optant pour une suppression progressive du monopole de l'entreprise publique dans les transports ferroviaires régionaux. La mise en concurrence sera obligatoire pour toutes les régions à partir de décembre 2023, à la fin du contrat les liant au groupe public. « Les autres régions sont à l'affût pour voir ce qu'il se passe", a assuré Renaud Muselier qui est également président de l'Association des régions de France. « On veut être les premiers », et « on veut payer le bon prix, pour le bon service », a-t-il ajouté.
La région Paca consacre chaque année 285 millions d'euros à ses transports ferroviaires et l'ouverture à la concurrence permettra de « récupérer de l'argent public » sans « supprimer aucune ligne, ni aucune gare », a-t-il promis. Une vision qui fait bondir les cheminots de la CGT : « L'ouverture à la concurrence n'apportera aucune amélioration. On a pu voir dans d'autres pays que ça signifiait moins de trains, des trains plus chers, et moins de trains à l'heure », a réagi auprès de l'Agence France-Presse Rémy Hours, le responsable local du syndicat.
« Les profits seront privatisés pour des actionnaires, mais les coûts d'investissement dans les infrastructures resteront pour le contribuable », un point sensible dans une région où elles sont saturées et vieillissantes, a-t-il dénoncé. « Comme pour la réforme des retraites, il s'agit d'une casse du service public », a ajouté le syndicaliste qui redoute une remise en cause des conditions d'emploi des cheminots si les lignes sont privatisées. Au-delà de la région Paca, l'enjeu est de taille pour la SNCF. Trois autres régions sont susceptibles de suivre : Grand Est, les Hauts-de-France, et les Pays de la Loire. L’État, qui est soumis à la même règle pour les Intercités qu'il subventionne, veut de son côté ouvrir les lignes Nantes-Bordeaux et Nantes-Lyon à la concurrence.
Évidemment, ce n'est pas encore l'Éthiopie. Le 29 juillet, le gouvernement a revendiqué y avoir planté en douze heures 353 millions d'arbres. À son échelle, la Région Sud se contentera d'un million d'arbres en deux ans. Avec au moins un objectif partagé : si la Provence est moins sujette à la déforestation massive que la corne de l'Afrique, elle recèle les mêmes inquiétudes sur le réchauffement climatique. "L'arbre contribue à neutraliser le CO2, à rafraîchir l'air, à réduire le bruit, ou encore réintroduire la biodiversité dans les zones urbaines", souligne Renaud Muselier. Le président LR de Provence-Alpes-Côte d'Azur qui consacre 30 % du budget de son institution via son programme "Cop d'avance", prévoit 3 millions d'euros pour son opération.
Un million d'arbres. L'annonce a les atours de l'opération de com'. Dans l'hémicycle régional où se tenait ce mercredi une session plénière, l'opposition, résumée au Rassemblement national, relaie le soupçon. "L'initiative serait bonne s'il n'y avait derrière le greenwashing, le vernissage politique", maugrée Jean-Alexandre Mousset. "La forêt manque de moyens humains et matériels. Notre maison brûle, s'amuse-t-il en reprenant Jacques Chirac, et vous avez laissé partir les Canadair".
En réponse, Renaud Muselier rappelle que le départ des Canadair de Marignane vers le Gard est le fruit d'une "décision de l'État" et sort les chiffres de son plan "guerre du feu". Expliquant qu'aux 6 000 hectares de forêt régionale brûlée en 2017 ont succédé deux années moins vives, où environ 1 500 hectares sont partis en fumée. Dans les travées, les lycéens invités observent en souriant. Mais l'essentiel est ailleurs et le Rassemblement national approuvera la délibération.
Elle consiste à planter un million d'arbres en deux ans, dont 200 000 dans les villes. Pour y arriver, la Région va s'appuyer sur les études d'experts de l'Office national des forêts. L'idée est de financer à hauteur de 80 % les demandes publiques ou privées de reboisement. "En fonction de l'essence qui sera choisie, selon les besoins en termes de rétention d'eau, de captage de CO² ou de rafraîchissement, explique Renaud Muselier, le coût sera de 6 à 8 euros par arbre. On doit arriver à capter la totalité du CO² régional en 2050". Pour l'heure, la deuxième région la plus boisée de France parvient, avec 1,6 million d'hectares, à absorber 35 % des émissions régionales. Un ratio plutôt faible, lié à la faible densité des surfaces boisées.
"L'idée n'est pas de modifier le paysage, mais de donner une opportunité politique aux maires. À eux de la saisir",ajoute le président de la Région.
À quelques mois d'élections municipales où l'élu marseillais prône un rassemblement de la droite avec "les écologistes, les Marcheurs et Samia Ghali", le clin d'oeil est sans ombrage. Déjà, à Marseille, Samia Ghali répond présente, indiquant vouloir "faire resurgir la nature au milieu du béton". Et citant les cités des quartiers Nord comme autant de jardins vierges. Toute approbation du même type pourra être interprétée comme un ralliement politique à Marseille. C'est nettement moins vrai ailleurs.