Lundi, Charles-Ange Ginésy devait réunir 75 maires pour obtenir leur appui en vue d’une candidature à la Réserve internationale de ciel étoilé. Loin d’une utopie, un enjeu majeur.
Avouez, c’est une sensation incroyable, non? Observer les étoiles, allongé dans un champ, assis sur un rocher, par une nuit parfaitement noire. Qui n’a pas un jour rêvé en contemplant la voie lactée ou une pluie d’étoiles filantes des Perséides?
C’est cette magie que cherche à retrouver le Département des Alpes-Maritimes. Car nos nuits sont blanches. Polluées par des éclairages urbains qui effacent les étoiles et déstabilisent la faune.
75 communes vont donc postuler à la Réserve internationale de ciel étoilé (Rice). Elles recouvrent trois territoires: la communauté de communes Alpes d’Azur et sa réserve naturelle régionale des Gorges de Daluis, le Parc national du Mercantour, le Parc naturel régional des Préalpes d’Azur.
Cette réserve - il en existe déjà deux en France (dans les Pyrénées et dans les Cévennes) - sera constituée d’une zone cœur, préservée de toute pollution lumineuse, et d’une zone tampon où seront mises en place des actions pour améliorer l’éclairage public.
"On éclaire comme des malades"
Rien d’une utopie. Ce label est décerné par l’International Dark Sky Association, basée aux États-Unis.
Il récompense une "qualité de ciel nocturne exceptionnelle et engage les territoires à mener des actions de réduction de la pollution lumineuse".
Dans l’un des plus beaux villages de Frances, qu’on croirait de nuit perché au milieu des étoiles, un maire est déjà convaincu de l’utilité de cette candidature.
Il s’agit de Daniel Mele, à Gourdon. Lui aussi a décidé de réinstaurer de la magie dans nos nuits. Avec deux étoiles sur cinq, sa commune est déjà labellisée "Villes et villages étoilés".
"Nous faisons depuis deux ans l’effort de réduire la pollution lumineuse du village. Il s’agit de redonner une nuit la plus noire possible pour offrir à la faune toute l’énergie qu’elle avait perdue depuis qu’on éclaire comme des malades. Avec cet éclairage démesuré, petit à petit, on détruisait tout, pour les chauves-souris, les insectes."
La nuit, Gourdon est désormais enveloppé d’un halo doux. Des lampadaires qui éclairaient vers le ciel ont été réorientés vers le sol.
Finies les lampes au sodium, les leds remplacent au fur et à mesure les éclairages. Le maire fera éteindre prochainement toute la périphérie du village après minuit. "Cela ne sert à rien d’éclairer les parkings visiteurs la nuit."
Retrouver un ciel étoilé est un cercle vertueux. La démarche éco responsable permet des économies non négligeables. "Grâce à ces mesures, nous avons économisé 40% de notre facture d’électricité."
Sans dépenser un euro de plus, Gourdon a ainsi pu investir dans six véhicules électriques. Selon l’association qui promeut "Villes et villages étoilés", 6 millions d’euros vont être économisés par les 374 du label, selon les chiffres de 2017.
"Urgent d’agir"
Charles-Ange Ginésy, président du Conseil départemental, qui pousse le projet de Réserve internationale, n’a pas oublié ses nuits de gamin, à Valberg, à observer les étoiles.
Il n’oublie pas non plus que le département est une terre historique d’astronomie, reconnue comme telle depuis le XIXe siècle. Et ce, du plateau de Calern à l’observatoire du mont Mounier, succursale de l’observatoire de Nice, en passant par la Cime de l’Aspre ou le Col de la Bonnette-Restefond.
Cette candidature s’inscrit dans le cadre du Green deal, projet de transition écologique développé par Charles-Ange Ginésy depuis son élection.
C’est en visitant une réserve de ciel étoilé dans les Pyrénées, qu’il s’est convaincu du sujet. "J’ai toujours eu beaucoup de nostalgie à l’égard de l’observatoire disparu du mont Mounier."
Selon lui, "il est urgent d’agir". Ce lundi, il réunira les 75 maires concernés par la candidature pour obtenir leur feu vert.
Le but: redécouvrir les mystères et les beautés du ciel nocturne étoilé. Pour avoir de nouveau la tête dans les étoiles. Et faire que nos nuits soient plus belles que nos jours.