Il s’agit pour eux d’entamer une exploration de ce monde étrange et fascinant qu’est celui de la mémoire. La mémoire a maille à partir avec l’histoire, naturellement, mais aussi, plus profondément, avec l’écriture et l’art en général. À peine vécu, tout événement sombre dans les profondeurs du passé inconnu, sur lequel surnagent pour un moment de petits fragments de souvenir. Il en reste pourtant une empreinte, quelque part : un témoignage, un enregistrement quelconque, des traces – des vestiges en somme, qui demeurent enfouis parmi nous. Que peut-on faire de ces témoignages, récits humains, restes matériels, images, archives ? L’archéologue le découvre par des fouilles, des chantiers, strates, poteries, débris, qui mettent à jour bien plus que le temps écoulé ; le cinéaste historien a affaire aux archives, photos, films d’amateurs, journaux, documents. Passionnant de voir des passerelles, zones frontières, terrains communs s’établir entre les deux disciplines autour de cet axe : comment retrouver le passé ? Comment survit-il ? Est-il vraiment passé ?
José Lenzini travaille et écrit sur Albert Camus depuis près de 50 ans. Installé au Broussan, le journaliste et écrivain, né en Algérie, est un infatigable partageur de connaissances.
Publié le 04 avril 2022 à 09h00 Par Michael Martinez
Camus. José Lenzini en revient toujours à Albert Camus ainsi qu’à l’Algérie où, comme lui, il a grandi. C’est presque sur un malentendu qu’il lui a consacré un premier livre voilà presque 50 ans. Cinq autres suivront. Arrivé à Toulon après la guerre d’Algérie, installé au Broussan, José Lenzini a été journaliste à Var-matin, correspondant au Monde ou encore enseignant à l’école de journalisme de Marseille. Auteur de plus d’une vingtaine d’ouvrages, il continue à écrire. Il anime aussi des conférences et tables rondes, notamment sur Camus, bien sûr. Il sera à Hyères mercredi avec le psychiatre Boris Cyrulnik et le journaliste Eric Fottorino (1).
José Lenzini - Photo Valérie Le Parc
Comment a débuté votre rencontre avec Camus?
En 1974-75, je suis un bon pied-noir et, arrivé de l’autre côté, je me dis: Comment on en est arrivés là? J’ai alors zéro conscience politique, mais je me dis qu’il faut trouver un responsable. Je me mets en tête que Camus est la conscience morale qui ne nous a pas alertés. Je téléphone à un éditeur et lui dis: "Je voudrais vous faire un bouquin Sous le soleil de Camus ". Il me répond: "On peut faire L’Algérie de Camus". Là, le stress. J’ai loupé trois fois le BEPC, je n’avais jamais lu Camus. Je m’achète deux- trois livres sur Camus, je les pille, je fais un montage et lui envoie... Il me dit: "Pourquoi pas". Ce bouquin est apprécié, car il est fait par un fou qui ne connaît rien de Camus et qui le découvre. Vous le savez comme moi: dans le journalisme, c’est cela qui est bon, découvrir et donner à partager à l’autre.
Cette rencontre...
Elle est décisionnelle pour moi. Je découvre quelqu’un qui a alerté (sur la situation en Algérie, Ndlr), qui était une conscience (...).
Et vous avez enchaîné les livres...
On n’en parlait pas beaucoup à l’époque. J’ai ensuite fait une petite biographie... J’en suis au sixième, avec une BD. Je suis devenu malgré moi un spécialiste, mais les Camusiens ne m’aiment pas. J’ai une grande admiration pour Camus, mais j’ose ne pas faire la statue du commandeur.
Vous en préparez un autre ?
Un essai. Le sujet est: Camus et la prémonition du terrorisme. Le terrorisme d’État et individuel. J’attaque le livre par une référence à une pièce, L’État de siège. Tu changes le personnage central par Poutine et on est en plein dedans. Les prémonitions qu’il a eues... Camus a été ma psychanalyse.
Pourquoi ?
Je suis toujours dans la nostalgie, le passé, l’Algérie. Il m’a aidé à entrer dans l’histoire d’une autre manière.
Hasard de notre entretien, aujourd’hui est la date anniversaire des accords d’Évian, le 18 mars 1962...
Il y a cette superbe phrase de Jean Ferrat: "Nul ne guérit jamais de son enfance." Un proverbe arabe dit aussi: "Le passé est mort." Je ne fais pas outrage au passé, je ne tire pas un rideau, mais j’ai envie de voir le futur, un monde plus ouvert, moins raciste... et, en même temps, je comprends les pieds-noirs de mon âge qui ne comprennent pas cet exil. Ils le comprennent d’autant moins qu’ils ont peur de retourner en Algérie. Ils sont sur un paradis perdus. Camus parle de l’exil et du royaume. Nous, c’est le contraire. On a eu le royaume et l’exil. (...) On idéalise aujourd’hui. Ce pays n’existe plus.
Le thème de la table ronde mercredi est: "Savoir dire non, ou désir de se soumettre" (1). Un sujet qui résonne dans l’actualité...
On avait choisi ce thème car on a fait (avec Boris Cyrulnik, Nldr) un bouquin sur Chérif Mécheri. C’est un préfet français originaire d’Algérie. Sous l’Occupation, il donne l’impression de travailler pour Pétain, alors qu’il renseigne la Résistance. Tout de suite après, arrive la guerre d’Algérie. Il a deux frères qui sont au FLN (Front de libération nationale, Ndlr). Il choisit la France. Il a choisi son camp. Avec Poutine, on est en plein dedans. On voit le courage extraordinaire du peuple ukrainien.
Vous avez écrit sur Camus, Mouloud Feraoun, Aurélie Picard, Germain Nouveau... Comment choisissez-vous vos sujets ?
Chaque bouquin a son histoire. Germain Nouveau, c’est grâce à Lorenzini (Patrick, ancien journaliste de Var-matin, Ndlr), qui a écrit sur lui. C’est un poète varois. Il a été compagnon de Rimbaud et Verlaine. C’est dingue de n’avoir jamais rien fait sur lui. Ce n’est pas le poète qui m’intéresse, mais l’individu. Il me faut des personnages.
James Dean aussi...
Quand j’avais 18 piges, on était fous de James Dean. Dès qu’on achetait un jean et un blouson rouge, nous étions James Dean. Et puis, il y avait La fureur de vivre (1955). Quand il bouscule son père, c’est tout l’ordre établi qu’il bouscule. James Dean a un côté tragique. Il t’arrache les tripes... Je crois que tous ont un côté angoissé...
Vos personnages ?
Oui. Jules Roy, le préfet Mécheri, Camus... Ce sont des gens dont l’angoisse va servir de moteur. Peut-être que je me mets en miroir de ces gens-là?
Le journalisme, l’enseignement, les livres... Il y a une envie viscérale de transmettre, de partager?
Totalement. Le vrai journaliste, c’est celui qui a fouillé dans les tiroirs de sa grand-mère. Je veux dire par là qu’il faut de la curiosité. Et c’est le seul métier au monde où on est payé pour apprendre et pour partager, c’est merveilleux! Camus disait du journalisme: "C’est l’historien de l’instant."
Mon travail de journaliste, c’est de donner à voir, à entendre, à comprendre.
(1)- Mercredi 6 avril 2022 15h, au Forum du Casino, (av. Ambroise Thomas, Hyères). Entrée libre sur réservation : https:/www.hyeres.fr
Où emmenez-vous quelqu’un qui vient chez nous pour la première fois ?
J’adore, quand il fait beau, prendre la navette maritime au départ de Toulon pour aller à Saint-Mandrier. Il y a un paysage tout le long magnifique, les forts, les plages, les maisons mauresques.... Et on arrive à Saint-Mandrier, c’est un petit Saint-Tropez, mais sans ce côté bling-bling. C’est merveilleux.
Quelle adresse "secrète" ne gardez-vous que pour vos amis ?
L’auberge du Broussan. C’est encore une auberge où on mange très bien et on est dans un village.
Quelle odeur évoque le mieux notre territoire ?
Mes odeurs évoquent plutôt mon territoire d’avant (l’Algérie), mais si je pense à une odeur commune, c’est l’odeur du jasmin. Elle me ramène aux fleurs d’oranger. J’ai l’impression qu’elle habille le territoire comme l’encens habillait mon univers quand j’étais enfant de chœur avec l’encensoir.
S’il fallait changer une chose ici ?
Un sentiment de rejet, de haine que l’on retrouve de plus en plus dans le Sud. Qui se lève de Toulon, se lève de la raison. Qui se lève du racisme, reste à Toulon... J’aimerais que l’on réserve un accueil à tous les gens qui sont en exil.
Qu’est-ce qui vous met de bonne humeur le matin?
Un verre d’eau pour chasser les cauchemars de la nuit et un café très serré.
Et de mauvaise humeur?
Un mauvais café...
Évelyne Maushart a eu l'élégance de remercier notre association pour notre contribution à son nouvel ouvrage sur Le Revest.
Nous précisons que seules des illustrations proviennent de nos publications qui sont en accès libre sur nos sites.
Nous n'avons aucunement contribué à l'élaboration des textes.
Les éditions des Cahiers de l'Égaré publient en cette fin juin le livre de l'atelier d'écriture revestois Point de Mire. Un ouvrage en deux parties qui se présentent tête-bêche. Les commandes de ce livre se font à la bibliothèque du Revest.
Horaires de la bibliothèque : les mardis et vendredis de 16h à 18h30 - allée de la Libération, 83200 Le Revest--les-Eaux.
Pour tous renseignements sur l'atelier d'écriture, contacter sa présidente Michelle Lissilour - coordonnées : Le Haut Ray - 83200 Le Revest-les-Eaux 04 94 90 92 36
Point de Mire
Se focaliser sur quelque chose à dire, être attentive à son émergence par l’écriture, prêter attention à la manière de procéder de chacun(e), dans le respect et la bienveillance, tels sont les objectifs lorsque j’anime un atelier d’écriture...
Celui du Revest-les-Eaux se déroule depuis plus de quinze ans, un samedi par mois, dans la bibliothèque du village. Ça n’est pas qu’un atelier d’écriture, c’est devenu une aventure humaine.
L’arrivée se fait toujours dans un joyeux brouhaha ! Durant la mise en place, sortir les cahiers, les crayons, mais aussi les thés, les chocolats, les gâteaux, la bouilloire, nous nous donnons toujours un bon quart d’heure pour échanger les nouvelles : qui a lu ce livre, vu ce film, écouté ce concert, partagé tel spectacle ?
Puis doucement, lentement, à l’énoncé du premier jeu d’écriture, de la première consigne, le silence va s’installer, le regard va se perdre au loin ou se tourner vers l’intérieur, les plumes, les pointes, les crayons vont commencer à glisser sur les pages blanches laissant libre cours à l’imaginaire de chacun(e)...
Ainsi de fil en aiguille vont naître des textes, des bouts d’histoires, des pistes à développer un jour, plus tard ou jamais.
À la fin de la séance, on peut lire son texte à voix haute et cela devient un moment de partage très émouvant, fragile et intense.
Et aussi souvent le temps de grands rires...Merci à tou(te)s ceux-celles qui sont venu(e)s partager ce bout de route.
Merci à la Mairie du Revest-les-Eaux qui soutient l’atelier depuis ses débuts.Michelle Lissillour
Éditer
Éditer, c'est ce que je fais depuis 32 ans. En artisan, c'est-à-dire sans souci des circuits du livre impliquant service de presse, attachée de presse, féminine nécessairement, salons du livre, prix littéraires, lectures-signatures en librairie, médiathèques, subventions à solliciter, résidences d'écriture. Cela signifie réduire ma surface de visibilité. J'édite donc, entre 50 et 300 exemplaires en édition numérique. La souplesse et les coûts de l'édition numérique me permettent d'être très réactif, de fonctionner sans ligne éditoriale et sans programme, au petit (grand) bonheur des rencontres et coups de cœur.
L'atelier d'écriture Point de mire du Revest existe depuis 15 ans. Comment ne pas éditer le livre des 15 ans de cet atelier, principalement féminin, ce qui pour moi est un des signes que des changements nécessaires dans nos rapports à la Vie, seront amenés par l'action des femmes, conscientes de leurs pouvoirs de « sorcières ». Des femmes écrivant studieusement et joyeusement, c'est une expérience que j'ai pu vivre parfois dans l'oustaou per tutti de la Maison des Comoni.
Ravi donc de donner à ces écrits sur petits papiers, séchés avec des buvards appliqués avec soin, tout en dégustant des thés singuliers selon des rituels très élaborés, la forme durable d'un livre, déposé à la Bibliothèque Nationale de France. Les lecteurs d'aujourd'hui et les chercheurs du futur y verront peut-être comment des amoureuses des mots ont su en s'appuyant sur des contraintes, donner forme à des fatrasies savoureuses.
Jean-Claude Grosse Les Cahiers de l'Égaré
« La fabuleuse aventure de Carlimbus la pie voleuse »
Illustrations : Aline Gebelin Mérialdo
Conte destiné aux enfants de 6 à 10 ans publié dans la collection "Les belles histoires de Papi" chez l'éditeur Bookelis.
Album de 44 pages au format 21 x 29,7 sur papier brillant et couverture cartonnée.
Vendu au prix de 20 euros
Disponible auprès de l’auteur : Contact par courriel patrickdancet@gmail.com ou sur son blog : http://romansalasource.eklablog.com/contact
ou sur le site de l’éditeur : https://www.bookelis.com/jeunesse/38848-La-fabuleuse-aventure-de-Carlimbus-la-pie-voleuse.html
Et en dépôt-vente (à partir de janvier 2020) à l’Atelier de poterie d’Anne KROG ØVREBØ, 26 rue Maréchal Foch, au cœur du village du Revest-les-Eaux.
Résumé
Un jeune ménestrel arrive un jour dans un village où tous les habitants sont effrayés par une méchante sorcière. Elle retient prisonnière la princesse Maëva dans son château sombre et lugubre.
Avec l'aide de Carlimbus, une pie magique, le ménestrel va tout tenter pour essayer de délivrer la princesse.
Va-t-il y parvenir ?
Rappel.
Le premier conte « Les deux pommes » destiné aux enfants de 2 à 6 ans est également disponible dans les mêmes conditions de distribution.