Le mot de Kat : J'avais déjà vu cette carte il y a quelques semaines, et certains journalistes viennent de la découvrir et la mettent en exergue. Il s'agit d'afficher, commune par commune, la quantité de pesticide à laquelle la population est exposée.
La carte Adonis a pour ambition de porter à la connaissance de tous les données communales sur l'usage des pesticides.
Ces données ont pour vocation :
d'être utilisée à des fins de recherches scientifiques et
de servir de référence pour la définition et l'évaluation des politiques publiques nationales et européennes, dans des démarches de labellisation des exploitations agricoles et d'établissement de plans de progrès visant à réduire l'utilisation des produits phytosanitaires.Cette plateforme permet de contribuer à la mise en œuvre :
de la Directive européenne « pesticides » du 21 octobre 2009 déclinée en France par les plans Ecophyto I et Ecophyto II
du Plan National Nutrition Santé 4 (2019-2023) lancé le 20 septembre 2019 par Agnès Buzyn, Ministre des Solidarités et de la santé, qui recommande de consommer des produits végétaux non contaminés par les pesticides
Et comment est fait ce calcul ? La méthode de calcul est ce qu'elle est : on fait avec ce qu'on a :
les données parcellaires du Registre Parcellaire Graphique (RPG) 2020 qui donne accès à toutes cultures
les enquêtes Pratiques Culturales concernant les grandes cultures, l'arboriculture, la viticulture et le maraîchage qui donne un >IFT moyen décomposé (insecticides, fongicides, herbicides et traitements de semences) par ancienne région administrative
les parcelles en bio fournies par l'Agence bio
Et voilà ce que cela donne appliqué au Revest.
Surprise ! Le Revest est une zone grise, sans aucun pesticide référencé. Non parce qu'on a mesuré qu'il n'y en a pas (on n'en sait rien), mais parce qu'il n'y a pas de zone agricole au Revest. En effet, la société qui possède les 2500 oliviers et les 2,5 hectares de vignes de Tourris, bien que domiciliée au Revest, avec toutes ses terres agricoles sur Le Revest, cette société donc, a une adresse postale sur La Valette.
Non que je souhaite démontrer l'utilisation de pesticide sur Le Revest. Mais je suis un peu étonnée du mode de calcul des statistiques qui vont servir de base à nos politiques.
Le béton couvre les champs : entre 1970 et 2020, l’équivalent de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a disparu, selon un rapport de la Safer, la fédération chargée de réguler le foncier agricole.
Les terres agricoles sont en piteux état. C’est ce que décrit la dernière édition du rapport annuel de l’antenne nationale des sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer), publié le 24 mai. L’organisme y dresse un panorama inquiétant de l’état du marché foncier rural. Urbanisation, concentration des exploitations, accaparement des terres… Ces dynamiques se sont accentuées l’année dernière, mettant en péril l’essor d’un modèle agricole respectueux du vivant.
Premier constat : l’urbanisation s’est envolée en 2021. 33 600 hectares de terres agricoles (soit l’équivalent de 48 000 terrains de foot) ont été vendus pour être artificialisés. Cela représente une hausse de 23,5 % par rapport à 2020. Ce niveau est « inédit » depuis 2009, précise le rapport. Le bétonnage est particulièrement marquée sur la côte ouest du territoire et dans l’arrière-pays méditerranéen. Les responsables, note le rapport, sont tout autant les particuliers que les personnes morales de droit privé (sociétés commerciales, associations, fondations…).
La Safer explique cette hausse spectaculaire par la relance de l’économie post-confinement. Autre hypothèse : les acteurs privés ont peut-être anticipé certaines restrictions de la loi « Climat et résilience », qui fixe l’objectif de « zéro artificialisation nette » en 2050. L’approche de sa mise en application a peut-être « accéléré » les projets immobiliers, suggère l’organisme, et incité les bétonneurs à se ruer sur les terres agricoles avant qu’il ne soit trop tard.
Quelles que soient les raisons de ce boom, les conséquences sont là : toujours plus de construction, et toujours moins de champs. Entre 1970 et 2020, la surface agricole a reculé de 10,2 %, rappelle la Safer. Cela représente 3 millions d’hectares. Soit quasi exactement la taille de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Ce phénomène peut interroger : le marché des terres agricoles est en théorie régulé par les Safer, qui jouent un rôle de « gendarme » du foncier rural. Toute vente doit obligatoirement être signalée aux Safer locales. Si elles considèrent que le prix d’achat, l’acheteur ou son projet ne sont pas adéquats, elles peuvent « casser » la transaction en utilisant leur droit de préemption, et choisir elles-mêmes le nouvel acquéreur. Comment se fait-il que l’urbanisation de terres agricoles passe sous leur radar ?
« Ce sont les collectivités locales qui décident de l’usage du foncier dans leurs territoires, explique à Reporterre le président de la fédération nationale des Safer, Emmanuel Hyest. Si elles décident [dans leur plan local d’urbanisme, PLU] de transformer un terrain classé comme agricole en une “zone à urbaniser”, les Safer ne peuvent plus intervenir. »
En parallèle, le marché des maisons de campagne (c’est-à-dire les résidences secondaires vendues avec un terrain agricole ou naturel de moins de 5 hectares) a lui aussi explosé. Le nombre de transactions a augmenté de 21,3 % depuis 2020 (à titre de comparaison, le marché immobilier du logement ancien a progressé de 12 % en un an). 76 600 hectares sont concernés. La Bretagne, l’est de la Méditerranée et les alentours des Alpes sont les régions les plus prisées par les acheteurs, souvent originaires de grandes villes comme Paris, Lyon ou Marseille.
Il est, là encore, difficile pour les Safer de préserver les terres agricoles qui font partie de ces propriétés : « Quand la Safer les préempte partiellement, il arrive que le propriétaire propose de vendre le bâti en même temps, raconte Emmanuel Hyest. Ce n’est pas facile pour la Safer d’accepter : il faut être sûr qu’un agriculteur va vouloir tout reprendre, ce qui est rarement le cas. Un agriculteur ne va pas acheter une maison pour récupérer cinq hectares. » Ce grignotage discret des terres par les particuliers se fait « au détriment de l’agriculture de production », explique-t-il.
Un autre nuage noir flotte au-dessus des champs : celui de l’agrandissement « excessif » des exploitations. Entre 1970 et 2020, leur nombre a diminué de 76 %, passant de 1 588 000 à 389 500. Leur taille n’a quant à elle fait que gonfler : sur la même période, elle a été multipliée par 3,64 (évoluant, en moyenne, de 18,8 à 68,6 hectares). Les fermes sont de plus en plus grandes, et les agriculteurs, eux, de moins en moins nombreux.
Ces agrandissements vont de pair avec le déclin progressif des exploitations individuelles, au profit de sociétés agricoles. En 1970, 99,7 % des fermes étaient détenues par une seule personne. En 2020, elles ne représentaient plus que 58,4 % des exploitations agricoles. Le reste (41,6 %) existe sous forme de sociétés d’exploitation. La plupart du temps, ces sociétés sont mises en place pour faciliter la transmission familiale. Selon les estimations d’Emmanuel Hyest, environ 20 % d’entre elles se livrent cependant à un usage « détourné » des formes sociétaires. Les Safer n’ont en effet, pour le moment, aucun droit de regard sur les cessions de parts des sociétés. La forme sociétaire permet à des agriculteurs de revendre leurs terres aux mieux-disants, sans aucun contrôle. Cela facilite l’accaparement de milliers d’hectares de terres par des exploitants intensifs ou des groupes industriels, comme l’a documenté la journaliste Lucile Leclair dans son livre Hold-up sur la terre (Éditions du Seuil / Reporterre).
Les jeunes agriculteurs et la biodiversité sont les premières victimes de ce phénomène. Lorsque des petites fermes sont absorbées par de plus grosses structures, c’est souvent pour les remplacer par des systèmes de production peu écologiques. Les fermes à taille humaine (et notamment les élevages) disparaissent, au profit d’exploitations immenses et fortement mécanisées. La plupart du temps, elles sont dédiées à la monoculture de céréales à grand renfort de pesticides et d’engrais de synthèse. Cette uniformisation du paysage agricole « a un impact négatif sur la biodiversité, l’entretien des paysages et la résilience de l’agriculture face aux aléas climatiques », prévient la Safer. Elle empêche également une nouvelle génération d’agriculteurs, souvent portés sur l’agroécologie, de s’installer.
« Ce qu’il faut, c’est avoir des agriculteurs partout sur le territoire, avec des productions diverses », estime Emmanuel Hyest. Les menaces qui s’exercent sur le foncier mettent selon lui en péril la résilience du pays. « Tous les documents d’urbanisme disent qu’il faut avoir la consommation la plus sobre possible des terres agricoles. Désormais, il faut faire respecter l’esprit de ces lois. »
Pour le moment, la Safer ne contrôle pas les cessions de parts des société agricoles, ce qui l’empêche de lutter efficacement contre l’accaparement des terres. La loi Sempastous, qui devrait entrer en vigueur d’ici la fin de l’année, pourrait changer la donne. « Nous pourrons désormais intervenir, explique Emmanuel Hyest. Dans le cadre des exploitations reprises hors cadre familial et au-delà d’une certaine surface, nous pourrons autoriser la transmission des parts, donner un agrément sous condition (par exemple en exigeant la réorientation d’une partie des terres vers les jeunes agriculteurs), ou refuser l’agrément. »
Cette nouvelle loi parviendra-t-elle pour autant à freiner l’appétit foncier des multinationales ? Dans son livre Hold-up sur la terre, la journaliste Lucile Leclair émet quelques doutes. Les règles du marché des ventes de sociétés sont plus souples que celles du marché foncier classique, explique-t-elle. Si les entreprises parviennent à convaincre les autorités que leur projet contribue au développement du territoire, elles pourront obtenir un laissez-passer. Les « mesures compensatoires » évoquées dans le texte pourraient par ailleurs avoir des effets pervers. Le principe est d’autoriser de grands groupes à acheter des terres, à condition qu’ils cèdent quelques hectares à de jeunes agriculteurs en contrepartie. « On pourrait se retrouver avec une majorité de mégafermes côtoyant des petites fermes se développant sur les surfaces que l’agro-industrie veut bien céder, écrit la journaliste. L’essentiel est là : dans ce système, un modèle agricole domine l’autre. »
Aurélien Passeron sur les restanques de son exploitation agroforestière - Photo Quentin Lazeyras
Publié le 26 août 2020 à 18h00 Par Quentin Lazeyras
Des parcelles limitées, des périodes de sécheresse de plus en plus longues: face à ces contraintes, des agriculteurs tentent de s'adapter. Aurélien Passeron, agriculteur depuis 4 ans à l'Escarène, s’est lancé dans l'agroforesterie. Ce mode d'agriculture permet d'associer des cultures pour produire toute l'année et de créer des écosystèmes plus résilients.
Face à l'urbanisation du littoral azuréen, les terres agricoles encore disponibles se situent essentiellement dans l’arrière pays. Dans ce moyen et haut-pays fait de vallées étroites et de montagnes, le sol n’est pas plat, il est donc difficile d’y réaliser de larges cultures et d’être rentable.
À cette première contrainte s’ajoute celle de qualité des sols. "Ils sont assez calcaires, si on ne leur permet pas d'être fertiles, et rendent donc l’agriculture éminemment compliquée" affirme Sylvie Soave, notre abonnée-experte et professeure au Campus vert Azur d’Antibes.
"Il n’y a pas de terrain vierge ici. Il y a toujours des oliviers, des figuiers, qu’importe. N’ayant pas de parcelle dédiées au maraîchage, on est obligé de s’adapter", remarque Aurélien Passeron, agriculteur à l’Escarène.
À ces contraintes, s’ajoutent celles d’un climat méditerranéen de plus en plus marqué par de longues périodes de sécheresse. La météo alterne entre vague de chaleur, froid intense, sécheresse et forte pluie.
À l’Escarène, Aurélien Passeron cultive des plantations d’une manière bien particulière. Ce nom est bien connu dans la région. C’est le dernier Niçois à avoir participé au Tour de France. Pour arriver sur l’exploitation de cet ancien cycliste professionnel, il faut enchaîner les petites routes sinueuses et escarpées. Ici, les cultures s'intercalent finement, tout en longueur sur les étages formés par les restanques. Aurélien Passeron y pratique l’agroforesterie.
Le principe est simple: associer les cultures. Des arbres fruitiers, des buissons, des plantes grimpantes, des aromates des légumes et / ou des animaux se retrouvent sur même parcelle.
Lorsqu’il a mis fin à sa carrière de cycliste professionnel en 2016, Aurélien Passeron a décidé de reprendre l’exploitation oléicole de ses parents sur les pentes de l’Escarène. "Je me suis lancé dans l’agriculture avec des techniques agroforestières par amour de la terre et de la nature," lance-t-il. Face aux contraintes avec lesquelles il doit composer, Aurélien a logiquement dû s’adapter avec ces pratiques agricoles. Un choix qu’il ne regrette pas.
Aux “restanques d’Aurélien”, le dénivelé est impressionnant. Jusqu’à 100 mètres abrupts peuvent séparer une rangée de grenadiers et une serre de tomates. Photo Quentin Lazeyras.
Sur les quelques hectares qu’il cultive, on trouve des cultures estivales, automnales et hivernales. Son objectif premier est de pouvoir produire toute l’année. Une serre de tomates par-ci, une plantation d’aubergines par-là, la fameuse courgette de Nice dix mètres en contrebas, quelques blettes ou encore des haricots-verts. De part et d’autre, comme pour les délimiter, les oliviers par dizaines et surtout des grenadiers.
Ces grenadiers sont le fer de lance d’Aurélien. Il y a deux ans, il en a planté près de 300. Leurs premiers fruits devraient arriver d’ici 2022.
Depuis qu'il s'est lancé dans l'agroforesterie, Aurélien Passeron a planté près de 300 arbres en 4 ans. Quentin Lazeyras.
Mais alors pourquoi des grenadiers? Les arguments d’Aurélien sont nombreux. Il évoque d’abord les bénéfices gustatifs et les valeurs nutritives. Mais l’avantage le plus intéressant de cet arbre fruitier est sa force.
"Le grenadier c’est un arbre qui ne craint pas la chaleur, et il est assez rustique face au froid. Aujourd’hui il faut trouver des cultures qui acceptent toutes les variations. De l’extrême vers le chaud à l’extrême vers le froid. Il faut se mettre en tête ces éventualités car concernant le climat, il n’y a plus de logique," souffle le producteur.
"Si je me suis lancé dans ce mode de production c’est aussi pour être capable d’avoir une production toute l’année" développe-t-il. Pour lui, l’agroforesterie est une vision équilibrée entre le présent et le futur. “Pour répondre à un enjeu instantané, on peut par exemple ramasser des blettes dans l'immédiat et probablement, on pourra récolter les fruits sur l’arbre dans quelques années.
Les arbres, c’est l’avenir et le maraîchage, c’est la spontanéité.
Une temporalité qui lui permet au long de l’année de développer ses différentes cultures et même d’expérimenter.
Cette culture de blette profite de l'ombre de l'olivier qui bénéficie lui aussi de cette plantation Photo Quentin Lazeyras
Faire pousser des blettes sous des oliviers est avantageux car les arbres apportent une part d’ombre importante, propice aux cultures. "Ça permet d’avoir un peu moins besoin de les arroser et elles s'habituent aussi à des températures plus chaudes.
On peut imaginer qu’en période de sécheresse, elles souffriront moins du fait qu’elle se sont adaptées à avoir moins d’eau mais plus d’ombre.
Il ne faut pas pour autant y voir la possibilité de cultiver sans eau. Une aberration pour Aurélien.
Au détour d’une restanque, l’Escarènois décrit un autre impact très visible de l’agroforesterie sur un plaqueminier. Depuis qu’il a repris l’oliveraie de ses parents, cet arbre n’a jamais donné de fruits. Pour la première fois en quatre ans, de beaux kakis y mûrissent en plein soleil. Pour Aurélien c’est évident, l’arbre profite de l'arrosage et des engrais du maraîchage qui se trouve à ses racines.
Pourtant, il ne dit pas en prendre particulièrement soin. La collaboration entre le plaqueminier et les courgettes de Nice s’y est fait naturellement. Et ces associations de cultures sont multiples. Des pastèques au pied de grenadiers, des blettes sous des oliviers etc.
Avec son oliveraie il se base d'ailleurs sur l’olive de table. L'huile est un produit trop ingrat à ces yeux. Les dernières récoltes ne sont pas au rendez-vous.
"Une bonne récolte? C’est à peine une tous les trois ans," estime Aurélien. Pourtant il espère tout de même voir ses oliviers regagner en vitalité grâce à ses pratiques agroforestières.
Mais pas question de faire n’importe quoi. Certaines associations de cultures ou d’animaux ne peuvent pas fonctionner ensemble prévient Sylvie Soave. Aurélien a dû apprendre ces techniques. Pourtant rien de nouveau confie-t-il.
On n'a rien inventé ! Je fais comme les anciens. On a simplement oublié certaines de leurs façons de faire.
Il a tout réfléchi et pensé pour qu’aujourd’hui les écosystèmes puissent être dans une sorte de symbiose.
Figuiers, oliviers, grenadiers se mélangent au cultures sur les restanques d'Aurélien - Photo Quentin Lazeyras
Aurélien Passeron souhaite la collaboration la plus fructueuse possible avec l'environnement qui entoure son exploitation. Un grand sorbier d’au moins 5 mètres de haut recouvre une partie de parcelle. Attirés par les fruits de cet arbre les oiseaux vont protéger les cultures et notamment les tomates en mangeant les chenilles qui s’y attaquent.
De toute façon dans la nature, il y a les ravageurs et ceux qui nous aident face à eux."
Une sorte de boucle naturelle que décrit Aurélien.
Il a aussi fait appelle à d’autres ‘dé-ravageurs’ pour défendre ses cultures: "Dans quelques serres on a installé des insectes qui mangent les pucerons. On essaye de réguler en contribuant à l’écosystème."
Prochaine étape: il a décidé d’incorporer d’ici l’an prochain des bourdons à ces serres. Une aide qui lui sera précieuse pour la pollinisation de ces plants.
À Antibes sur le campus vert d’Azur la chercheuse Sylvie Soave est spécialisée en agronomie et en systèmes d’alimentation durables et locaux. Pour elle, "l’objectif de l'agroforesterie, c’est que chaque écosystème profite des uns et des autres".C'est un pas en avant considérable, mais sans un doute, elle ajoute: "On ne peut pas cultiver que des végétaux". Pour elle il faut se tourner vers ce qu’on appelle l’agropastoralisme.
"Il faut penser les arbres, les forêts, les cultures mais aussi les animaux qui y vivent." Le pastoralisme étant répandu dans la région, il faut d’après notre abonnée-experte développer les écosystèmes en y ajoutant la faune. "C’est évident qu’aujourd’hui les régimes alimentaires ne sont pas seulement végétariens. Il nous faut de la viande et donc les intégrer aux écosystèmes."
La faune, elle aussi apporte à l’environnement et aux cultures. Les animaux peuvent se nourrir de végétaux qui ne sont pas utiles pour l'agriculture. D’autant que ce sera du travail en moins pour débroussailler les plantations. "Avec les polycultures-élevages les excréments des bêtes peuvent directement fertiliser les sols ou servir en fumier", argumente-t-elle.
Olives- photo Quentin Lazeyras.
Mais la mise en place de ces techniques agroforestières peut-elle endiguer les problèmes dûs au réchauffement global de la planète? Face au dérèglement climatique qui est inéluctable, Aurélien reste prudent.
"Ça m'embêterait évidemment de ne plus pouvoir cultiver comme je le fais, c’est sûr. Mais je sais que je ne peux pas pallier plus que ça." Pour lui, il faut avant tout agir. Fini les grandes théorie sur l’écologie, et les "belles idées" comme il les appelle. Il faut changer les choses maintenant.
"Ce qui impacte directement l’environnement c’est les arbres, les cultures, les végétaux qui vont capter le CO2 et rendre les sols vivants. C’est nous qui le faisons. C’est nous qui plantons au quotidien."
Aurélien montre tout de même une once d’optimisme notamment sur l’impact environnemental et climatique de l’agroforesterie.
Si on met en place ce système à l'échelle nationale, ça aura peut-être des répercussions intéressantes pour l’avenir."
Aujourd’hui, l’agroforesterie serait pratiquée par environ treize-mille agriculteurs en France sur une surface d’un million d’hectares, ce qui correspond environ à la superficie cumulée du Var et des Alpes-maritimes.
L’objectif final, en plus de la productivité, est de réussir à imaginer des systèmes complémentaires pour récupérer le cycle originel de la nature. Rendre les sols plus vivants permet de faire face au problème des inondations.
"Tout ce qui se passe en altitude, impacte le littoral," détaille la chercheuse du Campus Vert Azur. Les sols sont particulièrement secs et de plus en plus bétonnés. Ainsi, ils ne sont plus capable d’absorber l’eau issue de fortes précipitations dans les montagnes. La Côte d’Azur est elle aussi bétonnée et n’est donc plus capable de retenir ces flux d’eau. Des précipitations qui pourraient créer de dangereuses crues jusque dans les villes. "Au contraire, si les sols regagnent en matière organique, ils pourront devenir des éponges et se gorger d’eau. Ce qui évitera des problèmes d'inondation en amont," conclut Sylvie Soave.
Dans la presse ce matin, il y a des hommes qui font la pluie et le beau temps et on ne pensait pas lire ça dans Philosophie Magazine, qui nous raconte une scène observée plusieurs fois en Saône-et-Loire. Après des semaines de sécheresse, des nuages sombres s'amassent enfin dans le ciel. Le vent se lève, les oiseaux se taisent, c'est sûr, ça va craquer. Et puis d'un coup, comme par magie, les cumulonimbus se désagrègent, la lumière revient.
Il n'est pas tombé une goutte. L'orage était là, et c'est comme s'il avait été aspiré. Parlez-en aux éleveurs, ils vous disent: "Ben oui, avec tout l'iodure d'argent qu'ils balancent dans l'atmosphère, il ne pleut plus. Moi je n'ai plus de fourrage". De l'iodure d'argent? "Bah oui", dit l'éleveur, "à cause de leurs générateurs. Bien sûr qu'en France on bricole la météo ! C'est officiel, tapez ANELFA sur Google, vous verrez".
De fait, il existe bien une Association nationale d'étude et de lutte contre les fléaux atmosphériques. L'ANELFA, fondée en 1951 par des agriculteurs, des agronomes, des physiciens et des élus. Leur objectif : réduire les dégâts causés par la grêle et éliminer les orages. Aujourd'hui, on compte plus de 800 stations anti-grêle dans toute la France, surtout dans les régions viticoles. Ceux qui paient sont ceux qui en ont besoin, les chambres d'agriculture, les assureurs, et aussi les communes et les départements.
Pour tuer la grêle, il faut donc envoyer dans l'atmosphère de l'iodure d'argent, ce qui casse le processus de formation des grêlons. C'est ce qu'on appelle l'ensemencement des nuages. Le sorcier des cumulonimbus s'appelle Jean Dessens, physicien de l'atmosphère à Toulouse, comme son père qui a fondé l'Anelfa. Il est formel, l'iodure d'argent, c'est cher. Donc on l'utilise en petite quantité, et donc ce n'est pas toxique.
Certains scientifiques restent sceptiques, comme Jean Grizard, retraité de l'Institut National de la Recherche Agronomique. Pour lui, il y a forcément des retombées qui contaminent l'air et les écosystèmes. Et même une dégradation des particules qui deviennent alors aussi dangereuses que le mercure. Il faudrait des études indépendantes, mais vu les quantités utilisées, elles ne sont pas obligatoires.
L'autre débat, c'est la sécheresse, éloigner la pluie quand on se désole de la sécheresse et du réchauffement climatique, est-ce bien raisonnable ? Accusation injustifiée, assure Jean Dessens. On ne diminue que de 1% la masse d'eau présente dans les nuages". Réponse de Jean Grizard: "Les agriculteurs sont d'excellents observateurs de la nature, on devrait les écouter".
Michel est éleveur, il fait des relevés de pluviométrie depuis des années. "Depuis que les générateurs fonctionnent, dit-il, les mois d'été, on est passé de 350 à 200 litres par mètre carré, pour nous, c'est désastreux". Michel a été démarché il y a trois ans par un vigneron et un technicien de l'Anelfa. "On s'était seulement parlé. Quelques jours plus tard, un camion arrive dans ma cour avec un sigle 'produits dangereux'. Il voulait m'en laisser 200 litres. Le chauffeur m'a expliqué que c'était juste très inflammable. Là j'ai tiqué. On a essayé de me forcer la main. Ils m'ont envoyé ces produits sans contrat, sans garantie". Sans compensation, aussi. "C'est du bénévolat", dit Michel, "ils m'ont seulement promis que j'aurai un repas annuel et une caisse de vin".
Autre son de cloche avec Serge, pépiniériste dans le Lot et Garonne. Un département qui a perdu plusieurs récoltes avant de se tourner vers les générateurs de l'Anelfa.. "Il y a entre 10 et 15 alertes par an", dit-il, "mais depuis six ans, nous n'avons plus perdu de raisin, les générateurs ont été hyper efficaces. Pour un coût dérisoire, 50 centimes par hectare. Les viticulteurs sont contents, les automobilistes aussi". Pour la sécheresse, ils se sont organisés, ils ont créé des retenues d'eau et des lacs. "On peut tenir toute la saison avec nos pompes, on ne dépend pas des nuages".
Et c'est là que le problème devient politique, et même philosophique. Est-ce qu'on peut changer le temps qu'il fait juste parce que ça nous arrange ? À qui appartient le ciel ? Pour la réponse, rendez-vous donc dans Philosophie Magazine.
Bien des dictons populaires recommandent d'attendre que les Saints de glace soient passés pour repiquer les plants en pleine terre. Les saints de Glace sont les jours de la St Mamert (11 mai), St Pancrace (12 mai) et St Servais (13 mai), surnommés « marchands de vin de mai » pour leurs mauvaises manières faites aux vignes.
Saint Servais, saint Pancrace, saint Mamert
Font tous les trois un petit hiver.
Mais attention, il y aura saint Urbain le 25, il tient l’avenir dans sa main. Soit il brise la glace et l’été vient, soit il gèle tout…
Mamert, Pancrace, Servais sont les trois saints de Glace,
mais saint Urbain les tient tous dans sa main.
Dans le midi, on se réfère plutôt aux Cavaliers du froid, plus précoces. Appelés aussi grands chevaliers, ils s’échelonnent du 23 avril au 6 mai avec saint Georges (le 23), représenté souvent en chevalier pourchassant un dragon. Ces cavaliers sont St Marc (le 24), St Robert et St Eutrope (le 30), St Philippe (le 3), mais aussi St Vital (le 28), et St Jean Porte Latine (le 6 mai). "
A la saint Georges, sème ton orge
A la saint Marc, il est trop tard.
Au Revest, on aurait pu croire que saint Urbain nous protègerait, vu qu'il est enregistré dans la généalogie du village. Hélas, ce n'est pas le bon numéro, celui du 25 mai, c'est le premier du nom, le nôtre est Urbain V, 200e pape et dernier pape en Avignon.
Les Revestois ne s'y trompaient pas quand ils pratiquaient les rogations, prières publiques et procession faites le 25 avril, fête de saint Marc, et pendant les trois jours qui précèdent la fête de l'Ascension pour attirer la bénédiction divine sur les récoltes et sur les travaux des champs.